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 LAËIA (Roman)

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jihel
Je commence à m'habituer
jihel


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MessageSujet: LAËIA (Roman)   LAËIA (Roman) Icon_minitimeMer 3 Mar 2021 - 10:10

Bonjour, ci-dessous le prologue de mon premier roman, écrit en 2017, pour un public (dans mon esprit) plutôt 12/18 ans.
Je posterai en suivant, si ce prologue semble inspirer, les premiers chapitres


ICI LES COMMENTAIRES


PROLOGUE

Le petit renard s’est égaré loin de son terrier.
Son museau frémit à la recherche de l’odeur rassurante de sa mère et de ses frères et sœurs.
Il avait suivi son instinct, pourchassant mulots et abeilles, gambadant après les papillons multicolores et maintenant il est bel et bien perdu. La nuit approche et les environs ne sont pas sûrs pour un renardeau sans famille. Les loups mais aussi les lynx ou les hiboux seraient tout contents de tomber sur une telle proie isolée.
Pas de doute, il s’est mis dans le pétrin…
Tout à coup il se fige, à l’orée d’une clairière, avec la sensation aigüe d’être observé. Il aimerait s’enfuir mais une force inconnue le cloue sur place et lui fait tourner la tête.

A quelques mètres de lui se tient un être étrange, dressé sur deux pattes, la bouche tordue en une drôle de grimace qui lui paraît menaçante.  L’être appelle ça un sourire et c’est sensé être rassurant, mais lui ne le sait pas. Une cascade dorée se déverse du sommet de la tête jusqu’au bas du dos de ce drôle d’animal qui tend ses deux autres pattes dans sa direction. Pour le saisir ? Il en frémit.

Le petit renard a identifié ce qui lui fait face. Sa mère appelle ces êtres « les Hommes ». Ce sont les créatures les plus dangereuses qui existent. Elles disposent d’armes magiques. Comme ces baguettes acérées qui volent plus vite que l’œil ne peut les suivre et qui peuvent stopper en pleine course le renard le plus rapide.

Mais, curieusement, il s’apaise peu à peu. Sa peur laisse place à une étrange attirance qui, pas après pas, le rapproche, non pas contre mais de sa propre volonté, de cet être qu’il devrait craindre.

Du haut de ses 6 ans, la petite fille blonde regarde s’approcher le renard. Elle a tendu vers lui ses deux mains offertes afin qu’il puisse identifier son odeur et sentir qu’il n’a rien à craindre. Mais elle sait que c’est une précaution inutile car ses pensées se sont déjà enroulées autour de celles du petit animal et elle est en communion avec lui.

Elle ressent sa légère crainte et la fait disparaître, elle ressent sa curiosité de jeune animal et l’attise encore. Peu à peu, la distance entre eux diminue.

Bientôt il est à portée de mains.

Elle ne le touche pas pourtant car son père lui a expliqué que laisser sur lui son odeur suffirait à empêcher sa mère de l’approcher, ferait de lui un paria. Ils s’observent donc, regard contre regard.

Elle plonge dans l’empreinte de ses souvenirs et découvre sa famille, sa mère, patiente mais exigeante, son père, si fort et rassurant mais reparti depuis longtemps, ses deux frères et ses trois sœurs dont deux sont restées de la portée précédente pour aider leur mère à élever les nouveaux venus.
Elle voit les jeux, vit les chasses et les bagarres pour rire, sent les petits coups de crocs des sœurs ainées qui le rappellent à l’ordre quand il ne respecte pas les usages.
Elle ressent la faim, le froid  parfois, mais aussi le bonheur ineffable de la liberté absolue, le contentement simple de l’estomac rempli, la douceur de la fourrure de ses frères et sœurs à l’heure de la sieste, les rêves où les courses deviennent des envols dans le ciel immense.
Mais elle ressent aussi sa solitude et sa peur en ce moment précis et lance alors des vrilles de pensées alentour. Elle a vite repéré une des sœurs, à la recherche de l’intrépide. Elle l’oriente alors vers la clairière, guidant ses pas comme si la renarde sentait sans le moindre doute que c’était là le bon chemin.

