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| Sujet: Le cercle des loups Mar 7 Mar 2017 - 18:15 | |
| - Le cercle des loups:
Le cercle des loups
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Rudy rassembla ses moutons et les ramena avec l'aide de son fidèle berger australien Babou à la bergerie. Son domaine s'étendait sur une grande plaine aux abords des Alpes suisses et était entouré d'une immense forêt domaniale. Ses montagnes enneigées en leur sommet, ses falaises escarpées ou nichaient aigles et autres rapaces, sa faune particulière qui avait été protégée des impactes humaines sur la nature lui donnaient une allure des plus singulières. Rudy vivait seul avec son chien et ses moutons depuis que sa femme Huguette était décédée d'un cancer du sein. Elle avait été enterrée dans sa ville natale, une petite bourgade de deux mille habitants dans le jura. Elle y avait tenu la ferme de son père pendant cinq ans avant de rencontrer son mari où elle le suivit pour vivre avec lui. Rudy allait lui rendre visite régulièrement depuis. La nuit, il aimait à s'endormir au chant des sauterelles ou bien à être bercé par les pluies qui étaient constantes dans la région à cette période de l'année. Une fois qu'il eut mis ses moutons à l'abri, il retourna chez lui et se mijota une bonne omelette aux champignons qu'il fit revenir à l'huile. Une fois son repas achevé, il regarda un peu la télévision avant de s'endormir devant son poste, affalé, la bière à peine entamée toujours à la main. La nuit était calme et paisible jusqu'à ce que les bêlements agités des ovins viennent perturber cette tranquillité. Les cris apeurés des pauvres bêtes et les aboiements alarmants de Babou réveillèrent le berger qui s'empressa d'aller voir ce qui se passait, le fusil chargé à la main. Il ouvrit l'enclos et là, il constata avec stupeur qu'un de ses moutons avait été mordu au cou et saignait abondamment. Ne voulant pas que la bête souffre d'avantage, il lui logea une balle en pleine tête. Il sortit ensuite ; « sors de là monstre, si tu es encore là ! Ma vieille pétoire doit te remercier comme il se doit ! Hurla-t-il en scrutant les alentours. Il regarda bien autour de lui et faillit repartir dépité lorsqu'il aperçut tout à coup deux énormes yeux jaunes luisant sous la lumière de la pleine lune l'observer. Il arma son fusil et tira en direction du bosquet, là où se trouvait la bête. Il manqua sa cible et l'animal prit fuite. Rudy aurait pu en rester là mais sa conscience lui disait de venger la mort de son pauvre animal alors il fonça en direction des bois. Il hurlait, vociférait après la créature. Soudain, la bête apparut devant lui ; c'était un énorme loup blanc. La créature grogna, montra les crocs en tentant d'intimider le berger. Ce dernier commençait à regretter d'avoir voulu poursuivre la bête et tremblait de tout son corps. Il tenta de recharger son arme, mais parcouru de tremblements nerveux, il avait du mal à mettre la cartouche. Le loup profita que l'homme soit occupé avec son fusil pour lui bondir à la gorge. Rudy tomba à la renverse, se protégea instinctivement avec son bras que le loup saisit de sa mâchoire. Rudy poussa un hurlement de douleur. Il repoussa son assaillant en lui assénant des coups de poing sur la truffe et le loup finit par lâcher prise et s'enfuit. Rudy voyant qu'il perdait beaucoup de sang s'appliqua un garrot à l'aide de sa chemise et courut appeler les secours. Il composa le numéro et patienta. Quand il eut enfin quelqu'un au bout du fil, il s'empressa de leur expliquer la situation. Une fois que cela fut fait, on lui confirma l'envoie d'un véhicule. Vingt minutes plus tard, les pompiers arrivèrent à son domicile et deux hommes frappèrent à sa porte. Rudy se leva du fauteuil, se tenant le bras toujours ensanglanté. Il ouvrit la porte et voulut faire entrer les deux hommes mais ceux-ci lui dirent qu'il n'y avait pas de temps à perdre. Arrivé à l'hôpital, on le conduisit directement au bloc opératoire où il dut patienter jusqu'à l'arrivé d'un chirurgien. Ce dernier étant déjà occupés avec un autre patient Rudy devait attendre son tour. Au bout d'une demi-heure, on envoya enfin quelqu'un s'occuper de lui. « Bonjour cher monsieur, je me présente, je suis le chirurgien Montignac chargé d'opérer la morsure que vous avez au bras. Qu'est-ce qui vous a mordu ? — Un loup — Un loup ? Voilà qui n'est pas banal. C'est la première fois que je vois un tel cas...Bon cessons ces palabres inutiles et commençons ce pourquoi nous sommes là » Le chirurgien sortit une grosse seringue et piqua son patient à l'épaule lui injectant le produit anesthésiant. Il prit soin de nettoyer la plaie, prit ensuite ses outils et s'affaira à recoudre le trou béant que la bête lui avait laissé en souvenir.
