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 Tourbillon Incandescent

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Egyptian Chabine
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Egyptian Chabine


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MessageSujet: Tourbillon Incandescent   Tourbillon Incandescent Icon_minitimeVen 24 Jan 2020 - 12:57

Shoot 1

Blasée de la vie, c'est moi

Ce soir encore ça recommence. Je me demande bien quand est-ce qu’elle arrêtera ce train de vie-là...

Aujourd’hui, une fois de plus, Sabine, ma meilleure amie, veut me traîner dans l’une de ces soirées étudiantes. Ça n’a jamais été mon truc. J’ai arrêté l’école juste après le collège. Suite à un malheureux incident… Je préfère ne pas trop en parler. Je m’appelle Alexandra Montellini je n’ai pas été gâtée par la nature. Avec mon physique de planche à pain et mon caractère de garçon manqué. Je passe facilement pour un gars aux yeux de cette multitude de gens qui ne me connaissent pas.

Et surtout, je m’en fous.

Ce clivage homme-femme, cette catégorisation, cette mise en boîte, tout ça, je m’en fous. J’ai tout abandonné depuis belle lurette. Aujourd’hui âgée de 21 ans, je vis par moi-même avec un idée fixe : me faire un max de thune. J’ai certes quitté l’école assez tôt, mais pas pour me tourner les pouces ! J’enchaîne les petits jobs depuis, en faisant un maximum d’économie afin qu’un jour, je puisse quitter ce coin pourri.

En effet, je vis en collocation dans les bas-fonds de Manhattan, un endroit malfamé et encore plus dangereux depuis la crise. C’est difficile d’y vivre mais ce n’est pas cher. C’est pour cette raison que Sabine et moi nous nous soutenons mutuellement depuis notre plus jeune âge.

Elle fut agressée quelques années auparavant et depuis elle a depuis développé une sorte de traumatisme qui fait qu’elle a peur des hommes… Une phobie presque physique. C’est à cause de ça qu’elle a peur de sortir toute seule quand ses potes de l’université l’invitent à des soirées. C’est une fille tout à fait charmante mais pour éviter qu’elle soit mise à l’écart, je l’accompagne « déguisée » en homme – même s’il m’en faut peu pour ressembler à un homme.

Ce soir, c’est l’anniversaire d’une de ses potes. Je ne bosse pas alors je n’ai aucune raison de le lui refuser…

Elle a donc terminé ses cours à 18 heures. Je suis rentrée de mon travail de coursier à 19h30. J’avais presque déjà oublié cette soirée… Elle avait dû m’en parler quand j’étais à moitié endormie. Après m’avoir disputée elle me précipite dans la salle de bain en prenant un malin plaisir à me préparer mes vêtements de soirée… On dirait ma mère… Enfin… j’imagine que c’est l’effet que ça donne, je n’ai jamais connu la mienne, elle m’a abandonnée à la naissance.

Des nuits comme celle-là, Sabine est hystérique. Je ne peux même pas me relaxer dans la douche après une dure journée de travail qu’elle débarque dans la salle de bain pour m’y extirper :

- « Alex !! Tu comptes y passer la nuit !? On est à la bourre !! » Me vocifère-t-elle.

Je ne juge même pas nécessaire de lui trouver une excuse du genre « je suis fatiguée. » Ça va me retomber dessus. Je sors donc machinalement de la douche afin de me préparer… Enfin, qu’elle me prépare. Je me demande bien quelles fringues elle va me faire porter ce soir.

Je suis quelqu’un qui ne fait pas très attention à son apparence physique. C’est Sabine qui le fait pour moi. Je ne vais pas m’en plaindre étant donné que ça lui fait plaisir et que ça m’arrange plus qu’autre chose. Ainsi, ce soir, elle avait fait fort. Le moindre détail comptait. Elle me tend un caleçon homme que je regarde avec dépit et un débardeur blanc moulant pour masquer le peu de poitrine dont le ciel a bien voulu me faire grâce.

- « Alors ce soir je t’ai préparé un pantalon large noir avec ce T-shirt trop stylé que tu mettras en dessous de cette chemise à carreaux bleue. Tu laisseras ouvert, ok !? » Me dit-elle avec autorité.
- « OK. » Lui dis-je donc machinalement.

Elle avait choisi des tenues afin que nos ensembles concordent parfaitement. La minutie et la passion qu’elle impliquait pour ce genre de connerie me fascinait à chaque fois. Elle m’enguelait tout le temps parce que j’arrivais toujours un petit peu en retard à cause de mon travail. Pourtant, une fois de plus, j’étais prête avant elle. Il fallait qu’elle se pouponne au point d’appliquer tout le maquillage qu’elle avait en stock. J’attendais donc toujours en répétant mon texte habituel :

- « Salut, je suis Alex, le petit ami de Sabine ! Ravi de vous rencontrer ! » Toujours d’un air enjoué qui ne me ressemble pas pour bien faire la paire avec Sabine, selon elle…

Quelle dépense d’énergie… Les jeunes femmes de nos jours m’impressionnent au point que je mette ma propre féminité en question. M’enfin, je ne m’encombre jamais très longtemps de ce genre de questions existentielles. Au point où j’en suis… Ça ne me rapportera pas grand-chose.

Fin prête, la princesse me trimballe toute la soirée avec toutes ses copines en furie qui sembleraient contrairement à elle, être célibataires. Je remets vraiment en question leur fameuse amitié quand ces mêmes « amies » tentent de me draguer dès qu’elle a le dos tourné. J’ai beau la prévenir, elle me répond toujours pour me clouer le bec que "tant que moi je serai là pour elle, qu’elle n’aurait besoin de rien d’autre". Je me fous de moi… Mais quand je pense à elle, je me demande si on pourra continuer comme ça éternellement.

Bref, une soirée épuisante après une journée crevante. Sabine, toujours sans défense quand je l’accompagne, avait bu comme un trou. Quelle plaie. Je me vois même obligée de la porter sur mon dos à la fin du trajet.

Ce soir-là, je crois que c’est le jour où notre vie bascula du tout au tout.

En effet, en rentrant dans notre taudis d’immeuble, après avoir slalomé entre les débris laissés par nos voisins, j’arrive à bout de souffle et crevée comme jamais à notre entrée, parsemée d’immondices une fois de plus… Ces voisins voulaient qu’on déguerpisse le plancher. C’était devenu courant. Toutefois dans la pile de déchets il y avait bien un corps. Sur le coup je croyais qu’on avait tué quelqu’un juste sur notre pallier afin de nous attirer encore plus d’ennuis. Mais bon, restons rationnel. Méfiante, je pose Sabine juste en face de notre porte d’entrée, près du voisin. Faites qu’il ne la voie pas, par pitié. Sinon il dira qu’on répand encore des microbes chez lui… Je m’approche du corps. Un dirait un homme avec des cheveux blonds plutôt longs, je ne vois pas son visage dans sa position. Pourtant, il respire. Il semble blessé. Je scrute rapidement afin de finalement décider d’appeler une ambulance…

Ambulance ? Attendez. Si c’est moi qui appelle, c’est moi qui vais devoir payer les frais d’hospitalisation, n’est-ce pas ? Inconcevable. Résolue, je décide de faire comme toute la vermine de l’immeuble : « faire comme si je n’avais rien vu. » Je rattrape la belle. Je sors mes clés et j’ouvre la porte l’air de rien. Je prévoyais de la refermer aussitôt… Mais le voisin avait ouvert la sienne sans un bruit… Fixant le corps, puis me méprisant comme à son habitude.

« Non-assistance à personne en danger ? » Non, non et non !! Totalement hors de question. Je dépose alors Sabine dans son lit puis je fais entrer cet inconnu chez nous.

La nuit promettait d’être longue…

La belle disait que le maquillage abîmait la peau quand on allait se coucher avec… Vu qu’elle dort, qui va s’en occuper ? Bah c’est moi bien sûr.  C’est à chaque fois la même chose et tout le temps je me fais avoir. Quand est-ce que ça va cesser ? Bah c’est de ma faute à toujours la traiter comme une princesse ! Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même après tout.

2h30. Sabine est fin prête à dormir tranquillement et surtout SANS PEINE…

Bon, l’autre gus à présent… Je commence à tourner de l’œil mais je lui fais une toilette l’air de rien, comme si j’avais toujours bossé pour le sacré cœur… Je lui mets quelques pansements et j’ai même le temps de lui préparer un plateau avec du paracétamol pour la douleur et un verre d’eau ! Non, je ne lui donnerai pas non plus de quoi manger. Et puis quoi encore ?

Quoi qu’il en soit, c’est bien sur ces pensées-là que je m'endors sur le fauteuil non loin du sofa où je l’avais allongé.

