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 Deux coeurs à l'unisson

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erhyl65
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MessageSujet: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeSam 7 Mai 2022 - 0:55

Chapitre 1

Le bar, Le O'neal, était bondé comme à son habitude. C'est à dire qu'il n'y avait que quelques personnes présentes, principalement les habitués. Quelques fois de nouvelles têtes venaient faire leur apparition, mais elles ne refaisaient jamais surface. Un pakistanais aux cheveux courts, âgé d'une trentaine année, tenait ce bar irlandais. Le manque d'affluence l'embêter grandement, mais Rhada ne paniquait pas. Il aimait s'occuper de ses clients. Si vous lui posiez la question, Rhada vous répondrait qu'il se devait de chouchouter ses fidèles. Tenir un bar, est comme prendre soin de sa famille.

Il apporta trois pintes à une table située face au comptoir. Les trois personnes assises, comptaient parmi ses préférés. Ils discutaient toujours avec lui et s'ils restaient jusqu'à la fermeture, lui proposaient toujours de l'aider. Parfois, il acceptait et veillait à ne pas en abuser. La jeune femme du groupe, une petite blonde, semblait être le centre du groupe. Les deux hommes qui l'accompagnaient, pouvaient être tels deux tigres protégeant un territoire. Il sourit à cet idée, car cette jeune femme n'avait pas la langue dans sa poche pour éloigner les indésirables qui tentaient de l'aborder.

Rhada déposa les pintes sur la table en face de chaque personne. Tina le gratifia d'un sourire. L'un des deux hommes demanda l'avis du barman sur la conversation en cours. Celui-là était le plaisantin du groupe. De premier abord, il pouvait paraître sérieux, toujours vêtu avec un costume. Le barman estimait qu'il était commercial dans la vie active. Terry avait un débit impressionnant quand il commençait à parler. Rhada se souvenait de longues discussions passionnantes à la fermeture du bar. Terrence Thomas était quelqu'un d'amusant et de très sympathique.

Le deuxième homme, un peu effacé entre ses deux forts caractères, régla la note. Rhada le remercia. Il observa à la dérobée Bruce. Ce dernier n'avait d'yeux que pour Tina. Ces deux-là semblaient fait l'un pour l'autre. Le barman se demandait ce que pouvait bien attendre Bruce pour lui avouer ce qu'il ressentait pour elle. Mystère.
Elle semblait pourtant réceptive, buvant presque ses paroles.

La clochette au-dessus de la porte tinta. Un nouveau client venait d'entrer. Rhada l'examina rapidement. Ce n'était pas un habitué. L'homme vêtu d'un blouson en cuir cherchait quelqu'un du regard. D'un pas sûr, il se dirigea vers la table des trois amis. Sans un mot pour les deux hommes, il se pencha et embrassa Tina dans un long baiser.

-Aïe!- Rhada eut une pensée immédiate pour Bruce. Terry accusait le coup, mais Bruce semblait sur le point de s’évanouir.

Enfin, le couple se sépara, permettant à Tina de reprendre son souffle.

- Terry, Bruce, commença-t-elle. Voici mon copain, Hayden.



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erhyl65
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MessageSujet: Re: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeSam 7 Mai 2022 - 1:04

Chapitre 2

Bruce Petterson est un homme ordinaire, habituellement censé et très peu organisé comme pouvait en témoigner le désordre sur son bureau et la pile de vêtements sales jetés un peu partout dans sa chambre. Cela était dû à un certain manque de temps. Bruce travaillait la nuit dans une usine situé en dehors de la ville. Tous les jours, hormis le week-end, il prenait le bus pour aller travailler. Ce n'était pas exactement un travail exaltant, mais il lui plaisait. Bruce avait essayé plusieurs emplois avant de finir dans cette entreprise et c'était la seule qui le laissait faire son boulot sans que quelqu'un ne vienne surveiller sa cadence. Le boulot devait être fait, c'était ce qui importait à ses employeurs. Travailler dans l'aéronautique ou du moins en partie n'avait jamais été dans son choix d'emplois de rêve. Une boîte d'intérim lui avait trouvé ce poste. Depuis, il y était resté. Son poste consistait à sabler des pièces métalliques destinés aux avions. C'était un travail répétitif, mais cela avait un effet reposant pour son esprit.

