Je vous mets ici même le début de mon roman fantastique.
Je suis à l'écoute de toute les critiques qui permettrais de l'améliorer. Autant au niveau du rythme, de l'histoire, des incohérences, des temps utilisés, orthographe...
J'espère que vous ne serez pas trop choqués par le prologue
Bonne lecture ! (Je vous avoue avoir été perturbé par la mise en forme au moment de mettre mon texte)
Prologue
Assez de cette putain de vie.
Dix-sept ans que j’accomplis cette besogne. Flairer, traquer, tuer. Et tout ça, en totale discrétion.
Les guerres, les religions, la politique… De la pacotille à côté de ce qui se passe vraiment sur Terre. Bande de naïfs. Tous à chier dans votre froc au moindre souci. Venez faire un stage avec « papa », ce n’est plus de la merde qui sortira de votre trou de balle.
Mais ne croyez pas que je suis seul à faire ce sale boulot. Oh que non ! Il y en a des centaines de fils de pute dans mon genre qui traquent chaque jour, chaque nuit, ces pourritures qui n’ont qu’une idée en tête : nous exterminer.
Depuis que j’appartiens au GICS − le Groupe d’intervention de créatures surnaturelles de mes couilles − j’en ai pris du sang sur la gueule. Enfin, du sang…
J’en ai protégé des culs, peut-être même le vôtre, et à chaque fois, c’est la même rengaine : prise d’information, observation, action, purification.
J’étais surexcité à la sortie de mes sept ans d’entraînement, j’avais les crocs. Bien que j’étais accompagné à l’époque, je devais impérativement me plier à leurs foutues règles. Dès que j’en repérais un, je me faisais un malin plaisir de lui effacer son petit sourire de merde. Mais depuis, j’en ai pris de la bouteille. Et ça me fait chier. Changer d’identité à chaque nouvelle mission, ne parler à personne, ne pas avoir de famille…
Je pourrais me barrer, tout lâcher, leur dire d’aller se faire foutre. Il ne manque pas de gars comme moi. Mais il y a eu cet appel, alors que je chassais tranquillement à Lille. J’ai appris qu’il était mort. Oui, IL est mort ! Et ça, ça craint…
Chapitre 1
Debout derrière l’une des fenêtres de sa chambre « privilège », Aldric surveillait avec attention les allées et venues qui parcouraient son champ de vision. Il était arrivé à Lille une semaine plus tôt. Le Groupe d’intervention de créatures surnaturelles lui avait offert le luxe de séjourner au
Grand Hôtel Bellevue, un immeuble d’architecture flamande qui surplombait la
place du Général-de-Gaulle. Avec son aspect haussmannien, cette ancienne demeure avait décroché ses quatre étoiles notamment grâce à sa magnifique entrée dorée, couronnée d’une Marquise à la forme très travaillée, et son tapis rouge. Aldric bénéficiait d’une vue imprenable sur la Grand’Place, l’Opéra et la chambre de commerce de la capitale des Flandres.
La nuit était tombée depuis près de sept heures. Le dernier rayon de soleil était mort à 20 h 31 précis. Une légère brise faisait virevolter les détritus sur les pavés de granit bleu et rose. La lune illuminait, au centre de la place, la colonne de la déesse au socle avalé par une fontaine. À droite, comme à son habitude, le panneau lumineux de la
Voix du Nord affichait la date du jour, l’heure et la température. À gauche, l’enseigne du
Beau Soleil, sur le fronton d’une ancienne horlogerie, semblait surveiller toute la zone.
Le regard d’Aldric fut justement attiré de ce côté-là, où la rue Esquermoise venait se jeter sur la place telle une rivière dans un océan. À une centaine de mètres, une silhouette, haute et légèrement voutée, semblait filer une jeune femme ronde qui se dirigeait vers la gare Lille-Flandres. Je te tiens, pourriture !L’attente avait été longue, mais il savait que cette nuit serait la bonne. Il l’avait reconnu grâce à son comportement et sa démarche peu banale. Le type, habillé d’une veste légère brune, avait la chevelure en pagaille et évitait habilement les personnes qu’il croisait.
