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 Le cycle de May T1: Naissance

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MessageSujet: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeSam 20 Nov 2010 - 13:29

Mon bébé, mon tout petit, celui que je ne cesse d'écrire et réécrire à cause de mon exigence des plus incongrues vu ma paresse... en voici le résumé (tome 1 )

Terre, année indéterminée.

May, jeune adolescente de quatorze ans, suit le cours d'une vie monotone dans un environnement aisé, accompagnée de ses amis Kaéra, Mannick et Willys, sans oublier son frère de coeur, Tchang-peï. Hélas, le père de celui-ci est décédé il y quatre ans dans des circonstances mystérieuses. Dans la clairière qui vit le désastre, May s'en vient rendre hommage aux morts et attendre. Mais quoi? Et quelle est cette voix, si semblable à celle de son ami, qui résonne dans son esprit au coeur de la nuit?

________________________

Kanëo, 1895

Nérion, quatorze printemps, voit avec peine et désespoir son pays asservit par des hommes venus d'un autre monde, les Envahisseurs. Alors que la résistance s'organise, lointaine, des massacre aveugles sont perpétrés par les démons libérés, les magiciens sont exécutés et toute forme de magie proscrite. Malgré ce désaventage certain, cela n'empêche pas Messra, sa meilleure amie, de pester à corps et à cris, en l'attente de quelque évênement qui renverrait ces intrus chez eux. Mais quoi?

________________________

Quatre destins, et puis tant d'autres, liés au coeur de ce drame, mais toutes criant ce même appel à la liberté, envers et contre tous ces cruels fils du destin guidant leurs vies.

Au fond... Qui est le véritable coupable de cette tragédie, lorsque les Dieux voient le désastre de leurs palais d'étoiles, impuissants?
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeSam 20 Nov 2010 - 13:36

Chapitre 1: Vies éloignées

Le vent secouait lascivement les branches des arbres au bord de la route. Le lieu, sombre et désolé, ne manifestait aucune présence humaine autre que la carcasse délabrée d'un vieux bâtiment. Dans un rayon de cent mètres alentours, il n'était pas une seule trace de verdure. La poussière noir se soulevait pas pans puis retombait sous les sifflements des courants d'air. Malgré le soleil, la lumière semblait filtrée par les nuages, qui brillaient par leur absence. Un silence angoissant planait, pas même rompu par un chant d'oiseau. Au-delà du cercle brûlé, une vaste forêt avait reprit place, à près d'une semaine de route de la capitale de l'Île. Le gouvernement, horrifié par la catastrophe, avait préféré laisser l'endroit tel quel, comme un mémorial aux victimes.

La jeune fille se dressait à la limite du cercle noir, immobile. Son être, entièrement vêtu de noir, exhalait un sentiment tout aussi sombre. Seules tranchaient, ors de la capuche rabattue, de fines mèches rousses, en résonnance avec les prunelles d'un brun rouge perdues dans le vague. Elle attendait, statue d'ébène, de cuivre et d'ivoire, tandis qu'un mince filet de vapeur s'échappait comme coupable de ses lèvres presque violacées de froid. Mélancolique, elle attendait.

Mais quoi? Le lieu était vide depuis près de cinq ans. Depuis l'explosion. Une détonation assourdissante qui avait longtemps résonné. De violent flashs lumineux, alors que s'élevait un étrange nuage noir, emboîtement de cercles poudreux dans le ciel soudain gris. Ces images, on les avait vues tant de fois à la télévision que quiconque pourrait les décrire en détail. Son meilleur ami plus qu'elle, sans doute.

La jeune fille s'appelait May. Orpheline de mère depuis sa première heure de vie, elle logeait en ville, non loin de cette clairière dévastée. Son voisin de palier n'était autre que son meilleur ami. Tchang-peï, né exactement le même jour de Mai. Une étrange coïncidence qui les avait rapprochés aussi sûrement que May eut pour nourrice la mère du jeune garçon. Une amitié qui les liait depuis le berceau, malgré ses hauts et ses bas... Et actuellement, c'était plutôt un bas... Depuis cinq ans. A présent, le jeune homme était sombre et renfermé, souvent à aider sa mère, alors qu'autrefois, il était toujours partant pour une quelconque escapade. Depuis la mort soudaine de son père dans l'explosion du petit laboratoire, il avait changé. Trop changé. Elle ne le reconnaissait presque plus, ce frère soudain perdu, laissant May à son amère solitude. Car si Charles, son père à elle, était toujours en vie, et donnait suffisamment de nouvelles pour confirmer son existence, son absence perpétuelle le faisait passer pour mort aux yeux de sa propre fille.

May écrasa fermement les broussailles qui barraient son chemin pour le retour. Ce pèlerinage n'avait sans doute aucun intérêt d'un point de vue extérieur. Mais pour elle, il s'agissait de rendre hommage à celui dont le fils en était incapable. Osamu fut un homme bon, toujours joyeux, le cœur sur la main. L'oubli n'était pas le sort qui lui correspondrait.

Une heure durant, la jeune fille parcourut les sentiers ombragés, ses pensées divaguant sur les résultats d'une nouvelle année de silence et sur l'avenir. Dans une semaine, elle devrait faire face à son géniteur pour ses choix d'orientation. A la rentrée prochaine, elle entrerait au lycée. Et quoi qu'en dise son père, elle n'irait pas dans une branche scientifique comme lui et sa mère. Jamais. Tout plutôt que de devenir le reflet d'une personne qu'elle n'avait jamais connue.

Parvenant enfin à l'orée du bois, May rejoignit l'arrêt de bus et patienta, jouant avec les lanières de sa capuche. La clairière était désormais trop loin pour que son atmosphère paisiblement sinistre ne l'apaise ni ne la rassure. C'est le cœur lourd qu'elle regarda s'éloigner son repère, presque malsain mais nécessaire, son refuge à l'abri des regards. Aucun de ses proches ne comprenait pourquoi, d'ailleurs, elle tenait tant à se rendre dans cet endroit. Elle non plus, d'ailleurs. C'était ainsi. Peut-être un quelconque intérêt morbide, même si elle ne sentait pas plus attirée que ça par la chose... Mais il émanait de cette clairière une telle paix que tous ses soucis s'envolaient...

May soupira et se reconcentra sur la route. Le bus franchissait à présent la limite des lotissements, une succession de maisons modernes à l'allure de sinistres moutons. Toutes blanches, bien entretenues par une rivalité entre voisins, les toits recouverts de panneaux solaires. Petits jardins au carré, il n'émanait rien de cette ville hors de la ville. Seul le froid et l'impersonnalité. Ensuite arrivèrent les premiers feux, puis les commerces et enfin els immeubles. Immenses monolithes de verre et de béton, aussi attirants qu'un tombeau en plein air. Elle descendit.

En grimpant les marches de son lieu de vie, May éplucha distraitement le courrier, ce qui était pour elle et ce qu'il lui faudrait envoyer à son père. Parvenue au septième étage, la jeune fille s'arrêta face au numéro douze, silencieuse. Elle déposa ses lettres dans la boîte du treize et revint frapper. Une petite femme à la peau claire, ridée bien plus qu'elle ne le devrait vint lui ouvrir. Une longue chevelure corbeau lui descendait jusqu'aux reins, encadrant un regard noisette un peu éteint.

-Bonjour, Catherine.
-Ah! Ma petite May! Toi aussi tu viens le voir?
-Les autres sont là?
-Comme tous les ans, admit la quarantenaire, d'un sourire crispé. Va donc les rejoindre, je vous ramène de quoi grignoter.
-Merci.

May s'engagea dans le couloir aux tapisseries chaudes et colorées. Catherine, bien qu'éplorée, avait fait de son mieux pour que ses enfants vivent convenablement. C'était une battante, qui n'hésitait pas à aller jusqu'au bout de sa volonté. Le deuil ne venait pas à bout d'une telle personne. Rien n'en venait à bout. Pas même deux gamins hyperactifs. Un sourire amer se dessina sur les lèvres tristes de la jeune fille, tandis que ses doigts effleuraient un vieux dessin au crayon feutre. Elle avait quatre ans, à l'époque. Malgré tous les efforts de Catherine, le mur ambre n'avait jamais pu se séparer de ce petit bonhomme noir aux contours maladroits. A quatre ans, elle était heureuse.

May frappa à la porte bleue face à elle. Le faible brouhaha s'interrompit tandis qu'on lui ouvrait. Poignée en main, Tchang-peï l'invita à entrer. Malgré ses quatorze ans, le jeune garçon frôlait d'hors et déjà le mètre quatre-vingt. Il avait hérité des cheveux noirs de sa mère, mais pour ce qui était du reste, c'était difficile à dire: yeux d'un bleu profond, silhouette dégingandée, et peau mate. Il s'écarta après un signe de tête, laissant son amie entrer.

La chambre bleue était remplie de gadgets en tous genres. Pas une trace de poussière, ce jeune perfectionniste ne l'aurait jamais toléré. Sur la moquette, les trois autres membres du groupe la saluèrent.

-Hey, May, t'as mit le temps!
-Yo!
-Salut.

Tout d'abord, Kaéra. Grande brune aux yeux verts, sportive et comme montée sur ressorts. Plutôt jolie, elle avait cependant le défaut d'être terriblement capricieuse et jalouse. Ce qu'elle voulait, nul autre ne devait désirer. Sa mère, d'origine asiatique, avait bien veillé à ce que sa progéniture ne se laisse pas marcher sur les pieds. Pari réussi.

Ensuite venaient Mannick et Willys, deux jumeaux. Tous deux châtains et de carrure moyenne, ils se différenciaient par leurs yeux, le premier ayant le regard noisette, l'autre bleu-gris. Mais leur principale différence résidait dans leurs caractères respectifs, aux antipodes l'un de l'autre. Si Mannick était un casse-cou bagarreur, extraverti et passionné par les félins, Willys était un garçon introverti, ne vivant que par les livres et amateur de photographie. De leur contraste permanent naissait une complicité qui leur était propre, bien qu'incompréhensible.

-Qu'est-ce qui t'as retenu pour que t'arrive aussi tard? demanda Kaéra.
-Pas vu l'heure, et le bus était en retard.
-Encore? s'exclama la jeune asiatique, mi-surprise, mi-blasée, Y'a quoi de si bien dans ce trou perdu pour que tu puisses tout oublier comme ça?
- Je ne sais pas, répondit May.
-C'est... morbide..., glissa Mannick, en jetant un coup d'œil à son frère qui acquiesça.
-J'y peux rien, cette forêt m'attire, c'est tout.
-C'est comment, là-bas? demanda Kaéra, s'assurant que Tchang-peï n'ait pas de réaction trop violente, ça a changé?
-Pas vraiment. Le cercle de poussière n'a pas changé, il n'y a pas une seule plante. Un morceau de l'aile Nord s'est effondré, mais pas de trace de mousse. Tout autour, la verdure a tout effacé.
-C'est étrange, murmura Willys, hésitant. Ce n'était pourtant pas une déflagration nucléaire, ils n'auraient autorisé personne à s'en approcher...
-Non, ce n'en était pas une, assena Tchang-peï, sombre.

Silence.

-On nous a dit qu'il s'agissait de produit dangereux qui auraient explosés lors de leur transports aux abords de la centrale, rien de plus, ajouta-t-il en crispa ses doigts sur les draps de son lit.

Son ton grave clôtura fermement la discussion. Un nouveau silence gêné s'installa. On toqua à la porte, et Lili, sa petite sœur, entra, un plateau dans les mains. Agée de dix ans, elle ressemblait beaucoup à sa mère.

-M'man part faire quelques courses.
-Comprit.

Kaéra attendit le départ de la fillette, prit une inspiration puis lança un nouveau sujet de discussion pour alléger l'atmosphère.

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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeSam 20 Nov 2010 - 13:37

(Partie 2)
Nérion s'ennuyait. Comme tous les jours, alors qu'il gardait le troupeau près du fleuve, quelques kilomètres au Nord de Miruno. Il fallait dire que ce n'était pas une dizaine de chèvres surveillées qui attireraient prédateurs ou voleurs... surtout quand une jeune surexcitée ne cessait de tourner autour.

-Messra, ça sert à rien de bouger autant..., soupira le jeune garçon.
-Mais Nérion, on ne sait jamais...
-Tsss...

La raison de leur amitié paraissait obscure à bien des villageois. Rien ne semblait pouvoir les lier. Si Nérion était plutôt mature pour ses quatorze ans, silencieux et réfléchit, Messra profitait de tout avec de grands yeux d'enfant émerveillée, malgré _ ou peut-être à case _ d'un passé plutôt chaotique. Vivant autrefois avec sa famille dans le village de Mimi-oka, celui-ci fut attaqué un soir par un groupe de démons qui le rasèrent littéralement. Ceux qui purent échapper à la destruction furent traqués, ce qui coûta la vie aux deux frères aînés de Messra ainsi que sa petite sœur. Sa mère perdit un bras, mais les quatre survivants purent quitter la région, Pour ensuite rallier Miruno.

Bien que ces horreurs restassent profondément ancrées dans sa mémoire, La jeune fille restait bien trop souvent naïve. Mais elle compensait ce défaut d'un caractère de cochon, aux antipodes d'un Nérion bien plus facile à vivre. Souvent rêveur, le garçon avait les cheveux noirs d'encre et des yeux bruns aux étranges reflets fauves. Chose bien surprenant dans une famille dont les membres étaient essentiellement blonds aux yeux clairs. Messra, elle, arborait de longs cheveux roux, souvent retenus en deux nattes, parcourus de quelques mèches d'un noir aussi profond que celui de ses yeux.

-J'en reviens pas que les Envahisseurs aient le toupet de venir s'installer à côté du village, lança-t-elle en frappant dans un caillou.
-On y peut rien. Même les magiciens n'ont rien pu faire contre eux, assena son ami, las.
-Mais quand même! Depuis qu'ils sont là, il n'y a que des problèmes! cracha-t-elle. Ils sortent les démons de leurs retraite et les laissent détruire nos villages sans rien faire, pillent nos ressources, assouvissent nos chefs, tuent nos magiciens et en plus ils ont le culot de nous demander de coopérer. Ils ne sont même pas d'ici!

