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 Rien n'arrive par hasard

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MessageSujet: Rien arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 13:31

Bonjour à toutes et à tous.
Je suis à la recherche de toute critiques pouvant me permettre de progresser et d'enrichir ma plume, alors surtout ne prenez pas de gant s'il vous plaît:)
Je suis à l'écoute pour toutes recommandations, suggestion, remarques...
Merci:)
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MessageSujet: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 13:34

Bonjour à toutes et à tous.
Je viens de terminer ce qui pourrait s'apparenter à mon second roman (enfin essaie de roman devrais-je dire).
J'attends avec impatience vos retombés, commentaires, avis, critiques Smile N'hésitez pas.
J'espère que cela ne vous sera pas d'une lecture trop désagréable.Wink
merci
(ps : pour la page des commentaires, suivez le lien : https://ecrire.forumactif.org/t5721-rien-arrive-par-hasard )



1)

Quelque peu pressée, je sortis en trompe du bâtiment et dévala les escaliers, de grands escaliers de marbre qui reflétaient la fraîcheur apparente qui régnait au sein de l'entreprise. Je ne prêtais aucune attention à mes collègues qui se trouvaient devant l'entrée de l'immeuble. Certains ne me remarquèrent même pas – une collègue parmi tant d'autres – et d'autres m'adressèrent un sourire. Je restais impassible devant cet élan de politesse, cela glissa sur moi telle une légère brise. Ce semblant d'amitié ne m’intéressais que très peu. Pour moi, aucune différence ne se faisait ressentir entre ceux qui m'ignoraient, qui faisaient comme si je n'existais pas, comme si je faisais partit des murs, et ceux qui tentaient de dresser un contact. Dès mon premier jour, tous autant qu'ils étaient, je les avais mis dans le même sac, pas un pour rattraper l’autre. Je n'avais jamais jugé important d'apprendre à les connaître. Ce n'était que mes collègues, rien de plus. Dire que l'on avait une relation cordiale pouvait s'avérer par moment être un euphémisme, un doux euphémisme, auquel je ne croyais pas le moins du Monde. Les clefs à la main, je me dirigea précipitamment vers ma voiture. Un pied devant l'autre, je trottinais, je ne voulais perdre du temps. Je possédais une simple Citroën C3 que j'avais acquis il y a de cela quelques mois pour une bouchée de pain. De couleur verte, elle reflétait l'espoir, ce doux sentiment qui m'animait au plus profond de moi. Au premier regard, j'avais flashé sur cette voiture, bonne pour la casse. Elle aussi avait le droit à un second souffle de jeunesse. Personne n'en voulait, mais j'aurai tout fait pour qu'elle m'appartienne.
Sans réfléchir et machinalement, je m'assis derrière le volant. Mes yeux se portèrent sur le rétroviseur, ce que je vis m'horripila. Ce n'était pas moi. Une fille qui me ressemblait tout simplement. A l'allure identique, elle et moi étions en tout point différentes. Je risquais à tout instant de me perdre, de m'oublier. Je luttais. Mon esprit disait non, mais mon corps n'était pas en harmonie avec cette décision. Un duel où tout les coups étaient permis s'installa entre mon corps et mon âme. Il ne pouvait y avoir qu'un seul vainqueur. Sans plus attendre, je m'effondrais.Mes larmes me piquaient les yeux, une à une elles s'éxtipèrent et coulèrent le long de mes joues. Mes petits poings atterrirent sur le volant. La colère avait envahi mon corps, mon esprit et mon cœur. Elle avait prit le dessus sur tout le reste. S'en était trop. Énergiquement, je secouais la tête. Une douleur imminente vint me saluer. J'espérais en extraire mes pensées, les faire sortir à tout jamais. Je ne devais pas concrétiser mes envies, au risque de renoncer au lendemain. Il ne le fallait surtout pas, j'avais beaucoup trop travaillé pour en arriver jusque là, pour me laisser couler. J'étais un paquebot, pas un simple bateau en papier. Des vautours, le monde du travail en était rempli, mais pour m'écraser, ils allaient devoir attendre leur tour. Je ne récoltais que la somme de ce que j'étais. Ce n'était que le résultat de ce que je faisais. J'attrapai un mouchoir dans mon sac et m'essuya les yeux peu à peu devenu rouge. Ils étaient gonflés, comme si je n'avais pas dormis depuis des jours et des jours. Doucement, je tournais la clef du contact, appuyais sur l'embrayage et reculais. Je ne prêtais pas attention à la voiture qui s'engageait derrière moi. J'agissais comme si j'étais seule, comme si le parking m'appartenait. L'inévitable se produisit. Un bruit de ferraille me ramena à la réalité des choses. La légère secousse engendrée poussa mon corps vers l'avant. Ma tête frôla le volant, la ceinture de sécurité me retint. Il eut plus de peur que de mal. Indemne de toutes lésions apparentes, je sortis de mon véhicule.
Il ne manquait plus que ça. Me déclarais-je à moi même.
Je vis un homme analyser sa voiture sous toutes ses coutures. Il devait avoir peur pour sa belle et grosse voiture. Le genre de voiture qui montre de suite à qui l'on a à faire. Arrogante, classe, imposante. Elle devait coûter dans les vingt mille euros. Le genre de voiture que l'on s'offrait pour en mettre plein la vue, pour ne surtout pas passer inaperçu. Je n'avais jamais vu un regard tel que le sien, d'un bleu pénétrant. Ses cheveux bruns, mal coiffés, en bataille, faisaient ressortir la lueur de son visage, de son regard. Une hombre se dressait sur ce tableau, sur cet ange tombé du ciel qui me faisait face : il était hautain. Je n'avais jamais vu pareil orgueil et pareille fierté se dégager chez une personne. Même mon patron ne l'égalait pas. J'étais déconcertée. Face à lui je ne faisais pas le poids, mais je n'avais pas l'intention de me laisser avoir. Il ne manquait plus que cet accrochage pour que cette journée rentre dans les annales de la journée la plus pourrie de ma jeune vie. Je souhaitais mettre un terme à cette journée et cela le plus rapidement possible. L'éventualité que quelque chose puisse me retarder m'étais inconcevable. Les seuls mots qui sortirent de la bouche de l'homme n'était rien d'autres que des reproches, des affabulations qu'il adressait à mon égard. Son impolitesse ne me surprenait pas, cela allait de pair avec l'impression qu'il dégageait. Son acharnement envers moi allait au delà des raisons apparentes, il ne pouvait en être autrement. C’était la seule explication plausible. Il sortit des papiers de sa boîte à gants, et en moins de deux minutes le constat fut fait. Nous étions tout deux conscients que l'autre avait beaucoup mieux à faire ailleurs. S'attarder était la dernière chose que nous souhaitions.
Sans lui adresser le moindre mot d'excuse ou d'au revoir je retourna à ma voiture. A vive allure, je partie. Un regard dans le rétroviseur accompagna mon départ. Ironiquement, de toutes mes dents, je lui sourit. L'homme prit cela pour de la provocation. Mon attitude ne lui plaisait guère. J'avais, sans le savoir, frappé là où ça faisait mal, touché un point qu'il n'acceptait pas, qu'il ne pouvait laisser passer. La politesse et le respect étaient des valeurs auxquelles ils était attaché. Des valeurs auxquels ils croyaient mais qu'il n'appliquait pas. Elles n'étaient bonnes que pour les autres, elles ne le concernaient pas. En agissant de la sort, j'avais bafoué ses principes.
Arrivée à un feu rouge, je me pencha sur le siège passager, plongea ma main tremblante dans mon sac à main et en sortit un sachet de comprimé. J'en mis délicatement un sur ma langue, pencha la tête en arrière et l'avala. Je me sentit à présent apaisée, apaisée de l'intérieur. Puis, l'air de rien je reprit la route.

