Atelier d'écriture Communauté d'écrivains en herbe |
| | La lame rimée | |
| | |
Auteur | Message |
---|
The duke Je commence à m'habituer
Nombre de messages : 162 Age : 40 Localisation : Paris Loisirs : écrire, écouter ma musique à fond dans le RER, lire, rêver Date d'inscription : 17/05/2013
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 1 Juin 2013 - 23:35 | |
| Yo! Je viens de lire les 3 derniers chapitres. Le 2 est plaisant, découvre Dun un peu mieux. Le 3 est bien aussi, avec l'arme épic (que dis-je?) et le général. Un beau salop Le 4 avec le combat est bien, et puis c'est toujours auss burlesque, j'aime beaucoup. La bataille de vers, c'est classe. Hâte d'avoir la suite. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 1 Juin 2013 - 23:48 | |
| Je suis toujours aussi prise dans ce texte, tu rends la bataille de façon très vivante, et tu confirmes que le général n'est vraiment pas un personnage fréquentable ^^ J'ai beaucoup aimé le duel avec l'autre poète, à renfort de rimes. Je me demande bien ce qui va lui arriver à présent, vivement la suite. Bon, par contre c'est une habitude dans ce texte de brûler les animaux ? D'abord la carcasse de chat dans le chapitre 1, puis dans celui-ci, la tortue... On va finir par appeler la SPA ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 2 Juin 2013 - 0:00 | |
| Me voilà J'adore toujours autant ton idée, et je m'éclate comme une petite folle à compter tes syllabes Le récit avance, mais que va-t-il se passer ?! - Citation :
- Sa part pacifique en avait presque honte, mais le contact de l’acier contre sa jambe le calmait un peu.
Car avec Celon qui vadrouillait dans les rangs en vociférant des insanités, il en fallait, du flegme. Là, au début de la seconde phrase j'ai tiqué, j'aime pas trop les débuts en « Car » mais, en lisant la fin d'la phrase, bah en fait ça claque, et je l'aime beaucoup parce qu'elle véhicule l'idée du chapitre ^^ - Citation :
- C’est alors que le général se tourna vers ses troupes, l’épée au poing, et rugit.
« A l’attaque ! » D’un seul mouvement, milles hommes se ruèrent vers l’ennemi. Dun était oppressé de toutes parts, forcé de courir pour ne pas finir écrasé. Les opposants fonçaient eux aussi, piques et pointes en avant. A force de pressions et de compressions dans cette course folle, le poète se retrouva en première ligne, la meilleure place pour observer. Et inexorablement, la masse jaune le poussait sur le fer ennemi. Suffocant, paniqué, il joua des bras et des mains pour se sortir de ce mauvais pas. Juste avant le choc cataclysmique, il se fit éjecter de la mêlée. Et le monde s’arrêta de vivre. De sous la chape de cris s’élevait une autre musique. Rien n’avait plus d’importance que le chant de l’acier, du bois et des os. Le soleil se leva, dans l’indifférence totale de la bataille. Le sang giclait, la cervelle volait, cadavres et armes fendues venaient tapisser le sol, le préparer pour d’autres massacres. Lâcheté, courage et cruauté se mêlaient aux fontaines de bile pour teindre le ciel aux couleurs de la dévastation. On s'y sent ! Que c'est bon, et inquiétant ! Et la dernière phrase.... une merveille - Citation :
- L’autre poète s’apprêtait à décocher une nouvelle insulte rimée quand une flèche perdue lui prit la voix et la vir (vie ). Un flot rouge piment éclaboussa Dun, qui tenait encore sa rapière tendue. Puis, il la jeta dans un spasme de dégout (dégoût) , et s’enfuit. L’odeur de grillé titillait ses narines, tandis qu’il trébuchait entre les corps. La tortue était en train de bruler (brûler). Mi vomissant mi pleurant, il partit( de ? ) ce lac de sang à toutes jambes.
- Citation :
- Il courut. Il courut jusqu’à ce que le soleil se couche. Il courut jusqu’à ce que les étoiles s’éteignent toutes dans le ciel. Il courut jusqu’à ce que la mort ne glisse plus dans son dos. Il courut jusqu’à ce que ses pieds ne puissent plus le porter.
Quelle fin haletante ^^ Bon ... je suis fan ! J'attends la suite, et je n'ai rien à ajouté, tu sais où tu nous emmènes, alors je suis le convoi, je ferme ma bouche, et je regarde les paysages que tu nous dépeint |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 2 Juin 2013 - 1:47 | |
| Alors pour ce texte une question me tourmente toujours autant : Pourquoi une tortue ? Plus sérieusement j'aime beaucoup l'idée de départ, l'humour bien qu'omniprésent ne tombe jamais dans le grotesque (sauf pour la tortue ), le style est bon et l'histoire à l'air pas mal du tout Continue. |
| | | Morrigan modératrice
Nombre de messages : 3518 Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 2 Juin 2013 - 18:07 | |
| En avant pour ce retour. quand une flèche perdue lui prit la voix et la vir => vie. Par contre, du coup, ça ne dit pas vraiment où elle se plante ; je ne sais pas si l'effet est voulu. Comme dit l'autre soir, j'ai préféré ce chapitre aux deux précédents, peut-être à cause de la lecture à voix haute. Le passage avec le gamin est effectivement plus clair grâce à ce changement d'un mot ^^ J'ai bien apprécié le duel, évidemment, ainsi que le ton un peu sarcastique, surtout au début. Dans un autre registre, la fin est sympathique aussi ; je me demande donc ce qui va lui arriver vu qu'il a déserté, quand même. Sinon, pour les petites remarques en cours de séance : le coup de mettre les poètes au cœur de l'action est un peu risqué (oui, c'est le "but") dans le sens où il y a des chances qu'ils ne reviennent jamais rendre "hommage" à ce qu'ils ont vu. Donc est-ce que c'est vraiment utile de leur faire courir ce risque ?... Ou alors comme disait je ne sais plus qui, de les donner intouchables pour les combattants (même si un accident peut toujours arriver...) Voilà sinon, rien d'autre à ajouter. Ce fut plaisant à lire ; faudra continuer à le faire à l'oral si tu veux que j'apprécie vraiment on dirait ^^ (naaan, je plaisante tout de même ) Je suis bien curieuse du futur de Dun, en tout cas. | |
| | | Sombrebarman Roi des noix de coco
Nombre de messages : 199 Age : 28 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 20/11/2011
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 2 Juin 2013 - 20:40 | |
| Petit com' de la conférence skype (je vais galérer...^^) :
— Premièrement, comment vous voulez que je commente un texte où on parle de : doctorat de poésie, de test du gigot (wtf ?), de tortue géante arme secrète, de poète de bataille, d'un type qui cherche à faire des rimes en ouille, d'un général qui veut des réponses en octosyllabes rimées et j'en ai oublié des belles ^^
— J'ai bien aimé : "le poète remplit ses bronches d’air pur, parfumé par la merde tassée dans les caniveaux, "
— Ton histoire me fait penser à certains mangas sans aucune logique dont on ne se lasse pas de regarder.
— Pour le coup je pense qu'on t'as dit les remarques les plus intéressantes.
— ET voilà. (mais je me demande si c'est bien utile de mettre une armure sur une tortue,déjà que les tortues normales ont une carapace assez dure alors une tortue géante...) | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: La lame rimée Lun 3 Juin 2013 - 17:31 | |
| Chapitre 3 - Citation :
- courut le long de l’avenue
… et courut dans le chemin boisé Répétition - Citation :
- à la recherche d’un signe du convoi
j’aurais plutôt à mis « des signes du convoi ». - Citation :
- Il lui fallut dépenser beaucoup de sueur pour l’atteindre
Je ne suis pas sûr qu’on dépense de la sueur. De l’énergie, plutôt. - Citation :
- C’est ainsi qu’il apprit l’existence d’une arme secrète, qui allait faire pencher la bataille de leur côté
Elle est vachement secrète, du coup, l’arme - Citation :
- Les machouiller à mort
Mâchouiller. En plus, mâchouiller sans dent… - Citation :
- Quand il regarda autour de lui, Dun s’aperçut que la caravane s’était arrêtée. Il décida donc que c’était le bon moment pour avertir le général de sa présence. Il avança d’un bon pas, jusqu’à arriver à une énorme tente bleue-gris, rapiécée mais farouchement gardée
Euh… à peine la caravane est arrêtée que la tente est montée ? Ils sont vachement rapides, dis-donc. - Citation :
- A l’intérieur brulaient
Brûlaient - Citation :
- La lame s’enfonça légèrement dans la viande, puis fut bloqué par la résistance du gigot. Le général contempla l’œuvre, la montra à son poète de niche, qui acquiesça d’un air entendu.