Quand la petite bête prudente arrive au découvert des derniers arbres, elle se fige.

La petite fille imprime son image dans les pensées du petit renard qui tourne la tête, voit sa sœur. Libéré et n’écoutant plus que son instinct, il la rejoint en trois bonds. Les deux animaux s’enfuient sans un regard.

La petite fille sourit puis rit aux éclats, reconnaissante de ce moment que la vie lui a offert, heureuse d’avoir pu aider le petit être à retrouver sa famille.

Au loin une voix s’écrie, faussement bougonne :
- Laëia, où es-tu donc passée ? dépêche-toi, veux-tu, le souper est servi…
- J’arrive Maman.

Un dernier regard vers le bosquet dans lequel ont plongé les deux boules rousses et la petite fille s’en va en gambadant gaiement vers l’autre bout de la clairière, vers la maison dont les fenêtres s’éclairent de la lueur vacillante des bougies pour faire reculer le crépuscule qui approche.
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MessageSujet: Re: LAËIA (Roman)   LAËIA (Roman) Icon_minitimeMer 3 Mar 2021 - 10:58

Allez, je poste deux chapitres dans la foulée !

CHAPITRE 1 – LE RECIT DU VOYAGEUR



L’homme est fatigué d’une longue marche et ses vêtements sont usés par le temps et de nombreux lavages. Il porte sur le dos un simple sac, toutes ses richesses sans doute.
La clairière dans laquelle il a débouché abrite une chaumière déjà ancienne mais parfaitement entretenue.
Non loin de l’entrée, un homme coupe du bois. Petit mais musclé, son visage est buriné par le grand air et il a au coin des yeux, au coin des lèvres, les rides de sourires qu’il doit généreusement distribuer au monde qui l’entoure. Attentif mais sans méfiance excessive, il examine tranquillement l’inconnu qui s’approche.
Grand et mince, maigre presque, le voyageur dégage pourtant une impression de puissance. Bien que la fatigue marque ses traits, son pas reste souple et son regard est acéré. Quand il est à proximité de lui, il plante ses yeux dans les siens sans hésiter, comme si, conscient de l’examen dont il fait l’objet, il souhaitait ouvrir son âme toute entière. Il y a dans son regard un curieux mélange de bonté, de lassitude mais aussi de détermination.
La brève lueur de suspicion qui a flotté dans les yeux du coupeur de bois s’efface dans un sourire cordial.
- Bonjour, dit l’inconnu, lui rendant spontanément son sourire. Je viens de faire une longue route et je cherche une étape pour la nuit. Est-ce que vous auriez une grange, une cabane à outils ? n’importe quoi avec un toit, en fait. Je suis frigorifié. Et si vous aviez un peu de soupe ou de pain, je me croirais vite au Paradis !
Il souligne ses propos d’une mimique rassurante et ajoute :
- Je ne demande pas la charité. Je peux vous aider à couper votre bois mais j’ai aussi quelques pièces, à votre choix…
L’homme pose sa hache et désigne la porte d’un geste large.
- Vous êtes le bienvenu et on n’a pas assez souvent de visiteurs dans ce coin perdu pour leur demander de payer un peu d’hospitalité. Vous pourrez dormir dans la pièce de vie, non loin du feu, on trouvera bien quelques couvertures pour que vous soyez confortable. Quant à manger… on a toujours de quoi.
Dans le regard de l’inconnu, toujours planté dans le sien, l’homme a la sensation étrange de retrouver un ami parti depuis trop longtemps. Le voyageur ne prononce pas un mot de remerciement mais un sourire éclaire son visage quand il pénètre à l’intérieur de la cabane.
La pièce est petite mais extrêmement bien agencée et parfaitement propre. Ça et là, quelques objets hétéroclites, outils oubliés, ouvrages en cours, témoignent que la maison vit, au jour le jour.
Devant un énorme fourneau, une femme à la crinière brune ébouriffée se retourne un instant, jauge le visiteur, interroge son mari d’un regard puis sourit et hoche la tête en signe de bienvenue.
