La philosophie du geek

Je poste le premier chapitre d'un récit qui me tient vraiment à coeur, dans lequel je met mes tripes et mes convictions.
Enjoy

Chapitre 1

Un banc dans un petit jardin, percé de la toute puissante nature dans la grande ville.

Dans ce cadre idyllique qui ne lui est pas familier, Paul réfléchit au sens de la vie. Pas le film des Monty Python, non, le vrai sens de la vie. Cette question à la base de la philosophie a été étudiée par de grands esprits comme Platon, Nietzsche ou encore Camus. Mais les modèles intellectuels de notre héros sont plutôt Douglas Adams, Tolkien, Tarantino, Osamu Tezuka et maître Yoda.

Il se trouve que Paul est un geek. La définition de ce terme sur lequel lui et ses semblables s’accordent est : « Un passionné de ce qui est considéré comme de la sous-culture : littérature et films de science-fiction ou fantasy, Manga, comics, Jeux vidéo et autres séries télévisées. »

Quand ils apprennent sa condition, les gens réagissent différemment, ce qui engendre par Paul un classement en trois catégories.

En premier, il y a les intellectuels méprisants qui le regardent de haut, l’air de dire « Quel moyen stupide de gâcher sa vie », petits péteux mégalomanes lecteurs assidus de Télérama.

Ensuite, le regard étonné et circonspect des personnes « normales », qui considèrent que passé 14 ans plus personne ne devrait regarder de dessin animé ou lire des mangas, ces bandes dessinées bizarres qui corrompent les jeunes.

Mais les pire, ce sont ceux qui se prétendent geek parce qu’ils « jouent souvent à des jeux sur leur Iphone ». Rien à voir avec un comportement sectaire, seulement l’équivalent de la réaction d’un cinéphile auquel on dirait que toute la culture cinématographique se résume aux films de Michael Bay.

Mais tous s’accordent pour dire que cet être à part perd son temps, au lieu de vivre sa vie pleinement.

« Mais qu’est-ce que vivre, veut leur demander Paul. »
Mais il se retient, sachant que la réponse sera ou une idée prémâchée par un grand philosophe, ou une connerie sans nom du genre trouver le bonheur.

Car au fond, ce que tout le monde cherche, c’est une passion pour rendre sa vie agréable. Mais le geek lui partage son temps entre plusieurs de ces passions, parfois même une dizaine. La simple logique ne veut-elle pas qu’il soit plus proche du bonheur que celui qui arrive à peine à en trouver une seule ?

Tous les gens bienpensants que Paul connait opposeraient à cette idée d’une étrangeté sans borne le fait que les passions du geek confinent à l’obsession, ce qui n’est jamais bon.

L’obsession n’est que la manière la plus vraie de s’intéresser à quelque chose pourtant. La société montre du doigt ceux qui ne vont pas au bout des choses, et pourtant on ostracise les seuls qui aient suffisamment de courage pour se dévouer à une quête de connaissance totale d’un domaine, qui ne soient pas suffisamment imbus d’eux même pour se considérer comme expert, trop conscient de leur manque de connaissance.

La chose la plus importante de sa vie, Paul la devait à ses passions divergentes du « normal » : le refus de l’hypocrisie.

En effet, il n’en avait pas besoin, personne ne prenant de gants avec lui, pauvre hère stupide et fou de divertissement débilisants. Il n’avait pas à faire semblant d’aimer les cons, parce que ceux-ci le présupposaient plus stupide qu’eux, et donc ne lui montraient peu ou prou de respect.

Mais à cette question fatidique : « échangerais-tu tout ce que tu as pour une vie normale ? », Paul ne peut répondre. Ses convictions et son honneur lui crient que non, mais son honnêteté intellectuelle, denrée fort rare de nos jours, l’empêche de répudier quelque chose dont il n’avait aucune idée.
Et puis ce n’est certainement pas du parallèle entre deux généralisations de style de vie que sortira le sens de la vie.
Il se lève, perçant la nuit noire, rentrant vers son appartement.
A cette heure-ci, le nouvel épisode de sa série doit être sorti.

