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 Les délires syllabiques [Amy-Lee Story]

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MessageSujet: Les délires syllabiques [Amy-Lee Story]   Les délires syllabiques [Amy-Lee Story] Icon_minitimeVen 9 Nov 2012 - 22:31

Un texte qui s'inscrit dans un recueil de nouvelles.
Amy-Lee est le personnage principal.
Bonne lecture.




Les délires syllabique



L’insomnie persistante, grossièrement déguisée en berger, guide les moutons vers d’autres palissades à sauter.
La marchande de sable, sur son solex couleur de rêves, jette sans conviction une poignée de plage sous les paupières d’Amy-Lee, perdue aux antipodes du pays des songes.

Elle a passé la soirée devant sa télé éteinte à compter ses doigts de pieds torturée par un besoin d’écrire, pour le moment, impossible à retranscrire. Trop de mots en même temps, agités comme une farandole ivre trémoussant son popotin sur la danse des canards. Trop de phrases qui se bousculent, s’emboîtent en inepties, s’écrasent contre le mur de la cohésion en de grossières taches d’encre.
Un immense bouchon sur l’autoroute littéraire. Des files ininterrompues de syllabes klaxonnent un début de migraine. Aucun médicament pour la soulager. Le doliprane guérit les maux de tête, pas les mots dans la tête.

Arrivée pour la quarante sixième fois au chiffre impeccable de dix, elle décide de remettre ses chaussettes et de se forcer à pondre des mots. Au moins pour que ce connard dans sa fiat panda, coincé entre deux neurones tétanisés, arrête de hurler.
Une écriture strictement thérapeutique, un vomi de mots sur sa page, blanche comme la cuvette de ses chiottes. Amy-Lee écrase sa plume de long en large, expédiant sans ménagement le surplus pesant de ses idées.
Elle laisse sa verve courir dans tous les sens. Une écriture automatique. Une symptomatique comparable à l’opiomane devant un sachet de poudre, rongé de tics nerveux et de spasmes disgracieux.

Seule dans sa chambre d’étudiante, confinée dans un espace temps aussi abstrait qu’un tableau de Pollock, elle épuise l’Amazonie. Se foutant pas mal des répercutions écologiques de sa frénésie, elle gaspille, transforme le papier en boulettes, s’essaye à un trois points de sa chaise à la corbeille et marque sous le regard impuissant de Tony Parker, sorti de nulle part.

Arrivée à la dernière page, elle maudit à voix haute Clairefontaine et cette mauvaise habitude qu'elle a prise de n’acheter que des blocs de deux cents cinquante feuilles. Plus de charbon et tellement de kilomètres, encore, à parcourir.

Sans se démonter, elle commence à écrire sur la table. L’encre adhère mal à cette improbable surface mais elle s’en fout. Chaque mot griffonné la déleste un peu plus. Chaque phrase lui concède un peu d’espace libre dans ce capharnaüm sibyllin. Si vilain qu’une maman tigre n’y retrouverait pas ses petits. Et dieu sait pourtant que les félins ont une fibre maternelle à toute épreuve.

La table est vraiment trop petite. Le délire doit il prendre fin ?

Amy-Lee grimace une frustration. Elle regarde les murs de sa chambre d’un blanc affriandant et sans vraiment hésiter, passe de l’écriture horizontale au gribouillage vertical. Dix huit mètres carrés à recouvrir de Calibri, de Times new roman, d’Arial en fonction des sinuosités de la peinture.

Après trois heures d’agitation du poignet son geste se fait de moins en moins précis, un début de fatigue s’annonce. Sur la pointe des pieds pour atteindre, de son tabouret, un plafond bien trop haut, elle bascule et tombe. La chute la cloue un moment au sol. Elle en profite pour s’y attaquer et graver dans le lino les derniers syntagmes avant le point final. Un gros rond au marqueur noir sur la porte de la salle de bain dans lequel elle laisse graviter le reste de sa psychose.
Elle avale un comprimé sous un verre d’eau, enfin débarrassée de son brouhaha mental.

Une douche rapide, le temps que la première pluie frappe au carreau. Elle ne prend pas la peine de s’habiller et se précipite regarder les gouttes tomber.

En imaginant que chacune est un corps.





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