Les eaux noires, la mère morte

Elle donna le jour
La tache acquittée, elle disparue

Les premiers mots
Les premières caresses
La suite d'une vie
Mon corps de femme
Elle offrit un billet sans accompagnateur
Place fumeur, coté fenêtre.

Les heures du jour
Les heures de nuit
Un enfant femme
Une femme enfant
échos sans réponses
aux cris noctambules
un berceau se perd
dans un océan
de muettes tempêtes

aux sirènes
je dois les berceuses
aux croques mitaines
le gout des hommes



parfois
je suis privée de sens
son ombre en moins
sur les lignes de ma main


devrais je
pour prolonger le chemin
devrais je
délester mon cœur de sa douleur?
Non
Je garde espagnole
Ma douleur et mes châteaux
Je danse espagnole
Fière
Je me tord sur de longues plaintes offertes au ciel

Les heures du jour
Les heures de nuit
Un cœur bat
Sans réponse
D'une fille sans mère
D'une fille sans enfant
Elle n'eut pas le courage
la force
Avec ses seules mains
De sculpter un autre héritage
La force de construire
Un mur d'amour
Bien à l'abris
De la vie


Elle est seule comme une île
Profite
Des vents chauds, des moussons
Des hardis voyageurs
Du chants doux des baleines
Elle est seule comme une ile

Autour de méridiens
Volent les papillons
Perdus en mers inconnues
Pleurent les sirènes
Ça cafouille sec dans les cartes marines
On y trouve
Des cœurs sans territoires
Des phares aveugles
des dieux incertains
des enfants sans rêves
et
une femme perdue
je répète
doucement:
elle est seule
elle est seule comme une île


Tu ne me tiens pas la main
Ni me précède
Ni me guide
Mon esprit brouille mon corps
Le temps lèche mon corps
C'est ivre que j'avance
Tu ne me tient pas la main
Je ne peux me faire une raison
Je ne peux me fabriquer une raison
Tant bien même pour me reposer

Dans cette vie de couleurs vives
Dans ce monde
Ou se mêle
Dans une même onde brouillée
le soleil des vivants au soleils des morts
Je sais
Je sais les derniers chemins
Planqués comme des brigands
Je sais
Que j'avancerais seule

Dans une vie presque carrée
Je goute aux mondes incognitas
J'aime le noir dans le jour
J'aime la nuit qui donne jour aux songes
J'aime les amis de la nuit
J'aime les familistères et les aquariums
Les transatlantiques
Les bars des transatlantiques
Les bars tout court
C'est souverain
contre le mal de mère

J'aime beaucoup!

merci
dans mon travail j'ai fait un choix assez abrupte de poésie libre et parfois d'inventer des mots (parfois je réinvente l'orthographe, mais là c'est absolument pas volontaire)