A quoi rêvent les femmes qui rentrent en clinique…
C’était il y a trois ans je crois.
Je ne consulterais pas mon calendrier des entrées et sorties en clinique psychiatrique.
Un calendrier pour fixer ma mémoire et l’histoire d’un domptage difficile : ma vie et l’alcool.
C’était il y a trois ans un médecin m’a conseillé d’écrire.
Il m’a fait un beau cadeau.
Moi, dysorthographique, chien fou dans toute création, j’avais renoncé.
Des professeurs de littérature à la chasse, une chasse fastueuse et riche, à la chasse de mes fautes d’orthographes, de grammaire, de syntaxe et d’autres choses encore (inventivité toujours) m’avait ôté le gout de conter, de raconter.
Je me suis refugier dans la peinture, un lieu ou les ratages et les pâtées sont autorisés et même encouragés. Malheureusement dans l’entreprise, j’avais oublié ma voix, le son de mes mots.
Il y a trois ans j’ai commencé comme une mouette d’découvre le vol, jusqu'à vertige.
Peut être suis-je un peu excessive.
Je terriblement excessive.
Il y a trois ans j’étais d’humeur furax aussi.
Je n’y croyais pas alors j’ai flingué.
La médecine pour commencer, la psychiatrie.
Son guide, son manuel, son mode d’emploi.
Mes premiers textes furent écris lors d’un attente (trois semaines) d’une chambre de libre, cela me paraissait interminable voir loufoque.
Loufoque furent mes textes.
Il reste cependant toujours les mêmes questions.
Les questions que l’on se pose la veille d’un sevrage, puisque lundi je remets la partie.
Toujours les mêmes.
Du plus pratiques : mes vêtements
Aux plus intellectuelles : mes livres
A mes yeux la clinique reste un lieu idéal pour lire.
Mes pinceaux aussi. L’endroit avec le travail des a thérapeutes se prêtent aux expériences de tout poil.
Malgré cela il y a la peur du moment. Je ne sais ,ce que j’ai dans mon caractère, qui me fait fuir parfois .
La sortie est une porte que je prends très souvent.
Du reste, c’est celle que je repère toujours en premier dans les magasins, aux cinémas : La porte de secoure.
Bien sur, plus d’un m’a rappelé la fuite première : l’alcool
Mais pas seulement,
L’alcool est une boite de résonnance des sentiments.
Lorsque le mal de mer me prend je saute du bateau.
J’ai souvent le mal de mer. Je crane, je suis très crâneuse, mais je n’ai pas le pied marin.
C’est ce coté eternel moussaillon que je traine, ma naïveté de jeune mousse qui m’envoie de par le fond, des fonds agréables remplie de jolies sirènes et d’ombrageux mémos.
La clinique c’est apprendre à respirer en surface mais j’ai toujours l’impression d’être en apnée, d’attendre mes rechutes comme on reprend sa respiration.
Alors
Parfois je voudrais couper le mat, tempête pour tempête, voguer ou couler sur des récifs sombres et noirs, sur fond de ciel d’orage, l’alcool comme une vision romantique du monde.
Un accident de dandysme.
Sauf que
Sauf qu’un alcoolique au dernier stade n’a rien de romantique et je ne crois pas que je poserais dans les studios Harcourts avec ma cirrhose entre les mains comme on porte un panier de marguerites
Alors
La clinique est obligatoire
Dans ma tête se grave une phrase : se tenir tranquille, peinard, à l’aise blaise
Sauf que ce n’est pas ma spécialité
Alors je prends du lest pour poser l’ancre avec mes valises bourrées d’un indéfinissable fourretout sensés prévoir toutes les situations, même les plus improbables : la paix aux moyens orients, la prise de la Bastille, des prix cassés chez Hermes…
Jusqu’ a la dernière touche : j’emmène une médaille de saint François acheté rue Poulet à Paris, une boutique d’objet religieux et ésotérique.
Je suis comme beaucoup de malade.
Lorsque la fatigue de l’ordonnance me vient je pense aux shamans .Ce dire qu’a l’ouest du Texas, chez les navajos ce doit, peut être, un peu plus rigolo d’être malade.
Enfin, on peut toujours l’espérer.
Donc j’ai ma médaille.
C’est connu les marins sont superstitieux
Et puis les sirènes en moins, il faudra que je les remplace.
Alors pourquoi pas avec une île, un grand totem et quelques sorciers.
Peut être quelques singes,
Et des panthères, noires de préférence, comme sur un tableau que j’aime.
Enfin penser à quelque chose qui pourrait me faire boire de l’eau sans trop de regret…