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 La lame rimée

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MessageSujet: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeSam 25 Mai 2013 - 15:06

Après en avoir donné l'exclusivité pendant la session skype d'hier, je poste mon récit de fantasy, que j'écris pour m'occuper pendant que je bidouille les personnages de Dual artifice.
Merci d'avance pour vos commentaires.

Chapitre 1

« Qu’avez-vous trouvé ? »
Dun leva le nez de ses feuillets et reposa la plume dans l’encrier, extrayant ses jambes de sous le minuscule bureau pour faire face à son interlocuteur. Jakin, ou Sire Jakin comme il préférait qu’on le nomme, venait de le gratifier d’une de ses rares phrases complètes de la journée. Aisé était d’en déduire que la nuit tombait, et que moyennant un peu de parlotte, Dun se retrouverait bientôt à l’air libre.
Dans ce but, il s’apprêtait à répondre, quand son regard sur posa sur la moustache. Si le sire avait en bonne proportion élégance et charisme, l’énorme touffe qui lui barrait le visage rajoutait une bonne louche de ridicule.
Pour éviter le fou rire, Dun se retourna vers sa feuille lardée de ratures. Oui, il devait bien y avoir quelques lignes acceptables.
« J’en ai un très court, mais intéressant.
−Hum… »
L’interjection étant utilisée par Jakin pour presque l’intégralité du spectre des réponses, de « oui » à « non » en passant par « ça manque de sel », Dun l’interpréta selon son bon vouloir. Il se racla les cordes vocales, avant de déclamer.
« Fine ou épaisse, nouille
Au fond du bouillon, touille
Baguettes prestes, fouille
Attrapée au vol, nouille
−Hum…
−La sonorité me semble assez particulière, et j’ai fait attention à conserver des vers réguliers, comme demandé.
−Hum…
−Je vois que vous êtes dubitatif. M’est avis que c’est à cause de la rime. Je me suis escrimé pour trouver des mots en –ouille, seulement ce son a un petit côté comique..
−Hum…
−Et nous en conviendrons, le raffinement et l’élégance de votre établissement ne sauraient engendrer le rire chez vos clients. »
Une légère pointe d’ironie.
« Hum »
Tout en frétillant sa moustache de ses doigts râpeux, Jakin sortit quelques pièces rouillés de sa bourse, et les déposa sur la table. D’un hochement de sa tête replète, il signifia qu’il aurait encore besoin de Dun le lendemain.
Une fois seul, le poète froissa ses gribouillages, prit l’argent, et tenta bon an mal an de se relever. Le plafond bas du réduit tout comme la largeur minuscule de la pièce ne lui facilitait pas la tâche.
Il réussit pourtant à sortit dans le couloir sombre, son manteau de toile brune sur le dos. Dun suivit le boyau jusqu’au fond. De la cuisine s’échappaient pèle mêle des senteurs de gras, de bouillon à la viande de porc et de pâtes fraiches. Quand il atteignit finalement la lumière, il se retrouva dans la salle du bouiboui miteux où nombres clients dévoraient des nouilles dans des bols ébréchés. Le Sire passait entre les tables pour s’enquérir de l’avis des consommateurs. Dun aperçut même son ami Kin, occupé à servir leur repas à une famille en haillons.
Il serait bien resté à observer ce tumulte vivifiant, mais l’odeur ici tenait plus de la crasse que de l’arôme, et il se fraya un passage vers la sortie.
Une fois dehors, le poète remplit ses bronches d’air pur, parfumé par la merde tassée dans les caniveaux, l’eau de lessive souillée sur les pavés et le bois brulé d’une bicoque en cendres. Oui, il était poète, et c’était bien sa chance. Son travail pour le moment n’était pas fascinant, mais assez bien payé, et sans grandes exigences. Juste ce qu’il fallait pour lui donner le temps de finir son chef d’œuvre.
D’une de ses poches, Dun prit une pipe en pin courtaude et la porta à ses lèvres. Sa main ressortit de la poche opposée avec un cristal rouge d’un pouce, légèrement poisseux. Il l’astiqua avec un coin de sa manche, avant de le déposer dans le foyer de sa pipe.
Il se mit en marche, tandis qu’une fumée citronnée commençait à s’échapper de ses lèvres. A mesure que le soleil se couchait, il se mouvait dans les rues, nonchalant, sans oublier parfois de se baisser pour éviter une corde à linge. En flânant vers la Poétique, il détaillait les bicoques tordues collés aux larges habitations de pierre. Il observait les reflets du couchant sur les plaques de verre fendillé qui servaient de fenêtres de fortune. Il écouta la rumeur des marmots jouant. Dun se gorgea tant d’images qu’à l’intersection de la rue du Vieux et de l’avenue des fous, il sortit d’une poche un carnet et un morceau de fusain ;
« Barbotant dans la rue, au milieu de la fange,
Les enfants sans argent jouent tout simplement
Ils ont trop vu la mort pour avoir peur du sang.
… »
Pendant plusieurs minutes, il marcha en rond dans la rue, à la recherche d’une improbable rime en –ange. Il y avait bien lange, mais le poème ne parlait pas de nourrissons. Et pour tout dire, même si les alexandrins étaient parfaitement césurés, ces quelques lignes ne voulaient pas dire grand-chose.
De dépit, il fourra ses notes dans son manteau, et reprit sa route. Maintenant, il était de méchante humeur, et coupa court à toute flânerie dans les ruelles sales de la ville. Si bien qu’au bout de quelques minutes, Dun se trouvait devant le portique qui marquait l’entrée de la Poétique. A sa création, certains avait bien tentés de l’appeler « guilde des poètes », avant que les puristes des rimeux rappellent la difficulté de la rime en –ilde.
Définitivement, « Poétique » lui seyait mieux, tout en donnant un côté antique discret. Dun ne prit pas la peine de lire la devise gravée sur le fronton, tant elle était aussi gravée dans son esprit.
« Toi qui entre ici, abandonne toute prose. »
Il traversa les couloirs encombrés d’étudiants, de maîtres et de mirlitons, longea les salles aux vers impairs sans y prêter attention, mais s’attarda devant les larges baies vitrés du Repère. Ici, plus d’une centaine de poètes en herbe s’entrainaient au combat. Quelques-uns apprenaient l’épée, mais la plupart préféraient le combat à mains nues : le bohémien a plus souvent disponible ses poings qu’une lame. Et comme ici, personne ne préférait le corps à l’esprit, les opposants se répondaient en vers de moins de cinq syllabes le long du combat.
Dun se remit en marche, pour monter jusqu’à la tour des alexandrins, prévenir le Rimeur en chef de son travail de la journée. Avant de franchir la porte, il composa quelques vers de douze syllabes.
Il trouva le directeur de la Poétique assis à son bureau, penché sur une liasse de parchemins de mauvaise facture. Dans un coin de la pièce, non loin du feu où brulait une carcasse de chat, se trouvait Ax. Il portait encore l’armure échue au poète épique officiel, et il dardait son œil unique vers le Grand Rimeur. Dun comprit que c’était son travail qu’examinait le patriarche.
« Bonsoir messire Dun, ici, asseyez-vous.
−Pardon, je ne suis là que pour donner mon sou.
−Et moi, je vous le dis, posez vos fesses ici.
−Si tels sont vos ordres, a ceux-ci je me plie. »
La rime était bien pauvre, il ruminait ce faible vers quand il prit place sur la chaise libre. Le vieux rimeur s’était plongé dans ses papiers, mais Ax fixait Dun maintenant. Ils n’avaient jamais été proches du fait de leur complète opposition sur l’échelle de la discipline. Mais ce que recelait l’unique œil restant du poète épique, c’était de la curiosité. Une telle dose qu’elle aurait pu engloutir une bibliothèque.
Le vieillard reprit la parole.
« Tu le vois aisément, Ax revient de bataille
Tout blessé que fourbu, il a peur qu’il ne faille
Nommer un remplaçant. Pour la guerre un poète
Qui puisse sans faillir reprendre la chronique. »
Dun ne voyait pas le moins du monde en quoi il pouvait être d’aucune aide à ce dessein. C’est alors qu’Ax, brisant sans ménagement la tradition de la rime en ces pierres, lui lanca :
« C’est toi le prochain. »
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeSam 25 Mai 2013 - 15:10

