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 Kanaela - extrait

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MessageSujet: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeLun 18 Mai 2009 - 14:38

Bonjour, ça fait un petit moment que je n'avais pas écris en dehors du cadre d'un concours ou d'un défi quelconque. Aujourd'hui, je reprends un récit que j'avais entamé il y a longtemps.

J'aimerais que vous me donniez votre avis sur l'extrait suivant :

Citation :
Au cours des cinquante dernières années, Yethel avait déjà vu bon nombre de cadavres. Des pêcheurs infortunés, pour la plupart, que la marée avait ramené à terre au milieu des restes de leurs barques après que la mer les eu impitoyablement brisée au cours de l'une des ses redoutables tempête. En quelques rares occasions, il était arrivé au patrouilleur de découvrir les équipages entiers de chalutiers, gabares ou autre embarcation de pêcheurs. Ballotés par les vagues, roulants sur les galets comme des pantins désarticulés, les corps sans vie de ces malheureux marins semblaient alors chercher à ramper vers la coque éventrée de leur navire comme s'ils voulaient à tout prix reprendre leur travail. A une ou deux occasions, le vieil homme avait fait la sinistre rencontre de quelques dizaine de noyés - hommes, femmes et enfants - déposés impassiblement sur la grève. Riches voyageurs abandonnés par leur bonne fortune et rendus à l'état de pitoyables dépouilles, leurs jolies dentelles se fondant à l'écume comme pour conférer une ultime touche de noblesse à leur linceul improvisé. Mais c'était la première fois que l'homme se retrouvait face à un tel nombre de morts !

Interloqué, Yethel s'était immobilisé, livide. Suspendant inconsciemment son souffle, il parcouru du regard l'étendue de galet, tentant d'estimer le nombre de cadavres. Mais, alors que sa raison tentait de lui donner un chiffre, son esprit lui criait simplement qu'il y en avait trop, beaucoup trop. Car, pour couvrir si complètement la petite plage, ils devaient être près de trois cent. Peut-être plus. Reportant son attention sur la carcasse brisée du navire qui gisait à l'extrémité sud-ouest de la plage, Yethel hocha pensivement la tête. La présence d'un gaillard d'avant, d'une dunette et d'un entrepont cataloguait clairement le navire dans la catégorie des transporteurs. Et il suffisait d'accorder un coup d'œil aux lambeaux qui tenaient lieu de vêtements à ses passagers pour comprendre quelle était la nature de la cargaison.
Soupirant tristement, Yethel secoua sombrement la tête. Le commerce des esclaves avait été aboli depuis longtemps en Gelith, en même temps que l'esclavagisme. Mais les royaumes voisins de Quavu, Kavee et Camivu n'avait toujours pas abandonné cette pratique. Ce qui faisait des navires aux cales remplies d'esclaves continuaient régulièrement de longer les côtes. Aethirin, leur bien aimé roi avait bien tenté de prendre quelques mesures coercitives pour inciter ses pairs à changer de point de vue. Mais ni le boycott commercial, ni l'arrêt des relations diplomatiques n'avaient eu d'autre résultat que d'amener les trois royaumes à s'allier pour former une coalition militaire. Ainsi placé sous la menace d'une invasion, le souverain n'avait eu d'autre choix que de revenir à des relations commerciales et diplomatiques normale.
Yethel s'était désolé de cette décision. A l'époque il était un jeune lieutenant fringuant et vigoureux et il aurait été prêt à se battre farouchement pour défendre les principes pronés par son souverain. Et il savait ne pas être le seul ; loin de là. Mais son roi, conscient d'être en infériorité numérique et tactique, avait choisit de protéger son peuple, plutôt que de le plonger dans une guerre que son royaume ne pouvait pas gagner quel que soit le dévouement et la hargne de ses soldats.

Une nouvelle fois, Yethel laissa son regard errer sur la masse de cadavre qui s'étalait devant lui. Il sentit sa gorge se serrer tandis que la rage envahissait peu à peu son être. Outre le fait qu'il était parfaitement scandalisé de voir le nombre de pauvres gens que d'autres avaient réduit à l'état de simple marchandise, il avait conscience que même avec l'aide des villageois, il ne pourrait pas donner à tous une sépulture décente. Il lui faudrait ordonner l'excavation d'une fosse commune. Il aurait véritablement aimé épargner à toutes ces pauvres personnes cet ultime déshonneur. Mais le nombre de dépouilles était bien trop important. Creuser des tombes pour chacun d'entre eux serait impossible. Pas si on voulait éviter les maladies que tout corps en décomposition ne manquait jamais de générer. Soupirant, Yethel se consola en se disant qu'il ferait jeter les corps des officiers dans la même fosse commune que les esclaves. Puis, les épaules basses, il se retourna et se mit en marche en direction du village.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeLun 18 Mai 2009 - 14:59

la mer les eu" les eut
ses redoutables tempête" tempêtes
de découvrir les équipages entiers de chalutiers," j'aime mieux des équipages.
de chalutiers, gabares ou autre embarcation de pêcheurs." puisque tout est au pluriel ne mettrais-tu pas autres embarcations?
il parcouru du regard l'étendue de galet" parcourut
trois cent." cents, pas sûre mais vérifie.
Ce qui faisait des navires aux cales remplies d'esclaves continuaient régulièrement de longer les côtes." je trouve cette phrase bancale
à changer de point de vue. Mais" je ne comprends pas cette rupture.
des relations commerciales et diplomatiques normale" normales
A l'époque il était un jeune" A l'époque, il était un jeune. Je propose de supprimer il était.
les principes pronés par son souverain. Et il savait ne pas" je propose
les principes prônés par son souverain ; et il savait ne pas..., loin de là.
avait choisit de protéger " avait choisi
la masse de cadavre" pas de s à cadavre?

C'est un début tout à fait prometteur. J'attends la suite.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeLun 18 Mai 2009 - 16:40

evahe a écrit:

de découvrir les équipages entiers de chalutiers," j'aime mieux des équipages.
oki. je note. en attendant d'autres avis.
Citation :

de chalutiers, gabares ou autre embarcation de pêcheurs." puisque tout est au pluriel ne mettrais-tu pas autres embarcations?
j'avoue m'être longuement posé la question sans trouver de vraie réponse.

Citation :
Ce qui faisait des navires aux cales remplies d'esclaves continuaient régulièrement de longer les côtes." je trouve cette phrase bancale
Normal, il manque un mot : "que". Il faut donc lire : "ce qui faisait QUE des navires aux cales remplies d'esclaves continuaient...."

Citation :
à changer de point de vue. Mais" je ne comprends pas cette rupture.
en résumant, peut-être qu'elle t'apparaitra. Je dis ceci : le roi avait essayé une méthode (explication), mais (je donne une précision sur la méthode) ça n'avait pas marché. Je mets un point pour séparer les deux parties pour éviter d'avoir une phrase trop longue.

Citation :
A l'époque il était un jeune" A l'époque, il était un jeune. Je propose de supprimer il était.
Modification intéressante.. je l'essaye... je me relis... ah vi, ça va mieux en effet !

Citation :
les principes pronés par son souverain. Et il savait ne pas" je propose
les principes prônés par son souverain ; et il savait ne pas..., loin de là.
le point virgule me semble bien aussi à la réflexion.




Citation :
C'est un début tout à fait prometteur. J'attends la suite.

Merci de m'avoir lu et d'avoir attiré mon attention sur des fautes toutes bêtes.