*

Instinctivement et sans me poser de questions, je fermais la porte de mon appartement à double tour. C'était une règle que j'avais instauré avec ma colocataire : toujours fermer la porte à clef, même si l'une d'entre nous était dans l'appartement. Nous n'habitions pas dans le quartier le plus sur de la ville, c'était une manière comme une autre de se protéger, de ne pas tenter le diable. Beaucoup trop de cambriolages avaient eu lieu ces derniers temps dans notre immeuble pour que nous prenions des risques inutiles. La petite mamie que l'on avait en tant que voisine était elle aussi terrorisée, persécutée à l'idée que tout les visiteurs étaient des malfrats. Elle voyait le mal partout et en tout le monde. Personne à part Sarah et moi ne trouvait grâce à ses yeux.
Mes pieds se dirigèrent instantanément dans la salle de bain. Je me fis couler un bain, ôta mes vêtements et me glissa dans l'eau chaude et fumante. La mousse trop peu présente à mon goût, je vida la moitié de la bouteille de gel douche dans l'eau. L'odeur boisé me piqua les narines. De ma main droite, j'agitais l'eau énergiquement. Une crampe dans l'avant bras vint rapidement me tenir compagnie. La mousse apparaissait peu à peu, recouvrant au fur et à mesure l'eau clair. Le fond de la baignoire disparaissait au rythme que la mousse apparaissait. Elle recouvrait à présent mon corps. Mon intimité était protégée. La musique dans les oreilles, je laissa mon corps glisser et m'allongea. Les bras sur le rebord de la baignoire, je me sentais bien. Vraiment bien. J'en oubliais presque la journée que je venais de passer. Les mauvais souvenirs se dissipèrent aux profits des bons qui naissaient sous le coup de mon imagination. Mes yeux se fermèrent. Je ne pensais à rien d'autres qu'aux paroles qui défilaient dans mes oreilles. Mon esprit se ferma peu à peu à toute autre suggestion. Seul la voix de l'artiste résonnait dans ma tête. Cet instant de relaxation, de bonheur éphémère me redonna le sourire. Seule, je pouvais me retrouver avec moi même. Je n'avais pas prévu le retour de Sarah aussi rapidement. Malgré elle, elle vint stopper cet instant d'intimider et de tranquillité que j'appréciais tant. Le grincement qu'émettait la porte d'entrée me fit sursauter.
Lana !
Dans la salle de bain.
Sarah me rejoignit et s'assit sur le bord de la baignoire, poussant ainsi légèrement mon bras. J'étais souriante. La lumière qui reflétait dans l'eau m'offrait une bonne couleur de peau. N'importe qui aurait pu me trouver rayonnante, débordante de joie, mais Sarah n'était pas n'importe qui, loin de là. En un regard, elle pouvait déceler mon humeur. Elle savait déjouer mes stratégies pour dissimuler mon mal être. Malgré toute la bonne volonté du Monde, je ne pouvais rien lui cacher. Sarah avait appris à lire dans mon regard, à y trouver les émotions que je souhaitais enfuir.
Quand est-ce que tu vas démissionner ?
Je ne répondis rien. Je me contentais simplement de hausser les épaules et de lui offrir un sourire dont moi seule avait le secret. Un léger pincement de lèvres accompagna mon sourire. Sarah me fixa avec insistance. Elle espérait me faire craquer, me faire sortir de ma bulle. Elle employait les grands moyens.
Chinois, ça te dit ?
Le menu pour le dîner faisait pour moi un très bon sujet de conversation. Tout était bon à prendre pour orienter Sarah sur un autre sujet que mon travail. Je ne désirais pas entrer dans les détails, c'était ennuyant et inintéressant. Lui faire perdre son temps n'étais pas mon intention, nous avions mieux à faire.
Lana. Insista de plus belle Sarah.
Ça va je t'assure.
Lana, je te connais.
Tu as beau afficher ton plus beau sourire, ta mine déconfite ne trompe pas.
Elle posa sa main en bas de ma joue, fit délicatement glisser ses doigts et le retira lorsqu'elle arriva au niveau de mes yeux. Une caresse qui se voulait amicale. Sarah était de nature très démonstrative. Au premier abord cela m'avait surprise, je m'étais plus d'une fois reculé, mais j'avais appris avec le temps qu'il n'y avait aucune ambiguïté caché derrière ses gestes et son attitude, elle était juste tactile.
Que tu fasses bonne figure en dehors, c'est ton choix et je le comprends parfaitement, mais ici on est que toutes les deux. Bas les masques.
Sarah se décala lorsqu'elle se rendit compte que je voulais sortir de la baignoire. Elle avait véritablement troublé mon instant magique de bonheur, où mon corps et mon esprit était en harmonie. Sarah me tendit mon peignoir, au préalable suspendu au radiateur. La chaleur qui émanait du tissu était agréable, elle me procura des frissons dans le dos. Sarah se dirigea vers le salon et lentement je lui emboîta le pas.
Tu veux un café ?
Non merci.
Je rejoignis Sarah sur le canapé. Tasse à café à la main, je m'assis à côté de ma colocataire. J'approchai mon délicat visage du bord de la tasse et souffla doucement sur le contenu. La fumée qui en sortit causa de la buée sur les verres de mes lunettes. Je ne les portait que très peu, mes lunettes noires, rectangle m'offrait un tout autre regard que je n'affectionnais pas particulièrement. Je passais doucement ma main dans mes cheveux, mes doigts glissèrent entre mes mèches. Confortablement, je me calais dans le canapé, les genoux contre ma poitrine. Je ne quittais pas ma tasse à café des yeux. Le regard rivés sur cette dernière, je ne remarqua même pas les grands gestes que me faisait Sarah pour captiver mon attention. J'agissais comme si j'avais quelque chose à me reprocher, comme si j'avais honte. Je cherchais à me faire le plus petite possible. Ne faire plus qu'un avec le canapé. Je luttais. Je n'avais pas le droit de me laisser aller de la sorte, ce n'était pas digne de la femme que j'étais. Sarah m'avait vu pleurer plus de fois qu'elle n'avait de doigts sur les mains pour le dire, mais cette fois-ci, je ne le voulais pas. Mon cœur s'étiolait, pleurait, égaré dans un vide interminable, enlisé dans les pourquoi et les comment. Les nuages autour de moi amoncelaient, annonciateur d'une tempête de larmes que rien ne semblait pouvoir apaiser. Sarah était ma colocataire, mon amie, ma confidente. A part elle, je n'avais personne. C'était ma famille. Elle avait une place bien plus grande que n'importe qui dans mon cœur. Sans elle, je n'étais rien, juste une petite poussière. Mais je m'en voulais, ce n'était pas à Sarah de ramasser les pots cassé de mes journées. Il m'étais hors de question de la cantonner à ce rôle-ci. Cela avait trop duré. Sarah valait mieux que cela. Notre amitié valait mieux que cela. On se connaissait depuis une dizaine d'années. Dès note premier regard, cela avait été un coup de foudre amical. Depuis, nous ne nous étions plus jamais quittés. Nous étions comme les deux doigts de la main, inséparable, jusqu'à notre insertion professionnelle où nous avions décidés d’emménager ensemble. Cela faisait trois ans et nous étions plus proche que jamais. Même si je n'étais pas fière de mon parcours, je tiendrais bon. Je ne céderais pas. Pas uniquement pour moi, mais également pour Sarah, par respect pour notre amitié. J'espérais au plus profond de mon cœur que la roue tournerait un jour – mais pas trop vite, qu'elle puisse prendre le temps de s'arrêter sur moi – que la vie me pardonnerait. Il le fallait. Je le croyais. Mes larmes se mirent malgré mes efforts à couler. Je lui prétexta que je venais de me mettre le doigt dans l’œil. Sarah n'était pas dupe, cette excuse pour justifier mes larmes n'était pas crédible. Personne n'aurait pu me croire. Elle prit soudainement ma tête entre ses mains. Nos deux paires d'yeux se croisèrent. Sarah mit délicatement ma tête sur son épaule, tout en me caressant les cheveux.
Ça va aller, je suis là !
Je resta dans les bras de mon amie une dizaine de minutes. Mon cœur s’apaisait. Mes larmes cessèrent de couler. Je finis par me redresser, prit mon paquet de cigarette et m'en alluma une. Sarah me foudroya du regard. Elle ne supportait pas la fumée de cigarette, d'autant plus quand elle provenait de moi. Le tabagisme passif n'était pas ce qu'elle affectionnait le plus, au contraire. A trois reprises, j'avais voulu arrêter cette addiction nocive, mais à chaque fois j'avais essuyé un échec, au grand dam de Sarah. J'avais perdu l'espoir et la motivation qui allait avec. Je n'étais pas une fumeuse du dimanche, un paquet de cigarette me faisais difficilement une journée, j'étais une fumeuse avérée. La couleur que mes poumons pouvaient prendre ne m'avais jamais effrayé, les conséquences sur ma santé ne me posaient aucun problème. Sarah avait bien peur de ne jamais s'y faire. Notre appartement était devenu une véritable tabagie. Je me contenta de hausser les épaules. Un énième conflit sur les méfaits de la nicotine ne m'intéressais que très peu. Pas se soir. Je respira profondément et calmement et débuta mon récit. Malgré ma réticence à me confier, mon cœur ne demandait qu'à être libéré, il ne pouvait continuer tout seul, il avait besoin d'un pilier de soutien.

