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 L'instant après lequel on est différent

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MessageSujet: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 22:34

Bonsoir à tous !

J'ai commencé à écrire quelque chose que je n'aurais pas la prétention d’appeler "début de roman" mais j'ai déjà un premier chapitre et je pense en écrire au moins 5 ou 6 comme celui-ci. C'est mon projet préféré depuis que j'ai commencé à écrire alors dites-moi ce que vous en pensez, ouvrez le feu je, peux tout entendre !

Première partie du chapitre 1 :

Sur ma tête flottait le borsalino de Snatch en cuir qu’elle m’avait offert ce jour-là. Mon front, mes joues, les lits des rivières de transpiration qui sinuaient à travers l’épaisse couche de poussière me recouvrant le visage. Cet été 2011, et trois mois après mon départ de la capitale ; rien d’autre que le soulagement à l’intérieur de mon crane. A l’extérieur : la route, ma maison, ma vraie maison.

Ma vieille carte routière en poche, j’avançais un pas après l’autre, perdu sur la D932 – ou bien était-ce la D933 ? – un lieu incertain entre Casteljaloux et Grenade. Paris derrière moi, de plus en plus lointaine, et devant moi la liberté.

Je l’ai quitté sans me retourner. Mon sac sur le dos, l’ensemble de mes possessions sur moi. Marcher et marcher, avancer et avancer. La chaleur assourdissante du Sud-Ouest en plein été. Dans mon sac : mes fringues de conneries, ma frontale, de quoi dormir et L’appel sauvage de London version poche, ouais.

Nulle vague à l’horizon. Tout ce qui compte c’est l’instant.

Un pas après l’autre je faisais le tour des exploitations agricoles, histoire de trouver un petit boulot pour les deux mois à venir.

Les fruits rouges.

J’avais entendu ce mec parler des fruits rouges au Passage de la nuit, ce bar dans le Marais où nous allions tout le temps pour rassembler les morceaux de nos vies que Paris dispersait dans tout les sens. Cassis, groseilles disait le mec, framboises et fraises disait-il. Je ne l’écoutais que vaguement, trop occupé à ressasser et retourner, à part moi, le couteau dans la plaie béante qu’était ma propre vie. Le mec disait que le boulot était dur et pas trop mal payé. Six mois plus tard il ne m’en fallait pas plus pour tout plaquer et partir vers les fruits rouges.

Sur la D933, ou est-ce la D932, j’avançais un pas après l’autre en direction de ma nouvelle vie. Nul part ailleurs que dans mon dos ; l’empreinte du changement.

Alors j’ai entendu au loin derrière moi le vrombissement et le bruit caractéristique de l’asphalte battu par les pneus.

Ma chance.

Le pouce levé bien haut, j’observais le vieux break Volvo ralentir dans le mirage formé par la chaleur sur la route. La fenêtre place du mort s’est ouverte à ma hauteur. Le nuage qui s’est échappé du vieux break Volvo. Le sourire qu’esse-tu-veux-mec de Zoe Montana ; une apparition à travers le rideau de fumée. A l’intérieur, au milieu d’un monceau de bagages et de bordel en tous genres, deux autres types étaient en train de s’agiter sur du hardcore bien lourd.

Les sons graves et les basses fréquences vous réchauffent le cœur et vous vrillent les tympans. Daily struggle dans ma tête.

— Ne fais pas attention à eux, dit Zoe. Ils sont défoncés dit-elle avant d’éclater de rire, le menton relevé et la tête en arrière. Le rire de Zoe ; rien d’autre qu’un électrochoc.
— Vous allez où ? dis-je.
— On va dans la ferme des parents du grand connard à ma gauche, dit Zoe. On y va pour bosser. Enfin surtout pour boire et fumer. Les fruits rouges, ajouta-t-elle.

Le bon moment, le bon endroit.

— Qu’il monte ! Brailla le mec à l’arrière entre deux allers-retours de tête cadencés sur le rythme des basses hardcores.
— Et toi tu vas où ? demanda Zoe.
— Pareil que vous, dis-je. Les fruits rouges.
— Alors monte, fit-elle. Et ne fais pas gaffe au bordel.

Tâche plutôt ardue vu le foutoir ambiant. Sur le plancher et les sièges, des cadavres de bières, des journaux et des emballages de bouffe en tous genres. Posés sur ces détritus, des affaires personnelles, des fringues et des oreillers. Comme un amoncellement de strates successives nous donnant une idée du temps que ces types avaient passés sur la route. En entrant dans ce vieux break Volvo j’ai su que tout irait bien.

