deux amies

deux amies

derrière les lunettes qu'elle avait épaisse
cul de bouteille
derrière
deux yeux bleues doux

est elle née un peu cassée?
un peu pliée
l'accentuation qu'offre les années
elle penchait méchamment sur le canapé!
après l'heure du midi
ici c'est l'heure du repos.
je dis ici
ici est comme une île
loin du monde
mais je n'en préciserais
ni la longitude
ni la latitude

derrière ses lunettes
ses yeux clairs
des cheveux gris-blanc courts
tout bouclés
follement bouclés
de sorte
qu'instinctivement
on pense aux gentils moutons
de nos douces montagnes
tout en laine Woolmark et sans défenses

en boule
elle se repose

a coté
son amie
d'une amitié sans date
sans histoire
et sans fin
d'une amitié
sûr
comme ces sources
que l'on entends
que l'on sait là
et qu'aucun ignore
une source de village
plus vieille encore
que les pierres des masures
et qui rafraichissent
par leurs seuls
bruissements

son amie :
les mêmes yeux
les mêmes lunettes
les mêmes cheveux
parfois
les même aiguilles à tricoter
peut être les mêmes laines,
les mêmes mailles
les mêmes pulls
comme la même respiration.
plus jeune
elle est juste un peu moins couchée
un peu moins courbées
juste un peu moins

toutes deux
comme elles ressemblent aux arbres des bords de mer
opiniâtre et tordus par les vents
résistants
dans toutes les tempêtes
avec un chant de fond
un chant de dune
celui des mots chuchotés
l'une à l'oreille de l'autre.

ainsi passe les après midi
l'une a coté de l'autre
l'une parlant doucement à l'autre
parfois
au cœur de la lumière
des mots s'échappent
suspendus
dans l'air doré.
ici les heures sont lentes
beaucoup plus lente
que par ailleurs
ici
le temps est enfermé
mis de coté
disputé
au monde
les gestes sont timides et prudents

là- dehors
règnent les carnages
là-dehors
des bruits parfois arrivent
de la violence du monde
de celle qui laisse
corps, plastiques, plumes et os
sans vie
sur la plage.

ces mots silencieux
de l'une à l'autre
s'élèvent entre les murs
en spirale
caressent nos oreilles
ces mots généreux
rependent
des bouts roses d'affections
tendres
comme le sucre rose des barba papa
et s'accrochent
dans le cœur
de chacun de nous
nous
simple témoin
heureux témoins
de toute cette tendresse rependues
du roman de deux amies.

Tu t'inspires encore, comme dans jurisconsulte, d'histoire vraie ? C'est ma question du jour parce que je suis toujours baba devant ceux qui écrivent comme toi de la poésie (c'en est ou pas? tu ne l'as pas mis dans le topic poésie). Ma question en un sens plus générale : de quoi tires-tu ton inspiration pour tes textes : vie courante, rêve. Ils sont tous originaux et à la fois à notre portée de main (j'ai un petit frère qui refait le monde, des grand-mères qui tricotent). Sinon avec tous ces textes tu dois avoir un sacré recueil, je suis admiratif.

j'ai pas mal de texte que j'ai soumis à des editeurs en debut d'années, ce fut un refut.de quoi garder la tête froide

l'ecriture c'est une histoire qui a démaré 1l y a quatre ans, lors d'une de mes hopitalisation pour un sevrage alccolique.Le psychiatre de la clinique m'a conseillé d'ecrire, je l'ais pris comme une boutade, j'ai commencé en faisant un journal " guide de survie dans une clinique psy"
ce journal est ici, doux ding, mal ecrit,brut de coffre.
avec le temps l'ecriture s'est imposée comme un déversoire et comme un moyen de communication avec autrui (je n'ai pas de famille, hors mon mari)
un deversoire indispensable car je suis relativement à vif dans la vie
l'année derniere j'ai suivi une therapie de groupe concernant la gestion des emotions.
c'est tout dire, je suis de celle que les emotions peuvent porter ou laisser sur le tapis
je me sens relativement transparente au monde et avec mes problemes de santé j'ai du temps pour le regarder
un monde competitif
et un monde que je qualifirais d'a coté, qui aurait tandance à survivre à l'ombre des murs des hopitaux psy, notre seul refuge parfois.

un psychiatre m' a traité de "pointillé" aujourd'hui
oui je suis un poi+ntillé car je vis entre deux mondes, je suis contente quand je peux en remonter des histoires, j'ai un peu l'impression d'être enfin utile
voila josué,tres cordialement