Dans sa chambre, Aldric se retourna pour fouiller dans son sac. Les manches de sa chemise flottante étaient retroussées jusqu’aux coudes et la ceinture de son jean laissait pendre les lames affutées de ses couteaux,
recouvertes d’un fourreau, et autres armes blanches. Il prit une paire de jumelles afin de pouvoir examiner de plus près sa cible.
Il avait été alerté de son existence en lisant la presse locale. Depuis deux semaines, huit jeunes femmes de la métropole Lilloise, toutes du même profil, n’avaient plus donné signe de vie à leurs proches. Des indices, peu nombreux, avaient tout de même été découverts par les forces de l’ordre dans une ruelle à proximité de l’église Saint-Maurice. Des traces de sang, quelques morceaux de chair et des griffures sur les façades. Rien ne prouvait que meurtre, il y avait eu, pourtant, ils étaient convaincus d’être sur la piste d’un tueur en série.
Bande d’abrutis, c’est bien pire que vous ne le pensez…Aldric était parfois consterné par l’ignorance de la population. Cependant, le GICS étant une organisation secrète, personne ne devait être au courant de ses actions et encore moins de ce que cela cachait. Quant à lui, il continuait de faire son travail, mécaniquement. Le plaisir avait laissé place au dégoût. Cette créature qui était apparue dans les rues lilloises devait être éliminée, et c’était son rôle de le faire. Discrètement, sans faire de vagues, sans même que quiconque s’en aperçoive.
Les jumelles se posèrent sur la cible. Sa tête était inclinée vers le sol, jetant de temps à autre des regards sur sa future victime. Le chasseur aperçut tout de même des yeux globuleux envahis de noir sous un monosourcil broussailleux. Plus bas, ses mains arboraient des ongles longs et rougeâtres.
Aldric reposa son matériel, décrocha sa ceinture et enfila une bretelle qui soutenait
un sabre wakizashi d’une cinquantaine de centimètres à la lame très tranchante. Il ouvrit une petite boîte posée sur la commode de style XVIIIe et enduisit sa tête et ses mains d’une fine poudre brune, laquelle s’avérait terriblement efficace. Il enfila son manteau de cuir, celui-ci ne laissant qu’un bout de lame apparente, et sortit de la chambre, dévalant les marches de marbre de l’établissement.
*
Le lycanthrope − ou loup-garou comme les humains aimaient l’appeler − avait repéré sa proie lorsque celle-ci remontait la rue Royale en direction de la Grand’Place. Il rodait alors depuis quelques minutes dans les rues du centre de la ville, en espérant trouver une proie après trois longs jours d’abstinence. En effet, la braderie de Lille s’était terminée la veille. Il en sentait encore les effluves de moules-frites. Tout ce monde agglutiné dans un si petit périmètre lui avait fait penser à une machine attrape-peluche, ces escroqueries dans lesquelles vous perdiez votre argent, sans, au final, rien pouvoir attraper. De la frustration, voilà le sentiment qui prédominait chez lui. Et cette nuit, il avait bien l’intention de rattraper ce retard. Peu importait la proie, tant qu’elle était bonne, dodue et de préférence féminine.
La lune était haute dans le ciel, et de fines gouttelettes commençaient à perler sur son crâne. Il sentait déjà ses poils se retourner.
Le loup l’avait en point de mire. Cette jeune femme correspondait en tout point à ses critères, comme toutes celles auparavant. Même son parfum venait prendre le dessus sur les spécialités régionales encore empreintes dans ses naseaux. Le manque ! Manque de viande, de sang, de combat, de traque… Manque de tout.