Mais ce n’était pas vrai.

— Bienvenu dans la Gueule du Loup mec ! m’a dit Etienne.

La Gueule du Loup c’était le vieux break Volvo, m’a expliqué Etienne. Parce qu’une fois qu’on monte dedans, on est plus jamais le même, qu’il m’a dit. Etienne et sa longue et épaisse tignasse blonde. Son corps couvert de tatouages et son allure on-s’en-branle. Il m’a tendu sa bouteille de Bombay Sapphire que j’ai honoré en m’en envoyant une longue rasade.

— Fais gaffe mec, ça rend fou l’alcool blanc ! m’a-t-il dit avant d’éclater de rire.

Max, le grand connard à la gauche de Zoe, le chauffeur de la Gueule du Loup a baissé le son – un peu – et a démarré la vieille Volvo. Le cri Rock’n’roll furieux de Zoé Montana droit dans nos tympans. Quatre âmes dans la Gueule du Loup filant en trombe vers la vie.

Zoe m’observait dans le rétroviseur. Ses deux petits globes bleus me fixaient avec insistance. La chaleur tout au fond des yeux de Zoe, et le paysage qui défilait derrière. Nerveux, je commençais de rouler quatre clopes - une pour chacun - les petits soldats de la mort, disait ma mère.
Chacun des innombrables cheveux bruns-blonds de Zoe avait une existence qui lui était propre. Elle avait un piercing brillant sur la tempe gauche, un autre sur le côté droit de son sourire et une demi-lune tatouée dans le cou. Ses oreilles étaient percées également. Des petites têtes de mort sculptées en pierre noire sur chacun de ses lobes. Plus bas, de très belles mains, aux doigts longs et fins surmontés d’innombrables bagues de pacotilles en tout genre. Le plus grand nombre de bagues sur une seule main que j’aie jamais vu. Grande et fine, son minishort sur ses collants déchirés et sa chemise de bûcheron n’émoussaient en rien sa féminité. Au contraire, son allure féline et gracile contribuait au naturel spontané de sa beauté.

— Alors, d’où tu viens comme ça ? fit-elle.
— De Paris, dis-je.
— Nan mais d’où tu viens vraiment ? répondit-elle. Les deux tiers des gens qui vivent dans la Ville Fantôme n’y sont pas nés, dit Zoe.
— La Ville Fantôme ? dis-je.
— Paris mec ! lança Etienne. La ville des âmes en peine !
— Je suis né en Bretagne, dis-je. Et vous ?
— Wouah un breton ! cria Zoe en faisant danser ses supers cheveux bruns blonds devant ses yeux. On vient tous de Paris mais aucun de nous n’y est né. Max vient des Landes et Etienne d’Alsace. Quant à moi je viens du Montana, mec, Etat-Unis ouais !
— Ça ne s’entend pas, fis-je.
— Je suis arrivée à Paris quand j’avais dix ans, après tout est devenu étrange, dit-elle.
Exactement comme pour moi, pensais-je. Encore une parisienne frappée par la foudre.
— On s’en tape ! lança Etienne. Y’a pas de passé, dit-il, seulement nous et maintenant.

Tout ce qui compte c’est l’instant.

— Buvons à ça alors ! fit Zoe. Pas de passé, seulement nous et maintenant ! lancèrent-t-ils en cœur. Même Max, dont je n’avais toujours pas vu le visage.

La bouteille de Bombay Sapphire quitta la main super belle de Zoe pour celle de Max.
Sa concentration quand elle roulait un joint.
Nous buvions tous à l’instant présent, nuls autres que nous dans la Gueule du Loup, sans nous soucier de ce qui nous attendait.
J’inspirais, expirais cinq grosses bouffées opaques.
Aucune vague à l’horizon.

Dans la fumée des Dieux pouvait bien s’effondrer Babylon, ici : rien d’autre que le tintement de la bière d’Etienne contre la bouteille de Bombay Sapphire.

— Pas de passé, seulement nous et maintenant, dis-je.
Zoe s’est retournée sur son siège.
— Ce moment, dit Zoe, il est rien qu’à nous n’est-ce pas ?

Son sourire qu’esse-tu-veux-mec et ses yeux supers beaux. Les morceaux brisés de mon cœur tentant de battre à nouveau contre ma poitrine.

— Moi c’est Zack, dis-je. Elle a tendu sa super belle main sertie de bagues dans ma direction. La peau super douce de Zoe contre la mienne. Alors Zack, a-t-elle dit, que fuis-tu comme ça ?
— Laisse-le tranquille ! intervint Max. Cette caisse est une zone libre. Ah au fait, bienvenu dans la Gueule du Loup mec, moi c’est Max Cassady, dit-il en tournant son visage vers moi.

