Plumage Chébérienne
Nombre de messages : 795 Age : 20 Localisation : en Astral Loisirs : Méditer, méditer et encore méditer Date d'inscription : 21/09/2016
| Sujet: Deux ailes, un museau et des écailles — nouvelle Mar 1 Déc 2020 - 19:04 | |
| Voilà une courte nouvelle que j'ai écrit récemment, ça m'intéresserait beaucoup d'avoir vos avis là-dessus, surtout que je suis convaincue que certains passages ont des défauts sans réussir à mettre le doigt dessus. Bref, je l'ai découpée en trois parties pour ne pas que vos yeux s'abiment trop. La bise - Partie I:
"Pour comprendre un dragon, tu dois avant tout te comprendre toi-même.
Tel était ce que répétait Azna à chaque apprenti, et ce dès leur premier jour d'apprentissage. Son nouvel élève était un jeune garçon tout juste sorti de la puberté et aux réflexes encore lents, mais dont l'esprit vif et critique faisait le bonheur de l'enseignante, qui s'était portée volontaire pour le prendre en charge. Cette dernière flatta l'encolure de l'immense bête qui se tenait à ses côtés, laquelle poussa un grognement rauque.
Cleo, dont la dévotion pour son maître n'avait d'égal que la passion qu'il portait à ces créatures de rêves, fit un pas de plus vers Azna. Il était vêtu du seul uniforme autorisé ici ; une cape azur qui recouvrait sa tunique noire, symbole des apprentis, ainsi que de longs gants de cuir lui remontant jusqu'aux coudes, utiles pour effectuer les sales besognes dont aucun novice n'échappait à chaque fin de journée. Des mèches de cheveux noirs dansaient sur ses joues encore arrondies par l'enfance ; depuis qu'il était arrivé à la Citadelle de Raztec quelques mois plus tôt, sa chevelure n'avait cessé de pousser à un rythme effrayant, forçant les nourrisses à la lui raccourcir toujours plus chaque semaine, au grand dam du garçon qui se plaignait à chaque nouvelle coupe — il préférait les avoir longs jusqu'aux épaules, et Azna soupçonnait son apprenti de les faire pousser plus vite volontairement.
— Des rumeurs circulent dans les dortoirs, à la nuit tombée...bredouilla-t-il.
— Quel genre de rumeurs ? lui demanda abruptement Azna. Si des commérages s'alimentaient entre les apprentis, il lui fallait en être tenu au courant au plus tôt. Elle ne tolérerait pas de telles choses.
Le garçon haussa les épaules, et son regard s'attarda sur la pointe de ses bottes pour ne plus les quitter. Il n'aurait pas du mentionner ce détail. Il avait perçu la tension dans la voix de la femme, et réalisait à présent qu'il refusait de se mettre à dos tous ses camarades de la tour croulée.
Azna sentit qu'elle ne tirerait pas plus d'informations de l'adolescent et n'insista pas. Par contre, elle se promit de mener son enquête dès que le temps le lui permettrait. Adressant au dragon une dernière caresse contre sa peau aux écailles pointues, la dragonneuse confia les rênes au garçon.
— Ramène Mokosh dans son enclos, veille à ce qu'elle ne manque de rien. Tu es libéré de tes charges pour la journée. Mais n'en profite pas pour aller voler des pains dans les cuisines, et gare à toi si je te prend à laisser traîner tes oreilles dans la tour nord ! Je t'attendrai demain devant l'arche juste avant l'aurore. Ne t'avise pas d'être en retard.
Cleo acquiesça sans parvenir à dissimuler son sourire. Il l'avait échappé belle ! Et le voilà avec une après-midi entière de libre ! C'est avec un soulagement non feint qu'il guida la créature hors de la piste d'atterrissage, et la bête le suivit sans broncher tout en repliant contre son flanc ses grandes ailes métalliques.
