Les Nuits Vicyliennes : La loi du marché

Alors à la base, Les Nuits Vicyliennes c'est une petite idée que j'ai eu afin de traiter mon petit domaine de Vicylia de manière différente, et de pouvoir en faire découvrir d'autres aspects à travers des scènes courtes de la vie des Vicyliens durant la nuit. La Loi du marché est donc le premier essaie ( pas une grande réussite à mon avis mais bon ^^). Enfin voilà, bonne lecture :

La loi du marché


Je suis Erion Daïne. Elfe, et nullement fier d’en être un. La simple idée que mes ancêtres aient établi une société forestière, comme des insectes, m’est profondément pénible. Parfois, je me dis que si l’un de mes parents n’avait pas été un elfe je supporterai mieux ma condition, en me concentrant sur la race qui ne m’aurait pas été transmise, mais lorsque j’y réfléchis plus longuement, je me rends rapidement compte qu’aucune autre ne me conviendrait.

Ils ne devraient plus tarder désormais. Je regarde à nouveau mon horloge, presque minuit, le premier est en retard, c’est agaçant. Je me lève de mon siège pour me rendre à la fenêtre une nouvelle fois, regardant la rue à plusieurs niveaux, dans l’espoir de le voir arriver. Toujours rien, mis à part l’incessant tic-tac du pendule, un son qui m’apaise et m’énerve à la fois. La contradiction qu’il me faut pour travailler, de la concentration et du sang-froid, tout en gardant cette part d’excitation qui incite à l’action. Cette attente pousse mes nerfs à bout et commence à me donner chaud. J’ouvre la vitre, laissant entrer l’air froid de l’hiver pendant quelques secondes, il est si… le voilà enfin.

Ifir, maudite fée incompétente qui vient encore me trouver pour m’annoncer un échec. Habitué à rehausser la petite taille de sa race par des talonnettes, quand il doit se rendre chez un marchand. Inutile et imbécile, sa présence m’est déjà insupportable, et il n’est même pas encore en ma demeure.

On toque, des coups feutrés, presque une caresse, à peine audibles. Je lui ouvre et le fait entrer en vitesse, garder sa porte ouverte la nuit fait partie des actes les plus idiots que l’on puisse commettre à Vicylia. Il me salut d’un signe de la tête, retirant sans chapeau bleu ciel. Comment fait-il pour oser de tels couleurs ? Et son costume bleu-vert, extravaguant, comme toutes les fées. Ces êtres ont une fâcheuse tendance à l’exubérance, quelque chose qui m’est difficilement supportable.

Il retire son manteau, d’un marron sobre, contrastant horriblement avec le reste de la tenue, et le place sous son chapeau directement sur un meuble. Il s’empresse de déployer ses ailes, les faisant battre quelques secondes, comme pour vérifier l’air de la pièce, avant de les mettre à nouveau au repos le long de son dos. Il me dévisage un instant, moi et mon costume noir, ainsi que ma canne au manche à la forme singulière d’une tête de faucon, sans doute désapprouve-t-il mon manque de couleur.

— Vous devriez prendre exemple sur les elfes qui assument leurs origines proches de la nature. Vous vêtir de la teinte de quelques fleurs des bois, lance-t-il à la place d’un salut.

— Je n’en ressent pas le besoin et je n’en vois pas l’intérêt. Nous sommes bientôt à un millénaire de ce temps de vie en forêt, je suis tout aussi citadin que vous. Je suis simplement moins… bariolé.

Il fronce les sourcils en se mordant la lèvre inférieur, vexé certainement, l’idiot.

— Inutile de s’étendre sur ce sujet, vous n’êtes pas ici pour me parler de la mode vicylienne. Comment se passe les négociations avec le commerçant Elhor ? demandé-je.

Elhor, un nain des plus pénible, et accessoirement un marchand puissant. Il refuse catégoriquement de faire partie de la guilde des marchands, par conséquent il ne se place pas sous la protection de Vendo, et ne paye pas nos taxes. Cela fait des mois que toutes nos tentatives passives et nos bonnes volontés échouent à le faire changer d’avis, la réponse d’Ifir n’est donc pas une surprise, mais elle n’en est pas moins pénible.

— Il refuse toujours de rejoindre la guilde.
— Vous lui avez exposé les risques ?
— Evidemment que je l’ai fait, je n’en suis pas à ma première visite de ce genre, mais il affirme ne pas avoir besoin de notre guilde pour défendre son commerce.

Vendo, notre guilde, gérante de la presque totalité des flux monétaires de la ville. Les membres de la guilde des marchands nous payent un tribut, en échange d’une protection contre les malandrins de la cité et un remboursement partiel des pertes suite à un vol, de quoi relancer leur commerce. Il faut donc faire comprendre à ce monsieur Elhor qu’il ne peut s’en sortir sans notre aide.

— Quelle est la suite désormais ? me demande-t-il.
— Aucune pour vous. Vous avez fait du bon travail.

Evidemment, je n’en pense pas un mot. L’échec cuisant de ces négociations ne peuvent être que de son fait, et je resterai le seul à le remarquer. Il tente de protester, et je me vois contraint de le mettre dehors, sèchement. Je déteste les complications, peu importe leur forme. Je regarde le pendule, l’entretien a été bien plus court que prévu, cela compense le retard d’Ifir, et me donne le temps d’écrire la missive qui règlera cette affaire.