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Rudy dut ensuite attendre que l'anesthésie ne fasse plus effet. Il attendit, attendit longtemps ; tellement longtemps qu'il finit par s'endormir. Là, il fut plongé au beau milieu des bois. Il était seul dans cette immense forêt de sapins, si seul. Il ne pouvait cependant s'empêcher de se sentir épié, sentir un regard posé sur son corps nu, car oui il était nu. Soudain, il perçut comme une présence derrière lui. Il se retourna et poussa un hurlement de terreur. Il se réveilla en sursaut, soulagé de n'avoir que rêvé. Il essaya de bouger le bras et voyant qu'il le pouvait, appela un infirmier en appuyant sur le bouton situé à côté de son lit. On vint le voir, regarda si tout allait bien puis on le libéra après lui avoir annoncé qu'on lui retirerait ses fils dans quelques jours. On le raccompagna ensuite chez lui où il alla se coucher. Non loin de là dans la petite ville d'Engelbach, un couple de personnes âgées se promenaient, déambulaient dans les rues étroites et désertes. Ils marchaient main dans la main, regardaient les devantures des boutiques éclairées par les enseignes à néons. Il s'arrêtèrent un instant devant une boutique de robes de mariée, admirant les quelques unes présentées en vitrine. La fille des Haubois,une famille très appréciée de la ville pour sa grande générosité et son dévouement (c'était eux qui avait organisé le grand marathon de l'année dernière et ramassé les fonds pour l'association La main de l'ange pour les handicapés tétraplégiques), allait bientôt épouser un jeune homme de bonne famille. Il était un brin trop pédant et trop sûr de lui au goût de monsieur Haubois mais il avait une bonne situation financière, ayant repris l'usine de textile de son père. Monsieur et madame Haubois restèrent donc là un petit moment, captivés par la beauté et l'élégance des robes quand soudain Monsieur commença à sentir un léger frisson. « Brrr, fit-il. — Tu as froid ? demanda madame Haubois — Tu n'as pas senti ce courant d'air glacial ? lui répondit son mari. — Tu veux rentrer ?
— Oui, il commence à se faire tard de toute manière » Et ils partirent. Sur le chemin du retour, monsieur Haubois avait la désagréable impression que quelqu'un le suivait et il n'avait pas tout à fait tort, mais ça il allait le découvrir bien trop tard. Ils se dépêchèrent de rentrer à la maison. Une fois chez eux ( il était vingt et une heures ) madame fit mijoter un bon ragoût tandis que monsieur lisait sa revue quotidienne sur la pêche. Après avoir mangé, il regardèrent à la télé une vieille série des années 60 qui avait été tournée dans le jura ; ça parlait de l'amitié entre un petit garçon et un chien. Au bout d'une heure de film, monsieur Haubois jugea qu'il était trop fatigué pour continuer le feuilleton ; ainsi lui et sa femme allèrent se coucher. Dans la chambre, monsieur Haubois ayant un coup de chaud eut la malheureuse idée de laisser la fenêtre ouverte. Ils allèrent ensuite se blottir sous les couvertures où Madame lut un livre. Non loin de là, une ombre errait dans les rues observant la fenêtre toujours ouverte. Elle resta là à observer, attendant que les lumières s'éteignent. Madame Haubois commençant à sentir la fatigue la gagner, posa son livre sur la table de chevet et alla éteindre la lumière. Et l'ombre ici-bas se mit en mouvement. Elle escalada la façade lentement et prudemment afin de ne réveiller personne. Elle prit appui sur le rebord de la fenêtre, regarda le couple dormir puis entra. Elle s'approcha de l'homme croyant que ce dernier dormait à poing fermé. Monsieur Haubois ne put s'empêcher de ressentir la présence de l’intrus, il ouvrit les yeux et voyant ce qui se tenait à son chevet, il eut envie de pousser un hurlement mais tout ce qu'on entendit et vit c'était l'énorme mâchoire sous le clair de lune se refermer sur le malheureux. La chose ensuite disparut dans la nuit avec sa proie. Le lendemain, Madame Haubois découvrit avec horreur l'énorme tâche de sang et le corps manquant de son mari et s'évanouit.
