La Nécropole des Ombres

Mon projet de bouquin !
Comme vous voyez, je suis un maniaque^^ et je n'arrive pas à me décider quelle police rend le mieux : AquilineTwo, Elric, LincithumDemo ou Zombified ?
J'ai écrit tout le plan, j'ai résumé chaque chapitre en une vingtaine de lignes (pour les 11 premiers chap's, sur les 20 planifiés^^), et... par contre, je n'ai écrit que le prologue, le premier chapitre et le premier quart du deuxième^^

Voilou !






PROLOGUE [première moitié]


La nuit étendait sur le pays son vaste manteau piqueté d’étoiles. Un mince croissant de lune éclairait faiblement les toits en tuile ; la chaleur écrasante de la journée s’était estompée et l’air se rafraîchissait quelque peu, au grand bonheur des habitants. L’obscurité se répandait peu à peu, et avec elle les notes apaisantes des mélodies nocturnes. Le clapotis berçant des vagues, la caresse du vent sur les blés, le hululement lointain d’une chouette et les martèlements réguliers du forgeron s’entremêlaient pour former une complainte languissante qui emplissait l’air et emportait l’esprit. Toutefois, cette litanie campagnarde ne parvenait à couvrir complètement la rumeur distante de la ville ; à Géliya, la dernière nuit des fêtes du solstice commençait. Pendant quatre jours et quatre nuits, le duché vivait au rythme des cérémonies religieuses, des représentations artistiques en tout genre et des nuits d’ivresse et de débauche. La ville résonnait successivement des prières cérémoniales, des chants des troubadours et de l’entrechoquement des chopes de bière, tout cela dans une euphorie indescriptible. Dans les rues, les saltimbanques, vêtus de costumes chamarrés, dansaient et jonglaient gaiement, sous le regard admiratif de douzaines d’enfants ; sur des scènes improvisées se représentaient comédiens et troubadours, auxquels on lançait fleurs ou œufs pourris en fonction de la qualité de leur interprétation ; dans les tavernes, debout sur le comptoir, de joyeux drilles caricaturaient le sultan, le duc et les clients avec la même grivoiserie qui enchantait l’assistance. Même les gargouilles des maisons bourgeoises paraissaient joyeuses, le temps de la fête. Tout le monde oubliait ses problèmes pour quelques jours, et honorait chacun à sa manière, par sa gaieté ou sa bonne descente, l’astre sans qui le monde eût été plongé dans les ténèbres.
Tout le monde, à quelques exceptions près.
Escar eût volontiers rebroussé chemin. Gagner le centre animé de Géliya, se mêler à la foule, et fêter le solstice comme tout le monde. Partager l’euphorie de ces petites gens dont il faisait partie ; et bannir de son esprit pour quelque temps tous ses soucis, si pesants fussent-ils. Mais il est des soucis qui échappent à la règle. Il devait aller au bout de son entreprise, sans quoi ni son cœur ni l’âme de Yoren ne s’apaiseraient jamais.
— Il fait bien plus sombre qu’en temps normal. Je n’aime pas ça. Les nécromants sont à l’œuvre, j’en mettrais ma main à couper.
— Gals, marmonna-t-il, excédé, les Jours de Renaissance se sont achevés il y a six jours à peine, il est normal que la lune ne soit pas pleine. Il n’y a rien de maléfique dans cette affaire, cela relève de l’astrologie.
— Astrologues, alchimistes, magiciens, tous sont de la même espèce ! Des adeptes du mal, des crachats de Xænhos qu’ils sont nés, crois-moi… Yoren aurait pas fini si salement si…
— Ta gueule.
— T’en penses ce que tu veux, après tout. Dans une ou deux heures, t’auras plus à te soucier de cette vilaine histoire.
Si les connaissances de Gals n’avaient été indispensables à la bonne marche du plan, il s’en serait vite débarrassé au détour d’un ruisseau. Seulement voilà, il était l’un des seuls à connaître la nécropole comme sa poche et, en dépit de son aspect de brute épaisse, se montrait parfois d’une étonnante vivacité. Puisque l’heure était aux aveux silencieux, autant régler la question : la présence d’esprit de son collègue avait largement pris part à leur succès provisoire. Les chemins qu’ils avaient emprunté depuis leur départ de la Cité-jardin s’étaient révélés tous plus périlleux, et Gals avait dévoilé des atouts insoupçonnés. Tant et si bien qu’il avait failli lui confier les rênes de l’expédition ; devant son impertinence marquée, néanmoins, il avait changé d’avis. Son statut au cœur de la ghilde était plus élevé que celui de Gals, ce dernier devait lui montrer son respect. En outre, Gals n’était que peu concerné par cette affaire. Yoren était son compagnon d'armes, pas son frère de sang.
— Tu vois ce que je vois ? murmura Gals. M’est avis que la fin de la partie sera au moins aussi risquée que tout ce qu’on a traversé jusque-là…
