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 Voyage d'enfer

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MessageSujet: Voyage d''enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeSam 16 Mai 2009 - 19:33

Ain-Youcef gisait comme un cheval mort, dans cette plaine abandonnée où chiens et chats errants avaient occupé tous les hameaux ; ils entonnaient au diable vauvert, surtout de nuit, leur édifiant flamenco. Certes, il faisait bon vivre, dans ce village qui n’avait nullement besoin des rugissements des lions pour se sentir gladiateur. Il portait mal son âge et ne supportait plus la jeunesse. Il ne gardait de son passé colonial que l’église, dégradée d’ailleurs, qui conservait quand-même une structure imposante et jolie. Ce bourg était tout en fleurs, pas une seule maison n’ayant pas son propre jardin. Elles rivalisaient de beauté et l’air sentait bon, saturé par l’humeur de ces fleurs qui ajoutaient une touche agréable au paysage, pour le plaisir des yeux et du cœur.


Tout le monde se connaissait ; les gens, ici, donnaient à l’humanité une formidable leçon de tolérance ; ils se côtoyaient dans une ambiance très fraternelle ; pourtant, chacun était au courant des tares et des inepties de l’autre. On retrouvait le moudjahid de la première heure ainsi que le harki dans le même Patio ; voisins, ils cohabitaient dans une entente extraordinaire, en dépassant tous les conflits, sans jamais s’en tenir rigueur ; au contraire, ils se renvoyaient souvent l’ascenseur. Le marocain avait sa place aussi, mieux encore, il était respecté à tel point qu’on tissât avec lui des liens de parenté. La seule fausse note qui entachait la virginité de cette cité résidait dans l’arrogance de ses riches. Ceux-là avaient opté pour un comportement à la hauteur de leurs fortunes. Non seulement, ils regardaient les pauvres de haut, mais ils le faisaient avec dédain.

Ain-Youcef portait mal ses ans et respirait avec angoisse son histoire qui ne brillait d’aucun éclat. Depuis qu’il a été créé, il ne fait que subir les aléas du temps et l’ineptie des gens. Qu’il vive ou qu’il survive, les choses ne changeaient en rien son devenir et n’influaient en rien sur son comportement. Il demeurait Ain avec ou sans Youcef. L’indépendance se savait au drapeau accroché et suspendu à la hampe de la mairie ; au-delà, rien ne la rappelait, sauf peut-être cette liberté qu’avaient les gens à vieillir jeunes ; Ain-Youcef distribuait les vingt ans et il est bête, faute de mourir, de vieillir à vingt ans. L’histoire lui reconnaît quand même une qualité : il est le premier village à avoir inventé le « hittisme ». Aucun village avant lui n’avait su glorifier ce mouvement dont les enseignements firent taches d’huile en déteignant sur les autres villages et même sur les villes qui se targuaient d’être de grosses légumes et donc pas du tout concernées par la daube vicinale, enfin nationale.

Le « Hittisme » connut une période faste et prospère tout à l’honneur de son fondateur, j’ai nommé, l’esprit laudateur. Ses disciples étaient légion. Il rayonna sur tous les murs, grands et petits, cimentés ou mal lotis, tous logés à la même enseigne. Les murs avaient pris le pli à se prêter à ces rites spéciaux qui n’en finissaient pas à longueur de journée. D’ailleurs, ils portaient dans leurs cœurs de pierre, les stigmates d’une telle action. Les traces indélébiles des dos humains les parsemaient de leur ennui pratiquement quotidien et cafardeux. De nuit, s’échappaient de ces murs des soupirs et des chuchotements, comme s’ils se racontaient les histoires pas du tout drôles de leurs hôtes diurnes indésirables. Leurs soupirs témoignaient de leur refus de servir de soutènement aux ossatures spectrales et fantomatiques d’une plèbe au bord du précipice.

Les murs se liguaient en catimini, en vue d’une association pour défendre leur droit à la liberté ; ils se sentaient à l’étroit avec ces bêtes humaines qui venaient se frotter à leurs peaux rêches et crépues en leur confiant les secrets les plus alambiqués. Les journées s’étiraient en baillant à l’enfer pour crier leur monotonie par-dessus les toits des maisons qui ressemblaient à des tombes de style. A Ain-Youcef, le jour ne s’étant jamais levé, la nuit confortablement installée régnait en maîtresse absolue des lieux. Les spectres qui remplissaient d’office les fonctions d’habitants n’avaient pas encore franchi le mur de la « cité ». Ils se complaisaient à remplir les rôles qui leur étaient dévolus par la vie au même titre que les bêtes qu’ils détenaient. Ils s’en tenaient à cette mécanique, aigris par la force des choses et par les horizons fermés ; comme si Dieu avait retiré de sur leurs têtes, un pan du ciel qui leur était destiné.

Emmurés dans la soie trompeuse du silence, encagés dans l’étoffe grossière et drue d’un socialisme claudiquant, emmaillotés dans le crin crapuleux du dogmatisme et affabulés par un discours hâbleur et lénifiant, ils vivaient dans le meilleur des mondes, loin de toute influence embarrassante. Ils trouvaient leur compte dans le statu quo d’une vie qui souffrait le martyre. La vie s’enfermait dans les crocs géants et béants de l’ennui qui ne disait pas son nom : il s’éternisait sans se soucier des lendemains qui n’étaient aucunement enchanteurs. Chaque matin, les murs renouaient avec l’habitude en retrouvant leurs fidèles amis qui ne se lassaient jamais de cette luxueuse activité qui rendait le village célèbre par sa portée.

Il y avait des murs chanceux et d’autres moins fortunés en ce sens que les uns étaient tant choyés et tant sollicités. Les autres ne recevaient même pas l’ombre d’un quidam, ils mouraient d’ennui, tristement esseulés et abandonnés. Le soleil, ne trouvant jamais de sujets intéressants à sa chronique, balayait le village de ses rayons plats noyés dans l’humeur fade de l’habitude. Le jour faste des murs, le jour phare comme on dit c’était lorsqu’il pleuvait. Alors là, tous les hommes jeunes et moins vieux se mettaient de la partie ; ils y allaient tout doucement, d’abord de leurs épaules, ensuite de leurs dos qu’ils plaquent contre les surfaces rugueuses des murs comme pour les soutenir.

En escarpe bien contre ceux-ci, les gens fusillés par le temps, regardaient sans compter, les petits de la pluie. Chaque mur avait son propre liseré recouvert qui offrait une insignifiante protection ; passe pour la bruine, quant à l’averse, il ne fallait surtout pas compter dessus, mais on s’en foutait pas mal puisque le temps à Ain-Youcef n’avait aucune importance ; il s’en allait tranquille, comme un vieux traînant la savate ne se souciant point de la vie qui s’accrochait quand-même à ses basques. La vie à Ain-Youcef était ce fleuve tranquille suivant son cours bien ancré dans son lit sans craindre d’en sortir. On ne débordait pas, on ne débordait jamais pour ainsi dire à Ain-Youcef. C’était en quelque sorte, une petite et douce herbe qui ne faisait que survivre ! Voilà, pour schématiser un peu le topo de ce fameux bourg.

Tous les murs, grands et petits, portaient des graffitis, des trucs pas tout à fait à la mode, cotoyant des écrits farfadets comme « vive le FLN » ou encore « votez FLN »qui avaient plus de trente ans d’âge. Ils avaient été écrits là, un certain soir, un certain mois d’une certaine année et personne n’avait pensé à les enlever. Les nouveaux hiéroglyphes étaient plus suggestifs comme « vive Aicha » et « vive l’amour ». Les « je t’aime Omri » et les mystérieux couples comme « toi et moi » et « elle et lui » ou encore « Rachid et Pas de Chance » étaient les plus en vue. Chacun avait sa propre surface où on pouvait lire son surnom. C’était comme une épitaphe sur une pierre tombale et personne en dehors du propriétaire ne venait altérer l’endroit. Le respect était observé dans une réciprocité exemplaire. Un même mur pouvait abriter plus d’une équipe. Les quartettes étaient légion. Bien sûr que n’importe qui pouvait s’y adosser, ce n’était nullement une place réservée, mais disons que c’était seulement la présence qui permettait la jouissance de ce droit ;l’absence autorisait donc la mainmise sans toutefois y apporter des transformations ou opérer des ajouts inopportuns. Comme tout le monde se connaissait et comme chacun avait choisi l’endroit qui l’arrangeait le mieux, il était rare que quelqu’un piétinât les plates bandes de quelque autre.

Tous les surnoms étaient triés sur les volets ; ils étaient étroitement liés à la réalité : Kaddour l’embrouille, parce qu’il mentait tout le temps ; Béchir le pétard, parce qu’il pétait beaucoup ; Samir la Magouille car il était débrouillard ;Fatah Trabendo, parce qu’il faisait dans le trafic en tout genre ; Salah le Grand, car il était petit de taille ; et il y avait Taguigue, car il avait la manie de dire « tague ! » chaque fois qu’il parlait comme aurait dit « bof ! » quelqu’un d’autre. Il y avait aussi la Carpe car il demeurait tout le temps silencieux, surtout depuis sa troisième absence. Il avait essayé à trois reprises sans pour autant réussir à imprimer le moindre souffle à sa destinée. Il faut être la Carpe pour le faire ! Un être apparemment chétif, tout juste dans la moyenne physiquement. Licencié en psychologie, il n’avait décroché aucun job dans ce paradis décrit dans les manuels scolaires, ce pays stratégique qui avait été le pionnier dans bien des domaines et qui recelait d’immenses richesses naturelles. Un pays riche, en fait, dans lequel vivait un peuple pauvre.

La Carpe n’arrivait pas à comprendre cette maudite équation qui peuplait toujours son esprit. A peine âgé de vingt-cinq ans, il paraissait en avoir quarante, tellement il portait le fardeau invisible d’une grande peine indicible. Il fallait être aussi la Carpe pour tenir bon face à cette adversité et face à ces trois échecs et pas des moindres. La Carpe, malgré son aspect fragile, était un surhomme ! Il défiait le monstre pendant que le commun des mortels lui nourrissait une grande crainte ; quelques sages et certains avertis lui vouaient cependant, un profond respect. L’ogresse était et demeurait toujours auréolée d’une chose sacrée et impénétrable, d’un mystère profond, d’une mysticité incroyable. La Carpe gardait si bien son secret que personne dans son entourage n’était au parfum de ses aventures.

Pour ses absences qui ne passaient nullement inaperçues, il répétait à qui voulait l’entendre qu’il se rendait chez une amie dans une ville voisine. On le croyait sur parole et on allait même jusqu’à le harceler pour qu’il fasse le récit de ses « heddates » un peu spéciales ; il excellait dans l’art de raconter des blagues. Il mettait du zèle dans ses histoires d’amour imaginaires qu’il inventait lui-même. En fait, il ne faisait que transcrire ses rêves et ses fantasmes. Si les autres les croyaient c’est qu’ils éprouvaient aussi les mêmes aspirations et les mêmes désirs. C’était le seul moment où la Carpe daignait ouvrir la bouche. Il était heureux de voir ses camarades suspendus à sa bouche en buvant ses paroles comme un thé qu’on siroterait volontiers, après une soirée d’amour ; il jouissait à les tenir ainsi en haleine et finissait par épouser certains contours de ses histoires.