6h07. Je me réveille par automatisme. Pourtant je ne travaille pas aujourd’hui. Un petit peu de mauvais poil. J’ouvre les yeux et je me rends compte que le garçon pêché hier tard dans la soirée n’était plus sur le sofa… Mais pourquoi ? Je prends un peu de temps avant d’émerger et de me demander où pouvait bien être cet individu. Puis je pense à Sabine. Je me jette alors immédiatement dans sa chambre et je constate que le mec était à genou près du chevet de mon amie, lui tenant la main. Il avait l’air endormi. Mais sur le coup je m’en foutais comme de ma dernière chaussette !! Dans un élan de colère, je le fais relâcher Sabine avant de le trainer dans le salon. Pas le temps de parler. Je le balance juste près de la table basse, sortant mon canif favori. Je ne savais pas encore ce que j’allais lui faire mais ça promettait de faire mal !

Il ne se débattait pas mais il avait mis ses mains sur sa tête comme pour se protéger de coups probables avant de se mettre à paniquer :

- « Pardon !! Pardon !! Je suis vraiment désolé !! »

Je ne comprenais pas trop sa réaction, mais ce qui me surprenait, c’était qu’il gueule aussi fort à cette heure de la journée. Ça allait encore nous retomber dessus cette histoire… Je m’apprête donc à lui poser des questions la tête plus froide désormais, mais…

- « Mais c’est quoi ce bordel !? » Hurle à son tour Sabine qui vraisemblablement souffrait d’une gueule de bois.

À peine le temps d’articuler quelque chose du genre « euh… » qu’elle s’affolait déjà :

- « Aaaaaah !! Mais qu’est-ce que tu fais !? » Criait-elle de plus belle toute effarée.

J’avais juste mis mon genou sous la gorge de cet inconnu et je le menaçais avec ma lame. Quoi d’autre ? Ce n’était pas si choquant que ça pourtant. Malgré tout elle me bouscule soudainement pour libérer ce garçon qui semblait vraisemblablement effrayé. En effet, il pleurait silencieusement à chaudes larmes. Ai-je fait quelque chose de mal ? Je ne pense pas. On dirait pourtant…

- « Mais pourquoi tu lui fais ça ? Ça ne va pas ? Qu’est-ce qui te prend ? » Sabine me réprimandait comme si j’étais en tort, me faisant face en s'interposant.
- « Heu… Tu le connais ? » Il fallait bien que je finisse par lui demander, n’est-ce pas ?
- « Quoi !? Tu ne le connais pas ? » Me disait-elle surprise en le regardant de plus près.

Même s’il avait l’air inoffensif de premier abord, je ne pouvais pas ne pas me méfier de cet inconn…

- « Raphaël !? Mais !! Qu’est-ce que tu fais là !? » S'exclame alors Sabine qui venait tout juste de s'en rendre compte.

Ils semblaient donc se connaître… Et moi j’étais fatiguée.

Je n’ai pas cherché à savoir ni pourquoi, ni comment. Je me suis direct recouchée en laissant tous les deux dans le salon.

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Dernière édition par Egyptian Chabine le Jeu 30 Jan 2020 - 14:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tourbillon Incandescent   Tourbillon Incandescent Icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 15:29

Shoot 2

Briser la glace

Plus tard, quelque chose vient me déranger sous ma couette… Il s'agit de Sabine. Elle se comporte vraiment comme une gamine parfois. Et moi je n'ai toujours pas le temps d’en placer une.

- « Je t’ai préparé ton petit déjeuner ! Tu viens où je te l’apporte au lit ? »
- « Heu… Plus tard ? » Lui dis-je encore groggy. Trop envie de dormir.
- « Tu… Tu n’en veux pas de mon petit déjeuner...? » Elle commençait à pleurnicher…
- « Ouais bon OK, j’arrive, j’arrive, sors de là. » Capitulai-je…

Mal réveillée, je sors de sous la couette, toujours en boxer homme et mon débardeur moulant. Je débarque alors dans la cuisine. Vision désagréable : un mec craintif me voit arriver et baisse les yeux au point où je me demandais s’il se ne se cacherait pas sous la table.

- « Salut. » Soufflai-je l’air de rien.

Pas de réponse. J’étais chez moi tout de même. Il ne faut pas déconner. Piquée à vif je m’assoie à la table et je me répète :

- « Bon-Jour… »
- « B…Bonjour !! » Finit-il par répondre toujours la tête baissée.

Mais qu’est-ce que… ? J’attends toujours des explications, mais bon, Sabine comme à son habitude prend son temps… J’ai l’impression qu’elle le fait exprès parfois.

- « Merci pour le petit dej' Sabine. Il est quelle heure ? »
- « 17h47, tu as bien dormi !! » Me répondit-elle en regardant l’horloge accrochée dans le salon, visible de la cuisine à bar ouverte. En effet, l'été il fait jour tard. Trompeur. Très trompeur tout ça.

Et merde… Une journée de perdue… Pourquoi ai-je autant dormi ? Je dois faire le ménage et virer les ordures que les voisins ont jetées devant notre entrée, puis… Alors que je réfléchissais à tout ce que j’avais à faire, je regarde ce gus consommer ce que j’avais payé en travaillant d'arrache pied. Je tique encore un peu plus. Finalement, avant d’agresser de noveau notre « invité » je préfère encore m’adresser à Sabine.

- « Sabine… Tu comptes me le présenter quand, ton ami là ? Tu attends que je te le demande ? »
- « Ah ! Oui ! C’est mon frère ! Il s’appelle Raphaël. » Me répondit-elle le plus naturellement du monde.

Mais qu’est-ce qu’elle me raconte ? J’ai grandi avec elle et je n’ai jamais entendu parler de ce soit disant Raphaël. Mon incompréhension doit se lire sur mon visage car elle enchaine de suite :

- « C’est mon demi-frère… du... troisième mariage de mon… » Explicita-t-elle, en quelque sorte.
- « Ah OK. Et bien enchantée. » L'interrompai-je car je ne voulais pas qu’elle se remémore de souvenirs désagréables…
- « Raphaël !! Je te présente Alex !! Mon prince ! » Finit donc la belle en me présentant.

Heu… ? C’était quoi ces présentations ? C’était censé être l’une des répliques qu’elle réserve à ses potes de l’université, n’est-ce pas ? Pourquoi prend-elle autant de précautions ? Ne lui fait-elle donc pas confiance ? Quelle barbe…

- « Heu… Prince ? Désolé pour ce matin, j’ai cru que tu voulais lui faire du mal… Hé ! Hé !! » Repris-je pour tenter de la suivre dans son propos.

Ce ton ne me correspondait absolument pas. Tout ce que je voyais c’était un obstacle de plus. C’est déjà pénible de jouer la comédie à l’extérieur, alors chez moi c'est un comble…

- « Pardon !! C’est moi !! Je… Sabine m’avait donné son adresse lors de nos échanges sur internet. Et comme j’ai fui quelques ennuis… Je cherchais un endroit où me réfugier et donc... »

Il continuait à parler mais je n’entendais plus trop ce qu’il me racontait. Je savais juste ce que j’avais à savoir. En gros ce mec était une source d'emmerdes… Comme si on n’en avait déjà pas assez comme ça. Sabine m'occupe déjà avec toutes ses niaiseries et ses bourdes quotidiennes. D’où sort-il ce boulet ?

- « Et ? » Finis-je par lui demander en l’interrompant. « Tu comptes rester ici pendant combien de… Heu je veux dire, tu comptes faire quoi alors ? »

Il ne faudrait pas être trop cinglante, après tout.

Avec un regard dépité j’assistais une nouvelle fois à une scène où ce mec baissait les yeux, comme s’il voulait attirer ma pitié. Je ne marche pas dans ces conneries là. C’est comme ça qu’on se fait avoir…

- « Ça te dérange si on l’héberge un petit moment, Alex ? » Me fait donc Sabine elle aussi avec un regard mouillé…

Elle savait que j’avais horreur de ça… Parce que je passais toujours tous ses caprices. J'étais d'abord surprise qu'elle se montre aussi affable avec lui, mais peut-être avait-elle en effet une relation saine avec ce « demi-frère sorti de nulle part. » Il fallait que je sois forte.

- « J’aimerais savoir si le garder ici nous apportera des problèmes ou pas. » Fis-je en restant concentrée sur le truc qui voulait ressembler à une omelette dans mon assiette.

Quand je voulais lui refuser un truc, il ne fallait surtout pas que je la regarde dans les yeux. Cette petite manipulatrice !

Étrangement, il y a comme un silence après ma réplique. De nouveau méfiante je relève la tête je regarde cette moitié d’homme juste en face de moi tremblotant comme s’il était en plein hiver. Donc en gros, il a de gros ennuis… Bordel… Je pense que l’autre princesse ne voudra jamais le laisser livré à lui-même après avoir assisté à cette scène. Il faut que je fasse vite !

- « Ouais bon, tu empestes l’embrouille mec ! J’ai déjà assez d’emmerdes à moi tout seul, je ne voudrais pas m’encombrer de ceux de quelqu... »

Sabine m’attrape alors le visage de ses mains graciles, qui tremblaient d’ailleurs… Elle n’avait pas besoin de me supplier davantage. Je capitule.

