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 Chien de Guerre.

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MessageSujet: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 17:28

(Pendant ces trois derniers mois, je n'ai pas totalement glandé. J'ai voulu abandonner le Sans-Racines, et commencer un nouveau roman. Ca n'a pas beaucoup avancé, j'ai rapidement laissé le manuscrit de côté, car entrer dans l'esprit du narrateur me détruisait encore plus que d'être dans celui d'Adrien Roediger, mais quand je serai prêt, je reprendrai. Voici pour l'instant le premier chapitre.)


1.
Ma mère m'interdisait de sortir après 19 heures.

Je me suis longtemps demandé pourquoi. Nous vivions pourtant dans un village tranquille, un trou paumé où tout le monde se connaissait, où chaque habitant surveillait son voisin, et rendait ses comptes à un autre, une petite ville figée dans le temps et une image de bonheur.
Que pouvait-il m'arriver ici, dans ce petit paradis du bout des champs, oublié du monde et des hommes ? Pendant les vacances d'été, je voyais mes camarades d'école jouer, courir, se poursuivre devant mon palier, et je ne pouvais que les observer à travers les rideaux. Je me souviens de la peine, du dépit, de cette sensation de solitude qui m'étreignait dans ces moments-là, et de la froide main de mon père qui me détournait de cette contemplation pour me ramener dans la moiteur familiale.
Nous regardions la télévision, mari, femme, et enfant. Ou je montais dans ma chambre jouer avec mes voitures majorettes et mes poupées d'Action Man. Ces longues soirées d'été, où alors que les bruits de l'extérieur arrivaient étouffés jusqu'à nous, où les rires d'enfants, de cris et de jeux de ballon combattaient le silence et le rempart des murs pour y apporter la vie qui nous faisait défaut, plongé dans la pénombre, je me forçais à être heureux.

Je ne me souviens plus du visage de mes parents. Quand je pense à eux, ce n'est qu'une unique sensation qui me submerge. Une peur, un sentiment d'impuissance, la crainte de faillir. Il y avait leur ombre, leur taille, leurs gestes si lents, et leur façon de me regarder. Moi, la petite chose, l'étranger, l'enfant né dans un foyer sans amour. Je ne devais être que l'héritier, le successeur de la famille Herfeld, celui qui devait un jour reprendre les affaires familiales. Pas un gamin, une âme ou même un corps, mais une ambition, une potentielle source de fierté. Mon père était gérant de quelque-chose, il avait une boutique dans le centre commercial le plus proche, à quelques cinquante kilomètres de là. Il travaillait. On ne le voyait pas beaucoup. C'est ma mère qui m'a éduqué. Une grosse petite femme, gentille, aimée par ses voisins, qui a pris sa retraite le jour où elle s'est rendu compte qu'elle était enceinte. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Peut-être que je l'ai tué ?
Comme son mari sans doute. Ça n'a aucune importance de toute façon. Ils ont toujours été des inconnus pour moi, de simples ombres qui venaient et passaient. Me torturaient. Dehors, il y avait le soleil, les amis et les rires, et moi je restais enfermé.

Ça ne paraît rien sans doute. Qu'est-ce 19 heures pour un enfant d'ailleurs ? C'est déjà le bout la nuit, et ça n'explique rien. J'aurais dû me rendre compte de ma chance. J'étais protégé, petit prince né dans un cocon doré, et promis à une brillante carrière de quincaillier. L'avenir me souriait, je devais devenir comme mon père. Alors pourquoi ai-je tout quitté, claqué la porte un beau matin, vers ce que je croyais être la liberté, laissant derrière moi deux cadavres baignant déjà dans leur crasse ?
Je ne suis plus certain de la dernière affirmation. Ça remonte à si loin. 20 ans ? Aujourd'hui, ils seraient morts de toute façon. Bouffés par les vers depuis des lustres. Comme tant d'autres après eux.

- Tu penses encore au passé ?
- Oui. Tu es toujours là ?
- Bien sûr, où veux-tu que je sois ?

Affalé sur mon lit, je tente de me relever doucement. Le sol tangue, les murs bougent également d'une étrange manière. Il y a une sale odeur dans la pièce, des bouteilles vides traînent un peu partout autour de moi. Il en ramasse une, et fait une grimace.

