C’est dans un bus pris au vol,
attrapée la respiration courte,
la vue bouchée par l’effort,
les passagers que l’on découvre,
encore haletante sur sa banquette.
ils étaient trois,
lui, elle et l’enfant.
l’homme avait coincé une poussette pleines d’affaires.
dans le couloir,
elle s’accrochait à un sac de vêtement soigneusement rangés.
la petite fille regardait par la fenêtre,
avec tout ses yeux grands ouverts d’enfant.
le conducteur grognait de toute cette smala sans billet.
a bien regarder, nous sommes tous de passages,
de façons plus ou moins évidentes,
de façons plus ou moins pressés,
mais il a des gens toujours en bagages,
ceux qui viennent de là,
ceux qui vont là-bas,
le regard lointain.
ils ne sont pas sans histoire dans la ville,
non, ces sont des gens pleines d’histoires,
pas forcement douce,
pas forcement tendre,
un mélange de rêves d’avenirs, de boue des camps provisoires, le sordide des petits moyens
une vie entre grabats et tentes en plastique.
je les regarde.
ces gens d’histoires se taisent,
bouclent de silence leurs voyages.
c’est sûr,
il y a des gens dont je ne sait rien,
il y a des gens qui ne diront rien,
et se meuvent silencieux, éternels inconnus dans nos villes.