- « Très bien. Si on a des ennuis, viens pas pleurer après, Sabine. » Il me fallait bien la prévenir.
- « Ouais super ! Alex je t’adore !! » Dit-elle en me donnant un bisou sur la joue.
- « Ça suffit Sabine ! N'essaie pas de noyer le poisson. Tu t’en occupes !! Est-ce qu’il a de l’argent ? Je refuse d’entretenir un mec !! Je travaille quasiment tous les jours !! Ce n’est pas pour qu’un… »
- « Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout ! »  Me dit-elle alors pour me clouer le bec comme à son habitude.

Je crains le pire… Dès qu’elle dit un truc pareil, je dois toujours m’attendre au pire. Bref, quoi qu’il en soit, il n’avait pas l’air dangereux, donc je pouvais bien baisser ma garde chez moi. Enfin pas trop quand même. Je me décide donc à garder un œil ouvert sur notre invité.

Ma journée de repos touchant à sa fin, j’étais comme qui dirait... blasée. Toutefois quelque chose m’interpellait… Dès que je posais les yeux sur ce Raphaël, il fuyait mon regard. Bah peut-être est-ce parce que je l'ai traumatisé ce matin. Tant mieux. Il évitera de faire des choses qui m’agaceraient. Tout du moins je l’espère.

Je passe donc le reste de ma journée enfermée dans ma chambre, affalée comme une loutre en regardant la télé avec toutes les bêtises qui y passent habituellement. C’est chiant. Je crois que c’est lasse de tout ça que je me suis rendormie.


J’aime bien les week-ends où je ne travaille pas. Je peux me reposer deux jours d’affiler !! Sereine, je me dirige vers la cuisine pour me prendre quelque chose dans le frigo. Et là, j’aperçois quelque chose de très singulier : deux servantes en soubrette et dentelle faisant le ménage et le petit déjeuner…Je suis ravie que Sabine fasse le ménage… Enfin, quand elle réussit à le faire correctement… Mais pourquoi des soubrettes ? Je reste là un moment, stupéfaite, jusqu’à ce que Raphaël me remarque. Il fait alors tomber le balai sous l’effet de la surprise. Pourtant c’est bien moi qui devrait être surprise. Le temps que Sabine se retourne j’avais déjà disparu. Non, je n’avais rien vu, rien vu du tout !! En repartant dans ma chambre, je remarquais bien que le ménage avait été fait, et correctement de surcroit. Il pouvait s’avérer être utile finalement le petit… En jetant plus tard un œil à la porte d’entrée, je constate que les ordures étaient toujours là. Bien évidemment, elles n’allaient pas disparaître toutes seules. Je me résous alors à aller les descendre.

J’enfile un bas de survêtement histoire de ne pas sortir en T-shirt et dessous et j’engage le nettoyage sous les yeux amusés de nos voisins. La petite fille de la dame au bout du pallier me salue en passant. Elle avait toujours été aimable malgré le comportement ingrat de sa mère à notre intention. Le voisin d’en face allait sortir ses ordures également mais en m’apercevant il me demanda de les descendre pour lui car, semble-t-il, il souffrait du dos… Vu la tonne que j’avais à descendre, un sac de plus ou de moins, franchement…

Une fois remontée, le voisin était toujours là, me regardant passer le balai. Je sens qu’il veut me demander quelque chose. Son regard oppressant me fatigue.

- « Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Lui demandai-je alors.
- « Eh bien… Pour le jeune homme qu'il y avait devant votre porte hier soir… » Chuchota-t-il, méfiant.
- « Ah ? Lui ? Il est mort. » Rétorquai-je d’une voix monotone.

Mais qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? S’il l’avait vu avant, il aurait pu l’aider ou que sais-je, n’est-ce pas ?

- « Comment !? Mais c’est terrible !! » Dit-il donc d’un air surpris débordant d’hypocrisie.
- « Ouais. » Fis-je en ouvrant la porte pour rentrer, j’en avais juste marre de voir sa tronche de poisson pourri.

C’est alors que je tombe nez à nez avec Raphaël qui, semble-t-il, s’apprêtait à sortir.

- « Ah bah non ! Il est ressuscité ! » Répliquai-je finalement. « Allez salut. »

J'entraine alors Raphaël à l’intérieur tout en claquant la porte au nez du voisin.

- « Tu vas où toi comme ça ? » Demandai-je agacée au frangin.

Je le scrute. Il est toujours en soubrette… Pourquoi veut-il sortir dehors comme ça… ? J’ai du mal à comprendre. Ils ne font que des trucs pour attirer l’attention ces deux-là ! Je sens sa gêne. Qui ne le serait pas dans cette tenue après tout ? Du coup, je crois qu’il était rouge de honte avant d’articuler difficilement quelque chose :

- « Grande sœur Sabine m’envoie vous chercher… Alex. »

OK. Donc c’est le cadet. Mais plus important : c’est quoi ce « vous » ? Ça sonne classe mais tout de même. Pour le mettre à son aise je lui caresse les cheveux – qui d’ailleurs étaient aussi doux et soyeux que ceux de sa sœur… Pourtant ils ne sont que demi-frère et sœur hein, rassurez-moi !

- « Ne me dis pas « vous. » Tu peux juste me tutoyer, je ne vais pas te manger. » Finis-je en me voulant rassurante.

J’arrivais enfin à dessiner la personnalité du phénomène. Il était encore jeune. Peut-être a-t-il été martyrisé à l’école, d’où son comportement craintif… ou peut-être que c’est parce que je l’ai un peu menacé hier matin qu’il a aussi peur de moi, mais bon peu importe ! Il était un peu plus grand que moi, de quelques centimètres. Je mesure tout de même un mètre soixante dix-huit. Mais je pouvais enfin voir son visage clairement. C’était un beau jeune homme. Des traits fins d'adolescent avec quelques poils au menton, cheveux mi-long en bataille lui arrivant jusqu'aux épaules, des pupilles bleues claires. On aurait dit Sabine, mais en mec. Ses pansements s’étaient défaits donc je le fais s'asseoir dans le salon pour les lui refaire.

- « Comment tu t’es fait ça ? » Finis-je par lui demander.
- « Heu… C’est quelqu’un qui m’a battu… » Avoua-t-il en joignant ses mains pour masquer ses tremblements.

Je pouvais déjà le deviner qu’il avait été battu par quelqu’un. Ça se voyait, non ? Je voulais juste plus d’info. Mais il ne semblait pas vouloir en dire plus. Je préfère alors changer de sujet :

- « Et c’est quoi cette dégaine ? » Lui fis-je en le reluquant de bas en haut avant de reprendre d'un air amusé: « Tu laisses Sabine faire ce qu’elle veut de toi ou quoi ? »
- « Heu !! Ça c’est parce que… !! » Dit-il en s’agitant rouge de honte.

Il s’illumine, il veut me donner une raison. Mais avant de dire quoi que ce soit, il regarde de droite à gauche, comme pour s’assurer qu’elle n’était pas dans les parages. Il se rapproche de moi la tête basse pour me dire finalement :

- « Je… Je ne sais pas comment lui dire non. »

Et hop !! Une autre victime des caprices de Sabine. Comme je le comprenais ! Je lui souris sincèrement tout en lui frottant la tête une fois de plus :

- « Ah, bienvenue au club, ha, ha ! »

On avait finalement brisé la glace, même s’il était vraisemblablement très timide comme garçon, il était désormais moins renfermé. Sabine avait un nouveau cobaye donc elle rayonnait et moi j'allais enfin pouvoir me reposer un peu dans toute cette histoire. Enfin, c'était tout du moins ce que j'espérais.

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Dernière édition par Egyptian Chabine le Mar 11 Fév 2020 - 13:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tourbillon Incandescent   Tourbillon Incandescent Icon_minitimeJeu 30 Jan 2020 - 18:06

Shoot 3

Filature? Ou pas?

Les jours s'écoulaient. On avait un petit frère très serviable à la maison et surtout très efficace ! Pas comme sa sœur… Ne voulant pas abuser de notre hospitalité, Raphaël nous faisait notre petit déjeuner tous les matins avant d’aller bosser pour moi et d’aller en cours pour Sabine. Le ménage était toujours bien fait et le soir un repas chaud nous attendait également. C’était vraiment agréable et chaleureux, on aurait dit une vraie famille. Il était comme une parfaite petite épouse, à me débarrasser de mon sac ou de ma veste tout en m’accueillant avec le sourire. Je le récompensais toujours d’une caresse dans les cheveux. Habitude que je n’avais qu’avec Sabine normalement.

Je m’étais habituée à jouer l’homme à la maison : je n’avais qu’à être moi-même en fait. Il suffisait que je ne me balade pas en petite culotte, ce n’était pas dur ! Du coup la comédie pouvait perdurer le plus naturellement du monde. Je n’avais toujours pas demandé à Sabine les raisons d’ailleurs. Il faudrait peut-être que je m'y mette parce que plus le temps passe plus la supercherie enfle.

Raphaël n’a toujours pas mis les pieds dehors depuis qu’on l’a recueilli. Ça m’interpelle. Et il ne s'est toujours pas livré non plus donc un malaise subsiste. Peut-on le protéger en ne lui demandant rien ? Le tact c’est bien joli mais c’est surtout pour les froussards.