*

Comme tout les matins, je traversais les allées de l'étage, je passais devant le bureau de certains de mes collègues pour me diriger vers celui du big boss. A mon passage, Paul me tendit sa tasse à café vide. A mon grand regret, je lui prit la tasse des mains sans lui adresser le moindre regard ou le moindre mot. Cela pouvait se passer de toute communication.
N'oublies pas le sucre cette fois ! Me déclara Pierre en suivant le mouvement de Paul.
Mes yeux se levèrent au ciel, accompagné d'un profond soupir. Mes idées se bousculèrent dans ma tête. Je rêvais de leur faire ravaler leurs airs supérieurs, les faire redescendre de leur pieds d'estale. Ils ne valaient pas mieux que moi. Un jour, je le leur prouverais. Je ne serais pas cantonnée à ce rôle-ci tout le restant de ma vie. J'avais ma carrière devant moi, la roue tournerait. Je le sentais au fond de moi. Mon ambition était cachée, mais bien présente. J'errais pour le moment dans les couloirs, sans aucunes directions définies.
Regarde où tu vas ! M'annonça Véronique en m'évitant de justesse.
Plongée dans mes pensées, dans mes rêves de vie futur, je ne l'avais pas vu. De carrure imposante, Véronique ne pouvait pourtant pas passer inaperçu. Sa coupe au carré accentuait la rondeur de son visage. De ses joues bien dodues, je me surprenais par moment à la comparer à un hamster. Malgré l'air grave qui se dégageait constamment de son regard, sa tenue rose lui offrait un peu de légèreté, un peu de gaieté. La tonicité de sa voix allait de même avec sa corpulence. Sa voie portait à des dizaines de mètres. Chuchoter, elle ne savait guère faire. La discrétion était quelque chose d'étranger pour elle.
Euh...désolée.
Puis, je continuais ma route jusqu'à la machine à café.
Lana....
Mon regard se figea sur les deux tasses que j'avais entre les mains. Une troisième ? Hésitante, je me retournais doucement, mettant bien mes mains en évidence.
Le patron veut te voir.
Il t'attend dans son bureau.
Un rictus put se lire sur mon visage. Cela faisait bien longtemps que mes collègues ne m'avait pas adressé la parole pour autre chose que pour m'avertir de l'absence de café dans leur tasse. Je n'avais jamais été considéré pour autre chose que pour une serveuse. Certains de mes collègues ignoraient même jusqu'à mon nom. La transparence dominait chez moi. D'un pas précipité, la tête haute, je me dirigeais vers son bureau. Mon enthousiasme s'évanouit aussi rapidement qu'elle était apparut. Devant la porte du bureau de mon patron, je m'arrêtais net. Si le grand patron voulait me voir ce n'était forcément pas bon signe, ça ne pouvait pas l'être. Pierre avait-il fait remonter l'absence de sucre pour son café ? J'avais probablement échoué dans ma tache. Même servir le café correctement j'en étais incapable, je n'étais juste bonne à rien. Je secouais tout à coup la tête, de gauche à droite. Je ne pouvais lui faire face la tête remplies d'idées noires, d'absurdités. Après tout, nous n'étions plus à l'école maternelle. Nous ne pouvions qu'agir en adulte. Les coups bas de ce genre n'étaient pas un acte d'une grande maturité. Pierre et Paul avaient des réactions enfantines très développés, mais ils ne pouvaient se résoudre à cela. Je pris une profonde inspirations et frappa fermement à la porte du bureau.

Je m'arrêta inopinément dans mon récit, laissant mon amie sur sa fin. Je prétexta une envie d'aller aux toilettes et m’éclipsa l'espace de quelque instants. Mes pieds me dirigèrent directement dans ma chambre, où j'avais au préalable posé mon sac à main. A l'intérieur, je cherchais mon sachet de comprimé. Mes yeux s'écarquillèrent, désappointée, je constatais qu'il était vide. Je le prit, le secoua dans tout les sens dans l'espoir qu'une pilule se cache dans un coin. Énervée, je ne put me contrôler et jeta le sachet vide sur le sol. A pied joint, je sauta dessus. Un cri de rage sortit de mon petit corp, un son aigu que je ne me connaissait pas. Sans réfléchir, je prit les premiers vêtements que je trouvais et les enfila.
Lana, dépêche toi. Ne me laisse pas comme ça.
Elle perdait légèrement patience. Cinq minutes que j'étais partie et cela était déjà trop.
Je dois y aller.
Lana....attends tu vas où comme ça ?
Je n'en ai pas pour longtemps.
A vive allure, je me dirigea vers la porte d'entrée.
Ne m'attends pas.
Sans un mot de plus et sans un regard, je franchis le seuil de la porte d'entrée. Sarah était déconcerté, mais pas surprise. Mon attitude ne la surprenait pas le moins du monde. Elle avait l'habitude. Ce n'était pas la première fois que je m'esquivais de la sorte. Sans la prévenir, j'avais une légère tendance à la fuite. Tel un fantôme, un véritable courant d'air. En en clin d’œil, je disparaissais pendant des heures et réapparaissais comme ci de rien n'était. Malgré la récurrence de cette attitude, Sarah n'en était pas moins inquiète. Elle ne pouvait être sereine. Le cœur lourd, l'esprit embué, elle n'avait d'autre choix que de m'attendre patiemment.




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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 16:07

Bonjour,

je sortis en trompe : en trombe, je suppose.

Il eut plus de peur : il y eut

Une hombre se dressait: une ombre

je retourna à: retournais

je partie. je partais

ils était attaché: il

ils croyaient: il croyait

de la sort,: sorte

je vida: vidais

l'avant bras: l'avant-bras

mesure l'eau clair.: claire

je laissa : laissais

cet instant d'intimider: d'intimité

je souhaitais enfuir: enfouir

pieds d'estale.:piedestal

Quelques fautes. Je n'ai pas tout corrigé.

Voici ce que j'en pense:

trop de détails

j'ai corrigé les verbes en les mettant à l’imparfait. A toi de continuer ou de changer de genre.

C'est un peu confus, mais c'est peut-être voulu. Je vais attendre un peu avant de vraiment juger.

Il faut mettre des tirets avant les dialogues.

D'autres personnes plus expertes te feront d'autres commentaires plus complets.

Bonne continuation.
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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 16:21

Bonjour,

Tout d'abord je vous remercie pour vos commentaires.

Il est vrai que j'ai quelques difficultés avec l'orthographe et la grammaire, et que la concordance des temps me pose également quelques problèmes, cependant, j'essaye temps bien que mal d'y travailler.
effectivement quelques coquilles de frappe se sont glissées dans mon texte et j'en suis navrée, je vais corriger cela pour les prochains chapitres.
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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 16:27

2)



J'errais sans aucunes directions définies. Tout autour de moi devint flou, impalpable. Je laissais mes pieds me guider. Je ne répondais plus de rien. Je n'avais subitement plus goût à rien. Des larmes s'échappèrent de mes yeux bleus insondables. A hauteur du parc, je n'étais pas sereine. Mon cœur s'accélérait. Je put sentir les battements de mon cœur contre ma poitrine. Je mis la capuche de mon sweat-shirt et accéléra le pas. J'agissais comme si je me sentais suivit, constamment à vérifier que personne ne me suivait, même de loin. Je sentais une présence derrière moi, je n'étais pas seule, j'en étais persuadée. Le fait que je ne voyais personne derrière moi ne signifiait pas forcément qu'il n'y avait personne. La furtivité était leur point fort, ils étaient partout, même là ou on ne les attendait pas.
Le vent commençait petit à petit à se lever. Les branches des arbres s'entrechoquaient, les feuilles sifflaient. La noirceur du parc ne me permettait pas de voir plus loin que le bout de mon nez. En cette nuit, les lampadaires ne fonctionnaient pas. Il faisait nuit noir. J'avais peur. Les bras croisés, je serrais ma poitrine, aussi fort que je le pouvais. Les épaules recroquevillés, j'essayais de me faire le plus petite possible. Je ne voulais pas me faire remarquer, mais la différentialité allait à l'encontre de mon souhait. Dans un lieu où la noirceur était le mot d'ordre, la lumière qui s’échappait de moi devenait aveuglante. Telle une luciole, je virevoltait dans ce monde. Même avec toute la bonne volonté du Monde, je ne pouvais m'intégrer, je ne pouvais me faire passer pour l'un des leurs. En addict, ils ne me jugeaient pas crédible. Je ne collais pas à ce personnage là. Je n'avais selon eux pas le profil adéquat. Quelque chose en moi les dérangeait. Je ramenais de l'argent, c'est tout ce qui leur importait. Ils ne trouvaient que leur propre intérêt.