Le matin, lorsqu'il rentrait, le retour en bus le fatiguant tellement, Bruce se couchait aussitôt, laissant ses vêtements de la veille sur le sol. Ce cycle se répétait toute la semaine, attendant que le samedi ou le dimanche, il se décide enfin à tout ramasser pour faire une lessive.

Aujourd'hui, on était samedi. Plus précisément samedi vers 18h. Bruce n'était pas décidé à faire du rangement pour l'instant. Il fixait l'horizon par la fenêtre, réfléchissant ou faisant mine de réfléchir. Son esprit vagabondait. Le doux rêve que caressait notre homme était d'écrire un roman. Dans son ordinateur, se trouvaient de nombreux fichiers de textes commencés et jamais achevés. Cette fois-ci, il s'était décidé à écrire. La question dont il espérait la réponse en regardant par la fenêtre, était : quoi écrire ?

Oh, il en avait des idées à revendre, mais Bruce était incertain. Devait-il écrire comme à son habitude une histoire de fantasy ? C'était ce qu'il aimait le plus. Où devait-il se tourner vers autre chose ? Quelque chose qu'il n'avait jamais essayé encore. Il mit de côté l'enquête policière. Le suspens était dur à installer. Tout comme la peur, donc il se décida à oublier l'horreur et l'angoisse. La romance... NON ! Rien que l'idée de penser à ce mot, le révolta. Il sentit monter en lui la colère.

« Voici mon copain, Hayden ». La voix de Tina résonna dans un coin de sa tête.

Bruce secoua la tête pour retrouver ses esprits et effacer ce sinistre souvenir. Il devait se concentrer sur son objectif. Un conte pour enfants ! Bien sûr, il en avait rêvé. « Lady in the water », un de ses films favoris était un conte de fée transporté dans le monde réel. En voyant ce film, il avait rêvé en être le héros, rencontrer ces créatures magiques, même les plus effrayantes. Si lui, il avait retrouvé son âme d'enfant en visionnant ce chef-d’œuvre, peut-être parviendrait-il à faire de même en écrivant une histoire du même genre mais à sa sauce.

Il dut admettre que l'idée était impressionnante car cela allait lui demander du travail.

Satisfait, il s'assit à la table du salon, son bureau étant inutilisable. Il alluma son ordinateur, se leva pour se servir un café et enfin il lança son logiciel d'écriture. L'écran blanc s'afficha et le curseur clignotant attendait que les premiers mots s'inscrivent. Il clignota longtemps, Bruce s'était déjà relevé pour aller chercher du sucre.

Les yeux fixés sur l'écran, Bruce fit claquer ses doigts sur la surface situé en dessous de son clavier d'ordinateur portable. C'était un geste qu'il faisait machinalement, un peu comme si ses doigts frémissaient d'impatience avant d'appuyer frénétiquement sur les touches.

Rien ne vint. Il se mordit les lèvres, regarda au plafond, puis les alentours... Il y aurait bien quelques choses qui lui donnerait une idée ! Son esprit demeura complètement vide. Bruce but son café et se mit à procéder différemment. S'il voulait écrire un conte pour enfant, il se décida pour un conte de fées. Généralement ce sont les filles qui aiment les fées, mais Bruce voulait que cette histoire soit pour tous. Donc, il devrait mettre de l'action, de l'aventure. Pour choisir un héros, il pensait au début à un chevalier, mais cette idée ne lui convenait pas. Pourquoi ne pas faire des fées, les héros de son histoire ? Oui, c'était ça ! À présent, il tenait son idée.

Bruce écrivit : Il était une fois. Il effaça immédiatement ce qu'il avait écrit.

Pourquoi était-ce si compliqué ? Il avait l'idée, il avait ses héros, mais rien ne venait. Peut-être avait-il besoin d'un contexte ? Bruce se leva et arpenta la pièce s'imaginant plusieurs situations pour ses héros. Il refusa chacune de ses idées. Bruce commençai à s'impatienter. Il savait que s'il avait le début de son histoire, le reste viendrait naturellement. Il devait juste le débloquer.

Il passa de longues minutes qui se transformèrent en heures. Bruce sortit l'artillerie lourde en posant une bouteille de whisky sur la table ainsi qu'un verre. Il se servit un fond. Dans tous les films qu'il avait vu, un auteur trouvait son inspiration avec un verre d'alcool. Il but une gorgée et grimaça.

– Si ça marche dans les films, se dit-il, ça devrait marcher pour moi.

