Le journal d'un prof.

Je vais faire lire cela à une copine prof elle va adorer. Merci

armoire,je pénètre .

ça commence déjà à me plaire,c'est vivant, mignon tout plein,et
je sens qu'on ne va pas s'embêter... comme ça, on apprend tu étais prof de physique;j'aime bien la mise en page,c'est assez libre et laisse le lecteur sur cette sensation de découpage qui te permet d'assembler des éléments ou de les dissocier;
c'est parfaitement original ,et dans le bon sens du terme,en tout cas, ton texte "n'en souffre pas",bien au contraire.
vivement la suite

Agréable à lire... Ca me fait penser au texte d'Hakkrat, le futur prof de math (décidément, on est cernés ^^)

Oui, j'ai aussi fait l'analogie avec le texte d'Hakkrat.
Agréable en tout cas, à quand la suite ?

Un peu court pour se faire une idée. Cela reste relativement simple pour le moment. Le retour à la ligne à chaque phrase pourrait peut-être se révéler... ennuyeux, par la suite ? Aucune idée.
En tous cas, ça m'a plu ! J'ai hâte de lire ce qui s'ensuivra.

Un jour comme les autres.


Ce jour là, un arrêt du métro, ne me mets pas en avance, je grogne en regardant ma montre.
Je n’aime pas du tout être en retard.
Ce matin là, deux classes en amphi, soixante douze élèves.
Un cours que j’ai peaufiné jusqu’à dix heures du soir.

Je prépare mes cours, comme un comédien prépare une pièce de théâtre.
Les effets de voix, les déplacements en salle, éventuellement les gags, pour détendre l’assemblée.
Je suis, dit-on, un actif, je me déplace constamment, mais en amphi, c’est difficile.

Encore quelques minutes et je vais être à l’heure.
Je passe par ma boite à lettres en salle des enseignants, quand je suis arrêté par la prof de français, professeur principale de surcroît.
Un problème de cahier de liaison, que je n’ai pas mis à jour. "Elle me gonfle celle-là".
Pas le temps de discuter, je prends mon courrier et fonce à l’amphi.

Des élèves sont déjà installés quand j’arrive, un "bonjour messieurs dames" je pose ma serviette sur le bureau.
Ils sont peu, mais la deuxième sonnerie n’a pas retentit.

Les tableaux ne sont pas effacés, je sais que dans ce cas, mes collègues font faire ce travail par un élève, mais je m’y refuse, il n’y a pas si longtemps, je me souviens que je n’aimais pas cela.

J’efface les tableaux, mais je suis de dos à la salle, il ne faut jamais être de dos à son auditoire.
Un groupe important rentre, le niveau sonore monte, de plus, les planchers en bois sont très bruyants.

L’appel, une véritable sinécure, il y a bien longtemps que les élèves ne se lèvent plus, ils répondent par un "présent" ou un "oui" et vous savez comme moi que certains répondent pour d’autres.
Il faut connaître toutes les voix, ce qui aujourd’hui n’est pas le cas.
J’ai un doute sur une élève, dans ce cas, comme je suis l’ordre alphabétique de ma liste, après deux ou trois noms, je reviens sur le doute, de plus, j’ai compté les étudiants, je sais combien il en manque.
- Mademoiselle Boisson ?
Pas de réponse, l’élève qui a répondu pour elle, n’écoute plus.
Pas de polémique je mets "absente".

Mon appel terminé, j’attends le silence, qui ne vient pas, pas de rétroprojecteur en amphi, les élèves sont trop loin.
Je commence mon cours : les champs magnétiques tournants, la loi de Laplace.... et les rires montent, un groupe d’élèves a décidé de me mener la vie dure ce matin.

Il y a des matins comme cela.

(Extrait du journal d'un prof)

il y a un léger soucis de cohérence pour moi : si le récit se passe en fac (ce que je déduis par rapport à la mention "d'amphi") l'appel tout comme le prof principal (et à plus forte raison les carnets de liaison) ne sont plus d'actualité ..
ou alors c'est une époque quelque peu antérieure où ceci était encore en vigueur,mais dans ce cas je suggère de le préciser à un moment.

en dehors de ça,j'ai lu avec plaisir. les histoires de prof sont toujours sympa à lire,pleines d'anecdotes, ou du moins on reconnait souvent une situation qu'on a vécue ...
ce que je retrouve déjà dans ton texte aussi, je ne peux qu'attendre la suite avec impatience !

Merci à tous de m'avoir lu.
Pour répondre aux differents commentaires, je peux préciser :
Il s'agit du journal d'un prof travaillant dans une école privée en région parisiènne. Son journal commence en 1987 pour finir en 1995.
Dans cette école, toutes les classes de la 6ème au BTS, plus des prépas.
Dans cet établissement il existe un amphi de 100 places permettant de regroupper des classes.

Le récit est basé sur des notes courtes, vite prisent, ce qui explique les retours fréquents à la ligne, pour respecter les vrais réactions de ce prof.

Ma professeur préférée.

Jeune dans le métier, dès ma première affectation dans cet établissement, je me suis lié d’amitié avec une collègue.
Il serait plus juste de dire, que c’est elle qui ma pris sous son aile.
Mon aînée de huit ans, toute petite femme mais très directive, elle m’a bien aidé quand nous avons eu des classes communes.
Murielle est jolie, a un franc parlé et très vite je n’ai d’yeux que pour elle. (Bien sur qu’il y a des histoires d’amour entre profs, tous les élèves le savent.)
Outre mon attirance pour elle, j’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer.