Je maintiens ce que j'ai dit hier soir ^^

Tu as bien réussi a planter le décor et ce personnage, poète un peu perdu qui écrit des rimes pour les bouibouis du village et qui va se retrouver embarqué dans quelque chose qu'il ne maitrise pas.
Bon équilibre d'humour qui fait sourire sans être caricatural, qui plante bien le perso, mais qui laisse entendre le fond sérieux et plus sombre derrière.
Je pense que "hum" va rester dans les annales d'un certain Louen ^^

et maintenant, la suite ! Very Happy
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeSam 25 Mai 2013 - 17:58

Pas grand-chose à redire de mon côté non plus ; j'ai trouvé que c'était une nouvelle fois très bien écrit. Les vers qui parsèment le texte sont à la fois bons et amusants (j'ai beaucoup aimé "
−Et moi, je vous le dis, posez vos fesses ici.
−Si tels sont vos ordres, a ceux-ci je me plie." ^^)
les références sympathiques, et encore une fois (comme pour "Dual artifice") je trouve que tu as réussi à créer un univers bien original.

Ah, j'avais eu un petit bug pendant la lecture, tiens, je n'avais pas compris au début qu'il y avait deux personnes dans le bureau, à la fin. C'est clair, c'est juste que j'ai dû faire la fixette sur le chat qui crame et donc louper ça à ce moment là ^^

Pense à revoir ta rime finale de "chronique" par contre ^^
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeSam 25 Mai 2013 - 18:23

Une petite correction :
Citation :
Dans ce but, il s’apprêtait à répondre, quand son regard sur posa sur la moustache.
"son regard se posa"

Début de texte prometteur et assez intriguant avec ce héros poète, et la fin de ton passage laisse le lecteur sur sa faim, que va-t-il se passer ensuite ?

L'univers m'intrigue par certains détails, les nouilles évoquent plus un plat asiatique pour moi et pourtant l'univers semble fantasy médiéval, mais bon, je me focalise sans doute sur un détail (et ce pauvre chat qui grille dans la cheminée, pauvre bête...)

J'attends de lire la suite pour en découvrir plus.

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sombrefeline
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeLun 27 Mai 2013 - 17:19

Citation :
Il réussit pourtant à sortit dans le couloir sombre
Sortir

Citation :
le bois brulé d’une bicoque en cendres
brûlé

Citation :
lui lanca
lança

Un très bon texte que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire. J’ai beaucoup rigolé avec les « hum » et la difficulté de trouver une rime en « ouille ». J’ai apprécié la description de la ville via les yeux du poète.
Le fonctionnement de la Poétique m’a fait penser à la fois à l’université des mages chez Pratchett et à la BD « De Cape et de crocs » (notamment pour les combats à la rapière entrecoupés d’alexandrins).
J’attends la suite avec impatience.

Par contre, pour tes prochains textes, je te lance un défi : Arrêter de nommer tes personnages avec un prénom monosyllabique Wink

_________________
That is not dead which can eternal lie. And with strange aeons even death may die

There is no "overkill". There is just "open fire" and "time to reload"

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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeLun 27 Mai 2013 - 19:46

Un très bon texte, comme toujours, drôle et vraiment très bien écrit, rien à redire. Si j'étais debout, je m'inclinerais. Mais je suis affalée dans mon canapé comme une vieille loque, alors je vais me contenter d'un petit hochement de tête.
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeLun 27 Mai 2013 - 21:41

Merci pour vos commentaires c'est sympa.

Par contre pour les noms, au départ je ne le faisait pas exprès, mais maintenant j'aime bien, c'est une des mes touches personnelles. ^^
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeLun 27 Mai 2013 - 21:53

Bonsoir,

Comme tout les autres, je n'ai pas grand chose de nouveau à dire sur ce texte. J'ai beaucoup aimé, c'est écris avec fluidité, c'est original, c'est drôle. J'aurais aimé pouvoir te faire une critique plus constructive, mais sérieusement, quand je lis la plupart de mes livres, je me concentre sur l'histoire si elle est suffisamment bien écrite, ce qui est le cas ici.

Donc voilà, bravo, mais je pense quand même que ce serait bien que tu arrête de t'éparpiller en tout sens et que tu te mettes à un projet sérieux, comme dual artifice ou celui-ci je sais pas, et que tu t'y tiennes ^^. Car tu as du potentiel, et ce serait dommage de ne pas l'exploiter!

PS: Le nom du vent est parti aujourd'hui ;-)
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 22:11

La suite, avec une petite précision de l'ordre du vocabulaire :

le haiku est un court poème japonais en trois vers de 5, 7 et 5 syllabes respectivement.

