Atelier d'écriture Communauté d'écrivains en herbe |
| | La forêt de lampadaires [nouvelle] | |
| | Auteur | Message |
---|
Tassa Accro au forum ? Oui, pourquoi ?
Nombre de messages : 441 Age : 32 Localisation : Tout au bout de la terre, en face de la mer! Loisirs : Chevaucher l'imagination vers de nouveaux horizons Date d'inscription : 28/09/2016
| Sujet: La forêt de lampadaires [nouvelle] Mer 9 Déc 2020 - 8:32 | |
| EDIT: reprise de la nouvelle Salut la compagnie! J'ai raté le coche pour le concours de décembre (d'ailleurs, pour ceux qui ne l'ont pas fait, allez checkez les textes des participants et votez pour votre préféré!), mais le sujet m'a tout de même inspiré. Je vous présente donc le fruit de mes élucubrations, et je compte sur vous pour m'aider à polir le tout! Récapitulatif: Statut: en cours d'écriture Mots actuels:1974 Retour attendue: Tous types, aussi bien sur le fond que sur la forme Lien vers les commentaires: Cliquez iciLa forêt des lampadaires Extrait numéro 1- Spoiler:
Le soleil s'était couché tôt en cette saison et la nuit promettait d'être froide. Du haut de ses onze ans et demi, Eusebio n'en avait cure. Il avait une drôle d'allure, avec son short court, son épaisse tignasse d'un roux flamboyant et sa longue écharpe en laine qui lui arrivait aux genoux. Ses yeux, d'un vert vif, ressortaient dans son visage couvert de tâches de rousseur. Une de ses mains portait une moufle bleue alors que l'autre était nue et ses chaussures n'étaient pas assorties, mais Eusebio ne l'avait probablement pas remarqué. Il se souciait bien peu des apparences, le garçon avait ses préoccupations propres. Pour l'heure, il était occupé à admirer les merveilles qui l'entouraient.
L'enfant marchait dans une forêt bien singulière. De longues tiges noires surgissaient du sol, parodies étranges de troncs d'arbres. Des lampadaires. Il y en avait de toutes tailles et de toutes formes, certains avec des chandeliers, certains avec des lanternes à huile, d'autres encore avec des ampoules électriques. Tel modèle était torsadé, celui-ci disposait de trois boules sphériques de couleurs blanches, celui-là arborait une lanterne rouge suspendue. Chacun était unique. Pour l’œil non averti, les réverbères semblaient jaillir de toutes parts en un touffu amas sans queue ni tête. Eusebio ne s'y laissa pas prendre. Il la connaissait bien, cette forêt de lampadaires, il avait passé d'innombrables heures à l’arpenter de long en large. Il avait appris à en distinguer les membres. Il savait que les réverbères se tenaient le long d'allée se croisant et s'entrecroisant tellement qu'elles en devenaient invisibles, mais tout de même bien là pour qui savait regarder. Eusebio avait parfaitement conscience d'où il se trouvait, et quelle route emprunter pour aller là où il voulait aller.
Il faisait entièrement nuit à présent. Le ciel était ombrageux, cachant les étoiles, mais le jeune garçon n'en avait nul besoin. Les milles et une lumières au-dessus de sa tête illuminaient l'obscurité, lui donnant des airs féeriques de Noël. Eusebio voyait parfaitement le tapis de végétation à ses pieds. Son pas était leste et sûr dans les broussailles. Malgré sa respiration ressortant en épaisse buée, il n'avait pas froid, ses efforts lui tenant chaud. Sa destination n'était plus bien loin, près de la bordure est de la forêt. La raison de sa petite expédition nocturne. Le cimetière de voitures.
Un porche recouvert de lierres en indiquait l'entrée. Ses gonds avaient lâchés depuis longtemps, et Eusebio se faufila aisément entre les battants baillant. Il faisait plus sombre ici, les lampadaires s'arrêtaient à la bordure de la propriété. L'ombre du garçon était immense, déformée par les lumières dans son dos. Il avança, impatient de se mettre au travail.