De tout le groupe, seul Taguigue était au courant de la vérité carpienne. Ces équipées étaient autant d’enseignements que d’encouragements pour lui, car en lui germaient les graines d’une belle escapade. Taguigue était un jeune homme simple et sans problèmes mais n’était pas pour autant heureux. Il venait lui aussi de terminer son cursus, enfin de l’arrêter, car il aurait pu continuer. Il avait stoppé ses études, car il avait compris que cela ne servirait à rien, sauf à perdre du temps et à rater peut-être une occasion de se caser dans l’univers du travail. Les études n’étaient apparemment qu’une fenêtre donnant sur la connaissance sans plus ; elles étaient loin d’être le préalable à une vie décente et ne constituaient nullement le cheval de Troie par lequel on pénétrait à la citadelle.

Les horizons fermés interdisaient tout espoir et ceux qui espéraient étaient encore victimes de la duperie nationale. Taguigue était vraiment malheureux. Son mal, il le portait en lui et avait les couleurs d’Amal. Amal, l’espoir qui n’en était pas un et qui n’en serait jamais, jamais, jamais ! Son cœur était comme un galet fermé sur lui-même. Un galet trop cuit par la fournaise et trempé soudainement dans l’humeur glacée de la réalité de la vie. « Je t’aime Amal à vie », « Toi ! ma vie, lequel de nous deux est plus sûr que l’autre ?La certitude s’enroule en serpent autour de ma philosophie…pour que la raison ne soit finalement qu’un goût de matière grise !...(à suivre)
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 8:47

Votre écrit s’adresse à des lecteurs spécifiques et rares qui soient capables d’apprécier votre style et la richesse de votre vocable. La personnalisation d’un village est assez réussie et, les allusions à peine étouffées sur le reste du monde mettent bien en évidence la fierté silencieuse des habitants du douar. J’ai ressenti dans cet écrit les stigmates des viols du passé et de l’incapacité à oublier. Il ressort une impression de victimisation et de mal vivre, accentués par une introspection culturelle. (un inexplicable comportement insulaire)
Pour ma part, j’ai eu grand plaisir à lire cette description à la limite de la caricature, mais si riche et précise.
Puisqu’il y est écrit (à suivre…) j’attends avec impatience.

Une remarque en forme de questions : peut-on dire trié sur les volets, ou doit-on dire trié sur le volet ?

Quelques mots étonnants : on s’en foutait – le topo – des écrits farfadets – job – caser.
Côtoyant : un accent.
Des répétitions peut-être volontaires mais en toute chose excès nuit – la Carpe – Ain Youcef au début –
on allait même jusqu’à le harceler pour qu’il fasse le récit (pour qu’il fît)
heddates : ce mot mérite des explications
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 10:04

Gérard de l'Extrême a écrit:
Votre écrit s’adresse à des lecteurs spécifiques et rares qui soient capables d’apprécier votre style et la richesse de votre vocable. La personnalisation d’un village est assez réussie et, les allusions à peine étouffées sur le reste du monde mettent bien en évidence la fierté silencieuse des habitants du douar. J’ai ressenti dans cet écrit les stigmates des viols du passé et de l’incapacité à oublier. Il ressort une impression de victimisation et de mal vivre, accentués par une introspection culturelle. (un inexplicable comportement insulaire)
Pour ma part, j’ai eu grand plaisir à lire cette description à la limite de la caricature, mais si riche et précise.
Puisqu’il y est écrit (à suivre…) j’attends avec impatience.

Une remarque en forme de questions : peut-on dire trié sur les volets, ou doit-on dire trié sur le volet ?

Quelques mots étonnants : on s’en foutait – le topo – des écrits farfadets – job – caser.
Côtoyant : un accent.
Des répétitions peut-être volontaires mais en toute chose excès nuit – la Carpe – Ain Youcef au début –
on allait même jusqu’à le harceler pour qu’il fasse le récit (pour qu’il fît)
heddates : ce mot mérite des explications

Bonjour, monsieur Gerard de l'Extrême,
je suis heureux de vous avoir comme lecteur et correcteur en même temps(quel honneur!).Cela m'apprendra à jouer les prétentieux, moi qui me croyais écrivain, me voilà épinglé!(rire).
En effet, vous avez vu juste à propos de cet écrit, il rend compte d'un ordre établi où les gens sont victimes de la gabegie et de l'apahasie des pouvoirs publics.

C'est "trié sur le volet" évidemment et je remercie votre modestie.Vous savez, ne prenez pas de gant, allez y fort, je suis un éternel apprenant!

Je prends note de vos remarques et vous remercie pour votre lecture pertinente.
Quant à "Heddates"c'est dans le sens de "sorties" "aventures", il fait partie des néologismes du patelin.Je vous livre la suite...je vous souhaite une très bonne lecture.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 10:07

Toi ! Ma vie, lequel de nous deux est plus sûr que l’autre ?La certitude s’enroule en serpent autour de ma philosophie…pour que la raison ne soit finalement qu’un goût de matière grise !

Dis-moi ! Toi, ma vie ? De quelle couleur est l’habit que je porte ? Ou bien n’es-tu capable de voir en moi qu’un peu de perte de temps ? Ou bien encore qu’un simple alibi pour que ma route s’en aille sans moi ?

A quelle heure faut-il être à l'heure de ton départ quand la cloche sonnera ? Ou bien n’est-il déjà plus l’heure ? Ou bien ne sera-ce désormais plus l’heure ? Sais-tu, au moins, qu’un jour tu finiras tout comme moi et qu’à ce moment nous serons ensemble dans le même bain ? Alors pourquoi files-tu toujours sans moi ? Tu changes souvent et ma petite tête mortelle n’arrive plus à donner du vent pour surprendre ta girouette… je te répète…toi ma vie…tu me donnes du tournis et tu gâches souvent la fête…alors arrête et faisons la paix pour une fois …une seule fois !!! C’est à quai que les amarres sont jetées et à l’encre de mon sang que je t’implore bon sang !

Donne-moi le temps d’un lacet pour jumeler ma chaussure à ta pointure… !

Donne-moi le temps d’une flétrissure pour que la brisure ne soit qu’une éclaircie.

Donne-moi le temps d’un soupir pour que mon souffle en apnée ne soit jamais l’eau de ma torture.

Donne-moi le temps d’une chance pour qu’enfin commence le bal de l’unique et dernière danse.

Toi, ma vie ! Tu t’en vas, toujours sans moi, sans mon chemin, sans détours et sans me prendre la main.

Toi ma vie, la locomotive et moi, le dernier wagon de notre train ! » Avait-il écrit sur tout un pan de son mur. Tout le monde le prenait pour un fou. On disait aussi qu’il planait souvent ; que rarement il avait les pieds sur terre. Les joints étaient devenus sa spécialité. Chaque jour que Dieu faisait, il venait se recueillir auprès de ce mur. C’était devenu un rituel à ne point proscrire. Il commençait son pèlerinage en déclamant le texte d’une voix presque silencieuse comme s’il était dans une confesse et demeurait immobile tout le temps que prenait sa confession. Il se souvenait encore, comme si cela ne datait que d’hier : il l’attendait toujours à la sortie du lycée. Elle sortait toujours dans le lot,enveloppée par ses copines et il était heureux de la savoir tant aimée et tant respectée. Elles ne la lâchaient qu’une fois la rue abordée. Alors là, d’un signe de la main qu’elle agitait plusieurs fois, elle en prenait congé. Espiègle et dynamique, elle traversait la rue en donnant de la tête à droite et à gauche pour s’assurer de la rue et aussi pour faire jouer ses cheveux noirs et soyeux qui lui tombaient en cascade sur les épaules. Elle répétait ce geste volontairement, car elle se savait observée par celui qui habitait déjà son cœur.

-Tes cheveux me tuent Amal, surtout quand ils balancent. Mon cœur chavire et je ferme les yeux dans ce délicieux délire, lui avait-il dit un jour, alors qu’ils étaient ensemble de l’autre côté du village. C’était d’ailleurs la seule fois où ils avaient pu se parler devant tout le monde, foulant tous les tabous et les interdits dans cet élan prodigieux qui unissait leurs cœurs dispendieux. La rumeur comme une traînée de poudre avait enflammé le village et les commérages, et les avait condamnés par un triste aréopage. Taguigue n’hésitait pas, malgré tous les malgré, à toujours se porter à sa rencontre. Ils marchaient longtemps ensemble, sans trop se parler, ne se disant que l’essentiel. Leur malchance résidait dans le fait qu’ils étaient venus tôt à la célébrité. Les jeunes comme les vieux les accompagnaient de leurs regards et de leurs yeux jaloux, méchants, intéressés, en les dérangeant dans leur intimité.


Têtes baissées, ils recevaient les sarcasmes de ceux qui étaient dans l’impossibilité de comprendre. Ils marchaient en flirtant de leurs corps qui se parlaient tantôt par les hanches au gré de leur démarche et de leur nonchalance et tantôt par leurs mains qui se touchaient et leurs doigts qui se frôlaient, en donnant naissance à ces arcs suffisant à la symbiose de leurs cœurs. Ils auraient pu marcher des journées entières sans jamais se lasser et sans jamais altérer le sentiment puissant dans lequel ils avaient jeté leurs amarres. Ils auraient bien aimé que la route ne finisse jamais, car leur séparation était toujours une douleur. Quand ils rencontraient un adulte de véritable connaissance, il s’arrêtaient et faisaient semblant de discuter sur un problème de cours, et sitôt qu'il les eut dépassés, ils reprenaient leur marche et leurs conciliabules amoureux.

Ils persistaient à croire pouvoir se faire passer pour des élèves consciencieux afin de tromper la vigilance embarrassante et désarmante des grands. Ceux-ci se croyant détenteurs de la mémoire collective et investis de quelques pouvoirs, les fusillaient sans aucun ménagement de leurs regards haineux. Ces vieux rabougris auxquels l’amour avait depuis longtemps fait un bon baiser de la planète Jupiter, leur menaient la vie dure jusqu’à empoisonner leurs demeures ; en effet, les parents des deux tourtereaux échaudés par les radotages et les rabâchages finirent par se mettre de la partie en les fustigeant à chaque dérapage. Qu’à cela ne tienne ! L’amour était plus fort que les sermons et les commérages. Quand leurs doigts frénétiques et passionnés se rencontraient, leurs esprits et leurs corps s’embrasaient sous le feu assassin de l’amour interdit ; ils se laissaient flotter dans le charme fou des ondes merveilleuses qui irradiaient de leurs peaux. Ils en oubliaient le temps, les vieux et leurs propres battements de cœur.

