Atelier d'écriture Communauté d'écrivains en herbe |
| | Green Erin | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Green Erin Jeu 8 Nov 2007 - 22:51 | |
| Je vous mets Green Erin, même si le texte est disponible presque en entier (il ne manque que les deux chants finaux) sur mon blog, mais j’ai pensé que pour la critique, ce serait plus simple. J’ai hésité entre la partie Poésie et fantasy, j’ai finalement choisi cette dernière solution. Le texte est difficile à classer car il s’apparente au niveau de la forme à de la poésie en prose (ne me demandez pas de faire des vers, la métrique serait parfaite mais le résultat horrible et terriblement technique, je ne fais pas de beaux vers). Cependant, le fond ressemble plus à une légende ou quelque chose dans ce goût là. Bref, la partie fantasy m’a semblé plus appropriée même s’il ne s’agit pas de fantasy à proprement parler (je crois que les romans modernes qui s’inspirent des légendes arthuriennes ont leur place en fantasy, disons que je perpétue une tradition, même si le sujet n’est pas arthurien).
CHANT I
FERGAL Quelle est donc cette ombre qui sort de la forêt ? Est-ce toi, Meurtre, ou bien toi, Vengeance et ta cohorte de sombres sorcières ? Amis, dites-moi, mes yeux se sont pour toujours clos lorsque les terribles envahisseurs me les ont brûlés, et je ne vois de notre singulier visiteur que la différence que dans la nuit sa silhouette noire accuse avec le noir du ciel. Dites-moi donc, amis, quel chant d’accueil je dois entonner. Dois-je me faire horrifiant comme le vent dans la paille de nos chaumières ou bien violent comme l’orage qui disperse nos brebis ? Notre visiteur, approche, bardes d’Erin, et vous restez silencieux. Alors, dis-moi, toi qui dans l’obscurité plus lumineuse que ton âme avance vers l’infortuné Fergal. Qui es-tu ?
LA SOMBRE MORWENNA Tu as raison, barde, de m’appeler Meurtre et Vengeance, car je suis la Sombre Morwenna, celle qui depuis la création d’Erin veille à sa virginité et ne tolère, sur son flanc, aucun étranger. Les géants, je les ai vaincus, ainsi que les dieux et héros qui ont posé leurs pieds et leurs lances impies sur le sol de mon pays. Tous sont venus en conquérant et moi, la Sombre Morwenna, moi, la sombre et l’ombre, je les ai chassés.
L’ETRANGER Sombra, lorsque mon bateau est arrivé aux abords de ton Ile Verte, je t’ai vue sur la falaise. Tout l’équipage t’a vue et le navire a sombré. Nous n’étions que des marchants, pourquoi nous avoir châtiés?
LA SOMBRE MORWENNA C’est ma peine et mon malheur et non la pleine ombre de mon esprit qui ont fait sombrer ton navire, étranger.
LE BERGER CELTE Sombre Morwenna, toi qui toujours as vécu et vivras à jamais, Sombre Morwenna, à l’orée de la forêt, je t’ai vue et mon village s’embrasa. Nous n’étions que de simples bergers, pourquoi nous avoir puni ?
LA SOMBRE MORWENNA Ce sont vos femmes et leurs péchés, et non la Sombre Morwenna qui ont réduit en cendres ton village.
LE MERCENAIRE Sombre Morwenna, toi qui te morfonds sur le sort de ton peuple, Sombre Morwenna, sur le tertre je t’ai vue et les soldats ennemis d’Erin ont massacré ma femme et mes enfants. Ils n’étaient que de faibles créatures, pourquoi les avoir sacrifiés ?
LA SOMBRE MORWENNA C’est ton amour de l’argent pour lequel tu as tué les miens et non mes désirs sombres qui ont répandu le sang des tiens.
