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 Deuxième swap

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MessageSujet: Deuxième swap   Deuxième swap Icon_minitimeMar 2 Aoû 2011 - 14:19

Hello!
voici l'album du deuxième swap!

Les inscrits sont:
Toucanbulle
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Cry Noir

Et le thème est donc: "Découvrir un trésor"

Venez poster et commenter les textes ici!
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MessageSujet: Re: Deuxième swap   Deuxième swap Icon_minitimeLun 15 Aoû 2011 - 11:57

Donc j'ouvre le bal. Mon swap vient de Toucanbulle.

Il y a dans ce monde beaucoup de choses que je ne comprends pas, et beaucoup d'autres que je ne cherche pas à comprendre, j'ai toujours été ainsi et je ne pense pas avoir envie de changer un jour. C'est peut-être naïf, après tout, nous changeons tous un jour ou l'autre, pour diverses raisons. Mais je n'ai aucune envie de le faire à mon tour.

Soyons honnête, le changement me fait peur, à moi, petit être habitué à vivre une existence sécurisée, toujours protégée. Je n'ai jamais cherché à m'échapper de cette condition. Peut-être est-ce pour ça que je manque de courage pour aujourd'hui tracer ces mots sur cet écran d'ordinateur. Peut-être est-ce pour cela que je préfère garer cette lettre à personne anonyme. Pour me dire, sans doute, que ce bref délire n'était qu'un rêve, qu'une ébauche de folie extérieure à moi-même. Ainsi, lecteur, tu ne connaîtra ni mon nom, ni mon âge, ni mon sexe, ou du moins tenterai-je de ne pas laisser filtrer d'indice, exercice difficile s'il en est. Mais plutôt que de te concentrer sur ces quelques lignes d'introduction, si fades et sans beauté, laisse moi te conter cette étonnante histoire. Ce rêve, songe, mythe, délire, ou tout autre mot qui lui convienne.

J'ignore quand cela a commencé. Un jour, une nuit, un après-midi, peut-être même un espace-temps totalement différent de ce que nous connaissons. Après tout, qui peut en être certain, une fois perdu dans les brumes d'une forêt déserte qui lui est inconnue ? Je me souviens vaguement d'avoir appelé à l'aide, d'avoir marché à l'aveuglette jusqu'à revenir à mon point de départ, comme dans un labyrinthe. Et sans doute était-ce vraiment un labyrinthe. Je ne sais plus. Cela fait si longtemps que c'est arrivé.

Pourquoi avoir mis tant de temps pour le raconter ? Parce que j'avais peur, peut-être. Parce que j'avais honte, sûrement.

Honte de quoi ? Ah, si c'était si simple de le dire, je ne serais pas ici à conter mon aventure ! Enfin soyons francs : je ne sais pas. Oui, j'ignore pourquoi chaque fois que je repense à ces évènements, la honte me submerge tandis que mon esprit se contente de brouiller les pistes davantage. Mon esprit est égaré dans les limbes de ces images sans lien, ces choses que je ne comprends pas, et ne comprendrai sans doute jamais de mon vivant. Oui, l'espoir ne me retient plus.

J'étais donc dans une forêt. Sombre, embrumée, comme dans ces films d'horreur dont raffolent tant les adolescents. Pauvres fous innocents. Cette forêt, je la maudis comme je l'admire, car elle est l'antre de mes cauchemars comme de mes plus beaux rêves. Épais agglomérat de branches basses et autres, fournies de feuilles piquantes ou tendres aux parfums riches des lieux inexplorés, cet endroit n'évoque pour moi que la perdition. Je n'ai jamais vécu que dans des villes, de préférence grandes, larges et peuplées. Aussi, ce territoire vierge m'effraie et me fascine.

