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 Mystère dans la neige [Roman]

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erhyl65
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MessageSujet: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeVen 6 Mar 2020 - 10:30

(1)
Partie 1:Un simple courrier


Chapitre 1 : Qui a peur des araignées ?

La forêt de Terreneuve était silencieuse. Trop, même. Située en territoire elfique, elle grouillait habituellement de vie. De jour comme de nuit, la faune trahissait sa présence. Les oiseaux chantaient perchés dans les arbres. Les branches mortes se brisaient sous le poids des sabots de cerfs qui se battaient en duel pour s'attirer les faveurs d'une femelle ou sous la charge soudaine d'un groupe de sangliers.
Mais ce jour-là, ce n'était pas le cas. Elle semblait morte, empoisonnée par une force mystérieuse.

– Plus vite ! Elles sont de plus en plus nombreuses !

L'homme qui venait de parler manqua de se prendre les pieds dans l'une des racines des arbres massifs de l'immense forêt. La densité du feuillage empêchait presque le soleil de percer, limitant la visibilité. Les plantes, racines et buissons tapissaient le sol humide et le rendaient encore plus glissant.
Roy jura entre ses dents. C'était un homme blanc avec des cheveux châtains mi-longs, un nez droit, des yeux marron et une petite cicatrice qui fendait son sourcil droit. Ce qu'il avait vu derrière lui ne lui plaisait pas. Si les choses continuaient ainsi, les trois hommes seraient vite débordés.

– Tosho ! hurla-t-il. Un peu d'aide serait la bienvenue !

L'intéressé avait la peau jaunâtre, un visage carré, de petits yeux en amande, un nez camus et le crâne rasé. L'étrangeté de son visage empêchait quiconque de deviner son âge. Roy lui demandait souvent s'il ne s'était pas jeté un sort d'illusion, mais Tosho se contentait de sourire sans rien dire.

– Je n'ai pas le temps de chercher une formule adéquate dans mon grimoire, se défendit-il.
– Balance une boule de feu !
– Comme ça je crame toute la forêt, et nous aussi par la même occasion !
– Toshoooo !

Roy aperçut le mage tendre son doigt dans sa direction. Il ouvrit de grands yeux et, eut à peine le temps de s'écarter qu'un rayon bleuté s'en échappa pour frapper la vague d'araignées qui les avaient pris en chasse. Pas plus hautes qu'un chiot, individuellement, elle ne présentaient guère de danger pour un groupe d'aventuriers ; mais en grand nombre, il valait mieux éviter de s'y frotter.
Le rayon immobilisa une dizaine d'entre elles. Cela n'arrêta pas les autres. Au contraire, elles poussèrent des cris de colère.
Les trois hommes commençaient à être hors d'haleine. Il leur fallait à tout prix semer leurs poursuivantes.

– Où est cette maudite rivière ? s'emporta le plus petit du groupe.
– Ne me dis surtout pas que tu nous as perdu ! cria Roy.
– Je suis un gars de la ville, moi, monsieur !

Un petit oiseau violet phosphorescent vint se poser sur l'épaule de Tosho. Roy s'en étonna, puis comprit qu'il s'agissait de son familier. Le magicien avait certes d'incroyables pouvoirs, mais il fallait être doué pour invoquer une créature pendant une course folle.

– Montre le chemin, demanda-t-il simplement.

L'animal s'envola de son perchoir et plana un court instant sous les yeux de l'homme de tête. Ead'li avait un visage en triangle, de grands yeux ronds, un nez arqué ainsi qu'une grande bouche, qui semblait à la hauteur des baratins qu'elle s'amusait fréquemment à déverser. Ses longs cheveux noirs étaient tressés.
Ead'li tournait la tête vers ses compagnons pour signaler son ébahissement quand il aperçut un mouvement sur son flanc droit : une araignée sautait sur lui, les pattes écartées, prêtes à se refermer sur leur proie. Ses crochets, suintant d'une substance inconnue, frémissaient d'impatience. Un couteau apparut comme par magie dans la main experte du voleur, qui le lança sans réfléchir. Le projectile frappa l'araignée en plein abdomen et la propulsa en arrière.

– Un si beau couteau, maugréa-t-il en secouant la tête.
– Oublie le couteau et suis l'oiseau !
– Oui patron.

Roy se demandait s'ils allaient s'en sortir. Sans pour autant les voir, il décelait un peu partout des bruissements dans les buissons, des craquements de bois mort, des raclements sur la pierre et même sur l'écorce. Elles étaient partout. Partout. Gagné par l'abattement, il n'avait pas remarqué le son de l'écoulement de la rivière.

– On n'est plus loin ! Une fois la rivière passée, nous serons tranquilles !

La nouvelle lui donna un regain d'énergie. Les aventures de Roy et de ses amis ne s'achèveraient pas ainsi. Mais il n'eut guère le temps de se réjouir, car d'autres araignées venaient de sa gauche et de sa droite. La situation empirait. La rivière demeurait leur seul espoir.
Un espoir qui vola en éclats quand le groupe se retrouva en face d'un mur de pierre et de terre. Le terrain accidenté avait dû s'écrouler à la suite d'une quelconque tempête survenue dans la région.
Dos au mur, Roy dégaina son épée. Ead'li l'imita en tirant deux dagues de sa ceinture.

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erhyl65
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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeVen 6 Mar 2020 - 10:34

(2)

Les araignées s'arrêtèrent, agitant pattes et mandibules. Elles formaient une ligne menaçante. Derrière elles, d'un pas lourd, approchèrent quatre énormes et horribles arachnides. Dotées d'yeux globuleux et de pattes filiformes, elles paraissaient aussi grandes qu'un ours, mais leur corps flasque et souple leur permettait de progresser dans des endroits étroits.

– Messieurs, ce sera un honneur de me battre une nouvelle fois à vos côtés, déclara Roy, résigné.
– Et si on grimpait ? proposa Ead'li.
– Elles ne nous laisseront jamais faire.
– J'ai peut-être un dernier tour dans ma manche, annonça le magicien.

Le guerrier et le voleur reculèrent pour laisser tout l'espace nécessaire à Tosho. Ils ne voulaient pas le gêner et ne prendraient pas le risque d'être pris dans le sort de leur ami. L'homme leva la main haut dans le ciel et vint frapper le sol de la paume. Un éclair s'abattit aussitôt et envoya voler la ligne d'araignées trois mètres en arrière. Le son, phénoménal, semblait se répercuter indéfiniment. Les oreilles bourdonnantes, les trois aventuriers entreprirent l'escalade de ce mur naturel, s'aidant des racines épaisses qui en sortaient. Avec une dextérité incroyable, mais nullement surprenante, Ead'li grimpa rapidement jusqu'en haut. Roy laissa passer Tosho avant lui, mais le magicien, peu coutumier de ce genre d'exercice, peinait à se hisser.
Alors qu'il était proche du sommet, un fil blanc épais et soyeux heurta la paroi à quelques centimètres de son bras. Décidément, les araignées n'étaient toujours pas décidées à lâcher le morceau. Ead'li et Tosho l'agrippèrent pour l'aider.

– Merci, souffla-t-il en grimaçant un semblant de sourire. Nous avons gagné un peu de répit.
– Désolé de te contredire.

Trois petites araignées, accompagnées d'une quatrième de taille moyenne, progressaient le long du mur de terre.
Ead'li s'apprêtait à ouvrir la bouche, mais Roy le devança.

– Je sais, on est dans la merde !

Le magicien leva son bâton et pensa très fort à son sortilège. Il lui fallait réagir avant que d'autres ne grimpent à leur tour. Il devait courir le risque d'être attaqué. Le focaliseur arcanique vomit des flammes qui érigèrent un rempart entre les compagnons et les araignées.
Tosho bondit en arrière pour éviter une morsure. Leur ascension achevée, les quatre créatures fixaient leur repas. Ce qui se passa ensuite, fut rapide.
Le groupe réagit en parfaite coordination. Un rayon de gel intense frappa les arachnides et une flèche acheva la survivante dans une giclée blanchâtre nauséabonde.
Ils n'eurent pas le temps de souffler, car des mouvements autour d'eux démontrèrent que leurs poursuivantes avaient trouvé un autre chemin pour les atteindre.

Décidés à ne pas périr dans cette forêt, les trois hommes reprirent leur course. Un tronc effondré leur barra la route. Cet obstacle ne représentait guère de difficulté et tous purent sauter par-dessus avec autant d'élégance que de facilité. Toutefois, le sol céda sous leur poids.
Le temps parut se figer pendant leur chute. Allongés sur le sol, couverts de terre, ou du moins des pierres provenant d'un plafond effondré, ils gémirent de douleur.

– Vous êtes vivants ?

Ead'li répondit en grognant. Une sphère lumineuse s'éleva dans les airs. Elle se dédoubla encore et encore.
Le mage et le voleur dégageaient la jambe de Roy bloquée dans les débris, quand ils perçurent un bruit bien connu. Une sorte de cliquetis, suivis de raclements sur la pierre. Une ombre s'approcha du trou. C'était une forme arrondie sur huit pattes. De nombreux yeux se posèrent sur eux, tandis que des mandibules s'agitaient avec avidité. Lentement, elle bascula son corps en avant, si bien que tous crurent qu'elle allait tomber.

– Elle ne pourra jamais entrer, déclara avec force Roy.

Ce discours ne servait qu'à le rassurer. Le corps souple de la créature lui permis d'entrer.

– Par-là ! lança le voleur en désignant une porte encastrée dans un mur de pierre.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeSam 14 Mar 2020 - 14:54

(3)
Chapitre 2 : Une enquête peu commune





– Qu'est-ce que tu fais ? demande une voix en bâillant.

Haser sort le nez du carnet qu'il examinait. À le voir sursauter, Sérumir ne peut s'empêcher de sourire. Les deux hommes appartiennent à la même garnison. Le premier est jeune et noir et le second proche de la cinquantaine avec un ventre qui semble prêt à déborder de ses vêtements. En leur qualité de miliciens, ils arpentent la ville régulièrement afin d'y apporter un semblant de paix. Ils enquêtent aussi sur des crimes, mais font aujourd'hui face à une difficulté : une affaire sordide leur est tombée dessus.
Quarante-huit heures : ce nombre représente le délai favorable pour espérer résoudre un homicide. Passé ce laps de temps, les témoins revoient leurs dépositions, oublient des détails et les preuves se détériorent ou disparaissent.
Celle-là traîne depuis un mois.

– J'ai trouvé ceci dans les affaires d'une des victimes, explique Haser en fermant le carnet. C'est un récit de voyage.
– Quelque chose d'intéressant ?

