Salut les AEcien(ne)s !
Aujourd'hui (enfin !) du neuf !!
Depuis quelques temps j'ai d'immenses projets en tête, des trucs de fous à faire pâlir même Ilàan (m'voyez ? ). Mais comme c'est justement du très gros et que j'ai carrément du mal à m'y mettre, vu que j'écris plus rien depuis des plombes, je me suis dit qu'il était grand temps de retourner au boulot et de mettre les bouchées doubles, alors c'est parti !
Voici donc une histoire à l'ADN 100% Cry Noir. Un truc que je prômets, non seulement de mettre à jour régulièrement, mais de finir ici-même sur l'AE, avec (ou sans d'ailleurs) votre aide. Alors, de la fantasy, oui ! Mais vous me connaissez, les clichés j'adore... m'en servir ! Vous ne trouverez ici aucun grand seigneur de l'ombre (euh... quoique) ou grand héros élu au coeur vaillant et pur.
Ce que je promet en revanche, c'est une histoire mature (au moins un peu) et différente de ce qu'on peut voir habituellement. Pas de panique, j'entends bien insuffler un vrai souffle épique, mais ce sera secondaire.
Allez, assez de parlote, place au...Synopsis
Une entité millénaire s'est éveillée dans les profondeurs des abysses – la belle Ageen, porteuse de vie et mère de tous les peuples, est condamnée. Après des siècles de paix et de guerre entremêlées, la civilisation réalise l'étendue de sa fragilité face une chose aussi ancienne et pure, qu'implacable et sans pitié.
La population perd espoir. Chacun profite selon son gré du temps qu'il lui reste. Dans les plaines désertiques, par une nuit de tempête, un orphelinat est vidée de presque tous ses occupants lorsque une caravane de réfugiés fuit la cité voisine. À la fois solitaires et tous unis, c'est une étrange aventure qui débute pour les derniers pensionnaires, faites de découvertes et de péripéties en tous genres, d'amour et de cruauté, de courage et de couardise, en attendant la fin...Et comme je suis un fou, en poursuit d'emblée avec le...Prologue : La CaravaneD'immenses éclairs illuminaient le ciel nocturne, déchirant les silhouettes menaçantes de gigantesques nuages. Dans cette partie du désert, l'on pouvait tourner sur soi-même indéfiniment sans jamais rien apercevoir d'autres que la même ligne d'horizon. Mais ce soir, malgré l'absence des étoiles et de la lune pour dissiper la pénombre, Jared discernait bien quelque chose.
D'abord imperceptible puis de plus en plus nette, la lueur était celle d'un véhicule en mouvement et qui venait droit sur eux.
– C'est quoi ? demanda Abel, les yeux rivés sur l'objet mystérieux.
Jared resta silencieux un instant, puis s'accroupit pour se mettre à hauteur du garçon.
– File, ordonna-t-il, va dire à Walter qu'une caravane approche et qu'elle sera bientôt là. Dépêche toi !
Tandis que le gamin acquiesçait et détalait aussitôt en direction de la maison, Jared se retourna vers la colonne dans le lointain. Avec un peu de chance il y aurait assez de place pour évacuer l'ensemble de la propriété...
Construit au beau milieu de nulle part, le manoir de la famille Margrind existait depuis près de cinq siècles. D'abord résidence privée de la richissime lignée, il s'était transformé en orphelinat au cours du siècle dernier, ainsi qu'en avait décidé Léonard Margrind, ultime descendant direct de ce clan jadis prestigieux.
Walter était aujourd'hui le dernier représentant de l'illustre famille, bien que n'en ayant pas le sang. Il avait été recueilli très jeune par Annabelle Margrind, l'arrière-petite fille de Léonard, laquelle l'avait adopté et éduqué. Aujourd'hui âgé de quatre-vingt-seize ans, le vieillard encore très en forme prenait grand soin de la maison qui l'avait vu grandir.
Néanmoins, en ces temps de trouble, pensait Jared, l'heure n'était pas à la nostalgie et les vieilles pierres valaient bien moins qu'un espoir, aussi infime soit-il, d'échapper à l'apocalypse annoncée.
Malgré les hurlements du vent qui faisait claquer ses vêtements, Jared percevait, ou du moins lui semblait-il, le tohu-bohu provoqué par l'arrivée prochaine de la caravane. Il était facile d'imaginer, après la torpeur des quelques jours ayant succédé à la terrible nouvelle, combien l'idée de fuir très loin pouvait sembler séduisante à toute une bande de gosses.