C'est un lieu d'errance, sans couleur, noir et blanc toujours. Toujours uniforme. Toujours cette brume qui vous perd et vous aiguille. Ce jour là n'aurait pas du différer des autres, et pourtant. Ce silence, cette perdition totale des sens, ce calme infini a été rompu en ce jour mémorable pour moi mais sans doute banal pour bien d'autres, dont toi peut-être, lecteur.

Un cri. Long, strident, comme une craie qui grincerait le long d'un tableau d'école, comme des ongles ou des griffes effilées qui déchireraient une fine paroi de cristal. Un cri d'horreur et d'agonie mêlée, un cri de haine et d'abandon, un cri de supplicié. Oui, ce cri, tellement étrange, restera marqué au fer rouge dans ma mémoire brumeuse, comme une point de repère écarlate, sanglant... Vivant peut-être, même. Car ce n'est jamais tout à fait le même qui me revient à l'esprit. Mon souvenir le teinte parfois de modulations, graves pour un homme mais soudain aiguës comme celui d'une femme. Ce cri me hante.

Ce son, j'ignore comment, mais cet appel désespéré a ouvert une brèche dans l'obscurité de la forêt, dans l'étrange abri obscur que formaient ces racines et cet humus douillet qui étouffait les pas. Ainsi, tout doucement, comme ce propageait la voix désincarnée, le chemin de pierre pavée s'est offert à moi, comme une invitation discrète de le suivre. Tout m'invitait à continuer ma route le long de ce nouveau passage, de cette nouvelle curiosité. Et comme tout faible être humain qui se respecte, je n'ai pas résisté à l'appel de la forêt.

J'ai marché, longtemps, comme flottant dans un songe, une nouvelle perdition inconnue. Le cri s'était tu et le sous-bois avait retrouvé son silence éthéré. Ce cri, peut-être n'était-il qu'une manifestation de ce que nous appelons l'imagination. Mais c'est alors cette même imagination qui m'a ouvert la voie.

Faut-il craindre le fruit de ses propres divagations ou au contraire, faut-il les encourager à prendre de l'ampleur pour devenir plus claires, plus compréhensibles à nos simples sens de mortels ?

J'ai préféré la fuite. Lorsque je me suis trouvé devant les deux portes, devant cette bifurcation soudaine, je n'ai plus bougé. Ni des doigts, ni des pieds, même ma respiration s'était coupée. Deux portes. L'une, d'un rouge écarlate, vive lueur dans l'obscurité monochrome de ma route, aussi solide que le roc dans lequel elle semblait taillé, aussi agressive de ses pointes que de sa lueur inquiétante. L'autre, d'un bleu pâle et morne, presque aussi brumeux que les méandres de la forêt, comme une douce invitation à retourner me perdre dans cet univers devenu familier.

Pendant un bref instant, je sais que j'ai osé. J'ai osé songer à tirer l'anneau de la porte rouge, pour voir ce qui se cachait derrière cette façade de pierre et d'acier, si différente de tout ce que j'ai pu voir jusqu'ici dans la forêt de mes songes. Mais le cri, de nouveau, ce hurlement de terreur qui me dressa le cheveux sur la tête, me retint. J'ai préféré la délicate et ô combien fragile poignée d'osier tressé à l'anneau de fer forgé. J'ai préféré la fuite au courage qu'il m'aurait fallut par la suite pour toucher la porte rouge.

Ainsi s'est terminé mon étrange épopée. Pourquoi ? Comment ? Alors que j'ai seulement esquissé l'ébauche de l'énigme, que j'ai seulement effleuré le mystère du bout des doigts ? Tout simplement parce que je n'ai jamais pu accéder de nouveau à la forêt. Ce jour là, j'ai fait un choix, un choix cruel que je ne comprenais même pas avoir fait, mais qui devait influencer toute mon existence future.

Bien des années plus tard, longtemps après la perte de cet univers unique, je songe de nouveau à cette honte qui me hante, ce regret, ce cri de déchirure. Au fond, je savais ce qui se cachait derrière la porte rouge. Je l'ai toujours su, mais ce n'est qu'aujourd'hui, lorsque mon existence insipide et malléable arrive à son terme, que je trouve le courage de mettre les mots dessus. Ce courage qui m'a fait défaut ce jour-là.