Sa présence fut rapidement remarquée et on ne tarda pas à l’accueillir. Aussitôt, on entendit un vieux moteur rugir et des phares s'allumèrent, créant une deuxième ombre d'Eusebio. Celui-ci plissa les yeux, momentanément aveuglé mais malgré tout serein. Il savait de qui il s'agissait. Ou plutôt, de quoi il s'agissait. La vieille Buick s'arrêta à quelques dizaines de centimètres de lui, lâchant un petit klaxon de bienvenue.
Salut ! lui répondit l'enfant tout en flattant la capot de sa main. Content de te revoir !
C'était une décapotable des années 60. Sa carrosserie cabossée était couverte de rouille mais on devinait encore une peinture qui avait un jour était d'un rouge rutilant. Même si elle n'était plus toute jeune, la voiture gardait un certain charme avec ses lignes vintages.
L'auto émit un petit vrombissement de plaisir et ouvrit une de ses portes arrières en une invitation amicale.
Dernière édition par Tassa le Jeu 30 Juin 2022 - 4:26, édité 4 fois | |
| | | Tassa Accro au forum ? Oui, pourquoi ?
Nombre de messages : 441 Age : 32 Localisation : Tout au bout de la terre, en face de la mer! Loisirs : Chevaucher l'imagination vers de nouveaux horizons Date d'inscription : 28/09/2016
| Sujet: Re: La forêt de lampadaires [nouvelle] Mer 16 Déc 2020 - 0:17 | |
| Extrait numéro 2:- Spoiler:
- Merci, mais je préfère marcher, déclina l'enfant.
La portière se referma prestement. La vieille Buick se laissa caresser encore quelques instants avant de repartir en marche arrière. Eusebio la regarda se garer à côté d'une Fiat 500 inanimée, sa place de prédilection, puis lui adressa un dernier signe de main et reprit sa marche.
Le garçon pénétra dans une allée constituée de deux énormes rangées de voitures empilées les unes sur les autres. La plupart étaient en ruines, bosselées, avec des pneus éclatés depuis longtemps. Au fur et à mesure de son passage, certains phares curieux s'allumèrent, désirant connaître l'identité du visiteur. Eusebio s'inclina devant chacune qui daigna sortir de sa torpeur.
Les vieilles automobiles dont plus personne ne voulait venaient finir leurs vies ici, entourées de leurs semblables. Elles se seraient les unes contre les autres en un dernier réconfort puis s'immobilisaient avant de s'éteindre paisiblement. Certaines, celles qui n'étaient pas encore prêtes pour cette ultime aventure, étaient restées actives, elles continuaient à circuler dans le cimetière, veillant sur les carcasses des autres.
Sauf que la venue d'Eusebio avait tout chamboulé, quelques mois plus tôt. L'entrain du jeune garçon, sa patience avec ses objets immobiles, sa main cajoleuse et son rire prompt à venir les avaient petit à petit réveillées. Sa présence incitait les voitures encore actives à le rester et tirait de leurs sommeils celles sur le point de quitter ce monde. Certaines parmi elles, la vieille Buick particulièrement, s'étaient attachées à lui. Il était bon de se sentir à nouveau aimer et utile. Ce n'était toutefois pas les autos qu'Eusebio était venu voir aujourd'hui. Quelques semaines auparavant, il avait fait une découverte qui avait ravivé un vieux rêve. Une découverte qui le tenait éveillé la nuit et qui l'attirait presque tous les jours dans le cimetière.
Il répondit chaleureusement au warning d'une Autobianchi A112 qui roulait encore puis, arrivé au bout de l'allée, tourna à droite pour s'enfoncer plus avant dans la propriété. Enfin, il touchait au but. L'objet de sa présence juste là, dans un coin près du muret délimitant le cimetière. Un avion. Il s'agissait d'un modèle Husky. C'était un appareil léger avec ses deux places et son envergure d'une dizaine de mètres. Comment s'était-il retrouvé là ? L'enfant l'ignorait. Mais ce mystère ne faisait qu'exciter son imagination davantage.