Max aimait se faire appeler Max Cassady, en hommage à Kerouac disait-il. C’était le plus chevronné de nous-tous, et le plus âgé. La vieille Volvo était à lui, et avec elle, il avait pris la route un matin de mai – dont il ne se souvenait soi-disant plus l’année exacte - seuls persistaient dans son esprit l’euphorie et le bonheur de tout plaquer pour aller sillonner les routes d’Europe.
Max roulait presque toujours pieds au plancher. Les kilomètres défilaient et nous étions tous une seule et même chose dans la Gueule du Loup. Pas vraiment défoncés mais pas vraiment lucides pour autant.
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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeLun 29 Juil 2013 - 15:19

Personne pour commenter?


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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeMar 30 Juil 2013 - 18:30

Dire que je savais que tu avais posté ici... mais j'ai oublié ! :pend: 


Spoiler:

Je n'ai pas lu Kerouac Embarassed en revanche, Ellis, un peu et ça m'y fait un peu penser dans le traitement des personnages. J'aime assez, personnellement et ton style est vraiment raccord avec ce thème. Un peu saccadé par moment, un peu "pas défoncé mais pas lucide pour autant".
Quant à l'histoire... on verra bien, je veux lire la suite, moi ^^.

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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeMar 30 Juil 2013 - 21:15

Hola Elann ! Vous ici ?! Quelle surprise ! Wink

Merci pour ces corrections que je vais m'empresser d’intégrer dans mon texte.

Je te conseil Sur la route de Kerouac qui vaut vraiment le coup, par contre je ne connais pas encore ses autres bouquins. Quant à Ellis, c'est vrai que j'en ai lu quelque-uns mais j'avoue ne pas avoir du tout pensé à lui en écrivant ce texte (mais j'ai effectivement d'autres sources d'inspirations ! ^^). Je vois ce que tu veux dire pour le côté saccadé, en fait sur ce texte j'essaie vraiment de saisir l'instant, le moment de l'action, d'où ces phrases parfois courtes et sans verbes. Comme c'est parti pour être un texte assez long, l'histoire va mettre un peu plus de temps à se poser que pour une nouvelle, je pense au moins poster l'intégralité du chapitre 1, pour le reste nous verrons bien !

Donc la suite :

C’est de cette manière, ou à peu de choses près, que j’ai rencontré mes compagnons de conneries avec qui j’allais passer l’intégralité de cet été. La Ville Fantôme loin derrière et une petite route de campagne.

Simplement le bon moment et le bon endroit.

En très peu de temps nous étions arrivés chez les parents de Max, dans la plantation de fruits rouges. La vieille Volvo garée à l’ombre, nous nous sommes dirigés vers l’imposante maison en pierre. Zoe, Etienne, Max et moi, ivres du voyage et marchant en ligne vers les plus beaux moments de nos vies.

Mais ce n’était pas vrai.

Les jambes lourdes après le trajet, le gin et l’herbe, la maison m’apparaissait comme une tâche grisâtre dans l’immensité verdâtre du jardin qui l’entourait.

Sur ma droite, la nervosité de Max.

A mi-chemin du pas de la porte d’entrée, les parents et la sœur de Max sortirent pour l’accueillir. La famille Cassady au grand complet.

— Attendez là, dit Max. En plus il faut que je t’arrange le coup, Zack.
— Merci mec, dis-je.
— Ça va bien se passer, répondit-il.

Sur les lèvres de Zoe il n'y avait plus aucun sourire qu’esse-tu-veux-mec.

Max s’est dirigé vers sa famille. Son père et sa sœur se sont approchés alors que sa mère fit volte-face pour regagner la demeure en pleurant. Le père de Max serra son fils si fort dans ses bras que j’ai cru au début qu’il allait le briser. De lui, aucunes remarques ou remontrances n’émanèrent. Seulement le bonheur d’un père retrouvant son fils. La jeune sœur Cassady, elle, restait derrière son père, intimidée par l’arrivée d’un frère qu’elle reconnaissait à peine. Le père de Max lui suggéra d’aller seul à la rencontre de sa mère, sans omettre de lui souhaiter tout le courage nécessaire à la dure épreuve qui l’attendait.

Il nous souhaita la bienvenue chez lui. Nous saluant et nous présentant tour à tour, je remarquais son air distrait et la direction de son regard pointé vers l’entrée du grand jardin. Là où était garée la Gueule du Loup.

— Alors elle roule toujours, fit-il.

