Je me remets à écrire après un long moment de pause.
Je m'exerce d'abord avec des textes courts. Merci pour vos commentaires.
J’ai peur… Je pense que le bonheur ne peut se rechercher que dans la peur de ne jamais le trouver et que le bonheur ne se vit que dans la peur de le perdre. Heureux, comme je le suis aujourd’hui, ne peut être qu’une angoisse tapageuse aux formes exquises.
Quand je le regarde, je l’aime, c’était déjà entendu au premier regard, c’était consommé au premier ébat, c’était scellé au premier « je t’aime » ; mais quand j’y pense ou plutôt j’y repense, ces trois actes ne sont pas toujours des gages de bonheur, bien au contraire ; mes amours sont là pour me le signifier en me criant à mon oreille engourdie : souviens toi de ce que je t’ai fait souffrir…mon cœur gît aux pieds de mes amours. Et elles n’hésitent pas à le piétiner avec un dédain furieux. Mais là, c’est autre chose : j’ai peur.
L’angoisse de le perdre, la frayeur de le perdre sans pouvoir faire quoi que ce soit, la phobie d’être seul et de se souvenir. Qu’est ce qui reste après l’amour et la vie d’autrui ? Que de grands vestiges que l’on sait pleins d’histoires dont on a oublié la moitié et le vent dans ces vestiges ; un vent léger qui nous souffle quelque chose dont on ne comprend rien à part la tristesse de son existence. Le cœur à terre au milieu de ces ruines.
L’homme n’est pas fait pour vivre au présent, même si il veut s’en convaincre : l’homme est fait pour désirer. Et on ne désire que ce qu’on n’a pas - donc le futur - et on désire ne pas perdre ce que l’on a - donc le passé -. Entre les deux, l’être humain n’est rien. L’homme n’est rien qu’entre son passé et son futur, qu’entre souvenir et espoir. Et c’est ce qui est triste.
Mais maintenant qu’il me regarde de son regard qui me plait, il suffit qu’il me parle… non même pas : qu’il respire… qu’il existe pour que toute cette peur s’envole et vole en éclat. Car je crois vivre au présent et je l’aime.