VILLE
Si tu prenais tout Paris, tout Londres et Versailles
Tu verrais la ville que j’aime malgré sa grisaille
Tu nous verrais marcher en des rues désertées
Tu m’entendrais hurler rire et pleurer !
Tu découvrirais des jardins avec des fleurs en pierre
Tu nous verrais ! moi à ses genoux au crépuscule
La musique pourtant belle, malgré les violons en prières
La pose superbe, moi sur son cou piqué par la tarentule.
Par moment tu nous retrouverais dans de grands monuments
Jusqu’à ce que sa main lâchant la mienne soudainement
Assise à la porte, elle m’attendrait mélancolique et triste
Jouant avec un rat, qui entre ses doigts, renifle la piste.
Titubant comme un homme abusé d’arômes artificiels
Et non point par l’aveuglement que procure le soleil
A tâtons tu le verrais, crachant se traînant, fuir l’écueil
Du cœur fantôme de la ville cercueil.
LE SUCRE SOCIAL
Il y a des moments où la gueule fermée
Les crocs ne nous sont que des pensées d’archéologue
Et en caniche plus leste que le bouledogue
On lèche la main gantée, écrasant l’échine ployée.
On abandonne à la pâture des pieds moqueurs et bottés
Les souffre-douleurs, frères dans le malheur des rejetés
On aplatit nos oreilles au lieu de mordre à sang
Préférant faire le beau avec nos pattes de devant.
Car l’on attend le sucre de l’avancement social
Qui éduque les aristocrates de l’or et de l’esprit
A ne plus avoir ce sourire si peu amical
Ne nous vouant qu’à l’existence du fouet des moqueries.
Le bâton, la peur des coups ne sont pas responsables
Mais la fatigue du genou de ne voir que la table…
Mais geôliers, voyez se redresser ce buste de paysan
Lacérant votre visage ! riant de votre étonnement !
EUTHANASIE
Eblouis ! par leur auréole de chrétienne pureté
Par leur serment où leur amour, ils s’acharnent à maintenir éveillé
Le cadavre hurlant son envie de partir
A des chiens savants que désireux de s’instruire.
Dernier combat du plus mort que vivant
Injuste combat du porteur du palpitant
Bourdonnant de passions mathématiques
S’exprimant que par des signaux électriques.
Qu’importe donc les choix de dignité pour sa vie
D’avoir été dompteur de feu ou simplement drôle
Tous les bouffés par la vie finiront dans le même rôle
Du patient pathétique pourrissant sur un lit !
L’HOMME
L’homme est ce tartuffe, pleurant des larmes de traître
Maroufle qui se lave, dans le bénitier rouge des prêtres !
L’homme est cette erreur
Transformant le plomb en or
L’œuvre de la mort
L’ébauche de la peur !
Qui fait claquer haut la bannière de la liberté
Mais se soûle de poings fermés, de frontières et de barbelés !
L’homme c’est donner des droits à ses semblables
Mais c’est violer les femmes et les tenir responsables !
L’homme c’est la poussière
Infectée et infectant la terre !
Mais l’homme amoureux ...
C’est aussi plus haut qu’un ciel bleu.
POURRISSEMENT
Et l’on regarde l’horreur de ce cœur aux puanteurs de miasmes
Habile camouflage de l’hypocrite beauté de la fleur carnivore
Que les hommes comme des mouches s’attachent ils ont tort !
Non ! restez dehors ! il n’y a ici que mort et nul cataplasme.
Vous tournez pour vous poser sur une bouche violacée
Sur des lèvres enflées, un visage creux, des joues moribondes
Pour inhaler les mots d’une bouche fermée comme une tombe
N’attendez rien du cadavre du poète, laissez-le fermenter !
Abusés par les vers de l’amour pour vous ayez pitié, c’est trop tôt
Ne voyez-vous pas l’auréole de sang s’agrandir dans le tombeau ?
Il tremble ! ses yeux révulsés de blancs vont darder
La bouille infâme d’une réalité non digérer :
« Mes mots ont cette couleur de rose naissant du fumier
Faisant croire en l’eau pure de choses empoisonnées
Car la lumière des idéaux pour l’homme d’obscurité
Est semblable au chien d’aveugle qui ne sait que tirer.
Mais assez de vos bourdonnements d’insectes !
Je me décompose…
Non ! …rêvez ! et fuyez le poète…
Qui de l’alcôve se repose… »
--------------------------------------------------------------------------------------
Qu'en pensez-vous