Des gardes en uniforme pourpre et noir patrouillaient tout autour de l’enceinte de la nécropole, compliquant toute tentative d’intrusion.
— Serpent pourpre sur champ sable, continua-t-il. Des soldats ducaux. Quelque chose cloche.
— Il faudra bien faire avec. Diversion, Gals. Une idée ?
— Jeu des ombres.
— Que…
— Je suis sérieux. La ghilde nous a appris ses secrets pour les utiliser à bon escient, pas pour les garder précieusement dans les tréfonds de notre conscience.
Prendre l’accent des petits bourgeois d’Eryhnié était une fâcheuse manie de Gals, surtout quand il jouait sur l’ironie, et cela devenait vite exaspérant. La plupart du temps, Escar préférait ne pas user sa salive à le lui faire remarquer.
— C’est beaucoup trop dangereux. Tu ne l’as appliqué que dans les salles d’entraînement, je ne me vois pas faire le bouffon devant les soldats du duc pour expliquer tes bourdes ! Et la situation ne le permet pas.
— Tu ne maîtrises pas le Jeu ou tu n’es qu’un lâche ? Peut-être les deux ?
— Gals. Aux dernières nouvelles, tu ne fais que m’accompagner. Ton aide est précieuse, mais tu ferais bien de te calmer un peu, ou ce ne serait pas la première fois qu'un membre de la ghilde en mettrait un autre en retraite anticipée... Quant au Jeu, c’est hors de question. Quel est l'accès le plus facile par le mur ?
— A la moitié du mur ouest, marmonna Gals en affichant un profond désaccord. Durant les grandes tempêtes d’équinoxe, un chêne s’est couché dessus. Enceinte en briques. L’arbre a été débité, mais le pan de mur est toujours dans le même état. L’entrée principale étant à l’est, les patrouilles risquent de se cantonner aux murs nord et sud, qui donnent respectivement sur les champs et la ville. Du côté ouest, la forêt s’est étendue. Leurs tours de garde seront plus espacés. Avec l’aide d’Anqaa, on passera inaperçus.
— Osha, pas Anqaa. Pars en éclaireur. La maison du gardien, c’est quel côté ?
Un sourire carnassier fendit le visage de Gals :
— Il s’agit plus d’un cabanon que d’une maison. Au coin nord-ouest. On n’aura pas trop à parcourir les tombeaux. Et pour le Jeu des ombres… on devra de toute façon s’en servir pour sortir si on ne veut pas y rester.
— On n’en a pas besoin pour l’aller, on n’en aura pas besoin pour le retour. Une fois l’affaire finie, on repasse par là où on est entrés et on se taille.
— Impossible. Le pan de mur est plus que fragilisé. Il peut céder à tout moment, et il ne résistera pas à nos poids combinés. Reste à espérer que l’éboulement ne fera pas trop de boucan. En tout cas, ils s’en rendront compte avant qu’on ait terminé. Faudra sortir par une porte secondaire. Côté nord. Y aura plus qu’à jouer serré. Et montrer une parfaite maîtrise du Jeu, sinon on sera fichus tous les deux.
— Bien. Passons par la forêt. Je n’ai pas particulièrement envie de croupir dans les geôles du Sultanat à cause d’une étourderie. Ni pour aucune autre raison, en fait.
— Voilà que tu fais des belles phrases…
— Trêve de plaisanteries. A partir de maintenant, le Jeu commence.
Le Jeu… Le Jeu des ombres, secret parmi les secrets, protégé par la ghilde depuis des siècles, à coup de serments, d’enchantements et de malédictions. Une technique vieille de plusieurs milliers d’années. Si la ghilde possédait une arme, c’était celle-là, sans conteste.
Il s’agissait d’un maniement de l’esprit tout à fait unique, une manipulation ardue et dangereuse, que l’on n’enseignait qu’aux meilleurs. Escar, un des membres les plus brillants, ne maîtrisait pas encore entièrement le procédé, tant celui-ci s'avérait complexe... et risqué. Aussi Gals devait-il s’efforcer de calmer son ardeur.
Tu cries tes pensées, Gals. C’est dangereux, maîtrise-les… tu as appris quoi dans les cellules de méditation?!
Je fais attention. Je n’ai pas ton expérience, c’est tout...
Escar eut beau réfléchir, il ne trouva rien à redire : l'emploi du Jeu était un lui même un risque innomable... Cependant, si grands fussent les pouvoirs du Jeu, ils avaient leurs limites, et leurs contraintes. S’y risquer impliquait une compensation. les Pouvoirs Sombres revenaient à s’offrir corps et âme à Osha, déesse serpent des arts occultes. L’âme du Joueur était à jamais souillée, sa conscience pour toujours l’hôte d’une noirceur influençant toutes ses pensées. Trop pratiqué, le Jeu transformait l’agent en un être à demi humain, un ersatz repoussant. Un paria. Peu d’hommes acceptaient ce sort. Le risque était trop grand pour jouer plus que son âme.
Paria ? Parle pour toi. Je dispose de très bonnes adresses dans les bas-quartiers de la Cité-jardin… Et ne crie pas non plus tes réflexions à tout bout de champ.
Des bonnes adresses ? On est censés ne se lier avec personne, pas même avec une purée, pensa Escar dans un recoin de son esprit.