Spontanément nous nous mîmes tous en marche vers la vieille Volvo qui à une époque était la sienne. La vue de cette bagnole fatiguée emplie subitement sa voix d’une douce mélancolie. Il avait toujours soutenu son fils dans ses choix et son besoin d’éloignement, nous confia-t-il alors. Le fait que lui-même ait depuis tout jeune nourri le rêve de prendre la route et traverser les frontières au seul grès de sa volonté, n’avait fait que renforcer la fierté et l’admiration qu’il éprouvait pour Max. Seulement la vie à l’époque avait tôt fait de le gratifier d’un travail prenant et d’une famille – chose merveilleuse certes – mais qui mettait irrémédiablement au banc ses ambitions de vagabondage. Les années étaient si vites passées qu’il en vain même à oublier ses rêves de liberté d’adolescent des années soixante. Aussi, quand Max reprit le flambeau, la fierté et le sentiment d’accomplissement qu’il éprouva pour lui furent immanquablement teintés d’une légère amertume. De celle que l’on éprouve à être passé à côté d’un pan important de son existence.

— La Gueule du Loup dit-il.

Un nom donné par Max qui s’accommodait d’autant plus à la vieille voiture que l’état dans laquelle elle était désormais.

— Mon fils, fit le père de Max, comment va-t-il ?
— Il vit, répondit Zoe.
Voyant le visage du père de Max se rembrunir, Zoe continua :
— Monsieur Cassady, votre fils est heureux… et aussi complétement barge ! dit-elle avec le sourire qu’elle sait bien faire.
— Vous êtes conscients que Cassady ce n’est pas vraiment notre nom ?
— Oui mais il vous va si bien à vous et Max, fit Zoe.

Etienne se tenait à côté de Zoe, un vague sourire sur les lèvres. Trop défoncé pour prononcer quoi que ce soit.

Au royaume de Marie-Jeanne, les junkies ont tous la même gueule.

Plus tard dans la maison, nous tous autour de la table. Les yeux rouges et gonflés de larmes de la mère de Max.

Max m’avait arrangé le coup. Je pouvais rester chez ses parents et travailler toute la saison aux fruits rouges si je le voulais. Plutôt sympas d’ailleurs, ses parents. Plutôt tristes aussi. Notamment son père qui faisait tout pour nous faire croire qu’il avait notre âge. A l’entendre nous aurions très bien pu reprendre la route le lendemain, avec un fumeur de joint en plus et quelques bouteilles de whisky sortant tout droit de la réserve des Cassady. La Gueule du Loup était spacieuse, mais là n’était pas le problème. Quant à sa mère, elle arborait ce masque d’impassibilité teinté d’angoisse propre à celle qui s’attend, d’une minute à l’autre, de voir sortir son fils à jamais de sa vie.
Ses petits yeux rouges et gonflés dans ma direction. Elle posa son masque sur le mien. Au début j’ai souri. Ce n’est seulement qu’au bout de trente secondes que j’ai commencé à me tordre sur ma chaise.

— Et toi, dit-elle, heu Zack c’est ça ? Depuis quand connais-tu Maxime ?
— C’est très récent dis-je.
J’ai descendu d’un trait le reste de mon verre de vin.
— On l’a ramassé en stop sur la route cet aprèm, fit Max.
— Je vois, répondit sa mère.
— Zack est en fuite, balança Zoe avec son rire électrochoc.

Mon reflet dans les supers beaux yeux de Zoe Montana.

— On est tous en fuite, dit Etienne.
— Zack, lui, a une bonne raison de fuir.
— Vrai ou pas, il n’a peut-être pas envie d’en parler maintenant ! fit le père de Max. Buvons à cette soirée et à ton retour Max.
— Bien vu, fit Max.

Apercevant mon verre vide, le père de Max afficha sur son visage l’expression reconnaissable entre mille.
— Oui s’il vous plait, dis-je. Allez-y, allez-y, dis-je.

Max m’a proposé de dormir dans sa chambre. Zoe et Etienne dans la chambre d’amis. J’ai ma tente ai-je répondu. Celle dans laquelle je dors depuis mon départ. Depuis trois mois. Je me suis déjà tellement habitué au confort tout relatif d’une vie inscrite dans le renoncement de tout bien matériel, que dormir sous un toit et qui plus est dans un lit, me paraissait vraiment superflu. Bon je n’ai jamais eu grand-chose à moi, avant. A part le bordel qu’on peut trimballer d’un appart à un autre et quelques meubles achetés en commun avec elle. Enfin, il y avait quand même les bouquins. Les centaines de livres que l’on peut amasser au fil des années dans une bibliothèque; je n’ai pas pu me résoudre à m’en débarrasser.