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A la gendarmerie, on décrocha le téléphone et ce fut une femme en sanglot et paniquée qui répondit. Elle tenta d'expliquer ce qui se passait mais tout ce qu'on comprit dans ce charabia furent les mots « disparu » et « sang ». On demanda à la personne de reprendre son calme et de réexpliquer la situation. Madame Haubois parvint à se calmer et après avoir sécher ses larmes raconta aux autorités ce qui s'était passé. On envoya alors l'inspecteur Maurel ainsi que trois policiers à son domicile. Là, l'inspecteur s'installa dans le petit salon avec madame et sortit un petit carnet ainsi qu'un stylo pour prendre des notes, il se rendit ensuite dans la chambre où s'est passé le drame, accompagné de deux gendarmes. Ils fouillèrent la pièce à la recherche d'empreintes, prirent un échantillon du sang coagulé sur le lit et l'un des agents trouva même un poil qu'il prit avec une pince à épiler et mit dans un sachet en plastique. Une fois qu'ils eurent terminé, ils redescendirent au salon où Maurel remercia une dernière fois la pauvre madame Haubois de les avoir contacté et ils prirent congé. De retour au poste, on confia les échantillons à Elise la scientifique qui, avec l'aide de son équipe, s'empressa de les analyser. Quelques heures plus tard, Elise eut enfin les résultats qu'elle voulait. Ce qu'elle découvrit la stupéfia et elle courut avertir l'inspecteur de son étrange découverte. « Inspecteur ! Inspecteur ! Cria-t-elle en courant, les résultats à la main. — Calmez vous mon enfant, on dirait que vous avez vu un fantôme ou échappé à un dégénéré, répondit Maurel. — J'ai des nouvelles concernant les analyses de vos échantillons et l'une d'elle est des plus bizarres. — De quoi s'agit-il ? Demanda Maurel. — Il s'agit du poil que vous avez trouvé, répondit Elise. Je l'ai comparé avec d'autres dans la base de données, d'abord avec des cheveux mais rien ne correspondait puis j'ai tenté avec des poils d'animaux et c'est là que j'ai fait une étrange découverte. — Et quelle est-elle ? Demanda Maurel d'un air suspicieux. — Eh bien votre poil, c'est un poil de canis lupus. — Quoi ?! Vous voulez dire que c'est un loup qui a attaqué et emporté le corps de ce pauvre Monsieur Haubois ? Dit Maurel avec grand étonnement. — Oui, c'est cela même, un loup. Je sais que cela paraît complètement dingue mais c'est pourtant le cas. Refaites une deuxième analyse, je veux en être sûr.