*

Des ombres se profilaient à l'horizon. Des hommes restaient debout au coin de la rue, tandis que les femmes arpentaient le trottoir, elles faisaient les cent pas. Les hommes s’effaçaient au profit des femmes. Elles devaient paraître seules pour pouvoir faire leur travail correctement. De l'argent contre un service rendu. Elles arrêtaient toutes les voitures qui passaient devant elles. Pas une seule ne leurs échappaient. Elles ne pouvaient prendre le risque de laisser passer un client potentiel. Le maquillage avait élu domicile leur visage. Plus une seule parcelle de naturel ne s'y trouvait. De véritable pot de peinture. Leur visage reluisait de fond de teint. Leur peau collait. Leurs bouches étaient mises en valeur, bombé et pulpeuse. Un rouge à lèvres, d'un rouge vif, à la limite du vulgaire bordait leurs lèvres, un trait de crayon en dessinait les contours. A travers ce cosmétique, elles cachaient leur véritable visage. Elles devenaient méconnaissable, comme si elles arboraient un masque. Jamais elles ne dévoilaient leur nature profonde. M'insérant rue Sourdet, j'avançais parmi ce Monde. Mes pieds dirigeaient ce petit corps frêle. De la sueur dégoulinait le long de mon front. De la paume de ma main, je me le tapota, je ne devais laisser paraîte aucun indice me trahir. Je ne me sentais pas tranquille, j'étais apeurée, mais en aucun cas ils devaient s'en rendre compte. En cette nuit chaleureuse, où le vent avait cessé, je tremblais. Je transpirais à grosse goutte. Mes mains devinrent moites.
- Tu t'es perdus ma jolie ? Me demanda une des femmes lorsque je fut arrivé à sa hauteur.
Son accent Russe ne laissait pas de doutes, elle n'était pas native de ce pays. Elle regarda une de ses camarades et toutes deux partirent dans un éclat de rire.
- Regarde, elle est bien trop raffiné pour ça !
L'ironie dans le son de sa voix se laissait entendre. Je ne prêtais aucune attention à ce que les deux jeunes femmes me disaient , je ne voulais pas rentrer dans leur jeu. Loin de moi l'idée de m'attarder ici. Sans plus attendre, je me dirigeais vers un homme au croisement de la rue Zola et de la rue Sourdet. L'origine de ma venue. Tous me fixèrent sur mon passage. Je n'échangea aucun mot, aucun regard avec l'homme. Un homme d'une trentaine d'années, plutôt ordinaire, une casquette recouvrait son crâne démuni de cheveux. En apparence d'une banalité à toute épreuve. Vêtu totalement de noir, aucune couleur ne venait éclaircir les traits de son visage. Il était fermé.

De la poche de mon jean, deux fois trop grand pour moi, je sortis une enveloppe et la lui tendit. J'attendis, patiemment tendant mon autre main. J'attendais quelque chose en retour. L'homme me regarda et se mit à rire. D'un signe de la tête, il ordonna aux hommes à ses côtés de me tenir. Un à droite, un à gauche, ils me tinrent fermement les bras. Un troisième se posta derrière nous. J'étais encerclée, maintenue tel un vulgaire morceau de viande. Je n'avais aucune possibilité de m'enfuir. L'homme prenait ses précautions, il assurait ses arrières.
- Tu permets ?
- Mais je vous en prie !
Leurs pouces s'enfoncèrent dans ma peau. Ils cherchaient à m'intimider, me montrer que ce n'était pas moi qui donnait les directives. Je subissais. Je n'étais qu'un maillon de cette immense chaîne. Un pion qui n'était aucunement indispensable. Mon sort lui était totalement indifférent. L'homme n'appréciait pas les petites bourgeoises qui venaient le voir pour pimenter leur triste vie. L'air supérieur qu'elles se donnaient l'agaçait quelque peu. Des femmes comme moi, il en voyait des centaines défiler, une de plus où une de moins cela ne lui changerait rien. L'homme ouvrit l'enveloppe et en analysa soigneusement le contenu. La concentration transparaissait dans son regard. Il acquiesça et ses hommes me relâchèrent. En échange, il me donna un sachet. Quelques comprimés se trouaient à l'intérieur. Sans me retourner, je partis. Adossé contre le mur, regard enjoué, l'homme fit un signe de tête à ses hommes. Dans un pincement de lèvres, ils acquiscèrent et s'en allèrent; Un léger rictus apparut sur mon visage lorsque je passa de nouveau devant les deux femmes.
- Mesdames.
Hypocritement, j'inclinai la tête. Je me jouais d'elle. En réponse, la femme à l'accent des pays de l'est bien prononcé me fit une grimace. Sa langue était étonnement grande pour se petit corps.

*

Sur la route qui me menais jusqu'à chez moi, je m'arrêtais dans une ruelle. Je pris le sachet de comprimé dans mes mains et tentais de l'ouvrir. Je n'y arrivais pas. A plusieurs reprises je fit face à un échec. Mes mains tremblaient, mes jambes flageolaient, ma vue se brouillait peu à peu. J'étais mal en point. En perte de patience, je mis un coin du sachet entre mes dents et d'un coup sec, je tirais dessus. Certains s'envolèrent. Je ne pouvais concevoir l'idée d'en perdre. J'en avais indéniablement besoin. J'agissais comme si je venais de faire choir de petits trésors. Mes petits trésors. Un genou à terre, ma main caressa le bitume à la recherche des comprimés. Mes doigts glissèrent sur le sol, les ramenant dans la paume de ma main, quelques cailloux se mêlèrent aux comprimés. Rapidement, sans perdre davantage de temps je fit le trie, épousseta mes pilules et soigneusement je l'ai mit à l'abri dans leur sachet, légèrement percé.
J'en mis délicatement un sur ma langue, pencha la tête en arrière et déglutis. L'espace de quelques secondes, je me tins au mur. Un léger vertige vint me saluer. De peur que je ne l'oublie, mon fidèle ami l'étourdissement ne me laissait pas un jour de repos, toujours à mes côtés, dans les bons comme dans les mauvais moment. Un long et profond soupir s'échappa de mon corps. Je me sentais à présent bien. Je me sentais vivante, vivante comme jamais. Cela m'avais fait un bien fou, une sensation indescriptible m'envahit.
Comme si de rien n'était, je repris la direction de mon appartement. Sarah s'était endormie sur le canapé. Jusqu'au dernier moment, elle avait lutté, lutté contre le sommeil. La fatigue avait eu raison d'elle. Ses paupières s'étaient fermées. Elle n'avait put m'attendre plus longtemps. Je fus touchée par cette délicate attention. Malgré les années, Sarah arrivait toujours à me surprendre. Je déplia un plaide et doucement je la couvrit. Je resta immobile quelques secondes à la contempler. Mes pieds étaient comme subitement collés au sol, il m'était impossible de bouger. J'avais l'impression de faire face à un ange. Sarah dégageait une certaine pureté. Elle possédait une certaine lueur, une insouciance qui faisait d'elle une personne à part entière. La tête sur l'oreiller, sans plus attendre, je m’endormis à mon tour et me laissa porter par mes songes.

*

Quelques heures plus tard, je me réveillais. J’eus la désagréable impression de n'avoir dormir qu'une ou deux heures. Mes mains se dirigèrent instantanément vers mes yeux, de mes petits doigts encore endormie, je me frotta énergiquement les yeux. Dans un petit cri strident, je m'étira de tout mon long. J'avais du mal à émerger. A tâtons, je me dirigea vers la cuisine. Les yeux à peine ouvert, j’allumai la cafetière. La vrombissement qu'elle émettait, l'odeur qui s'en échappait fit apparaître un léger sourire sur mon visage. Les yeux à moitié clos, je me délectais de cet instant. Un instant dont j ne pouvais me passer. Ma première tasse de café déterminait le bon déroulement de ma journée. Je m'assit sur son canapé, tasse à la main. Instinctivement, j’allumai ma chaîne hi fi. La tête sur le dossier, je fredonnais les paroles de la chanson qui défilaient dans mes oreilles. Mes yeux se fermèrent, ma respiration était calme. Je prenais mon temps, doucement, tranquillement je me réveillais. J'avais trouvé l'équilibre parfait, maintenu par un fil de funambule. L'équilibre qui me permettais de partir pour ma journée de travail avec le sourire, fière, confiante de ce que je pouvais d'accomplir. Je restais sous la douche une bonne vingtaine de minutes. Je n'en avais que faire de ma facture d'eau. Cela ne m'importait que peu, c'était le cadet de mes soucis. Une futilité parmi tant d'autres. L'argent pour moi n'avais aucune valeur. L'eau chaude ruisselait le long de mon petit corps. La mousse n'était plus. L'eau avait éliminé tout résidu de savon il y a de cela bien longtemps. La tête contre le carrelage, les bras le long du corps, j'étais immobile, comme si je dormais debout. J'avais un grand besoin de me nettoyer. Je me sentais sale, sale de l'intérieur. A l'extérieur, j'étais propre, je sentais bon, l'odeur de thé vert c'était installé sur ma peau. A l'intérieur c'était tout l'inverse, ce n'était plus la même histoire. Je passa ma main gauche dans mes cheveux et d'un coup sec, j'en fit glisser l'eau qui s'y trouvait. Un haut le cœur vint me rendre visite par surprise. Par précaution, je dirigea ma main vers ma bouche. J'espérais faire pression pour que rien ne sorte. A vive allure, je sortie de la douche. Nu comme un ver, j'eus à peine le temps de m’agenouiller devant les toilettes. Sans plus attendre, Je me mis à rendre le peu que j'avais avalé depuis mon réveil. Mes yeux me piquaient, ma gorge me brûlait, mon nez coulait. De froid, je tremblais. Je restais accoudé à la cuvette des toilettes quelques secondes. Je ne comprenais pas ce qu'il venait de se passer. J'étais déboussolée. Je pris du papier toilette, me moucha et m'essuya la bouche. J’allumai le robinet d'eau froide et resta à contempler le filet d'eau. Au bout de quelques secondes, j’eus l'étrange impression qu'il se décomposait en deux. Sans réfléchir, j’insérai ma tête sous l'eau bien froide pour me rafraîchir les idées. A présent, sans en comprendre les raisons, je me sentis légère, purifiée. Comme si je venais d’expulser tout ce qui me tracassais. J'avais évacué les pensées qui me hantaient. L'esprit léger, je partie.