L'enquêteur hoche la tête.

– Il semble que le propriétaire du carnet soit originaire de la contrée d'Oclua

Sérumir reste bouche bée un instant.

– Un mage ?!
– Visiblement.

L'homme se masse les tempes à travers ses cheveux grisonnants, en faisant les cents pas.

– Qui serait assez fou pour s'en prendre à un mage et ses compagnons ?
– Un règlement de comptes entre aventuriers ? Une mauvaise rencontre avec  des brigands ?

Haser sort tout ce qui lui passe par l'esprit, mais son collègue se contente de secouer la tête.

– Que t'ai-je dit à propos des suppositions ?
– Elles te donnent mal au crâne, répond le jeune homme du tac au tac.

Sérumir s'arrête en fronçant les sourcils.

– Non, crétin ! Il ne faut jamais émettre d'hypothèses avant d'avoir suivi les preuves.
– Nous n'avons pas grand-chose.
– Que dit le rapport ?

Des feuilles parsèment le bureau, certaines représentant des croquis, détaillant les blessures et la position dans laquelle les corps ont été trouvés.

– Cinq corps ont été retrouvés non loin de Dinare. Les circonstances de la mort demeurent énigmatiques, lit Haser.

« Une caravane s'est rendue à l'auberge-relais La Chance vous sourit. Le conducteur, Ravier Laffite, a découvert la porte défoncée. Derrière le comptoir, en face de la cuisine, se trouve la chambre du propriétaire, un dénommé Auguste. Le premier corps y a été retrouvé ; il ne  s'agit pas de  celui de l'aubergiste. À l'étage, dans une chambre, du sang séché en grande quantité a été retrouvé sur une large surface. (sol, murs, lits)
D'après les registres, douze personnes ont séjourné à l'auberge. La date et l'état du corps coïncident. On établit le crime à un mois auparavant, au moment de la tempête de neige. Les routes bloquées empêchaient alors tout réapprovisionnement et déplacement.
L'homme est mort de faim et de froid. La fouille du lieu a démontré qu'il s'était laissé dépérir. L'auberge possédait une cheminée et une réserve de bois intacte. La cuisine avait aussi de la nourriture en quantité suffisante.
Le lendemain, trois corps sont trouvés au milieu de la forêt. Ils semblent s'être entre-tués.
Deux jours plus tard, sur une falaise surplombant une rivière déchaînée située à trois kilomètres de la ville portuaire de Dinare, on retrouve le dernier corps.
 »

– Drôle d'affaire, commente le plus vieux. Remettons les choses dans leur contexte. Si les cinq victimes faisaient partie d'un même groupe, pourquoi quitter l'auberge en pleine tempête ? Pourquoi se battre entre eux ? Où sont passés les sept manquants ?
– Comment peut-on mourir de faim et de froid, quand on a tout ce qu'il faut pour survivre ?

Les deux hommes se sondent avec la même impression dans le regard. Tout cela ne ressemble pas à ce qu'ils connaissent. Résoudre un meurtre implique de trouver le mobile du tueur. Là, sans l'ombre d'une preuve, cela s'annonce impossible.

– Il ne reste plus que le carnet, déclare Haser. En le parcourant, j'ai remarqué des noms connus.

Sérumir se surprend à sourire. En côtoyant des nobles au cours de leurs nombreuses enquêtes, il avait appris que les « riches » utilisaient tous les moyens nécessaires pour cacher leurs secrets. Peut-être est-ce encore le cas ?

– Qui ? demande-t-il simplement.
– Grezan et Sylge.
– Je te demande pardon ?

Haser rouvre le carnet et lui montre les noms. Grezan est un druide au mauvais caractère et Sylge dirige une tour de sorcellerie.

– Et si tu me faisais la lecture ?



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erhyl65
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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeJeu 19 Mar 2020 - 20:36

(4)
Chapitre 3 : Le hameau


Après avoir gravi à grand-peine les montagnes, Tosho traversa une grande plaine afin de se rendre dans un hameau situé près de la forêt de Terreneuve. Il franchit le pont de pierre qui enjambait la rivière et tomba dans une embuscade. Arcs, lances et épées pointaient dans sa direction. Les hommes qui les portaient étaient grands et musclés, avec une barbe bien fournie. Tosho examina rapidement ses agresseurs. Il put lire dans leurs regards de la détermination mêlée de férocité. Il décela aussi une note de peur.
Le magicien leva les bras en signe de soumission. Bien sûr, il pouvait les désarmer d'un seul geste, ou bien les entraver. Ces sortilèges simples trottaient dans sa tête, si bien qu'il lui semblait que les syllabes du premier mot d'une incantation venaient frapper le bord de ses lèvres.

– Vous êtes sur les terres de l'Homme-animal, déclara l'un d'eux d'une voix forte. Suivez-nous sans résistance. Lui seul décidera de votre sort.

Tosho venait pour la première fois dans cette région. Il la connaissait pourtant grâce aux enseignements de son maître sur les différentes zones de la péninsule. Cette plaine se trouvait sous l'autorité d'un druide. Pour une certaine raison qui lui échappait, les fidèles de l'Homme-animal l'arpentaient pour traquer toutes sortes d'ennemis.
La nuit commençait à poindre quand, finalement, les contours d'une haute palissade apparurent. Elle entourait le hameau. Derrière deux lourdes portes de bois se trouvait un vaste domaine de champs, de fermes, d'étables et de cabanes. Le mage s'attendait presque à voir un campement composé uniquement d'hommes à la mine farouche. Il s’aperçut vite que des familles entières vivaient ici. Un enfant de moins de six ans courut dans leur direction pour se jeter dans les bras de l’homme de tête.
Les guerriers se détendirent et commencèrent à converser avec l'étranger. Ils s’intéressèrent à son voyage, et encore plus quand Tosho leur parla d'Oclua. Tandis qu'ils traversaient le marché en direction d'une grande demeure, ils lui firent chaleureusement une description rapide du hameau. Bien sûr, l'escorte limitait les déplacements du magicien. Une visite approfondie devrait attendre. Enfin, si le druide donnait son accord.
Ils entrèrent dans la Grande Bâtisse. À l'intérieur, une longue salle dotée de colonnes. Trois nefs parallèles la divisaient : celle de droite abritait de nombreuses couches et les autres faisaient office de salles de banquet avec des tables, des bancs et trois grands âtres centraux pour chauffer la pièce et cuire la nourriture.
Les hommes laissèrent Tosho près d'une couche libre, où il put poser ses affaires de voyage.

– Mettez-vous à l'aise, lui indiqua-t-on. Le seigneur Grezan viendra vous accueillir.

Repérant une bassine d'eau posée à son intention, le jeune homme s'aspergea le visage, comme pour chasser sa fatigue. On pouvait qualifier le voyage d'éreintant. Il s'assit sur son lit et vérifia le contenu de son sac. Avec soulagement, il constata que la lettre confiée par son maître, était toujours en sa possession.
Tosho se sentait en sécurité et hésita à prendre son bâton. Ce n'était pas une arme ordinaire. Le vieux Sylge lui avait enseigné les arts martiaux qu'utilisaient les moines, ainsi que le maniement du bâton : un moyen simple et efficace de se battre, mais il s'agissait surtout d'une façon d'atteindre la concentration nécessaire pour jeter un sortilège. Dans le feu de l'action, l'esprit devait toujours rester calme, et cet apprentissage l'avait aidé à accroître sa vigilance.
La plupart des mages utilisaient diverses composantes pour lancer une magie puissante. Quelques-uns, surtout ceux qui l'employaient sur le terrain, préféraient faire appel à un objet magique. Ces focaliseurs arcaniques prenaient diverses formes : cela pouvait être une chevalière, un cristal, un orbe ou encore un bâton. Tosho, lui préférait la polyvalence du bâton.
Exceptionnellement, l'homme se résolut à le laisser avec ses affaires, se contentant de prendre la lettre. Il se rendit vers la salle de banquet, qui commençait lentement à se remplir. Des enfants couraient entre les tables, se faisant au passage gronder par des adultes, qui retournaient ensuite à leurs discussions. Les hommes se retrouvaient en groupe, riant à gorge déployée, trinquant. Les femmes faisaient office de serveuses et de cuisinières. Parmi cette foule composée de familles entières, il y avait également des voyageurs arrivés pour la nuit, soit à cheval, soit en caravane. Certains se trouvaient là pour s'entretenir avec Grezan.
Alors qu'il cherchait une table un peu à l'écart, Tosho aperçut deux têtes qui lui parurent familières. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas vu ces deux hommes mais, ayant vécu avec eux, il aurait pu les reconnaître avec trente ans de plus.

– Que la foudre me tombe dessus si ce ne sont pas messire Roy et messire Ead'li ! lança-t-il en s'approchant de leur table.
– Tosho ! s'écria Roy, surpris.

Ead'li se leva et écarta les bras pour une accolade, mais son ami eut un mouvement de recul.

– Je préfère te prévenir : faire les poches à un mage serait pure folie. Tu cours le risque de subir une lourde malédiction.

Penaud, le petit homme demeura interdit.

– Je plaisante, voyons ! le rassura-t-il en le serrant contre lui.

Les trois hommes s'assirent et pendant que ses deux amis hélaient une serveuse, Tosho se surprit à les percevoir comme avant. Ce n'étaient plus des hommes, mais des adolescents. Il se pinça les paupières, persuadé de rêver. Ses souvenirs remontaient naturellement. Ensemble, ils avaient vécu dans le même village, dormi dans le même orphelinat. Roy était le plus vieux du groupe, avec quelques mois d'écart avec Tosho. Ead'li avait trois ans de moins qu'eux, c'était pourquoi ils prenaient soin de lui. En contrepartie, ce dernier se montrait plus intrépide, ce qui leur causait souvent des ennuis.

– Ça va ?
– Oui, rassura le mage. J'étais perdu dans mes pensées. Et si nous trinquions ?

Les trois amis levèrent leurs verres.

– À nos retrouvailles ! s'écrièrent-ils en heurtant leurs chopines.

De la bière se répandit sur la table. Tous burent de longues gorgées. Le destin les avait réunis. Qui savait dans combien d'années une telle chance se reproduirait ?

– Mes amis, que devenez-vous ? À notre séparation, il me semble que toi, Roy, tu voulais entrer dans l'armée. Et toi, tu disais vouloir t'enrichir en explorant des ruines.

Roy et Ead'li se regardèrent amusés. Avant l'arrivée du mage, ils s'apprêtaient à se poser cette même question.