Il avait toutefois omis un détail, dans ces films en question, presque toujours des films d'horreur, l'écrivain, alcoolique subissait la pire des punitions. Pourtant, Bruce finit son verre et constata presque sans surprise qu'il n'avait toujours aucune once d'inspirations en lui.

Plusieurs minutes s'écoulèrent et le curseur sur la page blanche clignotait toujours attendant qu'il écrive ne serait-ce qu'un mot ou une lettre. Il s'assit sur le dossier de sa chaise et mit sa capuche sur la tête. Bruce commença à se balancer d'avant en arrière en psalmodiant des sons incompréhensibles. À cet instant précis, il avait conscience de passer pour un fou, mais heureusement, il n'y avait personne pour le voir. Il essayait tant bien que mal de mener à bien son invocation. Il ne se rendait pas compte de l'ingéniosité qu'il employait pour ne pas écrire. Que du temps perdu.

La « magie » ne fonctionnant pas, il dut chercher un autre moyen. Bruce fouilla un tiroir et en extirpa une paire de lunettes noires. Il les mit sur son nez et attrapa un balai... Pas de la bonne manière. Il le tenait telle une guitare basse.

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erhyl65
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MessageSujet: Re: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeSam 7 Mai 2022 - 1:10

Il salua une foule invisible.

– Thank you, everybody !

Le jeune homme pinça des cordes imaginaires et commença à chantonner un vieux morceaux : Mannish boy de Muddy Waters. Seulement, il en changea les paroles.

– Oh yeah ! Tadadadada. Oh yeah ! Tadadadada. Tout changera ce soir. Tadadadada. Je vais écrire. Je vais écrire. Tadadadada. Le roman de ma vie. Tadadadada. Donne moi l'inspiration. Tadadadada. Donne-la moi. Tadadadada. Oh donne-la moi ! Tadadadada. Oui, donne-la moi !

Bruce aurait très bien pu continuer ainsi un long moment, mais il fut interrompu par la sonnerie de son téléphone.
Il soupira. Quelqu'un venait encore le déranger alors qu'il allait obtenir son éclair de génie.

– Oui, allô ! répondit-il d'un ton sec.
– Bonjour l'accueil ! Rétorqua une voix familière. Et les formules de politesse d'usage ?
– Bonjour, Terry. Comment vas-tu ? Demanda-t-il d'un ton ironique.
– Un peu forcé, mais c'est un bon début. Je vais très bien. Merci. Bon, es-tu occupé ?

Bruce lança un regard vers sa page blanche.

– Oui, très. Pourquoi ?

Il y eut un silence.

– Je voulais te proposer d'aller boire un verre.

Un autre silence, provenant de Bruce cette fois. Il contempla l'écran désespéramment vide. Prendre l'air serait peut-être une bonne idée. Il se changerait les idées et reviendrait l'esprit clair. Par contre, sortir avec Terry était un risque. Il vous présentait les choses de manières innocentes. Boire un verre, ne vous donnait aucune précision sur le temps passé au bar. Bruce savait qu'il ne quitterait pas le O'neal avant la fermeture. Était-il prêt à faire ce sacrifice ? Il se trouvait devant un choix : passer du temps avec son meilleur ami ou perdre du temps à faire semblant d'écrire.

– Ok, accepta-t-il finalement. On se retrouve au O'neal.

Terry raccrocha aussitôt. Bruce éteignit son ordinateur.

– Tu n'as pas gagné, marmonna-t-il. Je finirai par t'avoir à l'usure.

Le jeune homme parlait à la page blanche. Il était résolu à franchir cet obstacle et atteindre son but.
Bruce se dirigea vers la salle de bain où il prit une rapide douche. Il regarda sa montre et estima qu'il devait partir aussitôt s'il ne voulait pas faire attendre son ami. Le jeune homme dévala l'escalier de son immeuble et se rendit dans la rue. Il balaya la rue des yeux à la recherche d'un taxi. Il en aperçut deux. Très vite, l'un d'eux démarra son moteur pour conduire son client vers le lieu choisi. Bruce se dirigea vers le véhicule restant, mais se reprit très vite. Le O'neal n'était pas situé loin de chez lui. Il fallait compter une demi-heure à pied et ce soir, la nuit était agréable. Il marcha donc en direction du bar. Lors de son trajet, il se mit à réfléchir à son roman. Les fées devaient partir à l'aventure, se confronter à des dangers . Pour l'instant, c'est tout ce qu'il avait en tête. Il s'imagina voir les fées voleter devant lui, slalomant entre les arbres géants de la forêt. Un court instant, il eut la sensation fugace d'une fée se posant sur son épaule. Son visage s'illumina tout seul, un peu comme s'il ressentait l'approbation pour son projet.
Très vite, il se retrouva devant le O'neal. Il entendait la musique étouffée traverser la porte. La devanture du bar était d'un bleu clair avec une porte verte foncée. Sur l'écriteau portant le nom du bar, un petit leprechaun vous saluait de son chapeau.