Chapitre 2

A l’exception de la table éclairée par la lueur d’une chandelle, toute la pièce était plongée dans le noir. Les deux bibliothèques garnies de parchemins et volumes reliés, de part et d’autre de l’entrée, le placard où se cachaient les biscuits et les réserves d’eau, même le fauteuil usé dans lequel se tenait Dun.
A force de rogner sur les frais d’éclairage, il maitrisait la nyctalopie. Seulement, les chefs d’œuvres architecturaux venant à manquer dans cet appartement à poutres apparentes, il gardait pour le moment les yeux fermés.
Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul.
Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait. Il se sentait courir, poursuivre à bride battante son calme, sans pouvoir jamais l’attraper. Respirer, calmement, essayer de ne pas s’étouffer avec sa salive. Il plia son petit doigt, et le déplia, se concentrant sur le va-et-vient régulier pour apaiser son esprit affolé. Dun aurait voulu pouvoir faire un pas mental, même un pas de côté pour pouvoir prendre du recul sur la situation.
Seulement, il avait été choisi comme pâtée lettrée pour soldat, ce qui minait légèrement sa bonne humeur. Bien sur, s’il évitait les flèches, les rapières, le froid, la famine, les maladies qui proliféraient à côté des charognes, il pourrait rentrer avec la gloire. Sauf que la gloire ne l’avait jamais tenté. Sinon, il aurait continué ses études de poésie jusqu’au doctorat, distinction hautement honorifique.
Un bout de papier contre la liberté de travailler où il le voulait, sans obligations réelles, le choix avait été rapide, quoique largement incompris par ses amis. Anciens amis. Même Nora ne comprenait pas le pourquoi de ce choix de paresseux, ce « gâchis » hallucinant de talent. Cela faisait trois ans qu’il n’avait rien publié, et il était devenu un parfait inconnu pour les nouveaux étudiants.
Enervé par la rougeur à travers ses paupières, Dun se leva, et moucha la chandelle. Silence total. La lumière de la lune filtrait de la rue, débitée par les volets. Un autre jour, il serait sorti pour une ballade de minuit, à la recherche d’une muse sélénale. Mais comment trouver la paix et l’excitation poétique, quelques heures avant que le départ du convoi, avant de quitter son taudis personnel pour une tente puante ?
Déjà que l’hypothèse de courir sur un champ de bataille ne l’égayait pas, il aurait en plus à composer sous pression des vers épiques. Fini les rimes en –ouille, et bonjour les alexandrins solennels sur la gloire des épées levées devant le seigneur, la marche héroïque d’une bande de psychotiques vers une mort certaine, et le massacre systématique des populations rencontrées.
Il rumina ses sombres pensées, jusqu’à mâchouiller dans le vide mental. C’est alors qu’il s’intéressa au motif délicat que dessinait la lune sur le plancher inégal. Et, pris d’une envie aussi violente que soudaine, il se jeta sur la première feuille de papier disponible, une plume barbouillée d’encre à la main.
« Nuit du condamné
A l’approche de la mort
Lune brille plus fort »
L’image du haiku, quoiqu’un peu cliché, semblait féconde, mais le poème manquait de… quelque chose. Ce plus que Dun recherchait avec autant de désir que d’autres l’or. Les mots ne sonnaient pas creux, seulement ils restaient de simples mots. Ce que voulait le poète, c’était qu’ils s’enflamment dans l’esprit, pour marquer l’âme d’un brasier ardent. Qu’ils acquièrent une telle force et une telle présence qu’on puisse les considérer comme aussi « réels » que brique et bois.
Avec un soupir, Dun attrapa la feuille pour la ranger. Le grain était épais, et se sentait sous les doigts. Il se dirigea vers l’épaisse armoire calfeutrée dans un coin de la pièce. Une fois le meuble ouvert, l’odeur de vieux papier assailli Dun, ce qui lui ramena un peu de bonne humeur. Par piles, par tas, parfois reliés en manuscrit de fortune, trainait ici le travail de toute une vie. Poèmes de toutes tailles et de toutes rimes, écrits sans relâche nuit après nuit. Mais depuis qu’il avait refusé le doctorat, Dun s’était fixé un autre but : le poème parfait. Alors il entreposait sans jamais les publier tout ce qu’il composait, jamais satisfait par la force de ses vers.
Il déposa le feuillet sur une pile au hasard, et se rassit dans son fauteuil, sans même fermer l’armoire. Et il se rendit compte que la panique l’avait quitté. La peur totale est trop exigeante en ressources pour se maintenir. Maintenant, c’était les eaux troubles de l’ennui qui menaçaient de l’engloutir. Pourquoi commencer quelque chose, si peu de temps avant le départ ? Glissant lentement dans la somnolence, il se réveillait par à coup, juste à temps pour éviter la noyade d’ennui.
Dun décida finalement de prendre un vieux poème au hasard, pour le retravailler.
La feuille qu’il attrapa comportait aussi un haiku.
« Céramique bleutée
Enfermée dans un musée
Voudrait voir le ciel »
Ah, celui-là datait de son passage dans un des nombreux musées presque abandonnés de la ville. Plus que ce qu’il avait pu y écrire, Dun se rappelait des folles discussions avec le vieux gardien, sur l’utilité comparée de la porcelaine et de la céramique à l’humanité.
Mais la métrique était fausse : le premier vers contenait 6 syllabes, une en trop. Il corrigea rapidement.
« Céramique bleue
Enfermée dans un musée
Voudrait voir le ciel »
Plus fluide, et surtout juste. Moins haché artificiellement.
Et puis, comme la panique l’avait quittée, l’euphorie créatrice prit Dun, en cette heure tardive. Il se mit à couvrir frénétiquement de mots, de sons et de sens tous les morceaux de papier à sa portée. Il trempait et retrempait sa plume dans l’encrier avec tant de vigueur que ses doigts étaient maculés de cet élixir noir. Ce n’était plus l’heure des inquiétudes, mais du génie libéré.
Il verrait bien le lendemain si les mots sont plus tranchants que la lame.
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 22:59

"Toi qui entre ici, abandonne toute prose"
J'ai beaucoup aimé cette référence à Dante, très originale. De même pour la dernière phrase du chapitre 2, elle marque, elle a un effet "coup de poing" si je puis dire

Je vais répéter ce qui a déjà été dit mais ta prose est fluide, facile à lire, et les touches d'humour sont bien placées. Je me demande juste où le héros va aller, quelle va être l'intrigue majeure. Bref, ça éveille grandement ma curiosité Smile

Par contre juste une question : ça veut dire quoi nyctalopie ? #EnModeIgnorante
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 23:03

Merci, ça fait bien plaisir. ^^

Pour la nyctalopie, c'est la capacité de voir dans le noir aussi bien que dans la lumière.
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 23:10

(
Citation :
" Je savais bien qu't'étais une salope! "
)

::dehors::
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 23:12

Effectivement, j'ai pensé à cette réplique en écrivant le mot. ^^
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMer 29 Mai 2013 - 2:32

Bonsoir-Bonnuit.