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Rudy se leva vers dix heures du matin avec un énorme mal de crâne et un drôle de goût dans la bouche. Il sortit de son lit et se rendit à la salle de bain où il se regarda dans le miroir. Du sang avait coulé puis séché sur le coin de ses lèvres. La chose le stupéfia. Il se demanda d'où pouvait bien provenir ce sang mais il ne se rappelait même pas de ce qu'il avait fait la veille ; dans son esprit un vrai trou noir, le néant. Il tenta tout de même de se remémorer la journée d'hier mais sans grand succès. Tout ce dont il se souvenait, c'était qu'il avait été attaqué par un loup qui s'en était pris à l'un de ses moutons. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il remarqua bien tard l'énorme tâche de sang sur sa belle chemise bleue et blanche à carreaux. Il voulut savoir d'où provenait également tout ce sang puis par peur de la réponse, il s'en abstint. Il s'empressa de mettre sa chemise à la machine, décida qu'il valait mieux oublier cette histoire. Et puis c'était sûrement rien de grave, peut-être le sang du mouton qui avait été tué. Il prit sa douche puis descendit prendre son petit-déjeuner. Après qu'il eut fini, il partit mener son troupeau en pâture à quelques lieux de là. Il observa un instant les alentours puis hurla : « si tu oses venir, je te butte ! » à qui voudrait bien l'entendre mais il s'adressait surtout au loup, cette bête maudite. Il remplit l'abreuvoir puis décida d'aller faire un petit tour en ville. Il se promena tranquillement, fit le tour des magasins et s'acheta même quelques habits avec l'argent de ses économies. Il salua Madame d'Auvergna la boulangère et commanda deux, trois croissants et un petit café qu'il but, assis sur un banc dans le parc d'en face. Il avait l'air si paisible quand tout à coup, sans pouvoir s'expliquer pourquoi, il ressentit comme une certaine anxiété. Son bras commença même à le démanger sérieusement et il ne pouvait s'empêcher de se gratter. Il avait comme une désagréable intuition ; l'intuition que quelque chose de mal se tramait mais sans pouvoir dire quoi. Il finit son sandwich puis se leva.
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Rudy se surprit à accélérer le pas, la boule au ventre. Il entendit un bruit assourdissant juste derrière lui et se retourna brusquement pour voir d'où cela venait, le regard plein d'effroi. Il fut soulagé de constater que tout ce vacarme avait été provoqué par un chat caché derrière les poubelles. Cependant, il n'était toujours pas rassuré, il sentait comme une ombre néfaste planer autour de lui. Il pressa le pas quand il fut soudain accosté par trois loubards. L'un d'eux, le plus costaud tenait une grande barre de fer entre les mains quand aux deux autres, ils étaient munis de canifs et de couteaux. Ils encerclèrent Rudy et l'un d'eux lui lança : « il se fait tard pour traîner en ville, cul-terreux. Ne sais tu pas que la nuit les rues nous appartiennent ? — Non, répondit Rudy. Désolé, de toute façon je rentrais. — Oh mais ne sois pas pressé. Il faut d'abord que tu payes ton droit de passage. — Je...je n'ai pas d'argent sur moi, balbutia Rudy. — Pas d'argent ? dit celui qui tenait un couteau. Tu te rends compte qu'on ne peut pas te laisser passer comme ça ? — Je n'ai rien je vous dis ! Rudy sentait la peur monter en lui. Il haussa le ton pour cacher son angoisse. — Mais c'est qu'il se rebelle, le cul-terreux. Tiens, prends donc ça pour te calmer » l'homme lui assena un coup violent avec sa barre et Rudy hurla de douleur. Les deux autres s'amusèrent à le pousser. Il tenta la fuite mais l'un de ses ravisseurs lui fit un croche-pied et il tomba à terre. Un autre le releva et lui donna un coup de poing en pleine mâchoire. Rudy sentit alors monter l'adrénaline. Il commença à voir rouge, ensuite plus rien. Quand il reprit conscience, il regarda autour de lui, perplexe. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler ce qui s'était passé. C'est là qu'il remarqua deux de ses racketteurs par terre, gisant dans leur sang, complètement éventré. Rudy courut chez lui à toute vitesse, horrifié par ce qu'il venait de voir. Une heure du matin, le téléphone sonna chez l'inspecteur Maurel.