Ah tu l'as déjà commencé ???? Super !
Et ça commence vraiment bien. On reconnait tout de suite ta patte, et on voit que tu as progressé à une vitesse folle depuis tes premiers textes ici ! C'est bien à ton âge de ne pas se consacrer à une œuvre ( ou un monde de Fantasy), de tâter toutes sortes de styles, de techniques, de genres. De tous ceux que j'ai lu sur le net durant mes longues années d'errance, tu me sembles le plus apte à aller loin.
Et j'ai bien l'impression qu'avec ce premier roman, tu risques d'en étonner plus d'un. Tu prends vraiment du plaisir à écrire, et on remarque ça au premier abord. T'as dû écrire ça en quoi ? 5 minutes à tout casser ? Et pourtant, c'est clair, fluide, maitrisé, et on te sent capable d'enchainer dans la seconde.

Par contre pour le fond, prend garde à la définition du geek. Ce n'est pas celle officielle, et je pense que tu devrais la citer avant l'autre, genre :"le geek est à la base un obsédé d'informatique, programmeur, hacker, capable en quelques heures de trafiquer n'importe quel machine antédiluvienne pour en faire une bête de course digne des outils de la Nasa", et après t'enchaines avec la nouvelle définition, celle qui s'est véritablement imposé : le geek, fan de la contre-culture, comme tu l'as cité.
Ne pas confondre geek, avec nerd ou otaku. Ton titre est bien, car un geek est maintenant synonyme de ces deux derniers termes, mais pense tout d'abord à donner la définition originale ( voir avec Chymaille pour plus de précisions).

En tout cas, sache que tu m'impressionnes vraiment. Je ne pensais pas que t'arriverai à ce niveau si vite. Tes premiers textes étaient délires, mais c'est tout. Maintenant, tu entres dans une nouvelle catégorie, et je t'attends au tournant.

Merci beaucoup pour ton super compliment Ilàan.
Effectivement, je l'ai écris en 10 minutes.
Par contre, la définition que tu donnes est celle du nerd, l'ancetre du geek.

Merci pour vos commentaires. J'ai conscience du manque de descriptions, que j'essaye de combler dans ce nouveau chapitre.
Sinon j'ai oublié de préciser, mais c'est plutôt un roman Tranche de vie, sans réelle intrigue.
Un peu comme le gourmet solitaire de Taniguchi.

Bon, je vous laisse avec le chap

Chapitre 2

Une librairie, centre de la culture si chère aux français. Mais on y trouve aussi de nombreux exemples de sous-culture.

Paul est planté devant ce qui s’apparente pour lui au Saint Graal, des rayons sur lesquels sont posés d’innombrables petits pavés, remplis de rêve, de courage, d’intelligence et de vie : les mangas.
Death Note, Le gourmet, Black Jack, Eyeshield 21, tant de petits concentrés de bonheur en noir et blanc, morceaux chéris de sa vie

Tiens, le nouveau tome de One Piece est sorti. Très bon manga, mais Paul est surtout fasciné par une facette de cet univers : les fruits du démon.
Dans cette fiction, il existe des fruits qui octroient à ceux qui les mangent des pouvoirs, comme avoir un corps élastique ou maîtriser la foudre. Cependant, la contrepartie est l’incapacité de nager.
Au sein d’un monde constitué presque essentiellement d’iles, c’est un aussi gros handicap que de ne pouvoir marcher sur l’herbe dans notre réalité.
Paul adore se demander pendant des heures quel fruit du démon il choisirait.

Celui du faucon pour pouvoir voler ? Non, trop cliché, et il a le mal de l’air.
Celui du temps pour toujours avoir le soleil ? Pas très utile, et modifier les pluies causerait de graves dégâts à l’écosystème.

Au final, il ne peut se décider, car cela correspond à trouver notre désir le plus fou, celui qui crie douloureusement dans nos entrailles et qui ne peut pas totalement être assouvi.
Mais l’aspect le plus intéressant de ces fruits démoniaques, c’est que bien souvent on en mangeait un sans le savoir, et on se retrouvait affublé d’un pouvoir non désiré, et d’un énorme handicap.
Symbolisme de la vie, où nos qualités nous semblent bien piètres face à nos atroces défauts, et où l’on doit quand même les utiliser pour avancer.

Le monde dans un manga, c’est le crédo de Paul.