*

Dans l’ascenseur du parking qui menait à l'étage de l'entreprise dans laquelle je travaillais, je croisa mon propre regard dans le miroir. Mon reflet, jamais je n'avais put le supporter, il me donnait des sueurs froides. Énergiquement je secoua la tête. Je me cala contre une des parois de l’ascenseur, pencha la tête en arrière et pris une pilule. J'avais besoin d'aide, je ne pouvais faire l'impasse sur celle qu'elle me procurait. Arrivée à destination, la petite secousse produite par l'arrêt de l’ascenseur me fit avaler de travers. Je toussota à plusieurs reprises et respira profondément. Je remplis mes poumons d'autant d'air qu'ils pouvaient en contenir. La poitrine bombée, d'un pas assuré je sortie de l’ascenseur. La prestance et l'assurance s'émanait à présent de mon corps frêle. J'arborais les allées de l'étage la tête haute. Comme si ils n’existaient pas, devenu les fantômes de mon passé, je passa à côtés de mes collègues, sans leur adresser le moindre regard. Ils n'étaient jadis pas grand chose pour moi, mais à présent, ils n'étaient plus rien. Sur mon passage, Pierre comme il l'avait fait la veille, lui tendit sa tasse à café vide. Je ne put m'empêcher de rigoler, ce fut plus fort que moi. Je ne put le contrôler. Ce service, ils allaient devoir le demander à quelqu'un d'autre. Je n'étais plus la bonne à tout faire de "Get Light". L'époque où ils me crachaient dessus était révolu. Les yeux de Pierre, comme ceux de ses collègues traduisaient sa surprise. Ébahi, il ne pouvait cacher son étonnement. Les lèvres pincées, il me sourit amicalement. L'ironie que cette attitude dégageait se voyait comme le nez au milieu de la figure. J’attisais à présent plus de jalousie que je ne l'aurais cru. J'étais en une journée passée de la fille insouciante, que personne ne connaissait, pas même de nom, qui faisait partie des murs, à une fille que le personnel jalousait. Ma vie avait basculé en une journée. J'étais contre mon gré devenue la fille à abattre. Celle qui leur barrait le chemin, qui les empêchait d'atteindre leur but et le véritable poste qu'ils pensaient mériter, à juste titre. Les yeux de Paul se froncèrent. Sa ride du lion fit clairement son apparition. Il sentit la rage monter en lui. Sa collaboratrice lui mit délicatement la main sur l'épaule.
- J'ai mis quatre ans à avoir ce poste !
Il ne parvenait plus à dissimuler sa colère. Sa voix le trahissait. Il ne pouvait rester muet une seconde de plus. Son orgueil venait d'être touché.
- Je sais.
- Elle ne mérite pas un tel honneur.
Sa collaboratrice ne savait que dire pour l'apaiser. Elle ne trouvait pas les mots.
Assis sur son siège, Paul tourna et fit un tour sur lui même. La main sur le menton, il serra les dents et se mordit la lèvre inférieur. Subitement, il se leva.
- Promotion canapé c'est finit !
Tel une furie, Paul franchit la porte de son bureau. Prise au dépourvue, sa collaboratrice ne put le retenir. Elle n'avait ni les mots, ni les geste pour le calmer. Paul était devenu une boule de nerf. Dans son bureau, à travers la vitre, Pierre contempla le spectacle. Il s'en délectait d'avance. Paul allait agir pour lui. Il n'avait ni à se lever, ni à se salir les mains. Du travail, il en aurait toujours demain. D'un pas décidé, Paul se dirigea vers le bureau du big boss. Sans prendre la peine de frapper, il pénétra dans le bureau. Son patron n'était pas seul. Un homme se trouvait assis en face de lui. Paul fit un pas en arrière. Faire demi tour et recommencer son entrée il l'espérait secrètement. Le regard de son patron lui fit froid dans le dos. Il était glacial. Paul avait commis sa première erreur.
- Pouvez-vous nous laisser cinq minutes ?
L'homme avec qui il semblait avoir un entretien lui fit un signe positif de la tête et exécuta sans plus attendre. Arrivé à hauteur de Paul, un clin d’œil apparut sur son visage. De long en large, il arpenta le couloir. Le patron, d'une signe de la main invita Paul à s'asseoir en face de lui. De peur de le contrarier davantage, Paul obéit. Il le regarda avec insistance et attendit qu'il lui annonce les raisons de ce dérangement.
- Désolé de vous déranger de la sorte, ce n'était pas mon intention.
- Venez-en au fait. Vite !
Le patron ne supportait pas qu'on le brosse dans le sens du poil. Qu'on le respecte était une chose, qu'on fasse tout un éloge en s'adressant à lui en était une autre. Il ne supportait pas toute cette hypocrisie qui émanait de ses employés. Ils transpiraient le mensonge. Son bureau, en verre, reflétait son agacement.
- C'est à propos de Lana...
- Je vous arrête de suite.
Paul ne voyait pas cette interruption d'un bon œil. Le patron ne voyait aucune utilité à le laisser poursuivre. Il savait pertinemment où il voulait en venir.
- De quel côté du bureau êtes-vous ?
- Monsieur, je voulais juste....
- Répondez !
Le ton commençait à monter.
- Du côté des bons à rien.
Paul était honteux de sa réponse. Il n'était pas fière des mots qui sortirent de sa bouche. Ce ne fut que contraint et forcé qu'il lui offrit cette réponse.
Un sourire dominateur pu se lire sur le visage de Monsieur Lido. il s'exaltait de cette situation. Il en jouissait. Rabaisser ses employés l'amusait fortement. Selon les jours, c'était devenu sa distraction première.
- Êtes-vous donc apte à juger mes décisions ?
- Non Monsieur.
Paul se laissait marcher dessus jusqu'à présent. Il ne pouvait le supporter une seconde de plus. Le petit animal docile qu'il était devenu ne pouvait le rester davantage. A l’intérieur de lui cela bouillait. Tel un volcan en fusion, il ne put contrôler le magma une minute de plus.
Sauf tout le respect que je vous dois Monsieur, vous faites une énorme erreur. Elle n'est pas qualifié pour ce poste.
- Poste que vous détenez également. Peut-être à tord.
- Je ne vous permet pas. J'ai travaillé dur pour le mériter. J'ai fait mes preuves.
- Je sais...
Monsieur Lido s'interrompit de lui même. Il pinça les lèvres et toussota.
- Je suis navré que vous preniez les choses comme ceci.
Vous étiez un très bon élément. Un atout pour cette entreprise.
Paul ne savait que dire. L'impartialité de son patron était sans détours. La tranquillité, la sérénité avec laquelle il lui disait les choses, qu'elle qu'elle soient pouvait en déboussoler plus d'un. De manière implicite, il venait de lui faire comprendre qu'il était remercié. Paul aurait voulu crier, hurler que tout ceci n'était qu'un malentendu, que ce n'était pas ce qu'il cherchait. Dans sa tête, il se vit supplier son patron de lui laisser son poste, mais il ne fit rien de tout cela. Comme un mal propre, il venait de se faire renvoyer, partir la tête haute était tout ce qui lui restait à faire. Sa dignité, elle restait intact. Le patron se leva et lui tendit la main. Le petit sourire de satisfaction de Monsieur Lido lui donnait subitement la nausée. Après tant d'années de bons et loyaux service, Paul ne méritait pas cela. Un minimum de respect s'imposait. Son patron privilégiait la chair fraîche, la nouveauté, la jeunesse au détriment de l'ancienneté et de l'expérience. Paul se leva à son tour et lui empoigna la main. Fortement, il la serra.
- Vous ne me virez pas, je démissionne. L'informa-t-il en franchissant la porte de son bureau.
Le patron ne put contenir son sourire. Il avait gagné. Paul avait cédé. Monsieur Lido ne pourrait être attaqué pour licenciement abusive. Ses mains restaient propres, sa conscience intact.
Sans un mot d’au revoir ou de remerciements à ses collègues, Paul débarrassa son bureau. La décision était sans appel. Le cœur lourd, il rassembla toutes ses affaires accumulées ses quatre dernières années. Peu à peu, son carton se remplissait de souvenir en tout genre. Un rictus apparut sur son visage lorsqu'il mit la main sur la plaquette de sa dernière publicité. Il en était fière. Il s'était battu jour et nuit pour que sa campagne voit le jour. Il avait avec brio sut la défendre et devancer les projets concurrents. Il avait fait la différence. Une de ses plus belles réussites professionnelle. Tenue d'une main de fer par sa fierté, Paul ne laissa rien paraître. Il resta de marbre face à son départ forcé. Son visage demeurait sans expression, vide, comme si cela ne l’atteignait pas. Il donnait tout à coup l'impression que cela glissait sur lui tel de l'eau sur la roche. Paul fit un tour sur lui même, contempla les moindres recoins de son bureau et s'assit une dernière fois sur son fauteuil. Une page malgré lui se tournait. Il en était dans le fond nostalgique.Il aurait de loin préféré avoir le choix.
- Prends soin de toi, d'accord. Annonça Paul en bisant le front de sa collaboratrice.
Elle était émue. Paul était un collègue de travail qu'elle appréciait fortement. Travailler main dans la main avec lui fut pour elle un plaisir. Il était certes caractériel, mais c'était un travailleur émérite. Il avait acquis des connaissances et des compétences que bon nombre pouvait lui envier. De la perte de Paul, ils allaient s'en mordre les doigts. C'était une évidence. Paul, une ultime fois franchit le seuil de la porte d'entrée de l'entreprise. Malgré les rivalités constantes qui c'étaient installées entre eux aux fils des années, Pierre était attristé. Il venait de perdre son rival, son ennemi. Travailler dans l'entreprise « Get Light » sans lui allait lui paraître bien morose.
Paul enfourna son carton dans le coffre de sa voiture lorsqu'une voix l'interpella.
- Paul, attends...Entendit-il au loin.
J'accourus vers lui.
- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.
Je suis désolée.
- Pas autant que moi. Répondit-il en claquant le coffre de sa voiture.
Sans un regard, il partit. Je ne voulais pas que les choses se passe ainsi, mais je ne pouvais rien y faire. Ce n'était pas ma décision. Une opportunité s'offrait à moi, je ne pouvait que la saisir. A ma place, sans la moindre hésitation il en aurait fait de même. Ce n'était que la dure loi du travail.