Bruce ouvrit la porte et ne fut pas surpris par le peu d'affluence dans le bar. Il salua Rhada.
Le barman était d'aussi bonne humeur qu'à son habitude.

– Dépêche-toi de te trouver une table avant qu'il n'y en ait plus de libre.

Bruce fronça les sourcils et contempla la salle. Il n'y avait que cinq clients dans le bar.

– Euh... hésita le jeune homme. Rhada, je ne voudrais pas te contredire, mais le bar est vide.

Les yeux du pakistanais brillèrent d'espoir.

– Le calme avant la tempête, mon ami. Le calme avant la tempête.

Bruce sourit. Il devrait prendre exemple sur le barman et toujours positiver. Sa vie serait plus douce. Il s'assit à une table et consulta son téléphone. Terry ne l'avait pas contacté, il devait être en chemin. La télévision diffusait un match de cricket et Rhada semblait le suivre avec beaucoup d'intérêt. Il s'approcha de la table de Bruce tout en gardant les yeux sur l'écran.

– Cette année, mon équipe va gagner, expliqua-t-il.

Bruce regarda rapidement l'écran pour voir les scores. Le match semblait serré.
Rhada porta son attention sur son client.

– Tu attends les deux T ?
– Les deux T ?
– Terry et Tina, répondit Rhada avec évidence.

À la mention de la femme, Bruce sentit son cœur se serrer et la colère monta progressivement en lui.

– Juste Terry, confirma-t-il avec un faux sourire. Je crains que Tina n'aie d'autres projets en ce moment.

Le barman décrypta le message et fut mal à l'aise.

– Ah... Dommage, conclut-il. Je te sers quelque chose en attendant ?

Bruce retrouva son sourire.

– Oui, je prendrais une guinness, s'il-te-plaît.

Le barman se rendit derrière son comptoir et rinça le verre avec de l'eau avant de servir la bière à l'intérieur. De son siège, Bruce regarda le verre se teinter de couleur blanche à la couleur noire pendant que la guinness reposait. Ce phénomène le fascinait toujours. La mousse diminuait lentement pour en révéler son contenu. Rhada lui apporta sa commande et le gratifia d'une tape sur l'épaule. Le jeune homme joua avec son verre avant d'en boire une gorgée. Fermant les yeux, Bruce se laissa guider par la musique irlandaise que diffusait les enceintes du bar. Il se mit à sourire, momentanément apaisé.

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erhyl65
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MessageSujet: Re: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeSam 7 Mai 2022 - 1:14

Il en oubliait ses soucis. Il ouvrit les yeux et regarda un peu  deux hommes jouer aux fléchettes. De premier abord, ce jeu lui avait semblé simple. Viser la cible, tirer en espérant toucher le centre. Rhada lui avait montré la complexité de ce jeu.

Toutes parties débutaient avec un score de cinq cent points. À chaque fléchette lancée sur la cible on retranchait les points obtenues. Jusque là, pas de grandes difficultés. Toutefois plus la partie durait et il fallait réfléchir à la façon d'obtenir les derniers points restant afin d'arriver pile-poil à zéro. Si les derniers points marqués étaient trop grands, ces points étaient annulés et il fallait recommencer avant que l'adversaire ne gagnait. Autant dire que la pression montait très vite.

Le jeune homme sourit de nouveau. Il aimait ce bar. La luminosité faiblarde et son manque de fréquentation, lui apportait une côté intime. Bruce s'y sentait bien. Il aurait pu prendre un cahier et s'installer à une table pour écrire. Malheureusement, l'éclairage n'y est pas adéquat. Par contre, ce pub avait tout pour favoriser sa concentration. Soudain derrière lui, il entendit le groupe de trois personnes deux filles et un gars qui riaient. Fin du rêve.