Se retournant, il remarque un homme, quelques rayons plus loin. De sa posture droite et orgueilleuse, de ses habits élégants mais différents ce ceux du cadre moyen et de ses cheveux avec une raie au milieu, il déduit que c’est un universitaire.
Paul aime bien les universitaires chaleureux, avides de savoir et impatients de le partager. Malheureusement, il lui suffit de le regarder parler sans l’entendre pour que Paul comprenne que l’homme ne fait pas partie de cette catégorie : aucune émotion, aucune passion n’est lisible sur son visage, excepté le léger sourire de mépris de qui s’adresse à ce qu’il considère comme la plèbe.
Il se tient devant le rayon philosophie, fier de faire partie de cette caste de grands penseurs.

Paul prend un second tome de One Piece, marche vers l’universitaire, et avant que l’autre ai pu réagir, Paul lui place le volume entre les mains, lui lançant un regard qui signifie « Voici la vraie connaissance mon enfant. »
Puis il s’en va vers les caisses, souriant

"notre philosophe des temps modernes le place le volume entre les mains"

Pas compris, t'as dû t'embrouiller les pinceaux là ! Donc quand ton héros est passé, l'homme lui a refilé un bouquin. Sur la forme ouais, mais réfléchit à la scène. Le gamin a son tome de OP dans une main, les bras le long de son corps. Le mec fait quoi ? Il lui prend sa main disponible de force et l'oblige à accepter son bouquin ? Ou il remue son ouvrage devant la gueule de l'enfant jusqu'à ce qu'il l'accepte ?

Sinon, ça se voit que tu as eu du mal à démarrer là. On sent le défaut de concentration au début, ça n'a pas la fluidité habituelle, et ça dure quelques lignes, jusqu'à ce que tu arrives à faire le vide ( et à ignorer ta prof de français ou de géographie ?).

C'est original ce que tu fais en tout cas, et un beau défi. Parler de la contre-culture dans un roman... mais j'ai peur qu'à force, tu ne réussisses qu'à faire des chapitres comme des catalogues d’œuvres, sans lien entre eux, et qu'à la longue, tu lasses tout ton auditoire.
Lance une intrigue, sinon tu blablateras beaucoup dans le vent. Tu tomberas dans l'essai, mais comme tu n'es pour l'instant personne, ça n'aura aucun intérêt.

Con, c'était pas clair. En fait c'est Paul qui pose le tome de One Piece entre les mains du gars.
Je corrige ça.
Et je vais essayer de trouver une vraie intrigue.

Ah ok, donc lui place le volume entre les mains ! Ok, je comprends la scène. Même si bon... OP, c'est du shônen et là il fait pitié ton héros ! Si un gamin me fout un tome de Naruto dans les mains alors que je suis au rayon histoire de l'art, je le lui balance à la gueule et le renvoie direct à sa mère...

Fais attention de ne pas en faire trop. Ne prend pas absolument le point de vue du geek. Dire qu'une bd de Oda est plus réfléchi qu'un traité de Nieztche ou d'Aristote ne va pas, et personne ne l'acceptera. Pense que ce seront des adultes, professionnels d'une maison d'édition qui liront ton roman et qu'il faut les contenter. Parler de la contre-culture, de la jeunesse oui, mais pas en faire l'allégorie

Le premier chapitre était bien, c'était une sorte de prologue, n'enchaine pas sur la même technique. Tous tes chapitres feront nouvelles, c'est le gros problème de l'écriture forum et c'est pour ça que je dois recommencer le Sans-Racines. Le premier, t'as présenté ton héros et les enjeux de l'histoire, le second, tu entres dans le récit : genre un truc simple : il se lève le matin, ses parents ne sont pas là, il part à l'école.

Ok, je vais voir.

Le chapitre 2, dans sa nouvelle version, avec une intrigue

Chapitre 2


Paul se réveille, haletant, en sueur. Pendant une minute, il a l’impression d’être un de ces héros de mauvais roman, amnésique par manque d’idée de son auteur.

Puis soudain il se rappelle. Il connait les noms des nains de Bilbo le hobbit, la réponse à la Grande question sur la vie, l’univers et tout le reste, ainsi que la recette du Gloubiboulga.

Mais la raison de son réveil si soudain lui échappe encore quelques instants.

Alors il entend de nouveau, comme par réminiscence, la voix qui lui avait dit dans son sommeil de convertir la masse à la culture geek. On lui avait dit durant ce rêve qu’il devait passer de l’absorption de la « sous-culture » au prosélytisme.