C’est elle qui par exemple, lors de ma prise en main de deux classes de BTS en techniques de communication, a pris le temps un après midi, de me parler de chaque élève.

" Anthony, c’est un garçon que je connaît depuis 3 ans, il faut le pousser, il a tendance à se laisser entraîner par Benjamin, un oeil sur lui en permanance et le cadrer de temps en temps.
Mlle Sophie : travailleuse, mais un peu tête en l’air. Attention à ses absences et à ses retards...
Rémi : Gentil, mais à mon sens un peu limité, surtout ne pas le casser au début, il est très sensible.
Thomas : Une grande gu.... mais pas méchant.....
Etc.."

Elle m’a consacré des heures pour m’informer sur 72 élèves, un par un.
Les heures que nous avons passées ensemble, n’ont pas échappées aux élèves qui ne se gênent pas pour vous le faire savoir.
C’est ce qui m’est arrivé en amphi, le matin précédent. Un éclat de rire alors que j’attendais le silence.

- Elle est bonne la prof de français ?
- Messieurs s’il vous plaît.
- Dites-nous, monsieur.

Ne pas rougir, ne pas rentrer dans le jeu, reprendre naturellement le cours....
C’est quelquefois difficile.

(Extrait du journal d'un prof)

Un récit toujours bien sympathique,dont je pressens que je vais aimer les multiples anecdotes à venir.... "vivant"et, à suivre avec plaisir...

C'est bizarre quand on est élève d'avoir les pensées d'un professeur.
Ca m'intéresse.

Merci de l'explication,cela prend tout son sens à présent

Et merci de la suite,également,qui est un véritable plaisir.

Ton récit se lit avec plaisir,c'est amusant et bien écrit,j'aime beaucoup trouver tes petites anecdotes le matin!

Toujours plasant à lire
Je ne pensais pas que les profs s'organisaient autour d'une hiérarchie aussi précise, comme quoi.

J'attends la suite

L’interrogation écrite.


Avec une classe demi-groupe ce matin, interrogation écrite.

Grogne générale, cela commence toujours ainsi :
- Mais monsieur ce n’était pas prévue ?
- Non, parce qu’il faut vous prévenir maintenant ?
- Eh bien oui, parce que l’autre moitié de la classe va savoir, ils vont être avantagé.
- Bon, arrêtez de discuter, on sort un copie double, on range ses affaires et on met son sac parterre.
- Monsieur, monsieur, je n’ai pas de copie double.
- Empruntez la à votre voisin.
- Rien sur les tables, s’il vous plaît, votre copie double et un stylo. Monsieur Thomas remettez votre table en place.
- Elle était comme cela quand je suis arrivé.
- Remettez la quand même à sa place.
- Monsieur, monsieur, une heure ou deux heures l’interro ?
- Une heure et demi, c’est assez long.
- Faut que j’aille aux toilettes avant, je ne tiendrai pas deux heures.
- Il fallait prendre vos précautions jeune homme.
" Il es déjà huit heures un quart et on a pas commencé, il faut que je monte le ton."
- Messieurs je vous distribue le devoir.
Je passe de table en table en déposant la feuille du devoir.
- Plus un mot s’il vous plaît.

- Monsieur, je ne comprends pas la troisième ligne.
- Levez la main et ne dites rien si vous avez des questions, je viendrai vous voir individuellement.
- Solène, vous allez attraper un torticolis à force de lorgner sur votre voisine.
Un bras se lève au fond. Benjamin, il me le fait à chaque fois, je connaît la combine. Il veut me distraire pour permettre aux autres "d’échanger".
Je fais le tour de la classe en gardant un oeil sur tout le monde, il n’y a pas si longtemps que j’étais encore à leur place, je connaît les ficelles. Il ne m’ont pas encore fais le coup de la calculatrice, bizarre!
Je me positionne derrière Benjamin.
- Oui Benjamin ?
- Non ça y est, Monsieur, j’ai compris.
Je reste dans le fond en surveillance, c’est la meilleur position, les élèves ne me voient pas.
Quelques têtes se retournent de temps à autre pour voir ce que je fais. Comme je me déplace ils me cherchent.
J’entends chuchoter.
- Silence!
- je me parlais à moi-même, Monsieur.
- C’est cela, je vous crois.
Deux heures ainsi c’est très dur à tenir.
- Monsieur, j’ai besoin d’une calculatrice.
Ah je me disais que cela allait venir.
- Non, messieurs vous n’avez pas besoin de calculatrice.
- Allez je ramasse.
- Non, non, monsieur encore cinq minutes.
- Je ramasse.
Je passe entre les tables et prends les copies.
- Vérifiez que vous avez bien mis votre nom.
Il reste à peine dix minutes avant la sonnerie, les élèves discutes de ce qu’ils ont mis et pas mis.
- Monsieur à la question trois, il fallait trouver des méga hertz ?
- Oui
- J’ai bon.
La sonnerie retentit.
Une volée de moineaux, sort de la classe.

(Extrait du journal d'un prof)