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 Courir sous les bombes (nouvelle)

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MessageSujet: Courir sous les bombes (nouvelle)    Courir sous les bombes (nouvelle)  Icon_minitimeSam 25 Oct 2014 - 14:42

Bonjour, bonjour!
Voilà j'ai écrit cette petite nouvelle pour un concours, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez!

Pour les commentaires : https://ecrire.forumactif.org/t5757-nouvelle-1#153034

Courir sous les bombes

S'il y a quelque chose de frappant dans nos vies, ou plutôt dans la façon dont nous les vivons, c'est la différence entre nos attentes et la réalité. C'est banal, presque idiot de le souligner, mais … Mais.
Quand tout va pour le mieux, on ne s'attend pas à ce que ça dégénère, je pense que la plupart du temps, on ne conçoit même pas la chute, la fin. Vous voyez ce que je veux dire. Moi, en tout cas, je ne l'imaginais pas... Partir avec elle c'était un idéal ... Un voyage en Ukraine, c'est elle qui avait choisi... Elle était du genre idéaliste, un peu marxiste aussi, elle me disait qu'on irait à la rencontres des gens, qu'on « courrait sous les bombes évitant les débris qui pourraient nous assommer et nous faire taire dans un fracas lourd et définitif ». C'était elle, il n'y avait qu'elle qui pouvait sortir des phrases pareilles. Le plus extraordinaire c'est la façon dont elle le disait, elle ne reprenait son souffle qu'au point final, si bien que l’on entendait peu à peu sa voix étouffer. Moi je trouvais ça merveilleux, vous vous devez penser que c'est parfaitement ridicule.

Nous ne formions pas un couple, c'est ce que je préférais croire. Plus jeune, je m'étais attaché à elle. J’étais amoureux d'elle, amoureux comme un enfant. C'est ce qui a construit notre relation, et j’imagine que nos intérêts communs à la développer n'y étaient pas pour rien non plus. Mais au fil du temps, notre lien s'était resserré, il était plus fusionnel. Je le croyais incassable. Alors, quand on a rencontré Diana, si fragile, si forte à la fois, elle est devenue mon allégorie de la perfection. Nous n'avons pas couru sous les bombes, on a juste descendu des bouteilles de vodka, jusqu'à ce qu'on ne tiennent même plus sur nos chaises. Diana entretenait parfaitement le stéréotype slave. Jeune femme, belle, grande, a la peau claire, les mains rougis et usées par le froid, les yeux d'un bleu inconnu aux plus grands peintres. Une jolie fille forte qui tenait l'alcool, fumait, et marchait dans la neige quand l'hiver prenait le pays.
Un soir,. elle m'attendait, assise sur le lit. Elle avait pleuré. Je l'ai regardé, je voulais lui crier que … Que c'était elle qui il y a longtemps m'avait montré, persuadé que cette relation ne connaîtrait pas la révolution qui la changerait en quelque chose. D'ailleurs, je ne croyais pas en l'amour éternel, pas plus que je croyais en l'amour tout court. Ses yeux n’avaient rien d'extraordinaire, mais quelques fois ils prenaient une couleur étrange, se paraient d'un vernis inconnu, plus scintillant que le diamant, ou bien peut-être était-ce l'alcool... Je n’en sais rien. Elle n'aimait pas boire et elle aimait encore moins me voir boire.

En fait, j'en avais marre. Oui, j'en avais assez de cette jalousie, je veux dire... Elle n'avait pas le droit d'être jalouse... Cette nuit là, je crois que j'ai rêvé à Diana, mais je n'oublierais pas la fille grelottante qui sanglotaient à coté de moi. Notre relation avait toujours été quelques peu ambiguë. la preuve était là, nous aurions pu louer deux chambres, j'aurais pu dormir par terre, pourtant nous dormions ensemble... C'était indescriptible, ça ne valait pas la peine d'être décrit. C'est à ce moment que je me suis résigné, j'ai fait un choix et certainement un des plus importants. J'ai décidé de ne plus chercher à comprendre, je l'ai laissée dans ce lit seule à côté de moi.
Je n’effaçais tout ce qu'on avait vécu ensemble. Et c'est peu dire, on avait vécu plus d'un milliers d'aventures tous les deux. On a partagé nos vies, pendant longtemps... Ce qui est le plus triste, en y repensant, c'est que je crois, que nous nous sommes vraiment aimés... Mais pas au même moment. C'est peut-être bien ce qui fait durer les relations, l'un aime plus que l'autre, un qui s'accroche. Il faut toujours un émetteur et un récepteur, c'est ce que disait mon prof de philo... De toute manière, ce que nous vivions ensemble était trop invivable. Il n'y avait rien de logique. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, je ne le savais pas non plus,  mais ça ne pouvait plus durer ainsi. Et puis, ça ne signifiait pas la fin de notre relation, simplement une évolution.