– J'ai réalisé mon rêve, déclara Roy. Un temps, du moins.

Son visage s'assombrit à l'évocation de cette partie de sa vie. Tosho voulait en savoir davantage, mais cela lui parut être une mauvaise idée.

– J'ai déserté, depuis je parcours les routes en tant que marchand. Je restaure les armures, si besoin.

« Je parcours les routes. » Cette simple phrase résonnait encore dans ses oreilles. Tosho la traduisit en : « Je continue de fuir. » Qu'était-il arrivé à son ami, son frère ?

– Je n'explore pas les ruines, poursuivit Ead'li en grimaçant. Je suis chasseur de trésors, entre autres. Le matériel, les vivres, les bonnes cartes, tout cela a un coût. Un emploi de secours me permet de poursuivre mes recherches. Je suis musicien en ce moment.

Les deux autres se regardèrent, avant d'éclater de rire. Depuis l’enfance, ce dernier ne tarissait pas de boniments. Démêler le vrai du faux était un exploit.

– Arrêtez de rire ! maugréa Ead'li. Vous n'avez vraiment pas changé. Toujours à vous moquer !
– Mais non, mais non ! tempéra Roy en passant son bras autour de son cou. Ça rappelle de bons souvenirs.
– Bref ! reprit-il. Je loue mes services à certaines personnes et je les aide à déménager.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeJeu 19 Mar 2020 - 20:37

(5)

Roy recracha sa bière, manquant de s'étouffer.

– Eh ! se plaignit le mage.
– Attends ! l'interrompit Roy. Le couple que tu accompagnais, tu comptes le dévaliser ?
– Mes employeurs ? Non, fit-il avec innocence. Je te l'ai dit : je ne vole pas, je déménage. Il y a une différence. Je les aide à se séparer de certaines affaires.

Le marchand lui mit une tape derrière la tête.

– C'est du vol.
– Pure sémantique.

Tosho éclata de nouveau de rire.

– Et toi ? voulurent-ils savoir presque à l'unisson. La question ne se pose pas, vu ton accoutrement.

L'homme caressa presque amoureusement sa tenue. Ce geste, il le répétait maintes fois pour s'assurer de l'absence de plis indésirables. Il portait une chemise aux larges manches faisant office de veste. Le vêtement rectiligne tombait un peu au-dessus des genoux, afin d'éviter toute gêne. Le côté gauche rabattu sur le côté droit, la veste se fermait à l'aide d'une ceinture en cuir. Sa couleur témoignait de son appartenance à l'une des écoles de Magie : celle de Tosho était bleue, classe des élémentalistes. Le pantalon était taillé dans un tissu de qualité de couleur blanche, réservée aux novices.

– J'étudie à Oclua. La formation ne correspond pas exactement à l'idée que je m'en faisais. Je croyais qu'il suffisait de se concentrer, de lire un parchemin. J'avais tort. La magie est vivante. Elle existe autour de nous. C'est pour ça qu'un sort utilisé disparaît aussitôt de notre mémoire. Seuls quelques-uns, les plus simples échappent à ce phénomène. Bien employés, ils peuvent devenir dévastateurs.
– Quelle différence existe-t-il entre un magicien et un sorcier ? Ils emploient tous deux la magie...
– Elle réside dans son emploi. Un sorcier asservit la magie. Il la vole et la garde. Moi, je ne fais que l'utiliser. Disons que c'est un prêt.

Dès qu'on parlait de son art, Tosho se montrait passionné. Ils poursuivirent ainsi, discutant de tout et de rien. Ils abordèrent le sujet de leur présence en ce lieu. Roy était venu avec quelques objets à vendre. Il prévoyait de rester quelques jours. Le pseudo-musicien, quant à lui, devait reprendre la route jusqu'au foyer de ses employeurs, où il ne manquerait pas de s'adonner à ses véritables activités.
Ils ne remarquèrent pas tout de suite l'affluence qui avait eu lieu. De nombreuses familles s'étaient attablées. Une jeune femme bouscula le marchand en essayant de se frayer un chemin. La salle était de plus en plus bruyante. Entre les musiciens, les rires et les chants, il devenait difficile de se faire entendre.
Une serveuse vint à leur table pour déposer trois assiettes bien remplies. Elle s'éloignait quand elle fut agrippée par une femme en pleurs. Roy la désigna discrètement de la tête. Tosho tenta d'écouter la conversation, mais c'était peine perdue : il ne saisit que quelques mots, pas assez pour comprendre. Alors que l'ancien soldat s'apprêtait à se lever, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent violemment. Un ours entra en traînant un cerf. Aussitôt, plus personne ne parla ; même les musiciens avaient arrêté de jouer. Roy et ses amis, bien qu'étonnés, furent davantage frappés par l'attitude des habitants : personne n'avait peur, ils semblaient au contraire éprouver du respect.

– Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ? demanda-t-il à mi-voix.
– Aucune idée.

Instinctivement, l'homme porta la main à son épée. Si l'animal se montrait dangereux, il n'hésiterait pas. L'ours se dirigea d'un pas nonchalant vers une estrade surmontée d'une grande table. Le groupe l'observa jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière le grand âtre situé devant la table. Seule son ombre projetée sur le mur trahissait sa présence. Ead'li pouvait encore le voir. Sous ses yeux ébahis, il le vit se dresser sur deux pattes, puis fondre sa masse corporelle bestiale en une silhouette humaine.
L'homme grimpa sur l'estrade. Il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de Grezan. Le druide était un homme de grande taille, particulièrement musclé, vêtu d'un pull et d'un pantalon blancs. Il portait une longue barbe grisonnante qui tranchait avec son crâne dégarni. Il s'installa à sa table. Toujours silencieux, il scruta la salle entière. Son regard paraissait transpercer les gens. Il s’arrêta un instant sur le groupe de Tosho, ce qui les perturba beaucoup.
Des femmes accoururent aussitôt. Certaines s'occupèrent du cerf et les autres apportèrent au druide de quoi se restaurer. L'homme posa enfin le regard sur son repas. La musique reprit.
Un groupe d'hommes vint jusqu'à la table des trois amis.

– Messieurs, il est de tradition dans notre contrée que les étrangers participent aux festivités. Une chanson, une histoire ou même un concours d'adresse. Libre à vous de choisir.

Roy et Tosho désignèrent le voleur d'un même geste.

– Cela tombe bien, notre ami est musicien.

La cuillère encore dans la bouche, Ead'li parut sortir d'un long sommeil. Il regarda ses amis, puis les hommes du hameau. Il se leva en maugréant. Amusés, ces derniers le suivirent du regard. Le voleur s'approcha des musiciens et, après quelques mots, l'un d'eux lui prêta une mandoline. Il y eut un silence et la salle se concentra sur le nouveau venu. Ses doigts agiles coururent sur les cordes tendues et des notes gracieuses résonnèrent. Une balade magnifique emplit la pièce et les cœurs. Surpris, ses amis en restèrent muets. Pour une fois qu'il ne mentait pas, voilà qu'il omettait de mentionner son talent. Une fois ou deux, des fausses notes retentirent, sans toutefois gâcher la mélodie. La salle applaudit Ead'li pour sa performance.

– Qui est le prochain ? demanda-t-il quand il revint s'asseoir.

La Grande Bâtisse devint encore plus bruyante. Chaque personne réclamait une nouvelle activité en cognant son verre sur la table en rythme avec ses voisins.
Sans dire un mot, Tosho se leva et se dirigea vers l'un des âtres centraux. Toujours souriant, il commença à raconter une histoire. Les feux faiblirent, sans pour autant s'éteindre. Des formes étranges apparurent sur les murs tandis que des lumières de couleurs différentes dansaient dans la salle, émerveillant les spectateurs. Le conte en lui-même n'avait rien de spécial : il s'agissait d'un héros devant affronter de mystérieuses créatures. Beaucoup le connaissaient, mais les ombres et les lueurs lui apportaient une nouvelle dimension. Des applaudissements s'élevèrent à la fin du récit.
Il ne restait plus que Roy. Il se mit à réfléchir à toute vitesse. Il ne savait jouer d'aucun instrument et ne connaissait pas d'histoire du même acabit. Il se rappela le concours mentionné. À l'armée, les jeux entre soldats étaient son passe-temps favori. Rien ne valait une partie de dés quand on avait passé une sale journée.

– Je ne serais pas contre un jeu d'adresse, lâcha-t-il enfin.

Aussitôt, l'un des hommes grimpa sur un banc et réclama le silence.

– Nous avons un participant ! cria-t-il. Apportez les haches !

Des clameurs retentirent, accompagnées de coups de poings sur les tables. Une allée dans la nef de gauche se dégagea. Des hommes se levèrent, prêt à faire étalage de leur dextérité. Roy termina sa bière d'une traite. Il s'attendait à ce que le groupe fasse ça en petit comité, mais le concours allait visiblement avoir lieu sous les yeux de la salle entière. La pression n'était pas vraiment son fort. On l'escorta vers la nef sous les acclamations.
Un homme du hameau, doté d'une barbe rousse et de cheveux longs, se fraya un chemin parmi les participants. Il se saisit d'une hache, la lança en l'air et la rattrapa de l'autre main. Il exhortait énergiquement la foule à l'encourager. D'une main vaillante, il la lança vers la cible, qu'elle toucha en son centre. Un homme, qui servait de juge, dégagea la hache pour que le concours puisse reprendre.
Le deuxième, à la carrure beaucoup moins impressionnante, parvint tout juste à atteindre le bord de la cible. Les participants se succédèrent, puis vint le tour de Roy. Mal à l'aise, il tenta de faire le vide dans son esprit en vain. Inutile de dramatiser, il suffisait juste d'armer le bras et de laisser la gravité faire le reste. Reprenant contenance, il soupesa la hache et leva prestement le bras. Lorsqu'il l'abaissa, il comprit que quelque chose clochait. Où était le projectile ? Derrière lui, des cris retentirent. L'arme frôla quelques individus. Heureusement, personne ne fut blessé. Le concurrent roux lui donna une tape amicale dans le dos en éclatant de rire.
Roy fut bien obligé de rire à son tour, mais il ne put s'empêcher de s'excuser auprès des spectateurs. Le second tour se fit avec plus d'aisance, chacun ayant pris ses repères.
De retour à table, la conversation tourna principalement autour du lancer raté du marchand.

– Moquez-vous, dit-il simplement avant d'éclater de rire.