Dehors : l’instant entre le jour et la nuit. Sur la terrasse derrière la maison, Max et moi attendant les deux autres. J’ai roulé deux clopes. Une pour lui, une pour moi.

Les soldats de la mort de ma mère.

— Mec, m’a dit Max. Va falloir que tu me racontes ton histoire.

Il a tendu le bras droit pour attraper la clope, celui avec le poignet autour duquel il avait toujours cette espèce de foulard rouge noué. Max était grand et sec. Les cheveux rasés, les oreilles percées de toutes parts et le visage taillé à la serpe. Il avait une sorte d’énorme clé en fonte tatouée et légèrement déformée - comme par un défaut de la peau - sur le poignet gauche. « La clé des champs » qu’il s’amusait à répondre lorsqu’on lui demandait sa signification. Il portait toujours des t-shirts estampillés de divers messages plus ou moins politiques. Dans son dos, ce soir-là était inscrit aux yeux de tous : « J’emmerde l’environnement ! ». Je crois que Max aimait bien provoquer les gens et à plus forte raison faire chier son monde. Il était désobligeant, cynique et pince-sans-rire et c’est notamment pour ça que nous nous sommes rapidement très bien entendus.

— Merci pour la clope mec, dit Max.
— Ne me remercie pas, dis-je. Ma mère est morte d’un cancer des poumons, dis-je. Elle appelait ses clopes les petits soldats de la mort. Elle disait que comme les soldats d’une troupe, ils avançaient lentement mais inexorablement vers là où ça fait mal. Le jour où elle est morte de son cancer, dis-je, je me suis mis à fumer clopes sur clopes.

Vous savez comment réagissent les gens dans ce genre de situation ; ils prennent l’air contrit, baissent vaguement la tête ou s’excusent. Les gens demandent pardon pour le cancer du poumon de ma mère. Ils s’excusent aussi pour la crise cardiaque de votre père et pour la sclérose en plaque de votre fille. Certains – plus hardis que les autres – tenteront un classique et solennelle « mes condoléances ».

Max, lui, se contenta d’éclater de rire.

Cet instant, celui après lequel on est différent.

— Ta mère était poétesse ? La classe ! fit-il en toussant la fumée de sa cigarette.
— Quelque chose comme ça, répondis-je.
— Et ben il doit s’en passer là-dedans, dit-il en posant sa main droite sur ma poitrine, là où les morceaux brisés de mon cœur reposaient.
— Justement, dis-je, depuis quelque temps c’est plutôt calme. Ou complétement le bordel, c’est selon, dis-je.
— Ne t’inquiète pas, ça va s’arranger. Je t’aiderai.
— Ah ouais ? Comment ?

Les yeux noirs de Max dans les miens, son poignet droit foulard rouge montant et descendant au rythme des inspirations et expirations de fumée.

— Maintenant que t’es avec nous tout ira bien, dit-il.

Max me souriait.
Son foulard rouge.
Sa clé des champs.
Ses oreilles percées et ses yeux noirs.
Lui et moi sur la terrasse derrière sa maison. Je n’ai pas eu d’autre choix que de le croire.
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Elann
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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 10:00

Désolé, si je suis toujours si long entre deux...
J'ai noté "Sur la route" dans ma liste de lecture donc un jour...

Spoiler:

Rha, seulement quatre fautes et demie. Qu'est-ce que je peux bien dire, moi après ?
Vraiment, je n'ai aucune remarque, ça passe tout seul, j'aime ce style et cette histoire.
Du coup, tu n'as que mon retour tout subjectif qu'il est, j'espère que d'autres liront et donneront leur ressenti mais moi, j'aime beaucoup.
Et je n'ai rien à ajouter.
Fais plus de fautes, peut-être... que j'aie quelque chose à dire ainsi... ^^

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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 11:03

Pouet.

D'abord je tiens a te dire, que ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout le type de livre que je lis, ça ne m'attire pas.


Mais j'ai vu que Elannounet de commentait, ça m'a intrigué. Et je ne regrette pas.

Ça m'a énormément plu, ton style saccadé, mi-stone, mi-résigné colle vachement bien avec ton récit. Les personnages sont sympathiques bien réalisés. J'ai hâte de lire la suite, alors qu'à la base,c'est pas trop mon trip.

Bref tu as un deuxième lecteur !