Je me mentais à moi même et pire encore, j’espérais m'en convaincre. Mais au fond de moi, je sentais très bien le déclin du « nous » arriver. Alors, j'ai attendu. J' ai consciemment laissé brûlé cette émotion dévastatrice. Il arrive un moment où le feu prends trop d'ampleur et là il devient incontrôlable, inarrêtable, ce qui le contenait jusqu'alors explose et il vient ravager tout ce qui se trouve sur son chemin. Je pensais : «Je n'ai rien voulu voir, rien voulu faire,
occupé à ma petite peau, ma petite personne. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir ». J'ai essayé de dormir.
Quand le jour est revenu, je suis parti. J'ai retrouvé Diana, j'ai parlé avec elle, j'ai bu avec elle, nous nous sommes embrassé, nous avons fait l'amour. Et j'ai commencé une vie nouvelle, ici en Ukraine. Je ne me suis jamais retourné, j'ai laissé mes affaires à l'hôtel, avec elles j'ai laissé ma vie.

Puis la révolte à atteint Kharkiv, j'ai couru sous les bombes, j'ai évité les débris, j'ai rencontré des gens désespérés. J'ai fait tout ce qu'elle avait rêvé de faire. Pendant tout ce temps, je ne lui ai jamais écrit ni téléphoné, je n'ai pas donné de nouvelles. Seul moi, ma vie, mon bonheur et surtout mes problèmes, comptaient.  Bien sûr Diana avait beaucoup d'importance pour moi, mais j'avais fini de considérer les choses et les gens comme ce qu'ils ne sont pas. La nature humaine est ainsi, nous ne savons pas apprendre, nous retenons de travers toutes les leçons que la vie nous enseigne, nous refusons celles de ceux qui semblent enfin les avoir comprises et finalement nous réalisons qu’ils avaient raison ainsi dans un dernier effort nous tentons de les dispenser sans jamais être écoutés. Pourtant, chaque soir, je ne pouvais m’empêcher de penser à elle. Celle qui m'avait tant donné. Et je me rendis compte soudain d'un fait primordial, elle était la seule à qui j'avais accordé ma confiance. Toute ma confiance... Dès lors, je me mis à frissonner devant de vieilles photos, à parler d'elle à tous ceux que je rencontrait. Je ne le faisais pas vraiment naturellement, j'essayais surtout de raviver des souvenirs.

Le feu de la haine s'était éteint, il y a longtemps, désormais crépitait en moi, un foyer de souvenirs et de nostalgie.
Un matin, Diana m'a demandé de partir... Ses mots m'avaient marqués et je m'en souviens encore aujourd’hui « Tu traînes dans le coin depuis un petit moment, tu as vu ce qu'il y avait à voir. Tu dois retourner d'où tu viens maintenant... » Elle avait pris un ton si doux, sur son visage blanc, éclairé par ses pommettes qui rougissaient, un sourire léger, presque mélancolique, flottait. Je l'ai embrassée et je suis parti, comme j'étais venu. Sans plus d'explications. J'ai laissé derrière moi des années de souvenirs, une vie palpitante, une femme unique. Durant tout ce temps passé ici, de mon égoïsme à la souffrance d'un peuple, j'ai appris une chose importante : peu importe la durée, peu importe la distance, il y a des choses qui durent, qui résistent aux flammes de la colère, aux tempêtes de la peur, et aux cents désastres que la vie nous réservent. Ces choses là demeurent et il n'y a pas besoin d'explications à cela : c'est ainsi.

Dix années s'étaient écoulées depuis la dernière où j'avais foulé le parquet lustré de l'Université Lumière à Lyon. C'était dans le Dauphiné Libéré que j'étais tombé par hasard sur elle. Elle donnait une conférence sur l'influence du monde slave sur l'occident. Cette place lui allait bien,  là bas devant tout le monde, assise sur un fauteuil, présentant, avec sa voix douce et usée, un thème qui lui tenait à cœur. Combien d'heures nous avions passés côte à côte dans cet amphi, finalement nous l'avons eu  notre licence. Je pense que ça aura plus servi à elle qu'a moi.
Je lui attrapé le bras alors qu'elle descendait de l'estrade. Elle m'a tout de suite reconnu, et moi je l'ai revu dix ans plus tôt les yeux remplis de larme. Je l'ai serré fort dans mes bras, un instant je me suis demandé comment ne pouvait-elle me rejeter ? Je sentais son cœur battre, et je ne voulais pas en finir de l'étreindre, de la rassurer, de lui dire que je ne partirai plus. J'ai plongé mon regard dans le sien, j'ai pris ses mains et dans un « je t'aime» imperceptible je l'ai embrassé. Je ne savais ni où tout cela nous mènerait, pas même si nous serions heureux, mais nous étions deux, deux à s'aimer. Chacun plus encore que l'autre.
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