Angels Eyes

Son long manteau noir claquant au vent, formant derrière lui une aile couleur de nuit, l’homme court, fuyant pour sa vie. Il ne se retourne jamais, ne regardant que l’endroit où il fuit, ses yeux bleus d’azur fouillant ce qui l’entoure, à la recherche de celui qui pourra l’aider. Qui pourra le sauver. Mais il est seul, désespérément seul. Il s’essouffle, et commence à ralentir. Il lui faut un endroit où il pourra se reposer. Heureusement pour lui, le long du quai où il se trouve, il y a plusieurs entrepôts. Il se glisse dans l’un d’entre eux, et tente de se dissimuler entre les caisses chargées de breloques quelconques.

La créature le poursuivant pousse un hurlement, faisant trembler les tôles de l’entrepôt où il s’est réfugié. Se cacher est vain, elle le retrouvera toujours. Cela fait déjà plusieurs mois qu’il la fuit, et il n’en peut plus. Il sait que si il ne trouve personne à qui les donner, il est perdu. Définitivement. Il lui faut trouver quelqu’un, n’importe qui.

Et vite.

Un second cri retentit, plus proche. Beaucoup plus proche. Il n’a plus le temps d’hésiter, il faut qu’il s’en aille. Ou qu’il se batte. Mais il ne veut pas se battre, il ne peut pas se battre. Pas seul, pas contre cette chose immonde en voulant à sa vie. Il aurait fallu que Kaladhel soit là, lui aussi. Mais Kaladhel est mort, tué par la bête. Tué, ou pire…

Soudain, l’impossible survint. Un sifflement bref retenti, suivit de quelques aboiements et d’un rire. Un rire bien humain. Deux choses se produisent alors simultanément. L’homme fait demi tour, et court à nouveau, dans la direction du rire. La créature le repère alors, et pousse un hurlement de joie sauvage et cruelle. L’homme entend ses patte frapper durement le sol lorsqu’elle se jette à sa poursuite. Le seul espoir de l’humain est d’être près du rieur avant qu’elle ne l’ai attrapé.

Ce dernier se tient à l’entrée de l’entrepôt, accroupi à hauteur d’un chien bâtard brun, le serrant dans ses bras. Il a à peine la vingtaine, et ne voit pas l’homme courir vers lui, pas plus que la créature. Ce n’est que lorsqu’il sent qu’on lui attrape le bras qu’il se rend compte qu’il n’est pas seul. L’homme le force à tourner son visage vers le sien, plongeant ses yeux bleus dans le regard vert du garçon. Puis il pose sa main sur les yeux du jeune homme, avant qu’il n’ai pu réagir, et ce dernier s’endort.

L’homme l’ache alors le garçon, avant de soupirer profondément. Il se retourne, et ne voit plus nulle trace de la créature. Un fin sourire apparaît sur ses lèvres, et il sort de l’entrepôt, en marchant lentement, comme pour profiter du temps nouveau qui lui est accordé. Il lève les yeux vers le ciel bleu, et ne voit pas, dans son ombre, apparaître deux bras rouges sang, sortant directement du sol. Ceux-ci saisissent brusquement l’homme, l’entraînant à leur suite dans l’ombre sur le sol d’où ils sont provenus. La dernière image que fixent les yeux bruns du l’homme est une ombre indistincte, se penchant sur lui en souriant.

Dans l’entrepôt, le jeune homme s’éveille, regardant autour de lui sans comprendre. Ses yeux bleus ne voient pas la personne, assise sur une caisse non loin de lui, pleurant lentement des larmes de sang.