Un nouveau caillou vola. Quelque part, la rage de la jeune fille se comprenait. Ces gens étaient apparus de nulle part, armées d'étranges objets de métal capables de pourfendre un homme de très loin, ou de faire naître la foudre. Les magiciens avaient été balayés pour avoir tenté de lutter. Afin d'éviter le massacre, l'empereur avait rendu les armes et cédé aux conditions de ces hommes-machines. Depuis un peu plus de quatre ans, presque cinq, le pays était entre leurs mains. Ils exploitaient le peuple et se permettaient les pires injustices. Le peuple grondait, mais rien ne pouvait être fait. Les magiciens se cachaient, les elfes et les fées s'étaient retirés. La situation semblait sans espoir. Du moins pour eux, simples petits fermiers du pays de Kanëo, à l'importance bien moindre dans la balance de leur libération.

-Laisse tomber, Messra, je sais, souffla Nérion, pour couper court au flot d'insultes qui suivait généralement.
-Mais ça ne te révolte pas, toi?
-Oh, si... Bien plus que tu ne le crois, mais que veux-tu? On ne peut pas faire quoi que ce soit. A la moindre menace, ils peuvent raser une ville pour l'exemple. Alors que pourrait-on faire, hein?
-Je ne sais pas, je...
-On ne peut rien faire pour l'instant. Aide-moi à rassembler les bêtes, il est temps de remonter dans la plaine.

Le jeune homme se releva et épousseta son pantalon de toile. De couleur jaune pâle, aussi souple qu'une peau bien travaillée, l'étoffe laissait suffisamment de liberté de mouvement pour quelques travaux que se soit. Linae, sa mère, avait hérité du savoir-faire d'un membre du clan Jin, établit dans l'île d'Amy-Sura, réputé pour ses talents dans le textile et la navigation. Par ailleurs, ce clan semblait être le seul à tenir tête aux Envahisseurs et à les garder en respect, en association avec les Tabetori cachés dans la Forêt de L'Oubli.

En remontant la colline à la suite du troupeau, Nérion laissa divaguer ses pensées autour de ce que les marchands ambulants avaient pu rapporter au village depuis la veille. Ils resteraient une semaine puis rejoindraient Canit, à l'ouest, pour partir vers Amy-Sura. Au retour, ils amèneraient étoffes et informations du monde extérieur, comme ils préparaient certainement les nouvelles de Kanëo pour l'heure qui suivrait celle des contes.

-Nérion!!!

Le cri de Messra le fit sursauter. Il fila rattraper la chèvre fugueuse... Vivement le soir.

(Je posterais la fin du chapitre un peu plus tard, le temps que vous puissiez déjà digérer ça ^^)
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeSam 20 Nov 2010 - 16:46

Tout d'abord, je peux dire qu'au début j'ai eu mal à la tête ! Jusqu'à l'arrêt de bus, tu utilises des phrases bien trop compliquées et qui n'ont que rarement un sens. J'ai eu du mal à suivre, elles sont trop longues, la ponctuation est mal utilisée, tu voulais trop bien faire et ça se voit que tu n'étais pas à l'aise avec ce style.
Ensuite, dès que l'enfant prend le bus, tout s'éclaire ! Tu rentres dans l'histoire, tu changes complétement de style littéraire jusqu'à trouver le bon et la lecture se poursuit avec plaisir. On sent bien qu'à partir de cet instant, tu t'amuses. J'ai bien aimé. Quelques fautes, des singuliers au lieu de pluriels, mais rien de bien grave. C'est sympathique, tu nous mets rapidement dans l'ambiance avec le mystère de la clairière et le deuxième monde envahi.

Il y a juste ce début. Rien ne sert d'en faire trop. Simplifie pour que ça soit en accord avec la suite. Honnêtement, j'ai dû relire certaines phrases plusieurs fois pour les comprendre et leur trouver un rythme.

Je lirai la suite avec plaisir !
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeMar 30 Nov 2010 - 16:47

Les images sont jolies et les idées intéressantes, mais tes phrases au début sont un peu inutilement compliquées ce qui gène pour se représenter ce qui est décrit.


Citation :
Malgré le soleil, la lumière semblait filtrée par les nuages, qui brillaient par leur absence.
Genre là tu dirais un peu plus directement que la lumière du soleil était obscurcie par des nuages inexistants, ça serait plus clair tu vois ce que je veux dire ?

Citation :
a poussière noir se soulevait pas pans
petite étourderie : Par au lieu de pas

Citation :
Osamu fut un homme bon,
là j'aurais plutôt mis le plus que parfait pour la concordance des temps.

Ensuite la façon d'écrire se simplifie et on lit ça d'un coup avec plaisir ^^

Citation :
de produit dangereux
produits

Voilà j'ai lu tout le premier poste, je reviendrai dans un petit bout pour commenter le reste ^^
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeMar 7 Déc 2010 - 18:42

Bon, après quelques petits problèmes de connexion, je poste la suite. UU"

May regardait tomber la pluie. Lassée d'un cours de mathématiques sans intérêt de son point de vue, le rythme monotone de l'eau sur la fenêtre l'avait détachée de ce lieu ou elle ne voulait plus être. Elle rêvassait, comme souvent, cherchant à entendre cette voix une nouvelle fois. Une voix masculine, ressemblant beaucoup à celle de Tchang-peï, mais ce n'était pas lui qui lui parlait. A croire que depuis son éloignement, elle s'imaginait des choses comme il lui manquait. Son imagination lui jouait des tours, mais elle ne pouvait s'empêcher d'en attendre les manifestations. Déchiffrer ces paroles la distrayait beau...

"On ne peut rien faire."

Enfin! La voix était de retour! Sombre, lasse. Pourquoi?

"Ils ont prit le pouvoir, on... tr... faibles."

Les paroles se firent plus étouffées, pour enfin disparaître complètement. La jeune fille nota ces nébuleux traits d'esprit de la part de son "correspondant". D'ordinaire, cela avait plus de consonances agricoles que politiques, et rares étaient les fois où il était apparut si désespéré. Une nouvelle hallucination?

-MAY SARAGI!

L'interpellée sursauta brusquement et reprit pied dans le cours, gênée. Les quelques petits mots dans la marge la taquineraient jusqu'au soir. Et surtout...

Demain, elle devrait aller voir son père.

***

Messra et Nérion rentrèrent avec le troupeau juste à temps, alors que les portes de Miruno se refermaient pour la nuit. Ils remontèrent les rues encore animées du village, malgré le crépuscule déjà bien installé. Ici, tout le monde se connaissait, sur les cent douze habitants. Aucun secret ne le restait bien longtemps, bien sûr, mais la confiance régnait, au point que les gens acceptaient de confier leurs bêtes aux plus jeunes pour se livrer à d'autres travaux qui requerraient leur attention.

Nérion ne put rentrer chez lui qu'une fois la nuit tout à fait tombée. Il poussa la lourde porte de bois massif et fut aussitôt accueillit par une bonne odeur de soupe et de pain frais. Le reste de la famille était déjà à table, au son des conversations venant de la cuisine. Il était en retard, Linae allait grogner. Il quitta sa veste doublée et entra. La pièce était sobre, illuminée par le feu de cheminée où mijotait le ragoût du soir. La tablé était formée d'un seul bloc de bois, issu d'un vieux chêne foudroyé que l'on avait retravaillé avec soin. Trois personnes étaient attablées. Sa mère, qui se leva pour touiller le contenu de la marmite, Haaran, son père, plongé dans une discussion avec son frère aîné, Merwin. Celui-ci, âgé de vingt ans, avait prévu d'épouser l'une des filles de la famille Akasitsu, qui dirigeait le village. La noce avec la belle Irêna était prévue pour le printemps.

-Ah, Nérion, où étais-tu passé, enfin!
-Le vieux Chô nous a retenus, à propos de ses semailles. J'irais l'aider quand il faudra les faire, ses rhumatismes lui posent des problèmes.
-Bon, mets-toi à tables, les conteurs ne vont commencer que dans une heure.
-Encore à vouloir écouter ces histoires de grand-mère, petit frère? lança Merwin en ébouriffant son cadet.
-Hé, arrête! Que je sache, c'est pas un crime d'aimer les légendes, non?
-Les aimer, non, y croire, oui.
-Mais j'y crois pas! Je suis plus un gamin!
-Mais oui, p'tit frère... Mange si tu veux grandir!
-Merwin! s'écria Nérion en essayant de frapper son aîné, vexé.
-Suffit, les garçons.

Bien qu'elle fût brève, l'intervention de leur père les calma aussitôt, avant qu'ils n'engloutissent leur repas comme des affamés. Puis, apercevant des torches passer par l'interstice des volets, Nérion attrapa pain et fromage pour filer aussitôt.

-Ta fourrure! cria Linae, bien trop tard.

Le garçon fila sur la place où s'étaient établis les marchands. Il chercha Messra des yeux, mais la foule et les ténèbres jouaient contre lui. Il s'apprêtait à lâcher un juron lorsque deux mains le saisirent par les épaules. Il se dégagea, pour tomber nez à nez avec Okina, fille cadette des Akasitsu, une blonde pétillante, mais un peu trop entreprenante.

-Bonsoir Nérion... Tu viens voir les conteurs?
-Oui, comme d'habitude... répondit-il un peu gêné.
-Et bien, allons-y ensemble, déclara-t-elle en lui prenant le bras de force.
-Hé, mais..! J'attends Messra!
-Elle nous rejoindra, ça va commencer.
-Ravie de voir comme tu m'apprécie, Okina, dit une voix acide sortant de l'ombre. Nérion, t'es en retard.
-Pas tant que ça. t'as eu le temps d'aller voir? répondit-il, soulagé.
-Oui, il y a une conteuse géniale au troisième feu.
-Allons-y.

Les deux enfants s'échappèrent, plantant là une Okina verte de jalousie. Elle renifla d'un air méprisant, remit en place sa chevelure, et partit à la recherche d'un autre cavalier potentiel.
Messra mena son compagnon directement dans un cercle de taille plutôt réduite, car situé à l'autre bout de la place. Trois femmes se trouvaient près du foyer, incroyablement différentes les unes des autres.
Tout d'abord, une grande femme au sourire doux, aux cheveux ébène et aux yeux verts. Quelques mèches argentées révélaient un âge que bien peu lui donneraient. Entièrement vêtue de vert, hormis un manteau sombre pour lui tenir chaud, elle tendit une tisane fumante à se voisine, son teint mat tranchant avec la pâleur de celle-ci. Assise un peu en avant, Nérion devina que cette femme aux étranges cheveux bleus devait être la conteuse. Il était plutôt rare qu'une femme raconte des histoires, puisqu'en général, elles restaient dans un village pour exercer de tous autres arts. Mais celle-ci était une exception magistrale, d'autant plus lorsqu'il croisa son regard. Ses yeux étaient d'un rouge flamboyant.

-Tu crois que c'est une démone? demanda Nérion à son amie.
-Non, on ne l'aurait pas laissée entrer dans le village.

La troisième femme se leva alors, ramenant un épais châle rouge sur els épaules de sa compagne. Ses courts épis blonds ressortaient nettement sur sa peau bronzée, alors que ses yeux bleus rieurs luisaient à la leur du feu. Elle se rassit fixant l'assistance bien pauvre du regard, puis le ciel.

-Il est l'heure, Sielra, lança-t-elle.

La femme aux cheveux bleus acquiesça et se racla la gorge.

-Il est des personnes de par le monde qui abandonnent les anciennes croyances... qui renient les dieux et jusqu'à l'existence de la magie. C'est aux conteurs d'alors rétablir la vérité, en transmettant aux hommes les textes et les récits divins. En voici le premier.
"Au commencement était la lumière mère, Kenade, reine du monde d'en haut. Unique créature pensante d'un monde vide, sa solitude était grande. Alors, du sombre néant qui l'entourait, la déesse façonna un être qui lui ressemblait, d'ombre et de ténèbres. Ainsi naquit Kagede, son compagnon. De la dureté de Kagede naquit Tsuchide, de sa colère, Hizade, de ses envies de violences, Kazede. Des larmes de Kenade fut Mizude, de ses rêves, Tsukide.
Les dieux vécurent longtemps à élever les petites déesses. Puis celles-ci, devenues grandes, s'en furent explorer l'univers et se chercher des compagnons. De nouveau seule, Kenade décide de créer avec leur aide un nouvel enfant. Tsuchide créa une sphère que Mizude inonda de sont être. Hizade fit brûler le feu intérieur, attisé par le souffle puissant de Kazede. Poussèrent alors les plantes et grandirent les animaux. Passèrent les ans. Chaque espèce s'accrût selon le rythme de la nature, sous les yeux de leur protectrices.
Kagede, revenant des confins de l'univers, découvrit alors cette création à laquelle il ne fut pas convié. Fou de rage, il étendit son influence sinistre sur le monde. Apparurent alors les monstres et les assassins jaillirent de l'ombre. Ils tuèrent et détruisirent toute trace de vie qu'ils croisèrent. Horrifiées, les déesses défendirent comme elles purent le Monde.
De guerre lasse, Kenade vint voir Tsukide. "Ma fille", lui-dit-elle, "répand le souffle de la magie sur le Monde". Elle fit. Kenade saisit alors son épée de lumière et trancha le Monde en deux. Des deux moitiés se reformèrent deux mondes différents. Les monstres disparurent mais le mal resta. A bout de force, Kenade confia à ses filles les mondes jumeaux et s'endormit à jamais au cœur du cosmos. Bercée par la lumière des étoiles, elle resta là-bas, en sécurité, éclairant les Mondes de sa pâle lueur..."