- Absolut. Je croyais que tu n'aimais pas la vodka ?

Je ne réponds pas, mais repère un cadavre à mes pieds. Je vide d'un trait ce qui reste. Du gin. Mais le plafond n'arrête pas de tourner pour autant.

- Un jour, ça va finir par te tuer, ça. Maman le disait souvent à papa. Tu te souviens ? Tous les soirs, après le repas, son verre de porto. Il avait d'ailleurs une jolie collection de bouteilles dans son armoire.
- Ouais, avant que je découvre où il rangeait sa clef, et que je prenne la première cuite de ma vie.

Je rigole, alors que les images du passé remontent dans ma mémoire. La pénombre du salon, le grincement des escaliers, la forme massive et lourde du meuble où il entreposait ses trésors, l'odeur du vieux bois, le cliquetis de la serrure, mes mains tremblotantes, et les bouteilles qui m'attendaient. Ce goût amer dans ma bouche, cette brûlure dans ma gorge encore exacerbée par la sensation de danger. Et ce mal de ventre, et de tête, cette souffrance à la limite de l' agonie le lendemain. Un peu comme aujourd'hui. Mais avec en plus, la douleur des coups de ceinture de mon père sur mon corps. Il ne m'avait pas raté ce jour-là.

- C'est à partir de ce moment que tout a basculé, je crois. Tu as réveillé quelque chose en lui, et après ça, il n'a plus été le même.
- Tu m'étonnes. Il a dû aimer ça, l'enfoiré, et il ne s'est pas privé pour recommencer.

Je n'étais plus une ombre qu'on pouvait laisser de côté, et oublier quand ça arrangeait. A cet instant, je devins pleinement une réalité. Un gamin qui pouvait penser par lui-même, agir, et donc faire des bêtises. Et j'en devins encombrant.

- Maman pleurait beaucoup.

Je regarde ce gosse qui se trouve devant moi, et qui se fond dans le décor. Il en fait parti, il est là, toujours, dès que j'ouvre les yeux. Et il n'y a que l'alcool qui peut le faire disparaître. Je ne l'aime pas. Son éternel sourire me donne envie de le cogner. Il est trop propre, trop gentil, avec ses petites lunettes rondes, sa jolie raie dans les cheveux, et sa belle chemise à carreaux. Adolescent de 12-13 ans, perdu à une époque qui n'est plus la sienne, et me la rappelle pourtant sans cesse. Il est là, il me parle, sans arrêt. Et je n'ai plus rien à boire.

- Qu'est ce qu'il y a ?
- Casse-toi.

Il s'approche, son sourire se transformant en un sordide rictus, s'agrandissant à chacun de ses pas. Il se moque de moi. Personne n'a le droit de se moquer de moi.

- Tu n'aimes pas quand on parle de maman, c'est ça ?
- Casse-toi.
- Elle est morte, tu sais. Et elle a souffert, beaucoup souffert. C'était pas très drôle à voir quand tu lui as enfoncé son couteau dans les intestins. Elle t'aimait beaucoup, tellement, si fort, imagine le choc ! Te souviens-tu de ses larmes, de son regard ? Aurélien... Aurélien... pourquoi ?
- Casse-toi !

Et enfin, je lui balance ma bouteille au visage. Elle passe à travers lui, comme s'il n'existait pas, pour exploser en fracas sur le mur en face. Mon cœur bat vite, j'ai dû mal à reprendre ma respiration.

- C'était pas très gentil, ça non plus. Mais je te pardonne, car après tout, je suis toi.

Du whisky, de la vodka, du gin, une eau-de-vie, une liqueur, n'importe quoi... s'il vous plaît, s'il vous plaît.
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 19:16

Moi, c'est pas un hasard si je commente, j'ai vu qu'il y avait un nouveau texte donc j'essaie de dire un truc (ok, c'est vrai je le fais pas tout le temps, mais quand même...). Et puis, il ne s'agit pas de n'importe qui non plus, ici, hein Very Happy

D'ailleurs j'ai lu un truc avec le même titre, il me semble. Tu parlais d'un projet: 300 pages, un huis-clos, un personnage (c'est ça ?)


D'abord les remarques un peu chiantes dont tout le monde se moque mais bon...