Discrètement, il essaya d'écouter la conversation, mais il ne comprit pas la raison de leur fou rire. Il porta son attention sur les deux autres clients, un couple. Il se surprit à penser vouloir être à la place du pauvre type. Ce n'était pas de la jalousie ou alors pas vraiment. Ce que Bruce désirait depuis toujours, s'était d'être avec quelqu'un avec qui il se sentirait bien. Quand il observait ce couple, il y voyait une certaine complicité qui se lisait dans leur regards, leur façon de se toucher. Bruce n'était pas attiré par cette femme, non, il jalousait ce bonheur. Pendant dix ans, il avait couru derrière une chimère. Il ne pouvait pas blâmer Tina de tous les maux. Sans être véritablement avec elle, Bruce avait connu ce bonheur, malsain à la longue d'aimer quelqu'un. Tina avait eu besoin d'un confident, de quelqu'un qui lui soit proche. Et il avait été ce quelqu'un. Aux yeux des autres, ils constituaient un couple et il y avait une tension, un attrait entre eux. Voilà pourquoi Bruce avait accepté de prendre sur lui tout ce temps car il avait cru fermement que Tina avait besoin de se rendre compte de ses sentiments pour lui. Il s'était lourdement trompé. Il avait été là pour elle dès qu'elle se manifestait, et en une soirée, tout avait été jeté aux oubliettes. Si au moins, elle avait eu la courtoisie de lui  dire avant, Bruce l'aurait sûrement bien pris. Non. Il l'aurait certainement autant mal pris, mais il se serait fait une raison. Enfin, il en était persuadé.

Alors qu'il réfléchissait ainsi, le jeune homme ne s'était pas rendu compte de deux choses. La première : il fixait la jeune femme. La seconde : Terry était finalement arrivé et s'était même installé à sa table.

À son entrée dans le bar, Terry n'eut pas de mal à trouver son ami. Il s'arrêta au bar pour commander et sourit en apercevant Bruce perdu dans ses pensées. Plus d'une fois, il l'avait vu ainsi à regarder dans le vide. On pouvait l'aborder ou même discuter avec lui, cela ne servait à rien. Bruce était isolé de tout. Généralement, il réfléchissait à une idée de roman. Terry remercia Rhada et prit son verre se dirigeant vers la table. Il s'assit en face de son ami et suivit son regard. Il était verrouillé sur une beauté. Quel dommage qu'elle soit accompagnée, il aurait pu l'inviter à se joindre à leur table.

– Tu vas avoir des problèmes si tu continues à la fixer ainsi ! Commenta Terry assez fort pour que son ami réagisse, mais pas assez pour que le couple l'entende.

Bruce sursauta.

– Quoi ?

Terry soupira.

– La politesse n'est vraiment pas ton fort aujourd'hui.
– Salut, balbutia Bruce . Je n'étais pas... Je ne regardais pas...
– Si, poursuivit Terry. Tu matais clairement la petite nana dans le fond.

Inconsciemment, le jeune homme rougit et tenta de dissimuler sa gêne en buvant une longue gorgée de guinness. Le breuvage brun rafraîchit sa gorge et il savoura l'amertume et la légèreté trompeuse de la bière.

– Je réfléchissais en t'attendant, se reprit-il.

Terry se mit à rire et fouilla ses poches. Il sortit un téléphone et se mit à tapoter sur l'écran tactile.

– T'écris à qui ? S'enquit Bruce.
– À personne. Je faisais un mémo. Je m'en servirai à l'occasion quand je serai surpris en train de « réfléchir » sur une fille.
– Ah ah ! Très drôle, imbécile !

De son bar, Rhada les regarder se disputer ainsi. Un vrai petit couple, ces deux-là. Depuis qu'il les connaissait, le barman les avait toujours vu agir de cette manière. Ils se chamaillaient dès qu'ils s'apercevaient et l'instant d'après ils plaisantaient ensemble ou discutaient sérieusement pendant des heures. Par moments, le pakistanais se demandait comment ils s'était rencontrés. Bien entendu, il leur avait posé la question un soir, après la fermeture du bar. Il obtint une réponse simultanée : un accident. Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait, même de leur part. Il leur demanda aussitôt plus d'informations. Était-ce un accident de la route entre leur véhicules ? Était-ce en discutant à l'hôpital ? Rhada se trompait sur toute la ligne. Il le comprit en les voyant se tordre de rire. L'explication était des plus simples. Pour les deux concernés, il était clair que cette rencontre n'aurait pas dû se faire. Ils avaient été invités par des amis différents à une soirée. Chacun voulait décliner et pour une sombre raison, ils avaient fini par s'y rendre. En discutant ce soir-là, leur destin avait été tracé. Désormais, ils étaient inséparables. Mais pourquoi considéraient-ils leur rencontre comme accidentel ? Un soir bien arrosé, ils avaient eu cette réflexion que jamais ils n'aurait dû se rencontrer. Et chacun exposait un argument différent et ils en conclurent sagement que ce n'était pas un hasard, mais un accident. Depuis, ils restaient sur cette position.