La conteuse se tut. Elle prit une longue gorgée de tisane et resserra son châle. Le souffle coupé, Nérion reprit une forte goulée d'air. Le premier texte, la création. Raconté avec soin des détails et du respect de l'original. La voix de la dénommée Sielra, grave et profonde, avait éveillé de nombreuses images dans son esprit, les faisant vivre et bouger. Son imagination lui jouerait des tours, un jour...

-C'était beau... murmura Messra. J'ai vu plein de choses dans ma tête...
-Toi aussi? demanda-t-il, surprit. Je croyais être le seul.
-Oui, moi aussi. De la magie, tu crois?

Ils fixèrent les trois femmes, anxieux. La chasse aux magiciens était dangereuse pour les villes qui les abritaient... Pourtant, les autres villageois n'avaient pas semblé remarquer quoi que se soit. Par précaution, les enfants choisirent de se taire.

Ils ne virent pas le sourire discret d'une femme aux courts cheveux blonds qui défiait la gravité...

***

May rouvrit les yeux dans le noir. Blottie sous sa couette, son réveil lumineux indiquait vingt-trois heures dix-neuf. Elle se retourna.

-Merci pour le conte, murmura-t-elle avant de sombrer à nouveau dans le sommeil.

__________________
D'abord, je remercie toutes les critiques constructives que j'ai eu... Et j'annonce, j'ai réécrit les 2 premiers chapitres uu" Qui serait tenté?
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeLun 20 Déc 2010 - 14:14

Le chapitre 1 réécrit.

Chapitre 1: La voix

La première fois que May entendit la voix, elle crut que ce n'était qu'une illusion. Après tout elle était seule, épuisée, dans sa chambre, et Tchang-peï n'était pas près d'elle. Pourquoi lui aurait-il parlé? Il fallait aussi dire qu'elle dormait à moitié, à peine réveillée par le souffle léger, un simple murmure sans grande importance. Elle avait eu vite fait de l'oublier.

Les autres fois, ç'avait été un peu différent. Elle se trouvait alors en cours, au beau milieu d'un repas ou d'une conversation, souvent sans rapport avec ce murmure qui effaçait tout. Elle avait bien essayé d'entendre, mais la voix n'était pas assez forte, assez claire pour qu'elle en distingue des mots compréhensibles. Alors elle avait oublié, pensant à la fatigue qui la faisait halluciner. La seule chose dont elle était sûre, c'est que la voix était identique à celle de son meilleur ami. Rien de grave donc. Tchang-peï ne lui ferait jamais de mal.

***
Lorsqu'elle regarda son calendrier ce matin là, May songea qu'il ne pouvait pas y avoir pire journée. Le ciel était gris, maussade, déprimant. L'exemple parfait du lundi matin qui vous incitait à rester sous la couette et à prétendre qu'on était encore dimanche, que non, personne ne vous reprochera de ne pas venir... De toute façon, en cette journée de deuil national, il n'y aurait pas grand chose d'ouvert.

La jeune fille se prépara distraitement, lissant les plis de sa jupe noire, simple, devant le miroir, interrogeant son reflet, celui d'une fille maigrichonne de quatorze ans, petite et pâle, l'air malade. Combien de fois l'avait-on pensée sur le point de s'évanouir? Elle tirailla ses cheveux, cherchant que faire de mèches aussi courtes et disparates. Pourquoi avait-elle du naître rousse, et posséder en plus ces sortes de rayures noires perdues dans sa chevelures? Les professeurs lui avaient toujours reprochés cette manie inexistante de se colorer les cheveux pour se démarquer de ses camarades. C'était comme pour ses yeux. Personne ne voulait croire que cet iris rouge-orangé était naturel, c'était un comble! Mais depuis le temps, elle avait oublié ces remarques stupides et moqueuses sur son apparence. Les gens l'oubliaient vite, elle aussi. Sans doute trop.

Après avoir jeté un bref coup d'oeil dans l'appartement, histoire de vérifier que tout était « rangé » correctement, May ferma la porte et s'immobilisa. Le logement d'en face, silencieux, l'hypnotisa quelques secondes, puis elle descendit les escaliers carrelés par petits bonds sautillants, silencieux. Comme une ombre.

Dans la rue, elle croisa de nombreuses personnes vêtues de noir elles aussi, souvent attablées à la terrasse d'un café à lire les journaux du matin. Rien ne changeait de d'habitude, pourtant. Simplement, rien ne serait semblable à ce qui était il y a trois ans. Jamais.

La jeune fille trottina pour attraper le tramway sur le point de partir, bondé, comme d'habitude. Elle se fraya un passage parmi la foule sombre jusqu'à se placer au milieu de l'allée, contre un mur. Là, elle soupira, sortit ses écouteurs, et laissa la musique commerciale endormir les bruits alentours.

May n'était pas ce que l'on pourrait appeler une fille dynamique. Fragile, effacée, elle refusait de s'impliquer dans les conflits. Ses opinions changeaient sans cesse, toujours guidées par les dernières choses qu'elle entendait. Elle vivait ailleurs, loin de ce monde en guerre perpétuelle, où l'eau et la nature devenaient des ennemis mortels au fil du temps. Quelque part, loin de tout cela, pour une fois... Partir, juste une fois. Ne plus entendre piailler ses camarades de classe à propos de tel ou tel scandale, ne plus supporter les ragots enfantins de ces gamins du collège, ne plus voir ces bombes exploser à la télévision... Partir loin, très loin, et ne jamais revenir.

Le grésillement du micro la fit revenir à la réalité, et elle éteignit sa musique, déjà lasse à l'idée de sortir de cette masse humaine compacte. Dans son esprit résonnait le nom de l'arrêt, sans cesse, de cette voix artificielle tellement irritante:

« Laboratoire Keishi, terminus. »

***

Au bout de quelques minutes de marche, May franchit le portail rouillé qui marquait l'entrée du domaine. Accompagnée par la foule, elle suivit le chemin de gravier blanc, veillant à ne pas effleurer le sol terreux par inadvertance. Le paysage était gris tout autour, journée maussade, déprimante. Le sol ne présentait pas le moindre touffe d'herbe pour égayer un peu. Non, ici, c'était le royaume des ombres, du silence et du chagrin.

Ils avancèrent ainsi pendant de longues minutes, tous silencieux, même les bambins à peine capable de marcher ou ceux qui bavaient dans leur poussette. Rien en venait troubler cette marche funèbre. Puis ils atteignirent le Cercle. Le chemin s'arrêtait là.

May se détacha de la foule et fit courir son regard autour d'elle. Des dizaines de tombes, des centaines même. Toutes érigées en cercle autour d'un disque de terre noire, morte. Et au centre, des ruines. Le bâtiment n'était pourtant pas si vieux, mais il gisait là, agonisant lentement au fil du temps, depuis trois ans. Comme encerclé par un diagramme magique, il dominait les tombes blanches de son ombre, mais pour combien de temps, encore? May secoua la tête, chassant ces pensées éphémères, si insipides. Le laboratoire n'existerait bientôt plus, comme tous ceux qui ont périt dans la catastrophe.

La jeune fille attendit placidement que la foule se disperse sur les allées de graviers puis elle s'y engagea à son tour, franchissant le premier cercle pour atteindre le second. Elle n'avait même pas à lire les noms pour savoir où aller. C'était déjà la troisième fois qu'elle venait, après tout, et la raison suffisait pour que cela soit gravé dans son esprit. A la quarantième tombe, elle aperçut le petit groupe habillé de noir et elle accéléra légèrement le pas pour les rejoindre. A son arrivée, un jeune homme, placé devant la tombe, releva à peine la tête pour lui adresser un sourire crispé, puis il s'éloigna. Tchang-peï.

Il était grand pour son âge, songea-t-elle pensivement en faisant la bise à la mère de son meilleur ami. Il avait déjà l'air adulte, lui qui entrait dans l'adolescence. Et ce visage si grave qu'il en paraissait plus vieux... Où était le bambin de leur enfance commune?

Merci d'être venue, May, chuchota Catherine en la serrant contre son coeur.
De rien. C'est normal.
Masamu aurait été heureux de te voir, déclara la veuve, la main de sa petite fille, Lyli, fermement accrochée à la sienne, comme pour se donner du courage.

Elle en avait tellement, Catherine, de courage! Malgré sa situation précaire, elle trouvait encore la force de s'occuper d'eux trois peu importe la situation. Si chaleureuse, si bienveillante, avec son regard bleu, ternit par la douleur de l'absence. Comme il lui manquait, son mari... May serra à nouveau sa presque mère contre elle, les yeux honteusement secs. Masamu avait été un second père pour elle, mais elle ne pouvait pas le pleurer. Alors, elle dissimulait son impuissance contre l'épaule maternelle de Catherine, en priant pour pouvoir, un jour, peut-être, rendre correctement hommage à cet homme de bien.
May finit par se détourner de la petite famille et rejoignit le trio placé à l'écart. Kaéra, Mannick et Willys, leurs meilleurs amis. Les seuls qui aient su rester près d'eux, même dans la tourmente. Kaéra lui offrit un sourire de circonstance, bien différent du rayon de soleil qu'elle affichait d'ordinaire. Mannick triturait distraitement le cordon de son survêtement, tandis que son jumeau le fixait d'un air agacé, coincé dans son costume presque trop sérieux pour leur âge. Tous les quatre, ils attendirent à l'écart que Tchang-peï finisse de se recueillir.

May observa son dos voûté par le chagrin. Tchang-peï avait toujours admiré son père, un chercheur renommé, mais surtout un homme tendre et aimant, qui, s'il n'avait que peu de temps à consacrer à sa famille, profitait de ces instants de toutes ses forces. Pas comme... Elle secoua la tête en fronçant les sourcil, le regard voguant de nouveau sur la marée humaine autour d'eux. Bien sûr qu'il n'était pas venu. Ça aurait été trop beau. Elle serra rageusement le poing en pensant à cette journée maudite...

***

Trois ans auparavant, May et Tchang-peï étaient assis tous les deux à leur bureau et écoutaient religieusement le professeur de mathématiques ânonner ses formules, qu'ils recopiaient à leur tour. Puis, soudain, la lumière avait trembloté, une fois, deux fois, trois fois, avant de s'éteindre dans un claquement sec, suivie par toutes les autres ampoules de l'établissement. Un bref souffle d'angoisse se répandit parmi les élève, vite apaisé par le professeur qui alla se pencher à la fenêtre, puis sortit dans le couloir. Ce pouvait être une simple coupure de courant, aussi personne ne s'inquiéta réellement.

May observait la pluie cogner contre la vitre à ce moment là, perdue dans ses pensées, quand un éclair attira son attention. Et le sol trembla brutalement, tandis que le ciel résonnait d'un craquement sinistre. A l'horizon, les nuages formèrent alors un étrange cercle, comme sur le lieu d'une explosion. Les élèves se ruèrent vers la vitre, s'appuyant dessus pour mieux voir, certains prenaient même des photos avec leur portables. Tchang-peï, lui, restait immobile, paralysé. A ce moment-là, il devait déjà avoir comprit, il avait toujours été très intelligent. Il devait déjà avoir comprit que l'explosion venait du laboratoire ou travaillait son père. Il le sut avant même que quiconque le lui dise, avant même que des hommes en treillis ne viennent le chercher, avec sa mère, pour l'amener sur les lieux de la catastrophe.

Il sut avant tout le monde que son père était mort.

A l'enterrement, il n'avait pas versé une larme, du haut de ses onze ans. Il était resté droit et fier, soutenant sa mère et sa petite sœur du mieux qu'il pouvait. May l'avait admiré, ce garçon qui était comme son frère, d'être si brave face à l'absence de son idole de toujours. Elle l'avait presque envié. Puis, quand tout le monde avait quitté le petit appartement, quand il n'y eu plus qu'eux deux dans la chambre du jeune garçon, elle avait vu les premières perles de désespoir. Alors elle l'avait prit tout doucement contre elle, et, blottis sous la couette bleue, ils s'étaient endormis ainsi, en attendant que le chagrin passe.

S'il passait jamais.

***
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeLun 20 Déc 2010 - 14:15

Après la visite au cimetière, May et Tchang-peï quittèrent leur trois amis, chacun appelés à d'autres affaires en ce jour sombre. Les deux adolescents accompagnèrent Lyli et Catherine chez elles, et May déclina poliment l'invitation à prendre un chocolat chaud chez sa presque mère. Elle ouvrit sa propre porte, juste en face, pour permettre à son meilleur ami d'entrer avant elle. Son regard fut attiré, alors que Catherine fermait sa porte, par un petit dessin au feutre noir, si incongru sur le mur du vestibule. Un simple petit bonhomme, avec un corps fait de bâtons et une tête démesurée. Sans savoir pourquoi, May en fut secouée. Ce dessin avait plus de dix ans.

Elle secoua la tête quand Tchang-peï l'appela et elle rentra chez elle, l'esprit déjà ailleurs. Son appartement la répugnait. Pourtant, il disposait du confort maximal, coussins moelleux, matériel de pointe, très grand et lumineux. Oui, il était très bien, cet appartement. Mais pas pour une jeune fille de quatorze ans, seule. C'était vide, bien trop vide.

Elle fit un sourire crispé à son ami quand il ramassa trois paires de chaussettes et deux T-shirts roulés en boule planqué derrière le canapé, sans oublier les pantalons abandonnés dans le couloir. Il y avait une certaine quantité de mouchoirs en papier et de feuilles de dessin qui traînaient sur le sol, sans oublier les tubes de peinture non rebouchés qui bavaient littéralement sur le paquet pour laisser de belles taches colorées s'incruster... Quand la peinture n'était pas déjà sèche. May se frotta l'arrière de la tête, gênée.

Je t'avais dit de ranger un peu la semaine dernière...
Mais je l'ai fait, je t'assure... protesta-t-elle contre cette attaque injustifiée.
Et qu'avais-tu rangé? C'est exactement dans le même état que la dernière fois!
Euh... La cuisine! C'est la cuisine que j'ai rangé! s'exclama-t-elle d'un ton fier.