FERGAL Laissez passer la Sombre Morwenna. Ce soir, elle doit rejoindre le champ où ses frères sont tombés pour la sauvegarde d’Erin. Ce soir, comme les soirs d’hier et les soir de demain, elle doit pleurer ces malheureux guerriers et errer jusqu’au matin tant qu’ils demeureront sans sépulture. Puisse une âme désespérée porter ta malédiction, sombre fille d’Erin, et pendant que tu reposeras dans le flanc de ta terre entourée de tes frères honorés, veiller à la sauvegarde de ta patrie !
LA SOMBRE MORWENNA En châtiment de mon malheur, j’ai reçu l’immortalité et je la détiens et je la donne à qui serait assez fou pour me la disputer. Vivez, hommes d’Erin, et priez pour ne pas mourir ; vous ne savez pas ce que l’éternité est dérisoire, ce que ces siècles à venir qui vous sont interdits et qui sont mon quotidien sont vides de l’étreinte de ceux que nous aimons. Ecartez vous, craignez qu’un, parmi vous, ne retienne mes regards et que je ne l’envoûte et que je ne le perde pour le privilège qu’il aura de mourir. Mon souffle est un crime, une lame retournée contre moi-même, une écharpe d’argent enroulée autour de ma gorge, le sang venimeux que je ne peux empêcher de couler dans mes veines. Ah ! Jour heureux de l’éphémère papillon ! Pourquoi le soleil pâle de ma terre natal ne s’est-il pas, un matin, levé sur ma joue frémissante pour, le soir, de son ombre toucher mon front, mourant. Une journée m’eut suffi pour aimer mes frères et défendre mon pays, j’aurais eu, alors, assez de bonheur. Puisque il m’est permis seulement de prononcer ce mot, hommes d’Erin, que je vous entraîne avec moi dans mon sort infortuné ! Qu’un parmi vous se lève au devant de moi, qu’il maudisse et me voue sa descendance ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 8:35 | |
| J'aime bien |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 12:15 | |
| C'est tout simplement superbe ! Très bien écrit, le fond est vraiment bien, et comme j'adore la mythologie celtique et la Fantasy, c'est parfait pour mon goût ! J'aime cette mise en forme originale et j'ai bien apprécié de tout lire, même si parfois, c'est un peu dur. Je dirais donc seulement bravo et continue !!! XD |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 13:08 | |
| C'est un genre de poème épique comme Beowulf... J'aimerai bien lire la suite. Si c'est possible... ::rolling:: |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 13:36 | |
| L'inspiration de Green Erin vient en fait (parce que je ne connais pas Beowulf à part les affiches pour le film dans le rer) des Fragments of ancient poetry d'Ossian/ MacPherson. Tout est possible... Le chant II est un peu plus long.
CHANT II
LE TOMBEAU DU PERE Trois jours se sont écoulés et je suis toujours vide, trois nuits se sont succédées et le corps gît encore sans sépulture. Que fais-tu, Connal ? Je suis las de ma solitude. Que fais-tu, Connal ? Je suis las de ma vacuité. Là-bas, dans la plaine, sur l’herbe grasse encore humide de la brume crépusculaire et des vapeurs de la bataille, le corps sans vie et blessé de ton père repose aux yeux des étoiles. Ne l’aimais-tu donc pas, Connal, pour laisser ainsi sa chair se corrompre ? Il a couché entre lui et l’ennemi qu’il a terrassé son épée immaculée, toujours blanche malgré le sang, toujours blanche malgré la nuit qui l’entoure, toujours blanche malgré la férocité de cette guerre. Telle est l’épée du juste et ce que ni le sang, ni l’ombre, ni même la violence n’a pu souiller, Connal, le laisseras-tu subir l’affront des âges sur sa lame et sa mémoire ? Il a couché son épée à ses cotés, mais aux tiens, je sens la chair parfumée de la blonde femme du Prince Etranger, cette femme aux cheveux ensanglantés, cette femme aux cheveux assombris par la nuit, cette femme féroce aux cheveux de serpents !