Ils poursuivaient leur chemin, gravissant une colline à découvert. Le Jeu les rendait aussi discrets que la brise, et un fêtard égaré qui regarderait dans leur direction ne verrait qu’un faible miroitement. Rien de quoi s’inquiéter.
Fais gaffe, un soldat regarde dans notre direction.



.

Z'ai pas le temps de lire, là, mais j'ai un faible pour la dernière écriture, en ce qui concerne le titre.

Moi aussi la dernière écriture !! Je trouve que le style colle mieux avec le titre. Par contre, faudra revoir la couleur... ^^

Concernant le texte, j'ai pas encore lu mais c'est promis, je le ferai !! J'ai pas mal de trucs à faire (notamment écrire mon propre livre, dans lequel je prends un retard considérable !!!)

La troisième police pour moi! Je n'aime pas le O majuscule de la dernière! Par contre pas le temps de lire non plus, mes critiques seront pour plus tard

Voilou. J'ai lu. Je ne pensais pas le faire aujourd'hui mais vu que l'inspiration me manque un peu pour Anarchie, j'ai décidé de lire ton texte maintenant !!

Avant tout, un très bon style, il faut le dire. Du vocabulaire, un texte pas trop lourd, des phrases bien construites et une bonne poncutation. Concernant le fond, difficile de porter un jugement dans la mesure où nous n'avons que bien peu d'éléments qui nous permettent de considérer l'histoire.
Ceci étant, tu as su mettre un plan une intrigue qui donne envie de lire la suite. Un bon point pour toi !! ^^
On se pose des questions, on apprécie de lire le texte et il n'y a pas trop de complexité.