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Dernière édition par erhyl65 le Ven 23 Déc 2022 - 1:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeVen 23 Déc 2022 - 1:09

Chapitre 3

Les deux amis trinquèrent et Terry lança la locomotive en décrivant ce qu'il vivait au bureau en ce moment. Son patron lui avait collé une stagiaire sur le dos. Il devait la former alors qu'il était occupé avec un gros dossier. Il devait organiser un événement avec plusieurs autre entreprise. La semaine avait été longue et certains partenaires faisaient la sourde oreille. Bref, ce n'était pas le moment de se retrouver avec une novice. En d'autre circonstance, Terry aurait été ravi d'aider une nouvelle arrivante, mais il était à cran. La situation était pire encore. La jeune femme était ravissante et il se sentait attiré comme un papillon par une flamme.

– Ben, tant mieux, s'étonna Bruce. Je ne vois pas le problème.
– C'est la fille du patron, soupira Terry.

Il y eut un silence.

– Donc pas touche ? Vérifia le jeune homme s'efforçant de ne pas rire.
– Pas touche...

N'y tenant plus, Bruce partit dans un fou rire long et franc. D'habitude, son ami passait son temps à se moquer de lui et de sa malchance légendaire. Aujourd'hui il tenait sa revanche.

Terry fut bon joueur et resta silencieux. Bruce se calma finalement.

– Pardon, finit-il par dire. Et donc, que vas-tu faire ?
– Rien.
– Rien ?

Terry confirma sa décision. Étrange. Cela ne ressemblait à son ami. Il avait des circonstance atténuante pour sa défense. Draguer la fille de son patron aurait été l'idée la plus folle qu'on puisse imaginer. Heureusement, Terry n'était pas aussi fou. À mois que...

– Terry, mon pote, espéra Bruce. Dis-moi que tu ne l'as pas fait ?

Il y eut un silence comme si le jeune cadre essayait de trouver ses mots.

– Elle doit nous rejoindre un peu plus tard, avoua-t-il.
– T'es foutu, mon gars, lâcha Bruce en éclatant de rire. Son père va te virer.

Terry se contenta de le dévisager. Son ami n'aima pas ce visage sans émotion.

– Pourquoi ? Demanda le cadre. Je n'ai jamais dit qu'elle venait pour moi.

Le visage du jeune homme se décomposa.

– Quoi ?

Il n'en croyait pas ses oreilles. Il s'était fait piéger en acceptant l'invitation. Comment pouvait-on être vil à ce point ?

– Toi ! gronda Bruce. T'es un homme mort !

La menace provoqua l'hilarité de Terry. Bruce vida son verre presque d'une traite. Il se leva et s'apprêta à quitter la table.

– Attends ! Le retint son ami. Ne le prends pas comme ça.

Bruce hésita et se rassit.

– Qu'est-ce qu'il t'arrive en ce moment? Demanda Terry. Tu agis bizarrement.
– Non.

Terry lui lança un regard qui signifiait qu'on ne la lui faisait pas.

– Mec, t'es une boule de nerf depuis que Tina nous a présenté son copain.

Tina. Inconsciemment, Bruce serra la mâchoire.

– C'est pour ça, sauta sur l'occasion son ami. Je vois bien que tu souffres. Donc, il faut te changer les idées.
– Écoute, je n'ai pas envie de rencontrer des gens pour le moment.

Terry n'était pas décidé à lâcher l'affaire. Il désirait aider son ami à traverser cette mauvaise passe.

– Je ne t'ai jamais dit d'oublier Tina du premier coup, soupira Terry. Voilà ce que tu vas faire. Quand Cassidy se pointera, tu resteras toi-même. Si tu ne veux pas lui parler, je ferai la conversation. Je ne te force pas.

Bruce soupira.