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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeSam 21 Mar 2020 - 8:11

(6)
Chapitre 4 : Grezan



Pendant toute la durée de son repas, Grezan ne lâcha pas du regard la table des trois amis. On aurait dit qu'il connaissait un secret les concernant, ou bien qu'il les étudiait. Si bien que Roy se demanda si Ead'li n'avait pas commis quelque larcin. Ce dernier se contentait de battre la mesure. L'innocence même, mais à surveiller.
Tosho se sentait visé. La tension dans l'air était palpable, à tel point qu'il lui semblait avoir malencontreusement établi un dialogue avec le druide.
Finalement, Grezan se rendit à leur table.

– Messieurs, bienvenue dans ma demeure.

Sa voix correspondait parfaitement à l'aura qu'il dégageait. C'était une voix grave, pleine de robustesse, qui vous mettait mal à l'aise.
Contrairement à ce qu'ils avaient cru en le voyant pour la première fois, Grezan était âgé. Il frisait les soixante-dix ans. Sa tenue, qui leur avait paru d'une blancheur éblouissante, était d'un gris similaire à celui de sa longue barbe. Tosho se demanda s'ils n'avaient pas été victimes d'un sort de charme ou d'illusion.

– Je me nomme Grezan. Que puis-je pour vous ?

Intimidés, Roy et Ead'li ne purent parler. Aussi le magicien prit-il la parole :
– Voici mes compagnons : Roy, Ead'li. Et je suis Tosho, pour vous servir.

Le druide était connu pour avoir un mauvais caractère. Une rumeur disait qu'une fois, un homme ivre l'avait insulté. Grezan s'était changé en ours et lui avait mis un coup de patte qui l'avait envoyé voltiger. Il se montrait néanmoins courtois dès lors qu'on lui témoignait du respect. Le vieil homme sourit et s'inclina légèrement.

– L'archimage Sylge m'a confié une lettre pour vous, poursuivit Tosho en sortant l'enveloppe de sa tunique.

Le druide prit la missive qu'on lui tendait. D'un geste vif, il l'ouvrit et fronça les sourcils. Son regard passa du message au mage, puis retourna sur la feuille. L'incompréhension obscurcit son visage.

– Qu'est-ce que c'est ? les interrogea-t-il. Une blague ?
– Je ne comprends pas. Mon maître m'a juste demandé de vous la porter. Je ne l'ai pas lue.

Tosho commençait à paniquer. Qu'avait bien pu écrire Sylge ? Étrangement, le mage se rappela tous les contes et récits qu'il avait lus dans sa vie. Il en conclut une chose effroyable : rien de bon n'arrivait au messager, surtout quand il était porteur de mauvaises nouvelles.
Grezan lui tendit le papier, que les trois hommes s'empressèrent d'examiner. La surprise fut de taille. L'ensemble de la feuille était vierge, à l'exception de son centre, où ne trônait qu'un seul mot :

« Coucou »

Tosho ne comprit pas ce qui avait traversé l'esprit de Sylge. Pourquoi avoir écrit « coucou » ? Pourquoi avoir fait tous ces kilomètres pour un seul mot ? Était-ce un test ? Si oui, l'avait-il réussi ? Vraiment, il ne comprenait pas.

– Alors ? le pressa le druide. Une idée ?

Le mage secoua la tête.

– Je vous assure, seigneur Grezan. Mon maître a écrit cette note. Je n'étais pas au courant de son contenu.

Encore une fois, le vieil homme sourit. Il avait résolu l'énigme. Cette situation l'amusait beaucoup. Il décida cependant de mettre le novice sur la voie.

– Quelquefois, commença-t-il, les mages emploient des subterfuges afin de s'assurer que le message soit lu uniquement par la bonne personne. Une sorte de cryptage magique.

Avec tous ces indices, Tosho aurait dû comprendre. Une simple détection de la magie l'aurait aidé à percer le mystère. Ce sortilège resterait à jamais l'ami d'un magicien : il permettait de ressentir toute onde magique émanant d'une personne, d'un objet ou même d'un lieu. Toutefois, la surprise lui avait fait perdre tous ses moyens. L'homme se contenta de regarder Grezan.

– Lis le mot à haute voix, indiqua ce dernier avec pédagogie.
– Coucou, murmura l'étudiant.

Les lettres se mirent à briller comme si elles entraient en combustion. L'instant d'après, elles s'effacèrent, et le véritable contenu s'inscrivit ligne après ligne.

– Tellement simple.
– Efficace, approuva Grezan en récupérant le message.

Le druide essaya de le cacher, mais une inquiétude grandissante se lut sur son visage tandis qu'il découvrait le contenu décrypté. Sans un mot, il partit. Roy essaya de le suivre des yeux, mais le perdit au fond de la salle.

– Qu'y avait-il d'écrit ? demanda Roy, curieux.
– Aucune idée. Je lui ai donné la lettre dès que le texte a commencé à apparaître.
– J'espère que ce n'était pas important, se moqua Ead'li.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeSam 21 Mar 2020 - 8:16

(7)
« Tosho, ma position d'archimage ne me permet pas de me rendre là où je le souhaite. Je ne peux me déplacer que là où l'on a besoin de moi. Je dois m'occuper des novices. Ta formation va s'achever et le rang de mage confirmé te tend les bras. J'ai une mission de la plus haute importance à te confier : cette missive doit arriver au plus vite entre les mains de Grezan. Pars sur le champ ! Si ton voyage devait s'éternisait, quelque chose me dit que tu recevrais de l'aide. Libre à toi de l'accepter. »

Ces mots résonnèrent dans l'esprit du mage. Il revit le visage fatigué de son maître. Ce qui l'avait marqué et effrayé, c'était la gravité de son expression. La mission allait être dangereuse. Pourtant, il ne devait livrer qu'une lettre. Son objectif était enfin atteint, mais deux choses le tourmentaient : le druide avait la même inquiétude dans le regard que Sylge et, pour couronner le tout, le destin l'avait réuni avec ses amis d'enfance. Que signifiait tout cela ? Dans quoi l'archimage l'avait-il embarqué ?
Alors que Tosho réfléchissait à la portée de ses actions et à l'existence de son libre arbitre, Grezan revint avec une bourse et des parchemins. Il plaça la bourse au centre de la table. Ead'li ne la lâcha pas des yeux, de peur qu'elle disparaisse. Ses mains s'agitaient nerveusement. Le bruit métallique tintait encore à ses oreilles. Ça ressemblait à des pièces, sûrement en argent ou, peut-être, avec un peu de chance en or.
Le druide posa les parchemins et sortit une plume et un flacon d'encre de sa poche. Il griffonna rapidement quelques mots. Curieux, Roy tenta de lire ce qu'il inscrivait. Malheureusement, ce n'était pas une langue commune : cela ressemblait à de l'elfique, mais il n'aurait pu le jurer. Le nanique était plus simple à reconnaître. Il le comprenait, mais ne parvenait pas à l'écrire, ni à le lire. Les runes se ressemblaient toutes, pour lui.

– Voici dix pièces d'or chacun, dit-il en continuant d'écrire, si vous acceptez de porter cette enveloppe au Seigneur de la forêt. C'est d'une importance capitale. Je ne peux envoyer mes hommes, car nous devons protéger la plaine.

Il dessina grossièrement un plan de la région sur un autre parchemin.

– Ici, vous avez la rivière, avec le pont de pierre que vous avez dû traverser en venant d'Oclua. Un peu plus bas, se trouve le hameau.

Grezan entoura une large zone à droite du hameau et dessina un peu plus bas quelques pics pour représenter les montagnes.

– Ceci, expliqua-t-il en montrant la zone de droite, est la forêt qui nous jouxte. Un cours d'eau la traverse.

Le druide plaça une croix pratiquement au bout de la forêt de Terreneuve.

– Le Seigneur de la forêt vit là-bas. Plusieurs chemins vous permettent de vous y rendre. Seulement, les bois ne sont plus sûrs. Un mal les hante. Je vous recommande de suivre un ancien chemin qu'on nomme : « La Voie des elfes ».
– Pourquoi celui-là plus qu'un autre ? s'enquit Roy.
– Il est protégé par la magie des elfes. Aucun esprit maléfique n'osera vous attaquer si vous l'empruntiez.

Ead'li posa les mains sur la carte, afin de se faire une idée du trajet à effectuer.

– Mes amis, annonça-t-il, ça représente une longue route. Combien de jours ?
– Trois, si vous êtes à pied, répondit Grezan. Vous n'aurez aucune difficulté à louer des chevaux. Par contre, je préfère vous prévenir : ils ne pénétreront pas dans la forêt.

L'Homme-animal se tourna vers eux avant de partir.

– Allez voir Nado au petit matin, leur dit-il. Il pourra vous mettre des montures à disposition. Vous le trouverez sûrement derrière les habitations, près de l'écurie. Sur le marché, il sera aisé d'acheter des paquetages pour le voyage, ainsi que des potions. Reposez-vous. Demain sera une journée épuisante.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeMar 24 Mar 2020 - 12:25

( 8 )

Chapitre 5 : Partie de chasse



« Si ton voyage devait s'éterniser, quelque chose me dit que tu recevrais de l'aide. »

La phrase énigmatique de l'archimage trottait encore dans sa tête, quand Tosho se réveilla. Jusqu'à quel point Sylge avait-il prédit son voyage ? Leur rencontre était-elle planifiée ?
S'asseyant sur sa couche, Tosho attrapa son grimoire. Il feuilleta les pages, en prenant soin de choisir les sorts qu'il voulait apprendre. C'était là toute la difficulté pour un mage : tant de puissance résidait dans ces pages, mais elle demeurait inaccessible. Parfois, le jeune homme se disait que les humains n'étaient pas faits pour la magie. Comment expliquer, sinon, cette restriction ? En tant que novice, il ne pouvait retenir que cinq sorts. Bien sûr, il pouvait employer ceux qu'il maîtrisait autant de fois qu'il le désirait, comme celui de givre.
Comment prévoir ceux dont il aurait besoin ? Devait-il apprendre ce sort de détection de la magie ? Le druide lui avait démontré son utilité.
« Les bois ne sont plus sûrs. Un mal les hante. » Telle avait été la mise en garde de Grezan. Tosho estima plus judicieux d'opter pour des sorts d'attaque. Une heure plus tard, il les connaissait.
Le mage retrouva ses amis en train de petit-déjeuner.

– Enfin réveillé, s'amusa Ead'li. J'ai cru que tu n'allais jamais te lever.

Tosho sourit.

– Je devais faire des préparatifs, expliqua-t-il en attrapant l’assiette que lui avait gardée Roy.
– Quel est le programme ? voulut savoir ce dernier.
– On se ravitaille, après on ira voir Nado.