Il la regarda d'un air désabusé, soupira une fois, puis deux lorsqu'il manqua de marcher dans une flaque d'eau à côté d'une fleur en pot et se dirigea sans rien dire vers l'antre soit-disant épargné par le massacre... Pour très vite perdre le peu d'espoir qu'il avait conçut. Les casseroles et les poêles sales appelaient tristement à l'aide depuis l'évier, en compagnie de leurs amies louches et cuillères, tandis que les assiettes s'empilaient sur le cotés, abandonnées là en équilibre précaire en alternance avec les couverts. Et c'était sans compter les taches de condiments en tout genre qui maculaient l'espace de travail. Il fixa sa sœur spirituelle d'un air peu avenant, l'observant se ratatiner timidement face à son visage austère. Non, vraiment, elle essayait de lui faire croire qu'elle avait rangé quoi que ce soit ici?

May...
Oui, je sais, va faire la vaisselle...
Si tu le sais pourquoi...
Moi ça ne me dérange pas trop, quand c'est comme ça...
Même avec les moisissures de la dernière fois?
Bon d'accord, sauf quand ça moisi, marmonna-t-elle en attrapant une éponge et du produit vaisselle, dépitée.
Et puis, M'man t'as souvent proposé de venir manger avec nous, si t'aime pas rester toute seule ici...

La jeune fille s'immobilisa et lui envoya un nouveau sourire crispé.

Faut bien que j'apprenne à me débrouiller un peu toute seule, non? Tu veux bien ranger le salon pour moi, s'il te plaît?
Je te préviens, ta chambre, tu la fais toute seule! lança-t-il avec ironie tandis qu'elle ricanait en lui envoyant un peu d'eau pour le faire décamper.

Restée seule dans la cuisine, les mains dans sa vaisselle, elle laissa de nouveau vagabonder ses pensées. Tchang-peï et elle se connaissaient pour ainsi dire depuis leur premier cri: ils étaient nés le même jour, dans le même hôpital. Leur famille étaient amies de longue date aussi la coïncidence avait-elle fait sourire les futurs parents. Sauf que cette naissance commune ne fut pas aussi heureuse des deux côtés. Si Tchang-peï était un beau bébé en pleine forme, May naquit fragile, et l'on craignit pour sa vie, sans compter que sa mère, terriblement affaiblie, mourut dans les trois heures qui suivirent la délivrance. Le père de la jeune fille, malgré tout le soutient qu'il reçut de ses proches, ne s'en remit jamais. Même s'il tenta de prendre soin de sa fille autant qu'il put les premiers jours, il vint vite la placer sous la garde protectrice de Catherine pour s'enfermer dans son bureau.

Cette histoire, c'était Catherine qui la lui avait racontée quand, âgée de sept ans, elle avait demandé pourquoi son père ne venait jamais lui souhaiter un bon anniversaire. Catherine l'avait d'abord regardée sans rien dire, puis, la prenant sur ses genoux, elle lui avait tout dit, en essayant de lui expliquer que son papa ne la détestait pas, au contraire. Mais la petite fille avait été blessée dans son cœur d'enfant, malgré toutes les précautions que pu prendre sa nourrice pour faire passer la pilule.

Depuis, elle n'avait que rarement vu son père en face. Le plus souvent, il se contentait de lui envoyer un message, toujours bref et froid, impersonnel. Il subvenait à ses besoins, mais c'était tout. Il n'avait rien d'un père, à ses yeux. Un étranger, rien de plus. Et pourtant, il s'amusait encore à prétendre avoir le moindre droit sur sa vie...

La jeune fille lâcha brutalement l'assiette dans ses mains, inspira profondément et s'agrippa au rebord de l'évier. Dans son esprit, les yeux gris et froids de son géniteur la fixaient, elle, simple fillette, et sa voix claquait comme le tonnerre. Elle ne savait pas ce qu'il lui disait, sans doute que c'était de sa faute si sa mère l'avait laissé seul... Qu'elle devait faire comme sa mère, venir travailler au laboratoire, plutôt que d'aller peinturlurer des morceaux de papier. May tremblait sans s'arrêter, les yeux perdus au loin.

« Je ne peux rien faire. »

La jeune fille sursauta en entendant la voix. Oui, cette voix inconnue l'avait encore prise par surprise. Mais au moins n'entendait-elle plus son père. Enfin.

« Ils sont encore là, bien plus proches. Bientôt, nous ne serons plus rien. »

Elle écouta le murmure de cette voix triste, blessée, profondément impuissante. Qui était ce garçon? Pourquoi pouvait-elle l'entendre? Depuis trois ans, trois longues années, elle se le demandait encore, mais aucune réponse ne lui venait. Tchang-peï, la seule fois où il avait écouté son récit l'avait crue folle, ou suffisamment fatiguée pour qu'elle hallucine. Il avait été encore plus protecteur, si possible, au point que Mannick s'était moqué de lui en le comparant à une louve tournant autour de sa portée. Cela lui avait d'ailleurs valu un bon coup sur le crâne, mais il avait au moins eu le mérite d'apaiser le jeune homme. Tchang-peï était bien trop sérieux depuis trois ans.

May, t'as fini?!
… Presque, soupira-t-elle en lorgnant sur l'eau mousseuse comme si elle avait sous les yeux une créature particulièrement répugnante.

***

Bien plus tard, ce soir-là, May et Tchang-peï s'étaient installé sur la petite table du salon pour dîner rapidement de pâtes trop cuites, la télévision allumée. La présentatrice, une espèce de poupée stéréotypée, parlait de sa voix métallique pré-enregistrée des nouvelles guerres entre les îles de l'est pour les maigres puits de pétrole perdus en mer. Depuis la vaste explosion du continent asiatique, et plus tard, du continent américain il y avait près de cinquante ans, où les terres avaient éclaté comme un ballon de baudruche, les petits îlots qui en étaient nés passaient leur temps à se faire la guerre pour les ressources.

May découpa distraitement une spaghetti en morceau avec sa fourchette, ne prêtant qu'une oreille à ces nouvelles déprimantes au possible.

Pourquoi ça t'intéresse tant que ça, Tchang? C'est toujours la même chose, marmonna-t-elle en enfournant finalement sa malheureuse victime.
Pense que la prochaine fois, ça pourrait être notre île.
Tu parles... On n'en entendrait même pas parler...
Pense ce que tu veux, mais ça peux toujours servir de connaître nos alliés et nos ennemis potentiels.
Et voilà, tu parles encore comme mon père... cracha la jeune fille en jetant son couvert dans son assiette, rageuse.
Il a raison, quelque part. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans ce genre de situation...
Et c'est une raison pour encourager tous les mômes à servir dans l'armée ou à rejoindre la recherche pour mettre au point la nouvelle bombe qui anéantira toute l'humanité cette fois?!
Je pense qu'on va arrêter là, ça ne nous mènera nulle part de se chamailler là-dessus, May.
Comme d'habitude.

Elle se leva, raide, les lèvres pincées et quitta la pièce. Elle alluma sa lampe de chevet et claqua férocement la porte de sa chambre, avant de se jeter sur son lit, boudeuse. Tchang-peï ne comprenait pas, ne comprendrait jamais, et ce différent les séparerait toujours. Il ne comprenait pas que la guerre quelle qu'elle soit ne menait nulle part. Qu'elle ne délivrait pas, ne nourrissait pas. Qu'elle prenait tout mais ne rendait jamais rien. Même lorsqu'on la faisait pour se défendre. La guerre les avaient condamnés à rester coincés sur l'île pour toujours, soumis à la loi martiale... Il y avait tant de chose qu'elle n'aurait pas aimé voir mais qui passaient par tous les canaux d'information. Elle n'en pouvait plus.

La porte grinça. Elle foudroya Tchang-peï du regard, se roula en boule contre le mur et lui tourna le dos, bien décidée à ne pas lui pardonner l'écart de ce soir. Le jeune homme soupira, vint s'asseoir doucement sur sa couette, près d'elle et lui posa la main sur les cheveux, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'elle ne voulait parler à personne.

Laisse tomber, May. Cette situation n'est pas prête de changer et tu te fais du mal pour rien. N'y pense plus. On ne peut rien faire.

« Je ne peux rien faire. »

L'écho de la voix fit trembler la jeune fille qui grommela un au revoir à son ami. Cela faisait trois ans qu'elle entendait cette phrase à répétition. Trois ans à attendre que quelque chose se produise. Pour la voix comme pour elle, pour son monde. Trois ans.

« Bientôt, nous ne serons plus rien. »
_____________________________________________________________________________________
Wala, fin du nouveau chapitre...
Je posterais le 2 d'ici quelques jours, le temps de voir si le 3 colle bien avec ou si je dois le modifier encore un peu...
BisouX
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeLun 20 Déc 2010 - 16:12

C'est bien. C'est très bien même ! Rien à redire, c'est professionnel ! Ce chapitre comme ça est parfait. Le rythme est trouvé, les deux héros déjà développés, on connait le contexte, l'époque. Honnêtement bravo. Ça a dû te demander beaucoup de travail, mais ça valait le coup.

La seule erreur de formulation que j'ai trouvé serait peut être : musique commerciale. Ça peut être tout et n'importe quoi. Je pense que ce serait pas mal de définir la musique. De la pop serait pas mal ! Virtual Pop, ça sonne bien ! Ou même d'inventer un artiste.

Petites corrections :
Fin de la première partie : il devait déjà avoir comprit >> compris et tu le répète dans la phrase suivante. Je vois l'effet que tu voulais faire, mais ça fait moche je trouve.
Alors elle l'avait prit >> pris (toujours le plus que parfait !)

soutient>> soutien
Et : May et Tchang Pei s'étaient installé >> installés.

Du très bon travail, ton style est excellent, l'histoire s'annonce magnifique, et je suis impatient de lire la suite. Ne me fais pas trop attendre !



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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeJeu 23 Déc 2010 - 11:27

Allez, le chapitre 2 tombe aujourd'hui, parce que demain je n'aurais vraiment pas le temps 'x'.
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Chapitre 2: L'attente

Nérion regarda défiler le convoi de chariot sur la place centrale du village, contemplant distraitement ces choses qu'il ne pourrait jamais s'offrir déborder allègrement des véhicules. Les marchands venaient tout droit de la capitale, après être passés par la cité forte du clan Okonogi. Et ils repartiraient trois jours plus tard pour l'ouest, la cité des eaux, le clan Idashi, puis Amy-Sura. Quelque part, le jeune homme se sentait jaloux de ces gens qui voyageaient librement à travers le pays. Ils devaient voir tant de choses que lui ne pourrait jamais ne serait-ce qu'approcher...

Le jeune homme soupira, appuyé sur sa barrière, et se passa une main dans les cheveux. Le milieu de la saison morte était toujours très calme, et il se retrouvait facilement désœuvré. Sauf que généralement, Messra trouvait de quoi l'occuper, même les choses les plus farfelues. Il jeta un coup d'œil à sa meilleure amie, perchée à côté de lui, l'air aussi excitée qu'une gamine deux fois plus jeune. Qui pouvait dire que cette petite rouquine aux grands yeux noirs émerveillés avait quatorze ans, bon sang? Il semblait presque adulte à côté! Enfin, il était plutôt grand pour son âge, aussi...

Il commença à ruminer de nouveau. Même la perspective du spectacle qui aurait lieu ce soir-là ne parvenait pas à l'enthousiasmer. Peut-être à cause des rumeurs qui leur étaient parvenues, jusque dans ce petit patelin reculé, si proche de la Forêt des Songes? Ou par ces échos scandaleux à son propos qui lui avaient dressé les cheveux sur la tête? Allez savoir...

Ce que les marchands racontaient en majorité revenait souvent à la même chose: les démons, soutenus par la vague d'envahisseurs, ravageaient toujours un peu plus la campagne, tuant tout sur leur passage. Ce n'était pas très nouveau. Depuis les deux années que cela durait, on avait de cesse de raconter ces massacres sanglants et de les commenter, en se plaignant copieusement sur les ordres donnés par ce peuple capable de contrôler la foudre et le fer.

De toute son existence, Nérion n'avait jamais entendu parler d'un tel pouvoir. Les mages étaient monnaie courante sur leur île, surtout les mages de terre, car ils faisaient d'habiles soigneurs. Et puis les étrangers étaient arrivés brutalement, comme sortis du néant. On racontait qu'ils avaient franchit un grand portail de lumière, comme ceux des Hochigawa dans la légende, et qu'ils avaient alors imposé leur loi. Tous les magiciens avaient été traqué. Il se souvenait même que la vielle Jogi, la guérisseuse établie au village depuis la génération de ses arrière – arrière – grands – parents, avait du s'enfuir sous la menace. C'était juste avant qu'une patrouille de ces gens ne passe dans le coin...

Il se rappelait encore de leurs armures sombres, de leurs visages presque identiques, aux cheveux presque ras. Il y avait eu un grand silence sur la place pendant que leur capitaine dictait les nouvelles nouvelles lois et plaçait les magiciens comme ennemis public n°1, si l'on puis dire... Il y avait eu de la peur dans tous les regards, de l'incompréhension. D'où venaient ces gens, pour qui se prenaient-ils? Une nouvelle lubie des nobles pour prendre le pouvoir? Ou des envahisseurs d'Alsir, de Nokua, de n'importe où ailleurs, il y avait tant d'autres nations qui louchaient sur leur île...

Les étrangers étaient repartis ensuite, sans un regard en arrière. Et les rumeurs avaient pris de l'ampleur. Tout cela avait eu lieu trois ans plus tôt. Un an plus tard, l'annonce que les démons avaient été libéré leur était parvenue, et Messra était arrivée au village, comme beaucoup d'autres victimes des monstres des ombres.