Citation :
Ça ne paraît rien sans doute. Qu'est-ce 19 heures pour un enfant d'ailleurs ? C'est déjà le bout la nuit, et ça n'explique rien
répétition "rien"

Citation :
Je ne réponds pas, mais repère un cadavre à mes pieds. Je vide d'un trait ce qui reste. Du gin. Mais le plafond n'arrête pas de tourner pour autant.
répétition "mais"

Citation :
Et il n'y a que l'alcool qui peut le faire disparaître
qui puisse, non ?

Citation :
Mon cœur bat vite, j'ai dû mal à reprendre ma respiration.
du


Il y a une seule phrase qui m'a un peu gêné (mais c'est seulement mon impression et elle peut être faussée), c'est: "Mais je te pardonne, car après tout, je suis toi." Je la trouve un peu déplacée.
Personnellement, j'avais deviné que le gamin était un fantôme du passé de l'adulte et même lui, plus précisément. Peut-être est-il nécessaire de le dire quand même mais ça manque de subtilité ici.


Mis à part ces menus détails, j'apprécie ce premier chapitre.
J'aime bien ce dialogue, un peu mystérieux au début -qui parle ? à qui ?- assez bien mené pour qu'on ne soit pas non plus totalement largué.
Les hommes psychologiquement torturés sont, en général, très intéressant. Reste à savoir maintenant à quel point il l'est, et surtout ce que ça lui fait faire.
Avec ton récit, j'ai envie, presque moi aussi, de me retrouver torturé par ce personnage, d'entrer carrément à l'intérieur de lui, d'être bousculé quoi.
Je ne doute pas que ce soit ton but et que tu puisses y arriver.

Et puis que dire d'autre, c'est maîtrisé, bien écrit, fluide (tout ça, tout ça...).

Au plaisir de te re-lire donc,

_________________
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeSam 25 Aoû 2012 - 19:33

Nonnon, je m'en moque pas de tes remarques chiantes, merci. C'est important, ça permet de mettre le doigt sur des choses que nous mêmes, on ne remarque pas : des répétitions, des erreurs de frappe, des choses difficiles à comprendre...

Genre ta première, la répétition de "rien". Maintenant que tu me le fais remarquer, c'est vrai, c'est très moche, et ça saute aux yeux tout de suite maintenant !

Les répétitions de "mais" par contre, c'est un peu ma marque de fabrique. Tout comme abusé des "et". Ça, ça ne me dérange pas.

C'est vrai que quand le fantôme dit sa dernière phrase, ce n'est pas très très beau. J'avais tilté également, je changerai sans doute à la relecture.

Et tu as tout compris. Si j'écris, c'est avant tout pour me mesurer à ce genre de personnages. Je recherche la folie, le tourment absolu, explorer les ténèbres les plus profondes de l'âme... Pour moi, c'est ça écrire. C'est un exercice qui me détruit, je le sais, mais qui en même temps est la seule chose que je trouve intéressante dans cette foutue vie.

Et oui, c'est ça le fameux huis-clos. Je me demandais si j'en avais déjà parlé ici, et je vois donc que oui.

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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeMar 28 Aoû 2012 - 9:36



Bon bah, l'effet que tu voulais rendre est très bien rendu. On voit bien la folie, le tourment de l'âme, etc. Les dialogues sont bien écrits, et j'ai été accroché dès le deuxième paragraphe. Donc, j'ai peu à redire, mais c'est très très noir.
Du coup, comme je n'ai aucune remarque à faire sur la forme, et comme ce texte est tout de même excellent, je vais en faire sur le fond : Les gens n'aiment pas les textes sans espoir. Et là, ça m'a l'air d'être un texte totalement noir, et clairement, ça risque de me gêner un peu par la suite Wink )
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeMer 29 Aoû 2012 - 6:04

Ah, je l'attendais ce texte. Ce que j'avais lu du précédent jet m'avais mis l'eau à la bouche. Enfin de quoi apaiser ma faim!!!!

Kawabunga!

