Comme une sombre lumière.

Citation :

Hello all, me voici de retour pour vous jouer un beau discours, je viens surtout vous présenter ce 'roman', à défaut d'être une nouvelle. Pas de synopsis, d'avant-propos, ou de prologue, je préfère vous livrer ce nouveau récit directement. En ce qui concerne les commentaires, j’accepte tout, les railleries, la forme et le fond, les encouragements, les demandes en mariage, descentes et arguments, objectifs et subjectifs, tout ; particulièrement tout ce qui peut m’empêcher de m’empêcher de vous marquer.

Chapitre 1 - partie 1.1 V1:

Merci, tous.

@ hardkey : D'accord pour l'émotion, je m'attendais à cette critique, j'aimerais ne plus l'entendre ; je vais tous faire pour ça. En revanche, pourrais-tu me donner un ou deux exemples des passages pas clairs, afin que je me fasse une idée bien précise ?

@ Elann : Heureux d'appendre que mon style est reconnaissable, quoiqu'il soit d'autre, c'est toujours un bon compliment. Les trois premières lignes du commentaire sont plus ambiguës, par contre, je n'arrive pas à savoir si c'est négatif ou positif. L’exagération, c'est mal, l’exaltation, c'est mieux. Le vocabulaire fort recherché est une très bonne chose, l'impression de grandeur est une critique qui me fait plaisir, mais le "progrès" écrit en parenthèse m'indique le contraire... Sinon, les fées sont un peuple, masculin comme féminin, donc leurs adjectifs sont en "és", c'est avec "trempées" que j'ai fauté.

@ Abigaelle : D'accord donc pour l'émotion. Je ne pense pas nécessaire de revenir sur le style, nous avons nos préjugés (et je dis bien nos), ancrés en nous, remettre ça ne servirait qu'à tourner en rond. Par contre, peut-être pourrais-tu énumérer les différents clichés rattachés à la fantasy qui se trouvent dans mon récit ? Car à part le peuple des fées présentés (et encore, car les fées à la peau incarnate, nuance de rose, je n'en ai jamais lu), il n'y a pour l'instant aucun élément de fantasy. Après, me comparer à Tolkien, c'est comparer une cuillère à un couteau, un Chinois à un Japonais, le bien au mal ; c'est impossible et ça n'a absolument rien en commun. Pour terminer, je répondrais à une partie de tes interrogations : "Je ne vois pas trop qui est ton héroïne, ce qu'elle fait là".

Citation :

Précieuse, dame [...] toute la férocité de mon armée [...] Que j’aimerais le remercier de façon plus conséquente, d’une lame dans la gorge, par exemple [...] depuis les murs de notre cité [...] bien suffisante à la tâche que l’on m’a confiée [...] Ainsi, je me retrouve à la tête de corps vigoureux, mais surtout de déchets mentaux, aux allégeances incertaines et à l’arrogance sûre. Quand je pense que je suis la pire de tous… [...] Autant de questions qui resteront sans réponses ; puissent les impatients s’impatienter, les malhonnêtes s’interroger et les fouineurs tout divulguer. Grâce à cette impopularité [...] Ilyna, la fille du féérique serait peut-être prête à négocier[...] Les brassards de cuir glissés jusqu’aux coudes [...] la fille de roi [...] d’une terrible beauté que l’on ne saurait marier [...] Je ne peux pas… continuer, guetter le prochain malaise, attendre que la maladie se change en démence, je ne veux pas… [...] Je parviens également à rabattre mes ailes