Petit point technique, ici : la rapière est une arme d’estoc extrêmement affûtée (d’ailleurs, les ¾ des techniques de rapières consistent à coller environ 40 cm de lame dans l’un des organes vitaux de l’adversaire). Si le général n’a pas fait son salaud en lui filant une lame émoussée, logiquement la rapière devrait transpercer le gigot comme du beurre. [quote]Au centre du camp de fortune, la tortue ronflait. Ça ronfle, une tortue ? Voilà, encore un bon passage, au rythme enlevé et à l’humour acerbe. J’aime décidément beaucoup. J’ai beaucoup aimé les références à Pratchett (la tortue, les choux et leur conversation). | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: La lame rimée Mar 4 Juin 2013 - 17:08 | |
| Chapitre 4 - Citation :
- la meilleure place pour observer
Et pour mourir. - Citation :
- Juste avant le choc cataclysmique, il se fit éjecter de la mêlée
Qu’il se fasse éjecter de la mêlée, ok, mais s’il tient à survivre, à mon avis, il a intérêt à se planquer, genre sous un chariot ou un truc comme ça. Parce qu’une flèche perdue, ou un coup d’épée, c’est vite arrivé dans une mêlée. - Citation :
- C’est pour mieux me moquer de tes vers déprimés. »
Et à la fin de l’envoi, je touche ? non ? Ok, je sais je sors. - Citation :
- L’autre poète s’apprêtait à décocher une nouvelle insulte rimée quand une flèche perdue lui prit la voix et la vir
Vie Un bon passage, tu retranscris bien le côté épique de la bataille, mêlé à une horreur complète quand on commence à se massacrer de toute part. Juste un petit truc : je pense que les poètes devraient porter un signe distinctif, qui indiquerait aux autres soldats, même du camp adverse, qu’ils sont protégés. Du coup, ça expliquerait pourquoi il arrive à traverser le champ de bataille sans se faire flécher et pourquoi l’autre poète le défie en duel. Enfin, bref, j’attends la suite avec impatience. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Mar 4 Juin 2013 - 19:11 | |
| Merci pour les commentaires Cat. Effectivement, le signe distinctif c'est une bonne idée, on en avait parlé à la réunion skype aussi. Je vais voir ce que je peux faire. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Jeu 6 Juin 2013 - 16:25 | |
| Petit commentaire rapide, histoire que cette fois ci je sois à jours avant la prochaine réunion.
Comme déjà dit sur Skype, c'est un texte que j'aime beaucoup, surtout à la lecture. Peu de chose m'ont gêné : hormis le coup de la tortue, je trouve toujours ça aussi bizarre, mais c'est un partie prit du texte, qui semble correspondre à l'univers (les gens de ce récit on visiblement tendance à aimer cramer les animaux.)
Peut de chose à dire de négatif de plus que les autres, peut être que les chapitres sont trop succinct, mais bon pour le format forum, c'est très bien. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Ven 7 Juin 2013 - 18:12 | |
| Bonjour, Je vais essayer de commenter tous tes chapitres. Mes commentaires n'ont aucune vocation à être des conseils ou des ordres. Tu en fais ce que tu veux, surtout que je suis un ronchon. - Spoiler:
Chapitre 1
« Qu’avez-vous trouvé ? » Dun leva le nez de ses feuillets et reposa la plume dans l’encrier, extrayant ses jambes de sous le minuscule bureau pour faire face à son interlocuteur. Jakin, ou Sire Jakin comme il préférait qu’on le nomme[tu uses du subjonctif présent pour ta concordance, c'est toléré mais bon, au final, l'imparfait a plus de sens], venait de le gratifier d’une de ses rares phrases complètes de la journée. Aisé était d’en déduire que la nuit tombait, et que moyennant un peu de parlotte, Dun se retrouverait bientôt à l’air libre. Dans ce but, il s’apprêtait à répondre, quand son regard sur posa sur la moustache. Si le sire avait en bonne proportion élégance et charisme, l’énorme touffe qui lui barrait le visage rajoutait une bonne louche de ridicule. Pour éviter le fou rire, Dun se retourna vers sa feuille lardée de ratures. Oui, il devait bien y avoir quelques lignes acceptables. « J’en ai un très court, mais intéressant. −Hum… » L’interjection étant utilisée par Jakin pour presque l’intégralité du spectre des réponses, de « oui » à « non » en passant par « ça manque de sel », Dun l’interpréta selon son bon vouloir. Il se racla les cordes vocales, avant de déclamer. « Fine ou épaisse, nouille Au fond du bouillon, touille Baguettes prestes, fouille Attrapée au vol, nouille −Hum… −La sonorité me semble assez particulière, et j’ai fait attention à conserver des vers réguliers, comme demandé. −Hum… −Je vois que vous êtes dubitatif. M’est avis que c’est à cause de la rime. Je me suis escrimé pour trouver des mots en –ouille, seulement ce son a un petit côté comique..[pourquoi 2 points. Un suffit et ne me dis pas que tu fais partie de la sacte des trois points, secte qui pense que ça crée de la tension narrative alors que les trois points n'ont que deux fonctions grammaticales : finir une énumération inachevée (du sel, du poivre, de la canelle, du romarin...) ou pour marquer une phrase coupée par un événement inattendu, tout autre usage est impropre] −Hum… −Et nous en conviendrons, le raffinement et l’élégance de votre établissement ne sauraient engendrer le rire chez vos clients. » Une légère pointe d’ironie. « Hum » Tout en frétillant sa moustache de ses doigts râpeux, Jakin sortit quelques pièces rouillés de sa bourse, et les déposa sur la table. D’un hochement de sa tête replète, il signifia qu’il aurait encore besoin de Dun le lendemain. Une fois seul, le poète froissa ses gribouillages, prit l’argent, et tenta bon an mal an de se relever. Le plafond bas du réduit tout comme la largeur minuscule de la pièce ne lui facilitait pas la tâche. Il réussit pourtant à sortit dans le couloir sombre, son manteau de toile brune sur le dos. Dun suivit le boyau jusqu’au fond. De la cuisine s’échappaient pèle mêle [c'est pêle-mêle] des senteurs de gras, de bouillon à la viande de porc et de pâtes fraiches. Quand il atteignit finalement la lumière, il se retrouva dans la salle du bouiboui miteux où nombres[je crois que quan dtu utilises nombre ainsi, il est invariable et qu'il est toujours suivi d'un "de", à vérifier] clients dévoraient des nouilles dans des bols ébréchés[beaucoup de dentales dans ce morceau de phrase]. Le Sire passait entre les tables pour s’enquérir de l’avis des consommateurs. Dun aperçut même son ami Kin, occupé à servir leur repas à une famille en haillons. Il serait bien resté à observer ce tumulte vivifiant, mais l’odeur ici tenait plus de la crasse que de l’arôme, et il se fraya un passage vers la sortie. Une fois dehors, le poète remplit ses bronches d’air pur, parfumé par la merde tassée dans les caniveaux, l’eau de lessive souillée sur les pavés et le bois brulé d’une bicoque en cendres. Oui, il était poète, et c’était bien sa chance. Son travail pour le moment n’était pas fascinant, mais assez bien payé, et sans grandes exigences. Juste ce qu’il fallait pour lui donner le temps de finir son chef d’œuvre. D’une de ses poches, Dun prit une pipe en pin courtaude et la porta à ses lèvres. Sa main ressortit de la poche opposée avec un cristal rouge d’un pouce, légèrement poisseux. Il l’astiqua avec un coin de sa manche, avant de le déposer dans le foyer de sa pipe. Il se mit en marche, tandis qu’une fumée citronnée commençait à s’échapper de ses lèvres. A[majuscule à accentuer] mesure que le soleil se couchait, il se mouvait dans les rues, nonchalant, sans oublier parfois de se baisser pour éviter une corde à linge. En flânant vers la Poétique, il détaillait les bicoques tordues collés aux larges habitations de pierre. Il observait les reflets du couchant sur les plaques de verre fendillé qui servaient de fenêtres de fortune. Il écouta[imparfait si on suit la logique et le rythme descriptifs des phrases précedentes] la rumeur des marmots jouant. Dun se gorgea tant d’images qu’à l’intersection de la rue du Vieux et de l’avenue des fous, il sortit d’une poche un carnet et un morceau de fusain ;[ un point ou deux points, mais pas un point virgule. Ce paragraphe a un souci de temps, tu mélanges imparfait et passé simple à partir de "A mesure que le soleil..." pour des actions ayant le même sens temporel. Choisis : soit imparfait, soit passé simple. Tu as crées un rythme narratif ternaire avec tes phrases ayant pour verbe : il détaillait - il observait et paf tu mets il écouta, ce qui casse le rythme ternaire que tu créais] « Barbotant dans la rue, au milieu de la fange, Les enfants sans argent jouent tout simplement Ils ont trop vu la mort pour avoir peur du sang. … » Pendant plusieurs minutes, il marcha en rond dans la rue, à la recherche d’une improbable rime en –ange. Il y avait bien lange, mais le poème ne parlait pas de nourrissons. Et pour tout dire, même si les alexandrins étaient parfaitement[adverbe ptêt inutile] césurés, ces quelques lignes ne voulaient pas dire grand-chose. De dépit, il fourra ses notes dans son manteau, et reprit sa route. Maintenant, il était de méchante humeur, et coupa[même si les temps sont corrects, l'usage cause -conséquence d'un imparfait à un passé simple est étrange ici dans la formulation] court à toute flânerie dans les ruelles sales de la ville. Si bien qu’au bout de quelques minutes, Dun se trouvait[passé simple plutôt ici, je pense] devant le portique qui marquait l’entrée de la Poétique. A[majuscule à accentuer] sa création, certains avait bien tentés[tenté] de l’appeler « guilde des poètes », avant que les puristes des rimeux rappellent la difficulté de la rime en –ilde. Définitivement, « Poétique » lui seyait mieux, tout en donnant un côté antique discret. Dun ne prit pas la peine de lire la devise gravée sur le fronton, tant elle était aussi gravée dans son esprit. « Toi qui entre ici, abandonne toute prose. » Il traversa les couloirs encombrés d’étudiants, de maîtres et de mirlitons, longea les salles aux vers impairs sans y prêter attention, mais s’attarda devant les larges baies vitrés du Repère[rythme ternaire ici]. Ici, plus d’une centaine de poètes en herbe s’entrainaient au combat. Quelques-uns apprenaient l’épée, mais la plupart préféraient le combat à mains nues : le bohémien a[même si l'usage du présent est correct, un imparfait de description serait plus seyant pour moi mais c'est subjectif] plus souvent disponible ses poings qu’une lame. Et comme ici, personne ne préférait le corps à l’esprit, les opposants se répondaient en vers de moins de cinq syllabes le long du combat. Dun se remit en marche, pour monter jusqu’à la tour des alexandrins, prévenir le Rimeur en chef de son travail de la journée. Avant de franchir la porte, il composa quelques vers de douze syllabes. Il trouva le directeur de la Poétique assis à son bureau, penché sur une liasse de parchemins de mauvaise facture. Dans un coin de la pièce, non loin du feu où brulait[brûlait] une carcasse de chat, se trouvait Ax. Il portait encore l’armure échue au poète épique officiel, et il dardait son œil unique vers le Grand Rimeur. Dun comprit que c’était son travail qu’examinait le patriarche. « Bonsoir messire Dun, ici, asseyez-vous. −Pardon, je ne suis là que pour donner mon sou. −Et moi, je vous le dis, posez vos fesses ici. −Si tels sont vos ordres, a ceux-ci je me plie. » La rime était bien pauvre, il ruminait ce faible vers quand il prit place sur la chaise libre. Le vieux rimeur s’était plongé dans ses papiers, mais Ax fixait Dun maintenant. Ils n’avaient jamais été proches du fait de leur complète opposition sur l’échelle de la discipline. Mais ce que recelait l’unique œil restant du poète épique, c’était de la curiosité. Une telle dose qu’elle aurait pu engloutir une bibliothèque. Le vieillard reprit la parole. « Tu le vois aisément, Ax revient de bataille Tout blessé que fourbu, il a peur qu’il ne faille[Tout blessé que fourbu, j'avoue ne pas comprendre] Nommer un remplaçant. Pour la guerre un poète Qui puisse sans faillir reprendre la chronique. » Dun ne voyait pas le moins du monde en quoi il pouvait être d’aucune aide à ce dessein. C’est alors qu’Ax, brisant sans ménagement la tradition de la rime en ces pierres, lui lanca : « C’est toi le prochain. »