- Je m’appelle Riec et voici mon épouse Rove, dit l’homme. Lui, ajoute-t-il en désignant un jeune homme au regard doux, assis dans un coin de la pièce, occupé à aiguiser le fer d’une serpe, c’est Atis, notre aîné. Si vous avez besoin de réparer quoi que ce soit, demandez lui, ses doigts sont en or. Et, voici Tamos son cadet. Lui, ne lui demandez rien, il casse tout ce qu’il touche, se moque-t-il sans aucune méchanceté.
Tandis que le premier garçon offre un sourire réservé à l’inconnu, le second, grand et costaud, s’approche aussitôt, souriant, en lui tendant la main.
- Vous venez de loin ? Vous avez beaucoup voyagé ? Vous nous raconterez ? Vous allez où ? demande-t-il sans reprendre son souffle une seconde.
- Tamos, je ne crois pas que tout ça te regarde, dit la mère, faussement courroucée.
Souriant à cette réserve, l’inconnu répond malgré tout:
- Je me nomme Jell et je viens des contrées du Nord. Quant à l’objet de mon voyage, je suis à la recherche d’une jeune personne…
A cet instant, une jeune fille d’une quinzaine d’années entre dans la pièce.
Ses cheveux blonds qui cascadent jusqu’au bas de son dos accrochent chaque parcelle de lumière. Dans son visage en forme de cœur presque parfait, les yeux pétillent d’étincelles d’espièglerie. Quand elle franchit le seuil on a l’impression que toute la pièce s’éclaire subitement.
Elle offre à l’inconnu un sourire radieux qui s’efface doucement pour faire place à une curiosité aiguisée par le regard pénétrant qu’il lui retourne. Il la dévisage, comme s’il voulait plonger au plus profond de son âme ou graver à jamais ses traits dans sa mémoire, et conclut d’une voix douce:
- Et je crois que je viens de la trouver.
Sans se laisser démonter, Riec ajoute :
- Et voici Laëia, la benjamine. Mangeons d’abord…
Le repas se déroule dans une ambiance conviviale, personne ne prenant l’initiative d’interroger Jell sur ses paroles sibyllines et ce dernier trop occupé à apprécier le repas simple mais délicieux proposé par Rove pour aborder d’autres sujets que quelques anecdotes croustillantes des mésaventures de son long voyage.
Chacun l’écoute avec attention, avec sa propre sensibilité.
Rove, la mère, apprécie le récit mais en profite surtout pour jauger leur visiteur, un peu méfiante malgré tout, surtout après la phrase énigmatique qu’il a prononcée. Mais au fil des histoires racontées, se dresse le portrait d’un homme généreux, sensible et plein d’humour et, peu à peu, elle se sent rassurée.
Riec le père, tout comme Tamos son fils, écoute avec attention, posant des questions, s’exclamant de stupeur à certaines situations, riant ou renchérissant sur ses souvenirs propres quand ceux-ci sont ravivés par les anectdotes de Jell.
Atis, l’autre fils, ne dit rien, un léger sourire flottant sur ses lèvres, présent et attentif ou à mille lieues de là, on ne saurait le dire.
Laëia garde son regard rivé sur les lèvres de Jell, comme si elle voulait y lire les mots au fur à mesure qu’il les prononce. Elle qui n’a jamais été au-delà du village voisin, est totalement captivée par ces petites fenêtres qu’ils ouvrent sur un monde qui lui est totalement inconnu.
- Et voici comment je suis arrivé jusqu’à vous, conclut Jell.
- Et si vous nous disiez maintenant quelle jeune personne vous cherchez ? rétorque Rove, impatiente.
- Je vais vous l’expliquer mais mon histoire sera longue. Alors si vous voulez bien que je vous aide à débarrasser et nettoyer tout ça, on pourrait se mettre à l’aise pour que je vous la raconte.
A la stupéfaction de Rove tout le monde bondit sur ses pieds. A peine le temps pour elle de se lever que les reliefs du repas partent dans le seau aux poules, les assiettes dans l’évier, attaquées immédiatement par un Riec aux manches retroussées. Tamos manie le balai, Laëia fait chauffer l’eau pour le thé et Atis dispose des tasses et des biscuits sucrés.
Rove jette un regard stupéfait à Jell et marmonné :
- Vous devriez venir plus souvent…