Dans l'ordre. On apprend que c'est une femme, apparemment importante, précieuse. Elle possède une armée. Elle n'a pas peur d'évoquer le meurtre d'un allié. Elle vient d'une cité ; avec une tâche à accomplir, surement une tâche qu'un commandant d'armée à la possibilité technique de faire. Elle se décrit elle-même comme un déchet mental, le pire de tous. Elle n'a pas peur du regard des autres, elle s'en sert même. Elle s'appelle Ilyna, elle est la fille d'un certain féérique. Le négoce confirme 'allégeance incertaine'. Ilyna s'habille ou s'équipe de telle façon, a la peau "rose". Le féérique est donc un roi, elle est donc une sorte de princesse. Le roi à l'air de vouloir de la marier, et rencontre une résistance. Elle est malade, et pas aussi insensible qu'il n'y parait au premier abord. Et enfin, même si on s'en doutait, on apprend qu'elle a des ailes.
Je pensais que ce lot d'information était suffisant pour un premier passage, d'autant qu'il n'est pas fini, attendant sa partie 2.

Merci, Elann ; j'ai toujours pensé qu'un texte devait commencer d'une façon forte, pour ensuite mettre un temps mort si nécessaire. Car mettre un temps mort alors qu'il n'y a rien eu avant, c'est un peu bête. Mais je pense bien que le passage qui suit est plus épique.

Merci hardkey ; par contre, tu me demandes de garder le premier jet, le brouillon cahier, c'est un peu trop pour un maniaque comme moi, va falloir que je passe un sacré temps sur le sujet "Ne te retourne pas" ^^

Merci Abigaelle ; les batailles du seigneur des anneaux... Celle du gouffre de Helm, celle de Minas Tirith, celle aux portes noires... Je ne vois pas énormément de ressemblance avec la mienne... Par contre, que l'on pense que les fées, magiques, magnifiques, espiègles, se rapportent aux orcs, c'est bien un anti-cliché, ce que je désirais atteindre. Sinon, les informations sont là, visibles, pour preuve, je m'appuierais sur le message d'Elann, qui a résumé les infos les plus importantes d'Ilyna ; c'est donc qu'il les a vu. Il en a même deviné plus qu'il ne se doute. D'ailleurs, le "flot grandiloquent" ne sert pas à rien, ça ne me ressemble pas de flooder (inonder) pour le simple plaisir de flooder. Eux aussi, possède leurs lots d'informations, explicites et implicites.

Merci milivice ; si, j'accepte les critiques, puisque j'essaye d'y répondre et que je m'en sers. En ce moment j'attaque l'émotion, et avant, j'ai un minimum travaillé sur le vocabulaire (si, si ^^). Mais tout comme les critiques, mes réponses ne sont pas exhaustives. C'est un débat ouvert, pas un combat d'avis.

Citation :

chaque action est imagée

Et... ce n'est pas une bonne chose ?

Une sombre lumière est un oxymore, comme un blanc noir, Paris Hilton sobre. Ou, dans l'exemple, des fées violentes.

Le récit t'oblige à te concentrer ? Bah, oui... pour lire un roman, il faut obligeamment se concentrer, je ne vois pas ce qui t'embêtes là ; peut-être veux-tu dire trop te concentrer, ça me paraît plus problématique ? Je vais prendre l'exemple que tu as donné, tant pis pour la promesse de laisser le style de côté.

Citation :