Mais peut-être vais-je te laisser deviner, lecteur, quel trésor se cache derrière ce battant de fer protecteur, quelle est cette chose qui crie de désespoir derrière, emprisonnée à jamais comme ma vie s'éteint.

Il est des choses dans ce monde que je ne comprends pas, et d'autres que je ne cherche pas à comprendre. Il en est d'autres, encore, que j'ai un jour espéré comprendre grâce aux autres. Mais il est de ces choses étranges et terrifiantes, que l'on ne peut comprendre qu'une fois seul et livré à nous-même.

Ce que j'ai apprit, ce jour là, je te le lègue, lecteur, en espérant que cela te serve à résoudre l'énigme de la porte. Écoute bien, car cet enseignement fait partie de ces secrets que l'on ne comprends que des années plus tard, lorsque notre vie arrive à son terme et que l'on regarde avec angoisse et bonheur ce long chemin de traverse que fut l'existence.

Sache que, de tout ce qui m'a été donné de voir, l'imagination est le seul véritable rempart qui nous protège de notre propre folie.


J'ai beaucoup apprécié le coté fantastique et l'idée de la foret des songes. Le témoignage à un inconnu est aussi une trouvaille sympa qui colle bien au texte. Certaines tournure sont peut-être légèrement maladroite, où trop complexe pour une lecture fluide.

Wala wala, merci à toucanbulle

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MessageSujet: Re: Deuxième swap   Deuxième swap Icon_minitimeMar 16 Aoû 2011 - 22:46

Sympa, j'aime bien Very Happy
Le mien me vient de Wishmaster !

Chasse

Les voiles espagnoles se profilaient au loin. Le bruit infernal des pas cadencés des indigènes locaux me terrifiait profondément. Je jetais un regard à mes camarades et constatais que ce sentiment était partagé.

William commençait à boiter. Sa cheville, meurtrie lorsque nous avons sauté de la chaloupe sur la plage, gonflait presque à vue d’œil. J’ai sorti la carte de ma poche. Elle indiquait une petite butte surplombée d’une cabane. Un petit sentier menait à la petite construction et au début de celui-ci trônait un palmier avec deux feuilles qui formaient un « Y ».

D’une décision commune, nous nous sommes séparés en nous gardant à l’œil. Le bruit des flots contre les coques des navires espagnols s’intensifiait. Il fallait repérer ce sentier en premier. Avant de partir de son côté, William m’expliquait l’origine de sa profonde inquiétude. La mélodie envoutante des pas indigènes s’était arrêtée.

Auraient-ils trouvé la cabane avant nous ? Après tout, c’est un homme de leur espèce – d’une autre tribu il me semble – qui avait dissimulé autant de richesses dans un coin aussi perdu.

Soudain, j’entendis le cri de l’un de mes camarades pirates sur ma gauche. Je vis tous les autres courir dans cette direction. J’arrivai après les autres, le souffle court. Je constatais qu’il pointait du doigt un lointain palmier qui ressemblait vaguement à celui de la carte. Comme il s’agissait là de notre meilleure piste – même très mince –, toute la troupe s’est donc engagée sur le sentier le plus rapidement possible. Jetant un regard en arrière, j’ai pu voir que les bateaux espagnols avaient accosté.

J’encourageais mes confrères à accélérer le pas. La sueur perlait sur mon front et coulait le long de ma colonne vertébrale. La fatigue me gagnait, tout comme la douce euphorie qui y est liée. J’ai vu le pied de Ben heurter une racine. Je maintenais tout de même ma vitesse de peur de perdre l’avantage sur le groupe espagnol. Visiblement, les autres ont fait le même choix, car aucun ne s’est arrêté pour aider notre partenaire. D’autres membres de mon équipe furent stoppés par les jets de cailloux et autres projectiles lancés par les Hispaniques qui étaient maintenant à nos trousses. Nous avons continué à essuyer des tirs sur une centaine de mètres lorsque nous avons traversé une clairière.