Les autres rumeurs le touchaient d'un peu plus près... Enfin, elles l'avaient poursuivi depuis qu'il était tout petit, donc il avait l'habitude. Mais récemment, elles avaient prit une tournure un peu effrayantes. Depuis, il prenait soin d'éviter d'être seul trop longtemps, lorsque les vieux sortaient de la taverne pas loin, par exemple. Tout ça à cause de quoi? Parce qu'il ne ressemblait pas du tout à sa famille et qu'il avait soi-disant les yeux rouges! Ils étaient marron, ses yeux, un point c'est tout. Il ne fallait pas se mettre à voir des démons partout à cause des rumeurs!

-Tu y pense encore? glissa une voix mutine à son oreille.
-Messra! Arrête ça, bon sang! gronda-t-il en faisant un bond en arrière, la mine sombre.
-N'écoute pas ces vieux fous, tu veux. Moi les démons, je les ai vu en vrai, et tu ne leur ressemble absolument pas. Arrête de te torturer avec ça...
-Je sais... soupira Nérion en se grattant l'arrière de la tête, découragé.

Tout cela le dépassait complètement. Les démons, les étrangers, la magie... La seule fois où il avait eu l'occasion d'en voir, c'était lorsque la vieille Jogi avait fait pousser devant ses yeux une plante pour son médicament. Et encore, il était très jeune. Est-ce que la magie existait seulement encore dans leur pays?

Il léger coup sur la tête le ramena sur terre. Messra le fixait en faisant la moue.

-Je t'ai dit que tu réfléchissais trop, imbécile.
-Je sais... Je rentre.
-Déjà?
-Puisque tu vas encore me traîner ici ce soir, je préfère avoir quelque chose dans l'estomac avant...
-Hé! Je te permets pas!
-Je n'entends rien, désolé, mes réflexions interfèrent! lança-t-il en s'éloignant.
-Nérion!!!
***
Nérion poussa la lourde porte de la ferme avec un soupir. Il ressemblait vraiment à un vieil homme, courbé ainsi, toujours à soupirer pour un oui ou un non... Il devait vraiment trouver quelque chose pour s'occuper avant de n'être plus bon à rien. Sue la pointe des pieds, il se faufila entre les bottines mâchonnées entassées au pied de l'escalier de la mansarde. Il s'aperçut par ailleurs que ses bottes d'été étaient passées elles-aussi sous les crocs de la bête, et pourtant les dieux savaient qu'il avait prit soin de les placer hors de portée. S'il tenait Merwin, ce faux-frère...

C'est en grommelant qu'il fit son entrée dans la pièce à vivre de la maison, pavée de pierres irrégulières, lissées par le temps. Une vaste table de chêne massif, reste d'un arbre foudroyé, occupait la majorité de l'espace, si l'on omettait le vieux coffre placé contre le mur Nord. Une lourde marmite était fixée à la crémaillère de la cheminée, et, à l'odeur alléchante qui s'en dégageait, le repas de ce soir mijotait tranquillement à l'intérieur. Pourtant, Nérion n'aperçut pas la gardienne du foyer, celle qui jamais, au grand jamais, ne laisserait cuire quelque chose sans surveillance. Linaë était un peu maniaque, au fond, mais les estomacs de ses trois hommes ne s'en plaignaient pas. Faute de mieux, le jeune homme alla s'accroupir face au foyer et contempla les flammes éclatantes.

De toute sa plus petite enfance, il ne lui restait le plus souvent que cette image rassurante du feu qui réchauffe et protège. Combien de fois s'était-il installé ainsi près des braises pour admirer la danse des flammes dans l'âtre, qu'il soit seul comme maintenant ou placé sur le genoux d'un membre de la famille. Il n'avait acquit qu'une seule certitude au cours de sa vie: celle que, peu importe la situation, il serait toujours le bienvenue près de ce feu, dusse la ferme tomber en ruine ou sa famille disparaître. tant que le feu brûlerait, vif et fort dans cette vieille cuisine sombre, tout irait bien.

Un bruit sec dans l'arrière cuisine le fit sursauter. Il se retourna pour fixer sa mère, petit bout de femme plus léger qu'une plume, traîner derrière elle le grand fauve de la maison, Loum, fière bonne vieille chienne sénile à peine capable de marcher droit aujourd'hui. Linaë marmonnait dans sa barbe il ne savait qu'elle charmante bordée d'injure que, comme d'habitude, elle lui ordonnerait de ne surtout jamais répéter en quelque occasion que se soit. Il sourit distraitement à cette scène tranquille. Il était si bien, là, au chaud, loin du froid mordant de la saison morte dehors...

-Tiens, Nérion, emmène-moi donc ce sapristi de chien dans la grange!
-Qu'est-ce qu'elle a encore fait? demanda-t-il en venant saisir la corde râpeuse qui servait de collier à l'animal.
-Elle fouinait encore dans le cellier. Bon sang, je la laisserait bien me dénicher toutes les souris et tous les rats du village qu'elle veut pour peu qu'elle ne touche pas aux jambons!
-Elle n'y toucherait pas, tu sais... glissa-t-il en grattant gentiment l'arrière des oreilles de la chienne aux poils striés de blanc.
-Mais oui, mais oui... Emmène-la vite, tu veux... Le repas est bientôt prêt et tu sais que ton père déteste attendre.

Il hocha la tête et fila, entraînant Loum derrière lui. Elle traînait gentiment la patte en dandinant du derrière, comme un chiot pataud, et cette image l'amusa autant qu'elle lui fit mal. Loum était à la ferme depuis qu'il était tout bébé. Il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre...

Ils traversèrent la cour au trot pour rejoindre le vaste bâtiment adjacent. Il sentait bon le foin et la terre retournée. S'il ne faisait pas si froid, Nérion se serait fait un plaisir de se rouler dans la paille comme un gamin, ne serait-ce que pour oublier ses soucis, ces pensées qui n'étaient « pas de son âge » comme aimait le lui rappeler Messra. Ils avaient juste quatorze ans, après tout...

-Nérion!
-J'arrive, j'arrive, y'a pas le feu... grogna le jeune homme en attachant Loum à son poteau, bien à l'abri du froid. A demain, ma Loum, dors bien.

Une nouvelle course dans la cour et l'adolescent fut de retour dans la cuisine, bien plus animée que quelques minutes auparavant. Merwin plaisantait apparemment sur un quelconque sujet avec son père, tranquillement attablés en attendant leur souper. Une fois de plus, Nérion se trouva un peu décalé par rapport à cette famille, sans doute troublé par toutes ces rumeurs. Mais que pouvait-il penser lorsqu'à cette table se trouvaient trois personnes de petite taille, blonde à la peau pâle, quand lui même prenait un malin plaisir à noircir pour peu qu'il y ai un simple rayon de soleil? Il se sentait... Différent. Pour cette seule histoire d'apparence, il était devenu l'un des meilleurs sujets de racontars de tout le village... C'était à devenir fou.

-Et bah enfin, p'tit frère! Tu lui faisais quoi à la Loum qui prenne autant de temps?! ricana le jeune homme blond avachi à sa place, narquois.
-Merwin!
-C'est qu'on a faim, ici, je suis encore en pleine croissance moi!
-Tsss, tu pense encore pouvoir me dépasser un jour? le nargua Nérion, brusquement fier de sa soudaine poussée de croissance. Rêve, l'âge te voûte déjà, papy Merwin!
-Dis donc toi!

Merwin attrapa soudain son cadet par le col et lui coinça la tête sous le bras pour lui administrer un savon bien sentit malgré les faibles mouvements qu'il fit pour se débattre. Car s'il dépassait Merwin, son aîné de cinq ans, d'au moins une bonne tête pour ne pas dire un peu plus, celui-ci avait l'avantage de la force procurée par le travail des champs, et surtout de la forge. Nérion était encore loin de pouvoir rivaliser avec lui de ce point de vue.

Du calme, les garçons! gronda la voix sourde d'Haaran, mi-sérieux, mi-moqueur. Respectez l'œuvre de votre cuisinière favorite voulez-vous...
Haaran, je vous prierais de cesser de vous moquer ainsi de moi sous peine de ne pas voir votre gouffre sans fond rempli pour ce soir! rétorqua sa femme du tac-au-tac en posant l'énorme marmite sur la table dans un claquement sec.

Elle servit les bol de soupe bien épaisse en de larges louchées bien généreuses, le sourire aux lèvres. Lorsqu'elle s'assit à son tour, le silence se fit autour de la table. Haaran, en sa qualité de chef de famille, découpa une tranche de pain pour chacun et rajouta du fromage de chèvre, avant de fermer les yeux, la tête baissée.

Remercions les divinités de leur générosité qui nous permet de survivre une journée de plus, loin des démons et de la cupidité des hommes. Soit remerciée Tsuchide, reine de la terre, pour avoir fait naître le blé de nos champs et nourri nos bêtes. Soit remerciée Mizude pour avoir fait pousser le blé et abreuvé notre famille. Soit remerciée Hizade pour avoir fait dorer le blé et grandir nos enfants. Soit remerciée Kazede pour nous épargner de sa colère et de la guerre. Soit remerciée Tsukide pour avoir protégé notre sommeil. Soit remerciée Kenade pour nous avoir donné la vie. Soit remercié Kagede de nous offrir la mort au terme d'une vie bien remplie.
Nous remercions les dieux, souffla le reste de la famille avant d'entamer le repas dans un calme respectueux.

Nérion savoura la soupe épaisse de la moitié de l'hiver. Bientôt, de tels ragoûts lui manqueraient, quand la plupart des légumes auront pourri et que la saison morte s'étendra trop. Surtout que la fête du début de l'année, au début de l'hiver, avait sérieusement entamé les réserves de tout le monde. Ses pensées gustatives furent interrompues par son frère qui parla, la mine sombre.

-Vous avez entendu ce que racontent les marchands, cette année?
-Oui, j'ai entendu, gronda Haaran, de mauvaise humeur. Les taxes dans les villes sont de plus en plus importantes pour les honnêtes gens,tandis que nos indésirables pillent sans vergogne toutes les échoppes... Et c'est de pire en pire à chaque fois, quoi de nouveau sous le soleil, je te le demande...
-Je parlais d'autre chose, père.
-Et de quoi s'agit-il? demanda l'homme, soudain sérieux et attentif. Nérion dressa l'oreille lui aussi.
-Il semblerait que la résistance a réussi à frapper fort, récemment, en anéantissant plusieurs patrouilles... Mais les étrangers ont décidé de sévir. Ils comptent envoyer des expédition punitives dans les villages, pour « épurer ce ramassis de gueux ignorants », selon les propres mots de leur maître...
-D'où tiens-tu ces informations, Merwin? demanda Linaë, le voile de l'inquiétude posé sur son regard.
-D'un homme, dans l'équipage qui s'est arrêté ici ce soir. Une patrouille devrait arriver demain, ou du moins dans très peu de temps.
-Mais que cherchent-ils, bon sang? murmura la femme, les mains serrées sur son bol.
-Des résistants, des mages, des martyrs, n'importe quoi tant qu'ils peuvent donner l'exemple par la violence! Haaran frappa du poing sur la table. N'en ont-ils pas eu assez avec tous ces gens qu'ils massacrent? La dernière fois, c'était les Connka, des gens biens qui faisaient pas de mal à une mouche! Qui ce sera cette fois, hein?! Et pourquoi les looyunes ne s'y mettraient pas aussi, tant qu'à faire? Pour qu'on ait toutes ces calamités en même temps?
-Haaran! Tu appelles le mauvais sort, souffla sa femme pour le faire taire.


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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeJeu 23 Déc 2010 - 11:30

Nérion avala son ragoût en silence, troublé. C'était bien la première fois que son père perdait ainsi patience à ce propos, en trois ans. Mais ce sentiments d'impuissance les étreignaient tous lorsqu'il était question des étrangers.

« On ne peut rien faire. Je ne peux rien faire... Ils sont encore là, bien plus proches. Bientôt, nous ne serons plus rien. »
***
Nérion quitta la ferme au petit trot. L'épaisse tunique qu'il avait enfilé pour lutter contre le froid de la nuit ne le protégeait pas suffisamment à son goût. Il pressa l'allure, inquiet à l'idée de faire attendre sa tigresse de meilleure amie. C'est que la patience n'était pas le fort de Messra, surtout s'il s'agissait d'écouter des histoires. Il quitta le chemin et courut jusqu'à la place bruyante et éclairée d'une ambiance festive. Cette nuit serait consacrée à de belles réjouissances, et demain viendrait bien assez tôt pour les affaires et les tracas.

Il souffla et chercha Messra du regard, mais parmi cette foule, c'était impossible qu'il la repère. Pourquoi ne lui avait-il pas donné rendez-vous avant de partir, franchement? Elle serait encore de sale humeur après ça.

-Bonsoir, Nérion... susurra une voix à son oreille tandis que tout son corps se crispait sous la surprise. Il faillit bondir comme un lapin terrorisé.
-Okina! Ne me fais plus jamais ça! cria-t-il à la jeune fille blonde, de deux ans son aînée.

Okina Akasitsu était la cinquième fille de la famille qui régnait sur le village. Grande, fine, avec des yeux aux couleurs des lacs les plus profonds, elle en avait fait chavirer des cœurs Mais curieusement, son attention était toute entière portée vers Nérion, qui s'en serait bien passé avec la jalousie dévorante d'une Messra intransigeante. Qu'avait-il fait pour lancer cette collectionneuse à ses trousses, hein?! Il n'avait rien demandé, lui!

