Le livre de la vie.

La livre s'ouvre, comme une fenêtre sur un autre monde.
- ...
- ...
- Bonjour.
- Bonjour.
Une page se tourne.
- Qui es-tu ?
- Je suis moi.
- J'ai l'impression de te connaître.
- Tu me connais déjà.
- Je ne sais pas...
- Cela ne fait rien pour l'instant. J'aimerais te montrer quelque chose.
- Qu'est-ce que c'est ?
Une page se tourne. Une boîte est posée sur le blanc de la feuille, sur rien, sur le papier.
- Vois-tu cette boîte ?
- Oui.
- Elle contient le sens de la vie.
- Le sens de la vie ?
- Oui.
- Quel est-il ?
- Je te laisse le découvrir par toi-même.
Une page se tourne. La boîte s'ouvre.
Une page se tourne. La boîte est ouverte.
Au fond, un livre.
- Un livre ?
- Ouvre-le.
Une page se tourne. Une main saisit le livre.
Une page se tourne. La main ouvre le livre.
Une page se tourne. La main tourne la première page.
- Un livre ?
- Ouvre-le.
Les yeux se froncent.
- Mais... C'est le même livre.
- Oui.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- C'est le sens de la vie.
- Un livre dans un autre ?
- Le même livre dans lui-même.
- Absurde.
- Oui.
Une page se tourne.
- La vie est absurde. Une boucle infinie. Sans sens aucun.
- Non.
- D'où viens-tu ?
- Je ne sais pas.
- Pourquoi la vie est ?
- Je ne sais pas.
- Avant la vie, qu'y avait-il ?
- ...
Une page se tourne.
- Rien.
- Oui.
- Et alors ?
- Et de rien naquit la vie. Sans raison aucune.
- Et alors ?
- La vie n'a pas de raison d'être. La vie est donc absurde.
- Non. Je ne veux pas.
- Tu ne veux pas quoi ?
- Je ne veux pas qu'il en soit ainsi. Je ne veux pas que ma vie soit absurde. Elle ne l'est pas.
- Si, elle l'est. Tu ne veux juste pas voir cette réalité. Tu crois qu'elle a un sens. Mais elle n'en a pas. Elle ne vient de nulle part, et elle ne va nulle part.
- La vie... amène la vie.
- Oui. La vie amène la vie. C'est là son unique sens. C'est là son non-sens. Car est-ce une raison non absurde que d'être pour être, alors qu'on est sans raison ?
- Tais-toi !
Une page se tourne. Elle est blanche.
Une page se tourne. Quelques mots.
- Je sais qui tu es.
- Et qui suis-je ?
- Tu es... Une part de moi.
- Comment puis-je être une part de toi, si je trouve la vie absurde et toi non ?
- Tu es ma part de contradiction. La part que je ne veux pas voir. Mais qui pourtant est.
- Je suis une part de toi-même...
- Oui... Nous sommes... Nous.
Une page se tourne. Deux êtres se voient.
Une page se tourne. Deux êtres s'étreignent.
- J'ai besoin de toi pour vivre.
- J'ai besoin de toi pour vivre.
- J'ai besoin de toi pour savoir que la vie a un sens.
- J'ai besoin de toi pour savoir qu'elle n'en a pas réellement.
Une page se tourne.
- Non. Tu te trompes.
Une page se tourne.
- La vie a un sens.
Une page se tourne.
- Lequel ?
Une page se tourne. Une porte est dessinée sur la feuille blanche, sur rien, sur le papier.
- Vois-tu cette porte ?
- Oui.
- Derrière se trouve le sens de la vie.
- Quel est-il ?
- Je te laisse le découvrir.
Une page se tourne. Une main ouvre la porte.
Une page se tourne. La porte est ouverte.
Une page se tourne. Elle est blanche.
Une page se tourne. Elle est blanche.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Il n'y a rien.
- Oui. C'est le sens de ta vie. De notre vie.
- Je croyais que tu ne le voulais pas. Que tu ne voulais pas que notre vie soit absurde.
- Oui. Et que ressens-tu, face à cette porte qui ne mène sur rien ?
- ...
Une page se tourne.
- C'est insupportable.
- Oui.
- C'est trop triste. Je ne veux pas de cela.
- Oui.
Une page se tourne.
- Mais alors, quel est le sens de la vie ? Dis-le moi.
- Dis-le moi, toi. Dis-le nous.
- Comment ?
Une page se tourne.
- Rêve.
- Rêve ?
- Ecris ton rêve derrière cette porte. Ecris toi-même le sens de ta vie. Tu sais qu'elle n'en a pas, mais tu ne peux pas vivre avec ça. C'est trop dur, c'est trop triste. Alors écris toi-même le sens de ta vie. Ecris, derrière cette porte où il n'y a rien, ce que tu veux qu'il y ait. Ecris tes espoirs, tes souffrances, ton bonheur. Car la vie ne peut pas être sans nier qu'elle est absurde.
- Alors... Ca veut dire que...
- Oui. Ta vie n'est absurde que si tu te laisses croire qu'elle l'est. Que si tu laisses la réalité t'inonder.
- Alors... J'écris quelque chose, derrière cette porte, ou dans ce livre. Et ce sera cela, le sens de ma vie.
- Oui. Ce sera cela, ta vie.
Le livre se ferme, comme une fenêtre sur l'autre monde.