LE TOMBEAU D’UN GUERRIER MORT Quel insensé a donc choisi la chair de la femme contre l’acier de la lame ?
LE TOMBEAU DU PERE Celui qui sur son père ne verse pas de larmes.
LE TOMBEAU D’UN CHEF DE GUERRE Quel insolent a donc préféré les bonheurs charnels aux honneurs éternels ?
LE TOMBEAU DU PERE Celui qui laisse pourrir le corps paternel.
LE TOMBEAU DU ROI DE LEGENDE Quel impie a donc, pour plaire à sa maîtresse, perdu ses ancêtres ?
LE TOMBEAU DU PERE Celui qui se comporte en traître.
TOUS LES TOMBEAUX VIDES Resterons nous vides, Tombeau du Père ? Lorsque les vivants oublient leurs morts n’est-ce pas aux morts de s’en souvenir ?
LES TOMBEAUX AVEC DES CADAVRES Taisez-vous ! C’est elle ; le brouillard s’est déchiré pour lui frayer un passage, il a peur de son ombre plus sombre que sa brume. C’est elle ; les morts ont frémi en notre sein, ils craignent son ombre plus froide que celle de la Mort.
LE TOMBEAU DU PERE Voici la sombre fille d’Erin, fidèle à ses pleurs. Combien étais-tu heureux, toi son père! Tu pouvais clamer que, de toutes, ta fille était la plus pieuse. Les rois t’enviaient et les héros s’agenouillaient devant toi. O heureux entre tous les pères ! Jamais tu n’eus à rougir de tes enfants car les dieux t’avaient doté, en plus d’une fille aimante, de fils valeureux au combat et prompts à défendre ton honneur.
LA SOMBRE MORWENNA Ils étaient beaux mes frères, comme les loups qui hantent nos bois. Ils avaient le bras vigoureux et l’œil précis, aucun guerrier ne les égalait. Ils étaient beau mes frères, comme le chant de nos bardes. Ils avaient l’âme noble et le cœur généreux, aucun homme ne les égalait. Comme les héros de nos légendes, ils étaient beaux, mes frères. Erin ma terre, de nombreux jeunes gens foulent ton sol sacré, tu pouvais tous les choisir pour un sort si funeste, pourquoi m’avoir privé de la douce étreinte fraternelle ? Le long des côtes, nous veillions, tous trois, à la pureté de ton rivage. Nul conquerrant n’aurait franchi tes plages sans périr. Qu’es-tu, maintenant, Erin, que mes frères sont morts ? Pour venger une telle perte il faudrait que tes fleuves charrient, tous, le sang de l’ennemi et que ton île verte devienne une île rouge.
LES TOMBEAUX VIDES Sombre Morwenna, toi qui as connu les morts et qui connaîtras les enfants à naître, écoute notre vœu.
LA SOMBRE MORWENNA J’ai longtemps prié vainement, pourquoi accorderai-je ce que l’on m’a refusé ?
LES TOMBEAUX VIDES Sombre Morwenna, toi qui as vu les siècles passés et qui verras, pour ton malheur, les siècles futurs, accorde nous une faveur.
LA SOMBRE MORWENNA Je ne donne jamais sans prendre.
LES TOMBEAUX VIDES Sombre Morwenna, de toute notre vacuité, nous te prions. Ta terre a été éventrée pour nous donner vie, toléreras-tu que les vers, seuls, et la vermine nous emplissent ?
LE TOMBEAU DU PERE Fille d’Erin, depuis combien de siècles vois-tu les corps de tes frères s’évaporer dans la brume? Aie pitié d’un père qui ne veut pas subir le même sort. Si on t’a fait souffrir, toi qui de toutes les sœurs était la plus pieuse, souviens-toi que ceux qui gisent sur le champ de bataille ont combattu tes bourreaux.