J'aime bien le personnage et le contexte que tu crées. Tu as un véritable talent et on suit ton personnage avec plaisir. De très bonnes idées un peu partout. J'aime beaucoup. Maintenant, parlons de la forme : - beaucoup trop de verbes être facilement évitables. - une disposition à créer des rythmes ternaires (une suite de trois phrases en rythme, je t'en ai signalées plusieurs). Cela peut être lourd à force car répétitif. - quelques mélanges imparfait/passé simple mais rien de bien méchant. - le problème des points de suspension. Ah oui, je me trompe ou il est gros le Dun ? J'ai un doute, si c'est oui, il faut ptêt le dire, non ? J'aime bien les héros gros Sinon pour la caractérisation de Dun, bravo ! On l'adopte dès le début, le coquin ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Ven 7 Juin 2013 - 19:09 | |
| Merci pour ce long commentaire Daerel. J'avoue que je me suis bien marré en lisant la partie où j'ai mis un point en trop, et tu as cru que j'inventais un truc nawak avec deux points. Pour être clair, j'utilise ici les trois points après les Hum pour retranscrire la façon de parler de personnage, qui laisse un peu "rouler" ses interjections, et donc en quelque sorte Dun lui coupe constamment la parole. ^^ En tout cas, j'apprécie beaucoup ces commentaires sur la forme, tout simplement parce que c'est un peu ce que je recherchais : j'ai bien conscience que mon style ne peux pas être parfait. Par contre, je vais relire ce chapitre, parce qu'il me semble que Mo' n'a pas tiqué sur les verbes faibles (et c'est un peu son obsession dans la vie. ^^) Donc encore merci, et j'attends impatiemment ton avis sur les autres chapitres. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 8 Juin 2013 - 9:10 | |
| Salut, poursuivons. Comme d'habitude, mes commentaires n'ont pas vocation à être suivis ou intelligents. Tu en fais ce que tu veux et tu peux m'envoyer paître si ça te convient. - Spoiler:
Chapitre 2 A [majuscule à accentuer] l’exception de la table éclairée par la lueur d’une chandelle, toute la pièce était plongée dans le noir. Les deux bibliothèques garnies de parchemins et volumes reliés, de part et d’autre de l’entrée, le placard où se cachaient les biscuits et les réserves d’eau, même le fauteuil usé dans lequel se tenait Dun [phrase sans verbe principal, j'en vois le sens voire le but mais comme elle est longue, c'est bizarre]. A [majuscule à accentuer] force de rogner sur les frais d’éclairage, il maitrisait [maîtrisait] la nyctalopie [sourcil dubitatif du lecteur...]. Seulement, les chefs d’œuvres [ALERTE MOTS COMPOSES ! on écrit chefs-d'oeuvre, pas de s à oeuvre] architecturaux venant à manquer dans cet appartement à poutres apparentes, il gardait pour le moment les yeux fermés. Tout en lui était calme : ses doigts se reposaient de l’effort de la journée et ses jambes s’étiraient de tout leur soul [saoul]. Néanmoins, à l’intérieur, la panique régnait. Il se sentait courir, poursuivre à bride battante [expression bizarre] son calme, sans pouvoir jamais l’attraper. Respirer, calmement, essayer de ne pas s’étouffer avec sa salive. Il plia son petit doigt, et le déplia, se concentrant sur le va-et-vient régulier pour apaiser son esprit affolé. Dun aurait voulu pouvoir faire un pas mental, même un pas de côté pour pouvoir prendre du recul sur la situation. Seulement, il avait été choisi comme pâtée lettrée pour soldat, ce qui minait légèrement sa bonne humeur. Bien sur [sûr], s’il évitait les flèches, les rapières, le froid, la famine, les maladies qui proliféraient à côté des charognes, il pourrait rentrer avec la gloire. Sauf que la gloire ne l’avait jamais tenté. Sinon, il aurait continué ses études de poésie jusqu’au doctorat, distinction hautement honorifique. Un bout de papier contre la liberté de travailler où il le voulait, sans obligations réelles, le choix avait été rapide, quoique largement incompris par ses amis. Anciens amis. Même Nora ne comprenait pas le pourquoi de ce choix de paresseux, ce « gâchis » hallucinant de talent. Cela faisait trois ans qu’il n’avait rien publié, et il était devenu un parfait inconnu pour les nouveaux étudiants. Enervé par la rougeur à travers ses paupières, Dun se leva, et moucha la chandelle. Silence total. La lumière de la lune filtrait de la rue, débitée par les volets. Un autre jour, il serait sorti pour une ballade de minuit, à la recherche d’une muse sélénale [joli adjectif... qui n'existe pas en français si je ne m'égare]. Mais comment trouver la paix et l’excitation poétique, quelques heures avant que [un fossile d'une version précédente, le que est inutile et incorrect ici dans cette phrase telle qu'elle se poursuit] le départ du convoi, avant de quitter son taudis personnel pour une tente puante ? Déjà que l’hypothèse de courir sur un champ de bataille ne l’égayait pas, il aurait en plus à composer sous pression des vers épiques. Fini [vu que tu uses du bonjour avant, le fini ne permet pas une mise en abime efficace, un adieu, au revoir serait plus fort] les rimes en –ouille, et bonjour les alexandrins solennels sur la gloire des épées levées devant le seigneur, la marche héroïque d’une bande de psychotiques vers une mort certaine, et le massacre systématique des populations rencontrées. Il rumina ses sombres pensées, jusqu’à mâchouiller dans le vide mental. C’est alors qu’il s’intéressa au motif délicat que dessinait la lune sur le plancher inégal. Et, pris d’une envie aussi violente que soudaine, il se jeta sur la première feuille de papier disponible, une plume barbouillée d’encre à la main. « Nuit du condamné A [majuscule à accentuer] l’approche de la mort Lune brille plus fort » L’image du haiku, quoiqu’un peu cliché, semblait féconde, mais le poème manquait de… [non, non et non ! Les points de suspension ainsi utilisés sont une faute grammaticale de sens. Les points de suspension ne peuvent pas créer de suspense malgré l'homonymie apparente, tu les enlèves et ça ne changera rien à la phrase. Ce genre de choses agace souvent une partie des lecteurs, genre moi, j'ai déjà jeté des livres à la poubelle rien que pour ça, j'ai l'impression que l'auteur me prend pour un benêt pour ne pas comprendre qu'il y a dans son personnage ou dans la situation un doute, une surprise ou une tension. Les mots suffisent, bazar !] quelque chose. Ce plus que Dun recherchait avec autant de désir que d’autres l’or. Les mots ne sonnaient pas creux, seulement ils restaient de simples mots. Ce que voulait le poète, c’était qu’ils s’enflamment dans l’esprit, pour marquer l’âme d’un brasier ardent. Qu’ils acquièrent une telle force et une telle présence qu’on puisse les considérer comme aussi « réels » que brique et bois. [tu connais mon opinion sur l'usage du subjonctif présent dans un contexte passé... à toi de faire ton choix ! Les nobles contre les ignobles ]Avec un soupir, Dun attrapa la feuille pour la ranger. Le grain était épais, et se sentait sous les doigts. Il se dirigea vers l’épaisse armoire calfeutrée dans un coin de la pièce. Une fois le meuble ouvert, l’odeur de vieux papier assailli [assaillit] Dun, ce qui lui ramena un peu de bonne humeur. Par piles, par tas, parfois reliés [rélié puisque qualifiant travail d'une vie] en manuscrit [manuscritS je pense] de fortune, trainait [traînait] ici le travail de toute une vie. Poèmes de toutes tailles et de toutes rimes, écrits sans relâche nuit après nuit. Mais depuis qu’il avait refusé le doctorat, Dun s’était fixé un autre but : le poème parfait. Alors il entreposait sans jamais les publier tout ce qu’il composait, jamais satisfait par la force de ses vers. Il déposa le feuillet sur une pile au hasard, et se rassit dans son fauteuil, sans même fermer l’armoire. Et il se rendit compte que la panique l’avait quitté. La peur totale est [présent de vérité absolue ou imparfait de description, à toi le choix] trop exigeante en ressources pour se maintenir. Maintenant, c’était les eaux troubles de l’ennui qui menaçaient de l’engloutir. Pourquoi commencer quelque chose, si peu de temps avant le départ ? Glissant lentement dans la somnolence, il se réveillait par à coup [par à-coups], juste à temps pour éviter la noyade d’ennui [d'ennui sonne bizarre, je trouve]. Dun décida finalement de prendre un vieux poème au hasard, pour le retravailler. La feuille qu’il attrapa comportait aussi un haiku. « Céramique bleutée Enfermée dans un musée Voudrait voir le ciel » Ah, celui-là datait de son passage dans un des nombreux musées presque abandonnés de la ville. Plus que ce qu’il avait pu y écrire, Dun se rappelait des folles discussions avec le vieux gardien, sur l’utilité comparée de la porcelaine et de la céramique à l’humanité. Mais la métrique était fausse : le premier vers contenait 6 syllabes, une en [c'est plus une de trop qui se dit, non ?] trop. Il corrigea rapidement. « Céramique bleue Enfermée dans un musée Voudrait voir le ciel » Plus fluide, et surtout juste. Moins haché artificiellement [l'adverbe fait perdre de la force à la phrase, dommage]. Et puis, comme la panique l’avait quittée [quitté, mais tu as déjà utilisé cette expression plus haut], l’euphorie créatrice prit Dun, en cette heure tardive. Il se mit à couvrir frénétiquement [l'adverbe fait perdre de la force à la phrase, mauvaise graisse narrative] de mots, de sons et de sens tous les morceaux de papier à sa portée. Il trempait et retrempait sa plume dans l’encrier avec tant de vigueur que ses doigts étaient maculés de cet élixir noir. Ce n’était plus l’heure des inquiétudes, mais du génie libéré. Il verrait bien le lendemain si les mots sont [imparfait plutôt non ?] plus tranchants que la lame.
