Un petit texte que j'avais écrit il y a un moment un soir de déprime... inspiré de ma vie, un soir où j'avais besoin d'exprimer ce qu'il y avait au fond de moi, par quelque moyen que ce soit.
C'est le texte de Morrigan qui m'a donné envie de le poster
J'espère que l'aspect "confidences" ne vous gênera pas trop !
Luciole
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Cette lettre, j'hésite à l'écrire. Pourquoi faire ? J'ai tellement besoin de te la donner, mais j'en serais à jamais incapable... alors à quoi bon écrire une lettre qui ne sera jamais lue ?
Peut-être pour faire face à mes sentiments pour une fois, à mes douleurs et à mes faiblesses... mes erreurs. Peut-être parce qu'en sachant que jamais tu ne la liras, j'arriverais enfin à sortir tout ce que j'ai au fond de moi et me torture depuis si longtemps.
Pour cela, j'aurais aimé la douceur d'une feuille et d'un stylo mais comme d'habitude les idées se bousculent et défilent dans ma tête plus vite que je ne pourrais jamais les écrire. Alors comme d'habitude, je prends cet ordinateur et je tape le plus vite possible pour suivre la fuite trépidante de mes pensées.
Il faut que j'arrête de parler. Il faut que je me taise, sinon je ne pourrais jamais rien dire. J'ai peur de te dire ces mots, peur de me les dire à moi aussi et de les reconnaître ailleurs que dans le fond de mon âme. Mais je dois le faire. C'est devenu nécessaire. Une question de survie.
Ca fait un an que nous nous connaissons. C'est bête à dire, mais pour moi c'est important : toute une année à te cacher ce que j'éprouve, ce que j'espère et ce que je crains. J'ai peur qu'il y en ait d'autres, et je sais qu'il y en aura d'autres. A cette idée, les larmes me montent aux yeux, symboles de mon impuissance à me vaincre moi-même.
Un an.
Un an.
J'avais choisis les arts martiaux, sans trop savoir pourquoi au départ, puis de plus en plus séduite par ce que j'y découvrais.
Quand je me suis présentée à ce professeur que je ne connaissais pas, dans ce dojo et ces autres membres encore inconnus, je tremblais presque de timidité.
J'ai toujours été comme ça : peur de ne pas plaire aux autres, peur de leur réaction... il y en a eu tant de... désagréables par le passé.
Je ne sais plus pourquoi tu as attiré mon attention ; peut-être était-ce ton regard. Il me fait le même effet à chaque fois que je le croise, même si aujourd'hui j'arrive à me mentir à moi même en me faisant croire le contraire.
Un regard curieux, intense, qui me donne l'impression de voir bien plus que ce que j'essaye de laisser paraître. Tes yeux noirs qui me regardent, souvent sérieux, parfois rieurs, quelques fois sombres... Ton regard est la première chose que j'ai retenue de toi, bien avant ton nom.
Pendant le cours, je pratiquais le plus sérieusement possible, complètement absorbée par ce que je découvrais. Mais, cette fois ci comme toute les autres, chaque fois qu'il y a eu une démonstration avec le sensei et toi, j'ai du faire un effort pour me concentrer sur la question... et non pas sur tes gestes.
A la fin, il y a eu des exercices à deux, et tu as été mon partenaire. Je me souviens encore de ce moment, peut être parce qu'il fut le plus difficile de toute cette journée : te regarder dans les yeux, sans ciller, pendant que je tentais d'exécuter un kata qui ressemblât vaguement à quelque chose.
C'est étrange : tu ne fais rien de particulier, tu n’as jamais vraiment cherché à attirer mon attention, et pourtant c'est comme ça : dès que je t'ai vu, tu m’as intriguée. Ca, et en même temps autre chose...
Tu m'as donné envie de mieux te connaître et de te montrer qui j'étais, alors que je ne savais rien de toi... Au début, j'ai pris ça pour une lubie, une folie, un flash, appelles ça comme tu veux.
Oserais-je te dire que je pensais à toi la journée, et encore la nuit ?
Et que je n'ai plus jamais réussis à m'en empêcher ?
Un an.
Un an que tu occupes mes pensées et que ton souvenir semble doué d'une volonté propre, à revenir parfois aux moments les plus imprévisibles...
Un an que je n'ose pas te dire ce que je pense si souvent...
Par malheur, je suis à la fois dotée d'une timidité maladive et de beaux principes auxquels je tiens. Surtout quand ils justifient lâchement ladite timidité.
Allais-je risquer de te dire que je pensais
parfois à toi, et que j'aimerais passer plus de temps en ta compagnie ? Allais-je te dire que je me sentais toujours un peu mieux en te voyant, même si la semaine avait été exécrable à en pleurer ?
Allais-je enfin te dire que si tu avais parfois l'air déprimé, et que tu avais besoin de parler à quelqu'un tu pouvais compter sur moi, quelle que soit nôtre relation ?
Non, car il n'y a jamais eu de relation... au début, j'ai été trop peureuse, trop lâche pour avoir le courage de la créer.
Par la suite, j’ai réagit comme si cela n’avait plus été possible.
Tu n’es pas quelqu'un de très communicatif ; moi j'ai besoin que les gens me rassurent pour aller vers eux. Il n'y a aucune faute à blâmer, seulement des regrets de ne pas avoir pris mon courage à deux mains à l'époque.
J'avais une bonne excuse à ça, que j'ai continué à utiliser quand le temps passait et me retirait la justification de la timidité : je ne savais pas si tu avais une copine.