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MessageSujet: Re: L'instant après lequel on est différent   L'instant après lequel on est différent Icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 22:41

Elann, promis je vais tâcher de faire un effort ^^ quoi que "il en vain" au lieu de "il en vint" c'est plutôt gratiné ! Mais ce faible nombre de fautes m'encourage car je n'ai jamais eu la fibre orthographique dans le sang ! Merci en tout cas pour tes corrections et je suis ravie que cela te plaise.

The duke je te souhaite la bienvenue sur cette page et te remercie pour ton commentaire, notamment pour le côté "mi-stone, mi-résigné" qui résume vachement bien mon texte et colle parfaitement à ce que je veux faire transparaître.

Voici donc la troisième et dernière partie de ce premier chapitre, ça fait un peu pavé mais je ne voulais pas le couper en deux !

Etienne et Zoe nous ont rejoints quelques instants plus tard avec quelques bières et deux bouteilles de Bombay Sapphire. Sur la table était posée en guise de cendrier ce qui me semblait être une grosse soupière en cristal.

— Sérieusement, dis-je, en me servant un verre. Vous les avez eues où toutes ces bouteilles de Bombay ? C’est pas donné, dis-je.
— Etienne en a tiré une caisse entière dans un camion derrière un Leclerc, répondit Max, on en a plein le coffre. A la base on voulait de la bouffe mais c’est mieux comme ça !

Nous étions tous les quatre assis dans le calme autour de la table sur la terrasse. Par chance un léger vent s’était levé. Ce qui faisait le plus grand bien après la chape de plomb que nous avions enduré toute la journée. La nuit était belle. Pure, silencieuse hormis quelques insectes, et la musique du vent faisant danser les feuilles des arbres. J’ai regardé vers le ciel comme je le fais toujours. Les étoiles étaient là, belles, majestueuses et innombrables. Au centre du ciel, s’étalant de part et d’autre, la tâche laiteuse — formée de milliard d’étoiles indiscernables mais pourtant bien visibles — imposait le respect à toutes les autres. Je visualisais dans ma tête notre position dans la Voie Lactée. Comme un voyageur regardant par le hublot de son vaisseau filant à une vitesse astronomique. Je voyais l’amas de galaxie auquel la nôtre appartient s’éloigner et s’éloigner laissant entrevoir le vide incommensurable de l’univers. J’ai toujours ressenti une profonde humilité face à cette immensité inconnue. Une grande frustration aussi, de ne pas savoir ce qu’il s’y passe.

— Quand j’étais petit, dis-je en brisant le silence, je voulais être observateur de météorite. Je crois que d’une certaine façon j’y suis plus ou moins arrivé.

Sur moi les yeux de Zoe Montana brillant dans la pénombre. Deux étoiles de plus dans l’immensité de l’univers.

J’ai pris mon verre et bu mon gin, d’un trait.

— Moi je voulais être matelot, fit Zoe. M’embarquer sur un bateau de pêche ou un navire de croisière. Rencontrer des gens et voir du pays.
— Ah ! Ça ne m’étonne pas du tout de toi ! dis-je.
— Imagine Zoe sur un chalutier, fit Max. Puant la marée et fringuée comme un matelot, avec le visage buriné par le soleil !
— Ouais ben ça ne s’est pas fait, dit-elle. Mais qui sait ? Peut-être un jour ! Et puis même si je ne navigue pas je vois quand même du pays !
— Oh yeah ! brailla Etienne. Ca tu l’as dit !
— Et vous les mecs ? fit-elle.
— Moi je voulais devenir une rock star, dit Etienne après avoir descendu son gin cul-sec. J’ai monté un groupe avec des potes : « The eyes of prophet ». On a joué pendant des années dans le garage du batteur. On a même tourné dans des bars à une époque. Mais au bout d’un moment on s’est rendu compte qu’on était plus sur la même longueur d’onde alors on s’est séparés. Et de toute façon, peu après je vous ai rencontré et j’ai pris la route avec vous.
— Yeah Rock’n’roll ! Le cri furieux de Zoe. Ça doit te manquer mec !
— Ouais assez, dit Etienne. Il faudrait que je me retrouve une gratte et que je me remette à chanter.
— J’aimerai bien voir ça, fit Zoe.
— J’écrirai une chanson pour toi.
— Oh c’est trop mignon ! une chanson pour moi ! lança-t-elle, la tête en arrière et son rire électrochoc.
— Putain ça va je déconnais ! fit Etienne, gêné.
Zoe et Etienne s’enfilèrent leur gin. J’en ai fait de même.
— Et toi Max, dis-je, tu voulais faire quoi avant ?
Max leva son verre avec son bras au foulard rouge noué autour et bu cul-sec.
— Ce que je voulais faire hein ? Ni plus ni moins que ce que je fais maintenant mec, dit-il en riant. Ce qui veut dire que nous avons tous plus ou moins réalisés nos rêves !
— Dans ce cas, dit Zoe, buvons tous à nos rêves plus ou moins réalisés, lança-elle avec son sourire qu’esse-tu-veux-mec.
— Ouais buvons à ça ! cria Max.
— A nos rêves plus ou moins réalisés, dis-je avec Etienne.
Cette fois nous avons tous les quatre bu cul-sec. Après quoi j’ai commencé à rouler quatre clopes, une pour chacun.
— Alors, dis-je, ça fait combien de temps que vous trainez ensemble ?