L'entraînement des apprentis consistait en deux grandes étapes : pour commencer, les jeunes se devaient de connaître la morphologie des dragons sous toutes leurs formes. Le mécanisme de leurs ailes, leurs tempéraments, leur répartition dans le monde, leur anatomie ainsi que les processus de domestication à travers les âges qui ont conduit cette espèce en apparence farouche et solitaire à s'allier à la race des hommes. Une partie de leur formation était purement théorique. L'autre l'était moins. Sous l'œil critique de leurs maîtres, les adolescents étaient contraints d'endurcir leur enveloppe physique jour après jour. À grands renforts de courses dans les plaines avoisinantes, d'escalade des rochers abrupts qui longeaient les murailles et de nages toujours plus exigeantes dans la Pilleuse, la rivière gelée aux remous impitoyables qui glissait au fond de la vallée, les apprentis étaient sans cesse poussés dans leurs retranchements. Forcés à repousser leurs limites mentales toujours plus loin. Pas un jour ne manquait. Qu'il vente, pleuve ou neige, les entrainements n'en étaient pas plus souples, ni plus exigeants ; cette leçon, ceux qui étaient ici depuis un moment l'avaient apprise à leurs dépens.
Le lendemain, Cleo rejoignit la dragonneuse devant l'arche comme prévu. Le froid avait givré les brins d'herbe à leurs pieds, et le ciel commençait tout juste à s'éclaircir ; le soleil ne se lèverait pas avant des heures. Seul un bref hochement de tête fut échangé entre le maître et son élève. Sans un mot, dans une parfaite concordance, ils se mirent à courir à petite foulée ; ils ne seraient pas de retour avant midi.
C'est ainsi que le royaume du Vismir formait ses soldats à la guerre ; il leur enseignait puissance et apprentissage, forgeant des combattants toujours plus redoutables et toujours plus dévoués à la couronne.
La nouvelle tomba le soir même. Alors qu'Azna rejoignait ses quartiers pour la nuit, le Major Rooslin l'y attendait déjà, posté devant sa porte, les mains croisées sur son ventre comme à son habitude.
— Un problème ? lui demanda-t-elle.
Rooslin était un homme à la stature imposante. Grand, le corps musclé de celui qui consacre sa vie au combat, il avait la peau sombre, soulignée par la teinte dorée de son armure. La cape bleu nuit qui glissait sur ses épaules témoignait de son haut rang dans la hiérarchie des Neufs. Une balafre laiteuse creusait sa joue gauche, souvenir de guerre, et accentuait la froideur de ses yeux. Cette fois-ci, son visage était encore plus fermé que d'habitude et la dragonneuse pu sentir la tension dans sa voix lorsqu'il lui répondit.
— Il y a urgence. Le commandant souhaite te voir. Maintenant.
Autrefois, Azna et le Major avaient été des amis proches. Trop proches, aux yeux des ministres qui avaient tôt fait de les séparer et envoyèrent l'homme dans la Faille de Nif, là où la guerre contre le pays des Claas promettait une issue douloureuse pour le royaume. Lorsque Rooslin revint trois ans plus tard, menant derrière lui une légions de soldats victorieux, il semblait avoir retenu la leçon. Et excepté quelques échanges d'une effrayante banalité, les deux ne retrouvèrent jamais la complicité qui les unissait alors.
La femme hocha la tête et le suivit sans un mot.
- Partie II:
Leurs pas les conduisirent dans la tour nord, là où étaient prises les décisions politiques, présentés les nouveaux apprentis, débattues les dernières réformes et consignés des registres classés top-secret. Lorsqu'ils poussèrent la lourde porte de chêne qui menait à la salle du conseil, tous les maîtres présents se levèrent de leurs fauteuils pour les saluer. Sans plus de formalité, Ambroise, président du conseil des ministres et commandant des armées en chef, prit la parole.
— Il nous manque un combattant, dit-il. C'est regrettable, mais le numéro 21 de la légion Y a sauté de la falaise pas plus tôt que ce matin. Visiblement, il ne pouvait supporter ses nouvelles conditions. Cleo le remplacera.
— Cleo n'ira pas, s'opposa Azna.
La décision avait été scellée trop rapidement, le garçon n'en était pas même au quart de sa formation.
— Il le faut. Le gamin est très robuste et intelligent pour son âge. Il fera l'affaire.