Je ne vois rien d'autre à ajouter. ^^

Ah ben voilà quelque chose de positif
Merci d'être passé, je mettrai la suite après quelques autres critiques, histoire de modifier des pttits trucs au cas où...

et merci à tous pour vos avis sur les polices^^

Y a pas de quoi !!! On est là pour s'entraider alors allons-y ! ^^
Franchement, je n'ai pas vraiment trouvé de points négatifs. Je ne sais ce que vaut l'histoire par la suite, mais du point de vue de l'écriture, l'espoir est permis côté édition !!

"Ghilde" => tu veux dire que c'est une sorte de confrérie? Si oui alors le mot exact est guilde, avec un "u"

"Quel est le plus facile accès par le mur ?" => plutôt : "quel est l'accès le plus facile par le mur".

Sinon, ton texte est bien écrit, l'histoire est assez attirantes pour vouloir connaitre la suite. Donc j'attends la suite!

Mdr, t'y vas pas de main morte ! L'édition c'est encore un peu loin quand même

Ah oui, Ult' (tu permets ?), t'as raison pour "l'accès le plus facile"^^
Par contre, vérifie, il y a trois orthographes : guilde, gilde et ghilde Et celle avec un H est ma préférée, et fait un tout p'tit peu moins déjà-vu

Oui je te permets ^^

Je connaissais pas les trois orthographes, par contre le "gilde", ça ne donne pas du tout la même sonorité, c'est la même chose que [jilde] et c'est moche! Enfin je trouve

j'ai bien aimé !! la suite !
pour les polices, je dirais la, sans hésiter, et la 2, si tu arrive à la trouver en moins "gras".
Voila !

Luciole

Personnellement,je dirais plutôt la première police.

maintenant en ce qui concerne ton texte...ça se voit parfois que tu lis du George Martin^^ j'ai retrouvé quelques structures que j'ai moi-même ré-employées de temps en temps.
mais sinon c'est bient écrit,l'histoire est plaisante et on rentre facilement dans l'intrigue.
donc,pour faire dans l'original, à quand la suite?

Ah oui ?? Quel genre de structures ? 'métais jamais aperçu

Ouais Ult', gilde c'est trop laid^^ Mais dans ghilde, le h permet de prononcer "gu", non ?

le "m'est avis que" (c'est presque devenu un tic chez moi maintenant^^),le nom Yoren, ou encore "Serpent pourpre sur champ sable",notamment.

Hihi, oui, pour l'héraldique j'étais en pleine lecture de... ça doit être... L'Epée de feu ; quand tout le beau monde de Dorne arrive à Port-Réal, et qu'on a droit au détail de chaque blason xD

Oooh mais j'avais pas mis la suite xD

Voilà^^


PROLOGUE [2/3]




Escar maudit silencieusement son inattention. Le soldat arrêta un instant son regard sur le flanc de colline, puis scruta la lisière de la forêt. De toute évidence, il cherchait quelque chose. A cette distance, il eût été suicidaire de vouloir influencer ses pensées. Même les lire occasionnerait un danger bien trop grand. Aussi Escar prit-il son mal en patience. Au bout d’une minute, le soldat dût se convaincre que ses yeux lui avaient joué un tour, et il reprit son tour de garde sans plus s’occuper d’eux. En route. Escar traversa rapidement l’étendue herbeuse et pénétra dans la forêt, suivi de près par Gals.

Sous le couvert des arbres, les deux compères s’autorisèrent à relâcher l’attention. Hors du champ de vision des soldats, Escar détendit ses muscles. Il faisait plus frais et, dans la canopée, le vent jouait avec les feuilles. Une fois de plus, l’esprit d’Escar s’envola, vagabondant dans cet univers qui lui rappelait tant les hautes futaies d’Arhani.
Une violente intrusion dans son esprit le tira de ses rêveries :
Escar, j’ignore si tu comptes rester à ce point distrait et je m’en moque ; je te rappelle simplement que tu es en mission, que tes pensées sont ouvertes à tous et que vous n’êtes désormais plus très loin de l’entrée ! Du moins, de votre entrée.
Il faillit réprimander Gals une fois de plus pour sa spontanéité, mais se rappela l’origine de la voix. C’était un des Méditants qui l’avait mis en garde. Il s’agissait de faire attention. C’était dans une situation semblable qu’il risquait de se faire prendre. Les prémices de la vieillesse, sans doute. La vieillesse avait bon dos…