-Tu vas voir les conteurs? reprit la jeune fille en arrangeant son col de fourrure.
-Oui... Je cherchais Messra, on devait y aller ensemble... marmonna-t-il en faisant courir ses yeux partout ailleurs, à la recherche d'une issue.
-Elle t'a posé un lapin? demanda-t-elle, en se rapprochant un peu trop au goût du jeune homme. On pourrait y aller ensemble rien que tous les d...
-Ravie de voir l'estime que tu as pour moi, Okina... La voix claire claqua comme un fouet, et Nérion se sentit de suite mieux... Pendant un instant.
-Messra... Contente de voir que tu ne t'es pas égarée dans cette foule avec ta si petite taille... glissa mielleusement Okina avec un sourire faux, mais en exécutant tout de même un pas de côté pour s'éloigner de Nérion.
-Et je suis très heureuse de te savoir sans cavalier pour ce soir, car, comme Nérion vient de te le dire, il est avec moi ce soir. Sur ce, tu nous excuses, ça va bientôt commencer, rétorqua Messra sur le même ton en la foudroyant de ses yeux noirs et froids.

Nérion soupira. Il allait encore en prendre pour son grade. Il saisit la main que Messra lui tendit d'un air peu avenant et se laissa guider à sa suite, prêt à entendre son sermon acerbe.

-Je peux pas te laisser seul deux minutes! Elle te plaît tant que ça cette asperge?
-Pas vraiment mais...
-Oh, et puis laisse tomber, tu veux, c'est à chaque fois pareil, à croire que tu veux qu'elle te courtise comme ça...
-Je te cherchais et je l'ai pas vue venir...
-C'est de ta faute, t'avais qu'à pas partir tout à l'heure! Ne t'en prends qu'à toi-même!
-Oui, oui...
-Enfin, en t'attendant, j'ai eu le temps de faire le tour des cercles. On va au tout dernier, là-bas.

La jeune fille le guida jusqu'à un petit regroupement, un peu excentré du reste du rassemblement. Ils s'assirent au milieu de la petite foule, et fixèrent le centre du cercle, près du foyer. A la surprise du jeune homme, trois femmes discutaient à voix basse et tranquille. Elle n'avaient rien en commun, de leur manière de se vêtir à leurs attitudes. La plus proche d'eux avait de courts cheveux blond-roux en épis, de grands yeux bleus, et semblait ne pas vouloir cesser de s'agiter sur son siège. Son regard passait de l'un à l'autre des membres de l'assistance à qui elle décochait des sourires ravageurs tant ils étaient sincères et dénué de toute arrière-pensée. Ses vêtements, entièrement dans des teintes bleues, semblaient particulièrement échancrés, et révélaient des rondeurs très généreuses et des tatouages pour le moins exotiques, faits d'ondulations mystérieuses.

-Elle n'a pas froid comme ça, murmura l'adolescent à son amie qui hocha la tête, la mine sombre.

A l'opposé se trouvait la plus grande femme qu'ils aient jamais vue, emmitouflée dans une épaisse cape verte. Elle arrangeait sa longue, très longue chevelure ébène tout en parlant, un doux sourire maternel aux lèvres. Ses yeux verts étaient calmes et posé, comme tout son être. La troisième, quant à elle, Nérion n'en crut pas ses yeux.

Placée au centre, ses cheveux bleus luisaient d'un éclat vif, presque paranormal à la lueur du feu. Sa peau était aussi pâle que la neige, presque malade remarqua-t-il en remarquant les cernes sous ses yeux. Mais cela fut vite effacé par sa dernière constatation.

La conteuse avait les yeux rouges.

L'adolescent la fixa d'un air ahuri, sous le choc. Que faisait-elle ici? Comment avait-elle ne serait-ce que pu entrer au village? Messra échangea avec lui un regard interloqué. Lorsqu'il détourna les yeux pour reprendre son observation, La femme le regardait avec un sourire tranquille, puis sa voisine blonde leva les yeux au ciel en pointant quelque chose du doigt.

-L'étoile du conte est levé, que l'histoire commence! lança-t-elle en riant.

Sa compagne vêtue de vert rajouta du bois sur les braises, ravivant le feu, puis elle se tournèrent conjointement vers leur camarade. Celle-ci ferma les yeux, parut réfléchir un moment, puis sa voix grave s'éleva et Nérion perdit le fil de ses réflexions, déjà emmené dans un autre monde.

- Il est des personnes de par le monde qui abandonnent les anciennes croyances... qui renient les dieux et jusqu'à l'existence de la magie. C'est aux conteurs d'alors rétablir la vérité, en transmettant aux hommes les textes et les récits divins. En voici le premier.
"Au commencement était la lumière mère, Kenade, reine du monde d'en haut. Unique créature pensante d'un monde vide, sa solitude était grande, aussi profonde que les ténèbres les plus sombres et les plus froides. Un jour, lorsque sa peine fut trop grande, du sombre néant qui l'entourait, la déesse façonna un être qui lui ressemblait, mais qui lui était opposé en tout point. Elle était de lumière et de chaleur, il fut d'obscurité et de froideur, elle femme, lui homme. Ainsi naquit Kagede, son compagnon, roi des mondes obscurs. Ils vécurent ensemble de nombreuses années, en harmonie, et façonnèrent lentement d'autres êtres à leur image, pour remplir ce monde vide. De la dureté de Kagede naquit Tsuchide, maîtresse de la terre et des plantes, de sa colère, Hizade, incarnation du feu le plus ardent, de ses envies de violences, Kazede, impératrice du vent aux humeurs changeantes. Des larmes de Kenade fut Mizude, esprit des eaux et reine de tout ce qui est liquide, de ses rêves, Tsukide, enfant de magie et d'espoirs.
Les deux dieux vécurent longtemps, élevant les petites déesses encore immatures et innocentes. Puis celles-ci, devenues grandes, s'en furent explorer l'univers et se chercher des compagnons à leur tour. Kagede partit ensuite, à la recherche de la fin de l'univers, des frontières de son territoire. De nouveau seule, Kenade sentit le solitude étreindre de nouveau son cœur. Elle rappela ses filles à ses côtés et leur fit part de son désir de créer un nouvel enfant, celui qui ne la quitterait jamais et qu'elle pourrait chérir jamais. De ses cinq filles, seule Tsukide refusa et retourna explorer les confins. Malgré son départ, ses quatre sœurs aînées se mirent au travail. Tsuchide prit un peu de son essence et façonna de ses mains une sphère de terre et de roche. A cette sphère, la deuxième sœur, Hizade, donna un cœur brûlant afin de le réchauffer, car le monde des étoiles était froid, trop froid. Kazede, de ses souffles violents et ses brises changeantes, façonna le monde à son goût, érodant le sol et les roches. Mizude vint alors, et de ses larmes tombées naquirent les mers et les océans, les rivières et les nuages, la neige et la glace. Alors Kenade vint à son tour près de la petite sphère et répandit son précieux souffle de vie. Poussèrent alors les plantes et grandirent les animaux. Passèrent les ans. Chaque espèce s'accrût selon le rythme de la nature, sous les yeux de leur protectrice éternelle, Kenade, lumière de la vie et de la création.
Kagede, de retour des confins de l'univers, découvrit alors aux côtés de sa compagne ce fruit inattendu auquel il n'avait pu prendre part, faute d'avoir été convié. Fou de rage, il étendit son influence sinistre sur le monde, ses ténèbres s'étendirent par vagues de violence et de fureur. Apparurent alors les monstres et les assassins jaillirent de l'ombre. Ils tuèrent et détruisirent toute trace de vie qu'ils croisèrent. Horrifiées, les déesses défendirent comme elles purent le dernier enfant de Kenade.
Au bout de longues années, de guerre lasse, Kenade vint voir Tsukide dans son palais de rayons de lune et lui tint se discours. "Ma fille", lui-dit-elle, "ton père et nous avons suffisamment souffert de cette guerre stérile. Va, et répand le souffle de la magie sur le Monde, qu'il puisse survivre seul. Que les hommes, ceux que j'ai façonné de mes mains, grandissent en fils de vous cinq, symboles de l'équilibre de l'univers, et qu'ils vivent en paix, loin de nos conflits". Ainsi fit Tsukide. Des ses longs doigts blancs jaillirent les cinq souffles de la magie élémentaire, infimes souffles de la sienne et de celle de ses sœurs. Mais Kagede ne renonça pas à établir sa domination sur le monde. A son tour, il créa des êtres de ténèbres purs, et leur accorda ses pouvoirs. Ainsi naquirent les démons.
Alertée, Tsukide forma à son tour, à l'insu de sa mère, des êtres capables de lutter contre la nouvelle menace. Ainsi naquit le peuple de la lune.
Kenade saisit alors son épée de lumière et trancha le Monde en deux. Des deux moitiés se reformèrent deux mondes différents qui ne pourraient plus jamais se rencontrer. Les monstres disparurent mais le mal resta sur chacune deux deux créations. A bout de force, Kenade confia à ses filles les mondes jumeaux et s'endormit à jamais au cœur du cosmos, le cœur blessé de cette haine qui avait détruit sa famille et son amour. Bercée par la lumière des étoiles, elle resta là-bas, en sécurité, éclairant les Mondes de sa pâle lueur..."

La conteuse se tut alors, et le silence retomba autour du feu. Nérion, la poitrine oppressée, reprit alors son souffle, les yeux écarquillés. Il n'avait pas seulement entendu la légende, non. Il avait vu, dans son esprit, se former les batailles et naître le monde.

La légende de la création. Le texte le plus ancien de toute leur histoire. C'était bien la première fois qu'il l'entendait, mais il savait que c'était lui. Et son être en était comme transporté, exalté. Il regarda Messra, cherchant ses yeux pour lui faire part de son trouble. Elle avait l'air aussi désorientée que lui, perdue entre rêve et réalité.

-J'ai... J'ai vu...
-Toi aussi? souffla Nérion, abasourdi.
-Des images, dans ma tête... Les dieux... Je les ai vu Nérion.

La jeune fille semblait ne savoir que choisir entre le rire et les larmes, complètement perdue.

-Tu crois que c'est elle qui...
-Une mage? Mais pourquoi juste nous alors?
-Juste nous?
-Personne d'autre ne semble avoir été affecté, chuchota-t-il, anxieux.
-Je ne comprends pas... Je ne comprends pas... souffla la jeune fille, paniquée.

Aucun d'eux ne remarqua le fin sourire d'une certaine femme blonde aux cheveux courts, énigmatique et rusé, son regard fixé sur ce duo d'enfants qui ne réalisait pas encore la vérité...

***

Très loin de là, une jeune fille regarda d'un air ensommeillé le cadran de son réveil et se retourna, enfouie sous sa couette.

- Merci pour le conte... murmura May, tandis que le sommeil reprenait ses droits.

________________________________________________________
Wala! Fin du chapitre et Joyeux Noël à tous!
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeJeu 23 Déc 2010 - 14:30

"Nérion regarda défiler le convoi de chariot sur la place centrale du village, contemplant distraitement ces choses qu'il ne pourrait jamais s'offrir déborder allègrement des véhicules." Manque quelque chose, sans doute une virgule après déborder. La phrase sonne mal.

"jusque dans ce petit patelin reculé
. " Je n'aime pas le mot patelin. Je le trouve moche, pourquoi ne pas mettre village tout simplement ?

Pense à mettre un espace avant chaque point d'interrogation, d'exclamation ou double points. Contrairement à un point simple, on ne les colle pas au dernier mot de la phrase.

"on avait de cesse de raconter ces massacres sanglants" Un peu fort le on avait de cesse (on n'avait de cesse plutôt non ?).

"Les mages étaient monnaie courante sur leur île, surtout les mages de terre car ils faisaient d'habiles soigneurs"
répétition de mages. J'aurai mis surtout les Maîtres de la Terre, ou ceux de la terre.
Pourquoi l'île a elle besoin d'habiles soigneurs ?

"On racontait qu'ils avaient franchit" >> franchi. Toujours ton plus-que-parfait !

"arrière – arrière – grands – parents" pourquoi un espace entre chaque mot ? Arrières également.

"avait du s'enfuir sous la menace">> avait dû

"ennemi public numéro 1" Écris les nombres en toutes lettres, ce sera mieux. Ça gène un peu ennemi public numéro un dans un univers de Fantasy aussi.

"si l'on puis dire" je n'aime pas cette tournure, ça m'a fait grimacer. Peut être d'un niveau de langue trop élevé pour le narrateur.

"elles avaient prit une tournure un peu effrayantes" >> avaient pris. Une tournure un peu effrayantes. Le un peu me gène tout seul. Un peu plus sonnerait mieux peut être ?

" de la taverne pas loin" C'est un ado qui parle d'accord, mais dans une narration, le pas loin n'a pas sa place.

-Tu y pense encore? >> penses

"Il léger coup sur la tête le ramena sur terre "
Un léger coup ?

"Il n'avait acquit" >> plus-que-parfait ! Il n'avait acquis.

"tant que le feu brûlerait" Majuscule en début de phrase.

"il ne savait qu'elle charmante bordée d'injure"
quelle, injures. J'ai eu du mal à comprendre la phrase entière à la première lecture.

" je la laisserait bien me dénicher " je la laisserais

"Ils traversèrent la cour au trot" Le vieux chien traîne la patte à la ligne précédente pour maintenant courir au trot ?

à noircir pour peu qu'il y ai un simple rayon de soleil? qu'il y ait

"Il se sentait... Différent "
c'est la même phrase, pas besoin de majuscule à différent.

"Du calme, les garçons! gronda la voix sourde d'Haaran " manque un tirait en début de dialogue. Pareil pour la réponse de la femme et pour le début de la prière de l'homme.

" Et c'est de pire en pire à chaque fois, quoi de nouveau sous le soleil, je te le demande... " difficile de poser une question pour la faire suivre aussitôt d'une affirmative. Tolkien lui aurait fait : quoi de nouveau sous le soleil ? je te le demande... sans mettre de majuscule après le point d'interrogation pour bien montrer que c'est la même phrase. Moi, j'aurai changé la phrase en il n'y a vraiment rien de nouveau sous le soleil... tu as oublié un espace après la virgule dans la phrasé précédente aussi.