Au fond de leur mémoire, au fond de leurs yeux, au fond de leurs terroir, au fond de leurs cieux, ils retenaient prisonnier cet instant de bonheur. Cela leur donnait la force d’attendre jusqu’au lendemain soir, la même heure, avec la même fougue et la même passion, avec toujours l’espoir grandissant. Taguigue ne s’essuyait que peu la bouche. Sur ses lèvres était incrusté un baiser de tonnerre. Il sentait encore l’ouate et la soie d’un certain atterrissage. Cela avait été rapide, plus furtif que l’éclair, mais avait eu la force d’un boum nucléaire. C’était la seule fois où ils avaient osé sceller leur tendre alliance. Un abouchement des plus merveilleux, exclusif et extraordinaire. C’était l’unique souvenir qui lui faisait toujours éprouver le même frisson agréable, le même murmure. Et puis tout s’était tu, tout avait pris fin. La vie cessa de vivre et la terre de tourner, Amal s’étant suicidée. Taguigue épousa la folie et le joint devint la seule issue à sa survie . Ce fut grâce à la Carpe qu’il remonta un peu la pente. Ils devinrent deux grands amis.

- C’était comment cette fois ? demanda Taguigue un peu embarrassé

- Encore plus difficile que les deux premières , lui répondit la Carpe.

- Il y a eu des morts comme avant ? lui demanda-t-il, gêné par une telle question et surtout par ce qu’elle comportait comme désolation.

- Oui, plus grave encore, lui dit-il, la voix très grave. Tous ont péri sauf nous trois, ajouta-t-il complètement chagriné.

- …?

- Nous avons été surpris par une tempête, une tempête d’une si rare violence, que j’en garde les stigmates dans mon cerveau.

- Dans ton cerveau ? Questionna Taguigue ahuri.

- Oui ! Dans mon cerveau. C’est là que l’on a le plus mal. Là, s’opère le recueil de tous les sens et c’est là qu’est atroce la souffrance !

- Raconte-moi s’il te plaît, je veux tout savoir.

- Te raconter ? J’aimerais bien, oui, mais avec tout le vocabulaire imaginable, je ne saurais être fidèle tellement c’était fou, tellement c’était grandiose. C’est plus grand que l’imagination et plus vaste que l’imaginaire. C’est indescriptible !

- N’empêche ! Dis-moi ce que tu en sais, je m’en contenterai.

- Es-tu toujours intéressé ? Lui demanda la Carpe, un chouia amusé.

- Et comment ! Je suffoque ici et je décline. Je me meurs lentement.

- Cherches-tu une mort rapide ? Le brusqua-t-il sans ménagements.

- Oh que non ! J’aime trop la vie, même celle de chien.

- Alors ?

- Je veux tenter ma chance.

- Tu ne pourrais pas survivre, tu es trop calculateur, ce n’est pas un jeu, c’est plus que la mort.

- Qu’en sais-tu ? Raconte et ne t’occupes pas du reste, ne sommes-nous pas les fils d’une femme?

- Ecoute cher ami, il est très douloureux de se rappeler la mort de ses amis. Je t’en prie, épargne-moi cette peine.

- Non, raconte ! Comme si tu leur rendais un dernier hommage.

- Tu es incorrigible et intraitable quand tu t’y mets ; alors, par où commencer ?

- Depuis le début et va jusqu’aux détails je t’en prie.

- Oh là, là ! Cela à l’air sérieux chez toi !

Taguigue se tut, enveloppé d’un mystérieux voile qui rendit son regard terne et confus.

- Ne me dis pas que…

La carpe ne put terminer sa phrase. Le hochement de tête de son ami fut plus qu’une réponse.

- C’est pour quand ? lui demanda-t-il à brûle pourpoint.

- Dans trois jours.

La réponse vint succincte et laconique ; elle invoqua un moment de silence.

Cela sembla durer une éternité.

-Je refuse que tu le fasses ! S’emporta la Carpe.

- Ah bon ? Et pourquoi donc, monsieur mon tuteur?

Taguigue était surpris, autant par la signification des propos de son ami que par son injonction.

La carpe rectifia le tir.

- Ne le prends pas mal, s’il te plaît. J’ai été spontané parce que je t’estime beaucoup et je ne veux pas te perdre.

- Me perdre ? Tu deviens de plus en plus énigmatique, mon cher ami, et tu parles comme si tu détenais la Vérité. Serais-tu devenu devin par hasard ? Et sache que je n’ai pas peur de la mort !

- Non, comprends-moi : il ne faut pas aller trop loin, je suis sincère. Je ne veux pas que tu le fasses, c’est tout.

-La mort et moi cohabitons ensemble dans le même corps. Le jour où l’un de nous serait à l’étroit, eh bien, qu’il fasse le vide ! Et puis sache aussi que la mort est la seule chose qui soit intacte. Elle demeure toujours inviolable malgré les pas géants de la science qui ose se poser certaines questions. Tout a été souillé par l’homme, même la religion ; même Dieu n’en réchappa à notre esprit maléfique. Mais face à la mort, tout un chacun se la met en veilleuse. Nous mettons tous autant que nous sommes, notre queue entre les jambes et baissons la tête à sa seule réflexion. Moi, je la respecte pour avoir appris à vivre avec elle dans un pacte qui me donne la possibilité de ne pas la craindre.

- Une possibilité ? Tu m’en bouches un coin.

- Oui, la seule possibilité de ne pas la craindre c’est de prendre toujours des risques. La seule manière de se défaire de l’impression de la mort c’est de risquer fort sa vie. Justement, revenons à ta question.

- Pourquoi tu le fais, si c‘est tellement déconseillé ?

Taguigue le comprenait très bien ; seulement il l’asticotait pour en tirer le maximum, dès fois qu’il aurait tu certaines choses. Sa sincérité, il n’en doutait absolument pas. Il le savait honnête et totalement franc , incapable de lui jouer des entourloupettes. S’il avait éludé certaines questions en lui racontant ses précédentes tentatives c’était et uniquement à bon escient.

- Je le fais par fidélité et beaucoup plus par serment.

Taguigue le regardait étonné, ne s’attendant pas à une telle réponse. La Carpe comprit son embarras.

- Tu sais mon cher Brahim- le véritable nom de Taguigue- c’est un peu long à t’expliquer, mais sache qu’avant le départ nous nous donnions le mot « tous pour chacun et chacun pour tous » et qu’après ça, nous nous jurions de parachever le travail tant que nous serions vivants et de le continuer jusqu’à aboutissement à la mémoire de ceux qui seraient morts. C’était cela notre serment : tenter jusqu’à réussir ou complètement mourir.

- Si tu étais mort, tu crois que les autres auraient continué ? Lui demanda Taguigue comme pour l’épingler et déstabiliser sa foi et sa croyance.

- Oui, je le crois, lui répondit-il si spontanément que son ami en fut abasourdi…

- Comment le sais-tu, bon dieu?

- Le contraire serait impossible après ce que tout le monde avait vu et vécu.

- Ah, merci, nous y revoilà justement, raconte-moi s’il te plait.

- Promets-moi d’abord de tout laisser tomber.

- Impossible vieux frère !

- Pourquoi, vieille caboche ?

- Le serment, mon ami, le serment !

- Tu es vraiment incorrigible ! Bon, puisque tu y es en plein dedans, je vais te raconter pour que tu saches à quoi t’en tenir.

- Je te suis tout ouïe... (à suivre)
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 14:34

« Toi ! ma vie, lequel de nous deux est plus sûr que l’autre ? La certitude s’enroule en serpent autour de ma philosophie…pour que la raison ne soit finalement qu’un goût de matière grise !...(à suivre)

Dis-moi ! Toi, ma vie ? De quelle couleur est l’habit que je porte ? Ou bien (,) n’es-tu capable de voir en moi qu’un peu de perte de temps ? Ou bien (peut-être) encore qu’un simple alibi pour que ma route s’en aille sans moi ?

A quelle heure (,) faut-il être à l'heure de ton départ (,) quand la cloche sonnera ? Ou bien (,) n’est-il déjà plus l’heure ? Ou bien (,) ne sera(it)-ce désormais plus l’heure ? Sais(serais)-tu, au moins, qu’un jour (,) tu finiras tout comme moi et qu’à ce moment nous serons ensemble dans le même bain ? Alors (,) pourquoi files-tu toujours sans moi ? Tu changes souvent et (,) ma petite tête mortelle n’arrive plus à donner du vent pour surprendre ta girouette… je te (le) répète…toi (,) ma vie…tu me donnes du (le) tournis et tu gâches souvent la fête…alors arrête (,) et faisons la paix pour une fois …une seule fois !(!!) C’est à quai que les amarres sont jetées et à l’encre (ancre) de mon sang que je t’implore (,) bon sang ! (cette dernière phrase ?)

Donne-moi le temps d’un lacet pour jumeler ma chaussure à ta pointure… !

Donne-moi le temps d’une flétrissure pour que la brisure ne soit qu’une éclaircie.

Donne-moi le temps d’un soupir pour que mon souffle en apnée ne soit jamais l’eau de ma torture.

Donne-moi le temps d’une chance pour qu’enfin commence le bal de l’unique et (la) dernière danse.

(Des métaphores riches et profondes, mais suffisamment vague pour que le lecteur y trouve « chaussure à son pied » ou n’y comprenne rien !)

Toi, ma vie ! Tu t’en vas, toujours sans moi, sans (suivre) mon chemin, sans détour(s) et sans me prendre la main.


Toi ma vie, la locomotive et moi, le dernier wagon de notre train ! »

(Cette citation est trop longue et pas assez détachée de la narration pour qu’elle soit mise en valeur. Peut-être même qu’un changement de polices ne gâcherait rien)

Avait-il écrit sur tout un pan de son mur. Tout le monde le prenait pour un fou (le pensait fou). On disait aussi qu’il planait souvent ; que rarement (,) il avait les pieds sur terre. Les joints (risque de confusion: joints des murs ou drogue?) étaient devenus sa spécialité. Chaque jour que Dieu faisait, il venait se recueillir auprès de ce mur. C’était devenu un rituel à ne point proscrire (cela veut dire bannir, interdire ?). Il commençait son pèlerinage en déclamant le texte d’une voix presque silencieuse comme s’il était dans une confesse et (il) demeurait immobile tout le temps que prenait (durait) sa confession. (Ses aveux) (Contradiction : déclamer c’est parler haut et fort, une voix presque silencieuse ?) Il se souvenait encore, comme si cela ne datait que d’hier (,) : (qu’il) il l’attendait toujours à la sortie du lycée. Elle sortait (émergeait) toujours entourée, (dans le lot,) enveloppée (entourée) par ses copines et (,) il était heureux de la savoir tant aimée et tant respectée. Elles (celles-ci) ne la (quittaient) lâchaient qu’une fois la rue abordée. Alors (,) là, d’un signe de la main qu’elle agitait plusieurs fois, elle en prenait congé. Espiègle et dynamique, elle traversait la rue en donnant de la tête à droite et à gauche pour s’assurer de la rue (circulation) (,) et aussi (,) pour faire jouer ses cheveux noirs et soyeux qui lui tombaient en cascade sur les épaules. Elle répétait ce(s) geste(s) volontairement, car (,) elle se savait observée par celui qui habitait déjà son cœur.
l
La suite à venir. je vous ferais un commentaire sur le fond après avoir tout lu. Il y a plus d'imprecision dans le vocabulaire que la première partie et l'usage du verbe être me semble excessif.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 14:57

-« Tes cheveux me tuent (,) Amal, surtout quand ils balancent. Mon cœur chavire et je ferme les yeux dans ce délicieux délire », lui avait-il dit un jour, alors qu’ils étaient ensemble de l’autre côté du village. C’était (D’ailleurs, cela avait été) d’ailleurs la seule fois où ils avaient pu se parler devant tout le monde, foulant tous les tabous et les interdits dans cet élan prodigieux qui unissait leurs cœurs dispendieux (veut dire couteux, cher). La rumeur (,) comme une traînée de poudre (,) avait enflammé le village et les commérages, et les avait (faits) condamnés par un triste aréopage. Taguigue n’hésitait pas, malgré tous (les cancans, ragots, commérages, interdits) les malgré, (un malgré ?) à toujours se porter (aller) à sa rencontre. Ils marchaient longtemps ensemble, sans trop se parler, ne se disant que l’essentiel. Leur malchance résidait dans le fait qu’ils étaient venus tôt à la (mauvaise réputation) célébrité. Les jeunes comme les vieux les accompagnaient de leurs regards et (,) (de) leurs yeux jaloux, méchants, intéressés, (en) les dérangeant (dérangeaient) dans leur intimité.