La tempête déverse sa rage, elle l’attise de ses vents violents, la magnifie à la lumière de ses éclairs [Voudrais-tu que je remplace cette phrase pour une moins imagée, moins allégorique ? Phrase de remplacement : Un éclair fend la (violente) tempête. C'est réducteur (et moche, mais osef). Pour moi, le principe d'une histoire n'est pas de dire, mais de raconter. Un éclair fend la tempête, j'ai l'impression de lire l'en-tête d'un article] Et tonne [Sens : Ouïe] un éclat de haine, et gronde un rugissement rauque [Certes, la deuxième partie répète la même chose, il le fallait bien selon la tournure de la phrase ; le premier "et" en exige un second, tout comme le mot "ni". Phrase de remplacement : Le tonnerre gronde. Même remarque que précédemment] , assourdissant la vallée [Information géographique, la première, je ne peux donc l'enlever, juste la déplacer si l'on trouve un meilleur endroit] . Le vacarme [Sens : Ouïe] se répercute contre les falaises [Indication], où la cascade [Indication] même peine à se faire entendre [Cette phrase est très bien, une indication auditive, deux informations géographiques ; l'enlever serait bête] . Malmené par les rafales [Là, je reparle de la tempête, mais comment puis-je ne pas le faire, puisqu'il explique pourquoi le nuage de cendre d'étoile se dissipe seulement sur la vallée, et pas sur le territoire de Clair-Obscur (quoique Clair'Oscur soit pour l'instant) ? Facultatif, peut-être. Mais vu qu'à ce moment, on ne peut savoir ce qu'est et d'où vient ce nuage, un maximum d'info n'est pas totalement à refuser, surtout que tu n'as pas eu l'air de comprendre (d'après la phrase que tu as écrite, je n'en suis pas sur, ne pas s'énerver ^^)] , le nuage de cendres d’étoile s’est dissipé jusqu’aux frontières de Clair’obscur, où il répand toujours son infecte poussière [Autre info facultative qui n'est pas totalement à refuser ?] . Oui, c’est un beau jour, le meilleur depuis le cataclysme [Cataclysme, catastrophe, nuage de poussière... cendre d'étoile/étoile/météorite qui vient de s'écraser sur ce monde. Non ? Si ce n'est pas clair, tant pis, le personnage de point de vue n'en dira pas plus maintenant, il l'a déjà vécu, il ne peut donc pas tout déballer sans raison pour éclairer le lecteur. C'est pour ça que j'écris "où je crois revivre la fin du monde" à la fin du passage, pour être certain que l'on comprenne, sans dériver du fil de ses pensées ; moins que si elle l'exposait, en tout cas] .

Sinon, c'était dans "La cité des brumes", la remarque sur les phrases courtes, même si ça change rien ; et non, autant pour les descriptions que pour les actions, les phrases longues et semi-longues sont meilleurs que les phrases courtes. Ça, par contre, c'est un combat d'avis, buté et sans solution.

Mais (obligé) il y a aussi des phrases courtes, dans mon texte. 46, j'ai relevé ; et 31 semi-courtes (ou semi-longues, ça dépend comment on voit le verre). Je trouve ça pas si mal, et je n'en démordrais pas, c'est bien pour cela que c'est un terrain sans issue, de ce côté là. C'est simple, les romans qui ne m'ont pas vraiment plu (sauf langage courant-familier) ont des phrases courtes, et ceux qui me plaisent préfèrent les phrase longues/semi'. C'est comme me demander de manger une langue de bœuf, où essayer d'aimer un macho lorsque l'on est féministe radicale, c'est contre-nature. C'est un oxymore. ^^

Si je notifie que la foudre tombe, c'est que je l'ai décrit tout autant, non ? En fait, en écrivant "à la lumière de ses éclairs", j'ai sous-entendu que la foudre tombait, puisque on ne voit la foudre que quand elle tombe. Mais je n'ai pas eu besoin d'utiliser le verbe "tomber", où "s’abattre", ce qui m'a réservé un verbe en plus pour une autre phrase. Lorsque tu as lu le mot "éclair", tu as normalement eu l'image (donc le fait d'imaginer) de la foudre qui tombe, sans que tu ne l'ais lu, sans avoir eu besoin de te concentrer là-dessus. Mais en fait, je l'ai écris, que la foudre était tombée : "La pluie s’abat sur l’herbe sèche, éteignant les départs de flammes provoqués par l’orage". Il y a le feu parce la foudre est tombée. Toujours sans la description pure "La foudre tombe".

Bref, avec nos exemples, nous désirons tout deux sous-entendre, ce sont juste les manières de le faire qui diffèrent ; justement, moi avec des phrases longues, et toi avec des phrases courtes. C'est bien pour ça que je ne voulais pas commencer la discussion sur le style, on tourne en rond.