Je me rend compte que tu es polyvalent, tu peux écrire toutes sortes de trucs et à chaque fois c'est super. ^^
Je suis surprise à chaque fois, tes phrases claquent autant que tes idées, c'est dire à quel point ! :o
voilà ce que j'ai relevé, en cherchant bien Twisted Evil

Citation :
Il réussit pourtant à sortit dans le couloir sombre
à sortir

Citation :
il détaillait les bicoques tordues collés aux larges habitations de pierre.

Tu as déjà utilisé bicoque, et en plus je trouve que tordues implique déjà que c'est pas le pavillon d'un prince ^^ maisonnettes ? ( oui c'est banal, mais j'ai pas mieux :| )

Citation :
A mesure que le soleil se couchait,
À mesure

Citation :
Ici, plus d’une centaine de poètes en herbe s’entrainaient au combat. Quelques-uns apprenaient l’épée, mais la plupart préféraient le combat à mains nues : le bohémien a plus souvent disponible ses poings qu’une lame. Et comme ici, personne ne préférait le corps à l’esprit, les opposants se répondaient en vers de moins de cinq syllabes le long du combat.

Tu devais t'en douter, j'adore cette idée cheers je suis curieuse de voir ces échanges /s'entraînaient

Citation :
prévenir le Rimeur en chef de son travail de la journée.

C'est bizarre je trouve la fin de cette phrase, j'aurais plus vu quelque chose comme «  prévenir le Rimeur en chef du travail effectué. » ?


Chap 2

Citation :
A force de rogner sur les frais d’éclairage, il maitrisait la nyctalopie.


Héhé, référenc'man on va t'appeler ! À / maîtrisait non ?

Citation :
Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul.
Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait. Il se sentait courir, poursuivre à bride battante son calme, sans pouvoir jamais l’attraper. Respirer, calmement, essayer de ne pas s’étouffer avec sa salive

répétitions 2 fois calme/calmement. Doucement Pour le dernier ?

Citation :
Seulement, il avait été choisi comme pâtée lettrée pour soldat, ce qui minait légèrement sa bonne humeur. Bien sur, s’il évitait les flèches, les rapières, le froid, la famine, les maladies qui proliféraient à côté des charognes, il pourrait rentrer avec la gloire. Sauf que la gloire ne l’avait jamais tenté. Sinon, il aurait continué ses études de poésie jusqu’au doctorat, distinction hautement honorifique.

"pâtée lettrée pour soldat" j'approuve et adore cette formule ! La suite est tout aussi bonne Super

Citation :

travailler où il le voulait

J'aurais supprimer le 'le' ^^

Citation :
quelques heures avant que le départ du convoi,


me semble que le 'que' est en trop non ? Oo

« Nuit du condamné
A l’approche de la mort
Lu/ne/bri/lle/plus/fort »

Ça fait 6 là ? Je crois bien que les -e ne sont pas muets ici, mais je peux m'gourer, j'y connais pas grand chose ^^

Citation :
Ce plus que Dun recherchait avec autant de désir que d’autres l’or. Les mots ne sonnaient pas creux, seulement ils restaient de simples mots. Ce que voulait le poète, c’était qu’ils s’enflamment dans l’esprit, pour marquer l’âme d’un brasier ardent. Qu’ils acquièrent une telle force et une telle présence qu’on puisse les considérer comme aussi « réels » que brique et bois.


Que tu as de belle phrases ! J'aurais juste enlever le 'comme' de la fin, et à ce moment là, peut-être que j'aurais mis 'concevoir' mais ça n'a pas tout à fait le même sens.

Citation :
Et puis, comme la panique l’avait quittée, l’euphorie créatrice prit Dun, en cette heure tardive. Il se mit à couvrir frénétiquement de mots, de sons et de sens tous les morceaux de papier à sa portée. Il trempait et retrempait sa plume dans l’encrier avec tant de vigueur que ses doigts étaient maculés de cet élixir noir. Ce n’était plus l’heure des inquiétudes, mais du génie libéré.
Il verrait bien le lendemain si les mots sont plus tranchants que la lame.

Classe ! Cool


En com post-réunion je n'ai pas grand chose à dire, c'est plutôt très bien.

Hum.

J'adore l'humour en pointe, le premier chapitre est un délice, encore plus à la relecture study
Le 2eme chapitre est déjà plus morose, mais Dun y gagne en profondeur et tu nous le décrit parfaitement.

Va-t-il vraiment partir à la guerre ? affraid où est-ce une image pour le combat (d'esc)rimes qui l'attend ? :pirat:
Que dire de plus, à part : " Postes nous la suite" cheers
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMer 29 Mai 2013 - 17:31

Merci pour ton commentaire So Smile

Je vais corriger les fautes, et le haiku fautif aussi. ^^

Content que ça t'ai plut en tout cas.

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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMer 29 Mai 2013 - 19:35

Une suite prenante, j'adore le passage où il est calme en apparence et où ça part dans tous les sens dans son esprit, tes images pour le montrer m'ont beaucoup plu.

J'aime la façon dont tu rends le processus de création littéraire, et le cheminement des pensées de ton personnage, cette partie introspective permet de mieux comprendre ton personnage.

J'imagine que dans la suite, l'action va reprendre le dessus, quand il se retrouvera au coeur de la bataille, j'ai hâte de l'y découvrir.

Bravo, continue comme ça.

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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeMer 29 Mai 2013 - 22:37

Merci. ^^

Voila la suite, un chapitre un peu moins ambitieux avant le "gros" morceau, le chapitre de la bataille!