Assis au coin du feu, Jell tourne sa tasse entre ses doigts, cherchant ses mots. Assis en face de lui, Riec et Rove attendent, les enfants à leurs pieds, assis en cercle autour de Jell.
- Mon histoire va sans doute vous surprendre car elle est celle de notre monde et peu de personnes la connaissent. Je vous demande juste de me laisser parler sans m’interrompre. Je répondrai à vos questions après.
- Il y a bien longtemps de ça, des générations et des générations, plus que nos esprits ne peuvent l’imaginer, ce monde était déjà celui des Hommes. Mais ceux-ci avaient déjà été précédés, bien avant eux, par plus de générations encore. Au fil des siècles, leurs connaissances avaient progressé, ils avaient commencé à comprendre les grandes lois qui gouvernaient le monde et, en les utilisant, avaient conçu des merveilles que l’on peine à concevoir. Ils avaient inventé des machines leur permettant de se déplacer plus vite qu’un cheval, de voler même...
- Des machines ? interrompt Tamos
- Eh bien, oui, comme des charrettes ou des pompes à eau mais infiniment plus complexes.
Tamos fait la moue…
- Je voudrais bien voir voler une charrette, dit-il pensif et dubitatif.
Jell sourit et reprend :
- Ils avaient fait bien plus que ça, inventé des feux plus chauds que le feu, bâti des tours si hautes qu’elles touchaient le ciel, trouvé le moyen d’aller jusque dans les étoiles et savaient même comment transformer leur propre espèce. Choisir la couleur des yeux des enfants, leur taille et même déterminer leur caractère pour que les futurs individus constituent ce qu’ils pensaient être une société idéale.
Il s’interrompt en observant les réactions gênées de ses auditeurs qui se consultent du regard, se grattent la gorge. Sa voix devient presque implorante…
- Je sais que vous vous demandez si je ne suis pas fou mais laissez moi terminer et vous jugerez.
Rove jette un coup d’œil circulaire à l’assemblée et annonce, péremptoire :
- On écoute.
- Bien sûr, reprend Jell, certains hommes se battaient contre ça. Ils disaient que modifier ce que concevait la Nature était immoral mais… la tâche des autres était plus simple. Il leur était facile d’écarter les objections d’un revers de la main et de convaincre leurs concitoyens ! Ils rétorquaient que leurs découvertes feraient disparaître les maladies, les perversions, rendraient l’homme universellement bon et, même, feraient de lui un Immortel. Alors tout le monde rêvait et personne ne s’opposait vraiment à ce que certains appelaient « le progrès ». Puis un jour, un homme a réalisé la découverte ultime, il a découvert la loi fondamentale de la Nature, celle qui engendrait toutes les autres. Et il a bâti une machine qui lui a permis de créer de nouvelles lois à sa convenance, de nouveaux équilibres. Il l’a juste appelé « La Machine ». Il l’a utilisée et… il a changé le monde à tout jamais. Il a déterminé ceux qui étaient compatibles avec le Nouveau Monde qu’il voulait bâtir. Ceux là ont survécu, tous les autres ont simplement disparu dans la seconde, comme s’ils n’avaient jamais existé. Il a peuplé le monde de créatures chimériques, sorties tout droit de son imagination et de sa fantaisie. Il a banni toute science avancée pour éviter que qui que ce soit ne puisse détruire son œuvre.
Jell s’arrête quelques secondes, observe son auditoire, et conclut :
- Il a bâti son monde de rêve, et c’est celui dans lequel nous vivons aujourd’hui.