Mon champ de vision n’étant maintenant plus bouché par les arbres, j’ai pu apercevoir sur ma droite une colline avec un petit sentier dans une pente prononcée. Concentré sur ma foulée, je n’ai malheureusement pas vu tout de suite que des hommes torse-nu dévalaient le sentier dans la même direction que nous.

Les Espagnols se rapprochaient rapidement. Sans doute, avaient-ils perdu moins de force en nous poursuivant sans chercher le chemin à emprunter. Pour couronner le tout, un point de côté venait de faire son apparition. J’ai commis à ce moment une grave erreur. J’ai laissé mon regard vagabonder autour de moi et j’ai constaté avec stupeur que ma troupe avait presque entièrement été décimée.

J’étais terrifié à l’idée de perdre si près de notre salut. Nous avons dépassé une patte d’oie et le palmier était maintenant distant d’une centaine de mètres. Des cris abominables surgirent derrière nous. Les indigènes avaient scindé le groupe hispanique en deux au niveau de la patte d’oie. Comme tous nos poursuivants étaient occupés, mon groupe – ce qu’il en reste –ralentit l’allure et se mit à marcher.

Nous sommes finalement arrivés à hauteur de la cabane après avoir dépassé le palmier. Nous avons entièrement fouillé la petite baraque. Rien. Juste un banc taillé grossièrement et un lit avec deux traverses en bois et des lianes tressées en guise de matelas. Je me creusais la tête pour trouver une explication. La carte était-elle fausse ? D’autres palmiers devant une cabane existent-ils ici ? Puis une idée germa dans mon esprit. Peut-être que la forme particulière du palmier était une flèche qui nous indiquait ou est le trésor ?

Je me suis remis à courir. Seul. Puisant dans mes dernières forces. Laissant mes compagnons dans la cabane. J’ai grimpé après le palmier, manquant de peu de glisser et de me briser le cou. Et là, au creux que formaient les branches, le trésor.

Mon Graal enfin accessible. Plusieurs boissons, Orangina, Sprite, Vittel goût fraise. Juste à côté, des petits paquets de gâteaux en sachet individuel. J’ai pris mon butin sous le bras et sauté en bas de mon perchoir. J’ai vu ma mère s’approcher affichant un grand sourire. Celles de mes camardes étaient déjà aux côtés de leurs bambins qui avaient abandonné, épuisés.

J’ai soudain réalisé que toute la scène s’était jouée dans le théâtre de mon esprit, avec mon imagination en guise de metteuse en scène. Ben avait effectivement trébuché et William s’était bien tordu la cheville. Cependant, aucun homme torse-nu n’avait combattu d’Espagnol. Personne n’avait jeté de cailloux – pas à ma connaissance.

La chasse au trésor de l’école primaire Victor Hugo de Besançon venait de se terminer.

Aujourd’hui, ces souvenirs me semblent tellement lointains, comme ensevelis dans une brume neuronale. Certains détails m’avaient échappé et j’ai donc dû légèrement broder pour vous, mais l’essentiel est là.

Maintenant, lorsque je vois mon fils revenir exténué de l’une de ses « expéditions », je me souviens qu’il n’est pas toujours facile et reposant d’avoir 8 ans et une imagination fertile.



Moi j'ai adoré le coté "explorateur paumé", ça pousse à continuer et c'est plutôt bien écrit, en dehors de quelques problèmes de temps qui viennent un peu gacher la lecture, mais c'est bien le seul défaut que j'ai vu. Puis la chute m'a fait sourire, alors merci à toi Wishmaster Wink
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MessageSujet: Re: Deuxième swap   Deuxième swap Icon_minitimeMar 16 Aoû 2011 - 23:08

Merci ! Content que ça te plaise. Désolé pour les problèmes de temps, comment remédier à ça ? Il faudrait que je me penche sur ces vilains temps !

