La lettre de rupture.

Elle aime le thé. Blanc de préférence. Je préfère le thé vert. Elle aime la cuisine italienne aussi. Les lasagnes sont son plat favori. Je préfère les spaghettis bolognaises. Elle boit, de préférence, des Piña Colada. Je préfère le blue Hawaïan. Dans les deux on trouve de la noix de coco. Elle est rousse, naturellement. Moi, j’ai dû tricher un peu. Elle est grande et fine ; elle se déplace comme un félin. Je ne suis pas petite et je fus svelte aussi ; une vraie panthère, comme tu disais… Elle est charmante, enthousiaste, pleine de vie… Sa voix est chaude et velouté. Elle a un rire léger communicatif.
Bref, nous sommes la même, ou presque.
La différence, c’est une quinzaine d’année, quelques rides, et deux enfants.
Je te comprends tu sais. Moi aussi, il y a quelques mois, je t’ai retrouvé dans les traits d’un beau jeune homme dynamique et enjoué. Il m’a parlé, sourit, charmé. Je lui ai montré mon alliance. Il a sourit, comme si de rien n’était et j’ai du lui faire comprendre que, pour moi, ça voulait dire quelque chose. Ça n’a pas été facile, tu sais. Mais il est parti, frustré. Je ne l’ai plus revu, je ne suis pas retournée dans ce café.
Ton alliance, moi, je l’ai trouvé, au fond de ton tiroir, au milieu des chaussettes. Les facturettes de ce petit restaurant où tu l’as rencontré pour la première fois gonflent ton portefeuille depuis plusieurs semaines déjà.
Je n’ai rien dit, jusque là, à cause des enfants.
Mais nous avons juré, t’en souviens-tu ? Nous avons dit devant ce prêtre que nous nous aimerions, nous chéririons et nous serions fidèles jusqu’à ce que la mort nous sépare…
Or, aujourd’hui, tu m’as tué.
Des conférences à Paris qui nécessitent des nuits d’hôtel à Strasbourg, j’en connais peu, tu vois.

Tu trouveras une clef au fond de l’enveloppe, elle correspond à un casier à bagage, à la gare. Tu y trouveras tes affaires.

Je ne te dis pas « au revoir ».
Je n’ai pas envie de te revoir.

Je n'ai pas trop accorché au début mais je trouve que la fin est magnifiquement amenée

J'aime beaucoup, j'espère juste que ce n'est pas vrai ^^

Et pourquoi il la trompe à Strasbourg (pffff )

Je suis un peu comme Ultuant, je trouve qu'au début, les comparaisons sont trop pointues: tu devrais commencer par le général et aller vers le détail, dire que physiquement elles se ressemblent, puis ensuite qu'elles ont un peu les mêmes gouts (ou pas). Mais j'aime beaucoup ton pivot : "La différence, c’est une quinzaine d’année, quelques rides, et deux enfants." Là, tout de suite, tout change. Peut-être une emphase ? genre : "La différence, c’est une quinzaine d’année, quelques rides, et deux enfants. Tes enfants."
Juste une idée comme ça.
Et la fin me plait. C'est froid, c'est douloureux, et c'est réaliste.

C'est que je voulais que la lettre soit très concise et qu'en quelque mot, la femme fasse comprendre à son mari que non seulement elle sait, mais qu'en plus elle sait de qui il s'agit... et qu'elle la connait. Elle ne dit pas comment elle la connait, c'est volontaire. Elle veut qu'il doute. C'est une manière de se venger.

C'est tellement féminin ^^ Encore faut-il que l'homme comprenne la subtilité de la vengeance, moi je reçois la lettre, je suis pas sur que j'y lirais tout ça

Je crois comme MRempp, je ne sais pas s'il va douter. Etre triste, faché ou surpris, sans aucun doute mais douter cela reste à voir

J'aime beaucoup. Très féminin en effet!

C'est le genre de crasse que j'écrirai bien! (si vous me permettez l'expression.)

Mais, bizarement, je préfère qu'elle commence direct dans le détail plutôt que dans le général. Je sais pas, ça change un peu. On dirait qu'elle lui rentre direct dans le lard, c'est plus... Naturel je dirais.

je vois qu'on se comprend Yon

Je vous rassure, ce n'est pas du vécu

Ben, oui, c'est tellement ça...

Ben dis donc... C'était superbement écris !

Même si je n'aimerais ni écrire pareille lettre, ni la recevoir...

rhaa que c'ets jolie, enfin l'écriture est jolie^^

tu as fait naître le doute et cela est très compliqué enfin je trouve(Dedicasse a david eddings^^)

J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser de cette lettre... C'est une drôle de façon d'annoncer à son mari qu'on sait qu'il nous trompe.

Je ne suis pas arrivé à saisir le caractère vindicatif... La femme ne lui dit rien de blessant ; rien de méchant ; juste qu'elle n'a plus envie de le revoir.

...

Je ne suis peut-être pas assez subtil pour ressentir ce qu'il faut ressentir ici.

Moi j'adore les deux dernières phrases :
"Je ne te dis pas « au revoir ».
Je n’ai pas envie de te revoir."