Quelques instants plus tard, ils arrivaient à une clairière en friche qui s’achevait par un solide mur de briques. Solide, si on le considérait dans son ensemble. Ici, il n’était plus qu’un amas de briques et de branches, au-delà desquels on pouvait distinguer les silhouettes sombres des mausolées. Une fois encore, ça n’allait pas être une partie de plaisir…
On provoquera à coup sûr un éboulement. Le boucan ne manquera pas de parvenir à leurs oreilles… Mieux vaut se dépêcher. Espérons qu’il se produira au retour. En tout cas, l’arbre devait être de belle taille, regarde un peu l’ampleur des dégâts !
On y va, conclut Escar sans prêter attention aux remarques de son acolyte.
Gals maugréa vaguement, puis se contenta d’examiner de plus près les dommages causés par la chute du chêne. Le tronc ne s’était pas abattu perpendiculairement au mur mais en biais, ce qui avait généré des dégâts bien plus importants. Au lieu de se concentrer sur un pan restreint, il avait occasionné de nombreuses fissures qui s’étendaient parfois sur un bon pas, et de nombreuses briques pourtant à l’écart de l’axe de la chute avaient été déchaussées. Pour peu qu’une motte de terre cède sous le poids d’un des intrus, ce serait la structure dans son intégralité qui s’écroulerait. Gals avait raison : l’éboulement était inévitable.

Je passe en premier, le prévint Escar.
C’est toi le plus léger.
Je te ferai signe que tu pourras y aller. La cabane du gardien est sur notre gauche. Il va bientôt commencer son tour de garde. Il vaudrait mieux se presser un peu, sinon on le loupera. Et si on attend qu’il revienne, l’éboulement aura rameuté la moitié de la garnison et il faudra régler l’affaire autre part que dans sa cahute. Ca risque de faire du bruit.
Escar fit le vide dans ses pensées et laissa les ombres l’approcher. Il se fondit en elles, acceptant mentalement d’abandonner ses sens pour intégrer les leurs. Un frisson glacé parcourut son être quand il accueillit en lui les ténèbres. Il ne pouvait plus faire demi-tour, il le savait, et pourtant, comme à chaque fois, une envie folle d’arrêter toute cette mascarade l’envahit. S’efforçant de garder le contrôle de son esprit malgré ce désir qui le consumait, Escar appela silencieusement les ombres à le posséder et invoqua les Pouvoirs Sombres. Les ténèbres répondirent à l’appel, et il fut pris d’un violent haut-le-cœur quand il sentit se répandre leurs pouvoirs dans ses veines. Escar se détendit légèrement. Pour une fois, le changement s’était opéré sans trop de difficultés. Il ne put s’empêcher de songer qu’au retour, les choses risquaient d’être bien différentes…
Il libéra prudemment son esprit de son enveloppe charnelle et se décida à escalader les décombres. Déjà, il percevait les rapides battements de cœur de son comparse comme s’il avait plaqué l'oreille contre sa poitrine.
Il commença l’ascension, s’associant aux ténèbres.

*

Hyen fit la grimace. Cette année, pour une raison qu’il ignorait, les haricots étaient immangeables. Il les avalerait quand même, il n’avait que ça. N’empêche, il n’en avait jamais mangé d’aussi infects… Rien d’aussi répugnant que cette abjecte purée de haricots : à côté, la tambouille de l’Armée Libre était un délice. C’est dire. Il déglutit avec peine. Cette histoire le tracassait plus que de raison, mais il ne pouvait penser à autre chose. Le temps n’avait pas été particulièrement mauvais cette année, et, la dernière fois qu’il s’était rendu au marché, il n’avait été question du goût des haricots dans aucune des conversations qu’il avait prises en cours. A sa prochaine descente, il demanderait au grainetier s’il avait eu des réclamations concernant les haricots. Il enfourna une ultime cuillère remplie de l’infâme mixture et mâcha avec lenteur. Se pouvait-il que son potager fût atteint d’une malédiction ? Quelqu’un lui avait-il jeté un sort à son insu ? Non, c’était tout bonnement ridicule. Si une tierce personne en voulait à Hyen Grabus, honnête gardien de la nécropole antique de Géliya, ce n’était pas à son potager qu’il s’en prendrait.