Un très bon chapitre où la caractérisation de Dun est menée avec talent. Le roman traiterait-il de sa quête du poème parfait et des tracas que cela crée quand on suit une guerre en étant dans l'armée. A suivre donc. Bon, fâchons-nous maintenant sur la forme. Tu auras remarqué que je suis un vieux conservateur réac de la langue française. Je vais traiter de trois points qui seront juste évoqués pour débattre et non imposer : - ces points de suspension ! Non mais bazar ! Les gens peuvent arrêter de leur donner un sens qu'ils n'ont jamais eu ! Les points de suspension ne sont qu'un outil phraséologique, pas un outil narratif servant à créer un effet d'ambiance ! Ils mettent la phrase en suspension, stoppée. Ils ne sont corrects que pour clore une énumération sans fin ou pour marquer une parole coupée en plein milieu (genre "- Je dois tuer ma fi... - Tais-toi mon époux, ne dis pas une telle horreur !"), et à rien d'autres. Mais je te concède que la mode est à les mettre partout ! Cela fait mode, cela fait genre, cela fait "hého lecteur, surprise, surprise !" Que je hais cela ! - Les adverbes. Je les aime, toi aussi. Mais je les aime tellement que je ne souhaite pas en faire les macdonald's des outils linguistiques. Un adverbe, ça se chérit et ça s'utilise adroitement pour donner une force à son propos, pas pour faire doublon et donc devenir de la mauvaise graisse de répétition qui détruit la phrase comme un cancer. Exemple type : Le lion rugit férocement ! Eh oh, auteur ! Rugir veut dire émettre un son féroce... tu es en train d'écrire l'eau aquatique... ridicule ! Par exemple, tu as écrit ceci : "Moins haché artificiellement !" Mais tu détruis haché en ajoutant artificiellement, ton adverbe est un cannibale malpoli ! Alors que si tu avais choisi la beauté de la force qu'est le simple : "Moins haché !" C'est tout. Autre exemple, qu'est ce qui est le plus attendu : "Je t'aime" ou "Je t'aime bien" ? Utilise la formulation avec l'adverbe à l'être qui partage ta vie et tu viendras me dire si l'adverbe bien n'est pas un cannibale malpoli - Les temps, bon je suis un fanatique de l'harmonie temporelle. J'évite tout présent quand j'écris au passé dans mes textes mais c'est toléré voire correct souvent. A chacun ses dadas En tout cas, du talent, c'est très bien. Attention aux envolées d'adjectifs aussi, au fait (sélénale, très joli au passage, ça m'a fait sourire). Daerel, vieux grincheux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 8 Juin 2013 - 10:17 | |
| Un cannibale malpoli j'aime beaucoup l'expression ^^ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 8 Juin 2013 - 16:52 | |
| Continuons dans la bonne humeur ! - Spoiler:
Chapitre 3 La sacoche battante au côté, Dun se ruait vers la Porte principale. Ecrire [majuscule à accentuer] dans un presque état de transe toute la nuit lui avait fait [avoir + faire en une fois, beurk ] oublier le temps, et en particulier l’heure de son départ. Il tourna à l’angle, et courut le long de l’avenue, apercevant les montants de la Porte au loin. L’envie de partir se battre ne le tenaillait pas outre mesure, mais s’il manquait à son « engagement », sa licence poétique serait radiée. Il se faufila entre les gardes, et courut [répétition] dans le chemin boisé, à la recherche d’un signe du convoi. Quelques foulées plus tard, il apercevait [vois si le passé simple ne passe pas mieux] un chariot trainard, qui fermait la marche. Il lui fallut dépenser beaucoup de sueur pour l’atteindre. Une fois à son niveau, Dun, exténué s’arrêta pour reprendre son souffle. Ce qui permit à la charrette de reprendre de l’avance, forçant le poète à courir [répétition] de nouveau. Il joua à ce petit jeu plusieurs fois, avant d’être suffisamment en forme [je suis perplexe face à cette image] pour marcher avec le convoi. Le chariot qui lui avait donné tant de mal n’était rempli que de choux, qui comme chacun sait temps ?[] n’ont [temps ?] pas la conversation facile. Alors Dun remonta petit à petit la longue caravane, carriole après charrette. Il blagua avec les jeunes écuyers irrévérencieux, but avec les vieux briscards, et échangea des regards entendus avec les autres. C’est ainsi qu’il apprit l’existence d’une arme secrète, qui allait faire pencher la bataille de leur côté. Il n’était pas pressé d’aller voir le général en charge, et passa plutôt le reste de la journée à tenter d’en savoir plus sur cette fameuse arme secrète. D’après les informations qu’il avait pu recueillir, ce devait être un objet de terreur redoutable, qui pourrait constituer un bon entrainement descriptif. Et quelques heures avant la tombée de la nuit, Dun le trouva. Il en perdit ses mots et ses rimes. Devant lui, se tenait une créature épique, que dis-je un mastodonte écailleux, une force de la nature marine. C’était une tortue. Sur l’immense carapace rugueuse avaient été rudimentairement [adverbe utile ? pas sûr pour le coup] collés divers morceaux de bois, comme autant de couches supplémentaires. L’animal levait ses pattes en rythme, avant de les reposer exactement à leur place sur sa charrette, tirée par quatre canassons harassés. « Elle est belle, hein ? lui dit l’homme qui guidait les chevaux, en tapotant la tête de la tortue. » Laquelle ne semblait pas particulièrement apprécier cette familiarité. « Pas très… effrayante, surtout, répondit Dun. −Ah, pour sûr. C’est pas ben méchant ces bêtes là, mais après les rumeurs qu’on a lancés [lancées], les gars d’en face en auront quand même les j’tons. −C’est du bluff ? » L’autre partit d’un rire se voulant ironique, sans réussir à n’être [l'expression n'est pas très jolie] que gras. « Evidemment [majuscule à accentuer] que c’est du bluff, qu’est-ce qu’elle peut leur faire la tortue ? Les machouiller à mort ? Non, c’est une ben belle distraction, qui tiendra d’autant plus qu’on a renforcé sa carapace. » Dun se sentait en communion avec la verte bête, comme deux condamnés à mort qui deviennent [temps] amis sur le chemin de l’échafaud. Car ils seraient tous deux sacrifiés sur l’autel du pouvoir, et de la stupidité humaine. Et encore, la tortue avait de la laitue en abondance. Il planta le cocher en accélérant le pas, et marcha un peu à l’écart du convoi, jusqu’à la tombée de la nuit. A [majuscule à accentuer] nouveau, les pensées négatives se bousculaient dans sa tête, concourant pour choisir la plus déprimante. Après nombres [je ne suis pas certain que nombre peut s'utiliser ainsi sans -de- mais là j'avoue monignorance] débats, la perspective de sa mort prochaine le lendemain, date fixée de la bataille, gagna le premier prix. Mais un choc avec un arbre le tira de ses sombres rêveries, remplacées par la douleur dans son front. Quand il regarda autour de lui, Dun s’aperçut que la caravane s’était arrêtée. Il décida donc que c’était le bon moment pour avertir le général de sa présence. Il avança d’un bon pas, jusqu’à arriver [à-a dans à arriver, c'est un peu malheureux] à une énorme tente bleue-gris [revois l'accord des adjectifs de couleur], rapiécée mais farouchement gardée. Il n’eut même pas besoin de se présenter, que déjà on le laissait passer. Probablement son manteau, en moins bon état que la tente, qui avait trahi son statut de poète. A [majuscule à accentuer] l’intérieur brulaient [brûlaient] suffisamment de chandelles pour causer un vrai risque d’incendie. Au fond, il y avait une large table, remplie à ras bord de victuailles, [il y a une virgule en scorie là]. Le chef de cette petite armée répondait au nom de Celon, et était en grande discussion sur sa légende écrite avec son poète personnel. Ce dernier, comme tous les écrivains de niches [tu utilises 3 ou 4 fois l'expression dans le chapitre, tu l'écris ici poète de nicheS avec un s mais après tu écris dans toutes les autres fois poète de niche sans s, il faut harmoniser], avait un air de cocker soumis, et écoutait attentivement les demandes de son maître. Lequel tourna bientôt sa bouche véhémente vers le nouvel arrivant. « Toi ! T’es le nouveau mirliton de bataille ?! −Oui… [hum hum hum !]−Tututut, c’est MOI qui parle. De toute façon, je t’ordonne de ne me répondre qu’en octosyllabes rimés, pour que tu sois prêt demain. J’espère que c’est clair ? −Bien sur [sûr], autant que peux se faire. −D’accord, d’accord. » Il se tourna vers son chien de poète, comme pour lui demander son avis. « Je fais le test du gigot ? » Evidemment [majuscule à accentuer], la question était rhétorique, et Celon alla chercher une courte rapière sur la table au milieu des pâtés et des viandes en sauce. Il la tendit à Dun, qui la pointa vers le sol, incertain de ce que l’on allait lui demander. Ensuite, le général alla chercher un beau gigot rosé de l’autre côté de la tente, l’attrapa à deux mains, et le plaça devant lui. « Frappe moi donc ça, mon gars. Et n’imagines [n'imagine pas] pas que tu pourras me blesser, cette viande est bien trop coriace. −Alors, tenez le bien en place. » La lame s’enfonça légèrement dans la viande, puis fut bloqué [bloquée] par la résistance du gigot. Le général contempla l’œuvre, la montra à son poète de niche, qui acquiesça d’un air entendu. « Pas trop mal, tu pourras peut-être tuer un des gamins qui tient les chevaux. Maintenant, la vraie question : as-tu peur de la mort ? -Malheureusement, je suis en tort. Nous ne sommes pas en bons termes. » Celon lui darda un regard empli de fureur, et lui jeta au visage « C’est MOI qui décide des rimes ! Tu crois qu’un petit poète minable peut discuter mes ordres ? −Non, ma place je ne veux pas perdre. −C’est plus que ta place qui va te passer sous le nez. Et tout ça à cause de ta gouaille. » Dun avait beau se triturer la cervelle, aucune réponse ne fleurissait dans son esprit. Un silence s’installa, d’autant plus gênant qu’il jurait avec les cris précédents. Enfin, le poète de niche prit la défense de son camarade. « Messire, la rime en –ouaille est extrêmement complexe, même pour un écrivain expérimenté. −Ahah, ça te la coupe hein ?! Mais attention à ce que tu dis ! Sinon je pourrais te couper autre chose… [hummmmm] » D’un léger geste de la main, le général indiqua à Dun de les laisser, tandis qu’il se retournait vers son chien rimeur, une demande incongrue affleurant aux lèvres. Au moins, Celon respectait-il un tant soi peu l’indépendance d’esprit d’un poète de bataille, et ne s’embarrassait pas de lui donner de quelconques directives. Dehors, il se retrouva enveloppé par la fraicheur d’une nuit sans étoile. Quelques feux étaient allumés, autour desquels s’affairaient les soldats. Mais rien ne grillait, chacun se contentant de viande séchée trop salée. Dun décida d’aller aiguiser ses mines, en préparation du grand jour. Au centre du camp de fortune, la tortue ronflait.