Têtes (basses) baissées, ils recevaient les sarcasmes de ceux qui (se trouvaient) étaient dans l’impossibilité de comprendre.

Ils marchaient en flirtant (ondulant) (de) leurs corps qui se (frottaient) parlaient tantôt par les (des) hanches au gré de leur (la) démarche et de leur (la) nonchalance (,) tantôt par leurs (les) mains qui se touchaient et leurs (les) doigts qui se frôlaient, en donnant naissance à ces (frissons qui suffisaient à) arcs suffisant à la symbiose de leurs (des) cœurs.
PROPOSITION :
« Ils marchaient en ondulant leurs corps qui se frottaient tantôt par les hanches au gré de la démarche et de la nonchalance, tantôt par les mains qui se touchaient et les doigts qui se frôlaient en donnant naissance à ces frissons qui suffisaient à la symbiose des cœurs. »


Ils auraient pu marcher des journées entières sans jamais se lasser et sans jamais altérer le sentiment puissant dans lequel ils avaient jeté leurs amarres. Ils auraient bien aimé que la route ne finisse (finît) jamais, car leur séparation était toujours (ressentie comme) une douleur. Quand ils rencontraient un adulte de véritable connaissance, il (ils) s’arrêtaient et faisaient semblant de discuter sur un problème de cours, et sitôt qu'il les eut (eût) dépassés, ils reprenaient leur marche (chemin) et leurs conciliabules (roucoulades d’) amoureux.

Ils persistaient à croire (,) pouvoir (se faire) passer (paraître) (pour) des élèves consciencieux (,) afin de tromper la vigilance embarrassante et désarmante des (adultes) grands. Ceux-ci se croyant ( qui croyaient) détentenir de la mémoire collective et (,) être investis de quelques pouvoirs, les fusillaient sans aucun ménagement de leurs regards haineux (le mot est fort !). Ces vieux rabougris (,) auxquels l’amour avait depuis longtemps fait un bon baiser de la planète Jupiter (expression peu connue, il en est tant de célèbres), leur menaient la vie dure (,) jusqu’à empoisonner leurs demeures ; (. En effet,) en effet, les parents des deux tourtereaux (,) échaudés par les radotages (et les rabâchages) finirent par se mettre de la partie en les fustigeant à chaque dérapage. Qu’à (Que) cela ne (tînt) tienne ! L’amour était plus fort que les sermons et les commérages. Quand leurs doigts frénétiques et passionnés se rencontraient, leurs esprits et leurs corps s’embrasaient sous le feu assassin (sur les braises assassines) de l’amour interdit ; ils se laissaient flotter dans le charme fou des ondes merveilleuses qui irradiaient de leurs peaux. (Dans ces moments-là,) Ils (en) oubliaient le temps, les vieux (,) et (n’entendaient que) leurs propres battements de cœur.

A suivre...
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 15:26

Concerne le premier post.

J'ai lu et j'ai beaucoup aimé ce récit. Moi qui ne connais pas cette partie de la méditerrannée je m'en suis fait une idée assez précise. Bien que certainement un pe caricatural comme le dit Gérard on ressent bien le^passé qui n'a pas été forcément oublié par tous.

Comme tu as l'air de demander des corrections actives je te fais part de mes remarques. (En rouge l'orto et en jaun les répétions.)
Toutes mes remarques ne sont que des suggestions utilisable ou non par l'auteur.

Citation :

Ain-Youcef gisait comme un cheval mort, dans cette plaine abandonnée où chiens et chats errants avaient occupé tous les hameaux ; ils entonnaient au diable vauvert, surtout de nuit, leur édifiant flamenco. Certes, il faisait bon vivre, dans ce village qui n’avait nullement besoin des rugissements des lions pour se sentir gladiateur. Il portait mal son âge et ne supportait plus la jeunesse. Il ne gardait de son passé colonial que l’église, dégradée d’ailleurs, qui conservait quand-même( teme superflu) une structure imposante et jolie. Ce bourg était tout en fleurs, pas une seule maison n’ayant pas son propre jardin. Elles rivalisaient de beauté et l’air sentait bon, saturé par l’humeur de ces fleurs qui ajoutaient une touche agréable au paysage, pour le plaisir des yeux et du cœur.


Tout le monde se connaissait ; les gens, ici, donnaient à l’humanité une formidable leçon de tolérance ; ils se côtoyaient dans une ambiance très fraternelle ; pourtant, chacun était au courant des tares et des inepties de l’autre. On retrouvait le moudjahid de la première heure ainsi que le harki dans le même Patio ; voisins, ils cohabitaient dans une entente extraordinaire, en dépassant tous les conflits, sans jamais s’en tenir rigueur ; au contraire, ils se renvoyaient souvent l’ascenseur. Le marocain (Marocain) avait sa place aussi, mieux encore, il était respecté à tel point qu’on tissât avec lui des liens de parenté. La seule fausse note qui entachait la virginité de cette cité résidait dans l’arrogance de ses riches. Ceux-là avaient opté pour un comportement à la hauteur de leurs fortunes. Non seulement, ils regardaient les pauvres de haut, mais ils le faisaient avec dédain.

Ain-Youcef portait mal ses ans et respirait avec angoisse son histoire qui ne brillait d’aucun éclat. Depuis qu’il a été créé, il ne fait que subir les aléas du temps et l’ineptie des gens. Qu’il vive ou qu’il survive, les choses ne changeaient en rien son devenir et n’influaient en rien sur son comportement. Il demeurait Ain avec ou sans Youcef. L’indépendance se savait au drapeau accroché et suspendu à la hampe de la mairie ; au-delà, rien ne la rappelait, sauf peut-être cette liberté qu’avaient les gens à vieillir jeunes ; Ain-Youcef distribuait les vingt ans et il est bête, faute de mourir, de vieillir à vingt ans. L’histoire lui reconnaît quand même une qualité : il est le premier village à avoir inventé le « hittisme ». Aucun village avant lui n’avait su glorifier ce mouvement dont les enseignements firent taches d’huile en déteignant sur les autres villages et même sur les villes qui se targuaient d’être de grosses légumes et donc pas du tout concernées par la daube vicinale, enfin nationale.

Le « Hittisme » connut une période faste et prospère tout à l’honneur de son fondateur, j’ai nommé, l’esprit laudateur. Ses disciples étaient légion. Il rayonna sur tous les murs, grands et petits, cimentés ou mal lotis, tous logés à la même enseigne. Les murs avaient pris le pli à se prêter à ces rites spéciaux qui n’en finissaient pas à longueur de journée. D’ailleurs, ils portaient dans leurs cœurs de pierre, les stigmates d’une telle action. Les traces indélébiles des dos humains les parsemaient de leur ennui pratiquement quotidien et cafardeux. De nuit, s’échappaient de ces murs des soupirs et des chuchotements, comme s’ils se racontaient les histoires pas du tout drôles de leurs hôtes diurnes indésirables. Leurs soupirs témoignaient de leur refus de servir de soutènement aux ossatures spectrales et fantomatiques d’une plèbe au bord du précipice.

Les murs se liguaient en catimini, en vue d’une association pour défendre leur droit à la liberté ; ils se sentaient à l’étroit avec ces bêtes humaines qui venaient se frotter à leurs peaux rêches et crépues en leur confiant les secrets les plus alambiqués. Les journées s’étiraient en baillant à l’enfer pour crier leur monotonie par-dessus les toits des maisons qui ressemblaient à des tombes de style. A Ain-Youcef, le jour ne s’étant jamais levé, la nuit confortablement installée régnait en maîtresse absolue des lieux. Les spectres qui remplissaient d’office les fonctions d’habitants n’avaient pas encore franchi le mur de la « cité ». Ils se complaisaient à remplir les rôles qui leur étaient dévolus par la vie au même titre que les bêtes qu’ils détenaient. Ils s’en tenaient à cette mécanique, aigris par la force des choses et par les horizons fermés ; comme si Dieu avait retiré de sur (pléonasme) leurs têtes, un pan du ciel qui leur était destiné.

Emmurés dans la soie trompeuse du silence, encagés dans l’étoffe grossière et drue d’un socialisme claudiquant, emmaillotés dans le crin crapuleux du dogmatisme et affabulés par un discours hâbleur et lénifiant, ( ici j'aurai couper la phrase qui est trop longue) ils vivaient dans le meilleur des mondes, loin de toute influence embarrassante. Ils trouvaient leur compte dans le statu quo d’une vie qui souffrait le martyre. La vie s’enfermait dans les crocs géants et béants de l’ennui qui ne disait pas son nom : il s’éternisait sans se soucier des lendemains qui n’étaient aucunement enchanteurs. Chaque matin, les murs renouaient avec l’habitude en retrouvant leurs fidèles amis qui ne se lassaient jamais de cette luxueuse activité qui rendait le village célèbre par sa portée.

Il y avait des murs chanceux et d’autres moins fortunés en ce sens que les uns étaient tant choyés et tant sollicités. Les autres ne recevaient même pas l’ombre d’un quidam, ils mouraient d’ennui, tristement esseulés et abandonnés. Le soleil, ne trouvant jamais de sujets intéressants à sa chronique, balayait le village de ses rayons plats noyés dans l’humeur fade de l’habitude. Le jour faste des murs, le jour phare comme on dit c’était lorsqu’il pleuvait. Alors là, tous les hommes jeunes et moins vieux se mettaient de la partie ; ils y allaient tout doucement, d’abord de leurs épaules, ensuite de leurs dos qu’ils plaquent contre les surfaces rugueuses des murs comme pour les soutenir.

En escarpe bien contre ceux-ci, les gens fusillés par le temps, regardaient sans compter, les petits de la pluie. Chaque mur avait son propre liseré recouvert qui offrait une insignifiante protection ; passe pour la bruine, quant à l’averse, il ne fallait surtout pas compter dessus, mais on s’en foutait pas mal puisque le temps à Ain-Youcef n’avait aucune importance ; il s’en allait tranquille, comme un vieux traînant la savate ne se souciant point de la vie qui s’accrochait quand-même (superflu) à ses basques. La vie à Ain-Youcef était ce fleuve tranquille suivant son cours bien ancré dans son lit sans craindre d’en sortir. On ne débordait pas, on ne débordait jamais pour ainsi dire (superflu) à Ain-Youcef. C’était en quelque sorte(superflu), une petite et douce herbe qui ne faisait que survivre ! Voilà, pour schématiser un peu le topo de ce fameux bourg.