Peut-être était-ce un couard. Il avala avec difficulté et racla son écuelle. Il n’avait que ça à se mettre dans l’estomac, après tout. Et le potager ne pouvait que donner des produits de cette qualité : la terre où poussaient ses légumes appartenait aux morts. Rien de bon ne pouvait en résulter.
Il repoussa son tabouret et entreprit de rincer l’écuelle. Peu à peu, Hyen s’était accoutumé à vivre isolé… à vrai dire, il ne s’en portait que mieux. Quand il avait accepté ce poste, c’était avant tout pour créer une distance avec le monde extérieur. En raison d’une vieille affaire sans importance, certaines personnes ne cherchaient qu’à lui causer des ennuis, et il avait rapidement compris qu’il ne servait à rien de vouloir arrondir les angles, les personnages en question étant bien trop bornés. Mais cela faisait près de trois ans qu’il assurait la garde de la nécropole, et il doutait que quiconque vienne encore lui chercher des noises. Depuis environ une lune, toutefois, le duc avait envoyé un détachement lui prêter main forte. Il n’en avait nul besoin, et n’avait pu qu’afficher sa surprise quand on lui avait répondu que c’était de lui, et de nul autre, que venait la réclamation. Mais il s’y était fait, et avait réussi à obtenir leur départ pour le mi-cycle.

Hyen jeta un œil par l’étroite et unique fenêtre de la cahute. La lune, maintenant haute dans le ciel, n’était plus visible de l’évier. Il jura, posa prestement l’écuelle sur une étagère, enfila une vieille cape de voyage trouée par les mites et, attrapant au vol une torche, sortit dans la brume.
Dehors, une légère brise adoucissait l’atmosphère lourde de ce début d’été, mais Hyen n’avait aucune raison de le remarquer. Il détestait être en retard. Quand il effectuait son tour de garde habituel, encore, il se permettait de petits écarts, mais il ne s’agissait pas d’un soir comme les autres. L’avant-veille, pendant son tour, on avait glissé sous sa porte un curieux message. Ne sachant pas lire, il l’avait donné à décrypter à quelqu’un de confiance, en ville : on le conviait à un rendez-vous nocturne. Ce soir, précisément. Et il tenait à y être, quand bien même son expérience des rencontres anonymes lui soufflait de n’en rien faire.
Une idée lui traversa l’esprit. Peut-être était-ce le grainetier. Un de ses clients ayant fait un scandale à cause des haricots, il venait en secret lui demander s’il avait été confronté à un problème similaire. C’était un homme si étrange, ce grainetier, qu’il était bien capable de ce genre de mise en scène. Il était arrivé en ville depuis que son prédécesseur avait été assassiné, et nombre de Géliyens trouvaient leur compte en faisant endosser au nouveau venu le rôle du meurtrier. Hyen partageait leur avis. Sous son air bonhomme, l’individu ne pouvait que cacher une perversité hors du commun, tous en étaient persuadés. Mais Hyen avait l’habitude de toujours porter son épée à la taille lors de son tour de garde, et cela se savait. Feyor Béron, grainetier de son état, n’oserait donc rien contre sa personne, du moins ce soir.