Quand la situation l'exige il vaut toujours mieux jouer carte sur table.

Cette situation devint préoccupante quand Sabine me disait vouloir une fois faire les courses avec lui, mais que ce dernier semblait terrifié rien qu’à l’idée de sortir de l’immeuble. Elle avait essayé de le faire parler, en vain. Au final, c’est bien moi qui était partie faire les courses…

Le soir, il dormait dans le salon. Parfois, en me réveillant pour aller aux chiottes, je l’apercevais à la fenêtre, enroulé dans sa couette en train de contempler la vie nocturne. Je me demandais à quel moment il allait se coucher.


Ce soir enore ne faisait pas exception. Les yeux brillants, il regarde les gratte-ciels en guise de ciel étoilé et les courses poursuites au bas de la rue. C’était notre quotidien. Il sursaute lorsque je fais un peu de bruit dans la cuisine : je m’apprêtais à faire du thé.

- « Désolée, je t’ai fait peur ? »
- « Euh… non, non, juste un peu surpris. » Me dit-il. « Si tu voulais du thé j’aurais pu te le… »
- « Mais non, t’inquiète. Tu n’es pas là pour ça. Je peux bien faire ça moi-même. Tu en veux ? » Lui proposai-je donc amicalement.

Il me sourit timidement pour acquiescer. Finalement on se retrouve tous les deux accrochés à la fenêtre à regarder ce qu’il se passait. J’entame alors la conversation :

- « Pourquoi es-tu toujours collé à la fenêtre tous les soirs ? »
- « Heu… J’aime bien regarder, sans raison particulière. » Dit-il en portant la tasse brûlante à sa bouche avec empressement.

Stressé, ce garçon faisait vraiment n’importe quoi. Je lui prends alors la tasse des mains tout en secouant la tête sous le poids de l'exaspération.

- « Fais gaffe, c’est chaud ! Tu as quel âge ? Tu ne parles jamais de toi, c’est compliqué de t’aborder, tu sais ? » Dis-je en me demandant si je n’avais pas été trop directe.

Il me regarde alors d’un air surpris dans un premier temps puis s’enroule de plus belle dans sa couette avant de me dire :

- « J’ai… J’ai 17 ans… » Dit-il en marmonnant.
- « Ah mais t’es tout jeune ! Tu n’as pas de cours ? Ce n’est pas bien de fuir les problèmes de l’école, tu sais ? Tu risques de le regretter plus tard ! » Lui dis-je en ne me sentant aucunement concernée par mon propos.
- « Je… J’ai arrêté le lycée… » Avoua-t-il alors en un souffle.

Bingo ! Mais que va-t-on faire de lui ? Il a l’air de ne pas savoir faire grand-chose tout seul. En plus il avait du mal avec les gens. Je ne savais pas comment lui venir en aide. Enfin, moi, venir en aide à quelqu’un d’autre que Sabine, vous vous rendez compte ? J'ai du mal à me comprendre parfois.

- « Et tu comptes faire quoi alors ? J’espère que tu ne penses pas que la situation actuelle pourra durer éternellement. » Il fallait bien l’avertir que la vraie vie ne se réduisait pas à notre appartement.

Il se recroqueville alors sur lui-même. Il risquait de m’agacer ce gamin. J’ai horreur de perdre mon temps.

- « Je travaillais au noir dans un bar à Brooklyn… C’était bien payé mais… »

Sur l’intonation de sa voix on peut pourtant imaginer le reste de l’histoire.

- « Ça ne me plaisait pas. Quand j’ai voulu quitter… Ils m’ont séquestré pendant des jours et des jours… J’ai cru que j’allais mourir… » Finit-il par avouer en pleurnichant.

Je restais là, à l’écouter sangloter tout en sirotant mon thé. Je ne savais pas trop comment réconforter les gens. Sabine, quand elle avait le blues elle me sautait dessus et se réconfortait toute seule. J’ai toujours eu du mal avec les autres. C’est alors que je le vois se lever silencieusement et s’asseoir sur le sol à côté de mon siège. Posant sa tête sur mes genoux. On aurait dit un animal. Je passe alors mes doigts dans ses cheveux jusqu’à ce qu’il se calme… Qu’il s’endorme.

De longs cheveux blonds soyeux, c’était un garçon très soigné quand on faisait abstraction des bleus qui maculaient son corps. Qu’est-ce que l’avenir pouvait bien lui réserver ? J’avais déjà des difficultés à visualiser mon propre avenir alors celui des autres…

Je prends alors une décision.


Le lendemain je me réveille avant tout le monde et prépare le petit déjeuner. Sabine se réveille et vient direct dans la cuisine :

- « Oh ! C’est toi ? J’ai cru que c’était Fafa !! »

Faf… Qu’est-ce encore que ce surnom stupide ? Enfin passons. J’explique à Sabine que je voulais qu’on sorte tous ensemble en ce samedi ensoleillé. La nouvelle semble la ravir car elle part nous préparer nos tenues dans la seconde d’un air enjoué. Moi je préparais des sandwichs pour casser la croute une fois dehors.

- « B… Bonjour Alex ! » Il venait de se réveiller.

Avec le raffût que faisait Sabine... vous me direz que ce n'était pas surprenant.

- « Hey, bonjour Raphaël, bien dormi ? »  Demandai-je alors.
- « Un peu trop… Je te laisse faire le petit déjeuner… » Baragouina ce dernier, je le sentais bien embêté à cette idée.
- « Vas à la douche on sort. » Lui dis-je donc d’un ton à la fois autoritaire et doux.

Vraiment, depuis quand étais-je devenue aussi affable avec les gens, moi ?

- « P… Pardon… ? » Il commença alors à paniquer.
- « On va pique-niquer dans le parc de la ville d’à côté, c’est plus calme par là-bas. »
- « Mais je… » Commençait-il, l’idée ne semblait clairement pas l’enchanter.
- « Tu comptes rester enfermé ici pendant longtemps ? Sabine est toute contente tu ne vas pas lui faire cette pei... »

Il m’interrompt en me prenant par le bras brusquement avant de me chuchoter à l’oreille :

- « Mais… Et s’ils me retrouvent… ? »

Il était recherché ? Mais non, on ne voit ça que dans les films… n’est-ce pas ?

- « Tu penses que les mecs du bar te recherchent ? » Repris-je abasourdie par sa remarque. « Pour quelles raisons ? »
- « Je… Je ne veux pas être passé à tabac une nouvelle fois… » Disait-il en s’accrochant désespérément à moi.

Ne répondant toujours pas à ma question, soit dit en passant.

Ouh là ! Il était proche. Trop près même. À cette distance, même si je suis plate comme une limande, on peut se douter de quelque chose… Et mes efforts pour continuer à jouer la comédie on en parle ? Mais il semblait désespéré. Le repousser à cet instant précis risquait de le blesser outre mesure. Et merde, il m’avait amadouée, tout comme sa sœur. Qu’est-ce que je pouvais être faible ! Je lui caresse donc une nouvelle fois les cheveux tout en le rassurant :

- « T’inquiète, je vous protègerai. »

Non je ne m’y crois pas du tout. Mais quelle idée !! J’avais déjà les mains pleines rien qu’avec Sabine alors comme si ça ne suffisait pas… il fallait que je m’occupe aussi du petit frère! Heureusement qu’il était plus grand que moi… S’il avait fallu qu’il pose sa tête sur mon torse… heu je veux dire ma poitrine, toute la supercherie aurait été dévoilée ! Bah en fait, c’était tout autant bizarre car il posait sa tête sur mon épaule. Depuis combien de temps un homme s’était tenu aussi proche de moi ? Je me le demande.

Sabine débarque comme par hasard les yeux brillants et les bras pleins de vêtements. Elle s’arrête net en nous voyant dans cette « position ». Je lui souris, gênée moi-même par la situation. Elle plisse alors des yeux, renforçant son regard suspicieux, laissant au passage les vêtements tomber sur le sol : elle allait me piquer une crise. Elle s’approche donc à vive allure et nous saute dessus. Elle s’était prise pour un singe ou quoi ? Enfin… si je le lui disais, je passerais certainement un sale quart d’heure…

- « Mais c’est quoi ça !? Vous vous faites des câlins sans moi !? » Reprit-elle de plus belle.

Black-out. Je n’attendais pas cette réplique. Que lui répondre ? Ce n’était pas vraiment un câlin… Je voulais juste le rassurer… Tout ça va me retomber dessus, je le sens.

- « Câ-câ-câlin !? Mais non grande sœur ! » S’écria soudainement Raphaël.

Ahuries par sa réplique, on se regarde chacune son tour l’air de dire : « il a bégayé là ? » « Ouais on dirait bien. » Après un court silence nous rigolions tous ensemble pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que Sabine retienne Raphaël par l’oreille.

