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 Terry.

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MessageSujet: Terry.   Terry. Icon_minitimeJeu 30 Aoû 2012 - 7:51

(J'ai donc repris l'écriture sérieusement. Et j'ai donc décidé de reprendre des bonnes habitudes. Chaque soir, après la journée passée sur le roman, j'ai donc l'intention de décompresser avec une nouvelle (même si ce ne sont pas des nouvelles au sens strict du terme). Je me prends une heure avant d'éteindre la lumière, et j'essaye d'écrire quelque chose. N'importe quoi, ça peut être de la Fantasy, comme de l'horreur, du surréaliste, de l'absurde, un essai... Il y a un an, je le faisais et vous pouvez voir certains de mes textes encore dans cette section. Aujourd'hui, j'ai progressé, et je vais donc de nouveau l'envahir.

Hier soir : Terry (le titre n'a aucune importance). Tout ça est écrit au bout de la nuit, quand j'en ai marre de mon travail en cours, donc ne prenez pas la peine de corriger les fautes ou rien, je ne les retravaillerai pas. C'est juste du premier jet, de l'instinct, pour m'amuser avant de me pieuter.)



- Ça rêve de quoi un aveugle ?

Éric demande ça en levant les yeux de son bouquin, un vieux truc de Fantasy avec des elfes qui se battent au poignard sur la couverture. MTV passe en fond sonore, le dernier clip des Foo Fighters. Dave Grohl hurle à tue-tête des paroles que je ne parviens pas à comprendre.
Je tire encore un peu sur mon joint. Puis je fais tourner aux autres. Soirée défonce comme une autre. Il y a de la fumée qui flotte au plafond. Il fait sombre, on est tous assis par terre autour d'une table basse, mais Eric est sur mon pieu, toujours avec son roman. Je ne pense pas qu'il ait tourné une seule page depuis des heures.
Personne ne répond à sa question. Comme toujours. Il a l'habitude de toute façon, et est déjà passé à autre chose.
Il y a des types chez moi. Des copains. Une nana, trois mecs. La fille, Lisa, est dans un sale état. Son voisin a une main passée sur sa cuisse. Il l'effleure de plus en plus hardiment jusqu'à caresser son entrejambe serré dans un jean moulant. Elle se laisse faire, et je suis certain qu'elle ne sent même absolument rien.
Il y a des cadavres de bouteilles un peu partout. On se faisait chier ce soir. Alors on a bu. C'est les vacances, la fac reprend dans deux semaines. On s'amuse comme on peut. Qui il y a donc autour de moi ? Eric ? Il a l'air de s'être finalement endormi. Adrien, Abdel et John aussi. Je crois. Et elle, cette gamine. Lisa donc. Je sais même pas qui c'est. On l'a ramassé dehors, elle avait l'air seule, on lui a proposé un joint, elle est venue. Elle a l'air d'avoir 16-17 ans, peut être moins. 14, ça m'étonnerait pas en fait. Maigrichonne, cheveux blonds, des vêtements assez usés, pas un canon, mais baisable. Baisable... et elle est couchée par terre maintenant. John est en train de lui dégrafer son pantalon. On est tous en train de rigoler. On ne sait pas pourquoi, mais ça doit être drôle.

J'ai l'esprit clair. C'est bizarre. Je me sens bien. La tête un peu lourde, oui. Et on parle. Abdel, Adrien et moi. John aussi. Il est en train d'embrasser les seins de la petite à côté de nous.

- Il est mort.
- Qui ça ?
- Il est mort.
- Mais qui, putain ?
- Terry. Terry est mort.
- Qui ça, qui est Terry ?
- Ton meilleur pote, tu ne te souviens pas ?
- Non.

Je regarde la télé. System of a Down, une de leurs anciennes chansons. Il y a du bon son ce soir, je murmure les paroles. Personne ne m'entend, personne ne m'écoute. Abdel regarde Adrien. Adrien regarde ses pompes.

- Vous avez écouté le dernier album de Slash ?

Ils lèvent tous les deux la tête. Ils ont les yeux vitreux. Ils ont l'air vieux, le brouillard qui flotte autour de nous les vieillit. Ils sont pâles, leurs cernes marquent leur visage et leur donne une allure fantomatique. Je parle à des ombres.

- Ouais.
- Déchire.

C'est tout. C'est absolument tout. J'ai envie d'une clope, d'une simple clope. J'essaye de me redresser. Le sol tangue. Il y en a dans ma veste. Je trébuche sur la table, cogne la fille à poil allongée par terre. John grogne, il essaye de faire rentrer sa queue dans la bouche de la nana.

- Désolé, mec.

J'arrive à mon lit. Eric dort sur mon blouson. Je lui donne un coup, je le pousse. C'est un poids mort. Il ne se réveille pas. Son bouquin tombe par terre. Je récupère mes Marlboro, et tente de faire le chemin inverse. Je me pose enfin, et ouvre mon paquet. Du feu, j'ai du mal à viser, mais la cigarette s'allume. Je prends une grosse bouffée, et soupire. Mon envie de vomir s'estompe aussitôt.

- Terry l'aurait aimé.

Pas de réactions. Abdel me regarde. Il ne me voit pas, il n'a sans doute pas cessé de regarder dans ma direction, mais tout à coup je vois ses yeux s'éveiller.

