Marche vers le ciel

Je regardai un instant cette main qu’Il me tendait. Puis je Le regardai, Lui. Il me souriait, et mon cœur s’apaisa. Je posai ma main dans la Sienne, et ensemble, nous gravîmes les escaliers qui s’ouvraient devant nous. Je laissai glisser ma main libre sur la rampe translucide, tandis que mes pieds escaladaient les marches de cristal. Je flottais plus que je ne marchais, entraîné par un courant invisible.

Je jetai un coup d’œil en-dessous de moi, et je vis miroiter le bleu turquoise de l’océan. Des diamants de lumière scintillaient à sa surface comme des étoiles, fragments lumineux du reflet solaire. C’était magnifique.

Une brise légère caressa nos cheveux lorsque nous traversâmes le manteau blanc des nuages. Le ciel, d’une beauté presque irréelle, nous absorba dans son infinie majesté. J’eus l’impression de renaître, quelque part, ailleurs, à l’intérieur de moi-même.

- Ecoute, me dit-Il.

Je tendis l’oreille. Au début, je ne perçus que le silence céleste. Et peu à peu, une musique s’éleva dans un flot de murmures. Des notes de piano, seules et profondes, tournoyèrent gracieusement autour de moi. Elles effleurèrent mon esprit, dessinant des arc-en-ciel dans mon imaginaire. Sans que je ne m’en rende compte, je quittai les escaliers et m’envolai, transporté par la douceur et la profondeur des accords bémolisés.

- Viens, me dit-Il.

Je Le vis, porté par quatre immenses ailes d’un blanc aveuglant. Des plumes dansèrent devant mes yeux comme des morceaux de soleil, et je m’aperçus qu’elles appartenaient à mes propres ailes. Depuis quand étaient-elles là ? Je n’en savais rien, mais ce fut comme si je les avais toujours eues. Grâce à elles, je brassai l’air et m’élevai toujours plus haut dans le bleu du ciel. Le piano m’accompagnait, tel un nuage de papillons de musique virevoltant dans mon sillage. Un rayon de soleil traversa mon corps évanescent lorsque je Le rejoignis.

- Où allons-nous ? demandai-je.

Il ne répondit rien. Je me contentai de Son sourire, et Le suivis.

Le chant d’un ensemble de violons se mêla aux frémissements du piano, et une rafale me propulsa d’un seul coup sur des hauteurs inaccessibles. Je vis la pureté cristalline des nuages disparaître, et le bleu se muer peu à peu en un noir ténébreux et profond.

Puis un spectacle de lumières se joua devant mes yeux émerveillés, immobile et pourtant si vivant en même temps. Le pourpre d’une nébuleuse s’étala en une pluie de fractales sur le fond d’encre à ma droite, auréolé d’un vert émeraude. À ma gauche, le bras éthéré d’une galaxie s’enroulait sur lui-même, et laissait derrière lui une traînée lumineuse et éparse d’étoiles étincelantes. J’étais envoûté par tant de splendeur. Jamais je n’aurais cru qu’une telle beauté puisse seulement exister.

Le piano tourbillonna autour de moi, et les violons m’emportèrent plus loin encore. Dans mon dos, mes ailes ondulaient lentement, pourtant je filai à une vitesse incroyable dans l’immensité sidérale. Il était toujours devant moi, enveloppé d’un hâle de lumière blanche, et je Le suivais aveuglément.

- Nous arrivons, me dit-Il.

Et dans le décor merveilleux de l’espace, je retrouvai les escaliers de cristal que nous avions quittés peu de temps avant. Lorsque nous nous posâmes dessus, les violons s’évanouirent doucement. Seul le piano subsista et nous accompagna encore.

Je ne sus jamais combien de temps nous mîmes pour gravir les marches. Peut-être quelques secondes, peut-être plusieurs éternités. Je n’avais plus aucune conscience du temps qui s’écoulait. Je baignais dans une sérénité nouvelle et grandissante au fil des marches que je montais. Cette sensation éclaboussait mon esprit comme une fontaine bienfaisante, et plus rien d’autre ne me préoccupait.

Puis, au bout de ces quelques secondes, ou de cette éternité, un portail d’or et de lumière se dressa devant nous, immense et majestueux. Les escaliers prenaient fin à cet endroit.

- Nous y voilà, me dit-Il.

Il s’arrêta au pied du portail, et je compris que je devais continuer sans Lui. En passant devant Lui, je Le remerciai d’un regard, et Il m’adressa un dernier sourire avant de disparaître.

D’une main un peu fébrile, je poussai la grille. Tandis que je le faisais, j’eus l’impression qu’une autre porte, au fond de moi, s’ouvrait dans le même temps. Oui, c’était la porte de mon âme que j’ouvrais, et c’était elle que j’allais pénétrer. Mais peu importait ; je me sentais si bien, en parfaite harmonie avec moi-même ; je n’avais pas peur de franchir ce seuil.

D’un pas décidé, je traversai le portail. J’entendis le piano s’éteindre discrètement lorsque je me retrouvai de l’autre côté.

Je m’enfonçai dans un océan de lumière et de repos, et ne reparus plus jamais.

C'est très poétique. Mais euh... il est mort, le gars??

Oui... Enfin, on peut s'imaginer qu'il rêve, mais à la base, c'est le chemin vers le paradis. ^^

Ben...
Euh...

