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 Mémoires d'un enfant.

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MessageSujet: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeDim 19 Avr 2009 - 15:03

Mémoires d’un enfant.

Mon prénom est Marc, je suis né dans la chambre de mes parents, au cours de l’année mille neuf cent quarante-trois. A cette époque, en pleine deuxième guerre mondiale, mon père après sa démobilisation a traversé la Loire, pour se réfugier en zone libre. Accompagné de son épouse et de leur premier fils. Métayers d’une petite exploitation agricole au sud de Tours, ils s’échinaient à longueur de journée pour nourrir leur petite famille. Ma naissance dans ces périodes de restrictions n’a pas été la bienvenue.
Je n’ai strictement aucun souvenir de cette époque, ma mémoire ne remonte qu’à mon entrée à l’école dans le bourg voisin. Cette année a été tellement particulière et fertile en événements, qu’il me reste des souvenirs indélébiles.

Mille neuf cent quarante-neuf, l’année de mes six ans, l’entrée à l’école, la naissance de ma sœur et le cadeau le plus beau dont peut rêver un enfant : un cheval.
Notre ferme, au milieu de nulle part, était distante de quatre kilomètres du bourg.
Il n’y avait pas de ramassage scolaire et pour me rendre à l’école, mes parents me firent cadeau d’une petite jument : Cobine. Je pouvais ainsi accompagner mon frère, pour aller en classe. Le cheval de mon frère, déjà dressé, savait revenir seul à l’écurie, après avoir déposé son cavalier à l’école. Ma jument a appris, elle aussi, à m’emmener et à revenir me chercher le soir. Pour cela ma mère les sortait de l’écurie, un quart d’heure avant la fin des cours, et d’une tape sur la croupe, les incitaient à venir nous chercher. Cobine devint une vraie passion pour moi. Je lui parlais, la bichonnais, la caressais, lui racontais mes bonheurs et mes malheurs : Une amie fidèle, une confidente.
Mon frère Philippe était gentil, mais il avait six ans de plus que moi et je ne l’intéressais pas beaucoup. Le soir il aidait mes parents alors que je gardais les vaches ou les dindons. Il était bâti comme " une armoire à glace " et pouvait assurer les travaux durs d’une exploitation agricole, il labourait, hersait, semait, dirigeait les deux bœufs pour essarter. Mon père et lui semblaient être " copains " et il ne se passait pas une journée sans que je me fasse enguirlander pour des raisons que je ne comprenais pas. " Mes vaches avaient mangé quelques betteraves dans le champ du voisin, d’accord, ce n’était quand même pas une catastrophe ".
Ma mère m’aurait bien soutenu un peu, mais était immédiatement rabrouée par son mari. La plupart du temps elle se taisait. Elle n’était pas heureuse, elle n’aimait pas ce genre de travail, elle la modiste parisienne. J’ai certainement eu la maman la plus triste du monde, je le pensais vraiment.

En septembre, ma mère enceinte de huit mois m’a appris à traire, je n’y arrivais pas trop bien, il m’arrivait de laisser du lait dans certains pis. " Tu vas traire mieux que ça, m’a dit mon père, je ne vais quand même pas te nourrir à rien faire ".
J’avais déjà l’impression que l’on ne m’aimait pas. J’évitais de croiser le regard de mon père, mon frère ne s’occupait pas de moi, ma mère évitait de me défendre. Je me réfugiais souvent auprès de ma jument, pour lui faire part de mon mal être. Ce petit garçon était très malheureux quand il pensait que personne ne l’aimait, surtout quand ce garçon aimait les câlins. Les seuls câlins dont il se souvienne sont ceux de ma maîtresse à l’école et ceux de Cobine ma jument.
Dès que ma maman est partie en clinique, j’ai dû assuré les deux traites par jours de nos huit vaches, la première à six heures du matin et la seconde à dix-huit heures. C’était un travail journalier sept jours sur sept. " Tu as bientôt sept ans, ce n’est pas trop te demander m’a encore dit mon père ".
Dès le retour de ma mère et de ma sœur Stéfanie, j’avais espéré être déchargé de ce travail. Ce ne fut pas le cas. Maman ne s’occupait que de Stéfanie qui très vite devenue la déesse de la maison. Mon père, mon frère, ma mère câlinaient ce bébé que je haïssais. Au plus loin que je me souvienne, jamais personne de ma famille ne m’a câliné autant, vraiment on ne m’aimait pas. Je ne me sentais bien qu’avec ma jument. Je faisais de longue promenade avec elle, le jeudi, le samedi et le dimanche, entre les deux traites. C’était ma seule amie.
Je ne comprenais pas cette différence d’amour qu’il pouvait y avoir entre ma sœur et moi. Je me suis renfermé de plus en plus sur moi-même. Je m'étais mis à haïr ma sœur, puis ma mère, j’avais même recommencé à faire pipi au lit. Mon comportement a mis mon père dans des colères folles, la situation s’etait encore dégradée.
La rentrée scolaire m’a beaucoup aidée à échapper à la morosité, je retrouvais quelques copains, mais je ne faisais pas mes devoirs à la maison et mes résultats scolaires s’en ressentaient. Ma jument me ramenait de l’école, je changeais la litière dans l’étable, j’allais chercher les vaches, puis, je faisais la traite. Il était sept heures, juste le temps de me laver au puits et de passer à table. Un soir ma mère a dit : " C’est peut-être trop de travail pour lui ? " " Son frère le faisait à son âge " a répondu mon père.
Le temps a passé ainsi, je savais que ce ne seraient pas les plus belles années de ma vie. Un enfant de sept ans avait peu de prise sur les événements de la vie familiale. Je ne savais pas, non plus, que des années bien plus noires allaient venir.