- « Aïe ! Aïe ! »
- « Toi, tu viens avec moi. » Lui dit donc Sabine d’un air sadique. « Je vais m’occuper de toi. »
- « Très… Très bien grande sœur ! » Répondit alors Raphaël tout en la suivant difficilement.
- « Après je m’occupe de toi Alex. » Me susurrait-t-elle comme si elle me lançait un sort.

Je savais que j’allais passer un sale quart d’heure… Mais bon j’avais l’habitude !

Après une séance de torture à coup de chatouilles, nous étions fin prêts pour partir : direction Central Park.

C’était la période estivale, alors Sabine nous avait choisi des tenues légères… Dont un super ample T-shirt en coton blanc pour moi, ainsi qu’une chemise aux motifs extravagants. Comme si je ne souffrais pas assez de la chaleur comme ça. Sabine avait fait des boucles dans ses longs cheveux blonds pour l’occasion et ça la rendait encore plus coquette. Raphaël portait une queue de cheval qui mettait son beau visage en avant avec quelques mèches qui tombaient par-dessus les cicatrices qu’il avait sur la figure. Moi comme d’habitude, mes cheveux châtains foncé coupés court envoyés à l’arrière avec un peu de gel. J’avais un teint clair mais la seule chose que je trouvais bien chez moi, c’était bien mes yeux verts émeraude. Même si ça ne me rendait pas plus féminine pour autant… Le temps que Sabine aille prendre son parapluie, moi mes « outils pour au cas où » ; on traine Raphaël hors de l’appartement. La petite de la voisine du bout du pallier rigolait en nous voyant. J’avais dû lui tordre un peu le bras pour qu’il se décroche de la porte d’entrée. C’est donc tête baissée qu’il s’accroche à mon bras. On aurait dit un fauve ayant passé toute son existence en captivité qui craignait le monde extérieur.

Finalement nous passions une journée plus que banale, avec Sabine nous trimbalant partout pour faire du shopping alors que ce n’était pas prévu, avec Raphaël qui me meurtrissait le bras dès qu’il entendait quelqu’un hurler, ou un coup de frein, ou une sirène de police, ou etc… Une vraie chiffe molle ce garçon. Comment avait-il survécu jusque-là ? Je me posais sincèrement la question ! Ça ne pouvait pas n’être dû qu’à un « simple » passage à tabac tout de même ! On avait donc passé toute l’après-midi à Central Park près du lac dans l’une des maisonnettes au bord de l’eau. Sabine s’était endormie sur mes genoux, Raphaël en faisait de même sur le gazon non loin de nous. Il avait été tellement tendu toute la journée que ça avait dû bien l’épuiser. Et qui est-ce qui reste pour surveiller ces deux grands badauds ? Moi bien sûr, qui d’autre ?

J’ai tellement pris l’habitude d’être sur mes gardes et d’assurer les arrières de Sabine que je n’avais jamais été dépendante de quelqu’un à ce niveau-là. Il me fallait des vacances à moi aussi.

Par la suite Sabine avait réussi à me trainer dans un restaurant pas trop cher. C’était pour marquer le coup… J’ai horreur de dépenser mon salaire si durement gagné quand ce n’est pas nécessaire… Non je ne suis pas radine, j’aime juste rentabiliser au maximum mes achats et éviter les dépenses inutiles. Ce n’est pas être radine. On a un cuistot sexy quand il met un tablier par-dessus une tenue de soubrette à dentelles et surtout qui cuisine diablement bien à la maison alors pourquoi... Je divague. Tout ça pour dire qu’on dépense de la thune inutilement…

Bah, au final : buffet à volonté, Sabine et moi avons payé moitié-moitié. Que demander de plus ? J’ai mangé comme une morfale, Sabine a bu comme un trou une fois de plus et Raphaël a rigolé toute la soirée. C’était bien la première fois que je le voyais aussi épanoui.

Sur le chemin du retour, Sabine dormait sur mon épaule. On avait 1h30 de trajet en train à parcourir, elle avait le temps de dessaouler. Je regardais Raphaël qui s’assoupissait à son tour sur la banquette juste en face de nous.  Je me dis alors qu’il fallait que je passe à la pharmacie pour lui acheter du baume, ses blessures prenaient du temps pour guérir.

Comme d’habitude, je jette un œil aux alentours, toujours. Un train quasi vide. Je n’aime pas trop ça. Mais on a beaucoup tardé. Ça en valait la peine, Sabine était heureuse, Raphaël aussi, moi aussi par analogie. Je remarque alors un homme, vêtu de noir, regarder dans notre direction. Discrètement ? Je n'en suis pas sûre. Je suis peut-être parano, mais dans tous les cas je n’aime pas ça. Finalement, nous arrivons à destination. Encore méfiante, je demande à Raphaël de porter Sabine, qui dormait toujours. Il semble souffrir en la portant, mais ce n’était pas le moment de lambiner. La nuit, les rues étaient dix à quinze fois plus dangereuses que la journée. Tant que nous ne sommes pas dans notre immeuble, j’estime que nous n'étions pas en sûreté. Vraisemblablement on est suivi. Je ne sais pas par qui, mais mon sixième sens me l’affirme.

Raphaël peinait vraiment à porter Sabine. Ce gamin n’avait décidément aucune force. Mais mon attention était tout de même portée ailleurs. Je me demandais vraiment qui était celui qui tirait les ficelles de ce casse-tête. Si après tant de semaines de planque, Raphaël était encore recherché, ça sous-entendait vraisemblablement qu'il avait de très gros ennuis. Je me demandais si, finalement, j’avais bien fait de le forcer à sortir à découvert. J'avais soudainement l'impression d'avoir minimisé les risques potentiels à tord.

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Dernière édition par Egyptian Chabine le Mar 11 Fév 2020 - 15:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tourbillon Incandescent   Tourbillon Incandescent Icon_minitimeVen 7 Fév 2020 - 15:42

Shoot 4

Le voile se lève enfin

Une fois à la maison, le rituel habituel : s’occuper de l’ivrogne. Une fois celle-ci au lit, je me dois de soutirer des informations au petit Raphaël… Comme ce dernier est à la douche je vais me changer et préparer du thé. Pendant ce temps, je remets mes idées en place. Nous habitions dans un immeuble de vingt-quatre étages. Il était en ruine certes, mais c’était toujours mieux que rien. Nous rechercher parmi toutes les familles de l’immeuble mettrait normalement un certain temps. Nous avions monté les quatorze étages à pied, évitant ainsi d’indiquer l’étage où nous résidions par l’ascenseur, au grand dam de notre petit frère. Ce dernier avait d’ailleurs fait preuve de son manque d’endurance en effectuant cette tâche. Une vraie calamité ce garçon.

Il sort de la salle de bain, l’air préoccupé, les cheveux encore mouillés. Je le fixe l’air de rien en me demandant s’il me finirait par me remarquer dans la pénombre près de la fenêtre. Une fois ceci fait, il s’immobilise :

- « Ou… Oui ? » Dit-il d’un air craintif.
- « Rien, j’aimerais juste discuter un peu avec toi. » Finis-je par lui dire.
- « D… d’accord. » Capitula-t-il dans la foulée.

Il recommence de nouveau à faire n’importe quoi. Il fait tomber sa serviette trois fois. Il se cogne le genou contre la table basse. Il finit par se retrouver devant moi en bas de pyjama, tête baissée, son torse blanc et pâle à la vue de tous, sillonné par les gouttes de l’eau provenant de ses cheveux encore humides. Je souris sur l’instant car je trouve sa posture sexy et sa maladresse grotesque. Il semble oppressé par mon regard insistant quand je lui dis alors :

- « Tu vas tomber malade si tu ne te sèches pas correctement les cheveux Raphaël. »
- « Heu… Je peux le faire plus tard ! De quoi veux-tu parler ? » Rétorqua-t-il avec un peu trop d’énergie à mon goût.
- « Non, viens là. » Lui fis-je alors en lui indiquant de s’asseoir devant moi.

Il s’exécute sans se faire attendre toujours d’un air craintif. Mais quel trouillard, vraiment. Je ne comptais pas le mordre pourtant.

- « Alors ? Ta journée ? Tu as apprécié ? » Commençai-je alors. Il fallait bien faire retomber la pression pour l’inciter à parler.
- « Oh oui ! C’était génial ! Ça faisait des années que je n’avais pas été dans un parc avec ma famille… ou des amis… » Son entrain diminuait à vue d’œil. « Merci d’avoir été aussi gentils avec moi, tous les deux. »

Je comprenais enfin ce que ressent Sabine quand elle s’occupe de moi. Ça provoque un petit pincement au cœur. Ça fait presque plaisir de s’occuper d’un petit frère comme ça, de temps en temps. Vraiment très occasionnellement je veux dire. On ne se méprend pas, d’accord ?

- « N’est-ce pas ? Moi aussi je me suis bien amusée. Et c’est rare. » Lui dis-je en lui séchant les cheveux énergiquement. « Mais dis-moi… »
- « Oui ? » Souffla-t-il toujours avec enthousiasme.
- « J’aimerais en savoir un peu plus sur les ennuis que tu as eu à Brooklyn. Peux-tu m’en dire plus ? »

Il y a alors un silence pesant. Il prévoit de se taire une nouvelle fois, je le sens. Et je n’aime pas ça.

