La pierre de sang.
Les yeux humides de larmes non séchées,
Le regard vide, dans les rues sombres de mon passé,
Je rêve.
Le col relevé, transi de froid, j’avance sans but,
Je ne vois plus ceux que je croise, enfouis dans leurs misères,
Je pense.
Cette lumière diaprée, tout au bout du chemin,
Un soleil sans chaleur, sans rayon, attire mon âme.
Je songe...
Je songe à la fille de Poéma, je la devine, je la vois,
Petite et fine, ses grands yeux noirs en amande,
Scintillant sur sa poitrine, un collier en perles multicolores.
Ses longs cheveux de jais, encadrant son visage,
Adoucissant son port de reine, sévère et hautain.
Son petit sac magique en bandoulière,
Contenait ses remèdes et sa dague effilée.
Oui je l’aperçois, la fille d’Hanaé,
Elle et ses pouvoirs magiques :
Ceux de guérir et de comprendre,
Ceux de connaître la vérité,
Ceux de percevoir la sincérité.
Elle est Oracle, donc elle sait.
Elle connaît toutes les différences :
Entre la vie et la mort,
Entre le bonheur et le malheur,
Entre la douceur et la cruauté,
Entre l’amour et l’amitié.
Oui ! Elle, l’Augure, elle sait.
Elle sait que mon âme vagabonde,
Elle sait toute ma sincérité et ma cordialité,
Elle sait toute mon authenticité et ma droiture,
Elle sait mon ingénuité et ma simplicité,
Elle sait toute ma franchise et ma naïveté,
Elle sait enfin, toute ma loyauté.
Elle est l’oracle, elle est l’Augure,
Elle saura me laisser dans la nuit ou m’apporter la lumière.
Elle saura me plonger dans l’oubli, ou me redonner la mémoire.
Elle saura…