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MessageSujet: Re: Deuxième swap   Deuxième swap Icon_minitimeMer 17 Aoû 2011 - 10:12

Texte de Cry Noir

Le Sanctuaire
Un vent de tous les diables soufflait sur les plaines, pliant à sa convenance les hautes herbes et tous les buissons des environs. Cette nuit là, tandis que la tempête rugissait et que des trombes d'eau se déversaient des cieux déchirés, trois voyageurs traçaient leur chemin tant bien que mal parmi les bourrasques. Chaque rafale étant plus forte que la précédente, ils n'avançaient qu'à très petite allure, veillant à ne pas se perdre les uns les autres.
Un peu plus loin sur la colline, mais sans doute encore trop à leur goût, se dressait le sanctuaire, un champ de menhirs au milieu desquels poussait un arbre gigantesque et majestueux. Cette nuit, lorsque l'orage s'était levé, les trois jeunes gens avaient su. Ils avaient su que le temps était venu, que quelque chose de magnifique allait avoir lieu, et que leur devoir était de rejoindre l'arbre.
Finalement, celui qui menait la petite troupe finit par franchir l'invisible limite de l'œil du cyclone, et s'extirpa de la fureur du tourbillon. Là, au calme, il rabaissa son capuchon. C'était une femme, Sirva, et l'aînée du groupe. Comme l'indiquait la fréquence des éclairs et la puissance du tonnerre, il ne leur restait guère de temps, mais elle patienta néanmoins jusqu'à l'arrivée des deux autres.
Ils arrivèrent ensemble, la jeune mais néanmoins robuste Faethis entrainant derrière elle le bien plus petit Gaenell, âgé de neuf ans. Soulagés des forces déchainées de la nature, il repartirent de plus belle en direction du sanctuaire. Filant entre les pierres monumentales sans prendre le temps de les observer en détail, ils gagnèrent vite le centre du domaine, où attendait l'arbre, haut de plusieurs dizaines de pieds et large comme six hommes.
Quand un nouvel éclair illumina le ciel et s'abattit avec fracas sur l'imposant végétal, ce dernier prit feu sous le regard impressionné de ses visiteurs. Brisé, il s'effondra parmi les menhirs. Sidérée mais soulagée d'être à l'heure, Sirva fit signe à sa petite famille d'avancer. La raison de leur présence ici se trouvait parmi les racines désormais émergés.
Alors, une à une, ils déterrèrent neuf incroyables pierres polies d'entre les souches noueuses du vieil arbre. Après les avoir nettoyé, ils s'assirent en cercle tout autour et attendirent, se débarrassant au passage de leurs épais manteaux de voyage. Tout allait commencer. Les yeux embués de larmes, ils prirent le temps de réaliser tout le chemin parcouru jusque là, de réaliser qu'enfin, tout allait changer...
Sirva allait sur ses vingt années, c'était une jeune femme charismatique, aux longs cheveux blonds et à laquelle peu d'hommes pouvaient résister. Véritable meneuse née, elle avait préserver sa famille comme nul autre n'en aurait été capable. À quinze ans, Saethis était plus masculine, et bien moins encline à discutailler, que son aînée. Sans son talent pour le maniement des armes, tous trois seraient déjà morts depuis longtemps. Gaenell lui, dont les yeux bleus faisaient craquer toutes les vieilles dames, prenait tout juste conscience des évènements qu'il avait pu vivre. Toutefois, son innocence, miraculeusement préservée, révélait un amour sans limite pour ses grandes soeurs.
Plusieurs minutes s'écoulèrent, qu'ils passèrent à se tenir les mains et à guetter le moindre signe d'activité chez les pierres ou autour d'eux. Quand un craquement les fit sursauter, ils découvrirent, stupéfaits, un duo d'ordinaire inimaginable. Un cerf d'allure royale et un loup monstrueux progressaient sereinement cote à cote, en direction des humains.