Je me suis resservi un verre.

— Ça doit bien faire trois ans, dit Max en se versant une rasade de gin. Ecoute-ça, enchaine-t-il. J’ai rencontré ces deux branleurs à une soirée en plein dans la Ville Fantôme ! PA-RIS mec !

Etienne et Zoe le rire aux lèvres, buvant un autre gin. Max continua :

— Ca faisait déjà presque un an que j’avais quitté mes vieux pour prendre la route. Un jour un pote qui vivait à Paris m’appelle pour me demander de venir à sa crémaillère dans le 16e. Le 16e, mec ! C’était un pote d’enfance que j’avais plus ou moins perdu de vu mais surtout un enfoiré de foutu parvenu. Ses parents étaient riches et lui avaient payé un appartement à Paris. Je ne sais pas pourquoi mais il s’était mis en tête de me faire venir et moi j’étais un peu à la rue à ce moment-là. Donc je me suis dit : mec si t’as moyen de taper de la bouffe, vas’y ! J’arrive à cette soirée dans le 16e, complétement déguenillé, le ventre vide et les cheveux en vrac. Autant dire que je faisais un peu tâche au milieu de cette débauche de costumes taillés sur mesure et de tailleurs Dior. L’appart’ était immense et entièrement remis à neuf. Je veux dire : on aurait pu loger trois ou quatre de ces familles entières qui crèvent la dalle sur les trottoirs de Bastille ou Rivoli. Le mec avait fait bien les choses. Il y avait une grande table couverte de bouteilles et de plateaux d’amuses gueules venant de je ne sais quel traiteur réputé. Un gars était payé pour la musique et des types s’envoyaient de la coke dans les chiottes. Quoi qu’il en soit, j’étais là à manger et à boire le plus possibles avant de me tirer, quand j’ai surpris cette dingue en train de voler une espèce de bibelot style art nouveau. Ce truc devait valoir le prix des réparations que je devais faire sur la Gueule du Loup. Cette dingue, mec, c’était Zoe. Zoe Montana en robe de soirée fourrant ce bibelot dans son vieux sac à main, qui, à lui seul trahissait sa véritable condition.

— Oh putain ce que je me sentais mal dans cette foutue robe ! cria Zoe.
Zoe s’envoya son verre.
— Qu’est-ce que t’étais belle avec, fit Etienne ironique. La grâce incarnée !

Etienne s’envoya son verre.

— Tu peux te foutre de ma gueule avec le costard à deux francs que tu portais !
— Putain rien que le fait d’avoir porté un costume ça me rend malade, fit Etienne.
— Je vous rassure, vous aviez tous les deux l’air de gros snobinards, les interrompis Max.
— Mais, dis-je, qu’est-ce que vous foutiez à cette soirée tous les deux ?
— Je connaissais un des potes du proprio, fit Zoe. J’avais réussi à me faire inviter et j’en ai profité pour faire venir Etienne sans lui demander son avis.
— Avec Zoe on se connait depuis qu’elle est arrivée en France mec, dit Etienne.

Max s’envoya son verre puis continua son récit.