Eusebio regarda l'avion avec satisfaction. Les phares derrière lui révélait des jours et des jours de dur labeur. La première fois qu'il l'avait vu, le Husky était dans un triste état. Il y avait des trous dans la carlingue, le châssis était abîmé au niveau des roues, l'hélice était tordue et le moteur défectueux. L'occasion était cependant trop belle pour la laisser passer. La possibilité de voler, d'avoir son propre avion! De partir où bon lui semblait quand il en avait envie ! Il avait donc travailler d'arrache-pied pour le remettre en état. L'appareil avait fier allure à présent, avec sa peinture jaune et carmin. Il serait bientôt prêt.
L'enfant ne perdit pas de temps, il récupéra la caisse à outil qu'il avait laissé la veille et se mit au travail. Il ne lui restait plus qu'à s'occuper du moteur qui était encore un peu capricieux. Eusebio avait passé de nombreuses heures à regarder des schémas de moteur quatre cylindres à plat dans la bibliothèque du coin, et il croyait savoir ce qui clochait. Comme à son habitude, il se mit à bavarder gaiement avec l'avion alors qu'il s'activait. Et comme à son habitude, le Husky demeura silencieux. Pas une fois, l'appareil n'avait donné signe de vie. Mais Eusebio ne perdait pas espoir. Un jour, l'avion s'animerait comme les voitures du cimetière. Et ce jour là, l'enfant lui demanderait de réaliser son précieux rêve.
Eusebio était dans la dernière ligne droite des travaux de réparation, il sentait qu'il touchait au but. Tout excité à cette idée, il ne vit pas le temps passer. Un léger klaxonnent le tira de sa bulle. C'était la vieille Buick qui était venu le retrouver.
- Tu as raison, répondit-il dans un sourire, il est tard, il faut que je rentre.
Dernière édition par Tassa le Jeu 30 Juin 2022 - 4:16, édité 1 fois | |
| | | Sapeur Lipopette Hey, soyez cool, je viens de m'inscrire !
Nombre de messages : 29 Age : 74 Localisation : 33 Loisirs : lecture/écriture Date d'inscription : 18/02/2021
| Sujet: Re: La forêt de lampadaires [nouvelle] Mer 24 Fév 2021 - 15:49 | |
| Bonjour Tassa Je découvre tes deux extraits et les trouve très agréables à lire. Quoi te dire pour t'aider à polir le tout. Dis-moi quels types de remarques tu attends La suite est-elle prête? A bientôt | |
| | | Tassa Accro au forum ? Oui, pourquoi ?
Nombre de messages : 441 Age : 32 Localisation : Tout au bout de la terre, en face de la mer! Loisirs : Chevaucher l'imagination vers de nouveaux horizons Date d'inscription : 28/09/2016
| Sujet: Re: La forêt de lampadaires [nouvelle] Jeu 30 Juin 2022 - 4:18 | |
| Wouaw, ça fait un moment que je n'ai rien posté ici. Ou ailleurs. A vrai dire, j'ai mis pas mal l'écriture de côté ces derniers temps. Seulement voilà, cette nuit l'envie m'a repris, et j'ai donc décidé de continuer ce texte qui s'était injustement vu privé de fin! (Pardon d'avance si je suis un peu rouillé) Les deux extraits précédents ont été mis à jour et sont toujours disponibles ci-dessus. Extrait numéro 3:- Spoiler:
À quelques kilomètres de là, une autre ombre bougeait dans la nuit. Il faisait froid et ce n'était pas une heure pour se promener dehors, mais Guilia était inquiète. Son petit frère n'était pas à la maison. Encore une fois, il était parti vadrouiller en pleine forêt. Elle pesta contre lui alors qu'une brise glacée lui léchait le visage, et resserra son écharpe.