Je ne vais pas m'attarder sur la dernière ligne, sache que je ne fréquente pas les idiots.

J'avais prévenu, en même temps, que les préjugés sur cette question nous empêcheraient d'aller bien loin, la preuve, 3ème message et tu es déjà exaspérée. Pourtant, contrairement à ce que tu sembles penser, je prends bien le conseil - je le garde en mémoire pour le prochain passage -, devrais-je pour autant m'aplatir et ne pas présenter des contre-arguments ? Si je m'étais énervé, si j'avais été bouder dans mon coin sans te répondre, je n'aurais pas eu un exemple détaillé sur une autre façon de faire des sous-entendus, qui me serviront certainement dans un-deux-douze texte(s). Voilà le constat, les commentaires qui ont été enregistrés ici sont beaucoup plus utiles et dénués de détours que dans la plupart des autres sujets.
Sinon, je ne compte pas publier ce récit ; le roman que j'enverrais, je ne le mettrai pas sur le forum : je serais bien trop chiant et difficile dans mes commentaires. ^^

M'enfin, toute cette belle agitation me donne envie de m'atteler à la suite de ce passage, je le ferais une fois terminés mes exercices sur l'émotion. J’espère que tu-vous n'avez pas été trop dégoûtés, et essayerez de confirmer/infirmer vos avis lors de sa lecture. Sur ce, vous m'excuserez, mais j'ai une étude à faire sur les Trench-coats.