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Maurel arriva sur les lieux du crime où les deux victimes baignaient encore dans leur sang luisant au clair de lune. Il fit signe au médecin légiste de venir analyser la scène pour découvrir ce qui avait tué nos deux hommes. Maurel en profita pour inspecter les lieux à la recherche d'une éventuelle arme du crime quand il s'aperçut que quelqu'un les observait. Il interpella l'individu mais ce dernier prit la fuite. Deux des policiers sur place furent envoyés à sa poursuite. L'homme courut, jeta le couteau qu'il tenait à la main au coin d'une ruelle, tourna à gauche et se retrouva dans un cul-de-sac. « Rends toi, tu es cerné ! Lui cria-t-on. — Tu n'as nul part où aller ! Dit l'un des gendarmes » Le fugitif regarda autour de lui à la recherche d'une issue, paniqué mais trop tard les forces de l'ordre étaient déjà sur lui. Ils le plaquèrent au sol et lui passèrent les menottes. Ils le ramenèrent au poste afin qu'il y soit interrogé. Maurel entra dans la pièce dans la pièce et posa sur la table le sachet contenant le couteau que l'un des policiers avait ramassé et demanda : « alors ? Expliquez nous. — J'ai...j'ai rien fait, bégaya l'homme qui avait l'air inquiet. — Rien fait ? Et ça c'est quoi ? Dit Maurel en montrant le couteau. On l'a retrouvé pas loin de la scène du crime. C'est avec ça que tu les a tué ! — Non...j'ai rien fait...ce..ce n'est pas moi ! Répondit l'homme paniqué — Dis nous la vérité, commença à s'impatienter Maurel. Je suis sûr que si on prélève les empreintes sur ce couteau, ce seront les tiennes. — D'accord, je vais parler mais vous ne me croirez pas. — Dites toujours. — C'était cet homme, il...il avait des griffes et son visage, il était couvert de poils et ses dents...On aurait dit un véritable animal. — Un homme avec des griffes qui ressemble à un animal ? Tu te fous de moi ? Demanda Maurel qui commençait à s'énerver. — Mais c'est la vérité. Il faut me croire, supplia l'interpelé. — C'est ce que nous verrons, de toute façon les empreintes ne mentent pas. Pour le moment vous restez en garde à vue le temps que l'on démêle le vrai du faux. Maurel appela l'un des policiers qui regardaient l'interrogatoire à l'abri derrière la vitre et lui ordonna de ramener le suspect dans sa cellule.
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Rudy était rentré chez lui en toute hâte. Il s'était barricade et rendu aux toilettes afin d'y vomir ses tripes. La scène qu'il avait vu là-bas l'avait profondément dégoûté et choquée. Il resta assis sur son lit, à essayer de se remémorer ce qui s'était passé mais rien, dans son esprit toujours le trou noir. Cela faisait la deuxième fois que cela lui arrivait, la dernière c'était quand il s'était retrouvé la chemise en sang. Il voulut appeler les autorités mais comme il n'arrivait à se souvenir de rien, il décida que cela était inutile. Il ne bougea pas de sa chambre et attendit de tomber de sommeil.
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La nuit s'était installée en douceur sur la paisible ville d'Engelbach et dans les chaumières on dormait sur ses deux oreilles. Seul une bande de jeunes jouaient encore devant leur immeuble sur le parking. Ils étaient tellement occupés à s'amuser qu'ils ne ressentaient pas le danger qui plantait sur eux. Leurs cris joyeux, tout ce chahut, avaient attirété l'attention de quelque chose; quelque chose qui les observait, caché au coin d'une rue. La chose attendit, se détectant du spectacle et s'en léchant les babines. Elle se rapprocha, sournoise, de sa proie qui n'avait pas encore remarqué sa présence. Elle s'approcha encore plus près, cachée par les voitures garées là sur le parking. Deux des enfants jouaient au ballon et l'un d'eux envoya la balle au-delà du parking. Le plus jeune ( sûrement ) courut après. Il disparut derrière une Opel Astra. On attendit qu'il revienne quand soudain on entendit un hurlement puis plus rien. Les jeunes se précipitèrent pour voir ce qui était arrivé à leur ami, s'arrêtèrent brusquement, le regard horrifié face à la scène qui se déroulait devant leurs yeux. Leur ami venait d'avoir le bras arraché et s'en tordait de douleur. L'un des enfants réussit enfin à demander ce qui s'était passé. "Monstre! Monstre! parvint à articuler le jeune, pleurant à la mort. Le plus grand du groupe partit chercher de l'aide auprès des adultes.