Tous les murs, grands et petits, portaient des graffitis, des trucs pas tout à fait à la mode, cotoyant des écrits farfadets comme « vive le FLN » ou encore « votez FLN »qui avaient plus de trente ans d’âge. Ils avaient été écrits là, un certain soir, un certain mois d’une certaine année et personne n’avait pensé à les enlever. Les nouveaux hiéroglyphes étaient plus suggestifs comme « vive Aicha » et « vive l’amour ». Les « je t’aime Omri » et les mystérieux couples comme « toi et moi » et « elle et lui » ou encore « Rachid et Pas de Chance » étaient les plus en vue. Chacun avait sa propre surface où on pouvait lire son surnom. C’était comme une épitaphe sur une pierre tombale et personne en dehors du propriétaire ne venait altérer l’endroit. Le respect était observé dans une réciprocité exemplaire. Un même mur pouvait abriter plus d’une équipe. Les quartettes étaient légion. Bien sûr que n’importe qui pouvait s’y adosser, ce n’était nullement une place réservée, mais disons que c’était seulement la présence qui permettait la jouissance de ce droit ;l’absence autorisait donc la mainmise sans toutefois y apporter des transformations ou opérer des ajouts inopportuns. Comme tout le monde se connaissait et comme chacun avait choisi l’endroit qui l’arrangeait le mieux, il était rare que quelqu’un piétinât les plates bandes de quelque autre.

Tous les surnoms étaient triés sur les volets ; ils étaient étroitement liés à la réalité : Kaddour l’embrouille, parce qu’il mentait tout le temps ; Béchir le pétard, parce qu’il pétait beaucoup ; Samir la Magouille car il était débrouillard ;Fatah Trabendo, parce qu’il faisait dans le trafic en tout genre ; Salah le Grand, car il était petit de taille ; et il y avait Taguigue, car il avait la manie de dire « tague ! » chaque fois qu’il parlait comme aurait dit « bof ! » quelqu’un d’autre. Il y avait aussi la Carpe car il demeurait tout le temps silencieux, surtout depuis sa troisième absence. Il avait essayé à trois reprises sans pour autant réussir à imprimer le moindre souffle à sa destinée. Il faut être la Carpe pour le faire ! Un être apparemment chétif, tout juste dans la moyenne physiquement. Licencié en psychologie, il n’avait décroché aucun job dans ce paradis décrit dans les manuels scolaires, ce pays stratégique qui avait été le pionnier dans bien des domaines et qui recelait d’immenses richesses naturelles. Un pays riche, en fait, dans lequel vivait un peuple pauvre.

La Carpe n’arrivait pas à comprendre cette maudite équation qui peuplait toujours son esprit. A peine âgé de vingt-cinq ans, il paraissait en avoir quarante, tellement il portait le fardeau invisible d’une grande peine indicible. Il fallait être aussi la Carpe pour tenir bon face à cette adversité et face à ces trois échecs et pas des moindres. La Carpe, malgré son aspect fragile, était un surhomme ! Il défiait le monstre pendant que le commun des mortels lui nourrissait une grande crainte ; quelques sages et certains avertis lui vouaient cependant, un profond respect. L’ogresse était et demeurait toujours auréolée d’une chose sacrée et impénétrable, d’un mystère profond, d’une mysticité incroyable. La Carpe gardait si bien son secret que personne dans son entourage n’était au parfum de ses aventures.

Pour ses absences qui ne passaient nullement inaperçues, il répétait à qui voulait l’entendre qu’il se rendait chez une amie dans une ville voisine. On le croyait sur parole et on allait même jusqu’à le harceler pour qu’il fasse le récit de ses « heddates » un peu spéciales ; il excellait dans l’art de raconter des blagues. Il mettait du zèle dans ses histoires d’amour imaginaires qu’il inventait lui-même. En fait, il ne faisait que transcrire ses rêves et ses fantasmes. Si les autres les croyaient c’est qu’ils éprouvaient aussi les mêmes aspirations et les mêmes désirs. C’était le seul moment où la Carpe daignait ouvrir la bouche. Il était heureux de voir ses camarades suspendus à sa bouche en buvant ses paroles comme un thé qu’on siroterait volontiers, après une soirée d’amour ; il jouissait à les tenir ainsi en haleine et finissait par épouser certains contours de ses histoires.

De tout le groupe, seul Taguigue était au courant de la vérité carpienne. Ces équipées étaient autant d’enseignements que d’encouragements pour lui, car en lui germaient les graines d’une belle escapade. Taguigue était un jeune homme simple et sans problèmes mais n’était pas pour autant heureux. Il venait lui aussi de terminer son cursus, enfin de l’arrêter, car il aurait pu continuer. Il avait stoppé ses études, car il avait compris que cela ne servirait à rien, sauf à perdre du temps et à rater peut-être une occasion de se caser dans l’univers du travail. Les études n’étaient apparemment qu’une( apparemment n'ai normalement jamais suivi de que) fenêtre donnant sur la connaissance sans plus ; elles étaient loin d’être le préalable à une vie décente et ne constituaient nullement le cheval de Troie par lequel on pénétrait à la citadelle.

Les horizons fermés interdisaient tout espoir et ceux qui espéraient étaient encore victimes de la duperie nationale. Taguigue était vraiment malheureux. Son mal, il le portait en lui et avait les couleurs d’Amal. Amal, l’espoir qui n’en était pas un et qui n’en serait jamais, jamais, jamais ! Son cœur était comme un galet fermé sur lui-même. Un galet trop cuit par la fournaise et trempé soudainement dans l’humeur glacée de la réalité de la vie. « Je t’aime Amal à vie », « Toi ! ma vie, lequel de nous deux est plus sûr que l’autre ?La certitude s’enroule en serpent autour de ma philosophie…pour que la raison ne soit finalement qu’un goût de matière grise !..

C'est quand même super bien. Wink Merci pour ce texte
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 17:30

Au(x) fond (tréfonds) de leur mémoire, au fond de leurs yeux, au (plus profond) fond de leurs terroir, au fond (en haut) de leurs cieux, ils retenaient prisonnier cet instant de bonheur. Cela leur donnait la force d’attendre jusqu’au lendemain soir, (à) la même heure, avec la même fougue et la même passion, avec toujours l’espoir (un espoir) grandissant. Taguigue ne s’essuyait que peu (plus) la bouche. Sur ses lèvres était incrusté un baiser de (du) tonnerre. Il sentait encore l’ouate et la soie (de son) (d’un certain) atterrissage. Cela avait été rapide, plus furtif que l’éclair, mais avait eu la force d’un boum (d’une bombe) nucléaire. C’était la seule fois (,) où ils avaient osé sceller leur tendre alliance. (Ce fut) un abouchement des plus merveilleux, exclusif et extraordinaire. C’était (ce fut) l’unique souvenir (, celui) qui lui faisait toujours éprouver le même frisson agréable, le même murmure. Et puis (,) tout s’était tu, tout avait pris fin. La vie cessa de vivre et la terre (Terre) de tourner, ( : ) Amal s’étant (s’était) suicidée. Taguigue épousa [b](éprouva[/b]) la folie et le joint devint la seule issue (qui lui semblât possible) à sa survie. Ce fut grâce à la Carpe qu’il remonta (lentement) un peu la pente (; ils) devinrent deux grands amis.

- C’était comment cette fois ? demanda Taguigue un peu embarrassé. (Comment était-ce cette fois ? Demanda… (forme interrogative !)

- Encore plus difficile que les deux premières, lui répondit la Carpe.

- Il y a eu (Y-a-t-il eu) des morts comme (l’autrefois) avant ? lui (Lui) demanda-t-il, gêné par une telle question (,) et surtout (,) par ce qu’elle (représentait) comportait comme désolation.

- Oui, plus grave encore, lui dit-il, la voix très grave. Tous ont péri (,) sauf nous trois, ajouta-t-il complètement (effondré) chagriné. (chagriné est trop faible)

- …?

- Nous avons été surpris par une tempête, une tempête (une déferlante) d’une (violence si rare que) si rare violence, que j’en garde les stigmates dans mon cerveau.

- Dans ton cerveau ? Questionna Taguigue ahuri.

- Oui ! Dans mon (esprit) cerveau. C’est (ici) que l’on (souffre le plus) a le plus mal (; là), s’opère (s’écrit) le recueil de tous les sens (où résident les plus atroces des souffrances.) et c’est là qu’est atroce la souffrance !

- Raconte-moi (,) s’il te plaît, je veux (désire) tout savoir.

- (Comment puis-je te raconter ?)[/b]Te raconter ? J’aimerais bien, oui, (cependant) mais, (même) avec tout le vocabulaire imaginable, je ne saurais être fidèle (,) tellement c’était fou,(et grandiose.) tellement c’était grandiose. C’est (C’était) plus grand que l’imagination et plus vaste que l’imaginaire : (c’était) C’est indescriptible !

PROPOSITION :
– comment puis-je te le raconter ? J’aimerais bien, cependant, même avec tous le vocabulaire du monde, je ne saurais être fidèle, tellement c’était fou et grandiose. Cela dépassait l’entendement, l’imagination la plus vaste ; je t’assure, cela ne peut se décrire, il n’y a pas de mot pour cela !



- N’empêche ! Dis-moi ce que tu en sais, je m’en (satisferai) contenterai.

- Es-tu toujours intéressé ? Lui demanda la Carpe, un chouia amusé.

- Et (Eh) comment ! Je suffoque ici (,) et je décline (,) (je) Je (me) meurs lentement.

- Cherches-tu une mort rapide ? Le brusqua-t-il sans ménagement(s).

- Oh, (que) non ! J’aime trop la vie, même celle de (d’un) chien.

- Qu’espères-tu, Alors ?

- Je veux tenter ma chance.

- Tu ne pourrais pas survivre, tu es trop calculateur, ce n’est pas un jeu, c’est plus que la mort.
PROPOSITION :
– Tu pourrais ne pas y survivre, tu calcules trop, il ne s’agit pas de jouer, c’est supérieur à la mort.

- Qu’en sais-tu ? Raconte et ne t’occupes pas du reste, ne sommes-nous pas les fils d’une femme?

- Ecoute cher ami, il est (demeure) très douloureux de se rappeler la mort de ses amis. Je t’en prie, épargne-moi cette peine.

- Non, (dit-le) raconte ! Comme si tu (souhaitais leur rendre) leur rendais un dernier hommage.

- Tu es incorrigible et intraitable quand tu t’y mets ; alors (!) par où (dois-je) commencer ?

- Depuis le début et va jusqu’aux détails je t’en (supplie) prie.

- Oh là, là ! Cela à (a) l’air sérieux chez toi !

Taguigue se tut, enveloppé (dans un) d’un mystérieux voile qui (lui) rendit son (le) regard terne et confus.

- Ne me dis pas que…

La carpe ne put terminer sa phrase. Le hochement de tête de son ami fut plus qu’une réponse.