Very Happy
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeLun 18 Mai 2009 - 19:45

la suite ...

Citation :
Las, peu désireux d'aller déranger de braves gens pour leur imposer une si triste besogne, mais néanmoins parfaitement conscient qu'il n'avait pas le choix, il parcouru les quelques lieues qui le séparait de la petite bourgade aussi rapidement que ses vieilles jambes le lui permettait. A cette heure matinale - l'aube s'était levée depuis seulement une petite heure - il ne fut pas surpris de ne trouver qu'une petite poignée de pêcheur regroupé sur le quai. La marée était encore basse, mais en attendant que la mer vienne à nouveau s'engouffrer dans le port, les hommes s'étaient installés autours de leurs filets afin d'en vérifier l'état. L'un d'eux chantait de sa voix grave une vieille chanson de marins. Entendant des pas s'approcher, ce dernier leva les yeux un instant et sourit au nouvel arrivant.
- hey ! Tu as déjà fini ta ronde? questionna-t-il.
Guère plus jeune que Yethel, le pêcheur connaissais le patrouilleur depuis assez longtemps pour se passer des salutations d'usage.
- Pas encore, Gliret, répondit Yethel. Mais quoi que je puisse découvrir au delà de la plage aux galets, cela pourra attendre.
Le pêcheur demanda alors gravement :
- Un navire échoué?
Yethel opina de la tête :
- j'en ai peur oui.
Fronçant les sourcils, son interlocuteur ajouta, dubitatif :
- c'est étrange, l'orage de cette nuit n'était pourtant pas si violent.
Les autres pêcheurs, qui avaient relevé la tête à leur tour et s'étaient tournés pour mieux voir Yethel, adhérèrent à l'objection en hochant de la tête.
- Il était très probablement trop chargé.
Secouant la tête en signe de désapprobation, les hommes retournèrent à leur tâche.
- Voilà où mène l'avarice, déclara l'un d'eux.
- ouais ! les marchands d'aujourd'hui, ils cherchent que le profit. Et ils finissent par négliger les plus petites notions de prudence...
En silence, les autres hochèrent de la tête pour confirmer qu'ils étaient d'accord avec cette sentence. Les yeux dans le vague, Yethel soupira.
- c'était quoi qu'y avait dans les cales? demanda un pêcheur.
- Lymphe ? supputa un autre avec entrain.
Comme ses collègues et amis, il devait être attristé à l'idée que des marins avaient péris. Mais à l'instar des autres, il savait que c'était l'un des risques du métier. C'est pourquoi, bien qu'il déplora les pertes humaines, il avait choisi de se concentrer sur ce qu'il pouvait y avoir de positif dans la situation. Or, que pourrait-il arriver de mieux, à ses yeux de marin, que de pouvoir récupérer au fond des cales un peu de bon alcool?
- non, pas de Lymphe, répondit Yethel d'une voix grave. Des êtres humains.
Cette fois les pêcheurs interrompirent leur travail. Stupéfaits, ils relevèrent les yeux sur Yethel avec dans le regard un éclat d'incrédulité. Avisant alors la mine sombre de leur interlocuteur, ils comprirent que le vieil homme était malheureusement sérieux. Ils jurèrent et l'un d'eux cracha.
- beaucoup? demanda Gliret.
- trop, répondit Yethel. Beaucoup trop. Il faudra creuser une fosse commune.
- c'est à ce point? s'étonna l'un des pêcheur.
Yethel l'observa un instant. Il l'avait déjà rencontré à la taverne à une ou deux reprises. Il était entré dans le métier quelques mois auparavant, sous la surveillance de son père dont il portait le prénom. C'est pour cette raison que tout le monde avait prit l'habitude de l'appeler Junior. Il n'aimait pas vraiment ça, mais il avait eu la sagesse de laisser faire, préférant mettre sa taille et sa forte carrure au service de la petite pêcherie familiale. C'était un garçon travailleur et discret, mais manifestement encore très naïf.
- Ils peuvent embarquer jusqu'à cinq ou six cent esclaves dans leurs cales, expliqua alors le patrouilleur.
Atterré, le jeune homme ouvrit de grands yeux.
- ils doivent avoir des bateaux énormes ! s'exclama-t-il.
- même pas, le détrompa Gliret.
- mais.. comment..? commença à demander le jeune homme, mais Yethel l'interrompit :
- Junior ! l'interpella-t-il. Je serais ravi de t'expliquer ce qu'implique l'esclavagisme en terme de barbarie et pourquoi notre bon roi a prit la décision de proscrire cette pratique de notre royaume. Mais l'heure n'est pas aux explications. Au moment où nous parlons plusieurs centaines de cadavres jonchent la plage aux galets. Et si nous ne nous dépêchons pas, nous n'aurons pas le temps de les en retirer avant que la mer ne remonte.
- plusieurs centaines... répéta bêtement l'adolescent.
Mais ses aînés ne l'écoutaient plus. Posément, ils discutaient de la meilleure façon de s'organiser pour achever le plus vite et le plus efficacement possible la pénible corvée qui les attendait. Rapidement, ils se mirent d'accord sur le fait que la première urgence consistait à mettre les corps hors de portée de la mer. Car laisser la marée récupérer les cadavres n'était pas une solution. Si nombreux, ils dépasseraient largement la capacité d'assainissement naturel du littoral et les cadavres reviendraient irrémédiablement dans un état plus lamentable encore et certainement plus nocifs également. Il fut donc décidé de réveiller tous les hommes du village et de tous les mettre rapidement à contribution à l'exception des plus âgés, à la santé fragile et des plus jeunes, trop impressionnables.
Malgré ses protestations, le jeune Junior fut catalogué dans cette dernière catégorie et il se vit chargé d'une mission qui devrait lui épargner d'approcher la plage :
- tu prendras le meilleur cheval du village, lui expliqua Yethel et tu iras le plus vite possible jusqu'au bourg. Trouves le bourgmestre et explique lui la situation. Il donnera alors des ordres qui devraient, en outre, te donner accès à une grosse quantité de chaux vive qu'il te faudra rapporter ici le plus vite possible.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeLun 18 Mai 2009 - 21:02

il parcouru" parcourut
ses vieilles jambes le lui permettait." permettaient
petite poignée de pêcheur regroupé ' pécheurs regroupés
le pêcheur connaissais" connaissait
des marins avaient péris" péri
s'étonna l'un des pêcheur. " pêcheurs
le monde avait prit" pris
cinq ou six cent esclaves" cents
notre bon roi a prit " a pris
dans un état plus lamentable encore et certainement plus nocifs" nocif ( si tu parles de l'état)
d'une mission qui devrait lui épargner" qui devait
Trouves le bourgmestre" trouve
Ca avance gentiment. A suivre Wink
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMar 19 Mai 2009 - 10:37

merci beaucoup Evahé pour ta si bonne relecture.

Pour le "nocifs", je parle des cadavres.

pour "la mission qui devrait,", j'ai choisit le conditionnel volontairement, car ils espèrent qu'en lui confiant cette mission, le jeune homme n'aura pas à approcher des cadavres, mais rien n'est sûr.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMar 19 Mai 2009 - 11:23

Pour le "nocifs", je parle des cadavres. "
Dans ce cas tu dois changer ta phrase
les cadavres reviendraient irrémédiablement plus nocifs et dans un état plus lamentable encore. Un cadavre nocif n'a pas beaucoup de sens selon moi mais libre à toi.
Le conditionnel dans le passé qui aurait dû. Pour une question de concordance de temps ton conditionnel ne fonctionne pas.