De six à dix-sept ans, sinon plus, tous rêvaient sans doute de gagner une terre qui serait épargnée, un endroit où ils pourraient continuer à grandir, à jouer, bref, à vivre. Jared n'avait pas cet espoir. Il se savait... Les savaient tous condamnés. Lui, le vieux, les gosses... Pas un n'en réchapperait.
Vêtu d'un épais manteau de cuir et emmitouflé dans une grosse écharpe de laine, Walter Margrind bravait le souffle féroce de la tempête avec la fougue d'un jeune homme. À ses cotés, Jared regardait dans le vide, perdu dans ses pensées, donnant l'impression de voir quelque invisible spectre.
Soulevant un impressionnant nuage de poussière que les vents dispersaient instantanément, un convoi des plus singuliers s'était approché du manoir. Le corps du groupe demeura à bonne distance et seule un énorme char tiré par quatre chiens monstrueux s'aventura jusque devant la grille, à l'entrée du domaine.
La petite taille, la barbe et l'attitude bourrue de l'individu qui tenait les rênes le trahirent : Walter savait reconnaître un nain quand il en voyait un. La personne qui l'accompagnait était humaine, une femme superbe à la peau sombre, vêtue de fourrures et bardée d'armes, une authentique amazone. Le vieil homme n'osa imaginer toutes les peuplades que pouvait rassembler la caravane entière.
– Salut à vous, lança respectueusement le nain en descendant du véhicule.
Walter avait déjà croisé des nains. Il avait l'habitude de les entendre râler, rire à faire trembler les murs ou même roter avec un entrain sans cesse renouvelé. Mais ce nain-ci était calme et grave, il avait comme un feu en moins dans le regard. C'était décidément une époque bien sombre.
– Bonsoir monsieur, madame, répondit Walter. Avant de vous inviter à entrer, puis-je vous demander vos noms et savoir ce qui vous amène dans un lieu aussi reculé ?
Le nain hocha la tête avec un air entendu.
– Je suis Tarbus Grisdiamant, il se tourna vers la femme, et voici Salijah, des îles de l'Ouest. Nous et notre groupe partons pour le Nord. Par delà les montagnes, la rumeur dit qu'il se trouve une région que tous les plus grands cataclysmes ont épargné. Nous quittions la cité de Vaenieptis lorsque l'on m'a parlé de votre maison. Je me suis dit qu'un détour, s'il pouvait sauver des vies, était un moindre mal.
– C'est très aimable à vous, fit remarquer Jared d'un air soupçonneux. Est-ce qu'il s'agit d'une invitation ?
– Allons Jared, coupa Walter, nous pourrons discuter de cela à l'intérieur. Suivez-moi je vous prie.
– Ne le prenez pas mal, intervint Tarbus, mais ma compagne préférera rester ici.
En effet, l'intimidante guerrière n'avait même pas pris la peine de descendre du char. Ses yeux bruns, tournés vers le ciel torturé, semblaient défier la nature elle-même.
– À votre aise, céda Walter.
Puis lui, Jared et Tarbus s'engagèrent dans l'allée qui menait au manoir.
Le repas qui fut servit au nain n'avait rien d'un festin de roi. Toutefois, appréciant le geste, celui-ci le dégusta de bon cœur sans même roter une seule fois. Lorsqu'il eut fini et que toute trace de nourriture eut disparu de son champ de vision, son visage retrouva toute sa saisissante gravité.
– Merci pour ce repas maître Margrind.
Il jeta un coup d’œil à Jared, puis revint à Walter.
– Je ne m'attarderai pas sur ce que chacun ici sait déjà pertinemment.
En dehors de Walter et Jared, plus d'une douzaine de pensionnaires du manoir écoutait le discours de Tarbus. Les autres étaient éparpillés dans les différentes pièces voisines, préparant leurs affaires, juste au cas où...
De ceux qui assistaient à la petite réunion, aucun ne jugea en effet nécessaire de revenir sur « ce que tous savaient ».
– Comme je l'ai dit, une rumeur court selon laquelle il existerait un endroit sûr au Nord, par delà les hauts monts. C'est peut-être insensé, mais je veux croire cette rumeur ! Je veux y croire parce que beaucoup comptent sur moi pour les conduire en sécurité. J'ignore ce qui nous attend, je ne sais pas si tout ce que je fais aura la moindre importance au lever du soleil, dans une semaine ou un mois. Ce que je sais c'est que je ferai tout pour conduire ces gens là où ils auront les meilleures chances.
Personne n'osa le contredire même si tous, Tarbus compris, savaient combien un tel raisonnement était bancal.