- « P… Pourquoi ? » Insista-t-il.
- « Pourquoi ? Parce que tu n’as toujours pas donné d’explications, mon petit. Si tu veux qu’on s’occupe bien de toi ou qu’on t’aide comme on le pourrait, il faut qu’on en sache un peu plus. Cela va de soi, non ? » Explicitai-je alors, nullement agacée. En fait si, son comportement commençait vraiment à me taper sur le système.
- « Mais je… »

Encore un silence. S’il savait à quel point ça pouvait m’énerver. Je le saisis donc par le cou et lui chuchote à l’oreille :

- « Écoute. On a été suivi ce soir par un mec louche et je crois bien que c’était toi sa cible. Je ne veux pas d’ennuis sans en savoir un minimum, alors tu vas parler, OK ? » Menaçai-je finalement. Ma patience avait bien atteint ses limites.

J’avais senti alors qu’il tremblait de tout son corps quand je lui dis ces mots.

- « O… OK… » Capitula-t-il.
- « Bien, je t’écoute. » Fis-je en desserrant ma prise.
- « Je… Je travaillais pour un certain Diesel dans un bar nommé… Armageddon… »

Super, le nom trop pourri.

- « En fait c’était un club d’hôte où on devait inciter les clients à consommer le plus possible. Au départ c’était marrant, mais un jour j’ai « plu » à un client… Puis Diesel, qui possédait tous mes papiers, m’a vendu à ce mec… »

Il a bien dit « vendu » ? Ce n’est pas une plaisanterie ? C’est bien pire que ce que je pensais son histoire-là !

- « Un soir, je venais pour travailler comme d’habitude. Ils m’ont attrapé et m’ont balancé cette histoire de vente à la figure sans crier gare. J’ai refusé mais Diesel avait déjà encaissé… et il avait mes papiers, alors je m’étais résolu à mon sort. Mais… J’ai été traité comme une bête par ce type. Non, j’ai été traité moins bien que ça. Je ne sais même pas comment il s’appelle en plus. Je n’ai jamais pu voir son visage non plus. Il m’a enfermé et drogué pendant deux semaines, en… en me frappant… en me… »
- « Oui. D’accord. Je comprends. Mais ça veut dire que tu as réussi à t’enfuir, si tu es ici ! Comme il y a certainement un prix sur ta tête je pense que ton fameux client veux soit récupérer son argent… soit que sa marchandise lui soit rendue… Et tu voulais te cacher ici sans rien nous dire de tout ça ? Ils risquent de s’en prendre à nous aussi… » Dis-je abasourdie par cette nouvelle.
- « Je suis désolé… Désolé… Je suis désolé, je ne savais… hic… plus quoi faire… hic… » Sanglotait Raphaël, déboussolé.

Il est tellement en panique qu’il pleure à chaudes larmes avec un agaçant hoquet, en ne cessant de s’excuser. Je n’ai pas trop le temps de réfléchir car le petit bonhomme s’est accroché à ma taille, assez fortement pour m’empêcher de respirer correctement. C’est donc pour cette raison qu’il voulait rester cloîtré. Je comprends mieux à présent. Je ne sais pas si on doit nous aussi faire table rase un moment ou pas. Nous étions seules Sabine et moi. Moi je n’ai pas d’amis et j’ai rejeté le reste de ma famille, Sabine ne connait que des gens superficiels avec une situation familiale au moins plus chaotique que la mienne. Je ne vois pas trop comment on pourrait s’en sortir seuls.

- « As-tu déjà été voir la police ? Le trafic d’être humain c’est un crime terrible ! Et ce même à notre époque. » Lui demandai-je, naïvement. Je le reconnais.

Il sanglote alors de plus belle… Par-là, je comprends qu’il a déjà essayé mais soit on l’avait envoyé balader soit les gens qui sont impliqués dans ce trafic ont les bras atrocement longs et que la police était déjà corrompue. Il était donc pieds et poings liés.

- « Tu en as parlé à ta famille ? » Finis-je par demander. Qui ne tente rien n’a rien après tout.
- « Ma mère m’a abandonné pour se remarier. J’avais été placé en famille d’accueil mais… ils n’arrêtaient pas de me persécuter. C’est pour cette raison que j’ai tout plaqué… Il aurait mieux fallu que je me jette du haut du pont de Brooklyn pour en finir… » Conclut-il, désespéré au possible.

Ouh là. J’avoue qu’il est vraiment dans la merde. Mais bon. On peut toujours trouver une solution, n'est-ce pas ? Il fallait que j’en parle à Sabine pour savoir ce qu’on devait faire.

Mais, au fait ! Pourquoi est-ce que je pense à tout ça déjà ? Initialement, je ne vivais et ne me battais que pour me tirer de ce trou. Pourquoi je me préoccupe des problèmes de ce gamin tout-à-coup ? Je crois que je vais faire un petit effort pour le soutenir par égard pour Sabine mais si ça devient trop dangereux je n’hésiterai pas une seconde à le laisser dans la merde. Je ne veux pas d’ennuis. Je sais que je me répète.
       
- « T’inquiète, on va s’en sortir… » Lui dis-je alors en passant mes doigts dans ses cheveux, en me voulant toujours rassurante. Quelle mouche m’avait piquée ? Vous sauriez me le dire ?

Il faudrait qu’il quitte le pays. Mais l’autre con avait ses papiers. C’est vraiment trop embêtant les erreurs de jeunesse.

Bon, fatiguée comme je le suis, je ne pourrai jamais réfléchir correctement. J’aimerais bien malgré tout me débarrasser de cette sangsue qui ne m’avait toujours pas lâché pour aller me coucher. D’ailleurs je le trouvais anormalement tactile ces derniers temps, comme s’il était passé du chat de gouttière sauvage au chien de compagnie. Il finira par découvrir que je suis une fille à ce train-là et je n’ai vraiment pas envie de lui devoir des explications sur les raisons de cette supercherie créée de toute pièce par Sabine.

Mon T-shirt est trempé de larmes et il ne me lâche toujours pas. Je regarde alors attentivement son dos malgré la faible luminosité de la pièce. Toutes ces griffures, ces écorchures devaient provenir de son séjour en enfer. Tout le monde à son petit lot de malheur. Lui, il semblait plus abattu que les autres, c’est tout. En voyant les siennes, je repensais aux miennes… Ces cicatrices qui ornent mon dos d’une marque indélébile. Ce que l’être humain peut être vile, vraiment.

Il s’est endormi sur mes jambes, assailli par la fatigue résultant de tant de pleurs. Pauvre gamin. Le peu d’attention qu’on lui adressait devait être pour lui comme de précieux trésors. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire à présent ? La nuit porte conseil, je ferais mieux d’aller me coucher. Il n’était pas très lourd, ou disons plutôt que j’avais l’habitude de porter des charges avec un poids assez conséquent avec mon métier de coursier. Je le déplace alors sans un bruit en le trainant pour l’étendre sur le sofa, là où il dort habituellement. Au moment où je l'installe il ouvre les yeux et me retient par le bras avant de me dire :

- « A… Alex ? »
- « Oui ? Désolée si je t’ai réveillé. »
- « Je… Je peux dormir avec vous ? » Demanda-t-il, tout simplement. En se remettant à me vouvoyer au passage.

Je tique un peu. Qu’est-ce qu’il me bave-là, l’embryon ? Il semble alors vraiment terrifié. Même si je refusais, il ne me lâcherait pas, n’est-ce pas ?  Et puis, c’est bien moi qui l’ai forcé à se rappeler de cette expérience désagréable. Je capitule alors… une fois de plus.

Ma chambre est d’un naturel bordélique. Si elle était trop ordonnée, Sabine pourrait trouver des choses qu’elle ne devrait pas alors j’y mets volontairement le souque pour la leurrer. Comme un petit caneton, Raphaël me suit, me retenant par mon pyjama comme si je disparaitrais s’il me lâchait. Je me demande si son esprit était totalement embrouillé avec toute cette histoire. Sachant qu’il est poursuivi, que nous sommes peut-être tous en danger, peut-être est-il est perclus d’ignorance et surtout de doutes vis-à-vis de notre situation.

Mais dites-moi ? Est-ce qu’une jeune fille qui se respecte ramènerait un homme dans son lit ? Et ce peu importe le caractère de ce dernier. J’y ai pensé, un peu tard… Mais bon, je le considérais plus comme une mine d’emmer… heu je veux dire comme un petit frère avec plein de problèmes qu’autre chose. Il a été abandonné et trahi de tous… C’est peut-être pour cette raison qu’il s’accroche à nous aussi désespérément.

Je l’invite donc sous mon unique couette. En effet je n’ai pas pensé à prendre la sienne avec l'empressement… Il se met en position fœtale, grelottant de terreur. Vous feriez quoi à ma place ? Crevée comme je le suis je me surprends moi-même à le rassurer toute la nuit, jusqu’à ce que le sommeil veuille bien m’emporter. En effet il me faudrait de l’énergie pour affronter le lendemain.