Ses longues griffes acérées commençaient elles aussi à sortir, telles des épées retirées de leur fourreau. Ses pupilles étaient dilatées, apportant à sa vision un effet ralenti à l’extrême.
La jeune femme se déplaçait devant lui, à une dizaine de pas, se rapprochant du cœur de la ville. Les passants ne le gênaient pas. Il zigzaguait entre chaque corps comme une chauve-souris se déplace au rythme de l’écholocalisation. Les vitrines devant lesquelles il passait étaient encore allumées, mettant en avant habits, chaussures, et montres dans l’espoir d’accrocher quelques clients pour le lendemain.
Elle arriva sur la place et fut accostée par un groupe d’individus qui sortait du bar-tabac
La Voûte. Le lycanthrope s’arrêta net au coin de la rue et attendit, sortant de sa poche un paquet de Camel afin de passer inaperçu. Il détestait fumer, cette odeur sèche de tabac lui irritait les narines, mais il prit son mal en patience, la tête toujours baissée afin de ne pas éveiller de soupçons. Voyant la jeune femme repartir après avoir indiqué au groupe ne pas connaître les horaires des bus de nuit, il jeta l’horreur qui trônait entre ses griffes et s’apprêta à reprendre sa chasse, quand on le retint par le bras.
« Eh, mec. Tu n’as pas une clope pour me dépanner ? »
Le loup se retourna et vit la silhouette d’un pauvre type, sale, les traits ridés et rougis par l’alcool, dont les dents auraient pu avoir été calcinées. Il retira violemment son bras à son emprise, jeta au nez de l’individu éméché le paquet de tabac encore à moitié plein et repartit. Il n’avait guère de temps à perdre. Sa proie était déjà loin et se dirigeait maintenant vers la gare.
*
Après avoir déposé ses clés au concierge de l’hôtel, Aldric sortit de l’immeuble. Il prit à droite pour plonger au cœur de la place. De loin, il aperçut le loup qui longeait le monument le plus prestigieux de Lille : la vieille bourse. La créature se fondait habilement vers la rue Faidherbe, toujours à la poursuite de sa victime. Le temps pressait, il n’allait pas tarder à attaquer. La ruelle qu’il empruntait pour attirer ses proies dans ses griffes se trouvait à une centaine de mètres de là.
Aldric se sentait anxieux de ne jamais pouvoir prévoir les réactions d'un tel adversaire. Il lui était déjà arrivé de tomber face à plusieurs espèces dotées d’une intelligence supérieure. Il s’en était toujours sorti grâce aux techniques de survie qui lui avaient été enseignés lors de sa jeunesse, mais il était clair qu’un jour, ça ne suffirait plus.
Le chasseur avança prudemment vers la rue de Paris, parallèle à l’artère empruntée par le loup. Il fut bousculé une première fois par un clochard qui passait par là, une cigarette à la main, lui brûlant par la même occasion une partie de la manche de son cuir. Emporté par la tension, son sang ne fit qu’un tour et il bouscula violemment le sans-abri qui s’étala littéralement sur le sol. Par chance, personne n’avait porté attention à la scène. Aldric prit quelques secondes pour se reconcentrer et repartit sans même jeter un regard au clochard.
Les rues de Lille étaient très peu peuplées cette nuit, surtout dans le centre-ville. Les endroits préférés des badauds se concentraient plutôt dans la zone desservie par le métro République-Beaux-Arts. Là où se situaient les principaux cinémas, fast food, bars et autres animations.
Justement, à cette heure-là, le métro ne passait plus,
et il semblait bon de croire que ces deux jours de braderie avaient assommé la plupart des excités du coin. Le loup n’était plus visible maintenant. La prochaine fois qu’Aldric l’apercevra, ce serait au moment de l’agression. Il commençait à douter, comme à chaque intervention. Sera-t-il à la hauteur ? Pourrait-il ou non éviter un nouveau meurtre ? Serait-il assez discret ? Tant de questions se bousculaient dans son crâne. La pression montait d’un cran à chaque pas. Il transpirait de plus en plus, mettant en danger sa couverture olfactive. Mais il en avait l’habitude. Et plus il était sous pression, plus ses capacités de chasseur remontaient en lui.