*

Je toquais à la porte du bureau de mon patron, pris une profonde inspiration et attendis que de sa voix rauque il m'autorise à entrer.
- Ha Lana, vous tombez bien !
Intriguée, je dévisageais l'homme assis en face de mon patron. Pendant quelques secondes, je crus n'avoir jamais vu cet homme auparavant. En un éclair, tout me revint en mémoire. Je pensais ne jamais avoir à revoir l'homme mystère de mon accrochage en voiture de la veille. Je m'étais trompée. Il se trouvait bel et bien devant moi, dans le bureau de Monsieur Lido parlant affaire. Son regard n'avait pas changé d'un poil. Il était en tout point similaire avec celui qu'il avait eu la veille. La même intensité en ressortait. L'antipathie qu'il dégageait aurait pu décoiffer un mouton.
- Asseyez-vous ! Lui ordonna son patron.
Sans piper mot, j'obéis.
- Monsieur Karl sera à présent votre collaborateur.
De sa main, il me désigna l'homme. Je tomba des nus. Je m'attendais à tout sauf à une annonce comme celle-ci. Je ne m'y étais pas préparé.
- Mais Monsieur...
Ma tentative de protestation fut un échec. Tout ce que je pouvais dire semblait inutile.
- Ce n'est pas un sujet discutable !
J'aurais voulu effacer le sourire qui avait fait son apparition sur le visage de l'homme. J'étais déconcertée. Démunie face à cette annonce. L'homme prenait cette décision avec le sourire. Il avait l'air enjoué. A l'inverse j'avais envie d'en vomir mon petit déjeuné. Ma promotion devait être une bonne nouvelle, se devait être le commencement d'une nouvelle vie pour moi. Effacer le passé et recommencer à zéro, m'ouvrir au futur qui s'ouvrait devant moi. En même pas vingt-quatre heures, mon patron avait rendu cette bonne nouvelle en véritable cauchemar. Je ne pouvais plus revenir en arrière, c'était irréversible, j'avais apposé ma signature en bas du contrat.
Monsieur Lido fit les présentations en bonne et du forme, apprenant à chacun qu'elle allait être son rôle. Pour débuter et celer notre collaboration, nous nous empoignèrent la main. Une poignée de main qui me parut durer une éternité. Le contact de sa peau me procura des frissons dans tout le corps. Ses mains étaient chaudes et moites à la fois. L'homme, petit à petit serra plus amplement ma main. Il voulait montrer qu'il dominait, qu'il me dominait. Je restais impassible, comme si la force de ses doigts n'avait aucun impact sur moi. Nos deux paires d'yeux se fixèrent. Mon patron assistait à un véritable duel visuel. Aucun de nous deux ne baissa le regard. Je me refusais de lui laisser se plaisir. Il en était pour moi hors de question. J'attendis, patiemment, les yeux plongés dans les siens. J'attendais une faille de sa part. Las de ce petit jeu, l'homme détourna le regard. Travailler main dans la main avec lui me posais un véritable problème. S'en était presque un euphémisme. Je n'allais pas me laisser faire.
Sur la demande de Monsieur Lido, nous quittâmes son bureau. Je continuais mon chemin, lorsque la voix de mon nouveau collaborateur m'interpella. L'homme faisait tourner un objet carré dans sa main. Difficilement, je cru reconnaître un dé. L'homme cessa de le faire tourner, à la minute ou il se rendit compte que mes yeux c'était posé dessus. La face 3 me fit face.
- Et si on repartait à zéro ?
Aucune réaction de ma part ne se fit ressentir. Je restais de marbre face à cette demande.
- Simon. Déclara-t-il en me tendant la main.
J'hésitais. Mes yeux se figèrent sur lui, j'affrontais son regard. Il m'étais hors de question de lui montrer la moindre faiblesse. Je ne l'autorisais pas à gagner du terrain. Les limites, je devais les imposer dés le début. Simon bougea un minimum la main pour me rappeler qu'il attendait. Il n'acceptait pas l'idée d'un échec. Du coin de l’œil je le fixais, par provocation, un rictus se dessina sur mon visage. Ni plus ni moins, je fis un tour sur moi même et je partie. Simon pinça les lèvres, serra le poing et ramena son bras le long de son corps. De nouveau, il fit tourner son dé entre ses doigts. L'échec qu'il venait de subir avait un léger goût amer. L'humiliation qu'il venait d'accuser eu l'effet d'un véritable coup de poing.

*

Lorsque je passais la petite ruelle sombre en bas de mon immeuble, je reçus un appel téléphonique.
Allô.
- Se soir, vingt-deux heures. Déclara d'une voix rauque mon interlocuteur.
Sans me laisser le temps de répondre, il raccrocha. Je n'avais pas besoin de plus d'informations. Je savais parfaitement ce qu'il en était.
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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 16:30

3)