Dernière édition par evahe le Mar 19 Mai 2009 - 12:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMar 19 Mai 2009 - 12:01

oki, merci encore.
La suite, dès que j'ai le temps de l'écrire. :p
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMar 19 Mai 2009 - 20:25

Ba j'ai lu, c'est simpathique, mais j'en ai pas vu assez pour lacher une vraie critique
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Morrigan
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMar 19 Mai 2009 - 20:29

Bon,je n'ai pas repéré d'autres fautes que celles qu'evahe t'a déjà signalées.

C'est un bon petit texte pour l'instant Smile j'aime beaucoup cette ambiance tranquille (enfin, c'est relatif bien sûr ^^) et les personnages que tu mets en place.

C'est très plaisant à lire. Je continuerai avec plaisir quand tu auras écrit la suite Wink
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMer 10 Juin 2009 - 20:36

la suite donc.

Citation :
Pour récupérer le maximum de cadavres avant que la mer ne vienne les revendiquer, les villageois n’avaient pas ménagé leurs efforts. Et alors que l’écume commençait à lécher le pied du belvédère qui surplombait la plage aux galets des centaines de corps inanimés s’alignaient déjà devant l’autel improvisé que le prêtre avait fait ériger dans l’urgence. L’ovate, suivit de trois acolytes, passait d’un corps à l’autre afin de leur apporter à chacun l’ultime salut auquel il avait droit. Un peu plus loin, des charrettes de toute taille avaient été parquées à la va vite. Dès que la fosse commune serait prête, les corps y seraient déposés afin d’être amenés – enfin ! – vers leur ultime lieu de repos.
Tandis qu’il déposait un énième corps, Yethel se surprit à songer que l’alignement des corps ressemblait étrangement à l’un de ces dortoirs de campagne dans lesquels il avait passé de si nombreuses nuits lors de son service au sein de l’armée royale et que, n’eut été la présence d’un encensoir dans sa main gauche et d’un goupillon dans celle de droite, l’officiant aurait tout aussi bien pu être un stratège faisant l’inventaire de ses troupes. Mais voilà, les corps qui s’alignaient en rangs ordonnés étaient dépourvus de vie et l’homme qui se penchait sur eux ne prodiguait ni conseils ni encouragements ; mais murmurait inlassablement une prière qui, à force d’être répétée, prenait des airs de litanie dépourvue de sens.

Saisit d’une nouvelle bouffée nauséeuse, Yethel se détourna de la chapelle ardente. Il fit quelques pas en direction de la plage en tentant de son convaincre qu’il lui restait assez de force pour un aller et retour supplémentaire, mais ses muscles endoloris, par les efforts inhabituels qu’ils avaient déjà fournis, renâclèrent à la tâche. Il insista, tentant d’ignorer ses courbatures, mais une soudaine crampe dans le mollet gauche lui arracha un cri. Forcé de s’immobiliser, Yethel s’efforça de prendre appui sur sa jambe douloureuse dans l’espoir de contraindre son jumeau à se détendre. Il n’y parvint que partiellement et c’est donc en boitant qu’il se résigna à aller prendre un peu de repos.
Lorsqu’Alina le vit claudiquer en direction du buffet qui avait été dressé par les femmes à quelques centaines de mètre de la dune mortuaire, elle se précipita à sa rencontre. Alina était une belle jeune femme. Ses cheveux blonds naturellement ondulés n’avaient d’égaux en douceur que son bienveillant regard et son éternel sourire. Pieuse, distinguée et intelligente, elle faisait la fierté de ses parents et tournait – bien involontairement – la tête de tous les hommes en âge d’être mariés. Et pas seulement ceux-là, s’il l’on se référait aux rumeurs. D’ailleurs Yethel devait avouer que lui-même, s’il avait eu une trentaine d’année de moins, n’aurait pas été le dernier à lui faire sa cour. C’est pourquoi le simple fait de la voir s’approcher de lui avec tant d’empressement, fut un soulagement en lui-même. Et, malgré son masque de lassitude, il parvint à sourire lorsqu’elle lui prit le bras pour qu’il y prenne appui.
Comprenant instinctivement combien le vieil homme était fatigué, tant physiquement que moralement, elle choisit de soutenir le patrouilleur en silence, comptant sur sa simple présence compatissante pour apporter un peu d’apaisement à son âme. Arrivés auprès d’un banc, elle le pria de s’asseoir. Puis elle s’éloigna vivement pour aller lui servir un bon bol de soupe. Tandis que Yethel s’autorisait un bref regard sur la démarche chaloupée de la demoiselle, un cri retenti. Un silence sépulcral s’ensuivit, bientôt brisé par un hurlement de terreur pure. Oubliant son mollet toujours douloureux, Yethel se releva. Pressant le pas autant qu’il le pouvait, il entreprit de refaire en sens inverse le chemin qu’il venait si péniblement de parcourir.
Au dessus de lui, tout en haut de la dune, les villageois avaient interrompu leur sinistre besogne pour se regrouper autour d’un jeune homme qui tentait d’expliquer la cause de son épouvante. Encore trop loin pour les entendre, Yethel pu néanmoins voir les épaules des hommes se raidir d’angoisse. La nouvelle, quelle qu’elle soit semblait véritablement effroyable et, curieux d’en apprendre enfin la teneur, Yethel tenta vainement d’accélérer son pas. C’est donc toujours de loin qu’il vit le prêtre accourir pour rejoindre l’attroupement. Il le vit également tenter de calmer la petite foule avant de se diriger d’un pas décidé vers la carcasse éventrée du navire. L’homme, que ses acolytes suivaient d’un pas mal assuré, était à mi chemin de sa destination lorsque Yethel parvint enfin à portée de voix. Il héla les villageois, demandant des explications. Ce fut Gliret, son ami le pêcheur, qui lui répondit :
- Cadel en a vu un bouger.
Son ton était calme mais sa voix avait trahit sa nervosité.
Yethel comprenait parfaitement pourquoi.
Habituellement, le phénomène demandait plus de temps, mais qui savait depuis quand le corps gisait à fond de cale en attente d’une sépulture ? Car ce n’était un secret pour personne que les esclaves ne parvenaient pas tous vivants à leur port de destination. Les conditions dans lesquelles ils effectuaient la traversée ne le permettaient pas. Comme tous les autres, Yethel attendit donc dans une angoisse croissante que le prêtre ressorte du navire. Comme tous les autres, il sursauta lorsqu’un homme ressortit finalement par le trou béant de la coque en criant et gesticulant comme un sémaphore. Et, comme tous les autres, il lui fallut quelques secondes pour que le sens des mots que l’homme criait à tue-tête ne parvienne à pénétrer son cerveau englué de peurs.
- Elle est en vie, hurlait-il à pleins poumons. Elle est en vie !
Profondément soulagés, les villageois se remirent alors en mouvement. Emplis d’une motivation renouvelée par l’effroi qui leur avait tenaillé les entrailles quelques instants auparavant, les hommes se remirent vivement à arracher à la mer les corps encore inanimés des victimes du naufrage. Se sachant incapable de se joindre à leurs efforts, Yethel prit la décision de se rendre utile d’une manière différente. Revenant une nouvelle fois sur ses pas, il revint vers les femmes pour leur annoncer la nouvelle.
Parilas, la doyenne du village, réagit aussitôt, donnant des ordres aussi brefs que précis aux autres jeunes villageoises. Et c’est alors à un véritable branle-bas de combat que Yethel pu assister. Organisées et précises, un premier groupe de femmes déblaya rapidement une table pour en faire, en quelques instants, une sorte de brancard, tandis qu’un second groupe se mettait à découper une nappe en large lanières qui, une fois bouillies, feraient d’assez acceptables bandages. Des jeunes adolescents, qui jusqu’alors étaient chargés de l’excavation de la fosse commune, furent dépêchés en brancardiers et chargés d’aller récupérer promptement la rescapée. Lorsque ces derniers revinrent, leur brancard improvisé lesté d’un corps largement dénudé, et suivit par l’ensemble des hommes, Yethel découvrit avec stupeur qu’il s’agissait d’une petite fille. Âgée de six ou sept ans tout au plus, elle semblait si frêle que Yethel ne songea plus à elle comme à une simple survivante, mais comme à une véritable miraculée. Et visiblement, il n’était pas le seul à penser ainsi.
Le problème, c’était que dans les regards, les gestes et les murmures, on pouvait clairement percevoir de la crainte. Il y avait bien longtemps que personne dans le pays n’en avait fait directement l’expérience, mais il était notoire que les miracles étaient l’affaire des dieux. Les bons, comme les mauvais. Dans la première éventualité, la présence de l’enfant serait perçue comme une bénédiction, mais dans le cas contraire…
Yethel soupira. Il savait que les villageois, aussi généreux soient-ils, ne prendraient pas le risque d’accueillir en leur sein une engeance démoniaque. Et l’apparente fragilité de la gamine ne changerait en rien leur point de vue. Avant qu’elle n’ait le temps de soulever seulement ne paupière, la pauvre enfant avait malheureusement toutes les chances de se voir lapider sur place. Par bonheur cependant, le prêtre avait du parvenir aux mêmes conclusions puisque, négligeant un peu plus longtemps ses obligations envers les morts, il avait choisit d’accompagner la petite procession.
D’une voix autoritaire, il ordonna qu’on dépose le brancard sur des tréteaux. Puis, il examina longuement l’enfant avec autant de soin que de délicatesse. Finalement, il se redressa pour annoncer avec assurance que le corps ne portait aucune marque démoniaque et que par conséquence si intervention divine il y avait bien eu, elle ne pouvait avoir été l’œuvre que d’une déité bienveillante. Yethel avait vécu assez longtemps et vu assez de chose pour savoir pertinemment que nulle marque ne pouvait différencier les protégés des dieux sombres du commun des mortels. Mais l’affirmation du prêtre semblait avoir rassuré l’assistance. Aussi Yethel conserva-t-il le silence.
Il prit sur lui d’intervenir, cependant lorsqu’une deuxième survivante fut sortie de l’épave quelques minutes plus tard. Il s’agissait d’une femme adulte cette fois et, avisant la chevelure blanche de cette dernière, Yethel cru que la méfiance dont étaient empreints tous les gestes de ses sauveurs venait du fait qu’il devait être impossible à leurs yeux qu’une vieille femme survive non seulement à une traversée dans la cale d’un négrier mais aussi à son naufrage. Pour eux, ce devait être même plus improbable que la survie de la fillette. Et Yethel s’attendait à ce que le prêtre se voit obligé de jouer la même comédie que précédemment. Mais même l’ovate fut saisit de stupeur lorsqu’il s’approcha de la rescapée.
Intriguée, Yethel se rapprocha. Hoquetant de surprise, le vieil homme du se faire violence pour ne pas céder lui-même à la panique. La femme qui gisait devant lui ne devait pas être plus âgée que la belle Alina. En outre, elle avait l’apparence de ces femmes venues des îles de l’ouest et que nul n’avait jamais vu que dotée de longues chevelure noires de jais. Avec une « marque » si visible, comment le prêtre parviendrait-il à convaincre ses ouailles qu’ils n’étaient pas face à un démon ? La seule chance qui restait à l’ecclésiastique d’éviter un lynchage public était de se raccrocher à la couleur même de l’inhabituelle chevelure de la femme. Et, au grand soulagement de Yethel, c’est ce que le prêtre fit. Adoptant une attitude qui témoignait tout à la fois de son humilité et de son obédience, l’ovate s’agenouilla devant la survivante et entama une prière. Il n’utilisa pas le langage secret de ses pairs cependant. Il choisit plutôt, très intelligemment, de s’exprimer en bon Gelithien afin que tout le monde soit à même de le comprendre.
« Ô Morgid ! Divine Protectrice. Je vous remercie d’avoir daigné poser votre regard sur ces deux créatures. C’est un honneur que vous faites à l’humanité toute entière que d’avoir bien voulu accorder votre divine protection à cette femme et cette enfant que des impies avaient fait esclaves. Il ne fait nul doute que votre main compatissante s’est posée sur la tête de ces infortunées, la chevelure de cette femme rendue par votre contact aussi blanche et pure que la ramure d’une colombe ou les pétales d’un lys en est un étincelant témoignage. »