La seconde fois qu’il fut bousculé, ce fut par un travesti qui sortait du
Club 30.
Putain ! Mais casse-toi…Le travelo le scruta de haut en bas en lui disant :
« Eh bien, mon loulou, quel hasard que tu te sois mis sur mon chemin. »
Quand il s’apprêta à lui formuler une offre généreuse, le chasseur était déjà parti, sans même présenter d’excuses. Un «connard» vint se fondre dans la nuit.
Aldric se trouvait maintenant à quelques pas du coupe-gorge. La petite ruelle se situait en plein milieu du carrefour entre les rues Faidherbe et Paris. Il glissa lentement sa main sous son manteau et saisit la poignée de son sabre.
*
Elle se tenait là, deux mètres devant lui. Ce n’était pas le moment d’attaquer. Si les rues étaient globalement vides en cette soirée de septembre, il n’en restait pas moins qu’une attaque à cet endroit mettrait en échec tous ses plans.
Seule la gare s'animait encore d'un faible flux de passants. Les Roms n’avaient pas encore quitté leurs bidonvilles pour venir faire la manche, et les pigeons sommeillaient, accumulant leurs fientes qu’ils lâcheraient volontiers sur les passants dès l’aube.
Ses pupilles prenaient maintenant toute la place dans ses yeux. Il tremblait de plus en plus et les gouttes de sueur tombaient telle une cascade jusque dans sa veste. Son corps sécrétait une puissante hormone au léger fumet de rose.
L’atmosphère n’avait plus d’emprise sur lui, comme s’il marchait dans un couloir étriqué où sa proie ne pourrait jamais s’échapper.
La jeune femme sentit enfin sa présence dans son dos et tourna la tête. Celui-ci en profita pour la dépasser et bifurquer à droite au niveau des feux tricolores. L’odeur du loup effleura les narines de la future victime. Une soudaine curiosité l’envahit. Le loup prit en direction de la rue Sheffers, laissant habilement choir son portefeuille sur le sol.
Comme prévu, la jeune femme ne tarda pas à venir ramasser l’objet. C’était enfin l’heure. Tandis qu’elle cherchait du regard le propriétaire et qu’elle avançait dans le coupe-gorge, il la happa violemment. Un cri aigu s’arracha de sa gorge avant que la créature ne puisse poser une main sur sa bouche. Son regard était pétrifié et les larmes coulaient abondamment sur un mascara soigneusement appliqué.
Sa première attaque fut de la mordre au cou. Sans pour autant resserrer complètement sa mâchoire. Une pression tout de même suffisante pour qu’elle perde connaissance. Il fit ensuite basculer son corps par-dessus son épaule, évaluant ainsi le poids de sa victime. La mine réjouie, il ne lui restait plus qu’à monter sur le toit d’une bâtisse non loin de là afin de commencer son repas.
Une traque parfaitement menée. Son ventre grondait sans discontinuer.
C’est à cet instant précis qu’il flaira une odeur de cuir dans son dos. Celle-ci était cachée par de l’aconit tue-loup, une plante très toxique qu’il connaissait bien, car elle était autrefois utilisée pour empoisonner ceux de son espèce. Il n’eut pas le temps de se retourner qu’une lame froide et aiguisée vint glisser sous son menton. Le loup lâcha sa proie qui heurta violemment le sol. La pression de l’arme se faisait maintenant plus pressante. Les yeux de la créature, d’ordinaire gonflés, crurent sortir de leurs orbites. La lame glissa avec une force herculéenne. Le mouvement fut rapide, net et sans bavure. Sa tête s’écroula sur les pavés et roula jusqu’aux pieds de son bourreau.