Je me rendis sur les lieux de mon rendez-vous, le parking souterrain de Boissy à l'heure indiqué. Étrangement, à cette heure tardive, l'étage deux du parking semblait désert, aucune voiture était garée. Personne ne m'attendais. Instinctivement, mes yeux se portèrent sur ma montre. Elle indiquait 21:58. J'étais en avance, légèrement en avance. Je fis les cents pas, arpentant les places de parking de long en large. La patience n'était pas mon mot d'ordre, ce n'était pas ma qualité première. Mes yeux se posèrent de nouveau sur ma montre, il ne s'était écoulé qu'une toute petite minute, une minuscule petite minute. Seulement 60 secondes qui m'avais paru une éternité. En soixante secondes, j'avais parcouru trois allées du parking, les pieds me menèrent de la lettre I au repère K. Impossible pour moi de rester en place. Les bras croisés contre ma poitrine, je me laissait guider. Ma sérénité n'était pas au rendez-vous, ma confiance se dissipait. Emprunt aux doutes, je n'étais plus tout à fait sûr de ce que je m’apprêtais à faire. L'exactitude de ma foie était elle pourtant bien ancrée dans mon cœur. Au loin, je vis une voiture arriver. Pile à l'heure. Ses pneus grincèrent. Arrivée à ma hauteur, le véhicule s'arrêta. Un homme cagoulé en sortit, suivit d'un second. Prise par surprise, je n'eus le temps de réagir, il m'attrapa de force. J'essayais de crier, mais la main de l'homme sur ma bouche m'en empêcha. Je rassembla toute mon énergie et tentais de le mordre. Mes dents s'enfoncèrent peu à peu dans sa chair. Un goût légèrement âpre s'installa sur ma langue. Instantanément, il retira sa main.
- La salope, elle m'a mordu.
Je venais de réveiller sa colère. D'un revers de la main, il me colla une gifle.
- Surveille ton langage s'il te plaît. Annonça ironiquement l'homme qui était resté au volant du véhicule.
Un second me posa violemment un mouchoir imbibé d'éther sur le nez. Je ne pouvais plus me débattre. Mes jambes cessèrent de gesticuler, ma mâchoire se détendit, mes forces me quittèrent, je m'endormis. Sans aucun scrupules, ils me jetèrent sur la banquette arrière de la voiture. Aussi vite qu'ils étaient arrivés, ils repartirent. Je n'avais pas eu le temps de véritablement réagir, je n'avais rien vu venir. Tout c'était passé très vite, deux minutes à peine c'était écoulé entre leurs arrivés et leur départ. L'homme à l'arrière de la voiture me contemplait. Il se mit à sourire tout en glissant sa main sous mon tee-shirt. Généreusement, il malaxa ma poitrine. La dentelle de mon soutien gorge l'excitait. Le rouge de mes sous vêtements anima son désir. Tel un taureau dans l'arène, il ne se contrôlait plus. Pour lui je reflétais la luxure.
- Je sens que l'on va bien s'amuser.
L'homme sur le siège passager se retourna. Ses sourcils se froncèrent. Abuser d'une jeune femme endormie n'étaient pas leur genre, ils avaient plus de classe que cela. Sous le regard menaçant de son compère, il retira sa main.
- Si on ne peut plus rigoler.
Il croisa les bras pour le reste du trajet.

*

Trois hommes contre moi, je ne pouvais lutter. Je n'avais pas assez de force. Je concentra toute ma force et mon énergie dans mes extrémités. Tel un ver de terre, je bougeais dans tout les sens. Je voulais échapper à leur emprise. D'avance, s'était voué à l'échec. Je ne faisais décidément pas le poids. Deux hommes me tenaient et le troisième contemplait la scène. Il était admiratif. Je ne voyais que leur yeux, mais cela était déjà trop pour moi. Je ne voulais pas en voir davantage. Le regard de l'homme en disait long sur ses intentions, il était d'une noirceur incomparable, qui aurait pu assombrir une luciole. Les trois hommes se fixèrent. En un regard, ils se comprirent. Les deux hommes me tinrent fermement, leurs doigts s'enfoncèrent dans ma peau jusqu'à entrer en contact avec mes os. Autant que je le pu, je serra les dents, jusqu'à donner naissanceà une douleur sourde. Le troisième me donna une gifle. Il jouissait de sa position de force. Il sentit la puissance monter en lui. Je n'étais rien pour lui. Je ne valais pas plus qu'une petite fiente de pigeon. Il comptait bien me le faire comprendre et entendre. J'étais certes une femme, mais je n'avais pas dans l'idée de me laisser traîner dans la boue comme cela sans réagir. Mes dents se serrèrent davantage, j'enfouis la pression qu'ils exerçaient sur mes bras, j’oubliai les picotements qui venaient de s'installer dans ma joue, et telle un lama, je cracha au visage de l'homme qui me faisait face. Je n'avais plus rien à perdre. Un acte d'une absurdité total. Nos yeux se croisèrent. Je refusais de baisser le regard devant un pareil homme. Mon cœur s'étiolait et pleurait. J'étais enlisée dans les pourquoi et les comment. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu'ils attendaient de moi. Je ne comprenais pas pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre. Je ne pu m'empêcher de me demander ce que j'avais bien pu faire de mal pour qu'ils s'attaquent à moi de la sorte. L'avais-je mérité ? Etait-ce une punition à laquelle je ne pouvais échapper? L'homme s'essuya le visage d'un revers de la main. Il se mit à rire. Ses compagnons le suivirent. Je me retrouvais au milieu de ses trois hommes qui riaient aux éclats. La situation les amusait. Pathétique. Je les trouvais pathétique. Je dû me contenir pour ne pas me mettre à rire à mon tour. Ils étaient désespérants, tellement sûr d'eux, sûr que rien ne pouvait venir déstabiliser leur plan. Par orgueil, l'homme cessa instinctivement de rire et tout à coup son visage se ferma de nouveau. Il me mit une seconde gifle. Il ne contrôla pas sa force. Par la violence du coup porté à mon visage, je titubais malgré le poids qu’exerçait les deux hommes sur moi. La trace laissé par ses doigts resta visible quelques minutes. Ma joue se rougit. L'homme était fière de lui, fière de son geste. Il fit un signe de tête à ses compères et tout deux sortirent du garage. A peine franchi la grande porte, que l'un deux retira sa cagoule. Il se gratta généreusement les joues et le cuir chevelu. Il ne pouvait plus supporter le contact de la matière avec sa peau. Il se sentit de nouveau libre. Son visage respirait à nouveau. Les démangeaisons s'estompèrent. Le second ne le suivit pas dans sa démarche de sensation de liberté. Il était d'une certaine façon apeuré, tenu par l'idée que je puisse d'une quelconque manière le reconnaître. Il ne voulait pas prendre le risque de laisser le moindre indice. Sur le moment, il assumait son acte, mais il n'était pas prêt à en assumer les conséquences. En payer le prix était quelques chose d'inconcevable pour lui. Un lâche, c'est tout ce qu'il était. Tout deux s'assirent sur une pierre devant le garage.
- Il a bien mérité sa récompense.
- Le terrain sera tout chaud pour nous.
Comme deux vieux copain en vacances, ils prirent des bières dans le coffre de leur voiture et s'allumèrent une cigarette. Ils se passèrent le temps en attendant leur tour.

*

A l'intérieur du garage, je tentais de m'en sortir sans trop de bleu à l'âme. Revenu à égalité, j'osais espérer qu'à un contre un j'aurais plus de chance de m'en sortir indemne. Sans réfléchir, je courus à l'autre bout de la pièce. Ce n'était plus moi qui contrôlais mon corps, mais mes pieds qui me guidaient. Je souhaitais gagner du temps, juste quelques minutes le temps de trouver un moyen d'en réchapper. L'homme perdait patience. Le jeu du chat et de la souris l'excitait au début, mais à présent cela l'énervait. Il voulait passer à la vitesse supérieur, passer aux choses sérieuses. Il n'avait pas toute la nuit devant lui. Il m'attrapa et me jeta au sol. Sauvagement, il se rua sur moi. D'un geste brusque, il déchira ma chemine. Les boutons de la chemise sautèrent et s'éparpillèrent autour de moi. De sa langue, il parcourut ma poitrine. Un point à l'estomac me tenais, j'avais envie de vomir. Lorsque je sentis le souffle chaud de sa respiration se rapprocher de mon visage, j'eus un haut le cœur plus important. J'eus la désagréable impression que cela faisait trois jours qu'il ne s'était pas brossé les dents. L'odeur qui se dégageait du trou béant qui lui servait de bouche me déconcerta. Comment pouvait-on avoir la prétention de violer des femmes avec une hygiène telle que la sienne ? Il venait de perdre toute crédibilité quant à ses prouesses sexuelles. Je n'osais imaginer l'entretien du reste de son corps. Je me débattais, encore et encore. Plus je protestais, plus je sentais l'organe génital de l'homme se raidir. Je pouvais le sentir à travers son jean. La résistance l'excitait. De sa main droite, il me caressa les cheveux. De l'autre, délicatement il ouvrit son pantalon. Je me retrouvais seule face à mon destin. A la minute ou il lui descendit mon pantalon en bas des genoux mon dernier espoir s'évanouit. Je réalisa véritablement ce que j'allais subir. Je ne pouvais plus m'en sortir, je n'en ressortirais pas indemne de toutes lésions. Doucement, l'homme fit glisser ses doigts sur ma jambe, comme il l'aurait fait lors d'un acte consentant construit autour de l'amour. Je fus chamboulée par cet acte de douceur, de délicatesse. Du bout de ses doigts, il caressa ma partie intime. Cet instant calme de préliminaire aurait pu provoquer des frissons dans mon petit corps. En d'autres circonstances, j'aurais pu éprouver du plaisir. L'homme essayait de me détendre, mais malgré ses élans de tendresse, il accusait les échecs. Je ne pouvais vraiment lutter, mais je pouvais un minimum ne pas lui faciliter la tache. Rapidement, il ouvrit à son tour son pantalon. Instinctivement, je me raidit, contractant tout les membres de mon corps. Telle une statue de cire, je me figea. De touts mes forces je me débattis. Je ne pouvais me résigner à vivre l'horreur sans réagir. Rester allongée sur le sol sans me débattre était inconcevable. Je me débattis autant que mes forces me le permirent. Je bougeais mes jambes dans tout les sens, mes poings atterrirent sur sa poitrine, ma tête tournait de droite à gauche, de haut en bas. Il m'attrapa les bras et me colla contre le sol. De ses pieds, il me bloqua les jambes. Maître de la situation, il se sentait poussé des ailes. J'avais le sentiment de n'être qu'une chienne. Violemment, il me pénétra. J'avais mal. Plus j'émettais une résistance, plus l'homme y allait violemment. Ce n'était pour lui qu'un jeu, j'attisais son désir. Je fronça les yeux et serra les dents. Je refusais de lui donner cette satisfaction. Je ne pouvais pas lui montrer que j'avais mal. Je ne me permettais pas de crier, j’empêchais tout son de sortir de ma bouche. L'homme se faisait du bien, il prenait du plaisir. Il jouissait de cet instant qu'il qualifiait de magique. Au dessus de moi, il me montrait son côté dominateur. De la sueur coulait le long de son front, le long de ses joues. Des petits bruits d'extases s'échappèrent de sa bouche. L'homme sortit de mon corps. Il avait chaud, il transpirait. Je sentis tout à coup l'espoir renaître en moi. J’essayai coûte que coûte de me traîner hors de sa porté. C'était maintenant ou jamais. Difficilement je me traînais vers les bottes de paille entreposées dans un coin du garage.
- Tu vas où comme ça ?
Il tira sur mes jambes pour me ramener à sa hauteur. Mes coudes rappèrent sur le sol. Un élancement aigu me tint. Il n'avait pas la moindre pitié. Il souleva mes jambes, mis mes pieds sur ses épaules et d'un mouvement sec du bassin, il me pénétra de nouveau. Il n'en avait pas eu assez. Ce n'était pour lui jusqu'à présent qu'un échauffement. Sur le choc de ses va et viens, mon corps bougeait. Mes os frottaient sur le sol, me procurant une douleur insupportables. Mes articulations me faisaient mal. Je souffrais comme jamais auparavant. L'homme me réduisait plus bas que je ne l'étais déjà. Il s'emmenait lui même au septième ciel sans se préoccuper de moi. Il donna un coup d'accélération et il éjacula dans mon corps. Lorsqu'il eut finit, il se retira une bonne foie pour toute. Sans un mot ni même un regard, l'homme partit, me laissant à la merci des deux autres hommes. Mes yeux me brûlèrent, les larmes me piquèrent le nez. Je ne pleurais pas. Je n'y arrivais pas. Les yeux dans le vague, je devint une coquille vide.