Malgré son corps voûté et sa voix chevrotante, Ambroise s'était exprimé avec force et autorité.
— Il n'est pas prêt, insista-t-elle. Cleo est mon apprenti. N'ai-je pas mon mot à dire ?
— Pas cette fois-ci, rétorqua le vieil homme. Cleo est ton apprenti, mais son destin repose entre les mains du Vismir. Il partira dès demain rejoindre sa section, je compte sur toi pour veiller à ce que tout se déroule correctement. Tu as été un bon guide pour lui, mais à présent il te faut le laisser s'envoler de ses propres ailes.
Tout en parlant, il s'était approché de la dragonneuse, et lui tendait à présent une fiole opaque de la taille d'une plume.
Azna balaya la métaphore d'un revers de la main. Comme elle ne réagissait pas, le vieillard glissa le récipient entre ses paumes. La femme aurait pu ouvrir les mains et le laisser se fracasser au sol, laisser le précieux contenu se vider entre les lames du parquet. Elle n'en fit rien. Ils avaient gagné.
— Nous te confierons un nouvel élève dès demain, conclut une ministre à l'imposante chevelure rousse, mais Azna n'écoutait déjà plus.
Sans s'attarder davantage, elle quitta la pièce en direction de la tour croulée. Elle avait un devoir à accomplir, et malgré toutes les peines que cela lui incombait, elle allait mener à bien sa mission. Car c'était ce pour quoi elle avait été formée.
Les dortoirs étaient plongés dans l'obscurité, pourtant la femme trouva sans peine la couchette de son apprenti, qu'elle réveilla en le secouant brusquement par épaule.
— Cleo. Réveille-toi. Enfile quelque chose et retrouve moi dehors. Sans plus d'explications, elle se glissa hors du bâtiment.
Quelques minutes plus tard, l'adolescent la rejoignit. Il avait mis sa chemise à l'envers, faute de lumière, et sa cape mal agrafée pendait mollement dans son dos. L'air hagard et à moitié endormi qui se peignait sur ses traits le rajeunissait de plusieurs années encore, mais ses yeux bordés de cernes fixaient son maître avec une curiosité non feinte.
Là, à l'abri des oreilles indiscrètes, Azna se força à conserver un timbre assuré avant de se tourner vers son apprenti.
— Ta formation s'achève ici, se contenta-t-elle de dire.
Les yeux arrondis par la surprise, le visage du garçon aurait pu paraître comique si la situation l'était aussi. Seul un "oh" qu'Azna n'aurait pu décrire força le barrage de ses lèvres. Puis un sourire illumina lentement les traits de Cleo.
— Ça veut dire que l'on va m'assigner un dragon ! Oh, je ne pensais pas que ça allait m'arriver si vite, mais pourquoi pas après tout ? Il se mit à faire les cent pas tout en agitant les bras pour ponctuer ses paroles. Mais pourquoi moi ? Je ne suis ici que depuis quatre mois, les autres ils sont là depuis bien plus longtemps ! Pourquoi pas Assnar ou Rozvelt ? J'ai tellement hâte, si vous saviez ! Je pourrais choisir mon dragon ? Ou vous le sélectionnez pour moi ? J'aimerais bien un Fendeur de Brume. Oh non, mieux ! Une Dame dentelée, celles avec le museau pointu comme un corbeau — une femelle, parce que les mâles sont trop désobéissants. Mais...je n'en ai jamais encore chevauché un, c'est pas dangereux ça ? Bah, j'imagine que ça vient tout seul, comme une sorte d'instinct...Vous les faites sur-mesure, les selles ?
La femme le laissa ainsi déblatérer son monologue jusqu'à ce que l'apprenti se taise enfin. Puis, elle lui demanda de la suivre avant de disparaître à l'opposé des dortoirs.
Les Alvéoles étaient baptisées ainsi car l'ensemble de ces cellules fixées les unes aux autres évoquaient une sorte de ruche. À leur vue, Cleo fit un pas de côté.
— Vous n'allez pas m'enfermer là-dedans, n'est-ce pas ?