Chapitre 3

La sacoche battante au côté, Dun se ruait vers la Porte principale. Ecrire dans un presque état de transe toute la nuit lui avait fait oublier le temps, et en particulier l’heure de son départ. Il tourna à l’angle, et courut le long de l’avenue, apercevant les montants de la Porte au loin.
L’envie de partir se battre ne le tenaillait pas outre mesure, mais s’il manquait à son « engagement », sa licence poétique serait radiée.
Il se faufila entre les gardes, et courut dans le chemin boisé, à la recherche d’un signe du convoi. Quelques foulées plus tard, il apercevait un chariot trainard, qui fermait la marche. Il lui fallut dépenser beaucoup de sueur pour l’atteindre. Une fois à son niveau, Dun, exténué s’arrêta pour reprendre son souffle. Ce qui permit à la charrette de reprendre de l’avance, forçant le poète à courir de nouveau.
Il joua à ce petit jeu plusieurs fois, avant d’être suffisamment en forme pour marcher avec le convoi. Le chariot qui lui avait donné tant de mal n’était rempli que de choux, qui comme chacun sait n’ont pas la conversation facile. Alors Dun remonta petit à petit la longue caravane, carriole après charrette. Il blagua avec les jeunes écuyers irrévérencieux, but avec les vieux briscards, et échangea des regards entendus avec les autres. C’est ainsi qu’il apprit l’existence d’une arme secrète, qui allait faire pencher la bataille de leur côté.
Il n’était pas pressé d’aller voir le général en charge, et passa plutôt le reste de la journée à tenter d’en savoir plus sur cette fameuse arme secrète. D’après les informations qu’il avait pu recueillir, ce devait être un objet de terreur redoutable, qui pourrait constituer un bon entrainement descriptif. Et quelques heures avant la tombée de la nuit, Dun le trouva.
Il en perdit ses mots et ses rimes. Devant lui, se tenait une créature épique, que dis-je un mastodonte écailleux, une force de la nature marine. C’était une tortue. Sur l’immense carapace rugueuse avaient été rudimentairement collés divers morceaux de bois, comme autant de couches supplémentaires. L’animal levait ses pattes en rythme, avant de les reposer exactement à leur place sur sa charrette, tirée par quatre canassons harassés.
« Elle est belle, hein ? lui dit l’homme qui guidait les chevaux, en tapotant la tête de la tortue. »
Laquelle ne semblait pas particulièrement apprécier cette familiarité.
« Pas très… effrayante, surtout, répondit Dun.
−Ah, pour sûr. C’est pas ben méchant ces bêtes là, mais après les rumeurs qu’on a lancés, les gars d’en face en auront quand même les j’tons.
−C’est du bluff ? »
L’autre partit d’un rire se voulant ironique, sans réussir à n’être que gras.
« Evidemment que c’est du bluff, qu’est-ce qu’elle peut leur faire la tortue ? Les machouiller à mort ? Non, c’est une ben belle distraction, qui tiendra d’autant plus qu’on a renforcé sa carapace. »
Dun se sentait en communion avec la verte bête, comme deux condamnés à mort qui deviennent amis sur le chemin de l’échafaud. Car ils seraient tous deux sacrifiés sur l’autel du pouvoir, et de la stupidité humaine. Et encore, la tortue avait de la laitue en abondance. Il planta le cocher en accélérant le pas, et marcha un peu à l’écart du convoi, jusqu’à la tombée de la nuit.
A nouveau, les pensées négatives se bousculaient dans sa tête, concourant pour choisir la plus déprimante. Après nombres débats, la perspective de sa mort prochaine le lendemain, date fixée de la bataille, gagna le premier prix. Mais un choc avec un arbre le tira de ses sombres rêveries, remplacées par la douleur dans son front.
Quand il regarda autour de lui, Dun s’aperçut que la caravane s’était arrêtée. Il décida donc que c’était le bon moment pour avertir le général de sa présence. Il avança d’un bon pas, jusqu’à arriver à une énorme tente bleue-gris, rapiécée mais farouchement gardée. Il n’eut même pas besoin de se présenter, que déjà on le laissait passer. Probablement son manteau, en moins bon état que la tente, qui avait trahi son statut de poète.
A l’intérieur brulaient suffisamment de chandelles pour causer un vrai risque d’incendie. Au fond, il y avait une large table, remplie à ras bord de victuailles,. Le chef de cette petite armée répondait au nom de Celon, et était en grande discussion sur sa légende écrite avec son poète personnel. Ce dernier, comme tous les écrivains de niches, avait un air de cocker soumis, et écoutait attentivement les demandes de son maître.
Lequel tourna bientôt sa bouche véhémente vers le nouvel arrivant.
« Toi ! T’es le nouveau mirliton de bataille ?!
−Oui…
−Tututut, c’est MOI qui parle. De toute façon, je t’ordonne de ne me répondre qu’en octosyllabes rimés, pour que tu sois prêt demain. J’espère que c’est clair ?
−Bien sur, autant que peux se faire.
−D’accord, d’accord. »
Il se tourna vers son chien de poète, comme pour lui demander son avis.
« Je fais le test du gigot ? »
Evidemment, la question était rhétorique, et Celon alla chercher une courte rapière sur la table au milieu des pâtés et des viandes en sauce. Il la tendit à Dun, qui la pointa vers le sol, incertain de ce que l’on allait lui demander. Ensuite, le général alla chercher un beau gigot rosé de l’autre côté de la tente, l’attrapa à deux mains, et le plaça devant lui.
« Frappe moi donc ça, mon gars. Et n’imagines pas que tu pourras me blesser, cette viande est bien trop coriace.
−Alors, tenez le bien en place. »
La lame s’enfonça légèrement dans la viande, puis fut bloqué par la résistance du gigot. Le général contempla l’œuvre, la montra à son poète de niche, qui acquiesça d’un air entendu.
« Pas trop mal, tu pourras peut-être tuer un des gamins qui tient les chevaux. Maintenant, la vraie question : as-tu peur de la mort ?
-Malheureusement, je suis en tort.
Nous ne sommes pas en bons termes. »
Celon lui darda un regard empli de fureur, et lui jeta au visage
« C’est MOI qui décide des rimes ! Tu crois qu’un petit poète minable peut discuter mes ordres ?
−Non, ma place je ne veux pas perdre.
−C’est plus que ta place qui va te passer sous le nez. Et tout ça à cause de ta gouaille. »
Dun avait beau se triturer la cervelle, aucune réponse ne fleurissait dans son esprit. Un silence s’installa, d’autant plus gênant qu’il jurait avec les cris précédents. Enfin, le poète de niche prit la défense de son camarade.
« Messire, la rime en –ouaille est extrêmement complexe, même pour un écrivain expérimenté.
−Ahah, ça te la coupe hein ?! Mais attention à ce que tu dis ! Sinon je pourrais te couper autre chose… »
D’un léger geste de la main, le général indiqua à Dun de les laisser, tandis qu’il se retournait vers son chien rimeur, une demande incongrue affleurant aux lèvres. Au moins, Celon respectait-il un tant soi peu l’indépendance d’esprit d’un poète de bataille, et ne s’embarrassait pas de lui donner de quelconques directives.
Dehors, il se retrouva enveloppé par la fraicheur d’une nuit sans étoile. Quelques feux étaient allumés, autour desquels s’affairaient les soldats. Mais rien ne grillait, chacun se contentant de viande séchée trop salée. Dun décida d’aller aiguiser ses mines, en préparation du grand jour.
Au centre du camp de fortune, la tortue ronflait.
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 12:11

Hello hard! Voici ma modeste correction ^^

Chapitre 2

Citation :
Seulement, les chefs d’œuvres architecturaux venant à manquer dans cet appartement à poutres apparentes, il gardait pour le moment les yeux fermés.

