Je passe le pas de la porte, quelques habitués sont déjà plantés sur leur siège.
Je mange et je suis ailleurs. Mes yeux scrutent le ciel et ses mouvements. Mon esprit s’embarque sur les rives de l’azur. L’air est climatisée.
Je me tourne vers la tablée qui m’accompagne. Je regarde mon assiette, je la délaisse, pour continuer de voyager dans mes rêves instantanés. J’ai fini. Il faut descendre, je soupire.
Je m’équipe pour être à l’attaque contre l’ennemi. Les troupes s’annoncent, ils viennent par quatre, cinq ou seul, parfois à deux. D’un pas décidé, ils commencent le parcours du combattant. Nous nous regardons tous sans nous voir.
Furtivement j’essaie de les éviter. Installés avec leurs faux-filets, ils se sentent certainement plus soulagés, presque satisfaits. Je les guette tous, attendant leur retraite pour retirer leurs munitions épuisées.
Arrêt sur image : Une foule de mammifères en quête de nourriture. C’est une masse épaisse de gens pressés, les uns plus que les autres.
Lecture : les gens se bousculent, se poussent, s’excusent, se font des politesses. La machine est en route : l’activité commerciale à l’œuvre dans sa plus grande splendeur, une sorte de rengaine subliminale s’infiltre dans l’air « le temps c’est de l’argent ». Un flot de billets pour une foule d’affamés. En deux temps trois mouvements voilà les caisses remplies. Voici les rouages de la consommation : Capacité d’accueil 1500 personnes, légumes à volonté, animation tous les mois, nouveauté culinaire, plat traditionnel, photo –non contractuelle- alléchante. Tout est mis en place pour accueillir LE client.
Pour nous la règle d’or réside dans le BAMBAS - autrement dit Bonjour, Au revoir, Merci, Bon Appétit, Sourire - fluctuation des humeurs oblige, le BAMBAS se résume souvent à la lettre B.
La foule s’amenuise, l’équipe aussi, nous devons être stratégiques dans la mesure de nos pas – rentabilité oblige ! –