je crains particulièrement les fautes dans les concordances des temps. N'hésitez pas à pointer le moindre soucis dans ce domaine, si vous en repérez, merci.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMer 10 Juin 2009 - 20:37

et la suite de la suite.

Citation :

Il fit une courte pause, observant un instant les villageois rassemblés autours de lui. Puis, il les invita à s’agenouiller à leur tour. Lorsque ce fut fait, il reprit sa prière :
« Nous reconnaissons avec piété et humilité l’honneur que vous faites à notre village en confiant la vie de ces deux créatures à nos bons soins. Sachez que nous saurons nous en montrer dignes. »
Le front incliné, il laissa ses paroles planer dans le silence un moment. Enfin, il se releva et, se tournant vers Parilas, il lui demanda de prendre les choses en main et de tout mettre en œuvre afin que la fillette et la femme – bénies des Dieux – soient traitées avec le respect et la déférence qui étaient dus aux protégés des Dieux. La doyenne acquiesça d’un hochement de tête. Mais personne n’était dupe. La prière n’avait pas convaincu grand monde. Mais, puisqu’on ne pouvait contredire un représentant des dieux impunément, personne n’osa s’opposer à la décision du prêtre. Malgré tout, la femme et l’enfant n’allaient bénéficier que d’un sursis, car, tôt ou tard, les doutes nourrissant les craintes ancestrales, les fidèles finiraient par se laisser submerger par leurs peurs et la compassion cèderait immanquablement sa place à la couardise. Dès lors, les deux miraculées n’auraient d’autre choix pour sauver leur vie que de quitter le village. Le plus dur désormais serait donc de parvenir à leur accorder assez de temps pour qu’elles récupèrent suffisamment de forces et être capable de prendre la route en toute sécurité.
Le soucis, c’est que, à voir la façon dont les villageois, hommes et femmes, s’étaient détourné des deux rescapées avant même que Parilas n’ai eu le temps de désigner des volontaires, il était évident que ce laps de temps serait court ; très court. Aussi, afin d’augmenter les chances des deux naufragée d’obtenir une vraie convalescence, Yethel se proposa-t-il pour veiller sur leur rémission. Parilas accepta son offre sans discuter et donna des ordres pour que la femme et la fillette soient transportées jusque dans la petite masure du vieil homme.

