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 Elle.

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MessageSujet: Elle.   Elle. Icon_minitimeMer 5 Sep 2012 - 9:02



Il m'a volé ma vie. Je ne le connais pas, il vit à l'autre bout du monde, et pourtant il m'a volé mon rêve pour le dénaturer.
Ma femme, celle que j'aimais, avec qui je voulais vivre, fonder une famille, que je voulais rendre heureuse... il me l'a prise. En cet instant, il lui fait sans doute l'amour, il la caresse, embrasse ses lèvres, lui dit à quel point elle est belle, merveilleuse, mais le pense t-il réellement ?
Ce n'est qu'une pute. Je savais ce qu'elle faisait, mais je l'avais accepté. Quand elle est partie pour un voyage que je pensais éphémère, j'avais conscience de la façon dont elle occuperait ses nuits. Ça me faisait souffrir, trembler, mais je l'aimais, et je ne voulais pas qu'elle m'abandonne, alors je souriais. Vas-y, amuse-toi, et reviens moi en forme !
Mais elle n'est jamais revenue. Je pleure en écrivant ces mots, mes larmes coulent car je ne comprends pas, je ne cherche plus à comprendre. Il est arrivé, il lui a parlé, promis monts et merveilles, et à ce moment, je n'existais déjà plus. Tous ces efforts, tous ces sacrifices pour ça ! Un demi-continent plus au nord, un océan nous sépare, et si je la voyais aujourd'hui, je ne la reconnaîtrai plus.
Elle bosse dans des clubs, elle écarte les jambes pour une poignée de pesos. Pour lui, pour son bonheur, pour la fortune d'un vulgaire maque, un petit criminel, une racaille qui joue avec la vie des gens et les abandonne quand ils sont brisés.
Pourquoi ? Je crie au ciel, je demande à Dieu : pourquoi ? On avait tout pour être heureux, il suffisait de tendre la main pour attraper ce bonheur, et ne plus le lâcher. Et maintenant, je suis seul, avec des souvenirs pour seuls réconforts.
J'écris, bien sûr que j'écris, mais ça ne la remplacera vraiment jamais. Elle se sentait triste, prisonnière, elle voulait être heureuse, et elle s'est vendue au premier qui lui proposait de changer de monde. Un petit mexicain poilu sur son cheval blanc !
C'est drôle quand on y pense. J'ai envie de rire, de m'esclaffer sans m'arrêter, encore et encore, jusqu'à devenir fou ! Et maintenant, elle est en train de sucer des bites dans un taudis d'Amérique Latine ? Je voulais qu'elle soit ma princesse, j'étais prêt à lui dédier mon Prix Nobel, mes romans, tout mon art et ma vie, et...
Et que me reste t-il ? Il n'y a plus que la nuit, et les regrets. Elle aurait dû revenir, je l'aurais embrassé, et on serait parti ensemble, loin pour une nouvelle vie. Mais il est arrivé, lui, cet auguste inconnu, et a tout gâché. Si elle ne l'avait pas rencontré, si elle n'avait pas été dans cette ville au nom imprononçable, si j'avais été là un peu plus peut être ? Mais qu'il soit maudit, que cet homme soit maudit. Je ne te connais pas, mais je te hais.

C'est ainsi. Que puis-je faire aujourd'hui ? Elle l'appelle son imprésario, elle dit que tout va bien, qu'elle se sent enfin vivre vraiment, mais ne se rend elle pas compte dans quoi elle s'est engagée ? C'est une pute au Mexique ! Là où les filles paumées de ce pays se cassent de là-bas pour venir en Europe et laisser de côté leur maque et leurs petites affaires criminelles, elle, fait le chemin inverse ! Tout ça pour quoi ? Une illusion du bonheur ? Mais on recherche tous le bonheur, et il n'y a que les idiots qui pensent l'avoir trouvé.
Je ne pourrai m'en remettre. Petite fille, tu m'as marqué. Je voulais te protéger, j'avais joué le mec fort, dur, solide pour toi, et j’espérais qu'à tes côtés, je trouverai une raison d'exister. Mais maintenant à quoi bon ? Si je n'ai pas pu t'aider, qu'est-ce que je pourrai bien faire de toutes ces années qu'il me reste à vivre ?

Je t'ai prié de rentrer, je t'ai supplié. Je m'agenouillerai pour toi, je te rendrai heureuse, je te montrerai mon monde, mon univers, apaiserai tes pleurs, mais reviens, reviens... Que ses initiales ne remplacent pas les miennes sur ton corps. Je sens son ventre sur le tien, son odeur, son ombre, et plus rien ne sera plus jamais pareil. J'ai peur ? Tu vas vieillir, ils vont te briser, tous ces hommes, ces chiens, ces mâles en chaleur qui te prendront pour quelques minutes, et dont la semence arrosera ton corps. Tu vas tomber enceinte, tu vas maigrir, souffrir, t'enlaidir, et quand tu seras trop moche, épuisée et inutile, il va te jeter. A la rue, dehors, et à ce moment, tu te souviendras de moi.
Je sais ce qu'il va se passer. Je l'ai lu. Ta mère t'attend elle aussi.

Les ténèbres, les ténèbres, tu es comme Sacha. La même peur, le même tourment, et la même cible des hommes. Ils vont te baiser, à leurs côtés, tu voudras te sentir femme, mais à chaque coup de rein ou de langue, tu perdras une partie de ton âme. Je connaissais tes craintes, et tes désirs et j'étais prêt à traverser l'enfer avec toi pour te ramener à la lumière. Mais tu m'as abandonné ? Me laissant dans l'attente, effaçant tout lien qui te rattachais à moi pour suivre un mirage ?
Tu me l'as dit, tu me l'as avoué. Tout devrait être fini, mais comment faire machine arrière maintenant ? Je pense à toi, je n'arrête pas. Tu es une drogue, une obsession. Je me souviens de nos promesses, de nos espoirs, de ce qu'on s'est dit, et tout ne peut pas se terminer ainsi !

Je hurle à la nuit, car je n'ai pas pu te sauver. Tu es loin, si loin, et ne pas contrôler les événements, être obligé d'assister, impuissant à ta traversée de l'Acheron me tourmente. Les âmes des damnés crient et t'appellent. Je ne peux les repousser, tu es en train de te noyer et je suis qu'un simple spectateur ! Que puis-je faire ? Que dois-je penser ? Tu vas m'oublier, je vais reprendre ma petite vie, et je suis sensé croire ça ? Alors que tu es en train de souffrir et de tomber, de tomber toujours plus ?
Partir au Mexique, arpenter les clubs jusqu'à ce que je te trouve, et te ramener de force... Lutter contre ce maque, contre ce réseau, contre le pays entier pour te faire entendre raison ? Tu étais si jolie, si fragile... Pourquoi avoir fait ce choix ? Je n'ai pas la force de venir te chercher !

Alors j'essaye de continuer à vivre, d'oublier cette fille que j'ai aimé, et de prier pour qu'elle s'en sorte. Tout en maudissant l'homme qui me l'a volé...
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