Le repas se composait d'un verre de lait, d'un gros morceau de pain et de fromage accompagné de viande séchée. Les trois hommes finirent leur collation, puis rassemblèrent leurs affaires. Ils quittèrent la Grande Bâtisse.
Le marché grouillait de monde. Le groupe reconnut des personnes croisées la veille. Beaucoup de marchands effectuaient du troc. Le commerce se faisait dans une confiance totale, mais il arrivait que certains en abusent. Tosho et Roy se placèrent tout naturellement de part et d'autre d'Ead'li pour empêcher ses mans de faire les poches des passants.
Quelques caravanes tenaient lieu de boutique à des vendeurs dynamiques, appelant les clients, vantant des produits ou effectuant des démonstrations. D'autres boutiques, plus modestes, étalaient la totalité de leur marchandise – ou du moins une partie – sur une énorme bâche de tissu. Les marchands locaux possédaient leur propre étal en bois.
Roy s'arrêta près d'un marchand d'armes. Il examina une épée, mais s'intéressa davantage encore à une armure de cuir. Le travail paraissait soigneux. Il se promit de revenir et de s'entretenir avec le forgeron. Il apprendrait sûrement des choses intéressantes. En naviguant entre les divers étals, ils purent acheter des vivres, des torches, des cordes et compléter leurs équipements.
Ils s'apprêtaient à se rendre vers l'écurie quand un homme assis sur une bâche les héla.

– Pardonnez-moi, commença-t-il. Je vous ai vus acheter de quoi préparer un voyage. Pourquoi ne pas regarder ce que j'ai à votre disposition ?
– Désolé, annonça Roy. Notre budget est très bas.

L'homme alluma une pipe, tira quelques bouffées et désigna une petite fiole.

– Je suis Taris. Cela ne se voit pas, mais je suis alchimiste. Je vends des antidotes, des potions de force, de la teinture, des élixirs de beauté, ce que vous voulez.

Tosho s'avança et contempla les différentes fioles.

– Parlez-moi des potions de force.
– Elles sont efficaces, dit-il en souriant. Grezan les prépare lui-même. Les potions sont ma spécialité, mais je préfère demander à un expert pour des produits de qualité.

Il se saisit d'une des fioles qui mesurait dix centimètres de long et trois de diamètre. Le liquide à l'intérieur avait de curieux reflets argentés et légèrement colorés.

– Si vous êtes blessés dans votre périple ou à bout de forces, cette potion saura vous donner un regain d'énergie. Je vous préviens, elle ne soigne en aucune façon les plaies, elle augmente seulement votre vitesse de récupération.
– Intéressant, déclara le mage. Combien ?
– Pour vous, dit l'alchimiste en faisant mine de réfléchir, cinquante pièces d'or.
– Ça fait cher pour une potion.

Dès cet instant, Taris sut qu'il les tenait. Ces braves hommes seraient prêts à tout pour des potions de force. L'alchimiste allait devoir la jouer fine. S'il en faisait trop, il perdrait des clients et l'occasion d'obtenir l'objet de sa convoitise.
Ead'li se proposa pour marchander. Rien n'y fit. Le vendeur avait baissé le prix, mais cela ne leur convenait toujours pas.

– Je vois que vous y tenez beaucoup, concéda-t-il. Je peux vous faire une nouvelle offre. Voyez ceci comme un troc. Je vous échange trois fioles contre un service.
– Quelle est la nature du service ? demanda le voleur suspicieux.
– Avez-vous discuté avec Grezan ?

Ils hochèrent la tête.

– Il a dû vous mettre en garde : la forêt est dangereuse. Même lui ne s'y rend que lorsqu'il n'a pas d'autre choix. Des araignées y ont élu domicile. Ramenez-moi un œuf d'arachnide, et je pourrai fabriquer une potion capable de les éloigner.
– Un instant, je dois m'entretenir avec mes compagnons.

Les trois amis s'éloignèrent un peu.

– Bon, commença Ead'li, au moins, nous savons à quoi nous attendre dans la forêt.
– Oui, fit Tosho. Ces potions nous seraient bien utiles. Donc, direction la forêt.
– Attends, le coupa Roy. Allons d'abord voir ce Nado. Je pense qu'il faudrait se renseigner pour les chevaux. Nous ne savons pas encore combien va nous coûter leur location.

Ils retournèrent voir Taris et lui firent part de leur décision : ils reviendraient après s'être occupés d'une autre transaction. Taris grimaça de déception, mais il se reprit vite. Il était le seul à vendre des potions.
Les écuries ne furent pas difficiles à trouver. En suivant les instructions du druide, les trois hommes se dirigèrent vers les habitations. Derrière elles, se trouvaient des champs et une grande clôture collée à la palissade. Ils ne virent aucun cheval, mais ils aperçurent un homme à l'entrée de l'écurie. Ils enjambèrent la barrière pour le rejoindre.

– Nado ? demanda Tosho.

Il n'eut qu'un grognement en guise de réponse. Visiblement, un problème occupait toutes les pensées du dénommé Nado, et ils tombaient mal.

– Que voulez-vous ? lâcha-t-il d'un ton sec. Je suis occupé.
– Nous venons de la part de Grezan, expliqua Roy. Il nous a dit que vous pourriez nous louer des chevaux.
– C'est possible, maugréa Nado en se grattant la barbe.

Il marqua une pause, réfléchissant par la même occasion.

– Je peux vous donner trois chevaux, reprit-il, mais aidez-moi. Vous êtes trois gaillards bien solides. Un animal s'en est pris à mes chevaux. Il a mutilé une de mes bêtes. Ce n'est pas la première fois. Enquêtez et trouvez un moyen d'empêcher une nouvelle attaque s'il vous plaît.


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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeMar 24 Mar 2020 - 12:28

(9)

Émus par la détresse de leur interlocuteur, ils ne purent refuser. L'homme les remercia et leur montra où il avait trouvé la malheureuse bête. L'herbe était rougie par le sang. Nado et d'autres paysans avaient déjà enlevé la carcasse. Ead'li examina la zone à la recherche d'empreintes. Il en trouva quelques-unes partiellement effacées, ainsi qu'une traînée de sang menant à la palissade.

– Voilà comment ils sont entrés, dit-il en désignant un trou creusé sous la palissade.
– Sont ? répéta Tosho. Comment sais-tu qu'ils étaient plusieurs ?
– Les traces, indiqua le voleur. Ils ont essayé de brouiller les pistes. Regardez, les traces se mêlent. Ça donne l'impression qu'on a fait de nombreux allers-retours.
– Tu saurais déterminer à quoi on a affaire ? demanda Roy à son tour.

Ead'li parut hésiter.

– Ce n'est pas ma spécialité, mais je pencherais pour des chiens sauvages ou des loups.
– Prévenons Nado, dans un premier temps.

Les trois hommes retrouvèrent le paysan et lui exposèrent leur découverte. L'intéressé leur dit qu'il allait s'occuper du trou pendant qu'ils poursuivraient leur investigation. Ils laissèrent Nado et décidèrent d'aller informer Grezan de la situation. Sa qualité de druide lui permettrait sans doute de gérer les choses de façon plus pacifique.
Le groupe se retrouva donc dans la Grande Bâtisse, où une servante leur apprit que le druide était absent. Elle ne put cependant leur dire où il se trouvait.
Il fut donc évident pour eux qu'ils devraient s'en charger eux-mêmes. Tosho, Roy et Ead'li traversèrent le hameau. Ils allaient en passer les portes quand ils reconnurent la silhouette qui scrutait les abords de la forêt. C'était la femme en pleurs de la veille.

– Pardonnez-moi, madame, commença Roy. Vous semblez inquiète. Pouvons-nous vous aider ?
– Non, dit-elle en les remerciant de leur sollicitude. Seigneur Grezan s'en charge. Il est parti chercher mon mari et ses compagnons dans la forêt.
– Que s'est-il passé ? voulut savoir Roy.
– Ils ne sont pas rentrés de leur patrouille, hier soir.
– J'espère que votre mari et ses compagnons rentreront sains et saufs.

Après un dernier regard, le groupe l'abandonna et se rendit vers l'endroit où devait se trouver le trou. Ead'li ne s'était pas trompé : il y avait de nombreuses traces de pas. Ils parvinrent à remonter la piste jusqu'à la tanière sans difficulté. Il s'agissait d'une cavité souterraine dont une légère pente facilitait l'accès.

– Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Ead'li. On entre ?

Ils regardèrent ce trou béant. Rien de bon ne s'en dégageait. Ils allaient devoir utiliser des torches. Ce qu'ils craignaient vraiment, c'était la hauteur du plafond à l'intérieur de cette grotte. Pourraient-ils se tenir debout ?

– Inutile de rester davantage ici, déclara Tosho.

Le mage commença sa descente. Il murmura quelques mots et une sphère lumineuse, plus petite qu'un poing, jaillit du bâton. Elle flottait dans les airs, illuminant les parois d'un large boyau. La lueur tremblota avant de se scinder en deux. Le phénomène se reproduisit et quatre sphères se mirent à danser quelques mètres devant Tosho. Les autres lui emboîtèrent le pas. La progression ne fut pas simple. Ils durent cheminer pliés en deux. Le tunnel tourna sur la droite. Tosho s'immobilisa. Il reconnut son erreur. En fonçant, il avait omis un détail : qu'il s'agisse de chiens ou de loups, leur odorat développé priverait le groupe de l'effet de surprise. Plus ils tardaient, et plus le risque de tomber dans une embuscade augmentait.

– Je ne le sens pas, déclara le mage à mi-voix.
– On rebrousse chemin ? s'inquiéta Ead'li.
– Je crois, approuva-t-il sans grande certitude.

Il allait faire demi-tour quand il réalisa que ce n'était pas judicieux. Désormais, aucun choix n'était le bon. Avancer ou reculer signifiait se faire attaquer.

– Oubliez, annonça-t-il en soupirant.