Ainsi chargé de la surveillance des deux miraculées, Yethel fut logiquement dispensé de participer à la mise en terre des autres naufragés. Ce qui, il devait se l’avouer, n’était pas fait pour lui déplaire. Cependant, pour manifester sa sympathie pour tous ces morts, ainsi que pour tous ceux qui avait sacrifié leur journée pour leur offrir une sépulture, il alluma une bougie qu’il plaça sur le rebord de sa fenêtre. Tard dans l’après midi, le jeune Junior vint lui dire que l’enterrement était terminé. Il lui fit part également de la façon dont les hommes avaient décidé de s’organiser afin de patrouiller le long des côtes durant les trois prochaines nuits. Puis, à la grande surprise de Yethel, le jeune homme lui demanda s’il pouvait s’attarder un peu. Lorsque le vieil homme lui demanda s’il n’avait pas peur, Junior haussa simplement les épaules et lui répondit d’un ton débonnaire :
« - je mentirai en disant que j’ai cru le prête, avoua-t-il tout d’abord. Mais je ne crois pas non plus qu’il s’agisse d’un démon.
- la trouverais tu trop jolie pour cela ? s’enquit Yethel.
- non, répondit son interlocuteur en souriant. Enfin, je ne veux pas dire qu’elle n’est pas belle. Au contraire. Mais, mon grand-père m’a dit que les démons ne portaient jamais de marque si flagrantes. Que si c’était le cas, ils seraient trop facile de les reconnaître et qu’ils étaient trop malin pour se laisser avoir ainsi.
- Alors d’où crois-tu que lui vienne ces cheveux blancs ? interrogea Yethel surprit de découvrir dans son vis-à-vis autant de sagesse.
- je n’en sais fichtre rien ! répondit ce dernier. On dit que parfois, des gens naissent avec des défauts dans leurs corps. Mon grand-père a connu un homme avec un bec de lièvre, et une femme qui avait six doigts à la main droite. Et ce n’étaient ni des démons, ni des envoyés divins. Peut-être est-ce ainsi pour cette femme aussi. Peut-être a-t-elle des cheveux sans couleurs à cause d’un défaut dans son corps.
- voilà qui est bien raisonné, acquiesça Yethel avant de lui demander pour quelle raison il souhaitait rester en sa compagnie.
Le jeune homme lui avoua alors avoir été bouleversé par ce qu’il avait vu. Car, malgré leurs efforts pour prendre la marée de vitesse, les hommes avaient du faire appel aux jeunes pour les aider à dégager à temps les corps coincés dans le navire, et il avait fait partie des désignés volontaires. Or, plus que le fait de devoir déplacer des noyés, c’était leur nombre qui l’avait révulsé. Profondément indigné, il était venu voir son aîné dans l’espoir d’en apprendre davantage sur ces infâmes navires. Ravi de se voir donner l’occasion de transmettre son savoir, Yethel se mit donc à parler. Il fut d’abord question des négriers, évidemment. Mais rapidement, le vieil homme se mit à parler également de sa vie de militaire et de tout ce qu’il avait pu voir lors des différentes campagnes auxquelles il avait eu l’honneur de participer, mais aussi – et surtout – de survivre ! Il évita la politique autant qu’il le pu cependant, car c’était un domaine que, selon ses propres propos, il ne maitrisait pas et qu’il laissait bien volontiers aux têtes pensantes du pays et à son roi. Roi dont il était fier et pour lequel il était toujours prêt à donner sa vie.
La nuit était déjà fort avancée lorsque les deux hommes entendirent du mouvement dans la chambre où les deux rescapées avaient été installées. Yethel se leva et, doucement, entrouvrit la porte. Dans le lit, la femme s’était redressée sur un coude et, d’une main encore faible, caressait les cheveux de la petite fille. Sentant le regard de Yethel posé sur elle, elle leva les yeux et planta son regard dans celui de son observateur. Celui-ci sourit aimablement et s’enquit de son état :
- vous sentez vous mieux, ma dame ? demanda-t-il.
Mais, pour toute réponse, elle fronça les sourcils d’un air perplexe.
Yethel retint un soupir. Elle ne semblait pas l’avoir compris. Sans doute parlait-elle une autre langue, celle des îles de l’ouest peut-être. Ce qui ne changerait pas grand-chose au problème, de toute façon, vu que Yethel n’avait jamais appris, en dehors de sa langue natale, que quelques mots issus des langues frontalières. Des mots qui, de plus, ne s’employaient pas avec des dames de qualité. Bref, la communication n’allait pas être facile.
Conscient que ses mots n’allaient sans doute pas être davantage comprit que les précédents, il avertit néanmoins la femme de ce qu’il allait faire avant de retourner dans la pièce principale pour aller remplir un bol de soupe. Lorsqu’il revint dans la chambre, la fillette s’agitait comme si son esprit s’était perdu dans les méandres d’un cauchemar dont elle ne parvenait plus à sortir. Penchée sur elle, la jeune femme lui susurrait des paroles rassurantes dans une langue que Yethel ne parvint pas à identifier. Doucement, afin de ne pas alarmer son hôte, Yethel s’avança dans la pièce. La lueur de la bougie qu’il brandissait devant lui dévoilant à chaque nouveau pas un peu plus de la beauté de la femme aux étranges cheveux blancs. Sans interrompre sa paisible litanie, cette dernière plongea une nouvelle fois son regard dans celui de son bienfaiteur. Elle sourit franchement lorsqu’elle vit le bol de soupe.
- Vous sentez vous assez forte pour manger seul ? demanda-t-il.
Mais, comme il s’y attendait, elle ne comprit pas sa question. Aussi opta-t-il pour un langage plus universel : celui des gesticulations. Il commença donc par poser la bougie sur la table de chevet, ensuite, saisissant la cuillère il fit mine de la lui porter à la bouche. Puis, aussitôt après, il lui tendit bol et cuillère pour lui laisser le choix de se nourrir elle-même. Hochant la tête pour signifier qu’elle avait comprit, elle tendit une main devant elle pour demander à Yethel d’attendre un moment. Ce qu’il fit patiemment tandis qu’elle s’asseyait dans le lit. Ce fut manifestement pénible, mais pas une plainte ne traversa les lèvres de la frêle jeune femme. Et c’est avec un sourire qu’elle tendit les mains pour que Yethel puisse y déposer le bol.
Les mains tremblantes, elle manqua renverser sa soupe une petite dizaine de fois, mais elle parvint cependant à l’avaler dans sa totalité sans l’aide de quiconque. Lorsqu’elle eut finit de manger, elle rendit le bol vide à Yethel et fit un signe de tête négatif lorsqu’il fut parvenu à lui faire comprendre qu’elle pouvait en avoir d’avantage. Posant ses mains contre sa joue, elle ferma les yeux un moment pour exprimer son besoin de dormir encore un peu. Yethel opina du chef en souriant avec compassion et recula. Avant de franchir le seuil de la porte, il jeta un dernier coup d’œil à son invitée qui s’était installé de façon à ce que la petite fille se retrouve tout contre elle.
Tandis qu’il tirait la porte pour la refermer, il entendit un chant – une berceuse – s’élever doucement dans la pénombre. La femme et l’enfant étaient si dissemblables physiquement, qu’il était improbable que l’une soit la mère de l’autre et pourtant, la jeune femme se comportait exactement comme si l’enfant avait été sa fille. Cela intrigua le vieil homme, mais il se dit que l’esclavage devait tisser des liens particulièrement forts et qu’il devait être tout naturel, pour une femme, de prendre sous son aile un enfant malheureux, même s’il n’était pas issu de sa propre chair.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeSam 13 Juin 2009 - 15:23

Je prend bien en retard la lecture de ce texte. Quitte à faire doublon je te donne tout ce que j'ai noté qui pourrait améliorer ce joli texte.
J'ai mis en rouge l'ortho, en bleu les phrases qui commencent par Mais ou Et ( pas élégant) en vert la répétition de avait (il y en à vraiment de trop), en orange les phrases trop longues à mon gout.