Le chapitre est moins fort que le précédent, sans doute parce qu'il est dans une répétitivité de la situation : Dun est face à une nouvelle situation inattendue, il est dans une situation difficile et cocasse et finit un peu décati (ce n'est pas le bon adjectif mais je ne trouve pas mieux pour exprimer mon idée). On est un peu dans le même schéma narratif que le premier chapitre. Ensuite, attention. Tu utilises beaucoup depuis le premier chapitre les verbes sentir et être mais surtout la formulation très scolaire de "c'était". Cela peut passer vu la gouaille du texte mais n'en abuse pas. Une autre remarque. Tu déconstruis tes phrases en séparant les propositions principales d'une conjonctive. Cela a son charme et cela donne du caractère à ton texte car cela correspond à l'esprit du personnage. Mais de même attention à ne pas les multiplier. Voilà, je lirai et commenterai la suite demain si j'ai le temps. Par contre, je te lis toujours avec plaisir mais ce chapitre présente des longueurs pour moi. Si j'avais le livre entre les mains, je l'aurais vite sauté ALORS QU'il y a la tortue !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 9 Juin 2013 - 8:59 | |
| Poursuivons avec le chapitre 4. Comme d’habitude, mes remarques, tu en fais ce que tu veux, je n’ai aucune prétention à détenir la vérité malgré mon ton parfois péremptoire - Spoiler:
Chapitre 4
L’aurore se levait à peine qu’un millier d’hommes caparaçonnés de jaune était en place au sommet d’une colline. Sur l’autre versant du petit vallon, l’armée ennemie bardée de vert attendait les ordres. Dun se trouvait un peu sur le côté, mais tout de même en bonne place pour se faire charcuter. On avait cru bon de l’affubler de la lame qu’il avait plantée dans le gigot la veille. Sa part pacifique en avait presque honte, mais le contact de l’acier contre sa jambe le calmait[calmer ne me semble pas le meilleur verbe surtout que sa tension est surtout nerveuse] un peu. Car[le car est moche et la phrase aurait plus de force et de sens sans, essaie de lire la phrase avec et sans puis choisis] avec Celon qui vadrouillait dans les rangs en vociférant des insanités, il en fallait, du flegme. Même les soldats d’en face semblaient redouter les critiques acerbes du général, et tous les yeux était fixés sur un jeune garçon, qui retenait pour l’instant son courroux. Formée de pièces de bric et de broc, l’armure de ce dernier n’arrêtait pas de tomber, ce qui l’empêchait de conserver l’immobilisme[les mots en –isme sont souvent des mots ayant un aspect doctrinaire ou idéologique, là immobilité serait ptêt le bon mot non ?] réglementaire à toute bonne armée. Celon supporta le spectacle pitoyable quelques minutes, avant de décider soudainement d’aiguiser sa lame sur le cou du malheureux. Pendant que le général nettoyait son épée, aucun bruit ne se faisait entendre. La toute puissante Nature elle-même ne voulait pas déclencher cette colère-là. Celon revint d’un pas rapide à l’avant, le regard encore flamboyant de rage. C’est alors que tous entendirent l’arme secrète. En face, un murmure ambiant parcourait les rangs, preuve que les rumeurs avaient fait[avoir + faire = beurk] leur œuvre. Dun s’assura une dernière fois que calepin[quand tu ne mets pas d’article ou de déterminant comme ici, on met souvent au pluriel] et fusains reposaient dans ses poches, avant de se retourner pour voir le chariot. Ce dernier crissait et grognait tandis qu’il gravissait la colline, redoublant les peurs du camp adverse. Sur son passage, les soldats s’écartaient, respectueux du dangereux herbivore. Enfin[le enfin gâche la phrase, cette dernière vivrait mieux sans lui], quand la tortue arriva au faite[faîte, mais ajoute un génitif ici pour que ton lecteur saisisse bien que c’est la colline], le cocher sauta à terre, fouettant au sang et d’un même mouvement les quatre chevaux. Affolés, les canassons se ruèrent vers le vallon, et la tortue ne fut plus qu’un éclair bleuté dans le petit trou de verdure. [j’avoue que cette phrase détonne… elle sert à quoi ? et comme on est du point de vue de ton poète, la mention d’éclair bleuté tombe à plat car là tu parles de ce que voient tes canassons, pas le poète. Enfin, éclair et tortue, l’image est malheureuse ^^] C’est[alors là, beurk, le c’est est scolaire, moche et inutile, tu enlèves la formulation c’est… que et hopp, tout devient plus beau ! Merci M. Propre !] alors que le général se tourna vers ses troupes, l’épée au poing, et rugit. « A[majuscule à accentuer] l’attaque ! » D’un seul mouvement, milles[mille] hommes se ruèrent vers l’ennemi. Dun était oppressé de toutes parts, forcé de courir pour ne pas finir écrasé. Les opposants fonçaient eux aussi, piques et pointes en avant. A[majuscule à accentuer] force de pressions et de compressions dans cette course folle, le poète se retrouva en première ligne, la meilleure place pour observer. Et inexorablement, la masse jaune le poussait sur le fer ennemi. Suffocant, paniqué, il joua des bras et des mains pour se sortir de ce mauvais pas. Juste avant le choc cataclysmique, il se fit éjecter de la mêlée. Et le monde s’arrêta de vivre. De sous la chape de cris s’élevait une autre musique. Rien n’avait plus d’importance que le chant de l’acier, du bois et des os. Le soleil se leva[l’imparfait sonnerait bien aussi, à toi de voir], dans l’indifférence totale de la bataille. Le sang giclait, la cervelle volait, cadavres et armes fendues venaient tapisser le sol, le préparer pour d’autres massacres. Lâcheté, courage et cruauté se mêlaient aux fontaines de bile pour teindre le ciel aux couleurs de la dévastation. Il fallut d’interminables secondes à Dun pour reprendre le peu d’esprit qu’il lui restait. Aussitôt courut-il entre les morts frais, une mine à la main, attrapant l’horreur et la mort dans ses mots. La gloire viendrait après. Déjà le regard de ceux qui n’étaient pas devenus des bêtes se faisait implorant, ceux qui survivaient pleuraient leur victoire, pauvres Cassandre[je crois que peux mettre Cassandes avec un s dans cet usage du mot, à vérifier] lisant leur mort prochaine dans les yeux de leurs victimes. Et c’est au milieu d’une mer de heaumes fracassés qu’il aperçut l’un de ses semblables. L’autre poète gribouillait aussi ses vers sur quelques feuillets froissés, tournant autour d’un agonisant, avant de voir Dun. Ils se fixèrent un instant, immobiles au centre du tumulte rouge. Puis ils rangèrent en parallèle leurs notes, et dégainèrent leurs rapières. Dun n’était pas un soldat, mais il savait ce qui se passait en cas de duel contre un confrère. Un pas après l’autre, il s’approcha de son adversaire, et se jeta sur lui, pointe en avant, tandis que l’autre déclamait le vers d’ouverture. « Quelle odeur, mes aïeux, tu pues la tortue. − Ne te prends pas le nez, attends que je te tue. » L’ennemi para, fit un pas de côté, pour esquiver de plus belle, Dun à sa poursuite. Le duel d’alexandrins reprit de plus belle, relancé par l’adversaire. « Attention, tu confonds l’épée et ton crayon. − Bien sûr, je veux graver dans tes tripes mon nom » Maintenant, c’était l’opposant qui menait la danse, et les deux lames virevoltaient, moins acérées tout de même que les langues. De justesse, Dun évita un coup mortel, et battit légèrement[adverbe utile ?] en retraite, insultant l’autre pour le distraire. « Stoppons là cette joute, tu perds ta répartie. − Je l’échange juste contre ta pauvre vie. » Esquive, attaque, contre-attaque et volte. Retour aux positions de départ. Dun continua la pression, insultes et réparties. « Triste sort que le tien, ne pas savoir rimer. − C’est pour mieux me moquer de tes vers déprimés. » L’autre poète s’apprêtait à décocher une nouvelle insulte rimée quand une flèche perdue lui prit la voix et la vir[vie]. Un flot rouge piment éclaboussa Dun, qui tenait encore sa rapière tendue. Puis, il la jeta dans un spasme de dégout[dégoût], et s’enfuit. L’odeur de grillé titillait ses narines, tandis qu’il trébuchait entre les corps. La tortue était en train de bruler[brûler]. Mi vomissant mi pleurant[l’usage du mi est codifié, vois si ça s’écrit ainsi sans un tiret], il partit[partit DE] ce lac de sang à toutes jambes. Il courut. Il courut jusqu’à ce que le soleil se couche. Il courut jusqu’à ce que les étoiles s’éteignent toutes dans le ciel. Il courut jusqu’à ce que la mort ne glisse plus dans son dos. Il courut jusqu’à ce que ses pieds ne puissent plus le porter.