Première lecture :

Je ne suis pas très étonné, mais la folie c'est ton domaine. On rentre dans la psyché de ce fou furieux. La schizophrénie est claire dès le premier dialogue, mais tu la met en place de manière intéressante, avec une confustion du narrateur entre le je et le il. Par contre, c'est dommage, tu as été très soft sur ce premier chapitre. Sincèrement, je m'attendais à plus de tueries de ta part. ^^

Seconde lecture :

Spoiler:

Je reconnais quand même une bonne louche de toi dans ce personnage. ^^
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeMer 29 Aoû 2012 - 13:01

Bien sûr que tous mes personnages torturés sont moi. D'où pensez-vous que je les tire ? Leur folie est la mienne, leurs peurs sont celles que je ressens chaque jour. Toutes ces femmes, ces hommes vivent déjà en moi, et ils n'attendent que l'écriture pour s'imposer dans notre réalité.

Sinon, content que ça vous plaise. C'était horrible d'écrire ça, j'ai souffert comme jamais ! Et dire qu'il y a encore des centaines de pages... Donc Hardkey, il y a le temps pour le sang et la souffrance, ne nous pressons pas !
Comme d'habitude, je n'ai pas de plan, ni de scénario, je suis juste une idée, et on verra ce que ça donnera.
La suite dans six mois, j'ai un autre travail à terminer pour l'instant.
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeLun 31 Déc 2012 - 9:36

(En fouillant dans mes dossiers, j'ai eu la surprise de constater que j'avais fait une suite au premier chapitre de Chien de Guerre. Je ne sais pas d'où elle sort, ni quand je l'ai écrit, mais c'est plutôt une bonne surprise pour cette fin d'année ! Chien sera mon prochain projet après Mahrorn (faut que je me force à avancer d'ailleurs, même si je ne rêve que de passer à autre chose...), d'ici un petit mois.

2.
Encore une nuit qui succède au jour, mais ce dernier a t-il seulement existé ? Je ne me rappelle pas. Tout mon univers est noyé sous un voile de brume. Je suis encore couché sur mon lit. Le matelas pue le vomi, j'ai un goût de sang dans la bouche.
Mon corps est fatigué, l'esprit hagard, j'ai du mal à garder un fil de pensée. Il n'y a pas un souffle d'air dans la chambre, j'ai chaud, je crève de chaud. Je me lève, mes jambes tremblotent, mais en m'aidant du mur, j'arrive à atteindre la fenêtre. Dehors, le silence. Pas un bruit, si ce n'est le chant entêtant des grillons. Étrangement, ça me détend. L'air est frais, parfumé, l'été se termine, et déjà des odeurs de pluie apparaissent dans l'air. La rue devant moi est éclairée à intervalles réguliers par des lampadaires, dont la lumière blafarde tombant en cercle sur le sol, tente de contenir l'obscurité. En face, certaines maisons sont éclairées, et des ombres chinoises passent parfois devant les rideaux. Il ne doit pas être très tard. Pas plus de minuit. Et le lotissement entier s'endort dans la plus parfaite sécurité. Bientôt, les premiers travailleurs iront au boulot, en croisant les joggeurs les plus matinaux. Le soleil brillera sur le village, et à coups de « bonjour, comment allez-vous ? », chacun vaquera à ses occupations, en souriant, heureux et fiers de leur petite existence.
Inconscients de la menace qui pèse sur eux ? Peut-être bien. Ce n'est pas la première fois que je rencontre ce genre de personnes, que je m'installe près d'eux. Ils sont faibles, si faibles, aimables, beaux, et pourtant porteur d'un germe de folie qui grandit, inlassablement, et qui à chaque instant, les détruit davantage.
Lentement, inexorablement. Et il suffirait d'un petit quelque chose pour qu'il explose, et s'exprime à la lumière.

Quels secrets se cachent derrière ces murs blancs et ces jardins soigneusement entretenus ? Combien d'enfants battus, d'adultères, de femmes alcooliques, de maris dépressifs ? Combien de démons croissent dans les ténèbres, sous les sourires et les faux-semblants ?
J'ai envie de rire, de me moquer, de hurler, mais chut, pas tout de suite, chut. Il pourrait entendre, venir, et je ne suis pas prêt à croiser son regard à nouveau. J'entends déjà le martèlement de ses pas, il est dans la pièce au dessus. Le plancher grince, c'est une vieille maison, il ne nous a pas encore repéré, profitons-en.