LA SOMBRE MORWENNA Ils ont pris les armes, mais je suis la seule à combattre. Ils ont plongé leurs épées dans le sang impur, mais je suis la seule à tuer. Ils ont voulu vaincre, mais je serai la seule à triompher.
LE TOMBEAU DU PERE Qui sont tes ennemis, Sombre Morwenna ? Les étrangers farouches ou bien les malheureux fils d’Erin ?
LA SOMBRE MORWENNA J’erre depuis trop longtemps dans ma solitude, Tombeau, pour me reconnaître des alliés. Ils ne sont pas venus soulever les corps ensanglantés de mes frères, ils n’ont pas creusé la terre féconde pour les rendre à leur Mère, ils n’ont pas levé le fer contre leurs assassins et aucun preux n’est venu supporter mon errance et ma souffrance. Si tous n’étaient pas ennemis, la Sombre Morwenna reposerait entre ses frères vengés sur la couche funèbre. Quelle merveilleuse noce que celle de ces cadavres réunis. On dit que, sur le tombeau des Amants, deux branches de rosier se sont rejointes, poussera-t-il quelque fleur pour unir la sœur à ses frères ?
LE TOMBEAU DU PERE Ombre d’Erin, tu sais bien que, pour toi, seules poussent les orties.
LES TOMBEAUX VIDES Sombre Morwenna, l’amour pour tes frères a adouci ton cœur, écoute-nous à présent.
LA SOMBRE MORWENNA Que direz-vous ?
LES TOMBEAUX VIDES Les corps sans vie et mutilés des valeureux guerrier demeurent sans sépulture. Au milieu de nous, devait reposer le père de Connal ; son fils l’a délaissé pour les délices que lui procure sa maîtresse. C’était un père pieux et valeureux comme pouvait l’être le tien, Sombre Morwenna Comme lui, la blancheur de sa barbe n’égalait que la blancheur de son âme et son courage, pareil à celui de ton père, terrifiait de nombreux ennemis. Mais la bataille fut rude et l’ennemi, plein de traîtrise, vint à bout de ces guerriers si généreux. Le sang a coulé, les larmes des veuves aussi mais, jamais, pour son père, Connal n’en eut une seule. Toi qui fus un père honorable, tu ne méritais pas fils si indigne ! Tu combattais les ennemis avec la fureur de la tempête qui égare les navires, tu les combattais avec la constance de l’épouse qui attendit son mari parti détruire l’Antique Cité, tu les combattais avec l’espoir d’un homme qui croit en ses dieux et en ses ancêtres. Aucun de tes guerriers ne t’égalait car en tout tu excellais…en tout, sauf en ta progéniture.
LA SOMBRE MORWENNA Votre éloge funèbre m’a émue. Si tel homme a jamais vécu en terre d’Erin, il mérite les honneurs mortuaires. La cérémonie a commencé, qu’on apporte le corps de ce guerrier révéré de tous et ceux de ses vertueux guerriers. Tombeaux pleins ouvrez-vous ! Laissez sortir vos morts. Qu’ils aillent sur le champ de bataille chercher leurs frères.