Et si ça avait été le cas ?
Tu aurais refusé et pris tes distances, et c'était plus que je n'aurais pu en supporter. Encore aujourd’hui, je peux te voir en tant qu'ami, mais renoncer à toi totalement serait trop dur.
Et si tu avais eu des sentiments pour moi, quelle qu'ai été ta décision, je t'aurais rendu malheureux : soit parce que tu te serais sentit mal face à ta copine, soit parce que tu aurais rompu avec elle, et là, j'aurais rendu deux personnes malheureuses pour le seul bonheur de la mienne. Le comble de l'égoïsme.
Je n'ai jamais su si, effectivement ou non, tu étais en couple les trois premiers mois de notre... amitié, et si tu avais, ou as encore des sentiments pour moi.
Par la suite, je n'ai jamais osé te le demander, mais à l'issue de ces trois mois, une remarque me mis la puce à l'oreille : soit je n'avais jamais rien été pour toi, soit tu t'étais lassé d'attendre que ce soit moi qui fasse le premier pas...
J’avais deviné que tu commençais une relation avec quelqu'un d'autre.
Pendant deux autres mois, ça n'a été qu'un doute, que l'espoir déjà vacillant tentait d'étouffer.
Malheureusement, je ne suis pas née bête ; quand d'autres indices se sont montrés, j'ai été obligée de les voir, mes rêves et mes espoirs partant en lambeaux jours après jour.
Un jour, dans une conversation, tu as employé les mots "ma copine", en parlant de ton week end avec elle.
Sur le moment je n'ai rien laissé paraître, mais intérieurement ce fus un vrai déchirement, comme un coup de couteau dans mes sentiments, dans mes espoirs, dans ce que je taisais et que je n'oserais jamais dire.
Comme si tu avais déchiré une partie de moi qui ne parvenait pas à en guérir.
J’aurais voulu ne plus jamais avoir de sentiments pour quiconque, ne plus jamais rien ressentir, rester seulement un être d’insensibilité et de vide.
Naturellement, je me suis dit qu'il fallait me faire une raison : nous étions, nous sommes et nous resterons des amis. C'est ce que dit ma tête, mais le Cœur a ses raisons que la Raison ignore... et souvent, il reste sourd aux discours de cette dernière.
Que peut-on faire ?
Que peut-on faire quand un sentiment brûle en nous aussi fort, laissant des traces et des regrets qui jamais ne cicatriseront ?
On peut l'ignorer... on peut tenter de se convaincre qu'il n'existe pas...
Parfois, j'aurais aimé trouvé un moyen de le sortir de moi, comme si je pouvais plonger la main dans mon cœur et la ressortir en entrainant tout ce qui me faisait mal. Comme si j’aurais pu laisser couler ce poison hors de moi comme un mince filet de sang qui rapidement se tarit, pour laisser place à de nouveaux espoirs.
Si au moins j'avais été stupide, j'aurais peut être essayé de m'entailler le bras pour voir, mettant mon cerveau en veilleuse pour espérer que cela marcherait, comme une vraie tragédie hollywoodienne. Ensuite, je me serais rendue compte que cette idée aurait été tout bonnement stupide, et la douleur aidant, je me serais bien promise que l'on ne m'y reprendrait plus.
Malheureusement, mon cerveau refuse d'ignorer ce qu'il prévoit, et je n'ai jamais tenté l'expérience.
C'est plutôt une bonne chose pour mes bras, sauf que moralement, je ne suis pas plus avancée !
Qu'est ce que je pourrais faire d'autre ?
Nous sommes ce que l'on pourrait appeler des amis, au sens large du terme, car nous ne sommes pas spécialement proches.
J'ai cru ou sentit que pendant un moment tu étais gêné en ma présence, comme si j'avais laissé transparaitre ces foutus sentiments que j'étais résolue à cacher... Nous nous étions un peu rapprochés, amicalement parlant bien sûr, et nous nous sommes d'autant éloignés. Depuis, j'ai l'impression que ce n'est qu'une relation empreinte de circonspection, car tu crains que je puisse un jour te mettre dans l'embarras ; dans le même temps, j'ai le sentiment que tu ne me trouve pas vraiment intéressante, et ce, depuis le début...
C'est vrai que tu me comprends parfois assez mal, il faut dire que j'ai un humour pour le moins particulier. Un jour, il faudra vraiment que j'apprenne à m'exprimer clairement.
Mais je sais que nous ne sommes que des amis, et que tu aimes ta copine ; je ne t'en veux pas le moins du monde pour ça, à elle non plus bien sûr, au contraire, ça me fait plaisir de te savoir heureux, même si ce n'est pas avec moi.
Être des amis, c'est très bien aussi...
Je suis déjà passée à autre chose, et tu le sais. En tout cas, je fais comme si. Mais c'est parfois très dur de ne pas revenir en arrière, et de ne pas penser à ce monde entier de "Et si..." tapis dans un coin de mon esprit.
Je ne sais pas si je trouverais jamais le courage de te faire lire ces lignes un jour, ou si par hasard ou circonstances, tu tomberas dessus sans que je le sache. Si c'est le cas, je tiens à te dire deux choses :
La première serait de ne pas t'effrayer devant la nature et la longueur de ces confidences... je suis d'un tempérament passionné, et il faut croire que les sentiments ne font pas exception à la règle.
La seconde serait que je ne m'excuserais pas pour tout cela. On peut être maître de ses pensées, de ses peurs, de ses désirs... mais je n'ai jamais rencontré quiconque qui ai jamais été véritablement maître de son amour.