Et puis ce jour là tout bascula. Je me rappelle comme si c’était hier des moindres détails .comment oublier d’ailleurs ? Et dire que lorsque je criai à la fin, courroucé par l’incohérence et le non-sens de la situation, que j’écrirais sur cette sale histoire, un homme au visage rubicond (et ce n’était pas son visage le problème) vociféra : « blasphème ! Pourquoi toucher au sacré ? Ne vois tu donc pas ? » .sacré maitre oui, il s’est bien foutu de nous. Ah ça oui …
Alors que chacun vaquait à ses occupations .c’est à dire que beaucoup faisaient peu ou rien et quelques autres travaillaient prou (pour ma part, traverser la rue khemisti sans me faire écraser par une mobylette douteusement en marche est la dernière chose que je me rappelle avoir essayé de faire avant la sale histoire) . D’une fraction de seconde, peu être moins, et nous passâmes de l’autre coté de l’horizon. Une lumière blanche, aveuglante, nous aveugla. Littéralement. A partir de ce moment, aussi absurde que cela puisse paraitre, je ne sentis plus rien, je ne tenais plus sur mes jambes. Je ne sais pas combien de temps passa après cela , d’ailleurs pouvait-on encore parler de temps ? il me semble aujourd’hui qu’il ne coulait plus réellement, il disparu en une évaporation fumante, laissant derrière elle un léger air d’encens à peine perceptible. C’était donc cela le temps ! Arnaque que tout cela. Nous ouvrîmes instantanément les yeux, en même temps, tels des saltimbanques parfaitement synchros. à la vue du décor, et je pense que c’était le cas de tous, je me crus d’abord entrain de rêver, et ainsi, afin de vérifier la mascarade, je voulu me pincer la chair pour confirmer, mais ne le fit pas lorsque je vis les autres le faire …j’avais déjà tout compris. Déjà tout confirmé . Le décor ! Ce n’était rien d’autres que des icebergs flottant sur une eau, sombre et glaciale, à perte de vue et portant des personnes fâcheusement agglutinées. Le tout réparti de manière strictement équitable. Le même nombre de gens sur chaque bloc, autant d’hommes que de femmes, de jeunes que de vieux. Regards hagards, Bizarrerie, peur extrême allant jusqu’à l’épouvante puis panique générale se succédèrent en un rien de temps. Le brouhaha que nous fîmes alors se perdit inlassablement dans le vide sidéral qui nous entourait .Plus de ciel .il avait disparu. Sur nos têtes ne restait qu’un cosmos, ou sorte de plasma scintillant, et dont les couleurs variaient infiniment du rouge au violet, puis du violet au rouge. ainsi de suite. L’on aurait dit, pour ainsi dire, des aurores boréales irisées. Mais cela ne pouvait être, puisqu’il n’y avait plus de ciel, plus de champs magnétiques donc. Mais surtout plus de soleil, élément fondamental du phénomène astronomique. Beaucoup avaient tenté désespérément de se jeter dans cette eau trouble qui nous encerclait, mais aussi tôt eurent ils plongé qu’ils refaisaient surface, à leurs mêmes places respectives, dissuadant ainsi le reste du groupe. À chaque iceberg son rythme. Tout était effrayant et beau à la fois, aliénant et apaisant. Véritable psychose contagieuse, nous étions livrés à nous même .nous, qui avions été jadis maitres d’une terre trop bonne et trop généreuse étions devenus esclaves d’on ne savait trop quoi. Nous nous tûmes de fatigue et d’affliction. Et seulement lorsque le silence fut de marbre, d’un coup de tonnerre digne de Zeus , le maitre fit son apparition . à vrai dire, il n’y était pas mais l’on ne senti pas moins sa présence en chacun de nous .réelle prophétie confirmée, nous le sentîmes s’esclaffer d’un rire étonnement ridicule pour un maitre. Ensuite, tout devint limpide : selon les explications, l’univers avait atteint le paroxysme de son expansion. En ce moment même donc, l’espace-temps n’était plus en mouvement. Il s’était figé en une forme extraordinairement belle et à un moment jamais soupçonné. Les deux paramètres inhérents, prirent alors, contrairement au reste des « espace-moments » , des valeurs uniques et irreproductibles . à ma gauche se tenait un homme chenu aux cheveux boursoufflés et à la moustache bien garnie. Ce qui m’étonna, c’était son incroyable alacrité. il semblait prendre son pied à cette démonstration déconcertante. Un moment donné il tira la langue pour faire signe au maitre. ce dernier lui fit un clin d’œil en l’apercevant ! J’en fus profondément surpris . cela dit , l’univers tel qu’on nous le décrivit devait ( et l’homme à ma gauche , le devinant , anticipait le discours et balançait les mots comme un élève qui , au fait de sa leçon , participerait durant un cours enseigné. c’était Einstein . ) inéluctablement se rétracter pour finir très rapidement aux antipodes de son expansion ,laquelle fut longue , en un imperceptible point . l’on nous expliqua que durant cette foudroyante descente vers le Big Crush, l’univers revivrait tout .Mais ce serait simplement à l’envers et vers l’arrière, selon les éternels inséparables paramètres. Comme si le maitre eut changé de main pour rembobiner le film raté dont il était le réalisateur, et nous les acteurs. Véritables débutants médiocres dans l’amour et la paix, voués à nous entre-tuer peu importe le script imposé. Puis un nouveau Big bang, de la matière qui l’emporterait sur son altère égo l’anti matière. Puis vinrent les étoiles .galaxies. Terre.eau.vie. Puis enfin Homme, guerres et paix .guerres et haine. Moi écrivant sur cet encyclique scénario, répété à l’infini et conjugué au désespoir des erreurs à jamais reproduites ,encore et encore .et rebelote.