C’est Riec qui rompt le silence un peu gêné qui s’est installé.
- Bon imaginons que ce soit vrai vos co.. (il s’arrête à temps sur le mot et corrige), ce que vous nous racontez. En quoi ça nous explique pourquoi vous cherchez… une personne…
- Ni comment vous sauriez tout ça aussi, ajoute Rove.
- Je sais tout ça parce que l’homme qui a créé la Machine n’a pas pu se résoudre à voir le souvenir de son œuvre s’effacer. Alors il a constitué un groupe de personnes qui ont la charge, génération après génération, de se transmettre le secret du monde. Il les a appelés « les Initiés ». Et je suis l’un d’eux.
- Et qu’est ce qui vous prouve à vous que cette histoire est autre chose que des sornettes inventées par des illuminés ?
Jell regarde Rove.
- La meilleure raison qui soit. L’histoire nous est racontée par la Machine elle-même. Et quand on l’a vue une fois, on ne peut plus douter car la Machine ne fait pas que vous raconter l’histoire, elle vous la montre. Mieux, vous la fait vivre comme si vous y étiez. Quand vous avez assisté à ça, vous ne doutez plus.
De nouveau le silence s’installe. Riec attrape le regard de Jell et enchaîne :
- Et donc ?
- Il y a de nombreuses années de ça. Un des Initiés, au caractère totalement perverti et avide de domination, a conçu l’idée de prendre le contrôle de la Machine pour, à son tour, façonner le monde et en faire un jouet à sa convenance. Mais la Machine était protégée par 4 guerriers invincibles, les Roques. Il faut les avoir vus une fois dans sa vie pour comprendre ce que veut dire le mot « terreur ». Ce sont des machines à tuer, totalement invulnérables. C’est le « Créateur » qui les a conçus afin de protéger sa précieuse Machine. Mais il est passé à côté de ce que, à son époque, on appelait une faille de sécurité… Parmi les nouveaux humains qu’il avait créés, certains étaient dotés d’empathie.
- De quoi ?
- D’empathie. C’est la faculté de ressentir les émotions des autres. Si vous voyez une personne triste, vous pleurez avec elle, si elle souffre, vous ressentez sa douleur et si elle est heureuse, sa joie rayonne en vous. C’est à la fois une bénédiction qui vous pousse naturellement à faire le bien autour de vous mais aussi une malédiction car vous ressentez tous les malheurs du monde. Les empathes peuvent difficilement être totalement heureux. Mais poussée à l’extrême par le Créateur, cette faculté est aussi devenue un pouvoir car elle peut s’exercer à l’envers. Au lieu de simplement ressentir les émotions des autres, les empathes pouvaient aussi les provoquer et même suggérer des idées et imposer des comportements. En bref, prendre le contrôle de n’importe quel être vivant…
En entendant ça, Tamos, qui commence à trouver le récit un peu long pour son goût, se glisse derrière Atis et manipule ses bras comme ceux d’une marionnette, provoquant un sourire indulgent de l’intéressé.
- Manipuler les êtres vivants…
- Tamos, s’écrient à l’unisson Riec, Rove et même Laëia en qui les derniers mots de Jell ont évoqué des échos lointains.
- L’initié a découvert une empathe et a réussi à la pervertir.