Je suis ravi d'avoir lu un si joli texte. Je vais continuersur la suite


"Au cours des cinquante dernières années, Yethel avait déjà vu bon nombre de cadavres. Des pêcheurs infortunés, pour la plupart, que la marée avait ramené à terre au milieu des restes de leurs barques après que la mer les eu(t) impitoyablement brisée au cours de l'une des ses redoutables tempête(s). En quelques rares occasions, il était arrivé au patrouilleur de découvrir les équipages entiers de chalutiers, gabares ou autre(s) embarcation(s) de pêcheurs.( Ballotés(ballottés) par les vagues, roulants sur les galets comme des pantins désarticulés, les corps sans vie de ces malheureux marins semblaient alors chercher à ramper vers la coque éventrée de leur navire comme s'ils voulaient à tout prix reprendre leur travail.)( phrase trop longue) A une ou deux occasions, le vieil homme avait fait la sinistre rencontre de quelques dizaine de noyés - hommes, femmes et enfants - déposés impassiblement sur la grève. Riches voyageurs abandonnés par leur bonne fortune et rendus à l'état de pitoyables dépouilles, leurs jolies dentelles se fondant à l'écume comme pour conférer une ultime touche de noblesse à leur linceul improvisé. Mais c'était la première fois que l'homme se retrouvait face à un tel nombre de morts !

Interloqué, Yethel s'était immobilisé, livide. Suspendant inconsciemment son souffle, il parcouru(t) du regard l'étendue de galet, tentant d'estimer le nombre de cadavres. Mais, alors que sa raison tentait de lui donner un chiffre, son esprit lui criait simplement qu'il y en avait trop, beaucoup trop. Car, pour couvrir si complètement la petite plage, ils devaient être près de trois cent. Peut-être plus. Reportant son attention sur la carcasse brisée du navire qui gisait à l'extrémité sud-ouest de la plage, Yethel hocha pensivement la tête. La présence d'un gaillard d'avant, d'une dunette et d'un entrepont cataloguait clairement le navire dans la catégorie des transporteurs. Et il suffisait d'accorder un coup d'œil aux lambeaux qui tenaient lieu de vêtements à ses passagers pour comprendre quelle était la nature de la cargaison.
Soupirant tristement, Yethel secoua sombrement(cet adjectif ne me parait pas convenir) la tête. Le commerce des esclaves avait été aboli depuis longtemps en Gelith, en même temps que l'esclavagisme. Mais les royaumes voisins de Quavu, Kavee et Camivu n'avait toujours pas abandonné cette pratique. Ce qui faisait des navires aux cales remplies d'esclaves continuaient régulièrement de longer les côtes. Aethirin, leur bien aimé roi avait bien tenté de prendre quelques mesures coercitives pour inciter ses pairs à changer de point de vue. Mais ni le boycott commercial, ni l'arrêt des relations diplomatiques n'avaient eu d'autre résultat que d'amener les trois royaumes à s'allier pour former une coalition militaire. Ainsi placé sous la menace d'une invasion, le souverain n'avait eu d'autre choix que de revenir à des relations commerciales et diplomatiques normale(s).
Yethel s'était désolé de cette décision. A l'époque il était un jeune lieutenant fringuant et vigoureux et il aurait été prêt à se battre farouchement pour défendre les principes pronés(prônés) par son souverain. Et il savait ne pas être le seul ; loin de là.( Mais son roi, conscient d'être en infériorité numérique et tactique, avait choisit de protéger son peuple, plutôt que de le plonger dans une guerre que son royaume ne pouvait pas gagner quel que soit le dévouement et la hargne de ses soldats.)(phrase trop longue)

Une nouvelle fois, Yethel laissa son regard errer sur la masse de cadavre qui s'étalait devant lui. Il sentit sa gorge se serrer tandis que la rage envahissait peu à peu son être. Outre le fait qu'il était parfaitement scandalisé de voir le nombre de pauvres gens que d'autres avaient réduit à l'état de simple marchandise, il avait conscience que même avec l'aide des villageois, il ne pourrait pas donner(,) à tous une sépulture décente. Il lui faudrait ordonner l'excavation d'une fosse commune. Il aurait véritablement aimé épargner à toutes ces pauvres personnes cet ultime déshonneur. Mais le nombre de dépouilles était bien trop important. Creuser des tombes pour chacun d'entre eux serait impossible. Pas si on voulait éviter les maladies que tout corps en décomposition ne manquait jamais de générer. Soupirant, Yethel se consola en se disant qu'il ferait jeter les corps des officiers dans la même fosse commune que les esclaves. Puis, les épaules basses, il se retourna et se mit en marche en direction du village.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeSam 13 Juin 2009 - 17:19

Merci de me donner ton avis, Mike. Mais quelles corrections me conseilles-tu de faire exactement? Comment réécrirais-tu les phrases que tu trouves trop longue? Que mettrais-tu à la place des Mais et Et en début de phrase? Et surtout, avec quoi remplacerais-tu les "avait"?

pour l'adjectif sombrement, je le trouve au contraire très bien choisi (pour rappel, la définition : D'une manière sombre. D'un air triste, avec mélancolie. Méditer, penser, réfléchir, rêver sombrement; regarder sombrement.)
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeSam 13 Juin 2009 - 18:31

Bien sur je peux te faire des propositions si tu le souhaites, mais généralement l'auteur qui a une vision plus juste du texte fait mieux qu'un correcteur que je ne suis pas.

La première phrase tu peux la couper par un point ou point virgule après désarticulés.

Le premier avait tu le gardes. le deuxième "avait ramené" tu le remplaces par l'action "ramenait"

Le Mais à la fin de ce paragraphe, tu l'enlèves tout simplement.

Regarde tous les Mais et ET tu peux pratiquement les enlever sans changer le sens de ta phrase.

L'adjectif sombrement associé à secouer ne me semble pas terrible, associé à la tête là ok.

C'est vrai Kalistha que ma correction peut paraitre bizarre quand on sait comment j'écrivais il n'y a que peu de mois.
Tu en prends et tu en laisses c'est juste ce que je pense.

Comment va ton petit chérubin ? et toi comment vas-tu ?
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeDim 14 Juin 2009 - 16:49

je ne peux pas couper ma première longue phrase en deux au niveau où tu le suggère. Car sinon, on se retrouverait avec une phrase sans verbe.

pour le avait ramené, je me doit de garder le plus que parfait qui situe l'action dans le passé et montre clairement que l'action est achevée. Ce qui ne serait pas le cas avec l'imparfait. En outre, le plus que parfait s'impose pour marquer l'antériorité de l'évènement par rapport à la découverte des corps. (concordance des temps)

pour les mais et les et, j'ai relu mon texte en essayant de les enlever, mais vraiment, je trouve que mon texte en souffre.