J'adore ^^

Citation :
Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul.
Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait.

Petite incohérence, Tout EN lui était calme, mais néanmoins, à l'intérieur la panique régnait, il faudrait modifier le EN qui implique le fait d'être contenu.


Citation :
Seulement, il avait été choisi comme pâtée lettrée pour soldat, ce qui minait légèrement sa bonne humeur. Bien sur, s’il évitait les flèches, les rapières, le froid, la famine, les maladies qui proliféraient à côté des charognes, il pourrait rentrer avec la gloire. Sauf que la gloire ne l’avait jamais tenté. Sinon, il aurait continué ses études de poésie jusqu’au doctorat, distinction hautement honorifique.

Très bien l'énumération, mais je t'avoue que je l'aurais vu un chouilla plus longue, avec une pointe d'ironie. Tiens, regarde donc ce petit monologue et tu verras ce que je veux dire ^^ ( https://www.youtube.com/watch?v=BXD0Xi0JfEM ) j'espère que tu parles anglais parce que c'est une perle ^^!

Citation :
sélénale.

? C'est pas plutôt Vespérales? Ou du moins Séléniennes ^^ à moins que tu ne te lances dans les néologismes Razz



Citation :
Déjà que l’hypothèse de courir sur un champ de bataille ne l’égayait pas, il aurait en plus à composer sous pression des vers épiques. Fini les rimes en –ouille, et bonjour les alexandrins solennels sur la gloire des épées levées devant le seigneur, la marche héroïque d’une bande de psychotiques vers une mort certaine, et le massacre systématique des populations rencontrées.

Sympa, efficace!


Citation :
Maintenant, c’était les eaux troubles de l’ennui qui menaçaient de l’engloutir. Pourquoi commencer quelque chose, si peu de temps avant le départ ? Glissant lentement dans la somnolence, il se réveillait par à coup, juste à temps pour éviter la noyade d’ennui.

Répétitions d'ennui.

Citation :
ses doigts étaient maculés de cet élixir noir.

Je pense qu'élixir n'est pas adapté, d'après la définition, un élixir est destiné à être bu, enfin dans tout les cas c'est un breuvage ^^

Sinon ce chapitre est franchement sympa, il ne se passe pas grand chose, mais ça ne me gêne aucunement, tu poses le personnage, qui ma foi m'est sympathique! Et je trouve ça bien que tu prennes le temps de nous le présenter un peu (de façon rigolote en plus) avant de le jeter dans la tempête, au moins on aura eu le temps de s'attacher et on prendra davantage de plaisir à lire ses aventures.

J'ai lu le chapitre 3, qui est lui aussi très bien, malgré quelques petites fautes du même genre, rien de bien méchant, mais je n'ai pas le temps de te faire de commentaire tout de suite, je reviendrais donc plus tard ^^.

Mais une chose est sure, je suis vraiment bluffé par ton talent, et j'attend la suite avec impatience!

PS: et j'suis content que tu restes sur la lame rimée héhé ^^!
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 12:33

(j'ai lu, j'aime beaucoup, mais je n'ai pas trop le temps de commenter pour le moment : rendez-vous ce wwek end Wink )
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 12:45

Chapitre 2

Citation :
Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul.
Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait
S’il bouillonne à l’intérieur, il faudrait plutôt dire qu’il paraît calme, plutôt qu’il l’est.

Citation :
calme, sans pouvoir jamais l’attraper. Respirer, calmement
calme/calmement (+ une autre occurrence de « calme » trois lignes plus haut).

Citation :
incompris par ses amis. Anciens amis. Même Nora ne comprenait pas le pourquoi de ce choix de paresseux
incompris/comprenait

Citation :
l’odeur de vieux papier assailli Dun
assaillit

Citation :
. Maintenant, c’était les eaux troubles de l’ennui qui menaçaient de l’engloutir
Le « c’était…qui », me semble superflu car il apporte de la lourdeur à la phrase.

Un joli passage, très poétique. Tu maîtrises bien le cheminement des pensées de Dun, on ressent bien son amour des mots et son inquiétude au sujet de ce qui l’attends sur le champ de bataille.
J’aime décidément beaucoup l’idée des poètes « de cours », opposés à ceux « publics ». J’ai hâte de voir ce qui va lui arriver.

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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 14:52

Chapitre 2

A l’exception de la table éclairée par la lueur d’une chandelle, toute la pièce était plongée dans le noir. Les deux bibliothèques garnies de parchemins et volumes reliés, de part et d’autre de l’entrée, le placard où se cachaient les biscuits et les réserves d’eau, même le fauteuil usé dans lequel se tenait Dun. => j'aurais mis deux points au lieu d'un point entre les deux phrases, parce que j'ai eu du mal à comprendre à la première lecture qu'en fait tu nous détaillé le mobilier plongé dans le noir

et ses jambes s’étiraient de tout leur soul. => s'étiraient tout leur soûl, non ?

poursuivre à bride battante son calme => bride battante ? Je sais que tu aimes bien créer des expressions, mais pour le coup, celle-là m'embête parce que son image ne me parle pas

Bien sur, s’il évitait les flèches => sûr

quelques heures avant que le départ du convoi => avant le départ

Il se dirigea vers l’épaisse armoire calfeutrée dans un coin de la pièce => je trouve que "calfeutrer" ne convient pas pour décrire sa position

Chapitre 3

D’après les informations qu’il avait pu recueillir, => qu'il put recueillir ?

c’était le bon moment pour avertir le général de sa présence. Il avança d’un bon pas => petite répétition de "bon"

jusqu’à arriver à une énorme tente bleue-gris => bleu-gris

remplie à ras bord de victuailles,. => virgule en trop

Bien sur, autant que peux se faire => sûr (et j'ai un doute : "que peut se faire" ?)