Le duel est sympa, la bataille bien décrite. Maintenant, attaquons sévère. Je te lis depuis 4 chapitres maintenant et là, je vais paraître méchant et dur. J’ai pu voir que ton texte peut être facilement ciselé si tu prenais garde aux choses suivantes : - Les verbes faibles, tu les utilises trop et avec des formulations moches (c’est… que ou c’était… qui, faire, faire faire quelque chose, sentir…). Tu alourdis tes phrases avec ça, le comble pour un récit sur un poète. - Le c’est… que ou c’était… que… C’est horrible comme formulation. C’est Alvin qui décora le sapin de Noël est plus lourdingue qu'Alvin décora le sapin de Noël. Tu n’es pas dans un dialogue oral où le c’est introduit une information que tu vas donner à un interlocuteur, tu es dans un roman, une narration, le c’est… que est dès lors inutile et moche, voire prend le lecteur pour un abruti. On suit Dun avec parfois quelques passages d’un narrateur impersonnel, on n’écoute pas Hardkey qui nous raconte l’histoire debout dans le rer qui fait de l’emphase pour que son interlocuteur comprenne bien -Revois tous tes accents circonflexes, ils ont tous sauté. - Attention aux adverbes Voilà tout ce que je pouvais dire comme remarques sur ces 4 chapitres. Du potentiel narratif mais il reste des aspérités et de la mélasse dans le texte. Normal, ça s’apprend écrire une histoire. Tu remarqueras que je suis un adepte du « la contrainte grammaticale et stylistique crée des merveilles », je n’aime pas la paresse du « mais si, c’est pas grave et c’est sympa » comme pour les points de suspension, les adverbes ou les caractérisations faciles. Ma vision et mes commentaires sont donc basés sur ce choix de la difficulté qui ne plaît pas au plus grand nombre. La plupart des gens n’aiment pas ça de toute façon, donc je ne conseille pas nécessairement de suivre mes idées si tu veux avoir du succès Daerel. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 9 Juin 2013 - 13:58 | |
| Bon, à mon tour! (en retard, ok, mais l'important c'est de s'y mettre!) - Citation :
- Même les soldats d’en face semblaient redouter les critiques acerbes du général, et tous les yeux était fixés sur un jeune garçon,
étaient? - Citation :
- Aussitôt courut-il entre les morts frais, une mine à la main, attrapant l’horreur et la mort dans ses mots. La gloire viendrait après
Ça fait une répétition de mort, qui m'a gênée. En remplaçant le premier par cadavre peut-être, ou quelque chose de ce genre? - Citation :
- Stoppons là cette joute, tu perds ta répartie.
− Je l’échange juste contre ta pauvre vie. » Esquive, attaque, contre-attaque et volte. Retour aux positions de départ. Dun continua la pression, insultes et réparties. Là pareil, le mot répartie revient trop vite je trouve. - Citation :
- Mi vomissant mi pleurant, il partit ce lac de sang à toutes jambes.
Là c'est peut-être juste moi mais j'ai l'impression que la phrase ne fait pas sens. Il manque un mot peut-être? J'avoue que je m'attendais à plus...spectaculaire peut-être, pour cette bataille. J'aurais aimé avoir un peu plus des fameux vers de Dun. Je n'ai pas retrouvé le grotesque que j'avais tant aimé avant, et j'aurais voulu connaitre plus précisément le rôle de la tortue dans la bataille... L'ambiance est bien rendue mais j'ai eu l'impression quand même que c'était un peu survolé. Maintenant, l'histoire évolue bien sûr, donc le ton aussi je suppose, mais j'espère quand même que Dun gardera un peu de ce qui nous faisait rire dans la suite de ses aventures! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Jeu 20 Juin 2013 - 21:32 | |
| Avant l'avant première du chapitre 6 demain, je poste le chapitre 5, tout de même. ^^ Chapitre 5Les brumes de son cerveau s’effilochaient. Trop vite. Elles disparaissaient, pour laisser la conscience entrapercevoir l’horreur. La mort. Le traumatisme. Le seul moyen d’y survivre, c’était de les détruire. Dun enferma ses souvenirs de la bataille, les noya, les incendia, les tabassa, les compressa dans la partie la plus reculée de son esprit. Là où ils ne pourraient pas nuire. Pour l’instant.
L’herbe fraiche formait un nid sous la joue de Dun. L’odeur de nature titillait ses narines, et le sortait lentement de ses cauchemars de fatigue. Seulement, à la senteur légère des arbres se mêlait autre chose, de plus… fort. Dun ouvrit les yeux, et vit l’homme qui dormait près de lui. A quelques mètres, il gardait ses yeux clos, et son corps était d’un calme presque absolu, courts cheveux voletant au vent et mains reposant sur la poitrine. Il ne s’était probablement pas lavé depuis plusieurs mois. Le plus doucement possible, Dun se releva et recula de quelques pas. Il avait tout de suite avisé l’arme qui ceignait le dormeur, et craignait une nouvelle fois pour sa vie. Mais après avoir contourné l’objet de ses craintes, il comprit qu’il n’y avait aucun risque. L’homme avait un trou rouge au côté droit. Rassuré, le poète s’approcha pour détailler l’autre, se bouchant tout de même le nez. Le mort ne portait ni le jaune, ni le vert, et son armure de cuir était si usée qu’elle semblait protéger aussi peu qu’une fleur. C’était peut-être une victime de la guerre, mais pas de celle dont Dun avait désertée. Le mot claqua dans son esprit si fort qu’il ne put plus rien penser un moment. Oui, il s’était enfui dans l’exercice de ses fonctions, et sa licence était probablement déjà jetée au feu : ni les morts ni les déserteurs n’en ont besoin. Plus aucun espoir de revoir sa ville, de composer pour la moustache, voir même de retrouver son chez lui. Un instant, il déplora cette nouvelle, avant de se rappeler : il était un poète pardi ! Cette espèce capable de survivre et d’écrire dans les pires conditions possibles, ces zouailles qui se moquaient des grands comme des petits, une rime après l’autre. Requinqué, Dun se releva et s’en alla gaiement. Il lança tout de même un dernier regard au mort. Peut-être un jour le sujet d’un poème. Débuta alors une longue marche dans la nature. Les arbres verdissaient, les oiseaux gazouillaient, les fleurs poussaient, et la rivière coulait. Il suivit d’ailleurs son cours plusieurs heures, s’émerveillant des reflets ensoleillés sur l’eau. C’est en vadrouillant ainsi qu’il finit par atteindre une plaine coupée en deux par la rivière. Et de chaque côté, d’impressionnant moulins. Dun s’assit dans l’herbe, et attendit. Devant une image si puissante, l’inspiration ne pourrait pas se cacher bien longtemps. Ses yeux passaient d’un moulin à l’autre, ses oreilles recueillaient le clapotis de la rivière, son nez se gorgeait de senteurs printanières. Il la sentit s’approcher à petit pas, dans son dos. Au moindre mouvement de sa part, elle s’enfuirait, effarouchée par le poète mal rasé. Mais il resta calme, et elle remplit sa tête. De mots images, de mots objets, vivants et frétillants. De sens caché dans les lignes, d’émotions camouflées dans la langue. Carnet à la main, il sautillait partout, attrapant les rimes au vol. Il se lança dans une valse avec les mots et le vent, avant de s’affaler dans l’herbe, le souffle court. Il resta ainsi un moment, tentant de calmer son cerveau en surchauffe. Dun venait de toucher l’absolue inspiration. Depuis combien de temps ne l’avait-il fait ? Son corps entier était engourdi par cet effort suprême de traque du vrai. Il voulait dormir. Se reposer. Il rouvrit brusquement les yeux. Il ne devait pas se laisser aller, trop dangereux. Une terreur sourde le fit se relever, et il repartit, se forçant à oublier. Encore. Encore plus. Il jeta un œil à son carnet, pour se changer les idées. Son nouveau poème s’intitulait : Poème de mon moulin.