Comme son frère, elle avait de longs cheveux roux, mais contrairement à lui, elle en prenait grand soin. Son jolie visage parsemé de tâches de rousseurs était pour l'heure à moitié caché derrière sa capuche. Son manteau, décoré de fausse fourrure blanche, était assorti à ses uggs. Guilia était une gentille fille, très sérieuse. Sa mère disait à qui voulait l'entendre qu'elle avait la tête sur les épaules et qu'elle irait loin. Âgée d'à peine dix-sept ans, elle s'était dégoté un travail de caissière les soirs de semaine « pour mettre de côté pour ses études ».
- Eusebio ! Eusebio, où es-tu ? cria-t-elle.
Il était forcément là, quelque part. C'était toujours ici qu'il venait, dieu seul savait faire quoi. Guillia longea la lisière de la forêt, le halo de sa lampe torche peinant à traverser l'épais tissu de végétation. Autour, il faisait noir comme dans un four, les étoiles totalement voilées par un ciel chargé de gris. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Il était tellement inconscient, tellement déconnecté de la réalité...
Guilia chassa ses idées noires mais pressa tout de même le pas, continuant de s'époumoner à appeler son frère. Fallait-il pénétrer plus avant dans la forêt ? Mais comment était-elle censée le trouver là-dedans ? Ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Devait-elle faire demi-tour et aller chercher de l'aide ? Elle débattait encore entre ses options lorsqu'il sortit soudainement d'un buisson à peine à quelques mètres devant elle. Guilia sursauta, mais se reprit vite.
- Bon sang Eusebio, mais où étais-tu passé ? explosa-t-elle.
L’intéressé ne bougea pas d'un cil, les traits impassibles, les yeux fixés sur la chaussure gauche de sa sœur. Puis un sourire vint barrer son visage.
- Tu as mis tes bottines ! Elles ont l'air tellement confortables. Je les aime bien, elles sont si jolies !
Guilia ne se laissa pas démonter par l'étrange réponse, elle avait l'habitude.
- Tu as une idée de l'heure qu'il est ? J'étais morte d’inquiétude.
Son petit frère resta muet, remontant son regard vers le ciel. On devinait un morceau de la Lune derrière un nuage. Il se gratta la tête, semblant réfléchir à quelque chose, puis reporta son attention sur la ugg droite de Guilia. Après un moment, il répondit.
- Je travaillais sur mon projet. - Encore cette histoire ! Eusebio, tu ne peux pas te promener dehors à l'heure qu'il te chante ! Papa et maman te cherchent partout.
Un léger air de gêne passa sur le visage du jeune garçon.
- Ils sont au courant, murmura-t-il, plus pour lui même qu'en réponse à sa sœur. - Évidement qu'ils sont au courant ! Qu'est ce que tu crois ? Tu passes ton temps à disparaître, à vagabonder dans la nature ! Ils se font un sang d'encre à chaque fois. Tu pensais vraiment pouvoir t'éclipser à nouveau sans qu'ils le remarquent ?
Les yeux d'Eusebio devinrent tristes, exprimant un mal-être sur lequel il ne pouvait mettre de mots.
- Ils ne comprennent pas...
Sa phrase resta en suspens faute de savoir comment la continuer.
- Ce que tu peux être buté. Allez viens, on rentre. On se les gèle ici.
Guilia saisit la main de son frère, l'entraînant à sa suite. L'enfant se laissa faire. Leur maison se trouvait à un kilomètre de là, en bordure d'une petite bourgade à flanc de montagne. Poussé par le froid, le pas vif de Guilia les emmena rapidement à destination.
Un petit portail blanc donnant sur une courte allée de cyprès marquait le début de la propriété. Toutes la lumières de la maison étaient allumés, laissant deviner une vieille demeure en pierre. Eusebio suivit sa sœur à l'intérieur d'un pas traînant, sachant très bien ce qui l'y attendait. Il ne fut pas déçu.
| |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La forêt de lampadaires [nouvelle] | |
| |
| | | | La forêt de lampadaires [nouvelle] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|