Celon lui darda un regard empli de fureur, et lui jeta au visage => manque la ponctuation de fin


C'était plaisant à lire, mais... Je ne sais pas, j'ai trouvé que même si l'histoire est bonne, tu avais été un peu moins inspiré sur le côté humoristique, que ça tombait moins bien.
Ou alors je suis juste mal lunée, c'est fort possible également. Je me souviens aussi que tu avais dit que la suite serait moins portée sur l'humour que le premier extrait, aussi.
Le passage sous la tente est pas mal, je crois que c'est celui que je préfère de ces deux chapitres.
Voilà, c'est bien mené, bien écrit, intéressant parce que j'ai quand même envie de savoir la suite, c'est indéniable, mais j'ai moins accroché qu'avec le premier extrait. On verra si je change d'avis vendredi.

(au fait : faut une espace entre le tiret de dialogue et le premier mot ^^)
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 21:44

Encore un très bon extrait, l'histoire me plaît toujours autant, j'adore la scène où il essaie de rattraper la charrette et celle où, perdu dans ses pensées, il se prend un arbre ::lol:

Le général s'annonce comme un personnage peu sympathique, je me demande ce qu'il va donner par la suite.

En tout cas, bravo, continue comme ça, vivement la suite bounce

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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013 - 22:43

Me voilà pour la suite ! cheers

Pas encore de bataille ... C'est bientôt prêt la suite, dis ? bounce
J'aime bien, ça se lit tout seul, ça sonne bien, y'a des bonnes trouvailles encore. Cool
Ce passage est peu moins "fort" que les autres si je puis dire, quoi que ce nouveau général me fout un peu la frousse.. Qu'inventerais-je pour parler en octosyllabes à un dingue qui crie ? affraid

Citation :

Il en perdit ses mots et ses rimes. Devant lui, se tenait une créature épique, que dis-je un mastodonte écailleux, une force de la nature marine. C’était une tortue.

C'est bien trouvé Super

Citation :
−Ahah, ça te la coupe hein ?! Mais attention à ce que tu dis ! Sinon je pourrais te couper autre chose… »

Quelle subtilité devil


Voilà ce que j'ai relevé, j'avoue avoir plus profité de la lecture que cherché les fautes, même à la 2eme lecture Rolling Eyes
Citation :
Mais un choc avec un arbre le tira

« Mais un choc contre » j'aurais dit. D'ailleurs j'aime beaucoup ce passage ^^

remplie à ras bord de victuailles,.

« À ras bord » s'utilise plutôt pour un récipient non ? Pis la virgule en trop Smile
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeVen 31 Mai 2013 - 2:31

C'est vraiment génial Hardkey, à chaque nouveau texte tu m'épates un peu plus geek
Au départ ce sont tes délires qui me faisaient adhérer, puis la façon dont tu les as utilisé pour construire des nouvelles pleines de sens.
Ici, tu as une façon de mettre en abîme la poésie au sein même de l'histoire... C'est juste trop génial, j'adore le concept ! devil2

Pour ce qui est du texte lui-même, franchement maintenant j'ai hâte de voir comment tu vas nous refourguer cette fameuse bataille, j'adore les dialogues, la moindre réplique est cinglante, rythmée et délicieusement folle, c'est un régal !
Honnêtement je m'incline, tu es complètement barge, mais un barge de qualité ! Razz
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeVen 31 Mai 2013 - 13:48

C'est vraiment qu'il y a du talent dis donc!
Je trouve pas grand chose à dire, sauuf peut-être quelques détails qui m'ont un peu gêné. Alors, par chapitre :

1
Bon comme je te l'ai déjà dis pour le premier extrait j'ai l'impression que Dun se baisse beaucoup, du coup ça m'a perturber quand j'ai voulu l'imaginer, mais c'est un détail.
Et comme on l'avait dit lors de la conférence skype
Citation :
Dans un coin de la pièce, non loin du feu où brulait une carcasse de chat
oh mon dieu, pauvre bête quoi! *shocked*
Sinon je trouve Dun très sympathique, et assez original, j'aime beaucoup.

2

Citation :
Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul.
Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait.(tu viens de dire tout en lui était calme. Du coup ça me fait tiquer) Il se sentait courir, poursuivre à bride battante son calme (répétition ?),

Citation :
Un bout de papier contre la liberté de travailler où il le voulait, sans obligations réelles, le choix avait été rapide, quoique largement incompris par ses amis. Anciens amis. Même Nora ne comprenait pas le pourquoi de ce choix de paresseux, ce « gâchis » hallucinant de talent. (quel choix ? J'avoue qu'ici je suis perdue, il vient de dire qu'il avait refusé le doctorat, alors que représente le bout de papier?)

Citation :
Mais comment trouver la paix et l’excitation poétique, quelques heures avant que(avant que le départ ? Ca sent la correction faite à moitié^^) le départ du convoi, avant de quitter son taudis personnel pour une tente puante ?


Citation :
Maintenant, c’était les eaux troubles de l’ennui qui menaçaient de l’engloutir. Pourquoi commencer quelque chose, si peu de temps avant le départ ? Glissant lentement dans la somnolence, il se réveillait par à coup, juste à temps pour éviter la noyade d’ennui. (répétition?)

Citation :
Et puis, comme la panique l’avait quittée, l’euphorie créatrice prit Dun, en cette heure tardive. (je trouve que ça se répère un peu là aussi)

Je trouve que dans ce passage tu poses plus la personnalité de Dun, là où tu posais surtout le décor dans le chapitre précédent. On commence à en savoir un peu plus sur le contexte aussi, et tout ça reste assez truculent, tout en se tintant de subtilité. Bref, j'aime beaucoup!

3
Citation :

Il tourna à l’angle, et courut le long de l’avenue, apercevant les montants de la Porte au loin.(So a raison ça fait une peu bizarre x) Apercevant au loin les montants de la Porte?)


Citation :
L’autre partit d’un rire se voulant ironique, sans réussir à n’être que gras. (la construction me paraît bizarre, tu peux dire que son rire est juste gras alors qu'il se veut ironique c'est ça ?)

Citation :
-Malheureusement, je suis en tort.(j'ai peut-être mal compté mais j'ai pas l'impression d'être sur un octo ici...Ou bien tu ne comptes pas « se » de malheureusement comme un pied?)

