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 La prof de castagnettes

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MessageSujet: La prof de castagnettes   La prof de castagnettes Icon_minitimeJeu 8 Mar 2012 - 10:11

La prof de castagnettes.
Où, la danse apparaît comme un moment de détente et d'apaisement.


Elle claque des fesses, elle claque des dents, elle claque des mains et tape du pied, la prof de castagnettes. Fière andalouse, elle agite ses grands bras dans l’air enfumé du foyer socio-éducatif. Son compagnon s’est coincé les couilles dans la fermeture éclair de son pantalon en peau de bouc et il n’aime pas ça et le fait savoir. Il martèle le sol de ses talons rageurs. Il crie d’un beuglement sauvage la détresse de l’homme abandonné par le sort, dont la compagne se fout comme de l’an quarante des douleurs sonores d’un mâle en érection continue. L’homme souffre et la femme aussi. Ses seins tressautent à la vitesse de la baratte battant le lait crémeux de Charentes-Poitou. La femme tourne autour de l’homme, écrasant aux pieds de la lettre, à grands coups de sabots ferrés, les orteils fragiles de son compagnon d’infortune. Ses cordes vocales se tendent au passage des notes graves de la maltraitance masculine.

Un couple sans amant ni cocu est une hirondelle sans printemps, un gâteau sans cerise ou un japonais sans sushi. Il périclite.
Heureusement il est là.
Assis dans un coin, la guitare au bout des doigts, les larmes au coin des yeux. L’amant chante aussi, mais il est plus serein. Assis, il lui est difficile de taper des pieds. Il s’acharne sur les cordes de la guitare, visiblement la seule compagne qui ne l’ait jamais déçu. Une longue mélopée s’échappe de ses lèvres fines, témoins muettes d’une douleur intérieure exprimée sans retenue face au bonheur bruyant des deux danseurs ruisselants. Ils s’insultent par castagnettes interposées. Ils martèlent le plancher vermoulu du bonheur de la souffrance.
Mais les efforts tonitruants payent. La braguette explose et les cojones du senior retrouvent une sérénité oubliée. Du coup, l’atmosphère se détend. Le guitariste lâche ses cordes. Les danseurs remettent de l’ordre dans leurs vêtements. Ils saluent la foule des élèves qui peuvent enfin sortir les boules quies.
Ils se concentrent sur les documents distribués par le prof d'espagnol, la sévillante Grétha. Son accent tonique rythme le phrasé catalan telle la grosse Bertha encourageant les assauts wisigoths aujourd'hui nos meilleurs amis.
Grétha utilise subtilement le temps libre de la pose méridienne pour proposer une initiation à la danse ancestrale des andalous.
Le flamenco, n’est pas la ronde enfantine, il a du caractère. Les ibères sont rudes mais ne sont pas froids.
Le flamenco, c’est le sang, la sueur et les larmes.
C’est l’ennemi du sonotone.

Après la danse, mais c’est possible avant, il est indispensable de prendre ou reprendre des forces tant le spectacle de l’homme à la fermeture éclair coincée et de la femme aux fesses qui claquent, vous vide de toute force spirituelle.
Tous ces gens qui souffrent, ça donne faim.

Ça tombe bien, l’heure de la cantine a sonné. Aujourd’hui, la spécialité du chef, la queue de toro.
C’est comme de la queue de bœuf avec un je ne sais quoi de plus viril.
Pour l'occasion les cuistots se sont déguisés en toreros. Le ventre déborde un peu du pantalon mais le coup de fusil ressemble à un coup d'épée et les tranches de lard font profil bas devant les assauts répétés du cuisinier en chef qui, comme vous l'avez compris, a la toque près du bonnet et le hachoir facétieux.
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