« Cher monsieur d’Agmard,

Au vue des récents évènements et de la situation auprès de notre futur adhèrent monsieur Elhor, pour le moment réfractaire, je suis contraint de quérir votre aide une nouvelle fois.
Dans la mesure ou ce monsieur Elhor doit être capable de poursuivre son commerce après votre passage, je préconise une intervention rapide qui permettra, si possible, d’éviter de lourds dégâts matériels. Etant donné que le prochain signataire est père d’une famille nombreuse, je pense que la perte d’un enfant serait le moyen approprié de le convaincre de se joindre à la guilde des marchands. Veuillez noter que sa femme étant cogérante de son entreprise, je vous recommanderai de l’épargner au mieux.

Votre service sera remercié par le montant habituel que vous pourrez récupérer auprès de mes agents une fois le travail accompli.

Salutations respectueuses, et plaisir des affaires.

Erion Daïne »

Icare d’Agmard est un cogneur efficace. On ne voit pas souvent des humains de presque deux mètres de hauteurs, et quand ils sont assez peu scrupuleux pour exécuter ce genre de besogne, il ne faut pas hésiter à les employer. Il fait partie des rares bougres de la ville-basse ayant réussis à amasser assez de richesses pour s’offrir une place dans le centre. Cela dit, sans guilde et sans éducation, ces anciens truands deviennent souvent des mercenaires, ce qui offre une main d’œuvre bien moins cher que d’employer une Brute de Furis, la guilde des bas-quartiers.

Moi j'aime bien, et puis ça peut être la base de nouvelles idées.
Je ne ferai pas de remarques sur le style, je ne vois pas de soucis et Ilàan fait du bon boulot si nécessaire.
Juste quelques détails qui ne parasitent pas la lecture mais que j'ai remarqué:
-j'ai un doute pour ton à peines audibles, je ne mettrais pas de s à peines
-Après vérification dans un dico, un patriarche a toujours une famille nombreuse et est un vieil homme (père doit être suffisant)
-le moyen approprié plutôt que approprier
-En général, on met plutôt salutations respectueuses (au pluriel)
Sinon je suis un humain de presque deux mètres de hauteur, je crois que je vais chercher du boulot dans le coin (il me manque quelques centimètres)

chouette, Vicylia de retour ^^

Je m’autorise une rapide relecture. Icare sait à peine écrire son nom, mais je ne le fais pas pour lui. Aucune faute, le contraire m’aurait irrité. A peine ai-je le temps de trouver une enveloppe convenable qu’un courant d’air vient caresser ma nuque.
Je me retourne brusquement, retirant de ma cane l’épée qui y est cachée, prête à mordre la chair. Un tintement métallique et l’éclat d’une lame arrête la course de mon arme, alors que mon geste est accueillit par un léger ricanement.

— Toujours aussi prompt à retirer une vie Daïne.

Je range rengaine l’épée, me contentant d’un reniflement dédaigneux en guise de réponse. Je baisse les yeux sur mon interlocutrice, profitant de ce mince avantage qu’est la taille de ma race, accentué par la nature de mon hôte. La naine continue de sourire de toutes ses dents, pas plus grande qu’une enfant, et d’une constitution a priori similaire, son attirail complet de coupe-jarret permet de prendre la pleine mesure de sa dangerosité. Sa chevelure rousse est coupée courte et sans aucun soucis d’esthétisme, alors que sa tunique de cuir, contrairement à sa personne, est parfaitement entretenue.

— Galiandre, je ne vous attendais pas si tôt.
— Dis plutôt que tu ne t’habitues pas à mes arrivées silencieuses, me coupe-t-elle.
— Peu importe. Nous ne sommes pas ici pour jouer.
— Les affaires avant tout évidemment. Qu’est ce que tu as ?

Je me dirige vers le bureau et entame ma recherche. Le classement y est parfait, ma minutie faisant des merveilles, seules quelques secondes me suffisent pour trouver les documents désirés. Je me retourne pour lui apporter les papiers, mais elle est déjà présente, provoquant un affolement de mon rythme cardiaque que je m’efforce de ne pas laisser paraître. Avant que je ne retrouve une circulation sanguine adaptée, je sens le dossier s’échapper de mes mains, arraché par les doigts agiles de la naine.

— Qui c’est ce gusse là ?
— Vous avez du le voir sortir de chez moi. Il est celui qui s’occupe d’aller voir les marchands qui me sont confiés.
— Encore un qui vise ton siège et qui a rien trouvé de mieux que de te faire passer pour un incompétent c’est ça ? dit-elle en riant.
— Non, pas celui-là. Ce mécréant n’a pas assez d’ambition pour cela. Il travaille pour un autre.
— Mais c’est quand même lui que tu veux que je balance dans le canal. Enfin, tant que vos manigances me rapportent de l’argent, je me moque de qui je tue. Je repasserai chercher l’argent quand ce sera fait.
— Souvenez-vous bien que…
— Personne ne doit être capable de remonter jusqu’à toi. C’est pas la première fois que je fais du ménage pour toi Daïne.

Et assurément cela ne sera pas la dernière.
Je retourne à mon bureau, ne me préoccupant pas de savoir si elle compte sortir en utilisant la porte cette fois. J’examine les dossiers d’autres marchands réticents, certains n’ont pas supporter le passage du cogneur, tout cela par l’incompétence d’Ifir. Heureusement pour moi, cette maudite fée ne sera bientôt plus un problème. Qu’il soit véritablement à la solde d’un autre ou non, son incompétence et ses contacts trop régulier avec un concurrent direct font de lui autant un poids qu’une menace. Il n’a par conséquent plus aucune valeur, et me débarrasser de lui va de soit. C’est ainsi que le monde tourne, et c’est ainsi que marche la guilde. C’est la loi du marché.

(fin )

très sympa
j'espère que tu en as d'autres comme ça ^^

Pas pour l'instant, je réfléchis à d'autres idées à exploiter. Mais je suis déjà sur un autre truc, sans parler du Swap qui va arriver XD