dans la ville
il y a des étrangers
aux yeux
vagues et sans attaches
dans la ville
il y a des étranger
aux yeux qui brillent
comme jadis
les naufrageurs
dans la ville
il y a des étrangers
des mains au fond des poches
des mains nerveuses
des cigarettes trop jetées
dans la ville la nuit
brillent les allumettes
des heures trop perdus
dans la ville
dans la ville la nuit
quelque chose en moi
coule
comme un sang trop nerveux
c'est dans le noir
que brillent les phares
dans la ville la nuit
j'écoute
la lame de fond
elle est là
celle qui emporte
les morceaux de peaux
comme les morceaux de raisons
veux tu que je te dise
je suis sans amarre
c'est l' âme qui flotte
dans les eaux portuaires
trace des eaux mauves
qui ne cessent de tourner
de s'enrouler
autour des corps morts
dans la ville
les étrangers ne portent pas de vérités
ils ont des yeux sans réponses
s'arrêtent et passent
doucement
les femmes de nuit ne demandent pas de vérité
elle embrassent
et passent
sans un bruit
sur le port
la lune éclaire
propriétaire
la mer mystérieuse
au cœur si mouvant