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MessageSujet: Re: Tourbillon Incandescent   Tourbillon Incandescent Icon_minitimeVen 14 Fév 2020 - 17:13

Shoot 5

Premiers mouvements

J’adore le week-end, c’est le seul moment de la semaine où je peux me reposer. Nous avions passé un samedi plutôt rempli alors cette matinée de dimanche, c’était le mode larve. Un peu déconnectée de la réalité, groggy par la fatigue et pas habituée à des mouvements dans mon lit, j’ouvre un œil. J’avais oublié qu’il était là. J’en sursaute même. Il dormait paisiblement, apparemment, toujours en position du fœtus.  Il y avait aussi du mouvement derrière moi. Inutile de se demander qui ça pouvait être : Sabine. Elle me serre alors à la taille avant de me chuchoter à l’oreille :

- « Il s’est passé quoi cette fois ? » Me dit-elle d’un ton inquiet.
- « Je t’expliquerai plus tard. » Soufflai-je maladroite.

Non, je n’étais pas du tout embarrassée qu’elle me trouve avec son demi-frère dans mon lit. Mais pas du tout !

Même si j’ai encore sommeil, j’ai bien trop chaud pour continuer à dormir avec ces deux-là. Me lever brusquement réveillerait certainement Raphaël. Je suis donc coincée là, me demandant ce que j’avais fait au ciel pour me retrouver dans une telle situation.

À une époque, Sabine faisait des cauchemars tous les soirs, juste après ses séances chez le psychologue. Nous dormions alors toujours ensemble, afin qu’elle ne soit pas seule et livrée à ses pensées négatives. Toutefois, comme elle est d’un naturel collant, je lui avais sommé de retourner dormir dans sa chambre dès l’instant qu’elle allait un peu mieux. Nous n’étions pas un couple après tout. Quel serait alors l’intérêt de payer le loyer d’un appartement possédant deux chambres étant donné que ce n'était pas le cas ?

C’est certainement la raison pour laquelle elle a de suite compris, je pense, pourquoi j’étais aussi tolérante avec lui. Nous laissons donc Raphaël dans le lit en quittant la chambre à pas de chat pour finalement aller discuter plus loin dans la cuisine.  Je lui explique donc ce qui s’était passé la veille.

- « Les gens sont vraiment dégueulasses… On vit dans un monde vraiment dangereux, non ? » Faisait celle qui était plus insouciante que n'importe qui.
- « À qui le dis-tu ? » Lui soufflai-je alors.

Elle avait l’air de se moquer de moi.

- « Qu’allons-nous faire alors ? Rester enfermés à la maison le temps que ça se tasse ? » Proposa donc Sabine d’un faux air calme.
- « C’est bientôt la période de tes concours, tu peux louper tes cours toi ? » Lui demandai-je naïvement.

Elle me regarde alors les yeux tous ronds. J’en suis d’ailleurs si surprise que je lui rends la pareille.

- « On est peut-être en danger et tu me parles de cours ? » Me dit-elle d’un air extrêmement sérieux.
- « Heu… » Fis-je abasourdie par sa position franche sur le sujet.

Elle passe le plus clair de son temps à avoir la tête en l’air alors j’ai été quelque peu décontenancée quand elle m’envoya cette réplique à la figure. En réalité, je n’avais songé qu’au fait qu’elle avait déjà repiqué trois fois et que ce concours était sa derrière chance d’intégrer l’académie de son choix. Mais oui, elle avait raison, à quoi bon aller en cours si elle était en danger  ? Je crois que je n’ai pas encore bien imprimé la criticité de notre situation. Ou peut-être ne suis-je tout simplement pas encore bien réveillée.

- « Alex… Si ce mec le recherche vraiment et nous trouve, qu’est-ce qu’on va faire ? Si on prévient la police on risque de se faire pincer… On n’a pas d’alliés… Je… J’ai peur, Alex… » Finit-elle d’une voix tremblante.

Moi aussi j’avais peur de m’être embarquée dans une sombre histoire alors que je fais toujours tout mon possible pour rester loin des embrouilles. Si j’avais été seule j’aurais bien tout laissé en plan mais sans remord… c’est inenvisageable… Je lui attrape donc la main, tremblante, afin de la rassurer, de me rassurer également. Une fois calmée elle me dit alors de but en blanc :

- « Alex… Comment vois-tu Fafa ? »
- « Pardon… ? » Articulai-je alors difficilement.

Qu’est-ce qu’elle me bavait encore comme ineptie ? Comment voulait-elle que je le voie ? C’est une mine d’emmerdes même s’il est très poli, serviable… heu beau garçon, faible…
       
- « Tu entends quoi par-là ? » Lui demandai-je alors toujours abasourdie par sa question sans lien de cause à effet.
- « Bah, qu’est-ce que tu penses de lui, est-ce que tu l’aimes bien ? » Demanda-t-elle plus simplement afin de faciliter le traitement des données dans mon cerveau sous le choc.
- « Si je ne l’appréciais pas un minimum il ne serait pas resté ici, tu peux me croire sur parole ! » Affirmai-je sur un ton résolu en reprenant mon sang-froid, en quelque sorte.

Non mais c’est vrai ! Pourquoi s’embarrasser de quelqu’un que tu n’aimes pas chez toi ? Elle en a de bonnes, sacrée Sabine. On entend soudainement un bruit sourd provenant du salon. Comme si un boulet s’était vautré sur le sol. Quelque chose comme ça. J’imaginais très bien qui ça pouvait être. Sabine se lève dans la seconde pour voir ce qu’il se passait. Moi je ne me donne pas tant de peine. Je les entendais parler dans le salon tandis que j’inspectais le frigo et les placards. S’il fallait nous planquer, il nous faudrait des provisions.

- « Fafa ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Comment as-tu fait pour tomber ici ? »
- « Je… J’ai eu un vertige !! » L’entendis-je dire.

Il mentait. Dès qu’il parlait aussi fort c’était pour masquer quelque chose, sa gêne notamment. Ça s’entendait sur le son de sa voix. J’imagine qu’il devait être également rouge de honte.

- « Oh, mais qu’est-ce qu’il y a, tu es malade ? Tu as de la fièvre ? » Demandait crédulement la grande sœur.
- « Heu non, non ! Je… je vais bien, j’ai juste buté mon pied sur le coin de la table. »
- « Tu ne t’es pas blessé au moins ? Laisse-moi voir. » Continuait toujours notre chère Sabine.

Mais quelle mère poule celle-là ! Il est juste tombé comme un gland ! Pourquoi en faire autant ? J’avais l’impression qu’elle le faisait exprès… Finalement je pointe le bout de mon nez dans l’encadrement de la porte séparant le salon de la cuisine :

- « Ce n’est pas bientôt fini, vos jérémiades ? Bande de gosses ! »

C’était plus fort que moi, je ne supportais pas les simagrées. Ils étaient tous deux assis par terre. La main de Sabine sur le front de Raphaël. Quand ce dernier m’a vue, j’ai eu l’impression qu’il allait me faire une syncope. Il était devenu rouge comme une tomate.

Il baisse d’abord les yeux comme d’habitude, se relève maladroitement puis aide Sabine à se relever à son tour. Il m’inquiète vraiment, là…

- « Heu… Tu es sûr que ça va aller…? » Finis-je par lui demander, tout-à-coup concernée.
- « Oui, oui ! Désolé de vous causer du souci !! » Dit-il en disparaissant dans la salle de bain.

C’était louche. Très louche. Trop même ! Il avait la tête de quelqu’un de super suspect ! Comme s’il avait découvert un truc… Et qu’il ne savait pas comment masquer sa gêne correctement. Je regarde donc Sabine d’un air incongru. Elle en fait de même à mon encontre, mais d’un air vicieux.

- « C… C’était quoi ça ? »
- « Il est mignon parfois, pas vrai ? » Me dit-elle toute souriante.
- « Quoi !? » Fis-je alors tout en étant prise d’un fou rire. « Mignon je ne sais pas mais son comportement est ridiculement drôle, ha, ha ! »
- « J’avoue que ses réactions sont marrantes. Bon. » Dit-elle pour clore l’affaire. « Je vais ranger un peu. »
- « OK. Moi je vais faire une liste pour les courses. Si on doit se terrer un moment il nous faut des vivres. » Annonçai-je.
- « Ah ? Ça va nous faire combien ? Tu vas prendre de la bouffe pour qu’on ne soit pas dans le besoin pendant combien de temps ? » Dit alors Sabine soudainement très concernée.
- « Disons une à deux semaines… Je ne sai… »
- « Kyaaaaaah !! » Hurla-t-elle tout à coup.
- « Quoi !? Quoi !!!? Qu’est-ce qu’il y a !!? » Commençai-je à m’affoler.

Pourquoi elle crie-t-elle comme ça !? Est-ce qu'on est attaqué !?