« Ce lent cours d'eau, c'est un petit ruisseau Qui coule fier au milieu des badauds. Fragment vieillot, neuf moulins se dressent Figés malgré ces vent qui les pressent
Trois parmi eux refusent l’abandon. Le premier est vide pour la saison. Le second n'a plus d'ailes pour tourner. Reste, dernier, un vieillard rouillé.
Son mouvement, ample, lent, fatigué Se moque comme un roi du temps qu’il fait "Arrêtes moi donc, si tu le peux » Exhorte-t-il de ses ailes bleues.
Majestueux, bien plus que tout palais, Ce monument ne tombera jamais. Depuis longtemps, le fleuve l'a compris. A travers ces pierres, coule la vie. »
Le décasyllabe, c’était définitivement la métrique à la mesure de ces moulins. La petite touche d’invention, avec le musée, était intéressante. Oui, Dun était content. Le soleil était encore haut, il repartait vers une forêt, dans la verdissante nature, terre de poésie. Il serait bien. Jusqu’à sa prochaine crise. |
| | | Elann Accro au forum ? Oui, pourquoi ?
Nombre de messages : 770 Age : 29 Localisation : Nord Date d'inscription : 13/06/2012
| Sujet: Re: La lame rimée Ven 21 Juin 2013 - 11:45 | |
| - Citation :
- L’herbe fraiche formait un nid sous la joue de Dun
fraîche. - Citation :
- L’homme avait un trou rouge au côté droit.
Rimbauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuud ! Comme tu l'as dit, la référence est peu subtile ^^. - Citation :
- voir même de retrouver son chez lui.
voire. - Citation :
- Il la sentit s’approcher à petit pas, dans son dos.
petits. - Citation :
- Au moindre mouvement de sa part, elle s’enfuirait, effarouchée par le poète mal rasé.
J'sais pas pourquoi mais j'ai vraiment adoré ce bout de phrase ^^. - Citation :
- De sens caché dans les lignes, d’émotions camouflées dans la langue
Ne faudrait-il pas un pluriel à "caché" ? - Citation :
- Son nouveau poème s’intitulait : Poème de mon moulin
Référence à Alphonse Daudet ? Je suis pas toujours certain de la métrique de tes vers... Mais pas certain veut aussi dire que je ne suis pas sûr d'avoir raison ^^. C'était cool ! J'aime bien le fait que le personnage passe par des vagues de peur/joie/terreur/bonheur... assez rapidement. Pas grand chose à dire, ce récit a décidément un réel intérêt, j'ai bien envie de savoir la suite (ce soiiiiiir !) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Ven 21 Juin 2013 - 12:30 | |
| - Correction:
- hardkey a écrit:
- Avant l'avant première du chapitre 6 demain, je poste le chapitre 5, tout de même. ^^
Chapitre 5
Les brumes de son cerveau s’effilochaient. Trop vite. Elles disparaissaient, pour laisser la conscience entrapercevoir l’horreur. La mort. Le traumatisme. Le seul moyen d’y survivre, c’était de les détruire. Dun enferma ses souvenirs de la bataille, les noya, les incendia, les tabassa, les compressa dans la partie la plus reculée de son esprit. Là où ils ne pourraient pas nuire. Pour l’instant.
L’herbe fraiche formait un nid sous la joue de Dun. L’odeur de nature titillait ses narines, et le sortait lentement de ses cauchemars de fatigue. Seulement, à la senteur légère des arbres se mêlait autre chose, de plus… fort. Dun ouvrit les yeux, et vit l’homme qui dormait près de lui. A quelques mètres, il gardait ses yeux clos, et son corps était d’un calme presque absolu, courts cheveux voletant au vent et mains reposant sur la poitrine. Il ne s’était probablement pas lavé depuis plusieurs mois. Le plus doucement possible, Dun se releva et recula de quelques pas. Il avait tout de suite avisé l’arme qui ceignait le dormeur, et craignait une nouvelle fois pour sa vie. Mais après avoir contourné l’objet de ses craintes (petite répétition?), il comprit qu’il n’y avait aucun risque. L’homme avait un trou rouge au côté droit. Rassuré, le poète s’approcha pour détailler l’autre (L'autre quoi?), se bouchant tout de même le nez. Le mort ne portait ni le jaune, ni le vert, et son armure de cuir était si usée qu’elle semblait protéger aussi peu qu’une fleur. C’était peut-être une victime de la guerre, mais pas de celle dont Dun avait désertée. (Il me semble qu'on avait dit sur Skype qu'il semblait étrange qu'il soit victime d'une guerre différente, comme si le monde entier était à feu et à sang, alors que Dun ne peut pas s'être éloigné tant que ça. On avait suggéré bataille peut-être, et on avait réclamé des éclaircissement.) Le mot claqua dans son esprit si fort qu’il ne put plus rien penser un moment. Oui, il s’était enfui dans l’exercice de ses fonctions, et sa licence était probablement déjà jetée au feu : ni les morts ni les déserteurs n’en ont besoin. Plus aucun espoir de revoir sa ville, de composer pour la moustache, voir même de retrouver son chez lui. Un instant, il déplora cette nouvelle, avant de se rappeler : il était un poète pardi ! Cette espèce capable de survivre et d’écrire dans les pires conditions possibles, ces zouailles qui se moquaient des grands comme des petits, une rime après l’autre. Requinqué, Dun se releva et s’en alla gaiement. (Très forte la transition. Je l'avais déjà dit, j'aime beaucoup le contraste que tu installe entre l'horreur de la guerre et l'insouciance volontaire de Dun, qui s'émerveille de la beauté éphémère qui l'entoure.) Il lança tout de même un dernier regard au mort. Peut-être un jour le sujet d’un poème. Débuta alors une longue marche dans la nature. Les arbres verdissaient, les oiseaux gazouillaient, les fleurs poussaient, et la rivière coulait. Il suivit d’ailleurs son cours plusieurs heures, s’émerveillant des reflets ensoleillés sur l’eau. C’est en vadrouillant ainsi qu’il finit par atteindre une plaine coupée en deux par la rivière (petite répétition?). Et de chaque côté, d’impressionnant moulins. Dun s’assit dans l’herbe, et attendit. Devant une image si puissante, l’inspiration ne pourrait pas se cacher bien longtemps. Ses yeux passaient d’un moulin à l’autre, ses oreilles recueillaient le clapotis de la rivière, son nez se gorgeait de senteurs printanières. Il la sentit s’approcher à petit pas, dans son dos. Au moindre mouvement de sa part, elle s’enfuirait, effarouchée par le poète mal rasé. Mais il resta calme, et elle remplit sa tête. De mots images, de mots objets, vivants et frétillants. De sens caché dans les lignes, d’émotions camouflées dans la langue. Carnet à la main, il sautillait partout, attrapant les rimes au vol. Il se lança dans une valse avec les mots et le vent, avant de s’affaler dans l’herbe, le souffle court. Il resta ainsi un moment, tentant de calmer son cerveau en surchauffe. Dun venait de toucher l’absolue inspiration. Depuis combien de temps ne l’avait-il fait ? Son corps entier était engourdi par cet effort suprême de traque du vrai. Il voulait dormir. Se reposer. Il rouvrit brusquement les yeux. Il ne devait pas se laisser aller, trop dangereux. Une terreur sourde le fit se relever, et il repartit, se forçant à oublier. Encore. Encore plus. Il jeta un œil à son carnet, pour se changer les idées. Son nouveau poème s’intitulait : Poème de mon moulin.
« Ce lent cours d'eau, c'est un petit ruisseau Qui coule fier au milieu des badauds. Fragment vieillot, neuf moulins se dressent Figés malgré ces vent qui les pressent
Trois parmi eux refusent l’abandon. Le premier est vide pour la saison. Le second n'a plus d'ailes pour tourner. Reste, dernier, un vieillard rouillé.
Son mouvement, ample, lent, fatigué Se moque comme un roi du temps qu’il fait "Arrêtes moi donc, si tu le peux » Exhorte-t-il de ses ailes bleues.
Majestueux, bien plus que tout palais, Ce monument ne tombera jamais. (C'est beaucoup mieux pour les rimes, mais il en reste quand même pas mal.) Depuis longtemps, le fleuve l'a compris. A travers ces pierres, coule la vie. »
Le décasyllabe, c’était définitivement la métrique à la mesure de ces moulins. La petite touche d’invention, avec le musée (euh, mais du coup avec tes modifs, il n'y a plus vraiment de musée... Pas de façon explicite en tout cas.), était intéressante. Oui, Dun était content. Le soleil était encore haut, il repartait vers une forêt, dans la verdissante nature, terre de poésie. Il serait bien. Jusqu’à sa prochaine crise. Comme je l'ai dit la dernière fois, on apprécie la pause paisible après la guerre. Mais on a vraiment envie de savoir la suite, on attend avec impatience que Dun croise à nouveau de la civilisation pour voir comment il va s'en sortir. Il a l'air de devenir un peu skizo, bref ça n'annonce que du bon! La suite! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Ven 21 Juin 2013 - 21:33 | |
| Un chapitre sympathique avec quelques références intéressantes, mais qui ralentit un peu l'action de mon point de vue, du coup j'avoue que c'est celui qui m'a le moins accrochée depuis le début (bon, l'avantage de celui-là, c'est qu'aucun animal n'y a été brûlé ) Je suis curieuse de voir ce qui va se passer dans le prochain chapitre et de découvrir si l'action se relance un peu plus. |
| | | Sombrebarman Roi des noix de coco
Nombre de messages : 199 Age : 28 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 20/11/2011
| Sujet: Re: La lame rimée Sam 22 Juin 2013 - 12:40 | |
| C'est juste pour te dire les remarques qu'on t'as dites la dernière fois : - Un mort, s'il pue suffisamment pour qu'il se bouche le nez, je pense qu'il devrait savoir qu'il est mort dés qu'il se réveille. - On trouvait qu'il passait un peu trop rapidement à l'état joyeux. C'est un poète, certes, mais un être humain quand même ^^ Et puis il a quand même déserté, bon je comprends pourquoi il chante gaiement d'un côté vu son commandant. Mais bon, je pense que tu devrais un peu plus développer, que va t-il faire maintenant ? etc.. (pourquoi, c'est pas en justifié ? (enfin plus carré ?) bon, c'est peut être le forum qui fait ça, je te pardonne pour cette fois ) Bref, on se demande ce qu'il va faire maintenant ^^ | |
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: La lame rimée Mer 26 Juin 2013 - 14:55 | |
| Un chapitre sympa, bien écrit dans la continuité des précédents, avec de belles descriptions très poétiques. J'ai bien aimé la référence à Rimbaud.