Hyen trouvait ce tour quotidien très reposant. Marcher ainsi entre les mausolées, dans l’air fraîchissant, tracer un chemin dans les ombres l’emplissait d’une quiétude à toute épreuve. D’aucuns auraient trouvé la promenade morbide, mais lui était le gardien de la nécropole, et on lui avait bien expliqué, en lui confiant le poste, qu’il n’avait rien à craindre… mais cela ne devait pas se savoir. En tout cas, il n’y avait donc pas à s’en faire. Il bifurqua, empruntant une allée secondaire. L’auteur du message n’avait pas précisé le lieu exact du rendez-vous, et Hyen en avait rapidement déduit qu’il arriverait par l’accès le moins gardé, là où le chêne s’était abattu l’an passé. Hyen espérait simplement que l’individu en question n’ameuterait pas les soldats en déclenchant un éboulement. La pire des âneries… leur expliquer ensuite le problème des haricots ne serait pas de la tarte… Il pouffa. Ce jeu de mots involontaire serait à ressortir au marché, il aurait un succès assuré.
Son gloussement s’étrangla quand retentit non loin un roulement de tonnerre sourd. Quel imbécile ! Provoquer un éboulis… il faudrait précipiter l’entrevue. Il accéléra le pas et tourna à nouveau, longeant désormais l’enceinte de la nécropole. Etrangement, il ne percevait aucun bruit de pas ; pourquoi donc le grainetier ne venait-il pas à sa rencontre ? Il réprima un frisson. Beaucoup de mystères autour d’un seul homme. Il lui faudrait éclaircir cela au plus vite. Levant haut sa torche, il tenta de discerner une forme tapie dans les ombres, mais le mince croissant de lune ne permettait pas de voir à plus de trois pas. « Béron ? » osa-t-il chuchoter dans les ténèbres. « C’est vous ? » Le silence fut sa seule réponse. Une angoisse sourde naquit dans le cœur de Hyen. Quelque chose n’allait pas. Il se retourna brusquement, croyant avoir senti un souffle sur sa nuque. Les ténèbres l’environnaient, l’enveloppant comme un linceul. Sa dernière pensée fut d’appeler à l’aide, mais aucun cri ne vint troubler le silence de la nuit, ce soir-là.

*

Z'aimez pas ? :(

Ne stresse pas comme ça !!! ^^
Tu l'as posté bien tard hier, et beaucoup travaillaient aujourd'hui !! Il faut quand même avoir le temps de lire !

Pour ma part, je trouve ça pas trop mal. J'ai parfois un peu de mal à accrocher, ou alors je décroche en route, mais c'est très bien écrit. Donc je t'encourage à poursuivre dans cette voie !

Désolé, c'est vrai j'ai pas eu le temps de lire, et je doute l'avoir avant ces vacances!

Nighthaven a écrit:

Ne stresse pas comme ça !!! ^^
Tu l'as posté bien tard hier, et beaucoup travaillaient aujourd'hui !! Il faut quand même avoir le temps de lire !

Non, en fait le post est daté du 6 octobre
Mais j'comprends, j'comprends, en tout cas merchi de ton avis ::rolling:: et p'is j'avouerai que j'ai pas trop le temps de flâner sur le faux-rhum en c'moment, moi non plus xD Argh les cours, toujours ces foutus cours

Ah... Oui, effectivement... Du 6 octobre !!! Ben finalement, heureusement que tu es repassé car j'avais pas du tout remarqué que tu avais posté la suite !!!

Mais bon, je me suis rattrapée !!! ^^

*apporte de nouvelle lunette à sa femme*
Ca t'aidera pour les petits caractères ^^

*prend les lunettes et bisoute son mari*

Merci, tu es chou !!! Avec ça, j'espère que je lirai correctement !!! ^^

Tu as intérête avec tout ce que tu vas avoir de moi ^^

*se met au garde à vous*

Voui, chef !!! ^^

*pique le bâton de modo de son père et l'agite d'un air menaçant au dessus de ses parents :
- pas de flood dans les galeries !! non mais !! *
(il est beau, ce rouge, je trouve... XD)

A part ça, j'ai beaucoup aimé et j'attends encore la suite !!
Bien que je trouve qu'on puisse avoir du mal à comprendre leur plan avec le gardien, tu ne l'explique pas très clairement au début...
mais bon,la suite est claire et radicale ! XD

Luciole