- C’est (Est-ce) pour quand ? Lui demanda-t-il à brûle pourpoint (brûle-pourpoint).

- Dans trois jours.

La réponse vint succincte et laconique ; elle (généra) invoqua un moment de silence.

Cela sembla durer une éternité. (perdurer)

-Je refuse que tu le fasses ! S’emporta la Carpe.

- Ah bon ? Et pourquoi donc, monsieur mon tuteur?

Taguigue était (fut autant) surpris, autant par la signification des propos de son ami que par son injonction.

La carpe rectifia le tir.[b] (Se reprit)


- Ne le prends pas mal, s’il te plaît. J’ai été spontané parce que je t’estime beaucoup et je ne veux pas te perdre.

- Me perdre ? Tu deviens de plus en plus énigmatique, mon cher ami, et tu parles comme si tu détenais la Vérité. Serais-tu devenu devin par hasard ? Et sache que je n’ai pas peur de la mort !
(Mon cher ami avec le tutoiement prend un air ironique mal venu, à mon avis)- Non, comprends-moi (,) il ne faut pas aller trop loin, je suis sincère. Je ne veux pas que tu le fasses, c’est tout.

-La mort et moi cohabitons ensemble dans le même corps. Le jour où l’un de nous serait à l’étroit, eh bien, qu’il fasse le vide ! Et puis sache(apprends) aussi que la mort est la seule (idée, pensée ou réalité) chose qui soit intacte. Elle demeure toujours inviolable (inviolée) malgré (bien que) les pas géants de la science (qui) ose (osent) (se) poser certaines questions. Tout a été souillé par l’homme, même la religion ; même Dieu n’en (ne réchappera pas) réchappa à (nos esprits maléfiques) notre esprit maléfique. Mais (,) face à la mort, tout un chacun se la met en veilleuse. Nous mettons tous (tout) (,) autant que nous sommes, notre queue entre les jambes et baissons la tête à sa seule (pensée) réflexion. Moi, je la respecte pour avoir appris à vivre avec elle dans un pacte qui me donne la possibilité de ne pas la craindre.

- Une possibilité ? Tu m’en bouches un coin.

- Oui, la seule possibilité de ne pas la craindre (consiste à) c’est de prendre toujours des risques. La seule manière de se défaire de l’impression (la crainte) de la mort c’est (implique) de risquer (fort) sa vie (intensément). (à propos !)Justement, revenons à ta question.

- Pourquoi tu le fais, (le fais-tu) (alors que tu le déconseilles ?) si c‘est tellement déconseillé ?
Taguigue le comprenait très bien ; seulement (,) il l’asticotait pour en (extraire) tirer le maximum, dès fois (dans l’éventualité) qu’il aurait tu certaines (informations) choses. (De) Sa sincérité, il n’en doutait absolument pas (,) il le savait honnête et totalement franc, incapable de lui jouer des entourloupettes. S’il avait éludé certaines questions en lui racontant ses précédentes tentatives c’était (et) uniquement à bon escient.

- Je le fais par fidélité (,) (et) beaucoup plus que par serment.

Taguigue le regardait ( Wink étonné, (il ne s’attendait pas) ne s’attendant pas à une telle réponse. La Carpe comprit (en déduisit) son embarras.

- Tu sais mon cher Brahim - le véritable nom de Taguigue - c’est (ce serait) un peu long à t’expliquer, mais sache (,) qu’avant le départ (,) nous nous donnions (comme devise) le mot « tous pour chacun et chacun pour tous » et (,) qu’après (cela)[strike] ça[/strike], nous (nous) jurions de parachever le travail tant que nous serions vivants et (,) de le continuer jusqu’à aboutissement (,) à la mémoire de ceux qui (auraient trouvé la mort) seraient morts. C’était (cela) notre serment : « tenter jusqu’à réussir ou, (complètement) mourir. (on ne meurt jamais un peu !)

- Si tu (avait été tué) étais mort, tu crois (crois-tu) que les autres auraient continué ? Lui demanda Taguigue (,) comme pour l’épingler et déstabiliser sa foi et sa croyance.

- Oui, je le crois, lui répondit-il (si) spontanément (,) (au point) que son ami en fut abasourdi…

- Comment (peux-tu le savoir) le sais-tu, bon (Dieu) dieu?

- Le contraire (me paraît) serait impossible après ce que (tous avaient vu et vécu[/b]) tout le monde avait vu et vécu.

- Ah, merci [b](!)
Nous y revoilà justement, raconte-moi (,) s’il te plait.

- (D’abord,) Promets-moi (d’abord) de tout laisser tomber. (Vague !)- Impossible (,) vieux frère !

- Et pourquoi, est-ce impossible, vieille caboche ?

- Le serment, mon ami, le serment !

- Tu es vraiment incorrigible ! Bon, puisque tu (y) es en plein dedans, je vais te (le) raconter pour que tu saches à quoi t’en tenir.

- Je (te) suis tout ouïe... (à suivre)

Mes commentaires sur le fond à suivre.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeDim 31 Mai 2009 - 17:42

Sur le fond, après avoir situé où se passe l’action avec brio, la découverte des personnages laisse augurer un conflit générationnel sur le fond d’une culture profondément enracinée. Votre présentation des relations entre jeunes est réussie.
La perception particulière de la mort par votre personnage est intéressante et l’attente pour connaître le mystérieux récit à venir bien mené. Que va-t-on apprendre qui soit si terrible ?
Toujours des mots ou des expressions qui surprennent, mais après tout, rien ne l’interdit !
J’ai ressenti la relation grand-frère avec beaucoup de plaisir.

Bien évidemment, mes commentaires ou corrections de toutes natures, ne sont que des propositions
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeLun 1 Juin 2009 - 0:20

Gérard de l'Extrême a écrit:
« Toi ! ma vie, lequel de nous deux est plus sûr que l’autre ? La certitude s’enroule en serpent autour de ma philosophie…pour que la raison ne soit finalement qu’un goût de matière grise !...(à suivre)

Dis-moi ! Toi, ma vie ? De quelle couleur est l’habit que je porte ? Ou bien (,) n’es-tu capable de voir en moi qu’un peu de perte de temps ? Ou bien (peut-être) encore qu’un simple alibi pour que ma route s’en aille sans moi ?

A quelle heure (,) faut-il être à l'heure de ton départ (,) quand la cloche sonnera ? Ou bien (,) n’est-il déjà plus l’heure ? Ou bien (,) ne sera(it)-ce désormais plus l’heure ? Sais(serais)-tu, au moins, qu’un jour (,) tu finiras tout comme moi et qu’à ce moment nous serons ensemble dans le même bain ? Alors (,) pourquoi files-tu toujours sans moi ? Tu changes souvent et (,) ma petite tête mortelle n’arrive plus à donner du vent pour surprendre ta girouette… je te (le) répète…toi (,) ma vie…tu me donnes du (le) tournis et tu gâches souvent la fête…alors arrête (,) et faisons la paix pour une fois …une seule fois !(!!) C’est à quai que les amarres sont jetées et à l’encre (ancre) de mon sang que je t’implore (,) bon sang ! (cette dernière phrase ?)

Donne-moi le temps d’un lacet pour jumeler ma chaussure à ta pointure… !

Donne-moi le temps d’une flétrissure pour que la brisure ne soit qu’une éclaircie.

Donne-moi le temps d’un soupir pour que mon souffle en apnée ne soit jamais l’eau de ma torture.

Donne-moi le temps d’une chance pour qu’enfin commence le bal de l’unique et (la) dernière danse.

(Des métaphores riches et profondes, mais suffisamment vague pour que le lecteur y trouve « chaussure à son pied » ou n’y comprenne rien !)

Toi, ma vie ! Tu t’en vas, toujours sans moi, sans (suivre) mon chemin, sans détour(s) et sans me prendre la main.


Toi ma vie, la locomotive et moi, le dernier wagon de notre train ! »

(Cette citation est trop longue et pas assez détachée de la narration pour qu’elle soit mise en valeur. Peut-être même qu’un changement de polices ne gâcherait rien)

Avait-il écrit sur tout un pan de son mur. Tout le monde le prenait pour un fou (le pensait fou). On disait aussi qu’il planait souvent ; que rarement (,) il avait les pieds sur terre. Les joints (risque de confusion: joints des murs ou drogue?) étaient devenus sa spécialité. Chaque jour que Dieu faisait, il venait se recueillir auprès de ce mur. C’était devenu un rituel à ne point proscrire (cela veut dire bannir, interdire ?). Il commençait son pèlerinage en déclamant le texte d’une voix presque silencieuse comme s’il était dans une confesse et (il) demeurait immobile tout le temps que prenait (durait) sa confession. (Ses aveux) (Contradiction : déclamer c’est parler haut et fort, une voix presque silencieuse ?) Il se souvenait encore, comme si cela ne datait que d’hier (,) : (qu’il) il l’attendait toujours à la sortie du lycée. Elle sortait (émergeait) toujours entourée, (dans le lot,) enveloppée (entourée) par ses copines et (,) il était heureux de la savoir tant aimée et tant respectée. Elles (celles-ci) ne la (quittaient) lâchaient qu’une fois la rue abordée. Alors (,) là, d’un signe de la main qu’elle agitait plusieurs fois, elle en prenait congé. Espiègle et dynamique, elle traversait la rue en donnant de la tête à droite et à gauche pour s’assurer de la rue (circulation) (,) et aussi (,) pour faire jouer ses cheveux noirs et soyeux qui lui tombaient en cascade sur les épaules. Elle répétait ce(s) geste(s) volontairement, car (,) elle se savait observée par celui qui habitait déjà son cœur.
l
La suite à venir. je vous ferais un commentaire sur le fond après avoir tout lu. Il y a plus d'imprecision dans le vocabulaire que la première partie et l'usage du verbe être me semble excessif.

Bonsoir Gérard!
Je vous remercie pour l'interêt que vous accordez à ce texte et pour le temps que vous me consacrez.C'est très gentil de votre part.

j'ai oublié de vous dire que je suis plutôt poète, donc cela deteint sur le style forcément.En effet, le paragraphe consacré à "toi ma vie" est un poème à l'origine.
Oui, pour le problème de la ponctuation.
Quant aux fautes , certaines sont impardonnables comme 'basses'pour baissées.
Je pense et ce n'est que mon avis, que certaines fautes ou incorrections sot surtout à l'interaction de plusieurs cultures.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeLun 1 Juin 2009 - 0:26

Bonsoir Mike!
Merci infiniment d'être là et d'apprécier ce texte que je partage de tout coeur avec vous.Je vous remercie pour votre lecture et vous assure de tenir compte de toutes vos remarques.je vous livre la suite.
A bientôt Mike.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeLun 1 Juin 2009 - 0:31

Gérard de l'Extrême.
Je ne vois qu'un moyen pour vous remercier pour votre lecture pertinente:je vous livre la suite.
Je tiens à vous dire que je prends en compte toutes vos observations et remarques.
Je suis heureux de tomber sur de grands frères.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeLun 1 Juin 2009 - 0:34

- Nous partîmes par une mer d’huile. Notre passeur avait la mine joyeuse et cela avait déteint sur l’ensemble des gars de fortune que l’infortune avait trimballés et regroupés sur cette plage qui avait, il faut le dire, un nom cochon : Oued-El-Hallouf. Nous étions vingt exactement à avoir embarqué ce jour-là, vers trois heures du matin. Le moment fut choisi en raison des patrouilles de gendarmes et surtout des garde-côtes qui étaient sur le pied de guerre. Une dizaine de récidivistes accompagnés de neuf nouveaux candidats, dont une jeune et belle fille d’à peine dix huit ans.