Comme Azna ne répondait pas, une lueur inquiète s'alluma dans les yeux du garçon ; il ne quitta pas la dragonneuse du regard alors que cette dernière sortit un trousseau de clefs usées de sa veste et déverrouilla une alvéole dont la porte s'ouvrit en grinçant. Dans la vallée, le vent se mit à souffler furieusement, comme pour noyer ses paroles dans un flot d'air frais.
— C'est la dernière étape, Cleo. La dernière épreuve où tu dois te montrer brave. Ton enseignement t'a forgé pour cet instant précis. Ne me fait pas déshonneur.
Mâchoires serrées, il hocha brièvement de la tête et s'engouffra dans l'une des cages non sans masquer son hésitation. Son maître l'encouragea d'un sourire bref. La cavité était assez grande pour contenir un carrosse entier et l'air était humide, si bien que de la mousse avait poussé sur la roche grossièrement taillée.
— Que dois-je faire ? demanda l'adolescent dans un souffle.
— Boire ça.
Elle lui tendit la fiole. Attendit que le garçon en fasse disparaître le contenu jusqu'à la dernière goutte. Referma la porte.
— Je repasserai demain.
- Partie III:
Voilà un long moment qu'Azna n'avait pas dormi aussi mal. La dernière fois remontait au temps de sa toute première apprentie, laquelle avait mal vécu le passage que traversais à présent Cleo. Après s'être enfin traînée jusqu'à ses appartements, la femme s'était écroulée sur son lit, mais le sommeil avait refusé de l'emporter. Alors elle était restée là, à observer les lattes de son plafond, se forçant à faire le vide dans ses poumons, dans ses émotions, dans sa tête.
Lorsque les premières lueurs du jour percèrent la montagne pour venir inonder la Citadelle de Raztec, la dragonneuse n'y tint plus et, déjà habillée de sa tenue de la veille, elle quitta sa chambre et se rendit vers les Alvéoles d'un pas ferme, sans même prendre soin d'attacher ses cheveux convenablement. Elle trouva le jeune garçon recroquevillé sur lui-même dans un coin de la cellule. Lorsqu'elle l'appela par son nom, il mit un moment qui lui parut infiniment long avant de relever la tête et de braquer sur elle un regard douloureux. Elle cilla. Il n'avait rien à voir avec le novice débordant d'enthousiasme et d'impatience qu'elle avait enfermé quelques heures plus tôt. Avec précaution, Cleo se leva et, tout en se soutenant à l'aide d'une infructuosité dans la roche, dévoila une de ses jambes. Son mollet avait doublé de volume, et de fines écailles d'un noir brillant étaient apparues à sa cheville pour remonter jusqu'au genoux. Son pied s'était tellement allongé que la pointe de sa chaussure s'était déchirée, dévoilant des griffes épaisses.
Face à l'expression de trahison et d'amertume qu'elle ressentit chez son apprenti, Azna voulut se justifier.
Ils m'ont forcé à te faire ça, voulut-elle lui dire, j'ai refusée, je savais que tu n'étais pas prêt mais ils ne m'ont pas laissée le choix. Seulement c'était faux, et elle le savait. Elle avait exécuté les ordres comme la bonne concitoyenne qu'elle était. Et malgré ses doutes, malgré sa répulsion à accomplir une telle tâche, elle l'avait quand même fait. Elle avait suivit les ordres. Comme toujours. Elle l'avait amené jusqu'au bout sans lui faire part de la véritable nature des soldats du Vismir.
— Pourquoi ? chuchota Cleo d'une voix éraillée par la soif. Des larmes avaient envahies ses yeux, dévalaient le long de ses joues d'enfant. Lui qui lui avait tant fait confiance, et ce dès le premier jour où il avait été mis à sa charge. Lui qui avait voué à son maître une admiration débordante. Lui qui avait toujours cru en elle se voyait à présent trahi. Jamais il n'aurait accepté la formation en sachant le destin qui l'attendait. Le doux cocon de rêves dans lequel il avait été bercé se transformait à présent en un tissu noirci de mensonges. Pourquoi, poursuivit-il, nous avoir laissé penser que nous allions avoir des dragons pour compagnons, que nous allions voler sur leurs dos au lieu de nous avouer que c'était nous qui allions devenir ces créatures ? Vous nous avez bercé d'illusions pour mieux nous condamner par la suite.