Quel beau texte. Je ne le connaissais pas. Il traduit parfaitement la confusion que tout humain a un jour senti en lui...
Cette réflexion, je la partage, et c'est pour ça que ce texte me plaît ; je m'y retrouve. Et je ne suis pas le seul.

Ce qui est marrant, ce sont d'une part, le style : je ne t'ai jusque-là jamais vu écrire comme ça, et certaines idées sous-jacentes : je retrouve un peu de mon univers littéraire dans le tien.

J'aime bien, ça rejoint un peu le premier texte que tu m'avais fait lire (sur la forme plus que sur le fond ^^ ). Autant l'autre ça n'avait pas été mon truc, autant celui me plait bien.

Hakkrat a écrit:

- Et de rien naquit la vie. Sans raison aucune.
...
- Si, elle l'est. Tu ne veux juste pas voir cette réalité. Tu crois qu'elle a un sens. Mais elle n'en a pas. Elle ne vient de nulle part, et elle ne va nulle part.

Juste une précision. Si tu dis que de rien naquit la vie, pourquoi dire que la réalité est absurde? Qui te dis qu'elle l'est? Qui te dit que c'est la réalité? Pourquoi crois-tu que la réalité émerge du rien? Si tu pars du rien, n'est-ce pas ta vision qui fait la réalité? Alors si c'est ta vision qui crée la réalité alors ta vie n'est pas absurde mais TU es absurde. Or si tu es absurde, ce que tu crées est absurde mais pour toi c'est cohérent. Ce n'est absurde que pour les autres. Un esprit engendre une création absurde qui est logique pour cet esprit illogique. Alors comment peux-tu être certain que la vie est absurde?

Après ce petit moment de philosophie, voilà mes commentaires:

































*reste bouche bée*

Tout simplement sublime.

Je ne dirais rien d'autre.

Je pense que le mot "absurde" est à prendre avec des pincettes.
Après tout c'est un mot, donc c'est humain, culturel et non naturel.

Ainsi dire qu'un homme est absurde... est absurde. Tu n'as aucun point de référence pour le comparer ! Je peux dire qu'une idée, un concept, une création, un objet est absurde. Mais qui peut dire que l'humain est absurde, et par rapport à quoi ?
Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas croire que les mots sont universels, tout comme le sens d'ailleurs, qui n'est que propre à l'homme. Un animal ne se demande pas s'il y a un sens à la tombée de la pluie ou au levé du soleil. De même, les planètes n'ont pas de sens, elles sont.

C'est typiquement humain de chercher un sens à toute chose. Et c'est ce que Steph développe avec justesse.
Ainsi donc, dire que la réalité est "absurde" ("Le mot absurde vient du latin absurdus qui signifie dissonant (cf. Cicéron, De Oratore, III, 41)") signifie que l'homme n'y trouve pas de sens. Et c'est normal : la réalité n'a comme attribut que l'existence, et non la justification.

Ca change de ce que tu nous écris d'habitude. C'est un beau texte, sur quelque chose d'important, même si je je ne suis pas entièrement d'accord sur le contenu, je suis d'accord que le sens de la vie est subjectif.
Ca me plaît bien. ^^^

C'est le genre de sujet dont on pourrait discuter des heures et des heures, c'est interressant.

(je savai bien que mon Papa c'était le meilleurs!)