C'est très incisif ça

Ah... Je dois être trop cruel, alors, pour les trouver incisifs.

Non, mais si la femme voulait vraiment se venger de quelque chose, elle l'aurait blessé là où ça fait mal ; sur des complexes du mari ; ou bien vanter la fidélité qu'elle a eu envers lui ; combien elle s'inquiétait de ses départs à Strasbourg / Paris et qu'elle se sentait seule ; qu'elle le fasse culpabiliser ; ou alors, pour le faire douter, elle devrait faire juste allusion aux tasses de thé blanc ; lui proposer des lasagnes à tous les repas ; histoire qu'il se demande si ce sont des coïncidences ou si elle sait.

Au fond, je trouve que cette lettre est polie, gentille et juste fraîche. Si j'étais ce mari, je trouverais que je ne m'en sors pas à si mauvais compte pour avoir été infidèle...

Hakkrat a écrit:

Non, mais si la femme voulait vraiment se venger de quelque chose, elle l'aurait blessé là où ça fait mal ; sur des complexes du mari ; ou bien vanter la fidélité qu'elle a eu envers lui ; combien elle s'inquiétait de ses départs à Strasbourg / Paris et qu'elle se sentait seule ;

Ce serait un signe de faiblesse.

*digne*

Être honnête, ce n'est pas être faible ; montrer qu'on a été faible, ça demande bien plus de courage que de nier qu'on l'a été.

Enfin, je trouve... ^^

Allô!!!

On parle de rupture!!!!
On est JAMAIS honnête lors d'une rupture!!!!

Et pourquoi pas? C'est injuste de ne pas être honnête.

Heu... je fais un sujet de discussion sur l'honnêteté dans le flood?

ultuant a écrit:

Et pourquoi pas? C'est injuste de ne pas être honnête.

C'est le principe.

Rompre est injuste.

Surtout dans le cas de cette lettre.

Décidément, les récits contemporains sont sujets à débats... ^^

Puet-être que Kalystah peut nous éclairer ? Qu'a-t-elle voulu faire ressortir ?

Pour écrire cette lettre, je me suis mise dans la peau d'une femme qui songe que décidemment, trop, c'est trop. Elle savait que son homme fréquentait une autre femme. Elle se doutait que son mari avait sans doute des relations adultères avec elle, mais elle n'avait pas de preuve et préférait donc, pour préserver ses enfants, faire comme si de rien n'était. Mais voilà, elle finit par trouver une preuve... Et, mise dos au mur, face à la réalité, elle craque. Et elle réalise qu'elle ne pourra pas supporter de le croiser à nouveau. Craint-elle de se montrer violente (par les mots ou carrément par les gestes)? As-t-elle peur d'une scène de ménage devant ses enfants? Refuse-t-elle de prendre le risque de l'entendre s'excuser? Je laisse cela volontairement dans l'ombre. Pour interpeler le lecteur.
En ce qui concerne la vengeance, on peut y voir là quelque chose de pas bien méchant. Mais je n'ai jamais dit qu'elle était méchante cette femme. Juste qu'elle désirait rompre avec son mari et que la méthode qu'elle avait choisit, c'était la lettre.

Après, il faut savoir que lorsque j'ai écrit ce texte (dans le cadre d'un mini concours entre amis), je ne m'étais pas posé toutes ces questions. Et je vous remercie de m'aider à approfondir ma réflexion. J'entrevois d'ailleurs déjà quelques possibilités intéressantes... [une nouvelle qui débuterait sur une lettre de rupture presque pas méchante... un homme qui quitte son foyer en se disant qu'il lui suffit d'attendre qu'elle se calme... un homme qui se voit apporter une demande de divorce à ses tords... parce qu'il est adultère et ... qu'elle a des preuves, des photos prises par un détective... un homme qui se voit enlever ses enfants sans grand espoir d'obtenir la garde à cause d'une greluche qu'il n'aimait même pas... ] La question, c'est : comment rédiger ça sans tomber dans le grand classique???

kalystah a écrit:

La question, c'est : comment rédiger ça sans tomber dans le grand classique???

C'est là le problème... Peut être tu pourrais essayer de laisser tomber le détective (un peu trop cliché à mon goût) et trouver quelque chose de plus subtil ou de plus surprenant ?

Enfin, je dis ça... C'est vrai que c'est pas facile.

oui, c'est clair que le détective c'est pas une super idée

Sinon, j'avais pensé à construire la nouvelle uniquement sous la forme de lettres ou d'échanges écrits.

Alors là, c'est à toi de peser le pour et le cotre celon ce que tu veux faire.

Les lettres c'est stylé, mais avec beaucoup d'inconvénients. C'est à toi de voir si l'histoire se raconte mieux comme ça.

Tu pourrais durant la nouvelle, appuyer sur les sentiments de remods du mari alors que sa femme se bute de plus en plus contre lui. Ou alors que le mari se lève contre sa femme, ressort des vieux dossiers pour obtenir la garde de ses enfants (alcoolique, folie...)
Bon c'est encore un peu cliché mais moins