Je disais donc, la mer était calme et aucun souffle ne venait troubler sa quiétude. On n’entendait que le rugissement du moteur qui fouettait ses chevaux pour fendre l’immensité marine qui s’offrait à perte de vue, un désert plein d’eau qui n’en finissait pas de se faufiler sous la quille de la barque qui glissait avec nos espoirs. Tout le monde se taisait, écoutant les ordres du passeur qui, en connaisseur, ordonnait telle ou telle manœuvre, qu’on se devait d’exécuter à la lettre pour ne pas mettre en danger tout l’équipage. L’ambiance était bon enfant et nous espérions apercevoir les côtes tard vers le soir. J’avais quelque chose accroché au cœur ; je ne pouvais croire à cette paix translucide. C’était trop beau pour y croire. Tout baignait dans l’huile depuis le départ et cela avait mauvais augure.

J’ai récité des imprécations pour vaincre le mauvais sort et j’attendais scrutant le ciel. Je fus sidéré : les étoiles que j’apercevais tantôt au loin ne diffusaient plus leur clair-obscur et un coup de vent se préparait car l’on sentait son souffle nous accaparer par tous les bords. Oh mon Dieu ! Faites que la mer lourde et dormante ne se soulève ! Le vent nous surprit. La tempête était là. Le vent nous ramenait jusque dans nos oreilles, avec ses sifflements stridents, le bruit amplifié des montagnes qui s’écroulaient au loin dans la mer. Le passeur fut tout aussi surpris que nous. La peur le saisit autant que nous. Cependant il demeurait le maître à bord et on le voyait déployer tous les efforts pour maintenir à flot notre barque qui s’en tirait pas mal quand-même.

Le vent s’amenait, aplanissait la surface encore docile de l’eau qui se prêtait à son jeu. Puis la mer se creusait sous notre barque qui s’enfonçait éperdument dans le trou géant laissé par la flotte qui se reconstituait de l’autre côté en une muraille gigantesque qui nous cachait une bonne partie du ciel au-dessus de nos têtes. On sentait les vagues se gonfler, murmurantes et menaçantes autour de nous et l’on devinait que le plus dur n’avait pas encore commencé. Le ciel se déchira en un éclair foudroyant suivi d’un tonnerre inondant la mer entière. Il dévoila des nuages trop sombres et trop chargés. La pluie entra en scène ajoutant de l’eau à l’eau. Le ciel et la mer de connivence se refermèrent sur nous. Des murs d’eau nous assiégèrent en un quart de tour. Nous étions encore loin de la terre ferme. Nous étions sérieusement engagés, au vu du temps qui s’était écoulé pour espérer rebrousser chemin. D’ailleurs l’aurions-nous pu ? J’en doutais fort, au point où en étaient les choses. Le passeur se démenait pour maintenir le gouvernail mais celui-ci refusait de le suivre dans sa manœuvre, car il était inutile sans le moteur qui avait rendu l’âme.

La pluie tombait à torrent et la barque tanguait dangereusement. L’eau nous arrivait presque aux genoux et tout le monde se mettait de la partie pour vider la quantité qu’il pouvait. On déséquilibrait sérieusement notre embarcation, tellement nos mouvements étaient désordonnés et irréfléchis. Au bout de quelques minutes la pluie cessa de nous tourmenter, mais la mer aussi démontée ne nous épargna pas. Le vent rageur soufflait encore, pour emporter plus loin l’orage qu’il avait amené sur notre cours. Du sommet d’une lame où notre barque était ballottée, le passeur cria comme un homme égaré « nous sommes perdus ». Des pleurs étouffés se firent entendre parmi nous, puis éclatèrent de plus belle dans une hystérie dont seule la peur en avait le secret. Nous étions tous victimes de la terreur.

Les anciens comme les nouveaux et surtout la petite sœur qui, assise dans un coin, regardait les yeux hagards l’eau qui lui arrivait de toute part. L’onde se creusa et nous nous enfonçâmes dans le trou, avec cette sensation de nausée qui vous saisit aux entrailles, qui ne vous relâche qu’une fois que vous les aurez complètement vidées. Ce n’est qu’étourdis, que nous nous élevions sur le dos d’une autre lame, plus dense et plus vertigineuse. Nous avions les yeux fixés sur les yeux, y cherchant un quelconque secours, dans un supplice qui n’avait d’égal que notre étourdissement à monter sur les flancs des lames montantes et à se précipiter dans le gouffre amer au milieu des écumes des lames descendantes. C ‘était comme si nous étions morts et qu’on descendait notre cercueil dans une tombe collective. Nous étions ensemble et chacun était enfermé dans une solitude immense, aussi immense que la peur des ténèbres infernales qui nous entouraient. C’était un enfer indescriptible.

Les monts et les creux se succédaient, rapides et sans fin, et nous, ballottés et transportés à leur gré, attendions le moment fatidique où la barque se disloquerait, nous jetant dans la gueule géante et glaciale de la mer houleuse et déchaînée. Le vent, plus fort que jamais, comme s’il était mécontent de notre sort, s’acharnait de plus belle sur la mer en la soulevant de toutes ses forces. Celle-ci comme habitée par un démon, bouillonnait furieusement en confectionnant des vagues qui, faute d’espace vital pour fuir la fournaise, s’amoncelaient sur elles-mêmes dans un roulement extraordinaire, puis s’éparpillaient ensuite avec fracas en se mêlant à la folie d’autres vagues. Je ne peux affirmer si nous avancions ou si nous tournions en rond, tellement nos têtes prises dans le tourment, ne percevaient plus cette notion d’espace et de temps. Puis survint ce que tout le monde redoutait, attendait mais n’espérait point. Une grosse lame, ou petite, je n’en sais fichtre rien, s’engouffra totalement dans notre barque en nous expédiant dans tous les sens. Et là, tout sombra.

Je me suis retrouvé coincé entre le passeur et la jeune fille qui grelottait de peur et de froid. On entendait dans la bourrasque, le claquement involontaire de ses dents, témoignant de la profondeur de sa détresse et de sa misère. Cela faisait plus de six heures, depuis que nous avions quitté notre plage et il faisait toujours noir, mais on apercevait quand-même la lueur de l’aube qui pointait alentour, alors que la mer retrouvait ses plus basses ardeurs. Transis de froid et de peur, nous attendions notre heure, accrochés l’un à l’autre et surtout au passeur qui apparemment portait un gilet de sauvetage. C’était peut être cela notre seule aubaine. Nous fûmes sauvés in extremis par ceux qui nous faisaient continuellement la chasse. J’appris par la suite que nous étions les seuls rescapés de notre naufrage.

La carpe se tut un instant avant d’annoncer :

- Observons une minute de silence, prions pour ces soldats de l’eau oubliés, prions pour la paix de leurs âmes. Joignant le geste à la parole, il se mit à psalmodier des rogations dans ses mains unies à hauteur de son visage… Taguigue réprimant quelque chose, garda le silence. L’instant se creusa en une éternité.

- Puisse Dieu vous accorder sa miséricorde ! Clôtura la Carpe les larmes aux yeux.

- Amen ô Dieu des mondes, lui répondit Taguigue d’une voie émue avant d’ajouter :

- Et tu comptes toujours recommencer ?

- Tu sais, j’aurais peut être eu l’idée d’arrêter, mais le passage à tabac et l’interrogatoire crapuleux qui nous ont été réservés par les autorités me poussent à tenter le diable que de rester à subir les pires des avanies dans ce pays. Nous avons été humiliés dans nos corps et nos âmes, par contre lors de notre deuxième tentative qui fut d’ailleurs presque une réussite, seulement en foulant le sol italien, nous avons été surpris par les carabiniers. Nous avons été choyés, nourris, habillés et bien reçus par ceux censés nous balancer dans la mer sans s’apitoyer sur notre sort. Nous avons même été assistés médicalement et psychologiquement.

- Tu as raison, vaut mieux un italien qu’un algérien dans le coin. Foutons tous, le camp d’ici !

- Oui, moi je me sens maintenant beaucoup plus italien qu’algérien, je préfère rentrer chez moi. A bientôt alors ?

- A bientôt ? Est-ce à dire… ?Ne me dis pas que…

Ne s’attendant point à une telle tournure, Taguigue sous l’effet de la surprise ne put exprimer convenablement tout ce qu’il voulait dire.

-Si !je suis l’organisateur et le passeur de ton prochain voyage !(fin)
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeLun 1 Juin 2009 - 12:22

- Nous (étions partis) partîmes par une mer d’huile. Notre passeur avait la mine joyeuse et cela avait déteint sur l’ensemble des gars de fortune que l’infortune avait trimballés et regroupés sur cette plage qui avait, il faut (fallait) le dire, un nom cochon : Oued-El-Hallouf. Nous étions vingt exactement à (embarquer) avoir embarqué ce jour-là, vers trois heures du matin. Le moment fut choisi en raison des patrouilles de gendarmes et surtout des garde-côtes qui étaient sur le pied de guerre. Une dizaine de récidivistes accompagnés de neuf nouveaux candidats, dont une jeune et belle fille d’à peine (plus de) dix huit (dix-huit ans) ans.

(Nous étions vingt exactement… Une dizaine de récidivistes + neuf = 19 il manque et moi le narrateur ou plus une jeune fille)

Je disais donc, la mer était calme et aucun souffle ne venait troubler sa quiétude. On n’entendait (nous n’entendions) que le rugissement du moteur qui fouettait ses chevaux pour fendre l’immensité marine qui s’offrait à perte de vue, un désert plein d’eau qui n’en finissait pas de se faufiler sous la quille de la barque qui glissait avec nos espoirs. Tout le monde se taisait, écoutant les ordres du passeur qui, en connaisseur, ordonnait telle ou telle manœuvre, qu’on se devait (que nous devions exécuter) d’exécuter à la lettre pour ne pas mettre en danger tout l’équipage. L’ambiance était bon enfant et nous espérions apercevoir les côtes (,) tard vers le soir. J’avais quelque chose accroché au cœur ; je ne pouvais (présumer) croire à cette paix translucide. C’était trop beau pour y croire. Tout baignait dans l’huile depuis le départ et cela (n’était pas de bonne augure) avait mauvais augure.

J’ai récité des imprécations (,) pour vaincre le mauvais sort (,) et j’attendais scrutant le ciel. Je fus (inquiet) sidéré : les étoiles que j’apercevais (depuis le début) tantôt au loin ne diffusaient plus leur clair-obscur et (,) un coup de vent se préparait (,) car l’on (on) sentait son souffle nous (aborder de toutes parts) accaparer par tous les bords. Oh mon Dieu ! Faites que la mer lourde et dormante ne se soulève (pas) ! Le vent (la bourrasque, Eole) nous surprit. La tempête était là. Le vent (nous) ramenait jusque dans (jusqu’à) nos oreilles, avec ses sifflements stridents, le bruit amplifié des montagnes qui s’écroulaient au loin dans la mer.