- Une femme ?
- Elle s’appelle Pyèthe. C’est un don qui est naturellement plus développé chez les Femmes. Pas étonnant donc que ce soit l’une d’entre elle qui ait été en mesure d’acquérir de tels pouvoirs. Grâce à cette alliée puissante, l’Initié a pu dominer les Roques. Le Créateur les avait rendus invincibles mais n’avait pas pensé qu’on pourrait en prendre le contrôle.
- Tout le monde ne connaît pas les Roques, interrompt Riec, mais chacun a entendu parler d’eux. C’est grâce à eux que Erquin a pu, il y a des années de ça, imposer ses lois dans le Royaume du Nord et étendre peu à peu son pouvoir sur les Royaumes voisins…
- Qui tentent de se défendre mais sont mis en pièces par les 4 guerriers dès que Erquin a décidé que le temps est venu de mater les rébellions. C’est grâce à eux que peu à peu, les plus veules, les plus lâches ou les plus pervertis, se rangent derrière Erquin et collaborent avec lui pour imposer son pouvoir. Erquin est l’Initié dont je vous parle.
- Est-ce qu’il a pris le contrôle de la Machine ? demande Laëia, dont Jell entend la voix pour la première fois.
Il la regarde longuement, comprenant que, dans son esprit au moins, s’est imposée la certitude que cette histoire hallucinante n’est rien d’autre que la vérité.
- Non, car il ne suffit pas de pouvoir s’en approcher. Il faut aussi pouvoir l’utiliser. En prenant le contrôle des Roques, Erquin a pu accéder librement à la Machine mais pour se rendre compte qu’il était incapable de lui donner les instructions les plus simples, n’ayant pas, en fait, la moindre idée sur la façon de le faire. Mais il a malheureusement réussi à découvrir que la clé du fonctionnement de la Machine était une personne. Le seul être au monde, en fait, qui serait capable de la contrôler. Il s’appelle Eriam et personne ne sait qui il est exactement. La seule chose qui est sûre est que le capturer, c’est s’assurer de pouvoir contrôler la Machine et contrôler la Machine, c’est contrôler le monde. Le problème c’est que Erquin, s’il ne sait toujours pas qui est Eriam, a découvert où il se cachait et il a envoyé les Roques le chercher. S’ils s’en emparent et le lui ramènent, alors Erquin commandera à la Machine. Il pourra lui faire créer les armes les plus mortelles, provoquer des tempêtes, effacer des villes entières s’il le souhaite, ou même refaçonner le monde à sa convenance. Plus rien ne pourra nous sauver des délires de Erquin et tous les Rebelles qui se dressent contre lui seront condamnés à mort.
- Et donc ? insiste Riec, décidé à ne pas se laisser distraire de sa question.
- Le seul moyen d’empêcher ça est de trouver Eriam avant les Roques ou de pouvoir le leur arracher s’ils mettent la main dessus. Et aucun guerrier au monde n’en est capable. Seule une empathe peut les dominer…
Jell s’interrompt, fixe Riec, puis Rove et termine en posant son regard sur Laëia :
- Et il y a justement une seconde empathe, juste ici, dans cette maison…
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MessageSujet: Re: LAËIA (Roman)   LAËIA (Roman) Icon_minitimeMer 3 Mar 2021 - 10:59