"Ils comptent envoyer des expédition punitives" expéditions

"- n'importe quoi tant qu'ils peuvent donner l'exemple par la violence! Haaran frappa du poing sur la table."
comme sa réplique n'est pas terminée, je te propose de mettre ; s'énerva (ou cria, hurla, fit, parla...) Haaran en frappant du poing sur la table pour séparer facilement la phrase parlée de la narration.

"les looyunes" Tu as toujours mis une majuscule à tes noms de peuple, continue de la même manière.

"ainsi patience à ce propos, en trois ans" pas besoin de virgule.

"Mais ce sentiments" ce sentiment.

"les ténèbres les plus sombres et les plus froides. Un jour, lorsque sa peine fut trop grande, du sombre néant qui l'entourait" Répétition de sombre. Pas très grave, mais il existe des synonymes.

"et les assassins jaillirent de l'ombre."
Quand je pense à un assassin, j'imagine des ninjas de l'ombre, porteurs de dagues empoisonnés. Ce n'est pas ce que tu voulais décrire je pense !

Voilà ! Beaucoup d'erreurs qu'une ou deux relectures auraient supprimé. Et il doit en rester autant. Prends ton temps de correction, tu n'es pas encore professionnelle et n'a pas de comptes à rendre à ton éditeur. Relis toi le nombre de fois qu'il sera nécéssaire. Il restera toujours des fautes, on en oublie toujours mais ça enlèvera les plus grosses. Et fais attention au plus-que-parfait !

L'histoire me plait. Le récit de la Création m'a bien captivé et permet d'avoir une première compréhension des deux mondes et de leurs liens. J'ai juste un problème avec les noms japonais... c'est la mode et tu maitrises ces sonorités mais j'arrive pas à m'y faire dans un univers de Fantasy européenne.

Il ne s'est pas passé grand chose dans ce chapitre mais ça met bien en scène l'histoire. Ça a un petit côté Roue du Temps je trouve. Ton univers a l'air vraiment sympa, j'ai envie de le découvrir.



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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeJeu 23 Déc 2010 - 22:28

Au tout début, j'étais un peu embrouillé, perdu on va dire ! J'avais du mal à accrocher .
Par contre, j'ai adoré la réécriture qui est je le pense beaucoup mieux !! J'aime le style et le rythme du récit !
Les personnages sont sympathiques, j'aime beaucoup May ( non pas seulement parce que c'est mon nom ^-^) et Tchang Pei ! Il n'y a pas que moi qui utilise des noms asiatiques Razz !
Quant au contexte, il est bien placé et l'univers me plait bien ainsi que la légende !!!
C'était un plaisir de te lire, j'ai hâte de découvrir la suite !

Bonne continuation !
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeMer 2 Fév 2011 - 12:59

Bon, alors, le chapitre 3... Lui, je ne l'aime vraiment pas du tout, mais alors pas du tout du tout du tout! Recommencé 5 fois et toujours aussi plat, non vraiment, j'aime pas ><
_____________________________________________
Chapitre 3: Turbulences

Cognements insistants. May grommela dans son sommeil et tira la couette au dessus de sa tête. Les coups reprirent, plus forts. Et la voix de Tchang-peï finit par atteindre ses oreilles.

-May, on est en retard!

La jeune fille grogna et se roula en boule, pas franchement décidée à quitter la tiédeur du lit. Elle était bien, là, alors pourquoi voulait-il qu'elle se lève si tôt un... Mardi?

Elle sursauta. Sa main attrapa le réveil et ses yeux auparavant à peine ouverts s'écarquillèrent de manière comique. Elle n'y croyait pas.

Il ne lui fallut qu'un instant, passé cette révélation subite de son esprit, pour jaillir du lit et saisir les premiers vêtements qui traînaient. Une fois jean et T-shirt enfilés, elle se précipita dans la salle de bain, enfourna sa brosse à dents, peigna ses cheveux avec ses doigts, avant de se rendre compte de Tchang-peï frappait toujours. Catastrophée, elle courut dans le vestibule, trébucha contre ses chaussures rangées à la va-vite, s'écrasa contre la porte et l'ouvrit enfin. Son meilleur ami la dévisagea, interloqué, puis il l'envoya d'un geste de la main finir sa toilette pendant qu'il se dirigeait vers la cuisine. May fila terminer son affaire en vitesse et le rejoignit. Deux minutes plus tard, elle verouillait sa porte, une tartine de confiture dans la bouche pendant que Tchang-peï vérifiait le courrier. Il lui fourra deux lettres dans les mains tandis qu'elle s'efforçait de remettre sa veste et le duo commença à courir à toute allure vers l'extérieur, manquant par trois fois de tomber la tête la première dans l'escalier de l'immeuble.

Coup de chance, le bus avait suffisamment de retard pour qu'ils atteignent l'arrêt à temps. Ils purent enfin se ressaisir, haletants.

-Comment... ça a pu...
-Coupure... de courant... répondit Tchang-peï, appuyé sur la paroi de verre de l'abri. Dans tout l'immeuble.

May soupira et s'adossa à son tour contre le poteau, agacée. Et il fallait que ça tombe sur eux? Enfin, au moins, ils avaient leur bus et arriveraient juste à la sonnerie, s'il n'y avait pas trop d'embouteillage.

Le duo monta dans le véhicule et purent enfin s'asseoir, car cette ligne n'était que très peu fréquentée. Là, May se rasséréna un peu et regarda les deux enveloppes qu'elle tenait à la main. Son bulletin de notes dans la première et la seconde...

La jeune fille se figea, soudain tremblante, tandis que l'écriture fine et déliée de l'expéditeur dévoilait peu à peu un bref message qui lui glaça le sang. A côté d'elle, Tchang-peï la secoua un peu, inquiet, mais le regard désespéré qu'elle lui adressa le renseigna bien plus que des mots. Il ne posa qu'une question:

-Quand?
-De... Demain soir, à 18 heures, bredouilla-t-elle.
-Je t'accompagnerais.

***
A la pause de midi, May quitta la salle de classe en tête et s'éloigna rapidement vers le parc du collège. Tchang-peï la regarda partir, impuissant, tandis qu'il guettait l'arrivée des trois autres membres de leur petite bande.

La première à arriver fut Kaéra. Grande, svelte, elle ne passait jamais inaperçue où qu'elle aille, mais ne semblait pas tenir compte de tous ces regards qui la fixaient sans cesse. Elle les avait complètement oubliés, ces autres qui ne l'atteindraient jamais. La jeune fille s'avança tranquillement en fendant la foule de son pas tranquille et assuré, alors qu'elle replaçait distraitement une de ses longues mèches de cheveux noirs. Arrivée près de Tchang-peï, elle lui dédia un grand sourire lumineux, et il sembla au jeune homme que des dizaines d'envies de meurtres convergeaient vers sa personne. Mais bon, il avait aussi apprit à les oublier.

-Salut Tchang. May n'est pas là? demanda l'asiatique en tordant le cou pour regarder derrière lui.

Face à son manque de réponse, elle retrouva très vite son sérieux, et un éclair de colère traversa ses yeux verts. Sa main halée se resserra sur la lanière de son sac et il eut presque envie de disparaître dans un trou. Kaéra en colère lui faisait immanquablement penser à une pile de cadavres fraîchement abattus par la colère d'une quelconque divinité. Kaéra en colère était terrifiante.

-Où sont les jumeaux? demanda-t-il dans l'espoir d'échapper à l'explosion de fureur qui se préparait devant lui.
-Ils arrivent, Willys a été retenu par son prof de photos et Mannick l'attendait quand je les ai croisés.
-D'accord...
-C'est encore lui, pas vrai?
-De quoi tu parles?
-May... C'est encore son père?
-Oui... Le courrier est arrivé ce matin.
-C'est pour quand?
-Demain soir. J'irais avec elle.
-Tant mieux. La dernière fois, c'était affreux, murmura Kaéra, sombre.
-Voilà les garçons.

La jeune fille tourna à son tour la tête dans leur direction et répondit sans enthousiasme au salut enjoué de Mannick, comme toujours monté sur ressort. Willys suivaient, un dossier dans les mains et l'air concentré.

Les jumeaux étaient aussi identiques physiquement qu'ils se différenciaient psychologiquement. Tous deux châtains et plutôt trapus, seuls leurs yeux les distinguaient. Willys avait la vue très fragile, et pour une raison qui échappait complètement à Tchang-peï, au lieu de devenir aussi bruns que ceux de son frère, les iris de Willys étaient restés du bleu nuit commun à tous les nouveaux-nés. Ses lunettes et son frère étaient devenus sa seule protection face à son environnement pas toujours très hospitalier. Là où Willys était devenu timide et renfermé, Mannick avait au contraire développé une grande sociabilité et un donc inné pour se fourrer dans les pires situation, où, bien sûr, il entraînait son frère dès que possible. Mais son petit frère avait aussi le don de l'embobiner plus que n'importe qui. Les voir interagir tous les deux, toujours ensemble, rendait toujours Tchang-peï un peu jaloux de cette complicité qui leur était propre. A une certaine époque, May et lui étaient aussi comme cela... Mais quelque chose s'était brisé il y a trois ans.

Quand le duo les eu rejoint, Tchang-peï prit à son tour la direction du parc, et les autres lui emboîtèrent le pas, sans qu'une seule remarque ne sorte. Kaéra devait déjà els mettre au courant de la situation.

Arrivés à la clôture, ils eurent un léger problème. May changeait toujours de cachette en fonction de ses coups de blues. La retrouver ne serait pas une mince affaire. Sauf pour un certain Mannick, lui-même adepte de parties de cache-cache avec les surveillants.

-C'est son père? grogna-t-il de manière hostile, les mains fourrées dans les poches.
-Oui.
-Alors elle sera le plus loin possible de l'entrée.
-Au saule pleureur donc.
-Oui. Ca doit coller à son humeur.

Ils s'engagèrent sans un mot de plus sur le sentier. Ils croisèrent beaucoup d'autres élèves, puis, à mesure qu'ils s'éloignaient de l'entrée, les rencontres se firent plus rares. Jusqu'à ce qu'ils débouchent face à l'arbre solitaire. De leur position, ils pouvaient distinguer une toute petite silhouette recroquevillée sur elle-même.

-Ton flair me surprendra toujours, Mannick, déclara Kaéra, un léger sourire aux lèvres.
-Héhé! Je ne perds jamais ma proie! ricana le jeune homme, très satisfait de lui. La main de son jumeau frappa l'arrière de son crâne.
-Arrête avec tes délires et avance. Quelqu'un a besoin de nous.

May n'eut aucune réaction lorsque Tchang-peï s'assit à côté d'elle. Elle ne releva pas les yeux quand Kaéra l'attira contre sa poitrine. Elle ne bougea pas quand Mannick lui ébouriffa gentiment les cheveux, ou lorsque Willys lui caressa doucement la main dans un geste de réconfort.

Dans ces situations, il n'y avait plus besoin de mots.

***

La fin de la journée vint trop vite au goût de May. Elle fixa le ciel par la fenêtre de la salle de cours, comme espérant un miracle qui ferait que le lendemain n'arriverait jamais. Mais rien ne vint, pas d'éclair magique, pas de monstres ou d'invasion extraterrestre pour la débarrasser de son angoisse comme dans les romans d'aventure. Rien. Juste un coucher de soleil aussi banal que beau, dont le chatoiement l'éblouissait. Personne ne viendrait l'enlever pour l'emmener loin d'ici, loin de ce pays qu'elle détestait. Loin des gens qu'elle aimait...

-May, tu viens?
-Hm... J'arrive, répondit-elle à son meilleur ami, encore un peu perdue dans ses pensées.

Le lendemain arriverait trop vite de toute façon, et rien de ce qu'elle pourrait faire n'arrangerait les choses. La jeune fille saisit son sac et emboîta le pas à son ami, résignée. De toute la journée, elle n'avait guère prononcé plus de trois phrases, d'une voix désincarnée à peine audible.

Comme à chaque fois que cela arrivait, Tchang-peî se surprit à haïr profondément Charles Saragi, de toutes ses forces de simple adolescent impuissant. C'était lui qui causait tant de tourment à sa propre fille, lui qui la terrorisait un peu plus à chaque rencontre. Lui qui avait détruit son âme enfantine pour ne plus laisser qu'une coquille à moitié vide, sans plus de volonté qu'une poupée de chiffons. Et tout ça pour quoi? Si peu de choses au final.

Sur toutes les photos que le jeune homme avait pu voir, May ressemblait à sa mère de manière extrêmement troublante. Comme si elle n'était pas simplement sa fille, mais un reflet de ce qu'elle avait été plus jeune, si l'on exceptait l'étrange couleur de ses yeux, ce cuivre sombre qu'elle ne tenait d'aucun de ses ancêtres. Et ses cheveux de flammes, qui eux, venaient de son père. Mais à part cela, elle était l'image même de cette femme un peu lutine que fut Christelle Saragi, la bonne humeur en moins. Mais ça, personne ne pourrait lui en vouloir, à part son père. Où était le mal, si, après des années d'absences sans fins, May refusait de reconnaître cet homme comme son père? Pourquoi avait-il décidé il y a trois ans de reprendre en main l'éducation de sa fille, de loin, mais toujours là pour étouffer ses rebuffades? A quoi cela rimait-il, bon sang?

Tchang-peï serra le poing, quand la petite main trop blanche et trop fine de sa meilleure amie vint se faufiler dans la sienne. Elle ne leva pas la tête, mais tout était dit. Perdue dans ses propres soucis, elle ne pouvait pas s'occuper de ceux qui s'inquiétaient pour elle. Sinon ses défences face à son père s'effondreraient d'un bloc, et elle ne serait plus rien. Tout sauf ça. Alors Tchang-peï, comme d'habitude, accepta ce petit écart de faiblesse, et serra la petite main dans la sienne. Ils étaient si différents, et pourtant, il la comprenait si bien...

Le duo quitta le collège en silence, vers les arrêts de bus où ils patientèrent, las et pensifs. Durant tout le trajet, ils évitèrent de se croiser du regard, même un bref instant. La journée du lendemain serait longue et éprouvante... Peut-être trop?