Tandis que les pierres se mettaient à scintiller, un ours proprement titanesque fit également son entrée dans le sanctuaire, puis un aigle, et très vite c'est une véritable ménagerie qui se rassembla autour du trésor enfoui sous l'arbre.
L'instant était véritablement magique, et ce n'était pas prêt de s'arrêter car, soudain, l'une des roche, véritable saphir étincelant, eut un soubresaut. Très vite, ses semblables l'imitèrent et ce fut comme si toutes étaient prises de violentes convulsions.
Tout à coup l'une d'elles se fendit, puis explosa littéralement. En lieu et place se trouvaient désormais les débris de ce qui n'était autre qu'une coquille d'œuf, ainsi qu'un être prodigieux et minuscule, recroquevillé sur lui-même : Un bébé dragon.
La fascination des trois humains allait grandissante tandis que se poursuivait l'éclosion et que la foule animale autour d'eux se garnissait d'autres curieux. Des centaines de créatures étaient désormais présentes pour assister à cette naissance exceptionnelle. Même l'un des golems du sanctuaire s'était animé pour l'occasion.
En peu de temps ce furent donc neuf petits dragons aux écailles molles et aux ailes humides qui se pressèrent les uns contre les autres, trop faible pour se déplacer ou encore voler.
C'est alors que, des profondeurs de la nuit jusque dans le ciel menaçant, retentit un rugissement d'une puissance inimaginable. L'orage reprit de plus belle et les éclairs nimbèrent les nuages d'une lumière surnaturelle. Une ombre à l'envergure démesurée se dessina sur les cieux, annonciatrice d'un autre visiteur nocturne.
Il jaillit de la voute céleste avec une grâce telle que l'on aurait pas cru possible étant donné sa taille colossale. Un dragon roi, aussi noir que la nuit, survola le sanctuaire et s'y posa dans un silence que seules trahissaient les bourrasques causées par le mouvement de ses ailes. Dominant la foule animale, qui ne fuyait pas devant lui, il tendit le cou au dessus des menhirs et approcha son énorme tête des humains.
Ceux-ci tremblaient, plus d'excitation que de peur, une larme roula même sur la joue de Sirva lorsque le monstre de légende saisit dans sa gueule, avec une remarquable délicatesse, les jeunes nouveaux-nés. Saethis et Gaenell souriaient de toutes leurs dents et, s'ils n'avaient pas été si émus, se seraient sans aucun doute répandus en cris de joies.
Tout n'était pas encore fini néanmoins. Tandis que se dispersaient les témoins d'un événement unique en son genre, les trois orphelins eurent la surprise de voir l'immense dragon roi tendre une patte griffu à leur attention.
Après une brève hésitation, frère et soeurs se hissèrent sur le dos de la bête fabuleuse, enfin débarrassés de la terreur quotidienne d'être découverts par ceux qui les traquaient depuis toujours. Une chance leur était enfin offerte de poursuivre leur vie en d'autres lieux, plus à même de leur convenir. Des lieux où vivaient les légendes, où ils pourraient tous trois être à jamais ensembles.
En un seul battement d'aile, le grand roi s'éleva dans les airs, emportant au loin avec lui ses nouveaux congénères et compagnons...

________________
J'ai bien aimé, car les images du texte se succèdent aisément et sans heurt (oui, je cherche toujours des images à coller aux textes que je lis, je suis très visuelle). Je n'ai pas remarqué de fautes, et ça me fait très plaisir. Quant à l'histoire... j'ai bien aimé aussi, l'idée de cacher les oeufs sous l'arbre et de créer une véritable prossession animale pour une éclosion de dragon, soit un prédateur potentiel, m'a plu. Et cette petite atmosphère celte n'est pas sans charme non plus Wink
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