– Ok, mais je ne compte pas sortir avec elle. Ni, avec aucune autre.
– Arrête de dire des conneries. Tu ne peux échapper à l'amour. Surtout toi.
– Comment ça : « Surtout toi » ? s'étonna Bruce.

Terry le regarda d'un air profondément désolé pour ce qu'il s'apprêtait à dire.

– Ne le prends surtout pas mal, mais tu dois être le seul gars que je connaisse qui tombe amoureux dès qu'une fille te sourit.

Bruce protesta aussitôt. Il pouvait ne pas tomber amoureux. C'est juste qu'il n'avait rencontré que des femmes avec des qualités qu'il appréciait. Tina n'échappait pas à la règle. C'était Terry qui les avait présenté lors d'une soirée chez lui. Bruce ne s'attendait pas à cela. C'était une femme ravissante, mais il y avait plus. Tina savait exactement ce qu'elle voulait. C'était une de ses femmes qui savait ce qu'elle voulait dans la vie. Bruce imaginait un tableau dans la chambre de la jeune femme où elle aurait répertoriait tout ce que la vie allait lui réserver. Dessus, elle aurait dû marquer ses projets d'avenir, la date de son mariage, le nombre d'enfants et bien d'autre choses improbables. Il avait discuté avec elle longtemps et avait découvert une femme forte, mais très sensible. Sa carapace de béton qu'elle s'était forgé, n'était en réalité pas très solide. Il s'avérait qu'elle était peu sûre d'elle.
Bruce ne se le cachait pas, c'était ce côté fragile qui l'avait séduit plus que tout. De tout ceux qui connaissait la jeune femme, il se croyait le seul à l'avoir percer à jour. Dès lors, il s'était juré être là pour l'épauler si elle en avait besoin. Il avait tenu parole. Peu importe l'heure, la distance. Maintenant il savait qu'elle s'était servi de lui.

Bruce se renfrogna. La soirée n'était pas celle qu'il espérait.

À plusieurs milliers de kilomètres du O'neal, une jeune femme travaillait dans un bar. Elle servit plusieurs pintes aux habitués et revint laver les verres. En faisant cela, elle gardait le contact avec ses clients, plaisantant avec eux. Assis sur un haut tabouret, une jeune femme blonde se penchait pour attirer l'attention de la barmaid.

– J'ai une excellente idée, commença-t-elle.

La barmaid l'ignora. Aylin soupçonna que son amie le faisait à dessein. Elle saisit le torchon posé derrière le comptoir et le jeta au visage de la barmaid.

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MessageSujet: Re: Deux coeurs à l'unisson   Deux coeurs à l'unisson Icon_minitimeVen 23 Déc 2022 - 1:17

– J'ai dit que j'avais une excellente idée !

La barmaid, une jeune femme brune la fusilla du regard.

– Arrête ça ! Gronda-t-elle. Je te signale que je travaille.

Elle se détourna, mais revint.

– Et j'ai entendu.

Faussement outrée, Aylin leva les bras vers le ciel.

– Réponds-moi dans ce cas !

La barmaid mit les poings sur ses hanches et la fixa d'un air faussement sévère.

– Je croyais qu'on avait convenu que je décidais si tes idées étaient bonnes ou mauvaises ? Tu n'as pas oublié ?
– Moreen ! Grimaça-t-elle. Tu es blessante avec ta meilleure amie.

Moreen esquissa un sourire.

– Oui, mais seulement avec toi.

Les deux femmes éclatèrent de rire.

– C'est quoi ta fameuse idée ? Finit par demander la jeune femme.

Le visage d'Aylin s'illumina.

– Ce week-end, Liam n'est pas à la maison. On pourrait descendre en ville et passer la journée entre filles.

Passer la journée avec Aylin lui changerait sûrement les idées. Elle savait très bien qu'elles commenceraient par faire les boutiques de Dublin, s'arrêterait pour boire un verre quelque part. Et ce qu'elle attendait plus que tout dans cette future journée, c'est le moment de détente à se faire bichonner dans un SPA. Rien qu'imaginer ce moment, Moreen ferma les yeux et se mit à sourire toute seule.

– La terre à Moreen ! La rappela à l'ordre son amie. Tu n'es pas censé travaillée ?
– La ferme !

La barmaid sortit de derrière son comptoir et parcourut les diverses tables pour récupérer les verres vides et prendre de nouvelles commandes. Derrière elle, Aylin la suivait et continuer de harceler la jeune femme.