— Zoe a remarqué que je l’observais et elle m’a lancé son sourire, alors je me suis marré. J’ai approché d’elle et je lui ai dit : « Tu devrais aussi embarquer l’espèce de soupière en cristal qui est dans l’entrée. Dans un sens ce serait comme lui rendre service. » Je te jure mec, le premier truc que tu voyais quand tu entrais chez lui c’était cette soupière dans laquelle il entreposait ses clés. « Toi t’es pas du coin ! » qu’elle m’a répondu. Nous nous sommes mis à sympathiser et à nous foutre de la gueule d’un peu tout le monde, jusqu’à ce qu’Etienne nous rejoigne. On s’est dès le début super bien marrés tous les trois et Zoe a proposé qu’on se barre de cette soirée. Alors j’ai dit : « J’ai ma caisse garée juste en bas, mais avant faut qu’on embarque le plus de bouffe et de champagne possible. » Etienne a commencé à prendre une bouteille et à prétexter une envie de pisser pour aller aux toilettes qui étaient juste à côté de l’entrée. Alors à tour de rôle nous avons petit à petit amassé une quantité impressionnante de victuailles – surtout de champagne - dans le haut de la cage d’escalier. Mon pote qui avait compris notre manège m’intercepta lors de mon dernier aller-retour. Il m’a fait : « Qu’est-ce que tu fou mec ? » ce à quoi j’ai répondu « C’est pas ce que tu crois mec ! » tout en me marrant. Il m’a demandé de me barrer, ce que j’ai fait en embarquant au passage la soupière sans omettre de faire valser par terre les clés qu’elle contenait.
— Attends, fis-je en pointant du doigt l’objet au centre de la table, tu veux dire que ce cendard c’est…
— EX-ACT-E-MENT mec !
Nous quatre riant à gorge déployée sous l’immensité du ciel. Quatre rires perçant l’obscurité de la nuit.
— Finalement nous avons réussi à nous barrer. On a passé le reste de la nuit dans un parc à boire et à manger aux frais de la princesse !
— Plutôt cool, dis-je, comme rencontre.
— Ouais ça l’est, fit Max. Et depuis nous sillonnons tous les trois les routes à la recherche de ce que nous ne trouverons jamais.
— Tu vas me faire chialer, lança Zoe. Et puis nous sommes quatre maintenant.

Le sourire de Zoe dans ma direction. Celui qu’elle sait bien faire.
Etienne commença à rouler un joint.
Max versa une énième lampée de gin dans son verre.
Je finis le mien cul sec.

La soirée battit ainsi son plein, jusqu’à ce que nous finissions étendus sous l’immensité du ciel étoilé. Quatre points fixes dans le temps et l’espace, allongés sur le sol du jardin derrière la maison. L’herbe était douce et l’air était chaud.
La sensation de mon corps complétement ivre sur le sol.
Je faisais filler les brins d’herbes entre mes doigts et fermais les yeux pour me laisser sombrer quelques instants dans le tourbillon d’ivresse. Ce même tourbillon qui vous entraine irrépressiblement vers le fond. Moi à côté de Zoe, Zoe à côté d’Etienne et Etienne à côté de Max. Etienne et Max venaient d’achever leur dernier joint. J’avais l’impression qu’ils dormaient déjà. J’ai demandé : « Vous dormez les mecs ? ». Pas de réponse. Zoe avait posé sa tête sur mon torse. Près de là où reposait mon cœur. Ses cheveux super doux et indépendants contre mon visage. Je sentais Zoe sourire comme elle sait le faire. Parce que c’est ce qu’elle faisait Zoe : elle souriait. Dans l’obscurité teintée de la lumière erratique de milliard d’étoiles ; je sentais son sourire et entendais son souffle contre mon cou. Il me semblait que je l’intriguais. Elle m’a dit :
— Tu m’intrigues Zack.

J’ai serré Zoe dans mes bras. Elle et moi : une seule personne sous la nuit étoilée. Je me disais que c’était comme si je la serrais elle dans mes bras. Comme si j’entendais son souffle et sentais ses cheveux contre ma peau. Comme avant. Avant que tout n’aille mal. Avant que la vie frappe là où ça fait mal. Avant que je prenne la fuite. Nul autre que moi-même allongé sur cette herbe, avec, dans mes bras, le sourire qu’esse-tu-veux-mec de Zoe Montana et son rire électrochoc.

— Est-ce qu’il y a quelqu’un Zack ? demanda-t-elle. Qui compte pour toi, je veux dire.
— Je ne crois pas, fis-je. Non, plus maintenant.
— Et pour… tu sais, ton cœur ? dit-elle. Là où ma tête est posée ?
— J’en ai peur, ouais, dis-je.
— C’est parfait, chuchota-t-elle.

J’émis un rire plus sinistre que je ne l’avais voulu.

— Ce moment, lui dis-je, il est juste à nous n’est-ce-pas ?

Tout autour de moi : aucunes vagues à l’horizon. Trop bourré pour ça. Pourtant, comme le mouvement insidieux que l’on perçoit au coin de l’œil. La présence hostile tapie dans l’ombre à l’extrémité de notre champ de vision ; une image se reflétait sur ma rétine comme une réminiscence du passé. Réfléchie depuis la voute céleste jusque sur la larme salée qui dégoulinait le long de ma joue.
Cette image : celle d’un visage.
Son visage.
Le visage de Lena Mora.
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