C’est un beau jour pour tuer.
Du ciel au val sinue l’éclair qui me l’a suggéré. Le tonnerre succède, vient se fracasser, rauque, contre les falaises, où la cascade se mêle au vacarme. Nous sommes si frêles avec notre haine, face à ce déchaînement des éléments, ce reflux de la nature ni triste ni hargneux, simplement là, vif. Il suffirait d’une rafale plus forte pour souffler notre armée de fés, nous jeter de la rive à la rivière. Puis emportés par les rapides, nous suivrions le cheminement du fleuve, le long des montagnes, et nous nous perdrions, flasques, à quelque embouchure ; nous n’aurions pu, alors, profiter de cette tempête qui a dissipé le nuage de cendre, jusqu’aux frontières de Clair’obscur. Oui, bel éclair, c’est un beau jour, le meilleur depuis le cataclysme.
– Précieuse… appelle le Temporel, Précieuse, dame…
– Parle, Deirel.
L’aveugle me fixe de ses boursouflures purulentes et violacées. Il me sent, le vil être, se repère – il l’a avoué – aux frissons de dégoût qui me traversent l’échine lorsque je le vois. Sa langue lèche ses lèvres craquelées, mais aucun son ne s’en échappe. Il m’observe, juste. Cette figure puante de charogne… Je frissonne.
– Alors ?
– Le temps guide, Précieuse. Ordonnez maintenant, vous gagnerez la bataille.
Une clairvoyance bien inutile de pouvoir affirmer l’évidence, et annoncée d’un ton si ennuyé… Que j’aimerais le récompenser d’une attention toute particulière, lui arracher les phalanges, lui faire goûter une lame chauffée à blanc, le noyer dans ses mensonges de prêcheur pitoyable ! Par exemple. Hélas, les faveurs de mon père, aussi bêtes soient-elles, aussi bête soit-il, le protègent.
– Je te remercie, Deirel…
– Beau et bon temps, dame, susurre-t-il en se retirant.
Je me dresse, silencieuse, sur mon rocher, cheveux au vent. Altière, je l’espère, digne de mon sang ; un sang différent, parait-il, je ne sais en quoi : d’un pourpre comme un autre, il se répand de même manière. Pourtant, je suis ici grâce à lui, à commander, à ordonner, enfin libre de me tenir éloignée de cet horrible palais, où chacun est plus fourbe et plus intelligent que moi. Suffit des politiciens, des ragots d’adultères lancés par les maris chanteurs, des vols entre bourgeois, des viols entre valets, des bals interminables. Ici, c’est moi qui vais mener la danse. Officiers trop vieux, trop gras, cadets de familles décadentes, je ne suis après tout qu’à la tête de corps faibles, surtout de déchets mentaux, et à ce jeu-là, je demeure à jamais la meilleure…
Les murmures s’intensifient dans les rangs au fur et à mesure du temps. J’accroche plusieurs œillades véhémentes. Les soupçons s’alimentent et s’organisent. Pourquoi ordonne-t-elle d’attendre, pourquoi défie-t-elle les conseils des stratèges, quelle idiotie d’attaquer à la lumière du jour alors que les humains sont presque aveugles la nuit ! Qu’espère-t-elle donc ? Est-elle vraiment fiable ? Autant de questions qui ne trouveront pas de réponses ; puissent les impatients s’impatienter, les malhonnêtes fureter et les fureteurs tout divulguer. Grâce à cette impopularité, le récit d’une fée nimbée de secrets se racontera de tavernes en bordels, de bordels en palais, pour finir dans les oreilles des princes d’une façon assez différente : « Ilyna, la fille du féérique, serait prête à négocier ». Un premier pas sur le flanc sombre d’une colline, mais au moins serais-je la seule à ne pas reculer.
Les bourrasques forcissent. Une pluie soudaine s’abat sur l’herbe sèche, éteignant les départs de flammes provoqués par l’orage. Les fés s’agitent en aval du raidillon. Avec des flèches mouillées, balayées par les vents, un bourbier sous leurs pieds, ils voient désormais la bataille d’un très mauvais œil. Pourtant, ils ne disent rien, se contentent de maugréer de-ci de-là, de se venger sur les chariots de vivres vides. Ils ont peur de moi, plus encore que des hommes qui pataugent à l’autre bout de la vallée, qui s’approchent, qui s’approchent.... Parfait.
– Soldats !
La soudaineté, l’autorité, la menace dans la voix, tous tournent la tête vers moi, déjà captivés, déjà inquiets.
– Je ne vous ai jamais demandé de douter ! Je ne vous ai pas permis de râler – de maudire ! Mon père sera furieux lorsque je lui rapporterai. Si je lui rapportais…
Silence obstiné. Le message est passé.
– Alors, vous voulez vous battre ? Vous rêvez de verser le sang, vous souhaitez le coup fatal, la victoire, la gloire ? Bien. C’est votre droit, je le respecte… Allez-y.
S’ils pouvaient voir la vérité s’installer sur leur visage ! Fondue, la précipitation, disparue la détermination. Oui, braves idiots, c’est à cela que je désirais en venir. Combattre l’ennemi au plus fort de la tempête ! Détruisez-vous, une partie, rien de trop, nous serons alors en position de faiblesse. Prompts à être cueillis. Prompts à parlementer.
– Qu’est-ce que vous attendez, crié-je un sourire aux lèvres, préparez-vous, aux armes ! Surtout, ne perdez pas de temps !