LE TOMBEAU DU PERE Les guerriers morts se sont levés, ils sont allés chercher leurs frères sur le champ de bataille et le Roi de légende a pris dans ses bras le corps du père de Connal. La brume les recouvre, la nuit les enveloppe, laissez avancer les guerriers morts qui portent leurs frères sans sépulture, laissez les rendre les derniers honneurs aux vaillants fils d’Erin. Les étoiles auréolent leur pâle chevelure et ils avancent, comme les héros des anciens temps, pour emporter dans la terre fertile d’Erin les enfants morts. Sombre Morwenna, tu m’as rendu le père, je te donnerai le fils. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 16:59 | |
| Aussi bien que le chant précédent !! |
| | | Morrigan modératrice
Nombre de messages : 3518 Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 17:31 | |
| J'adore ta façon d'écrire. C'est absolument superbe. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 17:36 | |
| Merci, c'est marrant mais dans un chant, il y a ton pseudo, enfin, le nom de la déesse celte, j'y ai pensé la dernière fois, je me suis dit que c'était amusant. Bref, si tu poursuis la lecture, ne sois pas étonnée de voir ton pseudo. Merci encore. Arwr, avec ce genre de commentaires, je ne vais plus oser poster les autres chants de peur qu'ils soient moins bien et de décevoir tout le monde... |
| | | Morrigan modératrice
Nombre de messages : 3518 Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 17:37 | |
| Oui,si tu tires de la mythologie celtique ça ne m'étonne pas. bien que ce soit uniquement grâce à Akira (et récemment) que j'ai appris les véritables origines de ce nom. Au plaisir de le trouver alors | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 17:41 | |
| Poste-les, on verra bien. - Citation :
- Arwr, avec ce genre de commentaires, je ne vais plus oser poster les autres chants de peur qu'ils soient moins bien et de décevoir tout le monde...
Quoi, ils sont pas bien mes commentaires ? ^^ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 17:48 | |
| Mais si, ils sont très bien...C'est juste que je n'aime pas décevoir les gens...en même temps, on ne peut pas toujours bien faire et c'est comme ça qu'on corrige ses erreurs. Bref, je me comprends. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 19:08 | |
| Et je te comprends. ::rolling:: |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Ven 9 Nov 2007 - 19:15 | |
| Mais alors, il est où le problème? Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Sam 10 Nov 2007 - 12:43 | |
| J'ai lu le premier post.
Je réitère ce que j'ai dit : tu écris vraiment bien. Je trouve que ça fait un peu théâtre, avec un brin de Proust dans la tournue alambiquée de certaines phrases.
Cependant, j'avoue avoir du mal avec ce genre de présentation... Suis-je trop conditionné par les romans plus "classiques" ? Sans doute. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Dim 11 Nov 2007 - 23:48 | |
| Allez, le troisième chant...
CHANT III
CONNAL L’IRLANDAIS Est-ce de la harpe, vent d’Erin, dont tu joues avec mes cheveux ou bien veux-tu me les arracher ? C’est ainsi que l’on puni ceux qui ont manqué à leur devoir. Sont-ce les larmes de nos pères qui s’échouent sur mon visage, ciel d’Erin, ou bien veux-tu me noyer ? C’est ainsi que les dieux ont puni les hommes mauvais. Est-ce l’herbe qui danse sous mes pieds, terre d’Erin, ou bien veux-tu t’ouvrir pour m’engloutir ? C’est ainsi que les enfers emportent ceux qui leur sont promis.
LE VENT Je ne suis que le souffle de tes remords.
CONNAL L’IRLANDAIS Alors, souffle plus fort et emporte tous mes souvenirs.
LE CIEL Je ne suis que l’onde de tes regrets.
CONNAL L’IRLANDAIS Alors, coule en torrent et emporte ma mémoire.
LA TERRE Je ne suis que le gouffre de ton âme.
CONNAL L’IRLANDAIS Alors, referme-toi et fais comme si tout cela n’était qu’un rêve. Rêve que Connal a été traître et impie, qu’il a laissé son père âgé mourir au combat pendant que, dans les bras de la femme du Prince Etranger, il goûtait aux délices, qu’il a abandonné sa dépouille sans vie et blessée sur le champ de bataille. Cela doit être le rêve ; et quand tu t’éveilleras dis-toi bien que le vrai Connal n’aurait jamais commis de tels crimes. Celui que tu vois pleurant sur la falaise et se lamentant sur son déshonneur, ce corps de chair et de sang dont tu supportes les muscles juvéniles, celui qui a péché envers sa famille et les dieux, l’impie, l’impur, celui-ci qui te parle et qui respire n’est qu’un songe.
LE CŒUR DE CONNAL On me disait généreux et tu m’as trahis. Je ne prendrais pas part à ton mensonge. Dieux, laissez-moi sauter en dehors de sa poitrine. Quand viendra le Jugement, Connal, si tous se taisent, moi, je clamerai tes crimes.