Alors je me tais, et me noie dans le silence. Je respire l'odeur si reconnaissable de la nuit, et d'autres souvenirs me reviennent en mémoire. La lune, dans le ciel, se teinte d'écarlate, des flammes, des explosions, des cris, des ordres lancés, des hurlements. Les maisons brûlent, j'entends mes hommes mourir. Je retourne à la réalité. Une vieille douleur se réveille dans mon épaule, je transpire, j'ai chaud. Il y a un relent de charogne qui flotte dans l'air. J'ai envie d'un verre.
Un dernier avant d'aller se recoucher. N'importe quoi. Il y a une bouteille de tequila sur une table basse, une gorgée pour la route, et je m’assois sur le lit. Le brouillard devant mes yeux se dissipe un peu. Une autre, et les pas au dessus de moi se font plus lointains. Mon cœur reprend un rythme normal, mes bras arrêtent de trembler. Je veux autre chose maintenant, mais en même temps, je suis si fatigué. Crevé. Marre aussi. Alors, je lui fous un coup de pied. Elle se réveille à son tour, et gémit à mes pieds. J'aime ça. Une troisième gorgée. Ça me brûle la gorge, je sens un feu déchirer mes entrailles. Je n'aime pas la tequila, mais je continue à boire. Pas cette nuit. Il est là, trop proche, et elle va l'attirer. Elle n'attend que ça, c'est elle qui l'a appelé, j'en suis sûr. Je ne me ferai pas avoir, je suis plus intelligent. Demain. Demain, tu ne perds rien pour attendre. On va s'amuser. Pour l'instant, je l'attends. Je regarde la porte, appuyé contre le mur. Il se déplace dans la maison, il n'a pas encore eu le courage d'entrer dans cette pièce, ma forteresse. C'est ma proie, il ne l'aura pas. Il sait que je suis là, mais je ne dormirai pas. Une pâle lueur passe dans l’entrebâillement, j'entends gratter, ça s'arrête. Je ne tremble pas, je le connais, j'en ai déjà vu d'autres. Ses ombres voltigent tout autour de moi, mais je sais qu'elles sont inoffensives. Ce ne sont que des formes, des visages, des souvenirs.
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeLun 31 Déc 2012 - 21:11

Quoi de mieux pour démarrer ma p'tite tournée commentaires qu'un texte d'Ilàan ? Ce texte qui plus est...

(Encore des remarques chiantes, chouette ^^)
Citation :
L'air est frais, parfumé, l'été se termine, et déjà des odeurs de pluie apparaissent dans l'air.
répétitions "air"

Citation :
La rue devant moi est éclairée à intervalles réguliers par des lampadaires, dont la lumière blafarde tombant en cercle sur le sol, tente de contenir l'obscurité. En face, certaines maisons sont éclairées
répétition "éclairée/éclairées"

Citation :
Combien d'enfants battus, d'adultères, de femmes alcooliques, de maris dépressifs ?
Et tout ça à la fois ? Combo !

Citation :
il ne nous a pas encore repéré
repérés

Citation :
Demain. Demain, tu ne perds rien pour attendre. On va s'amuser. Pour l'instant, je l'attends
répétition "attendre/attends", surtout qu'ici les deux mots n'ont pas exactement le même sens...


Sinon, j'aime.

Ce qui n'est, en effet, pas un commentaire très constructif.
Alors pourquoi j'aime ? Parce qu'on ne sait pas tout. Parce qu'il est fou. Parce qu'il est à la fois si lucide et si saoul.
En fait, c'est un peu de la triche de me demander mon avis là d'ssus ^^.
En attendant de lire la suite donc. Même si tu ne reprends pas tout d'suite.

devil

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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitimeMer 2 Jan 2013 - 2:10

Ah, le chien de Guerre, ça fait plaisir un autre extrait.
Bon, je l'avoue, j'ai trouvé le début haché. Trop je veux dire. Ca m'a légèrement bloqué, et puis j'ai été pris dedans, et c'est passé. Assez bourrin, glauque, déroutant. Dans ton style adulte quoi. Par contre, je crois que je me suis rendu compte de quelque chose avec ton texte. J'ai l'impression que tes bouquins peuvent se commencer n'importe où. Que t'en a rien à branler de la construction d'une narration classique, et que tu t'éclates avec des "scénettes" que tu fous après en conglomérat.
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MessageSujet: Re: Chien de Guerre.   Chien de Guerre. Icon_minitime

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