Bref, je crains de ne pas retenir un grand nombre de tes suggestions. Ne crois pas cependant que ton intervention aura été inutile, car elle m'a permis de réfléchir à mon style et pointer du doigt certaines tournures de phrase qui pourraient poser des problèmes.



sinon, mes chérubins se portent bien. Smile
Quant à moi, bien que mes grasses mat' me manquent parfois, je me porte bien aussi. Smile
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeDim 14 Juin 2009 - 17:18

Les lecteurs proposent, les auteurs disposent. C'est toi qui "sent" si cela va ou pas. Perso je trouve toujours pas très belle une phrase qui commence par Mais ou ET, question de point de vue.
Les répétitions identique : 5 avait sur 7 lignes me parait beaucoup.
Enfin c'est toi la "maman" c'est toi qui décide.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeDim 14 Juin 2009 - 17:37

Pour le deuxième passage je n'ai pas fait la correction mais t'ai mis en exergue par des couleurs les répétitions de mots.

A toi de voir.

Pour récupérer le maximum de cadavres avant que la mer ne vienne les revendiquer, les villageois n’avaient pas ménagé leurs efforts. Et alors que l’écume commençait à lécher le pied du belvédère qui surplombait la plage aux galets des centaines de corps inanimés s’alignaient déjà devant l’autel improvisé que le prêtre avait fait ériger dans l’urgence. L’ovate, suivit de trois acolytes, passait d’un corps à l’autre afin de leur apporter à chacun l’ultime salut auquel il avait droit. Un peu plus loin, des charrettes de toute taille avaient été parquées à la va vite. Dès que la fosse commune serait prête, les corps y seraient déposés afin d’être amenés – enfin ! – vers leur ultime lieu de repos.
Tandis qu’il déposait un énième corps, Yethel se surprit à songer que l’alignement des corps ressemblait étrangement à l’un de ces dortoirs de campagne dans lesquels il avait passé de si nombreuses nuits lors de son service au sein de l’armée royale et que, n’eut été la présence d’un encensoir dans sa main gauche et d’un goupillon dans celle de droite, l’officiant aurait tout aussi bien pu être un stratège faisant l’inventaire de ses troupes. Mais voilà, les corps qui s’alignaient en rangs ordonnés étaient dépourvus de vie et l’homme qui se penchait sur eux ne prodiguait ni conseils ni encouragements ; mais murmurait inlassablement une prière qui, à force d’être répétée, prenait des airs de litanie dépourvue de sens.

Saisit d’une nouvelle bouffée nauséeuse, Yethel se détourna de la chapelle ardente. Il fit quelques pas en direction de la plage en tentant de son convaincre qu’il lui restait assez de force pour un aller et retour supplémentaire, mais ses muscles endoloris, par les efforts inhabituels qu’ils avaient déjà fournis, renâclèrent à la tâche. Il insista, tentant d’ignorer ses courbatures, mais une soudaine crampe dans le mollet gauche lui arracha un cri. Forcé de s’immobiliser, Yethel s’efforça de prendre appui sur sa jambe douloureuse dans l’espoir de contraindre son jumeau à se détendre. Il n’y parvint que partiellement et c’est donc en boitant qu’il se résigna à aller prendre un peu de repos.
Lorsqu’Alina le vit claudiquer en direction du buffet qui avait été dressé par les femmes à quelques centaines de mètre de la dune mortuaire, elle se précipita à sa rencontre. Alina était une belle jeune femme. Ses cheveux blonds naturellement ondulés n’avaient d’égaux en douceur que son bienveillant regard et son éternel sourire. Pieuse, distinguée et intelligente, elle faisait la fierté de ses parents et tournait – bien involontairement – la tête de tous les hommes en âge d’être mariés. Et pas seulement ceux-là, s’il l’on se référait aux rumeurs. D’ailleurs Yethel devait avouer que lui-même, s’il avait eu une trentaine d’année de moins, n’aurait pas été le dernier à lui faire sa cour. C’est pourquoi le simple fait de la voir s’approcher de lui avec tant d’empressement, fut un soulagement en lui-même. Et, malgré son masque de lassitude, il parvint à sourire lorsqu’elle lui prit le bras pour qu’il y prenne appui.
Comprenant instinctivement combien le vieil homme était fatigué, tant physiquement que moralement, elle choisit de soutenir le patrouilleur en silence, comptant sur sa simple présence compatissante pour apporter un peu d’apaisement à son âme. Arrivés auprès d’un banc, elle le pria de s’asseoir. Puis elle s’éloigna vivement pour aller lui servir un bon bol de soupe. Tandis que Yethel s’autorisait un bref regard sur la démarche chaloupée de la demoiselle, un cri retenti. Un silence sépulcral s’ensuivit, bientôt brisé par un hurlement de terreur pure. Oubliant son mollet toujours douloureux, Yethel se releva. Pressant le pas autant qu’il le pouvait, il entreprit de refaire en sens inverse le chemin qu’il venait si péniblement de parcourir.
Au dessus de lui, tout en haut de la dune, les villageois avaient interrompu leur sinistre besogne pour se regrouper autour d’un jeune homme qui tentait d’expliquer la cause de son épouvante. Encore trop loin pour les entendre, Yethel pu néanmoins voir les épaules des hommes se raidir d’angoisse. La nouvelle, quelle qu’elle soit semblait véritablement effroyable et, curieux d’en apprendre enfin la teneur, Yethel tenta vainement d’accélérer son pas. C’est donc toujours de loin qu’il vit le prêtre accourir pour rejoindre l’attroupement. Il le vit également tenter de calmer la petite foule avant de se diriger d’un pas décidé vers la carcasse éventrée du navire. L’homme, que ses acolytes suivaient d’un pas mal assuré, était à mi chemin de sa destination lorsque Yethel parvint enfin à portée de voix. Il héla les villageois, demandant des explications. Ce fut Gliret, son ami le pêcheur, qui lui répondit :
- Cadel en a vu un bouger.
Son ton était calme mais sa voix avait trahit sa nervosité.
Yethel comprenait parfaitement pourquoi.
Habituellement, le phénomène demandait plus de temps, mais qui savait depuis quand le corps gisait à fond de cale en attente d’une sépulture ? Car ce n’était un secret pour personne que les esclaves ne parvenaient pas tous vivants à leur port de destination. Les conditions dans lesquelles ils effectuaient la traversée ne le permettaient pas. Comme tous les autres, Yethel attendit donc dans une angoisse croissante que le prêtre ressorte du navire. Comme tous les autres, il sursauta lorsqu’un homme ressortit finalement par le trou béant de la coque en criant et gesticulant comme un sémaphore. Et, comme tous les autres, il lui fallut quelques secondes pour que le sens des mots que l’homme criait à tue-tête ne parvienne à pénétrer son cerveau englué de peurs.
- Elle est en vie, hurlait-il à pleins poumons. Elle est en vie !
Profondément soulagés, les villageois se remirent alors en mouvement. Emplis d’une motivation renouvelée par l’effroi qui leur avait tenaillé les entrailles quelques instants auparavant, les hommes se remirent vivement à arracher à la mer les corps encore inanimés des victimes du naufrage. Se sachant incapable de se joindre à leurs efforts, Yethel prit la décision de se rendre utile d’une manière différente. Revenant une nouvelle fois sur ses pas, il revint vers les femmes pour leur annoncer la nouvelle.
Parilas, la doyenne du village, réagit aussitôt, donnant des ordres aussi brefs que précis aux autres jeunes villageoises. Et c’est alors à un véritable branle-bas de combat que Yethel pu assister. Organisées et précises, un premier groupe de femmes déblaya rapidement une table pour en faire, en quelques instants, une sorte de brancard, tandis qu’un second groupe se mettait à découper une nappe en large lanières qui, une fois bouillies, feraient d’assez acceptables bandages. Des jeunes adolescents, qui jusqu’alors étaient chargés de l’excavation de la fosse commune, furent dépêchés en brancardiers et chargés d’aller récupérer promptement la rescapée. Lorsque ces derniers revinrent, leur brancard improvisé lesté d’un corps largement dénudé, et suivit par l’ensemble des hommes, Yethel découvrit avec stupeur qu’il s’agissait d’une petite fille. Âgée de six ou sept ans tout au plus, elle semblait si frêle que Yethel ne songea plus à elle comme à une simple survivante, mais comme à une véritable miraculée. Et visiblement, il n’était pas le seul à penser ainsi.
Le problème, cétait que dans les regards, les gestes et les murmures, on pouvait clairement percevoir de la crainte. Il y avait bien longtemps que personne dans le pays n’en avait fait directement l’expérience, mais il était notoire que les miracles étaient l’affaire des dieux. Les bons, comme les mauvais. Dans la première éventualité, la présence de l’enfant serait perçue comme une bénédiction, mais dans le cas contraire…
Yethel soupira. Il savait que les villageois, aussi généreux soient-ils, ne prendraient pas le risque d’accueillir en leur sein une engeance démoniaque. Et l’apparente fragilité de la gamine ne changerait en rien leur point de vue. Avant qu’elle n’ait le temps de soulever seulement ne paupière, la pauvre enfant avait malheureusement toutes les chances de se voir lapider sur place. Par bonheur cependant, le prêtre avait du parvenir aux mêmes conclusions puisque, négligeant un peu plus longtemps ses obligations envers les morts, il avait choisit d’accompagner la petite procession.
D’une voix autoritaire, il ordonna qu’on dépose le brancard sur des tréteaux. Puis, il examina longuement l’enfant avec autant de soin que de délicatesse. Finalement, il se redressa pour annoncer avec assurance que le corps ne portait aucune marque démoniaque et que par conséquence si intervention divine il y avait bien eu, elle ne pouvait avoir été l’œuvre que d’une déité bienveillante. Yethel avait vécu assez longtemps et vu assez de chose pour savoir pertinemment que nulle marque ne pouvait différencier les protégés des dieux sombres du commun des mortels. Mais l’affirmation du prêtre semblait avoir rassuré l’assistance. Aussi Yethel conserva-t-il le silence.
Il prit sur lui d’intervenir, cependant lorsqu’une deuxième survivante fut sortie de l’épave quelques minutes plus tard. Il s’agissait d’une femme adulte cette fois et, avisant la chevelure blanche de cette dernière, Yethel cru que la méfiance dont étaient empreints tous les gestes de ses sauveurs venait du fait qu’il devait être impossible à leurs yeux qu’une vieille femme survive non seulement à une traversée dans la cale d’un négrier mais aussi à son naufrage. Pour eux, ce devait être même plus improbable que la survie de la fillette. Et Yethel s’attendait à ce que le prêtre se voit obligé de jouer la même comédie que précédemment. Mais même l’ovate fut saisit de stupeur lorsqu’il s’approcha de la rescapée.
Intriguée, Yethel se rapprocha. Hoquetant de surprise, le vieil homme du se faire violence pour ne pas céder lui-même à la panique. La femme qui gisait devant lui ne devait pas être plus âgée que la belle Alina. En outre, elle avait l’apparence de ces femmes venues des îles de l’ouest et que nul n’avait jamais vu que dotée de longues chevelure noires de jais. Avec une « marque » si visible, comment le prêtre parviendrait-il à convaincre ses ouailles qu’ils n’étaient pas face à un démon ? La seule chance qui restait à l’ecclésiastique d’éviter un lynchage public était de se raccrocher à la couleur même de l’inhabituelle chevelure de la femme. Et, au grand soulagement de Yethel, c’est ce que le prêtre fit. Adoptant une attitude qui témoignait tout à la fois de son humilité et de son obédience, l’ovate s’agenouilla devant la survivante et entama une prière. Il n’utilisa pas le langage secret de ses pairs cependant. Il choisit plutôt, très intelligemment, de s’exprimer en bon Gelithien afin que tout le monde soit à même de le comprendre.
« Ô Morgid ! Divine Protectrice. Je vous remercie d’avoir daigné poser votre regard sur ces deux créatures. C’est un honneur que vous faites à l’humanité toute entière que d’avoir bien voulu accorder votre divine protection à cette femme et cette enfant que des impies avaient fait esclaves. Il ne fait nul doute que votre main compatissante s’est posée sur la tête de ces infortunées, la chevelure de cette femme rendue par votre contact aussi blanche et pure que la ramure d’une colombe ou les pétales d’un lys en est un étincelant témoignage. »
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 18:06