*

Je me retrouvais allongée sur le sol du garage, nu comme un ver. Ils m'avaient attaché les pieds et les mains aux poutres qui maintenait la surface debout, tel un vulgaire morceau de viande. Écartelé. Ils m'avaient tout simplement écartelé pour rendre la pénétration plus facile et ma combativité plus restreinte. Les membres liés, je ne pouvais lutter correctement. Je n'avais d'autres choix que de subir.
Le froid de novembre refroidissait grandement le béton qui recouvrait la surface du sol. A même le bitume, j'avais froid. Les nuages dans le ciel s'amoncelaient au même rythme que mes idées noirs, annonciateur d'une tempête de larmes que rien ne semblait pouvoir apaiser. Le peu d'énergie qui me restait suffit à me faire trembler. Je ne sentais plus mon corps. Ils m'avaient laissé là, sans même une couverture pour me réchauffer, pour me recouvrir. Ma fierté s'en était allé en même temps que mes vêtements. Je ne possédais plus rien. Je me retrouvais seule, dans un endroit qui m'était inconnu. Je restais impassible. La tête sur le côté, je fixais le plafond. Mes pupilles ne bougeaient pas, j'étais comme hypnotisé. Les bruits aux alentours ne captaient pas mon attention. Le son des pas qui se rapprochaient de moi ne m'alarma pas. L'opportunité qu'on m'entende m'était offerte, mais crier ne me vint pas à l'esprit. Cela ne m'effleura pas une seconde. J'étais comme déconnectée de la réalité, comme si je ne vivais plus. Inerte. Je ne bougeais pas un orteil. Je ne pouvais plus lutter. Mes yeux se fermèrent. Mes forces me quittèrent peu à peu. Je sombra dans le sommeil.
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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMer 24 Sep 2014 - 20:45

Un autre avis sur ce texte?

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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 14:25

1)
Citation :
dévala les escaliers
dévalai

Citation :
Je ne prêtais aucune attention
Prêtai

Citation :
Ce semblant d'amitié ne m’intéressais que très peu
M’intéressait

Citation :
comme si je faisais partit des murs
partie

Citation :
auquel je ne croyais pas le moins du Monde
pas de majuscule à « monde ».

Citation :
Les clefs à la main, je me dirigea précipitamment vers ma voiture
Dirigeai

Citation :
Un pied devant l'autre, je trottinais, je ne voulais perdre du temps
Contradiction pour moi : trottiner implique de courir à petite vitesse. Or j’ai justement l’impression qu’elle est très pressée.

Citation :
Je possédais une simple Citroën C3 que j'avais acquis il y a de cela quelques mois pour une bouchée de pain
Acquise, et quelque mois auparavant (pour des raisons de concordance).

Citation :
elle et moi étions en tout point différentes
j’aurais mis « point » au pluriel.

Citation :
Un duel où tout les coups étaient permis
Tous les coups

Citation :
Sans plus attendre, je m'effondrais.Mes larmes
M’effondrai, et il manque un espace avant le « mes ».

Citation :
elles s'éxtipèrent et coulèrent le long de mes joues
s’extirpèrent

Citation :
J'espérais en extraire mes pensées, les faire sortir à tout jamais
J’espérai

Citation :
J'attrapai un mouchoir dans mon sac et m'essuya les yeux peu à peu devenu rouge
M’essuyai, et rouges.

Citation :
comme si je n'avais pas dormis depuis des jours
dormi

Citation :
Doucement, je tournais la clef du contact, appuyais sur l'embrayage et reculais
Tournai, appuyai, reculai.

Citation :
Je ne prêtais pas attention à la voiture qui s'engageait derrière moi
Prêtai

Citation :
Une hombre se dressait sur ce tableau
Ombre.

Citation :
Les seuls mots qui sortirent de la bouche de l'homme n'était rien d'autres que des reproches
N’étaient

Citation :
Nous étions tout deux conscients que l'autre avait beaucoup mieux à faire ailleurs
Tous deux

Citation :
je retourna à ma voiture
je retournai

Citation :
A vive allure, je partie
Partis

Citation :
. Ironiquement, de toutes mes dents, je lui sourit
Souris

Citation :
La politesse et le respect étaient des valeurs auxquelles ils était attaché
Il était attaché

Citation :
En agissant de la sort,
Sorte

Citation :
Arrivée à un feu rouge, je me pencha sur le siège passager, plongea ma main tremblante dans mon sac à main et en sortit un sachet de comprimé
Penchai/plongeai/sortis

Citation :
J'en mis délicatement un sur ma langue, pencha la tête en arrière et l'avala
Penchai/l’avalai

Citation :
Je me sentit à présent apaisée, apaisée de l'intérieur
Sentait

Citation :
Puis, l'air de rien je reprit la route.
Repris

Bon, j’arrête ma lecture là pour l’instant. Comme tu peux le constater, il y a beaucoup de fautes principalement de conjugaison (et je pense que je n’ai pas tout relevé).

Au niveau du style, malgré les fautes, ce n’est pas si mal. Il y a une certaine recherche et ça se laisse lire sans trop de difficulté.

Au niveau de l’histoire, j’avoue que le contemporain, ce n’est pas forcément ma tasse de thé, mais j’ai quand même trouvé intrigant ton début, avec cette femme qui quitte précipitamment son travail, où l’on devine qu’il s’est passé quelque chose. Le texte laisse par contre un sentiment d’inachevé, notamment parce que tu dis trop les choses et tu ne les montres pas assez. Un exemple : lorsqu’elle s’accroche avec le gars, tu nous dis qu’il est arrogant et cassant, mais je pense que la scène aurait plus de poids si le lecteur pouvait constater à quel point il est grossier, s’il y avait un peu de dialogue qui nous permettait de savoir ce qu’il lui dit exactement.

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MessageSujet: Re: Rien n'arrive par hasard   Rien n'arrive par hasard Icon_minitimeMer 1 Oct 2014 - 20:58

Petit up pour les commentaires. En attendant, Amélie, n'hésite pas à parcourir les galeries et à aller commenter d'autres textes.

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