Le mage tourna donc à droite. Les lumières progressèrent, illuminant les parois. Il en envoya une au loin pour déterminer la longueur du boyau. Au bout de quelques mètres, la galerie s'élargissait et Tosho devina une vaste salle. Une forme sombre traversa rapidement son champ de vision.
L'homme s'avança avec prudence. Il devait à tout prix éviter un combat dans ce tunnel. Le bâton tenu à deux mains, il se préparait à repousser une attaque. Ead'li était lui aussi prêt à faire usage de son arbalète. Le son des halètements provenant des animaux se transformait à présent en grognements.
Tosho se redressait à peine qu'une attaque simultanée surgit des deux côtés de la pièce. Deux loups bruns jaillirent. Celui de gauche lui bondit dessus. Le mage put interposer son bâton, mais ne parvint à éviter de se faire faucher quand le second loup lui fonça dans les jambes. Le voleur réagit aussitôt et tira. Le carreau rata sa cible. Les deux loups se montrèrent particulièrement agiles. Roy pénétra à son tour dans la cavité. L'épée brandie, il se rua sur l'un des loups. L'autre attaqua de nouveau le mage au sol, qui put le chasser d'un coup de bâton au flanc. Tosho se concentra pour faire appel aux forces de la Nature et lancer son sortilège de givre. Le rayon bleuté fusa vers sa cible en gelant le sol en ligne droite. Le loup évita le danger d'un bond. Il ne put esquiver le carreau d'arbalète, qui le tua.
Roy et son loup se trouvaient pris dans une drôle de danse. La lourde épée et les crocs ne rencontraient rien de solide. Il suffirait d'un seul instant d'inattention pour que l'un des deux soit blessé. Ead'li ajusta son tir et parvint à toucher la créature. L'ancien soldat acheva la bête.

– Merci, souffla-t-il. Cela faisait longtemps que je n'avais pas combattu. Mon instructeur aurait honte.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeMar 24 Mar 2020 - 12:29

(10)

Ead'li eut un petit rire. Ses deux tirs avaient réussi à faire la différence. Pourtant, ce n'était que de la chance. S'ils devaient affronter les dangers de la forêt, ils allaient devoir progresser.
Appuyé sur son bâton, Tosho ferma les yeux. Il avait lancé son dernier sort alors que les lueurs magiques étaient encore en action. Il subissait le contrecoup, la fatigue le submergeait. Maintenir un sort et en lancer un autre n'était pas à la portée de tous. Il avait progressé, mais était loin du rang d'archimage. Sylge pouvait en lancer six simultanément. Tosho se promit de ne plus recommencer. En l'expérimentant en plein combat, il aurait pu rater son sortilège ou plonger la caverne dans le noir, ce qui les aurait tous condamnés.

– Mission accomplie, réussit-il à dire en souriant.

D'autres grognements retentirent. Aussitôt le mage se raidit et fit danser les lumières flottantes en quête du ou des nouveaux attaquants. Roy et Ead'li s'étaient déjà préparés au combat. Les ombres tournoyaient sur les murs, mais il n'y avait aucune trace d'un loup.

– Là !

Roy désigna un nouveau boyau. Surveillant l'entrée, les trois hommes attendirent, mais en vain. D'un commun accord, ils s'y aventurèrent, Tosho en tête. Le tunnel les mena vers une autre cavité.
Une louve blanche et un loup brun leur faisaient face, un peu comme s'ils les attendaient. La louve était plus imposante. Tosho reconnut en elle une alpha. La chef de meute, bien campée sur ses pattes, penchait légèrement la tête pour se montrer menaçante en retroussant les babines. Cette manœuvre d'intimidation produisit son effet. Bien qu'inférieurs en nombre, le message était clair : la louve n'abandonnerait pas sans combattre. Pourquoi ne fuyait-elle pas ?
Ead'li arma l'arbalète. Il s'apprêtait à tirer quand le magicien l'arrêta.

– Non ! s'écria-t-il en désignant une petite boule de poils qui s'avançait entre les pattes de la louve.

Voilà la raison de son acharnement : elle protégeait ses petits. L'esprit du mage fusait. Des questions lui venaient, mais il devait tenir compte de la situation actuelle.

– Écoutez-moi, commença-t-il à demi voix. Baissez vos armes.
– Quoi ? demanda le voleur, doutant d'avoir bien entendu.
– Il faut que nous soyons le moins agressifs possible et que nous reculions. Lentement.
– Tu es sûr que ça va marcher ? demanda Roy en voyant le loup brun faire des allers-retours, pour délimiter son territoire.
– Non, mais essayons.

À contrecœur ils s'exécutèrent. La louve poursuivit ses grognements. Ils purent néanmoins revenir dans la première cavité. Roy ramassa les corps des loups et suivit ses amis en dehors de la tanière. Par mesure de sécurité, le groupe s'éloigna.
Tosho s'assit sur une souche d'arbre. Une courte pause ne leur ferait pas de mal.

– Bon, leur annonça-t-il. Êtes-vous toujours d'accord pour m'accompagner dans la forêt ?
– Bien sûr, répondit aussitôt Roy. Pourquoi ?

Le bâton appuyé contre le front, Tosho mesurait les dangers de la suite du voyage.

– Nous devons nous rendre auprès du Seigneur de la forêt pour lui remettre une lettre. Nous savons grâce à Grezan qu'un mal hante la forêt.
– Des araignées, renchérit Ead'li.
– Exactement. Les loups bruns vivent généralement dans les bois. Or, une meute a établi sa tanière dans une plaine. Quelque chose a dû les effrayer pour les pousser à chasser des chevaux dans un campement humain.

Le mage fit une courte pause, leur laissant le temps de réfléchir à leur tour.

– Donc, fit-il, je vous repose la question : m'accompagnerez-vous ?
– Carrément, rétorqua le voleur. Nous avons accepté le paiement. Et puis, qui a peur des araignées ?

Tosho esquissa un léger sourire. « Si ton voyage devait s'éternisait, quelque chose me dit que tu recevrais de l'aide. » Sylge avait raison.

– Merci.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeVen 27 Mar 2020 - 18:02

(11)
Chapitre 6 : Vers la forêt



Dès qu'il franchissait les portes du hameau, tout étranger se retrouvait sous la protection du druide et de ses habitants. Lorsqu'il apprit que ces trois-là étaient partis régler un problème ne les concernant pas, Grezan entreprit de leur porter assistance. Il les croisa alors que Tosho et ses amis reprenaient leur route. Il fut agréablement surpris de les voir sains et saufs.
La vue des loups morts le chagrina. Sa vocation lui soufflait que tout être mérite de vivre. Depuis qu'il habitait la région, Grezan avait parcouru la forêt de Terreneuve un nombre incalculable de fois. Cela avait changé avec l'arrivée du mal hantant les bois. Il progressait tellement que les animaux et autres créatures se faisaient discrets ou désertaient les lieux.
Quand Tosho lui apprit qu'une famille de canidés avait sûrement besoin d'aide, Grezan remercia les Dieux pour ce miracle. Le druide regarda  en silence les trois hommes. Contrairement à ceux qui passaient régulièrement dans la région, ils possédaient un cœur, ou du moins une conscience.
Les sachant à l'abri du danger, le vieil homme les abandonna pour s'occuper des loups.

Quatre heures s'étaient écoulées, allongé sur un des bancs de la Grande Bâtisse, Tosho méditait tout en reprenant des forces. Il entendait parfaitement le voleur faire les cent pas et Roy tapoter la table du bout des ongles.

– Qu'est-ce qu'il fait ? s'impatienta Ead'li.
– Calmez-vous ! leur demanda le mage.
– Je te signale que c'est lui qui nous a demandé de l'attendre.

Le voleur s'assit à contrecœur, mais se releva aussitôt.

– Et puis, je croyais que notre mission était importante, lâcha-t-il de mauvaise foi.
– Oui, elle l'est, rétorqua une voix.

Ead'li sursauta. Grezan se dirigeait vers eux. Il semblait las. Tosho se redressa, et le druide vint s'asseoir à ses côtés.

– Pour commencer, fit-il, je vous remercie de ne pas avoir tué les loups restants.
– Pour être franc, avoua Tosho, la louve et son compagnon auraient été redoutables. C'est plus par lâcheté, que nous avons fui.
– Parle pour toi, ne put se retenir de dire Ead'li.

Roy fusilla son ami du regard. L'ancien soldat craignait la colère de Grezan, pourtant ce dernier n'en fit rien. Il reprit sur un ton calme, presque désarmant :

– Grâce à cela, je suis parvenu à une entente avec ces splendides créatures.

Splendides ? Ead'li ne comprenait pas. Ce n'étaient que des animaux. Certes, la femelle était imposante, mais il ne voyait pas ce qui enthousiasmait le vieillard.

– Contre un tribut, Kirsey, la louve, et son compagnon, Bageru protégeront la plaine et le hameau de tout danger. La deuxième condition nous oblige à veiller sur sa portée. C'est ce qui m'a retardé. Je vous présente mes excuses, messire Ead'li.

Mal à l'aise, le voleur ne savait plus où regarder.

– Ce n'est rien, finit-il par dire.

Tosho toussa pour dissimuler son fou rire.

– Je me suis chargé des préparatifs de votre départ, reprit Grezan. Les chevaux vous attendent à l'extérieur.

Le druide ouvrit le sac qu'il portait en bandoulière et en sortit trois potions de force.

– Prenez ceci en gage de ma gratitude. Ce n'est pas grand chose, mais elles vous seront utiles.

Ead'li se sentit ridicule devant la générosité du druide et s'empressa de lui présenter ses excuses.

– C'était le moins qu'on puisse faire, bafouilla-t-il. Je vous promets que nous transmettrons votre message au plus vite.

Grezan sourit et les invita à se mettre en route. Avant qu'ils ne partent, il leur adressa un dernier avertissement.

– Je ne sais pas quels dangers vous guetteront lors de votre voyage, mais ne vous éloignez pas de la Voie des elfes.

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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeDim 14 Fév 2021 - 14:19

(12)
Chapitre 7 : interrogatoire


Sérumir regarde par la fenêtre, perdu dans ses pensées. Des questions lui trottent dans la tête. L'enquête s'annonce difficile. Un petit sourire se dessine sur son visage. Ce n'était pas sa première enquête. Il aime ce moment où le mystère lui résiste. Tout ce qu'il doit faire, c'est analyser les  informations qu'ils ont. Haser s'était chargé de convoquer les suspects.
Suspects, n'est peut-être pas le bon terme. Sans preuve de leur culpabilité, les intéressés auraient le statut de « témoins ».
Les deux enquêteurs étudient le journal de voyage retrouvé parmi les affaires des victimes. Ce qu'ils savent étant maigre, Sérumir se promet de découvrir la vérité.

Quelques jours plus tard, on frappe à la porte de leur bureau. Un jeune milicien entre.

