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MessageSujet: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitimeJeu 29 Jan 2009 - 13:57

Je met ce texte dans la catégorie "contemporaine", un peu part défaut car en réalité ce que je décris se veut un peu hors du temps.



L'air est chaud et sec. Porteur de sable et de poussière, il est pénible à respirer et pourtant l'homme semble ne pas s'en inquiéter. Au contraire, à la façon dont il inspire profondément, on devine qu'en cet instant, il ne désire rien de plus que de s'en emplir les poumons.

Au pied de la muraille où il se tient debout, quelques inconnus le regardent, intrigués. L'homme n'a rien de particulier. De taille et de corpulence moyenne, il affiche un visage du tout venant et porte des vêtements ordinaires. Non, vraiment, rien ne le distingue des autres, si ce n'est qu'il se tient campé sur la muraille, les bras en croix, les yeux fermés et qu'il inspire à fond un air dont il est coutume de se protéger.

Que fait cet homme au juste? Les passants s'en inquiètent un moment avant de continuer leur route mais les curieux commencent à s'interroger sérieusement. Certains se sont même arrêtés pour observer l'homme. Des ébauches de conversation s'engagent, chargées de questions sans réponses et de supputations, elles s'enflamment peu à peu tandis que des théories se créées. S'agit-il d'un religieux en prière, d'un fanatique en transe ou bien d'un dépressif sur le point de se jeter dans le vide? Nul ne le sait et l'immobilité de l'homme commence à énerver les badauds. S'il bougeait, ne serait-ce qu'un peu, cela leur donnerait un indice ! Mais l'homme ne bouge toujours pas. Il se contente d'inspirer puis d'expirer lentement de longues goulées d'air en arborant un air extatique proche de la béatitude.

Soudain un individu s'approche. A la vue de son uniforme, la foule émet un long soupir. Les gens sont d'autant plus soulagés que le représentant des forces de l'ordre arbore un air sérieux empreint de sévérité. Il se rapproche de l'homme en quelques foulées mesurés et se poste au pied de la muraille. D'une voix tonante, il interpelle l'homme dont les épaules s'affaissent brusquement. Comme privés brusquement de vie, ses bras retombent le long de son corps tandis que sa tête s'incline, son menton naguère fièrement levé s'abaissant presque jusqu'à toucher sa poitrine. Ses lèvres remuent doucement, mais la foule, bien qu'attentive, n'entend rien. La question n'était destinée qu'à l'agent de police et l'on devine à la réponse de ce dernier que l'homme s'est tout simplement enquit de la raison de son interpellation. Il lève un sourcil intrigué lorsqu'il s'entend répondre qu'il perturbe l'ordre public. Il lève alors les yeux, se retourne à demi et promène un regard surpris sur la foule qu'il domine. Il entrouvre la bouche, incrédule, écarte légèrement les bras, les doigts de ses mains largement écartés, les paumes tournées vers ces gens qui l'observent avec, dans leurs regards, une curiosité mélée d'inquiétude. Visiblement l'homme ne comprend pas. Il se tourne de nouveau vers l'agent et lui adresse quelques mots. Sans doute plaide-t-il sa cause. Mais le policier secoue la tête fermement et insiste : il ne peut rester là ; il se doit de descendre de son perchoir.

L'homme soupire longuement. Tristement, il adresse un dernier regard à l'horizon. La larme à l'oeil, il relève brièvement les yeux sur l'étendue de sable chaud qui s'étend devant lui, si serein et paisible et inspire une fois encore l'air chargé des parfums exotiques du désert. Un instant, l'idée de se rebeller lui traverse l'esprit : après tout quel mal faisait-il à humer simplement les arômes de la nature? Quel tort causait-il en s'imprégnant de la paix et de la quiétude que lui offrait les étendues sauvages? Mais il sent dans son dos les regards impatients et accusateurs. Ces gens veulent le voir rentrer dans le rang, tout simplement et aucun discours, aucune harangue, aucun plaidoyer, aussi sincères puissent-ils être ne saurait les atteindre. En regimbant, il ne ferait que gacher cet instant de paix qu'il vient de s'octroyer. Et c'est davantage pour ne pas avoir tout perdu qu'il repousse sa frustration et sa déception au plus profond de lui. Dépourvue de combustible, sa colère s'apaise et laisse place à une lassitude amère.

L'homme accorde un dernier regard au désert, vole un dernier brin de paix au paysage, emplit ses poumons d'une ultime bouffée de vie puis, dans un soupir, il saute souplement au bas de la muraille. Le policier lui adresse quelques mots, l'homme hoche la tête. Et tandis que l'agent lui donne une légère tape sur l'épaule, il fait quelques pas. Enfin soulagée, la foule se disperse en murmurant. Quelques regards s'attardent un peu sur l'homme qui continue d'avancer doucement, l'air un peu hagard. Les derniers curieux se remettent en mouvement et tandis que les badauds redeviennent de simples passant, l'homme redevient peu à peu anonyme.

Libéré des regards, l'homme jète un coup d'oeil à la muraille dont il vient de descendre. Il ne voit ni ne sent plus rien, mais dans son souvenir, il garde une trace encore nette de son expérience. Elle n'aura pas duré longtemps certes, mais il l'aura fait et il s'en félicite. Un sourire mélancolique se dessine sur ses lèvres tandis qu'il se décide à se fondre à nouveau dans la foule. L'homme n'a plus rien de particulier. De taille et de corpulence moyenne, il affiche un visage du tout venant et porte des vêtements ordinaires. Non, vraiment, plus rien ne le distingue des autres, si ce n'est qu'il a dans son regard comme un zest de soleil et dans le coeur un petit brin de paix qu'il conserve aussi précieusement qu'un trésor.
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MessageSujet: Re: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitimeJeu 29 Jan 2009 - 14:05

Très bien raconté. Merci
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MessageSujet: Re: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitimeJeu 29 Jan 2009 - 14:56

Difficile de sortir de l'anonymat.

On n'aime pas cela, ça dérange, jusqu'à gener.

Brebis, nous sommes des brebis....

Bien narré, Kaly, avec beaucoup d'émotions Wink
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MessageSujet: Re: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitimeJeu 29 Jan 2009 - 16:15

C'est un récit qui me touche ,j'aime beaucoup la façon dont tu l'as écrit,les tournures sont bien choisies avec élégance,c'est bien senti ,je n'y ai pas trouvé d'autres fautes que la bricole ci-dessous.
Libéré des regards, l'homme jète[jette] un coup d'oeil
En règle générale,les verbes en eler et eter doublent la consonne l ou t devant un e muet ( tu as dû confondre avec l'exception:j'achète,je modèle....).
En corrigeant ,je me replonge dans le bain ardu des règles etc...
ce n'est bien entendu qu'une parenthèse .
J'ai été ravie de te lire Kalystah ,tu as donné là une vision très juste de ce qui gêne dans nos sociétés,j'entends par là ,la différence dans les attitudes dérangeantes au point de ne pas accepter le bonheur simple comme bonjour de respirer...
Tu as ensoleillé la fin de cette après-midi pour moi,merci.
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MessageSujet: Re: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitimeJeu 29 Jan 2009 - 19:31

Un récit très bien mené sur la différence qui toujours dérange.
J'aime beaucoup l'opposition lui seul, en haut, cherchant la paix et la foule, en bas, qui s'impatiente. Très belle image !
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MessageSujet: Re: [texte court] Instant volé   [texte court] Instant volé Icon_minitime

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