- Ouais. Terry est mort.
- Vos gueules avec Terry.

Il est mort, Terry est mort, et cette simple pensée me fait soudain l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Green Day passe maintenant. Je n'ai pas la force d'aller chercher la télécommande pour couper le son.

- Il aimait bien les Gun's. Il attendait vraiment cet album solo de Slash.

Un riff de guitare, la batterie enchaîne. A côté de nous, John est en train de pénétrer la petite. Elle a les yeux fermés, son sweat est remonté jusqu'à sa gorge, laissant ses seins à nu. Je remarque des cicatrices sur ses cuisses et son ventre.
J'aimerai bien me branler sur elle.
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MessageSujet: Re: Terry.   Terry. Icon_minitimeVen 31 Aoû 2012 - 12:09

Glauque, désabusé. Voilà deux mots qui je pense résumeront ce que ce texte m'a inspiré...

Glauque, étant donnée la situation. Demi viol, crasse, désordre, beuverie, mort.

Désabusé : le ton. Le ton du narrateur. Cynique et désabusé.
La scène entière est particulièrement cynique en fait. ça me fait penser à une "génération no futur", un peu.
J'ai l'impression qu'on est dans un background social populaire.

Le problème principal c'est que c'est hyper caricatural. l'alcool ne fait pas oublier "un meilleur pote". Surtout quand on apprend qu'il est mort. Même s'il s'en souvient 5 lignes après, çàa reste étrange. On pousse le cynisme trop loin.

Pareil pour la chute. Ton personnage a l'air froid et cynique vis à vis de ce qui se passe sous son nez, il n'a plus vraiment d'humanité. Je pense qu'il aurait été intéressant de mettre en scène plus de dégout de la part de ton narrateur. ça m'aurait semblé moins caricatural.
Là c'est vraiment "je décris une génération pourrie dans une ambiance crasseuse". Donc, c'est bon, dans l'ensemble, le style colle avec le fond, mais c'est pas assez nuancé pour être crédible, à mon avis.
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MessageSujet: Re: Terry.   Terry. Icon_minitimeVen 31 Aoû 2012 - 14:03

Je vais tenter un commentaire, pour une fois.
Sur la forme: rien à redire, tu as un niveau excellent en écriture, je ne vais pas m'y tenter parce que je ne pense pas avoir un niveau suffisant pour trouver une critique à faire.

Sur le fond: je rejoint Galb. Glauque, glauque à mort. A chaque fois que tu postes j'ai l'impression de relire la même chose. Crasse, désordre, alcool, drogue, sexe.... Là, excuses-moi, mais ça me soûle. Si tu publies le Sans Racine, ou Chien de Guerre, (ce que je te souhaite, parce tu est exceptionnellement doué) je ne l'achèterais pas. Parce des épaves comme celles que tu décris, j'en vois tous les jours au boulot, et la seule chose que ça m'inspire, c'est: pathétique. Et l'envie de foutre des baffes. Moi, l'alcool et la drogue, j'en vois la réalité tous les jours, et quand je veux un bouquin pour me changer les idées, c'est pas pour les retrouver encore. Parce que, oui, je suis désolée, mais l'alcool et la drogue, c'est de la merde qui détruit les gens.
C'est vraiment dommage de gaspiller un don comme le tien en écrivant des trucs sales et sordides comme ça.

Je préfère un million de fois Mahrorn, auquel je vais rendre un hommage en glissant un nain prêtre dans un placard en clin d'oeil dans mes aventures d'Erishun.
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MessageSujet: Re: Terry.   Terry. Icon_minitimeVen 31 Aoû 2012 - 14:07

Citation :
Donc, c'est bon, dans l'ensemble, le style colle avec le fond, mais c'est pas assez nuancé pour être crédible, à mon avis.

Je rejoins Galb sur ce point là. C'est exactement l'impression que ça m'a fait.

Après, je vais te faire un compliment Very Happy , en lisant ton texte j'ai ressenti la même chose qu'en lisant L'Etranger de Camus. Je ne fais pas de Lèche-bottisme, c'est la stricte vérité.

Je reconnais vraiment un nouveau Meursault dans le personnage de ton narrateur qui bourré et défoncé, n'a plus foi en rien et pour lequel plus rien n'a d'importance... Son ami est mort ? il s'en fout. La gamine se fait violer ? Rien à faire...

Bref ton texte est pas parfait, loin de là, je pense que tu vas trop loin et que tu perds en crédibilité, mais le côté ambiance et détachement du narrateur ne peut pas être mieux...
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MessageSujet: Re: Terry.   Terry. Icon_minitimeMar 25 Déc 2012 - 9:51

Ah vous trouvez que j'en ai trop fait ? Merci pour vos commentaires en tout cas !

Ce texte est un peu mon coup de cœur de toutes mes réalisations de ces derniers mois (avec ma première scène de Charles). En fait, non, il ne vient pas d'une copie de l'Etranger, mais plus du Zombies de Bret Easton Ellis.
Je voulais quelque chose qui puisse s'insérer dans ce recueil de nouvelles, et qui aurait pu être écrit par le maître.

Je ne me suis pas si mal débrouillé je trouve ! Mais à nuancer donc, je prends note. Car mon prochain roman ressemblera justement à ça. Et info exclusive, il s'appellera : "Martin".
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MessageSujet: Re: Terry.   Terry. Icon_minitime

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