– Et donc, si tu te sens prête, on pourrait en profiter pour draguer quelques mecs par la même occasion.

Moreen se retourna vivement vers son amie, manquant de renverser une des commandes.

– Nous y voilà ! Laisse-moi travailler en paix, veux-tu ?

Aylin réagit de manière totalement adulte et lui tira la langue. Réaction qui avait le don de toujours rendre le sourire à son amie.

– Aux dernières nouvelles, poursuivit la barmaid, tu n'avais pas un mec ?

La femme blonde grimaça en portant une main à son cœur.

– Outch ! Violente, la copine ! Se plaignit-elle. Tu me prends pour qui ? J'aime mon homme.

Comme Moreen continuait d'avancer, elle se mit à la poursuivre dans le bar, bousculant certains consommateurs attablés. L'un d'eux rouspéta fortement.

– La ferme, Malone ! Lança-t-elle par dessus son épaule.

Moreen la frappa aussitôt d'une claque sur l'épaule, la faisant protester à son tour.
La barmaid se tourna vers le dit Malone, un géant d'une cinquantaine d'année, les cheveux roux grisonnants. Elle lui adressa un clin d'oeil, ainsi qu'un sourire charmant.

– Pardonnes nous, Malone.

Elle scruta la salle des yeux et haussa volontairement le ton pour être entendu de tous.

– À la différence des autres ploucs, tu es mon préféré !

Il y eut une protestation générale et le cinquantenaire rougit, gêné. Moreen éclata de rire, bientôt suivie par la salle entière. Elle sentit le regard lourd de sens que dardait sur elle, Aylin.

– Quoi ?
– Rien.

Ce « rien » et le regard soutenu pleins de sous-entendu lui indiquait clairement qu'elle se faisait juger.

– Quoi ?
– Rien.
– Tu m'agaces, quand tu fais ça.

Aylin ne put s'empêcher de se moquer.

– Tu sais pour quelqu'un qui rechigne à draguer, la sermonna-t-elle, ce que tu fais, ça s'appelle du flirt.

La barmaid leva les yeux au ciel en retournant derrière le comptoir.

– Et le flirt, c'est de la drague, ma chérie, poursuivit son amie en s'asseyant sur son tabouret.
– Non, l'arrêta Moreen. C'est un jeu. Ici, tous savent que je plaisante. Ils sont un peu de la famille.
Aylin regarda son amie en soupirant.
– Un jour, tu plaisanteras de la même manière et j'espère être là pour le voir, mais un pauvre gars se fera avoir.

Moreen servit une nouvelle commande tout en discutant.

– Je n'ai pas envie de rencontrer de nouveaux mecs, conclut-elle en tendant le verre en souriant. C'est tout.

Aylin aurait pu s'arrêter là, mais ce n'était pas son genre. Elle était plus du genre de foncer dans le tas et d'aviser par la suite. Elle se demandait parfois si cela lui venait de son métier ou si elle avait toujours agi ainsi. Ce qui lui paraissait évident, c'était l'utilité de la chose. Le but recherché était d'obtenir un résultat. Peu importait sa nature, tant qu'on agissait.

Moreen et elle, se connaissaient depuis des années. Lorsque son amie perdit son époux il y a cinq ans, elle avait tout quitté pour la soutenir. Elle voulait la voir heureuse de nouveau. Il y avait du progrès, l'ambiance et le calme du village lui avait redonné peu à peu le moral. Elle se remettait lentement. Mais avait-elle compris qu'être heureuse ne signifiait pas oublier. Le but n'était pas qu'elle oublie le décès de son mari, ni qu'elle oublie son amour ou leurs moments de complicité. Aylin voulait juste mettre un pansement sur cette plaie. Encore fallait-il que Moreen l'aide un peu.

– Ma belle, tu sais que je suis ton amie, pas vrai ?

La barmaid esquissa un sourire.

– La meilleure.
– En tant que telle, je vais me permettre d'être garce. Tu ne peux pas rester veuve toute ta vie. La belle veuve triste qui fait craquer tout le monde, c'est cliché.
– Cliché ?
– Mais oui, poursuivit une Aylin enflammée. On ne voit ça que dans les films. Donc, tu vas bouger tes miches et m'accompagner ce week-end.

La réponse fut franche.

– Non, je ne crois pas.
– Donc pas de drague ?
– Pas de drague.
– Tu viens quand même ? Demanda timidement la femme blonde.
– Carrément.


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