L’hiver comme un mauvais rêve
Cette année : une succession de souffles courts et teigneux
Déjà entre les gouttes
Se balade un pétale
Les arbres encore nus
Portent un ciel lourd
Encore chargé de nuages gris
Pourtant
Le pommier japonais s’entrouvre
Sous l’étreinte d’une première douceur
L’hiver dans sa boite se fermera bientôt
Oui, la vie couve un formidable cadeau !
La résurrection du printemps
Quand Le désir renouvelé submerge notre corps
Je le vois déjà se faufiler dans les yeux des hommes
Station Daumesnil
Place Félix Eboué
Un petit square triangulaire
Délimité par trois bancs
Personne ne s’y assoit
Car à bien regarder, ce square est un lotissement
Les bancs ; les corps solides d’une structure
Faits de carton pour l’isolation
Faits de plastique coté rangement, coté frigidaire
Dans le square vit trois petits bancs
A l’ombre des guichets automatiques de tous les organismes financiers assemblés
Quand la vie se résume à manger, boire, dormir
A l’abri de cartons de publicité Fanta et Orangina
Une vie sans bulle ni édulcorant
Sans jeune, ni vieux
Juste des êtres lavés et délavés par leurs heures de survie
Visages ramassés, visage burinés
Dans une vie coincée dans l’almanach des méchants jours
Ici c’est l’hiver tous les jours
Les feuilles forceraient l’arbre ?
Le soleil enfoncerait il cette nuit qui s’appelle Paris ?
Ce printemps serait-il enfin invincible ?
Je suis repassée place Daumesnil
Je passe chaque mois
Nous avons fort à faire la place et moi
C’est l’adresse de mon psychiatre
Je suis donc repassée, forcement
Plus de place
Plus de banc
Le square effacé
Comme un coup de main sur le sable
D’un enfant intransigeant
Sur la qualité des châteaux de sable
Fin du square
A 500 mètres le monoprix propose
Pain, Fanta et Orangina
Sous le porche
Des pieds dorment à l’abri de haillons
Je vous le dis !
C’est un printemps vainqueur qui taillera sa place dans la ville !
Plus fatiguant qu’un aveugle optimiste
L’oiseau refait son nid
Le sdf retape son abri
La sensible remplit son pilulier
Et La vie reste un manège de chevaux de bois…
Ps grand merci à mon mari qui me relit, je suis une desperado de l’orthographe !