- « Je vais passer deux semaines avec toi, collé à toi ha, ha, ha, ha, ha !! »

Elle est sérieuse, là ? Ce n’est pas une blague ? Je ne sais plus trop comment organiser mes pensées tant tout ce qui sortait de la bouche de Sabine me semblait venu d’ailleurs.

- « Et c’est pour cette raison que tu cries ? Tu n’en a pas marre que les voisins se plaignent de nous ? J’ai cru qu’il t’étai… »

Elle me sauta alors dessus pour me faire taire.

- « Mais qu’est-ce que tu fais... ? » Demandai-je finalement, éperdue.

En réalité, elle était très stressée. La dernière fois qu’elle avait eu une crise remontait à si loin que j’en avais oublié ses changements brusques de comportement. Je la comprenais mais tout de même, on ne devait pas céder à la panique pour l’instant. Enfin… Il fallait bien que je me persuade. Si nous craquons tous, nous ne nous en sortirons pas.

Un peu plus tard, je pars faire les courses.

Pourquoi sortir alors que la situation était aussi critique ? Les livraison à domicile était banni de notre quartier malfamé.

Sabine avait peur de sortir mais Raphaël a décidé de m’accompagner car il se sentait fautif pour la situation dans laquelle nous nous trouvions désormais. Non pas à découvert car il avait caché ses cheveux dans une casquette et portait une écharpe pour masquer un peu son visage. Oui, en plein été. Plus louche tu meurs… Mais j’avais beau lui dire de rester à la maison avec Sabine, il refusait que je fasse tout toute seule. Ça m’intriguait encore plus. D’où lui venait donc cette intrépidité ? Serait-ce de la galanterie ? Peut-être avait-il finalement découvert que j’étais une fille et qu’il voulait se rendre un peu plus utile. Balivernes. Pauvre garçon. Penser à ce genre de chose à présent c’était…

J’aperçois soudainement un homme en noir dans le magasin, comme celui de la nuit dernière. Immédiatement j’attrape Raphaël et on s’introduit dans une cabine d’essayage près du rayon vêtement où nous passions. Je crois que j’ai un peu trop surpris le jeune Raphaël qui était soudainement en pleine panique. Pourtant, il avait la main sur la bouche, tentant désespérément de garder son calme. Je crois qu’il avait compris ce qu’il se passait mais je lui devais tout de même quelques explications. Je mets donc mon index devant ma bouche en lui susurrant :

- « J’ai vu un mec louche dans le rayon bébé. Désolée de t’avoir effrayé. »
- « C’est… C’est moi qui suis désolé… » Finit-il par me dire en reprenant son calme.

Je scrute à travers une ouverture infinitésimale de la cabine pour suivre les mouvements du mec louche. Il avait des lunettes noires, un journal qu’on ne vendait pas dans ce magasin à la main… Trop louche !! Etant donné que nous sommes près du rayon de vêtements, avec un comportement aussi suspect que le nôtre, la sécurité du magasin n’allait très certainement pas tarder… Il faut agir vite.  Je déchire ma note en deux et frappe le torse de Raphaël avec.

- « Tu vas chercher ces ingrédients là et moi le reste, OK !? »
- « Heu… OK… » Dit-il perdu.
- « Tu as 7 minutes. »

Pourquoi 7 minutes ? Je n’en sais rien. Je considérais que c’était amplement suffisant pour rassembler le reste de ce dont on avait besoin. Je m’apprête donc à sortir en mode furtif, embarquant un béret non loin quand Raphaël me retient le bras, le regard inquiet. Qu’est-ce qu’il me voulait ? Ce n’est pas comme si on avait le temps…

- « Fais attention à toi… »

En temps normal je lui rigolerais très certainement à la figure, mais là. Je n’ai pas pu masquer ma gêne.  Ils sont rares les gens se préoccupent de moi. C’était la petite touche émouvante de cette mission.

- « Parle pour toi, moi au moins, je sais me défendre !! » Lui dis-je alors d’un air boudeur.

Et je m’enfuis. Je n’aime pas attirer la compassion des gens.  Je ne le supporte pas. Je ne sais donc pas comment réagir dans ces cas-là. Alors oui, je le reconnais, j’étais bien en train de fuir Raphaël. Sur l’instant je le fuyais lui plutôt que notre suiveur.

Je me chapeaute donc du béret pour mener à bien notre mission de ravitaillement. Oui, vous ne rêvez pas, j’ai vraiment l’impression de partir en guerre.

Les bras remplis de cabas de course nous nous empressons vers notre immeuble. Mais il ne faudrait pas qu’il nous y suive trop facilement. Un trajet que j’ai l’habitude de faire en 25 minutes a donc pris 1h25. Une fois dans notre immeuble : de nouveaux les quatorze étages à pied. Même pour moi c’était de la torture, alors je n’imagine pas pour l’autre derrière. En arrivant à notre pallier je lui dis :

- « Ne dis rien de tout ce que nous avons fait tout à l’heure à Sabine. »
- « Pardon ? » Dit-il incompris.

Il semble vraiment perturbé par ma remarque.

- « Je ne veux pas qu’elle s’inquiète, elle est assez peureuse et fragile comme ça. »
- « Tu es vraiment quelqu’un de prévenant, Alex. » Me souffla-t-il alors en riant sincèrement.
- « Bah quoi ? » Lui fis-je donc gênée. « Si je ne prends pas soin de Sabine qui le fera ? »
- « Tu as raison… » Acquiesça-t-il en hochant la tête avant de reprendre : « Et toi ? »
- « Pardon ?  Comment ça et moi ? » Lui dis-je alors en me retournant vers lui, interpellée par sa question.
- « Qui te protège, toi ? »

Ça doit vraiment être de famille de mettre des sujets aléatoires comme ça sur le tapis. Encore une de ses belles paroles. Il voulait que je lui dise quoi ? Il sait être marrant lui parfois. Pourtant, paradoxalement, il avait l’air beaucoup plus posé qu’à notre première rencontre. Je dois reconnaître que ça lui donnait un air mature qui lui allait plutôt bien. J’ai toutefois déjà dépassé le stade où je me laisse émouvoir par les autres… Enfin je crois.

- « Moi ? Je me démerde bien tout’ seul… »

Ma langue a failli fourcher… Je ne savais pas si je devais continuer à jouer la comédie ou être sincère. D’ailleurs que savait-il au juste ? Avait-il découvert quelque chose ou pas ? Cette situation commençait être dérangeante et tout ça c’était bien de notre faute. Sans faire gaffe, je le regarde fixement en essayant de comprendre où il veut en venir. Il pivote alors sa tête un peu sur le côté, le regard interrogateur.

- « Bonjour ! » Fit alors une petite voix.

Je sursaute d’un coup et Raphaël aussi d’ailleurs. En me retournant dans la direction opposée à ce dernier, je vois la petite fille de la voisine au bout du pallier, il me semble qu’elle s’appelait Lucille.

- « Bonjour, ma belle ! Comment vas-tu aujourd’hui ? » Lui demandai-je alors amicalement.
- « Très bien merci ! » Me répondit-elle toujours aussi gaie.
- « Ha ! Ha ! C’est bien alors ! » Lui dis-je sincèrement, j’aimais bien cette gamine.

Elle avait toujours été aussi adorable cette petite. C’était l’une des rares que j’appréciais dans le coin.

- « Heu… Je peux vous dire quelque chose ? » Me dit-elle alors d’une voix encore plus petite.
- « Oui ? » J’étais interpellée car même si elle avait toujours été polie envers Sabine et moi, nous n’avions jamais entamé d’authentique discussion.
- « Aujourd’hui, il y avait des hommes en noir qui semblaient vous chercher dans tout l’immeuble… C’était pour vous prévenir, ma maman a dit qu’elle ne connaissait personne, moi non plus, les autres voisins non plus. Ils n’ont rien dit parce que ces messieurs avaient l’air très méchant… Faites attention à vous, hein. Moi je vous aime bien. Maman aussi. Le voisin aussi. » Avoua-t-elle en un souffle.

J’avais un peu de mal à comprendre ce qu’elle me disait sur la fin. Je sentais mes jambes flancher. Et Sabine, est-ce qu’elle allait bien ?

- « Merci ma puce, on va faire attention, rentre vite ! »
- « OK ! À bientôt. » Me répondit-elle en sautillant vers son appartement.

La situation semble dégénérer plus vite que ce que je pensais. Plus que de peur, je tremblais de palpitation. Nous nous précipitons alors vers notre appartement. La porte est toujours fermée à clé. C’est rassurant. J’avais les mains qui tremblaient et donc du mal à insérer la clé dans la serrure, mais il fallait que je me calme. J’entre. Raphaël me suit de près. Je scrute très rapidement la pièce. Il ne semble rien y avoir d’anormal. Ni trace de bagarre. Rien. En fait il n’y avait pas un bruit. Ce silence me perturbe. J’inspecte chaque pièce une à une. Où peut-elle bien être ?

- « S… Sabine ? » Finis-je par demander la voix à moitié tremblante.
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