CHAPITRE 2 – LE POUVOIR

Tamos regarde sa mère Rove, Rove et son mari Riec regardent Jell, Atis a compris et regarde Laëia dont les yeux fixent le vide, comme si elle s’était repliée en elle-même, assaillie soudain par des bribes de souvenirs lointains et confus. Jell ne la quitte pas des yeux.
- Comment ? commence Rove. Elle ne termine pas sa phrase mais Jell, qui a deviné ce qu’elle allait demander, lui répond :
- Quand le Créateur a imaginé de développer ce pouvoir d’empathie, il ne l’a fait que sur un nombre de sujets limités, comme la plupart de ses expériences d’ailleurs. Comme ce pouvoir ne se développe pas chez les hommes ou seulement de manière très partielle, Erquin a suivi les lignées qui avaient permis au pouvoir de se transmettre de mère en fille, jusqu’à nos jours et a vite découvert qu’une seule lignée était concernée, celle qui menait à Pyèthe. Erquin a donc supposé qu’elle était la seule femme restant sur Terre douée de ce pouvoir. Mais, comme d’habitude, il a voulu avancer trop vite et a négligé de se poser les bonnes questions… parce qu’en fait, si le pouvoir ne se manifeste pleinement que chez certaines femmes, il reste à l’état latent chez les hommes qui sont quand même capables de le transmettre de génération en génération. J’ai inspecté chaque lignée. A part celle de Pyèthe, toutes ont été interrompues faute, à un moment, de descendant direct. Toutes, sauf une…
Il s’interrompt un instant, regarde Riec et conclut :
- Une de vos aïeules avait ce pouvoir, Riec, vous l’avez transmis à Laëia et il existe aujourd’hui en elle. Même si elle n’en est plus tout à fait consciente, faute de l’avoir cultivé. Les pouvoirs sont comme les muscles, si on ne les utilise pas, ils s’atrophient.
Laëia secoue la tête, incrédule.
- Mais je ne sais pas faire ce que vous dites.
- Bien sûr que si. Est-ce que tu n’as jamais remarqué que tu ressentais la peine et la souffrance des autres comme si c’était la tienne ?
- Elle est sensible et gentille envers les autres, elle veut toujours les aider, et alors ? il y a plein de gens comme ça, intervient Rove.
Jell sourit.
- Pas tant que ça, malheureusement. Mais d’accord pour l’argument... Et quand tu étais enfant, Laëia, tu n’as pas le souvenir d’avoir parfois fait des choses extraordinaires ?
L’expression de Laëia se transforme à la seconde même, alors que lui remonte un flash du passé. Elle revoit une petite boule rousse qui retrouve sa grande sœur.
- Oui, je crois que tu te souviens, sourit Jell. Sans doute d’un moment marquant mais il y en a forcément eu plein d’autres.
Il regarde autour de lui et demande à Rove, surprise par le brusque changement de sujet :
- Vous avez des souris, ici ?
- Comme dans toutes les maisons à la campagne bien sûr. C’est pour ça qu’on a ce gros fainéant, ajoute-t-elle en montrant un énorme chat doté d’une somptueuse fourrure noire et grise, qui somnole, roulé en boule près de la cheminée. Mais il ne les cherche pas. Il faut vraiment qu’il lui en passe une sous le nez pour qu’il daigne faire son boulot. C’est une vraie plaie, ces souris…
- Laëia, est ce que tu les vois ?
La jeune fille regarde autour d’elle.
- Non, poursuit Jell, ne regarde pas avec tes yeux, regarde dans ta tête.
- Je sais pas faire ça, rétorque Laëia, inquiète et un peu butée.
- Bien sûr que si, répond de nouveau Jell.
Il n’ajoute rien mais son sourire et le regard qu’il pose sur Laëia sont sans équivoque, il a une confiance absolue en la jeune fille. Curieuse malgré tout, celle-ci tente… de regarder dans sa tête. Et, en quelques secondes, elle les voit, tout autour, dans les murs, sous le plancher, trottinant au grenier, farfouillant dans les réserves. Sa bouche s’arrondit en un « Oh » de stupéfaction.
Jell sourit plus largement, déjà triomphant.
- Bien sûr que tu les vois. Fais les toutes venir ici maintenant. Et ne réponds pas que tu ne sais pas faire ça, ajoute-t-il avant que Laëia n’ouvre la bouche pour protester.
De nouveau la jeune fille plonge en elle-même, ses yeux perdus dans on ne sait quel univers qui lui appartient. Et elles surgissent de partout, par dizaines et se mettent à tourner en rond dans la pièce, petites boules grises aux moustaches frétillantes, un peu déboussolées. Le chat observe tout ça d’un œil stupéfait et sa queue commence à remuer en rythme.
- Laëia, le chat, bloque le, dit doucement Jell.
Dans la seconde le chat arrête de remuer la queue même si ses yeux semblent toujours pétiller d’intérêt.
- Nom de nom, s’écrie Tamos, pragmatique, en s’emparant d’une poêle suspendue à une poutre, bien décidé à faire une écrabouillée de souris.
Mais Laëia le fixe avec une détermination que personne n’a jamais vue dans ses yeux.
- Non, intime-t-elle d’une voix forte, le figeant sur place. Ouvre la porte.
Subjugué, le garçon obéit et ouvre la porte. D’un seul mouvement, comme un vol d’étourneaux, les souris s’enfuient de la maison en une longue vague de fourrure grise. Quand la dernière a disparu, Riec résume la pensée générale en fixant sa fille d’un œil stupéfait :
- Eh ben, dit il simplement…