Evidemment, tout prenait sens. Sa vie n’avais été qu’une succession d’évènements qui étaient là pour le prépare à son fabuleux destin, sauver l’humanité de son marasme culturel. Il saute de son lit comme un fauve, près à dévorer le monde.

Mais son gabarit et son dégout du sport le forçe à dévorer le monde seulement par l’esprit.

Il se met donc en rédaction d’un discours dithyrambique, à même de convaincre le plus réfractaire d’embrasser la culture geek. Ses doigts glissent, volent même sur le clavier, dans un élan de fougue telle que Paul n’en a jamais ressenti.

C’est peut-être ça vivre après tout, se dit-il intérieurement.

Dans son extase, il ne voit plus sa chambre, dont les murs sont recouverts de divers posters, tirés de ses univers fétiches. L’amoncellement de nourriture et l’odeur si particulière d’une pièce dans laquelle on est resté plusieurs jours sans ouvrir la porte disparait devant sa force créatrice, emportée par son élan.

Enfin sa vie devenait aussi intéressante que celle des romans qu’il lisait. Peut-être même réussirait-il à sortir de la Friend Zone et à sortir enfin avec une fille !

Il tape, encore et encore, et quand il s’arrête, vidé, il se rend compte que son discours est bien trop long. Il n’aura jamais le temps de le déclamer à sa première cible de conversion, son lycée.

Alors il effectue des coupes, en urgence. C’est bientôt l’heure, il n’a plus le temps.

Dans 5 minutes, sa mère va l’appeler pour le petit déjeuner. Et il ne peut pas se permettre de rater le repas le plus important de la plus importante journée de sa vie.

Enfin, arrive le moment fatidique. Il sort de sa chambre, ébloui par la lumière du couloir puis de la salle à manger. Pas le temps de s’attarder à regarder autour de lui, il est pressé. Il jette son bol de céréales et ses viennoiseries dans sa bouche grande ouverte qui, telle un trou béant, les aspire presque sans les mâcher.

Zut, le croissant n’est pas passé. Au secours, il étouffe ! C’est le nouveau Jesus et il va mourir au si betement. Mais son œsophage laisse passer la traitresse nourriture.
Paul n’en ai que plus persuadé de son importance. Il a réussi à échapper à la mort.

Retour dans sa chambre, où après avoir passé des vêtements froissés, il imprime son discours, le met dans son sac et s’apprête à sortir. Mais soudain un doute terrible l’assaie. Et si le monde ne devait pas être peuplé uniquement de geeks ?

Il chasse cette pensée ridicule, après tout il est incroyablement heureux en ce moment. Comment les autres ne voudraient-ils pas connaitre ce bonheur.
Et il part vers le lycée, sans même penser que cette euphorie est probablement causée par les 3 litres de coca qu’il a bu cette nuit.

Je n'avais pas encore eu le temps de commencer à lire ce texte, j'ai donc tout lu d'une traite.
Le prologue m'a plutôt accrochée, malgré le manque de descriptions, par contre la première version du chapitre 2 beaucoup moins.
La deuxième est bien meilleure et j'aime bien les traits d'humour que tu y as placés, ainsi que la chute, j'attends de lire la suite maintenant.

Sinon, voici les corrections que j'ai relevées :

" Sa vie n’avait été qu’une succession d’évènements qui étaient là pour le préparer à son fabuleux destin, sauver l’humanité de son marasme culturel. Il saute de son lit comme un fauve, prêt à dévorer le monde."

"Peut-être même réussirait-il à sortir de la Friend Zone et à sortir enfin avec une fille !"
répétition de "sortir" dans la même phrase


" Au secours, il étouffe ! C’est le nouveau Jesus et il va mourir aussi bêtement.
Paul n’en est que plus persuadé de son importance. Il a réussi à échapper à la mort."

" Mais soudain un doute terrible l’assaille.

" Comment les autres ne voudraient-ils pas connaitre ce bonheur ?
Et il part vers le lycée, sans même penser que cette euphorie est probablement causée par les 3 litres de coca qu’il a bus cette nuit."

Merci pour ton commentaire abigaelle.
Je fais tes corrections tout à l'heure.

Sinon, j'ai un peu l'impression qu'il me faut une "chute" à chaque fin de chapitre en quelques sorte