– Chef, annonce-t-il. Vous avez de la visite.
– Alni, répond Haser en soufflant, je ne suis pas ton chef ! Combien de fois faudrait-il que je te le dise ?
Le milicien sourit et laisse entrer la personne derrière lui. Sérumir baisse ses lunettes de lecture pour mieux voir le nouveau venu. C'est un vieil homme avec un regard vif. Dès son entrée,  ce dernier observe attentivement les deux enquêteurs. Haser se précipite pour lui fournir un siège. Sans un mot, l'homme les fixe du regard.
Mal à l'aise, le jeune enquêteur se tourne vers son collègue, qui se redressa.

– Monsieur, on peut vous aider ?
– Non, répond le vieil homme en sortant une convocation de sa tunique blanche.

Il darde sur les miliciens, un regard sévère et plein de jugements. Haser et Sérumir se regardent, en comprenant qui est l'inconnu.

– Je me nomme Grezan, commence le vieil homme et vous m'avez convoqué ici, loin de mes terres. Qui êtes-vous pour convoquer Grezan ?

Au fur et à mesure qu'il parle, sa voix enfle et gronde comme si le tonnerre s'abattait dans la pièce. Haser s'enfonce davantage dans son siège et s'il pouvait en avoir l'occasion, il se cacherait volontiers sous le bureau. Sérumir, avec sa grande expérience, sait comment se comporter avec de tels personnes.

– Bonjour, dit-il en voulant se montrer aimable. Monsieur... Grezan, vous êtes druide, n'est-ce pas ?
– C'est cela.

La question à la réponse évidente, n'est là que pour amadouer l'interrogé. Une manière subtile de briser la glace, avant d'entamer le vrai interrogatoire. Généralement, les suspects tombent dans le piège et se détendent tellement qu'ils font un faux pas, se trahissant. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Grezan paraît impatient et peut-être même en colère.

– Monsieur Grezan, reprend l'homme, nous sommes des enquêteurs et nous avons besoin de votre aide pour nous éclairer sur la situation actuelle.

Le druide lève un sourcil intéressé. Enfin, les choses avancent. Fort de son attention, le milicien fonce dans la brèche.

– Nous tenions à vous informer personnellement que nous avons trouvé un carnet de voyage, non loin de Dinare. Il apparaît qu'il appartenait à un aventurier qui se serait rendu sur vos terres.
– Pardonnez-moi, le coupe aussitôt le vieil homme, le Hameau accueille constamment de nombreux voyageurs.

Sérumir claque des doigts en direction de son collègue. Il a le nom du propriétaire du journal sur le bout de la langue. Haser fouille rapidement ses notes et lui tend une feuille.

– Le carnet appartenait à un magicien du nom de Tosho, reprend-t-il en baissant ses lunettes de lecture. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
– En effet.
– Nous avons retrouvé trois corps, non loin d'ici et ce carnet était en possession de l'un d'entre eux.

Sérumir se tourne vers son collègue, qui se dépêche de vérifier les noms des compagnons du mage dans le carnet. Cela concorde.

– Malheureusement, nous n'en sommes pas certains. Ce carnet aurait pu avoir été volé ou même perdu quelque part avant d'être ramassé.

Un voile de tristesse tombe sur le visage de Grezan, mais il y a aussi de l'inquiétude.

– Il faut en être sûr, finit-il par dire.
– Quand les avez-vous vu pour la dernière fois ? demande machinalement Haser.
– Oh, réfléchit le druide. Je les ai revu quelques jours après leur départ du Hameau. C'était, il y a presque un mois. Je ne les avais pas laissé franchir les portes de mon Domaine, cette fois-là.
– Pourquoi ne les avez-vous pas laissé entré ? demandent presque en même temps les deux enquêteurs.

Sérumir est ravi. Encore une fois, il a eu raison. Les « puissants » quels qu'ils soient, dissimulent toujours quelque chose. Grezan ne déroge pas à la règle. Et ce qu'il cache, le milicien compte bien le trouver.
Grezan demeure silencieux. Encore une preuve de sa culpabilité, comme le déduisirent les deux représentants de l'ordre.
Le druide rompt finalement le silence.

– Je n'ai pas le droit de vous répondre, déclare-t-il visiblement très désolé. Ce que je peux vous dire, c'est que quelque chose s'est passé entre leur départ et leur retour. Une chose grave et dès lors, je ne peux plus accepter quiconque venant hors du hameau.

Les deux miliciens restent silencieux quelques secondes. « Le Hameau » est réputé comme un lieu accueillant. Tout le monde peut s'y arrêter, tant qu'ils ne menacent pas la tranquillité du village. Entendre que les portes sont à présent closes, semblent irréel. Que s'est-il donc passé là-bas ? Tosho et son groupe, étaient-ils vraiment des victimes dans cette histoire ? La clé de leur trépas se trouve dans cette temporalité. Entre leur départ du hameau et leur retour, un sombre mystère a scellé leur destinée. Sérumir en est certain. Ils ont dû commettre un acte qui leur a interdit de pénétrer le Domaine de Grezan. Toutefois, cette acte interdit désormais à tout étranger, l'accès au Hameau.

– Pouvez-nous dire où ils se rendaient, hasarde Haser sans s'attendre à une réponse, et la raison de leur voyage ?

Grezan prend quelques minutes pour répondre, si bien qu'Haser crut qu'il ne leur répondrait jamais.

– Je ne peux pas vous dire pourquoi ils sont partis, mais je peux vous dire ce qu'ils sont allés faire.
– Cela nous serait d'une grande aide.

Grezan leur explique qu'il leur a demandé d'apporter une lettre au Seigneur de la forêt.

– Le Seigneur de la forêt ? répète Haser en  le notant sur une feuille. Qui est-ce ?
– C'est ainsi qu'on surnomme dans ma région, l'elfe qui vit dans la forêt de Terreneuve, déclare en riant le vieux druide. Il y commande un groupe d'elfes.
– Que pouvez-vous nous dire de plus sur ces elfes ? poursuit le jeune enquêteur, trop content d'avoir enfin un élément nouveau.
– Je ne peux rien dire de plus.

Le visage de Serumir se renfrogne de plus en plus. Grezan leur cache des informations, mais il se demande si ce n'est pas volontaire de sa part. Il faut réussir à coincer le druide dans ses retranchements. Tôt ou tard, il lâchera une information importante. Il faut juste maintenir la pression pour le faire craquer. À ce moment précis, comme s'il lisait dans ses pensées, le vieil homme darde sur lui son regard presque impérieux. « Ne pas craquer ! Ne pas craquer ! », se répète  mentalement l'enquêteur, plus tout à fait certain de savoir qui maîtrise la situation.

– Et je présume, que nous ne pouvons pas connaître le contenu de la lettre que vous leur avait confié ? demande sans grande conviction Serumir.
– Si, le surprend Grezan. J'avais écrit : « Je vous avais prévenu ! Il s'est réveillé. »

Les deux miliciens réagirent en même temps.

– Qui ? veulent-ils savoir.

La réponse de Grezan fut la même.

– Je ne peux pas en dire plus.


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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeDim 14 Mar 2021 - 18:30

(13)
Chapitre 8 : En route !


Grezan accompagna Tosho, Roy et Ead'li jusqu'aux portes du Hameau. Deux énormes loups accoururent en apercevant la silhouette du vieil homme. Comme s'ils étaient dressés, ils vinrent s'asseoir de chaque côté du druide. Le mâle, Bageru, pointa son museau vers ce dernier, cherchant un signe dans son comportement. Devait-il attaquer les trois hommes ? Kirsey, la femelle alpha se rappelait très bien de cette odeur, celle des intrus qui avait pénétré sa tanière et tué une grande partie de sa meute. Elle grogna, montrant ses crocs.

– Allons, allons ! tempéra presque joyeusement le druide. Ce sont des amis.

La louve arrondissait son dos, les pattes légèrement fléchies. Elle voulait bondir à leur gorge. Peu rassuré, Ead'li se saisit de sa dague d'un geste défenseur.

– Maudits sacs à puces ! cria-t-il en s’apprêtant à lancer son couteau.

– IL SUFFIT ! gronda Grezan d'une voix inhumaine, vraisemblablement à la limite entre celle d'un ours et d'un homme.

Aussitôt, les deux loups glapirent de terreur et se ratatinèrent. L'Homme-animal eut le même effet sur le voleur, qui resta muet et se contenta de ranger son arme à sa ceinture.

– N'oubliez pas, mes amis. Restez sur la Voie des elfes !

Tosho remercia l'homme pour son hospitalité et le salua avant de prendre la route avec ses amis d'enfance. Derrière eux, ils purent entendre le grondement léger et menaçant de la louve.

– C'est bien une femme ! plaisanta Roy en se tournant pour surveiller Kirsey. Elle n'est pas prête à oublier, ni à pardonner.
– Peut-être que si tu lui offrais des fleurs, elle accepterait de nous pardonner, ironisa Tosho avec un sourire.

L'ancien soldat se tourna une nouvelle fois pour observer la louve qui ne les lâchait pas des yeux.

– Je ne sais pas, répondit-il d'un air grave. Elle me rappelle Kaalendra.

Le magicien le dévisagea pour tenter de deviner si Roy plaisanter en comparant une humaine avec une louve.

– J'ai l'impression, reprit le marchand, de revoir Kaalendra quand elle a découvert que je couchais aussi avec sa sœur.

Tosho pouffa de rire.

– Te marre pas ! se plaignit son ami. Elle s'est jeté sur moi avec l'intention de me tuer. Moi, je te le dis, elles se ressemblent toutes les deux. Aucune d'elles ne l'oubliera, ni ne le pardonnera avant un long moment.
– Arrête ! supplia le magicien en se tordant de rire. Je vais finir par tomber de ma selle.

Encore, sous l'effet de la surprise, pour ne pas dire de la frayeur, Ead'li gardait le silence. De temps en temps, ses compagnons l'entendaient marmonner dans sa barbe et ronchonner.
Soudain, un bruit les fit sursauter. Derrière eux, les portes du Hameau venaient de se refermer en claquant lourdement. Que se passait-il exactement ? Tosho réfléchissait en silence. Sylge lui avait demandé d'apporter une missive à Grezan, ce qu'il avait fait. Maintenant, le druide lui demandait d'apporter une lettre au Seigneur de la forêt. Quelque chose se tramait. Quelque chose d'assez mauvais pour inquiéter l'Homme-animal et l'archimage. Tosho se sentit abattu, il n'était pas taillé pour affronter une telle menace, si jamais elle existait. Ce qui le peinait davantage, c'était qu'il avait impliqué ces meilleurs amis.
Roy et Ead'li avaient eux aussi remarqué l'étrangeté de la chose. Bien que n'habitant pas la région, ils avaient plus d'une fois entendu loué les mérites et l'extraordinaire hospitalité du Hameau. De mémoires, ils ne se souvenaient pas que ce lieu est déjà fermé ses portes, surtout en pleine journée... Cela ne présageait rien de bon.