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Le lendemain matin, Rudy se réveilla avec encore un mal de tête. Il se rendit à la salle de bain prendre un cachet pour la tête. Il ouvrit l'armoire à pharmacie et prit la boîte d'aspirine. En refermant la porte, il poussa un cri de surprise. Son visage était couvert de poils. Il se frotta les yeux, regarda à nouveau, rien. Il remarqua ensuite, horrifié, le sang sur ses vêtements. Il était terrifié, ne savait plus quoi faire. Il tremblait nerveusement, angoissé. Il réfléchit un instant puis convint que le mieux à faire était d'appeler les gendarmes car même s'il était coupable de quelque chose, il voulait que tout s'arrête. Il aurait pu fuire loin de tout ça mais il était trop honnête. Une demi-heure plus tard, l'inspecteur Maurel accompagné de ses gendarmes sonna à la porte. Rudy ouvrit la porte et Maurel voyant l'homme tâché de sang comprit pourquoi on l'avait appelé. Il conduisit Rudy jusqu'au fourgon afin qu'il puisse y être interrogé comme il se doit. Au poste, on lui demanda de se changer, lui donnant une tenue à mettre. Puis on envoya ses vêtements à la scientifique afin qu'elle y analyse le sang. Maurel conduisit le berger à l'interrogatoire. Ils entrèrent dans la salle et Maurel le fit asseoir. "Alors, racontez moi, d'où vient tout ce sang. — Je l'ignore, répondit Rudy décontenancé — Vous l'ignorez ? — Oui. Tout ce que je sais c'est que j'avais du sang sur mes vêtements ce matin. J'ai essayé de me souvenir mais rien à faire. — C'est problématique, affirma l'inspecteur Maurel. Bon, de toute manière nous avons envoyé vos habits à l'analyse, nous saurons très rapidement d'où vient ce sang. En attendant vous restez avec nous.
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Deux heures passèrent et Rudy commençait à s'impatienter. Il tournait en rond dans sa cellule quand Maurel vint le voir, un café à la main. « Tenez, dit l'inspecteur. — Merci, répondit Rudy. Où vous en êtes avec vos recherches ? Vous avez découvert quelque chose ? — Pas encore, cela prend du temps. — C'est long, grogna Rudy — Il faut être patient, notre scientifique fait au mieux » Sur ces mots, Maurel lui tendit la tasse puis repartit dans son bureau. Il avait beaucoup de paperasse qui l'attendait. Il sortit d'un carton une pile de feuilles, toutes des plaintes quand un gendarme frappa à la porte. « Monsieur ? demanda le gendarme. — Qu'y a-t-il ? répondit Maurel. Ne voyez vous pas que je suis occupé ? — C'est urgent. Ça ne peut pas attendre. — Qu'est-ce qui peut être si urgent ? — Ça concerne un drame qui s'est passé cette nuit, je pense que ça a un rapport avec notre homme. — Un drame ? demanda Maurel, surpris. — Oui, un gosse a eu le bras complètement arraché. On l'a transporté à l'hôpital. — Comment ? Pourquoi ne suis-je au courant que maintenant ? — C'est que vous étiez tellement occupé avec votre affaire, je pensais pouvoir prendre ça en charge. — Mais vous vous rendez compte ? s'offusqua Maurel. Cela a sûrement un rapport avec notre homme. Bien sûr que oui. Allez me le chercher. Tout de suite ! — Très bien monsieur, je cours monsieur » Le gendarme partit chercher Rudy pour l'amener en salle d'interrogatoire. Rudy dut attendre, stressé, qu'on vienne le voir. Dix minutes plus tard, Maurel entra dans la pièce. « Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Rudy un peu énervé. — J'ai une mauvaise nouvelle. Nous avons retrouvé un gamin, privé de son bras. — Son bras ? Rudy commençait à paniquer. Et qu'est-ce que...qu'est-ce que cela à voir avec moi ? — Le sang sur vos vêtements. Les deux sont peut-être liés. — Mais...jamais je n'aurais fait une chose pareil. En réalité, il l'ignorait puisqu'il ne se souvenait de rien et c'est ça qui l'effrayait. — Et comment pouvez-vous en être certain ? Vous ne vous souvenez de rien. — Je...je, Rudy ne savait plus quoi dire. — Avez-vous une arme ou un objet susceptible de trancher le bras d'un enfant ? Comme une hache par exemple ? — J'ai...j'ai ma hache pour couper le bois l'hiver. — Ok, nous allons envoyer quelqu'un la chercher » Maurel fit raccompagner son détenu dans sa cellule.