*sais pas quoi dire*

c'est tout simplement sublime.surtout ce passage : "Le pourpre d’une nébuleuse s’étala en une pluie de fractales sur le fond d’encre à ma droite, auréolé d’un vert émeraude. À ma gauche, le bras éthéré d’une galaxie s’enroulait sur lui-même, et laissait derrière lui une traînée lumineuse et éparse d’étoiles étincelantes". je suis encore sous le charme

Merchi...

joli texte
j'aime beaucoup leur voyage, surtout avec la musique qui accompagne le récit.
Quelques petites remarques :

Citation :

Une brise légère frétilla dans nos cheveux

c'est le mot frétilla qui me dérange... je l'aurais plutôt employé en parlant d'un poisson ou d'un asticot, pas du vent. Pourquoi pas un truc du style "caressa nos cheveux", ou un autre mot ?

Citation :

Elles effleurèrent mon esprit, dessinant des arc-en-ciel dans mon imaginaire

j'adore cette phrase ::love::

voila voila

Luciole

Argh, c'est sûr que si tu associes le verbe "frétiller" à du poisson qui pue...

Mais je préfère garder ce verbe ; et puis, si ça te dérange autant, imagine que le vent est fait d'un banc de poissons invisibles et aériens, qui se seraient glissés sous tes cheveux et qui, justement, frétilleraient... Non ? Ca ne passe pas mieux ? XD

AAAAAAARGH !!!!!!!
*part chercher un harpon et extermine tous les poissons*
saletés ! >_<

cela dit, je parie que si tu regardais la définition du dico, tu verrais que frétiller est mal employé

Luciole

le terme m'a un peu gêné également.

je pense que tu devrais plutot choisir un mot tel que :

- ébouriffer, décoiffer, dépeigner, écheveler, souffler.

- jouer, abuser, badiner, batifoler, folâtrer, s'amuser, s'ébattre, taquiner, tripoter .

sinon, c'est intéressant de voir que tu associe l'Ascension au son du piano et des violonts. Moi, j'imagine plutot un violoncelle

Quelle que soit la musique, où les mots (bon, ok, avec "frétiller", je me suis imaginé un banc de poissons...), en tout cas, c'était, c'était... raaaaaah

* Met un morceau piano *

on est chiant hein

En tout cas, je pense que tu as un talent certain. Sublime, oui, c'est un mot qui prend son sens lorsqu'on lit ces lignes.

Et pourtant, je ne suis pas fan des "vues" du paradi dites "stéréotypées"...

Mais j'avoue que là...

Pour le frétiller... j'ai eu la vision de Brise ! Une drôle de petite entité aux caractères divins qui s'amusaient dans une forêt de mêches. Je sui plus poétique qe vous et votre poisson ! :lol::

Voilà, akira a tout compris, elle !

*Tire la langue à tous les autres*

Non, bon, je ne sais pas ce que je vais faire de ce mot... "Caresser" me semblait trop commun. Mais vu que ça gêne autant de monde... Je le change !

*Louche sur la liste de Kalystah*

Tripoter ??? O_o

En tout cas, merci à tous d'avoir lu et apprécié. Ca me fait toujours plaisir.

*Salue bas*

(Et pour Ellias : j'ai écrit ce texte en écoutant du piano, justement )

The Piano par Nyman ? (je crois)

*prend Hakkrat par les épaules et le force à se relever*
Et puis quoi encore ? c'est à nous de te saluer !

*s'incline, ainsi que l'aurait fait un samouraï *

Luciole

akira a écrit:

The Piano par Nyman ? (je crois)

Euh... C'était pour moi ? J'écoutais un truc de relaxation avec bruits de vague dans le fond et cris de dauphins. Et aussi la BO du Voyage de Chihiro, un de mes mangas anime préférés.

*Remercie Luciole en la saluant encore. Ils se cognent tous les deux*

Disons que nous nous saluons pour des raisons différentes : toi parce que tu apprécies, et moi, parce que ça me touche beaucoup que vous appréciez... (et avant cela, que vous me lisiez).

Je n'ai pas lu la version avec frétiller, mais caresser reste dans la fluidité du texte.
J'ai été transporté, vraiment très beau

Je viens "déterrer" le texte

Il est superbe, tout ce que tu décris, je le vois ; les violons et le piano, je les entends. C'est incroyable la manière dont tu arrives à retranscrire toutes ses sensations, ces images, ces mélodies.

J'ai bien fait de lire ton texte, et je le relirai sûrement en me passant un morceau de piano.

Ca me donne d'ailleurs envie de m'y remettre

Encore bravo pour ce texte d'une beauté execptionnelle qui nous transporte dans un autre monde (et je n'exagère pas !).

Merci beaucoup ! Ravi que le lyrisme t'ait plu et non pas rebuté.

J'ai écrit ce texte avec du piano et du violon (Joe Hisaishi) dans les oreilles. ^^

La portrait physique de cette montée vers l’empyrée est belle. Je regrette seulement que cette qualité de description ne servit pas aussi celle de l’introversion.
j’eus l’impression qu’une autre porte, au fond de moi, s’ouvrait dans le même temps. Oui, c’était la porte de mon âme que

Merci d'avoir lu.

Euh... Oui, je n'ai pas allongé la description spirituelle. Je ne sais pas spécialement pourquoi. Peut-être que le personnage, qui se sent apaisé, cesse de "trop" s'émerveiller de sa béatitude ?

Merci en tous les cas de lire autant de mes textes, je suis touché.