Les trois cavaliers traversaient la longue plaine qui longeait sur leur droite, la forêt de Terreneuve. Sur leur gauche, ils entendaient la rivière s'écouler et éclabousser les rochers. L'écho de la fermeture des portes planait encore sur leur moral. Personne ne parlait. Pourtant, ce n'était pas tout. La proximité avec la forêt, les rendait mal à l'aise sans raison apparente. Ils jetaient sans cesse des regards vers ces arbres sombres et immenses.

– On est vraiment obligé d'apporter cette lettre ? demanda Ead'li en rompant enfin le silence. Parce que je ne meurs pas d'impatience à l'idée d'entrer dans ces bois.
– Oui, répondit le magicien qui n'était pas non plus désireux d'y pénétrer. Grezan nous l'a affirmé. Nous ne craindrons rien si nous passons par la Voie des elfes.

Il y eut un nouveau silence que rompit à nouveau le voleur.

– Je dis ça juste comme ça, commença-t-il. Vous vous rappelez du vendeur de potion ?

Roy hocha la tête.

– Il a mentionné que la forêt abritait des araignées et que le vieux druide ne s'y rendait plus trop en ce moment. Coïncidence ? Non ! Le vieux fou a trouvé des pigeons pour faire sa mission à sa place !

Roy et Tosho ne répondirent pas à leur camarade, mais sens du devoir ou pas, une partie d'eux semblait en accord avec le voleur. Ce dernier continua de se plaindre encore un moment, quand il immobilisa subitement sa monture.

– Silence ! s'écria-t-il.
– T'es culotté, se défendit Roy. Tu n'as pas arrêté de te plaindre depuis notre départ !

Ead'li lui intima de se taire. Ses sens en alertes, le jeune homme se redressa sur sa selle et semblait sonder la plaine et ses environs.

– Ead'li ? murmura le magicien en faisant crépiter des éclairs sur le bout de ses doigts. Ead'li ?
– Les gars, finit-il pas déclarer. Vous ne remarquez rien de bizarre ?

Ses compagnons se raidirent et essayèrent de deviner où le voleur voulait en venir. Ils ne trouvèrent rien d'anormal. La plaine était silencieuse, perturbés par les rares hennissements de leurs montures ou leurs ébrouements. Il y avait aussi l'écoulement lointain de la rivière, se fracassant sur les rochers. Non, il n'y avait aucun danger aux environs.

– Il n'y a rien qui vous choque ?
– Non, répondit Roy. Le ciel est un peu couvert, sinon, c'est une belle journée pour voyager.

Ead'li secoua la tête.

– Pas ça ! s'emporta-t-il agacé. Nous sommes aux abords d'une forêt et il n'y a aucun son animal. On n'entend même pas un oiseau.

Le gêne qu'ils avaient ressentis en longeant la forêt de Terreneuve, grandit de nouveau, se transformant peu à peu en peur. Quelque chose clochait. Dans son esprit, Tosho entendait la voix de son ami résonner : « Le vieux fou a trouvé des pigeons pour faire sa mission à sa place ! 

– Ça ne sert à rien de nous inquiéter davantage, coupa Tosho. Rejoignons au plus vite la route que nous a indiqué Grezan. Si ce qu'il dit est vrai, nous ne craindrons rien.
– Je suis d'accord, conclut Ead'li. Pourtant, je serai d'avis de couper par la forêt. Nous gagnerons un temps fou.

Le magicien et le guerrier furent surpris par ce choix contradictoire.

– Euh... hésita Roy. Je croyais que tu ne voulais pas entrer dans la forêt .
– Non, insista Ead'li, mais vagabonder dans les bois en suivant le « chemin sans danger » me paraît bien long. En coupant par le bois, nous gagnerons une journée de voyage. Je suis juste pragmatique.

Les trois amis débattirent un instant sur leur itinéraire et par mesure de sécurité, ils optèrent pour emprunter la Voie des elfes. Suivre les indications du druide semblait être une excellente idée. Ils poursuivirent leur route quelques heures encore. Lorsque le soleil commença à décliner, le groupe s'arrêta pour monter le camp. Sans pénétrer dans la forêt, Roy ramassa de quoi faire un feu, alors que Tosho partait chercher de l'eau à  la rivière. Ead'li, quand à lui, préparait le repas avec les provisions récupérés au Hameau.
Ils s'installèrent ensuite pour profiter de leur repas en silence, tous assis autour du feu. Ce moment de quiétude leur rappela de vieux souvenirs de jeunesse. Il y a des années, ils se retrouvaient en dehors du village où ils avaient grandi pour camper en pleine nature. Ead'li avait volé une bouteille d'alcool à un marchand et tous trois s'amusaient en se comportant comme des adultes. Roy se débrouillait pour trouver de l'herbe à fumer et Tosho apportait de quoi manger en cas de mauvaise chasse.
Ce soir-là, sans prononcer un mot, le magicien fouilla dans sa sacoche et en sortit une petite bourse qu'il lança à Roy. L'homme, surpris, délaça le cordon qui le fermait et huma ce qui se trouvait à l'intérieur.

– De l'herbe d'Ablium ! s'étonna-t-il. La meilleure du continent.
– ça nous change de ce que nous fumions à l'époque.

Sans dire un mot, Ead'li sortit une bouteille de vin de son sac.

– Certaines choses ne changent pas, plaisanta-t-il. Je l'ai volé au Hameau.


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MessageSujet: Re: Mystère dans la neige [Roman]   Mystère dans la neige [Roman] Icon_minitimeDim 14 Mar 2021 - 18:33

(14)

Les trois hommes commencèrent à se détendre doucement et se mirent à parler de choses et d'autres. Le sujet qu'ils choisirent d'éviter, était leur mission principal. Ils risquaient leur vie pour apporter une lettre. Nul doute qu'elle devait être importante. Au bout d'une heure, Tosho sortit le message de Grezan de son sac et s'interrogea. Depuis quand était-il devenu un colporteur de nouvelles ? D'abord, Sylge et maintenant le druide. Est-ce que le Seigneur de la forêt allait lui en confier une nouvelle ?
Sans dire un mot, sous le regard interrogateur de ses amis, le jeune homme tournait et retournait l'enveloppe, comme s'il pouvait déceler ses mystères de cette manière.

– Tosho ? l'appela Roy. Tosho ? Que comptes-tu faire ?
– Laisse le tranquille, l'interrompit Ead'li, désireux lui aussi de connaître le contenu de la lettre.

Finalement, le mage ouvrit l'enveloppe, estimant qu'il méritait d'obtenir une réponse à toutes ses questions. Il découvrit l'écriture fine de Grezan. Pourtant, impossible de le lire.

– Alors ? le pressa le voleur.
– Je ne peux pas lire ce message, expliqua-t-il en secouant la tête. C'est une langue magique, semblable à celle utilisée par les mages. Je présume que c'est du druidique.

D'humeur maussade, le magicien étendit une couverture sur le sol et se coucha. Roy et Ead'li se regardèrent et ils décidèrent de l'ordre des tours de gardes. Il fut donc décidé que le marchand veillerait en premier, puis viendrait le tour du voleur et enfin celui du magicien.
Emmitouflé dans sa couverture, Roy surveillait les environs et alimentait de temps en temps le feu en bois. Il décela rapidement un mouvement provenant de la forêt. Il pointa son arbalète vers l'orée du bois. Retenant sa respiration, il attendit. Il y eut un autre bruissement qui s'enfonça dans la forêt. Peu rassuré, il focalisa tous ses sens sur la forêt de Terreneuve. Trois heures s'écoulèrent sans que rien ne se passe. Baillant, il se redressa difficilement et réveilla le voleur. Ce dernier grogna, encore endormi.

– Allez, Ead'li, insista-t-il. C'est ton tour de garde.

Le voleur émergea lentement, essayant de grappiller quelques minutes supplémentaires. Finalement, il s'enroula dans sa couverture et s'installa près du feu. Roy l'observa silencieusement, ne sachant pas s'il pouvait lui faire confiance. Son ami s'était étendu près du feu et ne bougeait plus.

– Ead'li, l'appela-t-il. Dors pas, abruti !

Le corps du jeune homme se tortilla plus qu'il ne se tourna. Le voleur regarda son ami, droit dans les yeux.

– Aucune chance que je m'endorme près d'une forêt aussi angoissante.

Roy sourit et se contenta de fermer les yeux.
Toujours allongé, Ead'li prit un bout de bois et raviva les braises pour intensifier le feu avant d'y jeter quelques branches. Machinalement, il fouilla son sac et en sortit son objet fétiche : un vulgaire cadenas. Il s'assit en tailleur et à l'aide de ses outils de serruriers, il s'amusa à forcer le fermoir. Ce n'était pas compliqué. Il s'en servait souvent pour passer le temps ou pour réfléchir. Cette fois-ci, il en profita pour améliorer sa dextérité manuelle tout en surveillant la bordure de la forêt.
Tout à coup, ses mains lâchèrent ses outils alors que son corps se raidissait. Il sentit des frissons le parcourir. Qu'était-ce donc ? Ne venait-il pas de voir un visage ou encore une silhouette accroupie parmi les arbres ? Il secoua la tête pour éclaircir ses idées et regarda mieux. Déjà sa main cherchait une de ses dagues. En regardant mieux, il soupira. Ce qu'il avait pris pour un corps n'était en fait qu'un buisson. L'homme pencha la tête en arrière et souffla. Il n'aimait vraiment pas la région et il regrettait d'avoir suivi ses amis d'enfance. Normalement, il aurait dû se trouver chez ce couple de bourgeois, profitant d'une excellente nuit dans un lit bien douillet. Un peu avant l'aube, il se serait levé tranquillement et les aurait détroussé. Non... l'émotion des retrouvailles l'avait perturbé. Après tout,il n'était qu'un homme.
Il secoua de nouveau la tête et se claqua les joues comme pour se réveiller.

– Quelle le code du voleur ? se demanda-t-il à lui-même. Un voleur n'a pas de cœur !

À présent il comprenait cet adage. Il s'agissait de rester professionnel, sous peine de commettre des erreurs.
Alors qu'il réfléchissait, le feu dansa à cause d'une brise de vent. Étrange. Le vent souffla de nouveau, éteignant presque les flammes. Ead'li secoua une nouvelle fois la tête, pour rester éveiller. Il chancela, luttant contre le sommeil.

Une minute plus tard, le jeune homme dormait.


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