Rove est la première à sortir de sa surprise.
- Bon. Admettons que Laëia ait un pouvoir. Admettons aussi, pourquoi pas du coup, que votre histoire soit vraie. Si vous pensez que vous allez embarquer ma fille dans un combat contre l’être le plus mauvais de ce monde… jamais vous m’entendez, jamais…
Sa voix est sourde, basse mais habitée d’une intensité qui arrêterait un taureau en pleine charge. Et Riec renchérit, moins tendu, mais tout aussi déterminé et encore plus expéditif.
- Je vous ai offert l’hospitalité, Jell. Vous avez mangé, vous nous avez raconté de belles histoires. Cette nuit, comme promis, vous pourrez dormir dans cette pièce, au coin du feu mais demain, à l’aube, vous quitterez cette maison et n’y reviendrez plus. On n’a rien contre vous, Jell. On soutient votre combat, même. Mais personne ne me prend ma fille.
- Votre fille fait partie des aspirants dans le groupe des Rebelles, avec vos deux fils. Vous croyez qu’elle ne va pas risquer sa vie quand les troupes d’Erquin vont venir mater ces insoumis ?
- Qui vous a parlé de ça ?
- Je ne suis pas arrivé chez vous par hasard. Ça fait deux jours que je suis sur place et que je me renseigne pour trouver votre maison. Les gens parlent, pour peu qu’on soit sympathique avec eux. C’est dans la nature humaine. Ils vont venir, Riec, ils vont venir bientôt car la rébellion est forte ici et vous aurez affaire aux Elites. Ce sont des troupes surentraînées et dotées d’armes dont vous n’avez même pas idée. Elles ne feront qu’une bouchée de tous ces jeunes courageux mais mal équipés. Et après eux, ce sera la ville suivante, et celle d’après. Même si Erquin ne peut pas dominer le monde grâce à la Machine, il s’emploiera à massacrer tous ceux qui s’opposent à lui. Vous pouvez refuser ça mais aujourd’hui il n’y a qu’une personne sur Terre capable de changer le cours des choses. Et cette personne c’est Laëia.
- Alors mes enfants quitteront la rébellion, répond Riec d’une voix un peu hésitante.
- Papa ! s’exclame Tamos horrifié, on ne peut pas abandonner nos amis.
- On reste avec eux, ajoute Atis d’une voix calme et déterminée, prononçant sans doute sa première phrase de la journée.
Instinctivement tout le monde tourne les yeux vers Laëia.
Jell fait un pas vers elle et lui prend les deux mains.
- Regarde, dit-il simplement.
Laëia plonge ses yeux dans ceux de Jell. Au bout de quelques secondes, ses yeux s’embuent et elle semble chercher sa respiration. Bientôt les larmes ruissellent sur son visage, elle commence à respirer difficilement puis suffoque presque. Des sanglots lourds, irrépressibles déchirent sa poitrine. Elle lâche les mains de Jell, recule lentement de quelques pas et s’adosse au mur contre lequel elle s’affaisse lentement. Dans ses yeux se reflètent une douleur, une terreur, une horreur sans nom.
- Eh vous faites quoi ? hurle Riec en attrapant Jell par le bras.
- C’est terminé.
Effectivement Laëia semble se calmer un peu, même si quelques sanglots convulsifs continuent à secouer son corps.
Atis va vers elle, la relève et la prend doucement dans ses bras. Il jette un regard de reproche à Jell.
- Je suis désolé, dit Jell. Je devais le faire. Laëia, je suis moi aussi un peu empathe, pas actif comme peuvent l’être les femmes, mais assez pour plonger dans l’âme d’Erquin et ressentir ses pulsions les plus profondes. Ce sont les souvenirs de ce moment que tu viens de ressentir à ton tour. Maintenant tu sais qui est Erquin et ce qu’il fera du monde s’il a tous les pouvoirs. Maintenant tu sais pourquoi, depuis ce moment là, je n’ai plus eu d’autre choix que de me dresser contre lui.
- Assez, s’exclame Rove en poussant Jell vers la sortie. Vous partez. Maintenant.
Jell recule vers la sortie, anéanti par la colère et la rancœur qu’il sent en Rove, en Riec, suivi du regard hostile des deux garçons.
Tandis que Rove ouvre la porte à la volée, Riec continue à le pousser à l’extérieur.
La voix de Laëia, résonne forte et claire, figeant tout le monde.
- Arrêtez.
Un instant, puis elle ajoute :
- C’est lui qui a raison, je dois l’accompagner.
Elle contourne ses parents et se plante face à Jell.
- Je vais le combattre. On ne peut pas laisser un tel monstre dominer notre monde. Dites-moi ce que je dois faire.
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