Alors, je n'ai pas tout compris dans tes interrogations, ultuant, mais bon, je vais tenter de répondre quelque chose...

J'ai supposé que le big-bang a eu lieu, et qu'il n'y avait rien avant. Et même si cette supposition est fausse, j'ai supposé que la vie n'existait pas avant. Avant quoi, exactement, je ne sais pas. Disons qu'avant que la terre ne se forme, la vie n'existait pas. Elle est apparue pour des raisons physiques : une atmosphère, de l'eau, et les autres ingrédients nécessaires. Mais aucune raison morale. La vie est donc apparue sans raison.

C'est ce que j'entends par absurde. Que quelque chose soit, sans raison morale. Il y a une raison physique à la vie, mais je ne trouve pas que ce soit suffisant pour dire que la vie a un sens.

J'espère ne pas répondre trop à côté (on tombe vite dans un dialogue de sourds sur ce genre de choses ^^)

Edit : H2o explique bien aussi. ^^
Quant à Yon, je conçois que tu ne sois pas d'accord avec tout le contenu. Je me demande si moi-même je le suis. C'est l'interrogation...

Absurde... En fait, je ne comprend pas la logique qui te fais dire que parce que la vie n'a pas de sens elle est absurde...

Pour H2o en fait quand je dis absurde c'est plutot irréel (en parlant de l'homme)

Sinon mon pauvre Hakk, il ne fallait pas te donner tant de mal pour répondre à mes questions. Ce n'en était pas vraiment, plutôt des interogations métaphysiques donc il n'y avait pas de réponse à fournir. Mais merci quand même ^^
Sinon je suis d'accord avec toi

...

Lapin Compri.

Bon de toute façon, ce texte est bien et peu importe les débouchés philosophiques, on est tous d'accord!

Par exemple, si je change l'encre de mon stylo, c'est parce qu'il est vide. Ce que je fais a un sens, une raison, si on ne considère juste que ça.

Maintenant, la vie est apparue parce que... Parce que rien du tout. Tu vois ? Elle est apparue sans raison. Je la qualifie d'absurde pour cela.

Ben voilà, c'est ça que je comprend pas... Enfin bref, là on rame, tant pis.

Hakkrat ne t'évertues pas à prouver ce que tu dis parce que si tu fais entrer la religion dedans c'est mort. Si tu crois en Dieu, c'est lui qui a fait la vie et donc pas pour rien

Je ne sais pas si je cherche à prouver quelque chose... Je cherche plutôt à expliquer mon raisonnement.

Oui, Dieu, bien sûr... Je l'ai complètement exclu de mon texte et de mon raisonnement. Donc, bon, je n'aurais rien à redire face à cela.

Bon alors, comment dire...






Wooow...


Je ne vois pas d'autre chose à redire...

Je pense que c'est à cause de nos études scientifiques que tu as exclu Dieu. Non pas que Science implique athéisme, de très grands savants étaient croyants, mais je veux dire par là que ton texte, Hak, est évolutioniste et non créationiste : la vie est apparue par le plus grand des hasard, lorsque dans un endroit propice se sont aglomérés certains atomes formant molécules etc etc. Ca, c'est que tu défends, et en ce cas, il y a causalité (cause/effet), mais il n'y a pas "volonté supérieure".
Ainsi je comprends qu'on puisse être sceptique fasse à ce texte, mais par contre Yon, pourquoi ne cherches-tu pas les réponses à ce qui te pose problème ? Pour moi un texte comme ça doit être sujet à débat...

...

...non ?

Oui... Mais c'est aussi une question de point de vue et visiblement on a pas tout à fait le même, c'est subjectif.

C'est vrai, mais même si on diverge d'opinion, aucun point de vue ne mériterait qu'on ne l'évoque, ne serait-ce que pour enrichir ou nuancer le notre.

Dans cas, mieux vaut ouvrir un topic pour ça parce que ça sortirait un peu de la critique de mon texte... ^^ Même si ça a un lien. Mais je pense que Yon a aussi raison ; ça reste subjectif, et on risque de ne jamais réussir à se mettre entièrement tous d'accord dessus.

Bon dans le flood ça vous va?

De toute façon je le crée et tant pis s'il n'y a personne ^^

Le style est pas mal...

La réflexion derrière me laisse un peu plus perplexe... Par le contenu mais par l'enchainement des idées.