CONNAL L’IRLANDAIS Tu es mon cœur et, pourtant, tu es insensible à l’amour qui m’a fait oublier mon père et mes dieux.
LE CŒUR DE CONNAL Je ne reconnais que l’Amour pieux.
CONNAL L’IRLANDAIS Elle est la femme de l’envahisseur mais elle est celle que j’aime.
LE CŒUR DE CONNAL Avec quoi l’aimeras-tu, Connal, quand j’aurai fui en dehors de ton poitrail ?
CONNAL L’IRLANDAIS Je l’aimerai avec mes yeux qui loin d’elle sont aveugles. Iceux battront à la place de mon cœur.
LES YEUX DE CONNAL Nous nous consumerons.
CONNAL L’IRLANDAIS Je l’aimerai avec mes veines qui loin d’elles sont nerveuses. Icelles battront à la place de mon cœur.
LES VEINES DE CONNAL Nous nous dessècherons.
CONNAL L’IRLANDAIS Je l’aimerais avec mes mains qui loin d’elle sont lasses. Icelles battront à la place de mon cœur.
LES MAINS DE CONNAL Nous battrons, Connal, mais pas comme tu l’entends.
LE CŒUR DE CONNAL Ton corps t’abandonne comme tu as abandonné le corps de ton père.
CONNAL L’IRLANDAIS Assez, mon cœur ! Je connais tes reproches et mes crimes. Elle est arrivée, portée par son char d’or, dans notre Erin qui n’a jamais connu le soleil. Elle était reine au milieu de nos bergères. J’ai enlacé des mains blessées et terreuses, les siennes sont blanches et lisses comme l’étoffe dont se pare une vierge. J’ai baisé des lèvres grises et gercées, les siennes sont rouges et douces comme le velours d’un vin d’Orient. J’ai étreint des corps maigres et pâles, le sien est rose et suave comme le flanc des déesses. Ne me dis pas, mon cœur, qu’entre cette femme et nos bergères ton choix peut être différent.
LE CŒUR DE CONNAL Filles d’Erin, elles ne sont ni blanches ni lisses vos mains, mais elles ont plus de tendresse que celles des reines. Elles ne sont ni rouges ni douces vos lèvres, mais leurs chants, plus que les vins d’Orient, savent envoûter. Ils ne sont ni rose ni suaves vos corps, mais ils ont plus d’honneur que celui de la femme du Prince Etranger.
UNE VOIX AU LOIN Je suis fille d’Erin et mes mains sont lisses.
CONNAL L’IRLANDAIS Qui es-tu ? Ta voix m’étourdit.
LA VOIX UN PEU PLUS PRES Je suis fille d’Erin et mes lèvres sont rouges.
CONNAL L’IRLANDAIS Qui es-tu ? Ton parfum m’envoûte.
LA VOIX QUE L’ON VOIT Je suis fille d’Erin et mon corps est comme celui d’une déesse.
CONNAL L’IRLANDAIS Pourquoi sont-elles lisses, tes mains ?
LE VENT Ne la regarde pas, Connal, c’est la Sombre Morwenna.
LA SOMBRE MORWENNA C’est le sang de l’ennemi qui les a polies.
CONNAL L’IRLANDAIS Pourquoi sont-elles rouges, tes lèvres ?
LE CIEL Ne l’écoute pas, Connal, c’est la Sombre Morwenna par qui le malheur arrive.
LA SOMBRE MORWENNA C’est le sang de l’ennemi qui les a colorées.
CONNAL L’IRLANDAIS Pourquoi est-il comme celui d’une déesse, ton corps ?
LA TERRE Ne lui parle pas, Connal, c’est la Sombre Morwenna qui est venue prendre ton âme.