Je trouve qu'après le fracas de la bataille, tu as bien retranscris l'ambiance paisible de la nature. Je trouve néanmoins que le passage de "je suis traumatisé par ce que j'ai vu" à "Je gambade au milieu des fleurs" est un peu rapide. Je pense que ça passerait mieux si tu accentuais l'impression que Dun se réfugie dans la poésie pour gérer le choc. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Lun 8 Juil 2013 - 3:35 | |
| Bon, bah après une relecture quelques semaines plus tard, je suis assez content de mon chapitre 6. Je le poste donc tel quel, en attendant les retours. Chapitre 6Un mur barrait le chemin. Un treillis de branches dense et compact. Dun essaya d’y aménager un trou, sans réussir qu’à se couper les mains. Aucun moyen de passer par-dessous non plus : les énormes racines qui sortaient à moitié de terre laissaient présager un sol touffu. Le poète décida de longer ce mur végétal. Il n’avait pas beaucoup d’autres choix, perdu au milieu du bois. La lumière passait de moins en moins bien à travers le feuillage au-dessus de sa tête, et Dun fut bientôt obligé de tâter constamment l’obstacle des mains. Les troncs devenaient plus chauds, comme battant de vie et de tiédeur animale. La sève semblait palpiter sous ses doigts. Comme le sang, qui giclait de la jambe de ce soldat bardé de vert, à moitié mort. Dun eut un sursaut de recul, horrifié par une vision malsaine. Une flamme apparut à quelques pas, dansant sur la mèche d’une bougie, elle-même sous cloche. L’homme qui tenait cet attirail adressa un sourire à Dun, et l’enjoignit de le suivre. Tous deux passèrent par une ouverture dans le mur, et marchèrent quelques pas jusqu’à une table rustique. L’homme posa sa chandelle et un regard amusé sur Dun. « Bienvenue dans La Bibliothèque. -C’est… c’est une bibliothèque ? -Non, ce n’est pas une bibliothèque, mais La Bibliothèque. -Ca ne peut pas être La bibliothèque, je n’en ai jamais entendu parler, même évoqué. -Justement. Si vous en aviez entendu parler, ce ne serait qu’une bibliothèque parmi tant d’autres. Mais celle-ci est inconnue, et donc La Bibliothèque. » Dun se retrouvait plus embrouillé par les paroles du bibliothécaire que par la perspective d’entreposer des livres en pleine forêt. Il s’imagina des mots de toutes les langues, gravées sur les branches filantes, à même les feuilles et les troncs. C’est avec curiosité qu’il accepta donc une autre chandelle, pour visiter cet étrange endroit. L’homme, qui disait ne pas avoir de nom, lui indiqua la direction des traités, des romans, des nouvelles et même des poèmes. Gardant le meilleur pour la fin, le poète se dirigea vers les essais, prêt à tenter de déchiffrer un obscur texte sur l’application martiale de l’élevage des huitres. Au final, le lieu ressemblait à une bibliothèque classique : les livres étaient posés sur d’épaisses branches, en ordre alphabétique. Il y avait de petits bureaux près de chaque tronc, avec une plume et un encrier plein. Dun remarqua l’enfant à l’arbre des M. Ratatiné sur une chaise, il portait un regard fiévreux sur un gros volume, la main gribouillant à côté des notes rapides. Dix ans, peut-être moins. Le poète s’approcha, et le gamin leva les yeux. « Je suis occupé. -Occupé à quoi ? -Occupé sur la question la plus importante de mon existence. Et bien sur aussi la question la plus importante de la linguistique moderne. -C’est-à-dire ? -C’est-à-dire que je n’ai pas le temps de bavarder. Je meurs ce soir. » L’enfant lui lança un regard énervé, deux brasiers plantés dans un visage maigre, et se replongea dans son étude. Il parcourait à une vitesse folle les pages, tandis que sa feuille se couvrait de notes. « Tu cherches l’origine des langues ? » Le gamin se retourna, surpris. Il jaugea Dun une nouvelle fois, le reconsidéra comme digne de conversation. « Oui, j’étudie les bassins de langage, et le différences de contenu d’une langue à l’autre. J’y suis presque ! » Il sautillait quasiment sur place, le désespoir disparu un instant de ses traits tirés. « C’est la plus grande découverte qui soit ! On expliquera jusqu’à l’origine des contes, de la poésie, de la magie, de la rhétorique ! » Et d’un coup, l’enfant se rembrunit. Parce qu’il ne verrait rien de tout cela. Il se contenterait d’ouvrir le chemin. « Pourquoi… commença Dun. -Une maladie. Je perds mes nerfs, je perds mes muscles. Le docteur m’a prévenu que je ne survivrais pas à cette nuit. » Maintenant, l’enfant regardait le poète, un peu gêné. « Est-ce que… vous pourriez aller me chercher un livre ? » Dun s’apprêtait à demander pourquoi, avant d’aviser les jambes du petit. Elles étaient ballantes sans aucun mouvement ni tressaillement. Alors il accepta, et partit chercher le gros relié, traitant des cultures maritimes et de leur langage châtié. Quand il revint, l’enfant dormait. Sa petite tête reposait doucement sur le volume, et sa respiration était calme, douce. Peut-être valait-il mieux le laisser ainsi, partir en paix. Mais Dun le réveilla gentiment, lui amena son traité, et fit même l’intermédiaire toute la nuit. Ils parlèrent continuellement, pour ne pas laisser un sommeil de néant s’abattre sur eux. Enfin, au petit matin, les rayons filtrait très légèrement parmi le tamis de feuilles. L’enfant avait les yeux tirés, et respirait avec difficulté. Un de ses poumons venait d’abandonner. « J’aimerais bien avoir quelque chose à graver sur ma tombe. » Il avait lâché cette phrase dans la pénombre, autant pour les arbres que pour Dun. Un vent de tristesse avait mouché les flammes dans les yeux de l’enfant, et il ne faisait plus qu’attendre, morose. Pris de pitié, le poète composa un haiku funéraire. « Jeune esprit tendu Vers vérité, connaissance. Jusqu’à la toute fin » Le texte était faible, minable. Inutile. Mais l’enfant accepta avec un sourire triste. Et en contrepartie, il griffonna sur un petit morceau de papier et le tendit à Dun. Cadeau d’un esprit à un autre. Quelques minutes plus tard, le bibliothécaire arriva. Sa chandelle semblait faible, en deuil. L’enfant reposait, appuyé sur la table. Il aurait pu dormir, si son visage n’était pas aussi livide, et sa poitrine immobile. Les deux hommes se regardèrent sans un mot, et Dun partit. Il aurait pu aider à enterrer le corps courbé. Il aurait dû. C’était ce qu’il fallait faire. Mais il n’en pouvait plus, il se sentait étouffé. Il se sentait mal, faible, minable, honteux d’être encore en vie. Il sortit de La Bibliothèque, et marcha sans s’arrêter, sans changer de cap. Au bout d’un moment, il sortit sur une clairière, et aperçut de larges nuages de fumée au loin. Dun s’en alla, tristement, repassant inlassablement le mot du gamin dans sa tête. Il allait devoir revenir à la civilisation.
|
| | | sombrefeline Héros Légendaire
Nombre de messages : 2284 Age : 38 Localisation : Le Grand Nord Loisirs : Ecrire, dessiner, coudre et taquiner ses semblables avec des bouts de métal coupant Date d'inscription : 21/04/2012
| Sujet: Re: La lame rimée Mer 10 Juil 2013 - 12:09 | |
| Chapitre 6 - Citation :
- sans réussir qu’à se couper les mains
« Et ne réussit qu’à se couper les mains » sonnerait mieux, je trouve - Citation :
- un obscur texte sur l’application martiale de l’élevage des huitres.
j’aimerai bien voir ce que ça donne, ça (un défi pour un prochain texte ?) - Citation :
- Dun remarqua l’enfant à l’arbre des M. Ratatiné sur une chaise, il portait un regard fiévreux sur un gros volume, la main gribouillant à côté des notes rapides
Je ne comprends pas ce que tu veux dire avec cette phrase. - Citation :
- le différences de contenu
les différences - Citation :
- le désespoir disparu un instant de ses traits tirés
disparut Alors, pour moi, c’est un très beau passage, peut-être l’un de tes meilleurs pour cette histoire. C’est très poétique, sensible et délicat et fort en émotion, tout en baignant dans un sentiment d’iréalité. J’adore l’idée de la bibliothèque dans la forêt, j’aimerai vraiment qu’un tel endroit existe. Pour moi, la seule chose que tu pourrais améliorer dans ce chapitre, c’est l’apparition du bibliothécaire et l’entrée dans la bibliothèque. Pour moi, c’est un peu trop abrupt, le gars arrive comme ça et Dun le suit sans se poser de questions. Je pense qu’il faudrait retravailler. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La lame rimée Dim 1 Sep 2013 - 22:49 | |
| Bon, bin j'ai rien loupé ici à ce que je vois. C'est quoi ce délire, il est où Dun? Rien à dire sur ce chapitre moi, c'était un de mes coups de cœur! |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La lame rimée | |
| |
| | | | La lame rimée | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|