Bon pour les remarques c'est juste ce que j'ai pensé en lisant, c'est très subjectif hein.
sinon je crois que ce troisième passage est mon préféré jusqu'ici. Maintenant que tu nous a bien présenté Dun on a plus aucun mal à se l'imaginer. Ça reste drôle, tout en étant crédible et bien mené. J'ai hâte de voir ce que va donner la bataille, et ce que les ennemis vont trouver pour parer la terrible bête!
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MessageSujet: Re: La lame rimée   La lame rimée Icon_minitimeSam 1 Juin 2013 - 8:20

Voici une autre exclusivité skype qui tombe!


Chapitre 4

L’aurore se levait à peine qu’un millier d’hommes caparaçonnés de jaune était en place au sommet d’une colline. Sur l’autre versant du petit vallon, l’armée ennemie bardée de vert attendait les ordres. Dun se trouvait un peu sur le côté, mais tout de même en bonne place pour se faire charcuter. On avait cru bon de l’affubler de la lame qu’il avait plantée dans le gigot la veille. Sa part pacifique en avait presque honte, mais le contact de l’acier contre sa jambe le calmait un peu.
Car avec Celon qui vadrouillait dans les rangs en vociférant des insanités, il en fallait, du flegme. Même les soldats d’en face semblaient redouter les critiques acerbes du général, et tous les yeux était fixés sur un jeune garçon, qui retenait pour l’instant son courroux. Formée de pièces de bric et de broc, l’armure de ce dernier n’arrêtait pas de tomber, ce qui l’empêchait de conserver l’immobilisme réglementaire à toute bonne armée. Celon supporta le spectacle pitoyable quelques minutes, avant de décider soudainement d’aiguiser sa lame sur le cou du malheureux.
Pendant que le général nettoyait son épée, aucun bruit ne se faisait entendre. La toute puissante Nature elle-même ne voulait pas déclencher cette colère-là.
Celon revint d’un pas rapide à l’avant, le regard encore flamboyant de rage. C’est alors que tous entendirent l’arme secrète. En face, un murmure ambiant parcourait les rangs, preuve que les rumeurs avaient fait leur œuvre. Dun s’assura une dernière fois que calepin et fusains reposaient dans ses poches, avant de se retourner pour voir le chariot.
Ce dernier crissait et grognait tandis qu’il gravissait la colline, redoublant les peurs du camp adverse. Sur son passage, les soldats s’écartaient, respectueux du dangereux herbivore. Enfin, quand la tortue arriva au faite, le cocher sauta à terre, fouettant au sang et d’un même mouvement les quatre chevaux.
Affolés, les canassons se ruèrent vers le vallon, et la tortue ne fut plus qu’un éclair bleuté dans le petit trou de verdure.
C’est alors que le général se tourna vers ses troupes, l’épée au poing, et rugit.
« A l’attaque ! »
D’un seul mouvement, milles hommes se ruèrent vers l’ennemi. Dun était oppressé de toutes parts, forcé de courir pour ne pas finir écrasé. Les opposants fonçaient eux aussi, piques et pointes en avant. A force de pressions et de compressions dans cette course folle, le poète se retrouva en première ligne, la meilleure place pour observer. Et inexorablement, la masse jaune le poussait sur le fer ennemi.
Suffocant, paniqué, il joua des bras et des mains pour se sortir de ce mauvais pas. Juste avant le choc cataclysmique, il se fit éjecter de la mêlée. Et le monde s’arrêta de vivre.
De sous la chape de cris s’élevait une autre musique. Rien n’avait plus d’importance que le chant de l’acier, du bois et des os. Le soleil se leva, dans l’indifférence totale de la bataille. Le sang giclait, la cervelle volait, cadavres et armes fendues venaient tapisser le sol, le préparer pour d’autres massacres.
Lâcheté, courage et cruauté se mêlaient aux fontaines de bile pour teindre le ciel aux couleurs de la dévastation. Il fallut d’interminables secondes à Dun pour reprendre le peu d’esprit qu’il lui restait. Aussitôt courut-il entre les morts frais, une mine à la main, attrapant l’horreur et la mort dans ses mots. La gloire viendrait après. Déjà le regard de ceux qui n’étaient pas devenus des bêtes se faisait implorant, ceux qui survivaient pleuraient leur victoire, pauvres Cassandre lisant leur mort prochaine dans les yeux de leurs victimes.
Et c’est au milieu d’une mer de heaumes fracassés qu’il aperçut l’un de ses semblables. L’autre poète gribouillait aussi ses vers sur quelques feuillets froissés, tournant autour d’un agonisant, avant de voir Dun. Ils se fixèrent un instant, immobiles au centre du tumulte rouge.
Puis ils rangèrent en parallèle leurs notes, et dégainèrent leurs rapières.
Dun n’était pas un soldat, mais il savait ce qui se passait en cas de duel contre un confrère. Un pas après l’autre, il s’approcha de son adversaire, et se jeta sur lui, pointe en avant, tandis que l’autre déclamait le vers d’ouverture.
« Quelle odeur, mes aïeux, tu pues la tortue.
− Ne te prends pas le nez, attends que je te tue. »
L’ennemi para, fit un pas de côté, pour esquiver de plus belle, Dun à sa poursuite. Le duel d’alexandrins reprit de plus belle, relancé par l’adversaire.
« Attention, tu confonds l’épée et ton crayon.
− Bien sûr, je veux graver dans tes tripes mon nom »
Maintenant, c’était l’opposant qui menait la danse, et les deux lames virevoltaient, moins acérées tout de même que les langues. De justesse, Dun évita un coup mortel, et battit légèrement en retraite, insultant l’autre pour le distraire.
« Stoppons là cette joute, tu perds ta répartie.
− Je l’échange juste contre ta pauvre vie. »
Esquive, attaque, contre-attaque et volte. Retour aux positions de départ. Dun continua la pression, insultes et réparties.
« Triste sort que le tien, ne pas savoir rimer.
− C’est pour mieux me moquer de tes vers déprimés. »
L’autre poète s’apprêtait à décocher une nouvelle insulte rimée quand une flèche perdue lui prit la voix et la vir. Un flot rouge piment éclaboussa Dun, qui tenait encore sa rapière tendue. Puis, il la jeta dans un spasme de dégout, et s’enfuit. L’odeur de grillé titillait ses narines, tandis qu’il trébuchait entre les corps. La tortue était en train de bruler. Mi vomissant mi pleurant, il partit ce lac de sang à toutes jambes.
Il courut. Il courut jusqu’à ce que le soleil se couche. Il courut jusqu’à ce que les étoiles s’éteignent toutes dans le ciel. Il courut jusqu’à ce que la mort ne glisse plus dans son dos. Il courut jusqu’à ce que ses pieds ne puissent plus le porter.
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