Brassards de cuir glissés jusqu’aux coudes, lacés de cordelettes argentées ; mitaine de mailles sur la main assassine. Des cuissardes cerclées de fer remplacent les bottes, la lanière du carquois est nouée au-dessus et fixée sur le côté de la jambe. Sur le torse, pas de plate, ni de cotte, mais ma brassière de nihre. Un simple ruban couleur de peau attache mes cheveux. Et entre mes doigts tournoie l’instrument de ma colère, la sublime rapière sertie d’améthyste. La voilà, la véritable Ilyna, la fille de roi. Sur le champ de bataille, enfin je deviens belle, d’une terrible beauté que l’on ne saurait marier. Sur le champ de bataille, je donne un nouveau sens au coup de foudre, je redéfinis la façon de briser un cœur. Mon baiser est d’acier, mes cris sont de rage ; je noie mes fantasmes dans le sang, je trouve mes orgasmes dans la mort ! Le fracas du combat résonne à mes oreilles, il m’appelle à lui. Des humains jonchent la boue, tranchés, transpercés, décapités. Les autres reculent derrière leurs boucliers, l’armée hésite à enfoncer ce bloc hérissé, à mon grand supplice. Je dois aller les aider, ils ont besoin de moi pour les guider. Je dois leur montrer la voie, sur le flanc droit, les exciter, violents, violents, impitoyables, détruire le moral, ravager l’espoir, je dois…
– Dois-je rappeler, ma dame, que votre père vous a interdit de participer aux conflits ?
Ces paroles me frappent, comme un horion sur le crâne. Le flot des pensées brutes s’amenuise, libérant mon esprit de la tourmente. Que s’est-il passé, que s’est-il encore passé ? Je secoue la tête, je regarde en tous sens. Je me trouve au milieu d’un plant de flèches ennemies. Il y a du sang comme engrais. Ma botte enfonce une main dans la terre. L’affrontement me semble plus proche qu’à l’instant, nos archers ne sont qu’à deux toises de moi. Ce n’est pas possible… J’ai avancé, j’ai dévalé la pente, sans même m’en rendre compte… Derrière, les stratèges, les infirmes, Deirel, ils m’observent interloqués, si ce n’est avec pitié, ou les deux, ou plus. Sauf mon échanson, mielleux de servitude et de moins de moins surpris par mes crises.
Ce qui est loin d’être mon cas ! Il n’était donc pas suffisant que je perde le contrôle de mes émotions, voilà que je me déplace sans ma propre permission ! Je ne me souviens de rien, pas un geste, pas un bruit ! Je suis… Je n’en peux plus… c’est tellement… Et merde, que se passera-t-il la prochaine fois ?! Je ne peux pas… continuer, guetter le prochain malaise, attendre que la maladie se change en démence, je ne veux pas…
– Non… Non, ça va.
Pourtant, je me détourne, à cause de la larme qui coule le long de ma joue. Un signe d'impuissance intolérable, un régal pour les charognards à l'affut. Il faut que je me ressaisisse, vite.
La bataille est devenue âpre. J’ai une sombre appréhension en bord de cœur. Ça se déroule moins bien, encore moins, que je ne le pensais. Fés et hommes se démènent dans la fange, privés de leurs jeux de jambes et de leurs vols. Personne, amis, ennemis, n’ose tirer. Les deux armées se mélangent, sautent et virevoltent de secondes en secondes, de duels en duels. Ils frappent, fouaillent, ratent parfois, trompés par les trombes d'eau. Je suis glacée... Ma paume me démange, ce n'est qu'un symptôme, un de plus ; je ne l'écouterais pas, je n'y céderais pas. Un cri de femme retentit. Les humains haïssent toutes les guerrières, c'est de l'une des miennes dont j'entends l'agonie... Je ne peux rien y faire, je ne dois pas répondre, je ne dois pas combattre. Plusieurs de mes soldats tentent des envolées, en vain, sous les rafales instables, ils chancellent pieds en l’air, basculent. Moi, je reste là. Je cherche. Je cherche l’héroïsme dans chaque coup d’épée, giclée de sang, mais rien ne m’apparaît, car il n’y a rien. Mon maître d’escrime est un idiot.
Le nombre finit néanmoins par peser. Les humains s’épuisent à cogner contre nos boucliers toujours remplacés, parer, parer, sans parvenir à prendre le dessus. Ils beuglent des encouragements, pour les plus vaillants, s’enfuient pour les plus sensés, la plupart se rendent. Avant que les lames n’improvisent une justice, j’anticipe :
– Gardez-les en vie ! Gardez-les en vie, nous les ramèneront au féérique !
Quelques déceptions rageuses, apaisées au nom de mon père. Un regard me suffit à évaluer les dommages. Des armes et des armures ébréchées, d'innombrables blessures, des ailes déchirées. De nombreux regards ternes. Et des morts, aussi.
Pas mal.