LA SOMBRE MORWENNA Parce qu’il est immortel. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 11:18 | |
| C'est toujours superbement écrit !! Vraiment très beau et original. Toutefois, je me demande un peu où on va avec ce récit car j'ai du mal à y voir une vraie histoire. C'est sans doute à cause du schéma peu classique que tu utilises. En tout cas, c'est très beau ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 11:34 | |
| Toujours pas eu le temps de lireuh... T_T |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 11:47 | |
| A vrai dire, je ne suis pas spécialiste des intrigues dignes de ce nom, celle-là est très simple mais se met en place doucement. Disons que l'intrigue est plus un pretexte, dans ce cas, pour essayer de faire de la poésie. Les éléments se mettent en place petit à petit pour arriver aux deux moments forts chant VII (si je me souviens bien) et le chant final. Pour l'instant l'histoire c'est: La Sombre Morwenna a été maudite et cherche une personne pour porter la malédiction à sa place et qu'elle puisse enfin reposer auprès de ses frères vengés. Connal a abandonné la dépouille de son père parce qu'il est trop occupé avec sa maîtresse. Le corps du père a réclamé sépulture à la Sombre Morwenna et comme elle a exhausé son voeu, il lui a, promis son fils pour porter sa malédiction. Dit comme ça, c'est pas top, mais en gros, c'est ce qui se passe sur les trois premiers chants. Après, en poésie, on est libre d'y voir ce que l'on veut... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 11:54 | |
| Non, non, je trouve ça pas mal du tout comme "intrigue" !! C'est même très bien !!! J'espère qu'un jour, tu tenteras l'édition avec ce... récit ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 12:10 | |
| ah... le problème de l'édition... Je l'édite uniquement sur internet. Je ne conçois pas que de la littérature, si je peux appliquer ce terme à mon ouvrage, soit un produit commercial. Il ne s'agit pas de faire de l'argent ni d'aider d'autres personnes (les éditeurs) à faire du profit (en imaginant que sa puisse marcher, se vendre etc...). Bien entendu, ça en lève le plaisir du livre fini dans un format normal (car des impressions papier avec reliure son toujours possibles...vive l'artisanat!!) en même temps, je ne connais pas d'autre moyen de publication entièrement gratuit pour les lecteurs. Mais ce que tu me dis me fait plaisir. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 12:36 | |
| De rien ! ^^ Je respecte entièrement ton choix, au niveau édition, côté commercial etc... En tout cas, je trouve ton récit original à bien des égards ! XD |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Lun 12 Nov 2007 - 13:34 | |
| Raaaaaaaaaaaaa Pourquoi j'ai pas le temps de lire! Bon j'essayerais un jour, quand j'aurais du temps |
| | | Morrigan modératrice
Nombre de messages : 3518 Localisation : entre la terre de Bretagne et la Scandinavie Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: Green Erin Mar 13 Nov 2007 - 18:16 | |
| Ahhh, un irlandais en plus ^^
Plus sérieusement,cet extrait ci est celui que je préfère. Mêm s'il reste dans la même veine que les deux précédants je le trouve plus attractif,peut-être plus simple aussi,ou alors c'est que je commence à m'habituer à ton style.
en tout cas bravo,il est magnifique | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Mar 13 Nov 2007 - 21:54 | |
| eh oui, l'histoire se passe en Irlande, d'où le titre... De tous les chants, c'est le plus anciens, c'est un vestige (retravaillé) de la première version (il y a presque dix ans...) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Mar 13 Nov 2007 - 21:59 | |
| Trop bien, j'adore ! *clap clap clap* |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Green Erin Mer 14 Nov 2007 - 21:59 | |
| je viens de llire el 1er c'est très spécial mais ton écriture est vraiement superbe continue(je ne peux pas tout lire vu que j'ai 3mois de retard xD déjà 2 jours c'est dure mais 3 mois...n'imagine même pas) |
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| Sujet: Re: Green Erin | |
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| | | | Green Erin | |
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