En avril mille neuf cent cinquante-deux, j’avais neuf ans, et la série noire a démarré. Cela a commencé par mon père atteint d’un lombago qui l’empêchait de se lever, je n'allais plus à l’école pour aider mon frère dans son travail. Puis la perte de deux vaches, mortes de gonflements. Mon père était furieux et m’accusa de les avoir laisser manger trop de trèfle.
Puis, je tombais malade : de la fièvre, des vomissements et des courbatures. Sans téléphone et le médecin à quinze kilomètres, ma mère m’a soigné à l’huile de foie de morue et avec de l’aspirine. Après quelques jours, j’étais paralysé de tout le côté gauche, je ne pouvais plus me lever. Ma mère envoya mon frère au bourg à cheval pour appeler le médecin.
Le docteur arrivait le lendemain, son verdict était sans appel : maladie infantile, connue maintenant sous le nom de poliomyélite, seul traitement possible : le poumon d’acier.
Quelques jours plus tard, mon frère à son tour a été atteint de la même maladie.
Je n’ai plus de souvenir de l’hôpital de Tours où j’ai été traité. Ce que j’ai su, plus tard, c’est qu’il n’y avait qu’un poumon d’acier. Un second devait arriver de Paris : il est arrivé trop tard. Mon frère est mort en à peine trois jours.
De retour à la maison, alité, je me suis remis petit à petit de cette terrible maladie. La mort de mon frère a rendu l’atmosphère irrespirable, ma mère est devenue muette et mon père colérique. Un jour de colère pour je ne sais plus pour quelle raison, il m’a dit : " Oui, ton frère nous manque et c’est de ta faute ".
Ma faute ? Aujourd’hui encore ce mot me poursuit, mais je sais que j’occupais le seul poumon d’acier disponible.
Nous sommes partis de Touraine pour habiter la Normandie. En partant mon père a vendu Cobine, ma jument, la seule véritable amie que j’ai eue jusqu’à l’âge de dix ans. Mes parents ne m’ont que très peu souvent adressé la parole.
Heureusement des bonheurs sont arrivés quelques années plus tard, bien plus tard.
Aujourd’hui, après avoir pardonné à mes parents, j’ai deux passions : les enfants et les chevaux, et j’adore que l’on me fasse des câlins.


Dernière édition par Mike le Mar 21 Avr 2009 - 13:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeLun 20 Avr 2009 - 18:49

Mis à part quelques petits problèmes de temps ( tu mélanges quelques fois le présent et le passé), j'ai aimé ton texte. L'histoire est agréable, même si la fin m'a parue un peu trop rapide.
Enfin voilà, j'ai apprécié!
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeMar 21 Avr 2009 - 22:27

Ton idée est très bonne bien qu'un peu triste. Ca se lit bien, c'est fluide. Mais je trouve aussi que la fin est un peu trop rapide.
sinon j'ai apprécié de te lire, comme toujours!
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2009 - 13:51

Joli texte, belle histoire des années cinquantes pleine de vérités.
Le sujet est bien traité. Dommage qu'il y ait tant de répétitions de mots et de scènes.

De toutes les façons, j'aime ce que tu écris car c'est pleins de sensibilité et de véracité.

Je suis sûr que cette histoire n'est pas qu'imaginaire, Vrai !

Merci d'écrire sur des sujets qui me parlent tant.
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2009 - 14:11

La fin est un peu rapide, mais j'aime bien la dernière phrase Very Happy
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 22:15

j'adore très touchant super bon rythme. Très bon style. Magnifique.


Micro pinaillage c'est pas Lombago c'est Lumbago.

Il me semble :p
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitimeVen 4 Sep 2009 - 18:42

Ce que je trouve dommage, c'est que tu ne prends pas le temps de t'attarder sur les évènements de ce garçon. Il a pas une vie très heureuse, et ton texte est pourtant rempli d'une certaine émotion, mais on ressent pas assez ce manque de calins par exemple, ou alors les pensées que le garçon a pu avoir nous sont inconnus. Ca nous pousse à nous poser plein de questions, parce qu'on en connait très peu mais en même temps beaucoup, enfin j'sais pas ça m'intrigue. J'pense qu'il manque un petit truc pour rendre ton texte vraiment bien Smile
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MessageSujet: Re: Mémoires d'un enfant.   Mémoires d'un enfant. Icon_minitime

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