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Maurel envoya quelqu'un au domicile de Rudy chercher la hache. Pendant ce temps, notre inspecteur reçut un appel d'Elise la scientifique qui avait fini avec ses analyses. Elle aurait pu les envoyer par fax mais celui de la gendarmerie était en panne et Maurel devait donc ce déplacer. Il se rendit au laboratoire. Arrivé sur les lieux, il ne perdit pas de temps et demanda directement ce qu'il en était. Elise lui parla des analyses du poils et du sang retrouvés chez Madame Haubois. Le sang appartenait à la victime et ne présentait aucune empreinte de l'agresseur. Quant au poils, il s'agissait bien d'un poil de loup. "Qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ? — Nous avons envoyé vos échantillons chez certains de nos confrères et cela leur a pris du temps car il avait du mal à croire aux résultats des analyses. — Et pour le sang sur les habits que nous vous avons envoyés ? demanda Maurel. — Il s'agit de sang de chevreuil. — Du sang de chevreuil ? — Oui, c'est cela. — Mais alors, ce gosse...qui ? se demanda l'inspecteur. — Quelque chose ne va pas ?
— Non, non. Rien" Maurel réfléchit un instant puis eut soudain un éclair de lucidité. Il fit le lien entre le poil de loup trouvé chez la première victime et le sang de chevreuil sur les vêtements de Rudy. Cela paraissait invraisemblable, mais si les deux étaient liés, il devait le découvrir très vite. Il ne croyait pas aux hommes-loups mais il ne savait plus où aller et cette piste ou une autre...Il appela le poste et demanda qu'on lui fasse parvenir un échantillon d'adn. Une heure plus tard, l'échantillon arriva enfin et Maurel demanda à Elise de faire une comparaison avec le poil de loup. Il attendit que les résultats lui parviennent, bougeant dans tous les sens, impatient de connaître le fin mot de cette étrange affaire. Un peu plus tard ( il était maintenant dix-neuf heures ) Elise revint, une feuille à la main. "J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, lui annonça cette dernière. — Et quelles sont elles ? demanda l'inspecteur. — J'ai comparé votre poil avec l'échantillon d'adn que vous m'avez donné et cela ne correspondait pas. — Vous voulez dire que ce n'est pas notre homme ? — Hélas non mais attendez la suite car voilà je pense la mauvaise nouvelle. Nous avions fait une comparaison avec tous les habitants de la ville mais il y avait un un fichier dans lequel nous n'avions pas regardé. — Lequel ? — Celui de la gendarmerie, leur dossier est classé à part. — La gendarmerie ? Impossible, aucun de mes hommes ne commettraient de tels actes. — Seulement s'ils en sont conscients, intervint Elise — Et qui est-il ? — Il s'appelle Alexander, vous savez qui c'est. — Bon sang, c'est celui avec qui j'ai laissé notre suspect. Vite, retournons au poste !
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Maurel envoya quelqu'un au domicile de Rudy chercher la hache. Pendant ce temps, notre inspecteur reçut un appel d'Elise la scientifique qui avait fini avec ses analyses. Elle aurait pu les envoyer par fax mais celui de la gendarmerie était en panne et Maurel devait donc ce déplacer. Il se rendit au laboratoire. Arrivé sur les lieux, il ne perdit pas de temps et demanda directement ce qu'il en était. Elise lui parla des analyses du poils et du sang retrouvés chez Madame Haubois. Le sang appartenait à la victime et ne présentait aucune empreinte de l'agresseur. Quant au poils, il s'agissait bien d'un poil de loup. "Qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ? — Nous avons envoyé vos échantillons chez certains de nos confrères et cela leur a pris du temps car il avait du mal à croire aux résultats des analyses. — Et pour le sang sur les habits que nous vous avons envoyés ? demanda Maurel. — Il s'agit de sang de chevreuil. — Du sang de chevreuil ? — Oui, c'est cela. — Mais alors, ce gosse...qui ? se demanda l'inspecteur. — Quelque chose ne va pas ?