– S'il s'en trouve dans ce lieu qui veulent nous rejoindre, je suis prêt à les accueillir, nous avons de la place.
Un profond silence tomba sur l'attablée. Tout un chacun pesa le pour et le contre d'une telle proposition, même si au final tous attendaient de se ranger à l'avis de Walter. Celui-ci ne quittait pas Tarbus des yeux. Il ne le jugeait pas, au contraire il avait foi en la volonté du nain et priait pour qu'il arrive au bout de sa quête. Finalement il se leva et tous l'imitèrent.
– Chacun, en son âme et conscience, va devoir faire un choix, déclara-t-il.
Le court silence qui s'en suivit fut vite rompu par Jared :
– Un choix ? Quel choix avons nous dans notre situation ?
Walter le regarda.
– Ma maison est ouverte à tous ceux qui désirent rester. Il faut se rendre à l'évidence, il y a des gens ici qui ne sont pas capable d'endurer un tel voyage.
Il marqua une pause :
– Je resterai.
– Quoi ? s'écria Jared. C'est de la folie, tu n'es pas sérieux ?!
Walter répondit calmement :
– Bien au contraire. Seul un fou enverrait ces gosses à la mort dans une pareille expédition.
Il regarda le nain :
– J'ai foi en votre détermination Tarbus, je compte sur vous pour veiller sur ceux qui voudront vous accompagner. Mais je ne forcerai personne à quitter la paix de cet endroit.
Il prit une profonde inspiration.
– Les temps sont durs. Si vraiment c'est notre fin, alors je préfère en finir chez moi que sur une route au bout du monde. Nous verrons bien ce qui arrive.
– Et si jamais la rumeur disait vrai ? rétorqua Jared. S'il n'y avait que là bas que l'on puisse être en sécurité ?
Le regard de Walter exprimait une compassion qui tranchait radicalement avec la dureté de ses paroles :
– Il faut bien mourir un jour.
Pour la première fois depuis bien longtemps, le vieux Margrind avait perdu le soutien de ses protégés. Il ne leur en voulait pas. Les malheureux n'en pouvaient plus de rester à attendre la fin. La plupart n'avait jamais quitté le manoir. Walter savait que beaucoup d'entre eux, fin du monde ou pas, ne reviendraient jamais de ce voyage.
En échange de sa promesse de veiller sur les gamins, Tarbus n'avait requis qu'une seule chose de la part de Walter. Salijah, l'amazone et compagne du nain avait perdu l'envie de poursuivre leur aventure, elle souhaitait rester au manoir. Le vieillard, après avoir accepté, se dit que la perte de la jeune femme était au moins aussi difficile pour Tarbus que ne lui était celle des enfants.
Seuls quelques uns, pour la plupart des solitaires, avaient choisi de rester avec le vieil homme. Abel, au grand dam de Jared, était de ceux-là.
L'air du dehors était sec, comme à son habitude. Malgré l'orage qui continuait de tonner, pas une seule goutte n'était tombée de toute la nuit. Un nouveau jour se lèverait bientôt, il était temps pour la caravane de Tarbus, et tout ceux qui la rejoignaient, de prendre la route.
Étrangement, les adieux ne furent pas aussi larmoyants qu'escomptés. Les quelques personnes ayant décidés de rester se contentant de serrer les mains ou d'embrasser leurs anciens camarades avant de leur souhaiter bonne chance. Il en alla bien différemment lorsqu'il fallut dire adieu à Walter. Les enfants ne purent retenir leurs larmes, même les plus âgés, et que dire de Jared ? Le plus vieux des orphelins encore présent au manoir, tout l'opposé de son père adoptif. Ils s'étreignirent longuement avant de se serrer la main, comme des égaux.
Tarbus discuta un long moment avec Salijah. Celle-ci, agenouillée près de lui et le dépassant pourtant d'une tête, l'écouta sans jamais l'interrompre. Puis elle le prit dans ses bras et déposa un baiser sur ses lèvres avant de reprendre son masque de dureté. Le nain, accablé de chagrin, salua néanmoins chaleureusement le vieux Margrind avant de reprendre les rênes de son véhicule.
Lorsque le soleil perça l'horizon, le char avait rejoint le reste du convoi et celui-ci repartait à vive allure en direction du Nord.
À présent seuls, Walter, Salijah et les derniers gosses restèrent longtemps immobiles et silencieux. Un important chapitre de l'histoire du manoir Margrind se refermait. Jamais les choses ne redeviendraient ce qu'elles avaient été.
Bon, je vous laisse digérer ça, la suite avant la fin de la semaine (oui, c'est une promesse )