Une fois arrivés aux portes de leur immeuble, May se contenta d'un bref signe de la main et fila en trottinant jusqu'aux escaliers. Tchang-peï suivit, bien plus lentement. Il atteignit leur palier juste quand la clé de l'appartement de May tournait dans la serrure, les séparant jusqu'au lendemain... Ou plutôt jusqu'à ce que la jeune fille trouve la force de sortir de son trou avant la confrontation. D'ici là, il pourrait se passer n'importe quoi, mais lui ne pourrait qu'attendre.

Attendre qu'elle lui ouvre la porte de son coeur pour qu'il puisse jouer son rôle.

***
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MessageSujet: Re: Le cycle de May T1: Naissance   Le cycle de May T1: Naissance Icon_minitimeMer 2 Fév 2011 - 13:00

La fin de la journée vint trop vite au goût de May. Elle fixa le ciel par la fenêtre de la salle de cours, comme espérant un miracle qui ferait que le lendemain n'arriverait jamais. Mais rien ne vint, pas d'éclair magique, pas de monstres ou d'invasion extraterrestre pour la débarrasser de son angoisse comme dans les romans d'aventure. Rien. Juste un coucher de soleil aussi banal que beau, dont le chatoiement l'éblouissait. Personne ne viendrait l'enlever pour l'emmener loin d'ici, loin de ce pays qu'elle détestait. Loin des gens qu'elle aimait...

-May, tu viens?
-Hm... J'arrive, répondit-elle à son meilleur ami, encore un peu perdue dans ses pensées.

Le lendemain arriverait trop vite de toute façon, et rien de ce qu'elle pourrait faire n'arrangerait les choses. La jeune fille saisit son sac et emboîta le pas à son ami, résignée. De toute la journée, elle n'avait guère prononcé plus de trois phrases, d'une voix désincarnée à peine audible.

Comme à chaque fois que cela arrivait, Tchang-peî se surprit à haïr profondément Charles Saragi, de toutes ses forces de simple adolescent impuissant. C'était lui qui causait tant de tourment à sa propre fille, lui qui la terrorisait un peu plus à chaque rencontre. Lui qui avait détruit son âme enfantine pour ne plus laisser qu'une coquille à moitié vide, sans plus de volonté qu'une poupée de chiffons. Et tout ça pour quoi? Si peu de choses au final.

Sur toutes les photos que le jeune homme avait pu voir, May ressemblait à sa mère de manière extrêmement troublante. Comme si elle n'était pas simplement sa fille, mais un reflet de ce qu'elle avait été plus jeune, si l'on exceptait l'étrange couleur de ses yeux, ce cuivre sombre qu'elle ne tenait d'aucun de ses ancêtres. Et ses cheveux de flammes, qui eux, venaient de son père. Mais à part cela, elle était l'image même de cette femme un peu lutine que fut Christelle Saragi, la bonne humeur en moins. Mais ça, personne ne pourrait lui en vouloir, à part son père. Où était le mal, si, après des années d'absences sans fins, May refusait de reconnaître cet homme comme son père? Pourquoi avait-il décidé il y a trois ans de reprendre en main l'éducation de sa fille, de loin, mais toujours là pour étouffer ses rebuffades? A quoi cela rimait-il, bon sang?

Tchang-peï serra le poing, quand la petite main trop blanche et trop fine de sa meilleure amie vint se faufiler dans la sienne. Elle ne leva pas la tête, mais tout était dit. Perdue dans ses propres soucis, elle ne pouvait pas s'occuper de ceux qui s'inquiétaient pour elle. Sinon ses défences face à son père s'effondreraient d'un bloc, et elle ne serait plus rien. Tout sauf ça. Alors Tchang-peï, comme d'habitude, accepta ce petit écart de faiblesse, et serra la petite main dans la sienne. Ils étaient si différents, et pourtant, il la comprenait si bien...

Le duo quitta le collège en silence, vers les arrêts de bus où ils patientèrent, las et pensifs. Durant tout le trajet, ils évitèrent de se croiser du regard, même un bref instant. La journée du lendemain serait longue et éprouvante... Peut-être trop?

Une fois arrivés aux portes de leur immeuble, May se contenta d'un bref signe de la main et fila en trottinant jusqu'aux escaliers. Tchang-peï suivit, bien plus lentement. Il atteignit leur palier juste quand la clé de l'appartement de May tournait dans la serrure, les séparant jusqu'au lendemain... Ou plutôt jusqu'à ce que la jeune fille trouve la force de sortir de son trou avant la confrontation. D'ici là, il pourrait se passer n'importe quoi, mais lui ne pourrait qu'attendre.

Attendre qu'elle lui ouvre la porte de son coeur pour qu'il puisse jouer son rôle.

***
-Tu es prête?

May tritura nerveusement le cordon de la capuche de son sweat beige et hocha la tête le plus doucement qu'elle pu. Bien sûr que non, elle ne pouvait pas être prête. Mais il fallait bien y aller. Reculer l'inéluctable ne l'effaçait pas pour autant. Ce qui n'empêchait pas la jeune fille de prier elle ne savait qu'elle divinité de l'épargner. En vain.

Tchang-peï la saisit par la main et l'entraîna à sa suite. Devant eux, le laboratoire de recherche nationale les toisait de sa hauteur de verre, sinistre complexe blanchâtre. Il devait bien y avoir quinze étages, neuf en sous-sol et six à l'air libre, sans compter les vastes hangars mis à la disposition de l'unité militaire en garde permanente dans les locaux. On ne pouvait courir le moindre risque que la scène de trois ans auparavant se reproduise. Le jeune homme songea distraitement que le laboratoire ressemblait un peu père de May: grand, froid, sans vie. Sans doute était-ce pour cela que l'homme ne quittait jamais son palais.

Les deux jeunes gens se dirigèrent vers le lourd portail d'entrée. Le vigile étudia vaguement les papiers d'identité puis les laissa passer sans autre réaction en reprenant la lecture d'une revue porno posée sur son bureau. Tchang-peï s'interrogea vaguement sur l'utilité d'un service de sécurité si on laissait entre n'importe qui ainsi. Mais ce ne fut qu'une pensée vague, perdue au milieu de tant d'autres tandis qu'il suivait May jusque dans la bâtiment.

Il régnait à l'intérieur cette insupportable odeur de médicaments et autres produits chimiques, cette fragrance de trop propre qui lui donnait toujours la nausée. Comment ces scientifiques pouvaient-ils travailler dans des conditions pareilles? On se serait crus dans un hôpital où tout serait lyophilisé, compacté, désinfecté. Cet endroit n'avait plus rien d'humain. Et ce ne serait certainement pas May qui le contredirait sur ce point. Il suffisait de regarder ses jambes tremblantes et ses mains qu'elle tordait d'angoisse tandis que ses yeux sautait d'un point à l'autre de son champ de vision. Oh, ce n'était certainement pas comme si son très cher père allait venir les chercher dans ce hall désert, loin de là. Mais la moindre blouse blanche provoquait chez elle un sentiment de terreur brute depuis ses dernières visites. Ca tenait presque de la pathologie pure et simple. Un vrai petit lapin terrorisé.

Les adolescents prirent lentement la direction de l'ascenseur. Aussi sinistre que le reste du complexe, il donnait davantage l'impression d'une boîte de conserve que d'un système utilitaire que des humains employaient quotidiennement pour se déplacer. Non, vraiment, Tchang-peî haïssait cet endroit.

May appuya le plus doucement possible sur le niveau -5 et se recula contre le mur tandis que les portes se refermaient dans un silence aseptisé. Tchnag-peï vint prendre sa main, et le visage pâle s'égaya vaguement d'un sourire crispé de remerciement. Il ne leur fallut que quelques secondes pour atteindre leur objectif.

Les portes s'ouvrirent sur un corridor désert au sol de plastique immaculé, éclairé par des néons. Après la lumière déclinante de l'extérieur, ce fut comme un poignard lancé au contact de leurs yeux sensibilisés. Il leur fallut de longues secondes pour qu'ils cessent enfin de voir des points bleus et verts.

Il s'avancèrent lentement dans le couloir jusqu'à atteindre une porte blanche, uniquement ornée du nom du propriétaire du bureau.

Charles Saragi
Département des sciences énergétiques

May inspira à plusieurs reprises et frappa le plus doucement qu'elle put. Puis une autre fois, comme il n'y eut pas de réponse. A la troisième, elle saisit la poignée et poussa timidement cette porte, son dernier refuge avant son enfer personnel, avec un chuchotement effrayé:

-J'entre, papa...

Elle ferma les yeux et ouvrit la porte en grand pour tomber... sur son père endormi à son bureau. Elle souffla fortement comme la tension s'échappait de son petit corps et elle pénétra plus profondément dans l'antre de cet homme qu'elle craignait plus que tout. Elle franchit les barricades de papiers tombés au sol avec précaution, esquiva un stylo vide d'encre abandonné et rejoignit son père derrière sa table de travail.

Charles Saragi était un homme fin et nerveux, sec comme une brindille et qui faisait bien plus vieux que ses quarante-sept ans. Ses petites lunettes rectangulaires renforçaient encore davantage cet air austère qui impressionnait bien des gens, de même que ses yeux très verts qui semblaient tout transpercer. Par chance, ces menaces là étaient masquée par le sommeil de leur propriétaire qui parut tout de suite bien plus accessible, endormi là sur ses papiers avec des cernes aussi larges et profondes de qu'une rivière en crue. Depuis combien de temps faisait-il des nuits blanches?

May retira délicatement le stylo-bille resté entre les doigts de l'endormi et le reposa plus loin, sans tenir compte de la jolie rature qui barrait un énième rapport de recherche sans doute important, comme tout ce que Charles faisait depuis des années. Elle lui enleva également ses lunettes, puis saisit un papier qui traînait pour écrire un bref mot. Elle n'étais pas suffisamment masochiste pour le réveiller maintenant. Avec un peu de chance, il ne la rappellerait que bien plus tard, voire le mois prochain, en fonction de son emploi du temps surchargé. Elle n'aurait pas à affronter son regard accusateur lorsqu'une fois de plus elle aurait affirmé se volonté de contrecarrer ses plans si minutieusement préparés.

-May, cette porte était là la dernière fois? demanda soudain Tchang-peï en effleurant une paroi légèrement décalée du mur.

La jeune fille sursauta et s'approcha à son tour. Elle n'avait pas entendu entrer son ami derrière elle. Sans un mot, elle fixa la porte dérobée. Son père l'avait probablement mal refermée après son passage.

-Je ne m'en souviens pas. C'est sans doute l'accès à son laboratoire privé.

Tchang-peï allait refermer l'ouverture quand une petite main blanche l'en empêcha. May ouvrit plus largement le panneau, les sourcils froncés. Une rumeur sourde montait du sous-sol, leur faisait ouvrir de grands yeux.

-Des véhicules? chuchota la jeune fille, intriguée
-Et nombreux, avec ça. Ou dans un grand espace. Sans doute l'armée qui effectue quelques manœuvres en interne. Laissons tomber.
-Ca ne t'intrigue pas, toi, que mon père puisse aller dans un hangar où il n'a strictement rien à faire?
-Rien ne te dit que ça mène vraiment là-bas, c'est sûrement les murs qui résonnent...
-Peut-être, mais j'ai envie de voir.

Et avant même qu'il n'ait pu la retenir par la manche, la jeune fille entama la descente de l'escalier métallique au petit trot, tout en essayant de ne pas faire trop de bruit. Tchang-peï soupira fortement, jeta un bref coup d'oeil à l'homme endormi puis se lança plus doucement à sa suite. Il regarda vers le haut, mais de toute évidence, l'escalier ne commençait qu'à leur étage. Il s'empressa alors de rejoindre May tout en s'interrogeant sur l'utilité d'un passage dérobé au sein même d'un laboratoire réputé pour être l'un des plus sécurisé.

Ils atteignirent vite le tout dernier palier et se regardèrent. La porte de métal rouillé devant eux tremblait presque sous les vibrations du sol. Le vacarme derrière devait être à peine soutenable.

May saisit la poignée et la tira très doucement ; vu le poids de la chose, ce n'était pas une affaire aisée. Mais Tchang-peï s'empressa de la reclaquer, avant d'attraper la main de sa meilleure amie.

-Non mais t'es malade! On ne devrait pas être ici! Qu'est-ce que tu pense faire!
-Je veux savoir! C'est pas normal! Lâche-moi!

Elle se débattit un peu plus, mais comparé à son ami, elle ne faisait certainement pas le poids. Jusqu'à ce que sa main parte griffer la sienne de manière acharnée. Tchang-peï poussa un sifflement de douleur, surpris au possible de cette réaction exagérée. Il n'eut pas le temps de la rattraper une nouvelle fois avant qu'elle n'entrebâille la porte juste assez pour se faufiler dans le hangar. Il la suivit tout de même, n'était-ce que pour arrêter cette folie qui la prenait. Mais qu'arrivait-il à May, la si silencieuse et absente que rien ne semblait pouvoir toucher.

Le vacarme le cueillit brutalement lorsqu'il franchit la porte. Mais il n'eut guère le temps d'y repenser davantage. Immobile, il contempla bouche bée l'énorme cercle de lumière qui se dressait devant eux, tout droit sorti d'un roman de science-fiction, une chose si irréelle et déplacée qu'il ne lui vint même pas à l'esprit que n'importe qui pourrait les voir à présent.

« Les temps sont proches, héritiers... » souffla une voix dans son subconscient, si basse qu'il ne l'entendit pas.

A ses côtés, May ne lâchait pas l'étrange cercle du regard, absente, comme plongée au plus profond de son être, possédée par une volonté qui n'était pas la sienne.
___________

Non, vraiment, je ne l'aime pas, même pas eu le courage de relire, mes plus sincères excuses à ceux qui me lisent...
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