(l’image du relief côtier qui diminue n’est pas réussi, ce que vous avez écrit fait plus penser à un tremblement de terre. Si c’est ce que vouliez exprimer par analogie il fallait dire : j’avais le sentiment que le vent…)

Le passeur fut tout aussi surpris que nous. La peur le saisit (aussi) autant que nous. Cependant (,) il demeurait le maître à bord et (nous le voyions) on le voyait déployer tous les efforts (nécessaires) pour maintenir à flot notre barque qui s’en tirait pas mal quand-même. (Qui ne s’en tirait pas si mal)

Le vent s’amenait (forcit), aplanissait (apalanit) la surface encore docile de l’eau qui se prêtait à son jeu. Puis (,) la mer se creusait (creusa) sous notre barque qui s’enfonçait éperdument dans le trou géant laissé par la flotte (l’onde) qui se reconstituait de l’autre côté (,) en une muraille gigantesque qui nous cachait (cracha) une bonne partie du ciel au-dessus de nos têtes. On sentait (nous sentions) les vagues se gonfler, murmurantes et menaçantes (Wink (tout) autour de nous (,) (nous devinions) et l’on devinait que le plus dur n’avait pas encore commencé. Le ciel se déchira en un éclair foudroyant (,) suivi d’un tonnerre (assourdissant) inondant la mer entière. Il dévoila des nuages (très) trop sombres et trop chargés. La pluie entra en scène (,) ajoutant de l’eau à l’eau. Le ciel et la mer (,) de (en) connivence (,) se refermèrent sur nous. Des murs d’eau nous assiégèrent en un quart de tour. (alors que) Nous étions encore loin de la terre ferme. Nous étions (profondément) sérieusement engagés, au (regard) vu du temps qui s’était écoulé pour espérer rebrousser chemin. D’ailleurs (,) l’aurions-nous pu ? J’en doutais fort, (dans notre situation) au point où en étaient les choses. Le passeur se démenait pour maintenir le gouvernail (,) mais celui-ci (ne servait à rien dans la manœuvre) refusait de le suivre dans sa manœuvre, car il était inutile sans le moteur qui avait rendu l’âme.

La pluie tombait à torrent et la barque tanguait dangereusement. L’eau nous arrivait presque aux genoux et (,) tout le monde se (mit au travail) mettait de la partie pour vider la quantité (d’eau) qu’il pouvait. (nous déséquilibrions) On déséquilibrait sérieusement notre embarcation, tellement (à cause de) nos mouvements (étaient) désordonnés et irréfléchis. Au bout de quelques minutes (,) la pluie cessa de nous tourmenter, mais (mais, aussi démontée, la mer..) la mer aussi démontée ne nous épargna pas. Le vent rageur soufflait (toujours) encore, pour emporter plus (au) loin l’orage qu’il avait amené sur notre (chemin) cours. Du (au) sommet d’une lame où notre barque (se ballotait) était ballottée, le passeur cria comme un homme égaré « nous sommes perdus ». Des pleurs étouffés se firent entendre (parmi nous), puis éclatèrent de plus belle dans une hystérie dont seule la peur en avait le secret. Nous étions tous victimes de la terreur.

Les anciens comme les nouveaux (,) et surtout la petite sœur (qui,) assise dans un coin, regardait (regardaient) les yeux hagards l’eau qui lui (leur) arrivait de toute part. L’onde se creusa et nous nous enfonçâmes dans le (fond) trou, avec cette sensation de nausée(s) qui vous saisit (saisissent) aux entrailles, (et) qui ne vous relâche (relâchent) qu’une fois (qu’après) que vous les aurez (ayez) complètement vidées. Ce n’est (ce ne fut) qu’étourdis, que nous nous élevions (élevâmes) sur le dos d’une autre lame, plus dense et plus vertigineuse. Nous (gardâmes) avions les yeux fixés sur (le regard des autres) les yeux, (y) cherchant un quelconque secours dans un supplice qui n’avait d’égal que notre étourdissement à monter sur les flancs des lames montantes et à se (nous) précipiter dans le gouffre amer (,) au milieu des écumes des lames descendantes. C’était comme si nous étions morts et qu’on (qu’une main invisible) descendait notre cercueil dans une tombe collective. Nous étions (subissions) ensemble et chacun était enfermé dans une solitude immense, (Wink aussi immense (démesurée) que la peur des ténèbres infernales qui nous entouraient. C’était un enfer indescriptible.

Les monts et les creux se succédaient, rapides et sans fin, et nous, ballottés et transportés à leur gré, attendions le moment fatidique (l’inévitable moment) où la barque se (disloquera) disloquerait, nous jetant dans la gueule géante et glaciale de la mer (houleuse et déchaînée). Le vent, plus fort que jamais, comme (s’il n’acceptait pas) s’il était mécontent de notre sort, s’acharnait de plus belle (sur la mer) en (la) soulevant (la mer) de toutes ses forces. Celle-ci (,) comme habitée par un démon, bouillonnait furieusement en confectionnant des vagues qui, faute d’espace vital pour fuir la (l’agitation) fournaise, s’amoncelaient sur elles-mêmes dans un roulement extraordinaire, puis s’éparpillaient (ensuite) avec fracas en se mêlant à la folie (des autres) d’autres vagues. Je ne (pouvais) peux affirmer si nous avancions ou si nous tournions en rond, tellement nos têtes (,) prises dans le tourment, ne percevaient plus cette (la) notion d’espace et de temps. Puis survint (,) ce que tout le monde redoutait, attendait mais (ne souhaitait) n’espérait point. Une grosse lame, (…) ou petite, je n’en (sus) sais fichtre rien, s’engouffra totalement dans notre barque en nous expédiant dans (toutes les directions) tous les sens. Et là, tout sombra.

Je me suis retrouvé (blotti) coincé entre le passeur et la jeune fille qui grelottait (grelottaient) de peur et de froid. On entendait dans la bourrasque, le claquement involontaire de ses (des) dents, témoignant de la profondeur de sa (notre) détresse et de sa (notre) misère. Cela faisait (après plus) plus de six heures (, depuis) que nous avions quitté notre plage (, il faisait) et il faisait toujours (nuit) noir, mais on apercevait (nous apercevions tout de même) quand-même la lueur de l’aube qui pointait (vers l’est) alentour, alors que la mer retrouvait ses plus basses ardeurs. Transis de froid et de peur, nous attendions (la mort) notre heure, accrochés l’un à l’autre(, car nous flottions grâce au passeur) et surtout au passeur qui (apparemment) portait un gilet de sauvetage. C’était peut être (peut-être) cela notre seule (chance, fortune) aubaine. Nous fûmes sauvés in extremis par ceux qui nous (traquaient) (faisaient) continuellement (la chasse). J’appris par la suite que nous (fûmes) étions les seuls rescapés de notre naufrage.

La carpe se tut un instant avant (de demander Smile d’annoncer :

- Observons une minute de silence, prions pour ces soldats de l’eau oubliés, prions pour la paix de leurs âmes. Joignant le geste à la parole, il se mit à psalmodier des rogations dans ses mains unies à hauteur de son visage… Taguigue réprimant quelque chose, (mécontent ?) garda le silence. L’instant se creusa en (dura) une éternité.

- Puisse Dieu vous accorder sa miséricorde ! Clôtura la Carpe (,) les larmes aux yeux.

- Amen (,) ô Dieu des mondes, lui répondit Taguigue d’une voie (voix) émue avant d’ajouter :

- Et tu comptes (comptes-tu) toujours recommencer ?

- Tu sais, j’aurais peut être (peut-être) eu l’idée d’arrêter, mais le passage à tabac et l’interrogatoire crapuleux qui nous (avaient) ont été réservés par les autorités ( ???) me poussent à tenter le diable (plutôt) que de rester à subir les pires des avanies ( ???) dans ce pays. Nous avons été humiliés dans nos corps et nos âmes, par contre (,) lors de notre deuxième tentative (,) qui fut d’ailleurs presque une réussite, (sauf qu’en foulant) seulement en foulant le sol italien, nous avons (avions) été surpris par les carabiniers. Nous avons (avions) été choyés, nourris, habillés et bien reçus par ceux censés nous balancer dans la mer sans s’apitoyer sur notre sort. Nous avons (avions) même été assistés médicalement et psychologiquement.

- Tu as raison, vaut mieux (mieux vaut) un (Italien) italien qu’un (Algérien) algérien (dans le coin). Foutons tous, (foutons-tous) le camp d’ici !

- Oui, moi (,) je me sens maintenant beaucoup plus italien qu’algérien, je préfère rentrer chez moi. A bientôt (,) alors (!) ?

- A bientôt ? Est-ce à dire… ? Ne me dis pas que…

Ne s’attendant point (que les événements tournent ainsi) à une telle tournure, Taguigue (,) sous l’effet de la surprise (,) ne put exprimer convenablement tout ce qu’il voulait dire.

-Si ! (Je) je suis l’organisateur et le passeur de ton prochain voyage !

(fin)

LE FOND:

La fin de l’histoire annonce que le cycle migratoire n’est pas sur le point de s’inverser, mais dans l’esprit, de s’amplifier vers un développement qui paraît irrationnel.
Sur le fond, votre écrit n’a pas assez développé les causes profondes de cette volonté de fuir son pays, ou peut-être, de trouver une facilité ailleurs. En lisant votre texte, le lecteur ne peut se contenter d’une cause aussi futile que le conflit générationnel ou les interdits traditionnels (qui existent dans toutes les civilisations) J’imagine que votre idée était de nous dépeindre ce que vivent les « bienheureux » qui peuvent tenter l’aventure. Là, c’est une réussite, bien que votre approche poétique ne colle pas avec le drame qui se joue.
Le mal-vivre, la souffrance de la jeunesse à l’horizon bouché, ne transpire pas. Un sujet aussi douloureux ne peut omettre l’aspect psychologique.
Votre narration est bonne sur le plan descriptif, mais sans relief philosophique.
Excusez mes commentaires sévères, ils sont émis avec sincérité et spontanéité.

Globalement, votre style est agréable, votre vocabulaire est assez juste, trop de répétitions et de fautes de ponctuation.

Dans l’espoir de pouvoir vous lire encore.
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MessageSujet: Re: Voyage d'enfer   Voyage d'enfer Icon_minitimeMer 3 Juin 2009 - 14:58

Bonjour,
Je ne peux que vous remercier pour tout l'nterêt que vous avez accordé à ce texte et à ce récit.Certes , j'aurais pu aller au-delà, mais à ce moment c'est un roman que j'aurais ecrit.Par ce texte court, j'ai voulu montrer toute la tragédie de cette jeunesse perdue qui s'accroche à des chimères en croyant en cet Eldorado de l'autre coté de la mer.Des jeunes bravant la mort et défiant les océans pour seul armes un espoir très fort et des chances éphémères.

Je suis heureux de vous avoir comme lecteur!
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