Crois tu que beaucoup de personnes accepteraient d'être métamorphosé en dragon pour servir les intérêts du royaume et ainsi alimenter une guerre qui n'a pas de fin et ce sans possibilité de retour à une vie d'homme? voulut-elle rétorquer, mais elle se ravisa.
En effet, ils leurs avaient menti. Depuis le début. Les dragons n'avaient jamais été domestiqués, les bêtes étant bien trop sauvages, bien trop fières pour accepter un quelconque cavalier sur leur dos. À la place, un concentré dont l'origine se perdait à travers les mythes, dont certains qualifiaient de cadeau des dieux, et que d'autres plus sceptiques définissaient comme une technologie centenaire, permettait à celui qui en buvait de voir ses structures osseuses, organes et tissus corporels modifiés irrémédiablement.
— Ton sacrifice nous assurera des années de prospérité dans le royaume, dit-elle à la place, bien qu'elle n'en semblât pas convaincue elle-même. Tu combattras aux côtés des tes frères et tu nous délivreras.
— Mais à quel prix ?
Elle n'avait pas la réponse.
La métamorphose du jeune garçon s'accéléra durant les heures qui suivirent. Azna resta à ses côtés, bien que des barreaux ne séparaient le maître de son élève. Le processus semblait douloureux, parfois même intolérable alors que le corps de l'adolescent se déchirait pour mieux se reconstruire. Des écailles sombres progressaient sur son épiderme à une vitesse folle. Ses mains et pieds s'élargirent, ses membres s'allongèrent en provoquant des claquements tonitruants, et son crâne se modifia de sorte à adopter une forme allongée, similaire à celle d'un cheval. Cleo ne cria pas une seule fois, et pour cause : la douleur était telle qu'il s'était évanoui. La dragonneuse se dit que c'était mieux ainsi.
Jamais encore elle n'avait assisté au processus, et elle vomit plusieurs fois à voir le corps de l'adolescent ainsi malmené.
Alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, une brigade vint chercher le dragon qui sévissait à présent dans l'alvéole. De Cleo, il ne restait plus rien, excepté quelques lambeaux d'une tunique noire abandonnés près de la grille. Lorsque les hommes entreprirent de tatouer le symbole du royaume sur le flanc du dragon, malgré les protestations désespérées de ce dernier, Azna les laissa faire, jugeant d'un œil courroucé la brusquerie dont ils faisaient preuve. Et lorsque la créature fut traînée à l'aide d'une chaîne hors de la grotte, son maître fit tout pour éviter de croiser son regard implorant qui le suppliait en silence de lui venir en aide. Cleo fut emmené au loin, forcé de servir une guerre qui contribuait à l'économie du pays et qui n'avait pas lieu de s'arrêter.
Azna passa le reste de sa journée à observer la vallée qui se déployait sous la citadelle. Elle suivit des yeux le vol d'un groupe de corneilles qui se disputait les restes d'une musaraigne et une meute de loups qui progressaient le long du cours d'eau.
Les autres semblèrent comprendre son besoin de solitude car personne ne vint requérir de ses services. Ce n'est que lorsque les nuages se mirent à décliner à l'horizon qu'une ministre quitta en personne la tour nord pour venir la trouver ; c'était celle aux cheveux de feu.
— Ta nouvelle apprentie vient juste d'arriver. Suis-moi, je vais te conduire à elle.
À la vue de la jeune fille frêle aux grands yeux noisette qui ne savait visiblement pas où se mettre, et observait les alentours d'un œil effrayé, Azna plaqua un grand sourire qui se voulait rassurant sur ses lèvres.
— Bienvenue parmi nous, annonça la dragonneuse en ouvrant grand ses bras pour l'accueillir. J'espère que tu es prête pour ta formation, car elle ne sera pas de tout repos, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
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