— Non, non. Rien" Maurel réfléchit un instant puis eut soudain un éclair de lucidité. Il fit le lien entre le poil de loup trouvé chez la première victime et le sang de chevreuil sur les vêtements de Rudy. Cela paraissait invraisemblable, mais si les deux étaient liés, il devait le découvrir très vite. Il ne croyait pas aux hommes-loups mais il ne savait plus où aller et cette piste ou une autre...Il appela le poste et demanda qu'on lui fasse parvenir un échantillon d'adn. Une heure plus tard, l'échantillon arriva enfin et Maurel demanda à Elise de faire une comparaison avec le poil de loup. Il attendit que les résultats lui parviennent, bougeant dans tous les sens, impatient de connaître le fin mot de cette étrange affaire. Un peu plus tard ( il était maintenant dix-neuf heures ) Elise revint, une feuille à la main. "J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, lui annonça cette dernière. — Et quelles sont elles ? demanda l'inspecteur. — J'ai comparé votre poil avec l'échantillon d'adn que vous m'avez donné et cela ne correspondait pas. — Vous voulez dire que ce n'est pas notre homme ? — Hélas non mais attendez la suite car voilà je pense la mauvaise nouvelle. Nous avions fait une comparaison avec tous les habitants de la ville mais il y avait un un fichier dans lequel nous n'avions pas regardé. — Lequel ? — Celui de la gendarmerie, leur dossier est classé à part. — La gendarmerie ? Impossible, aucun de mes hommes ne commettraient de tels actes. — Seulement s'ils en sont conscients, intervint Elise — Et qui est-il ? — Il s'appelle Alexander, vous savez qui c'est. — Bon sang, c'est celui avec qui j'ai laissé notre suspect. Vite, retournons au poste ! — Et laisse moi te dire un secret avant que tu ne te transformes complètement et soit la bête que tout le monde recherche. C'est moi qui les ai attaqué. — Mais pourquoi ?! Demanda Rudy plus furieux que jamais d'avoir été ainsi piégé. — Ces imbéciles, toujours à se moquer de moi, de mon poids ! M'humiliant ! Alors quand j'ai vu que j'avais ce pouvoir j'ai sauté sur l'occasion. — Que voulez-vous dire par « ce pouvoir » ? — C'est moi le loup que tout le monde cherche et maintenant je vais me débarrasser de cet inspecteur car je suis sûr que, malin comme il est, il aura trouvé quelque chose. Puis je serai le héros qui aura vaincu le monstre. — Non ! Espèce de malade ! Alexander pouffa de rire, un rire presque diabolique. — Et comment se fait-il que vous ne vous transformiez pas ? — J'ai appris à la contrôler, ça m'a pris beaucoup de temps » Maurel arriva enfin au poste.
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Maurel regarda par la fenêtre, aucune trace d'Alexander. Il arma son pistolet puis ouvrit la porte sans faire de bruit. Il entra et Rudy lui cria : « attention ! C'est un monstre ! — Nous savons, intervint Maurel. — Vous savez ? Rudy fut surpris mais soulagé. — Oui, grâce à notre scientifique. Où est-il ? — Il est dans votre bureau, mais faites gaffe. — Ne vous inquiétez pas, j'ai pas l'intention de le laisser m'avoir ni même de crever aujourd'hui » sur ces mots, Maurel ouvrit la porte d'un coup de pied, l'arme pointée devant lui. Il ne voyait rien car on avait pris soin de fermer les volets. Il voulut allumer la lumière mais trop tard, une ombre jaillit des ténèbres pour lui bondir dessus. Maurel fut envoyé valser par une force titanesque. Le monstre s'avança l'eau aux babines et Rudy fut estomaqué lorsqu'il vit le loup qui se tenait devant lui. C'était le loup blanc. Le salop avait tout planifié depuis le début. La créature s'approchait dangereusement de l'inspecteur qui avait malheureusement lâché son arme quand la lune réapparut enfin. Rudy put alors achever sa transformation. Il profita du gain de force pour écarter les barreaux puis bondit hors de sa cage. Il grogna, montra les crocs. Une lutte sans merci débuta alors entre les deux créatures. Le loup blanc mordit Rudy au flanc qui poussa un hurlement de douleur. Ce dernier répliqua par un coup de patte dans la mâchoire. Ils se battaient comme de vraies bêtes lorsque Rudy put saisir Alexander à la gorge, lui brisant la carotide d'un coup de mâchoire. C'en était fini du monstre. Rudy regarda un instant la carcasse puis posa son regard sur l'inspecteur avant de prendre la fuite dans la nuit noire. Quelques jours plus tard, un fermier nommé Gilbert chassait la bête dans la forêt. Il la traqua, la chercha partout quand soudain telle une ombre elle apparut derrière lui. Trop tard. Et c'est ainsi que commença le cercle des loups.
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