Plumage Chébérienne
Nombre de messages : 795 Age : 20 Localisation : en Astral Loisirs : Méditer, méditer et encore méditer Date d'inscription : 21/09/2016
| Sujet: Acta est Fabula Lun 30 Nov 2020 - 14:47 | |
| Bon ben...j'me lance - Chapitre I:
Un cri. Unique. Bref.
Un cri qui fend la nuit comme un sabre fend la chair, net et tranchant. Impitoyable. Le hurlement transperce le ciel tranquille, déchire le voile de silence, s'élève haut dans les airs avant de retomber tel un soufflet au sol.
Étendu dans un lit aux draps ivoire, les pupilles dilatées à l'extrême, Orion s'est figé, tous ses sens aux aguets. Cette voix, il la reconnaîtrait entre mille. En une fraction de secondes le garçon s'est redressé. Ses mouvements sont saccadés, maladroits alors qu'il s'aperçoit que la place à ses côtés est vide et se jette hors de la pièce, déambule dans le couloir étroit comme un boyau tout en scandant son nom à s'en écorcher les cordes vocales.
"Calypso !
L'éclat de sa voix se mêle au vent, lequel souffle furieusement dehors. Orion fait quelques pas dans les herbes hautes. Son regard sonde l'obscurité.
— Calypso !
Là-bas. Vers l'est. Du mouvement. Un éclat argenté a attiré son attention, et il s'élance dans cette direction sans réfléchir davantage. Une rivière se dresse sur son chemin ; il la traverse. Pieds nus. Il ne paie pas plus attention à l'eau gelée mordant ses chevilles qu'aux bourrasques qui hurlent dans ses oreilles et font voler ses cheveux, car à cet instant rien n'a plus d'importance que de la retrouver. Elle est en danger, il en est convaincu. Il peut sentir la menace affluer de toutes parts, à moins que ce ne soit l'odeur de sa propre peur qui ne l'ait contaminé.
Il l'appelle. Encore.
Seul le clapotis de l'eau lui répond. La flamme argenté qui se tenait à cet endroit quelques instants plus tôt a disparu.
Les lieux embaument le souffre et la fraîcheur de la nuit. Au dessus de sa tête, les étoiles se rient de son malheur alors qu'il fait quelques pas de plus vers la forêt dont les hauts pins se dressent, menaçants, et le dissuadent de s'approcher davantage. Il n'en a que faire. Orion se glisse entre les troncs, aussi furtif qu'une ombre. Oreilles dressées, à l'affut du moindre bruit, il veille à ne pas trahir sa présence. Il manque de trébucher sur une branche abandonnée et se rattrape de justesse. Non loin, un hibou pousse un hululement sinistre. Lui rappelle qu'il n'a pas sa place ici. Des épines de cèdres s'enfoncent dans la plante de ses pieds, mais quelle importance ? Calypso a disparu. Il se doit de la retrouver.
Le garçon n'a aucune idée de qui pourrait avoir commit pareille chose ; une bête sauvage, un être humain, un dieu ? Les possibilités son multiples. Et surtout, pourquoi ? Pourquoi l'avoir emmenée, elle ? Pour aller où ?
Le chuintement d'une lame que l'on tire de son fourreau le tire de sa torpeur. Il n'est pas seul. Là, à quelques mètres sur sa gauche, une silhouette se dresse, à moitié dissimulée dans la pénombre, seul le scintillement de l'arme sous les reflets de la lune trahit sa position. L'adversaire s'avance, menaçant, fait un pas hors du bois et dévoile son identité. Haut de deux bons mètres, il a la peau sombre parsemée d'écailles, le crâne lisse et est vêtu d'une armure de cuir noir à laquelle pend une hache massive. Une queue de crocodile balaie furieusement le sol derrière lui.
Le guerrier ne parle pas. Ne bouge pas. Aucune émotion n'est lisible dans ses petits yeux à la pupille fendue alors qu'il se dresse face à Orion, regard baissé sur cet être humain minuscule, ridicule qu'il pourrait détruire d'un simple coup de pied. L'être humain en question recule d'un pas. Lance un dernier appel, d'une voix plus hésitante cette fois-ci.
— Calypso !"
Alors l'homme-reptile passe à l'attaque, sans prévenir. Armé d'une telle rapidité qu'Orion n'a pas le temps d'éviter le coup. Un poing s'abat sur ses côtes. Impitoyable. Un deuxième ne tarde pas à suivre, et le garçon s'écroule au sol.
Il aimerait crier, se relever et se battre en retour, mais l'air lui manque. Ses poumons se sont vidés sous la force de l'assaut qui n'a duré qu'une poignée de secondes. La créature le lorgne d'un regard vide, bien qu'une lueur de satisfaction semble avoir traversé furtivement son regard mordoré. Elle s'assure que son adversaire soit bien mis hors d'état de nuire en abattant sur lui un dernier coup, puis disparait aussi vite et silencieusement qu'elle ne fut apparue, sans qu'une branche ne craque ou qu'un pas ne résonne, laissant derrière elle un jeune garçon aussi confus que souffrant.
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