L’ovate => hé bien en plus de prendre du plaisir à lire ton texte , je m'instruis. C'est pas beau ça ? Very Happy ^^

Bon,alors en gros,je crois que Mike t'a fait les remarques principales, je n'ai pas grand chose à rajouter. Quelques phrases trop longues mais ça reste raisonnable, se fond dans la masse de ce très joli texte, qui bien qu'un peu triste pour l'instant, est émaillé de belles phrases, expressions qui rendent le tout lisible, clair, agréable.

L'histoire en elle-même est sympa aussi. J'ai vraiment hâte d'en savoir plus, l'envoûtement se renforce Smile
J'ai presque envie de comparer ça à une sorte de conte.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 19:21

Je t'ai mis les modifs entre parenthèse. J'ai rien vu de spécialement choquant niveau longueur. Tu amène assez bien l'intrigue sur ces deux persos. bravo

Il fit une courte pause, observant un instant les villageois rassemblés autour(s) de lui ; puis les invita à s’agenouiller à leur tour. Lorsque ce fut fait, il reprit sa prière :
« Nous reconnaissons avec piété et humilité l’honneur que vous faites à notre village en confiant la vie de ces deux créatures à nos bons soins. Sachez que nous saurons nous en montrer dignes. »
Le front incliné, il laissa ses paroles planer dans le silence un moment. Enfin, il se releva et, se tournant vers Parilas, il lui demanda de prendre les choses en main et de tout mettre en œuvre afin que la fillette et la femme – bénies des Dieux – soient traitées avec le respect et la déférence qui étaient dus aux protégés des Dieux tu viens de dire bénies des Dieux tu ne crois pas que ce soit redondant ?). La doyenne acquiesça d’un hochement de tête. Mais personne n’était dupe. La prière n’avait pas convaincu grand monde. Mais (deux mais en suivant c’est trop enlève le premier) , puisqu’on ne pouvait contredire un représentant des dieux impunément, personne n’osa s’opposer à la décision du prêtre. Malgré tout, la femme et l’enfant n’allaient bénéficier que d’un sursis, car, tôt ou tard, les doutes nourrissant les craintes ancestrales, les fidèles finiraient par se laisser submerger par leurs peurs et la compassion cèderait immanquablement sa place à la couardise. Dès lors, les deux miraculées n’auraient d’autre choix pour sauver leur vie que de quitter le village. Le plus dur désormais serait donc de parvenir à leur accorder assez de temps pour qu’elles récupèrent suffisamment de forces et être capable de prendre la route en toute sécurité.
Le souci(s), c’est ( tu dois mettre imparfait) que, à voir la façon dont les villageois, ( maladroit)hommes et femmes, s’étaient détourné des deux rescapées avant même que Parilas n’ai eu le temps de désigner des volontaires, il était évident que ce laps de temps serait court ; très court. ( je te propose : A voir la façon dont les villageois, hommes et femmes, s’étaient détourné des deux rescapées, avant même que Parilas n’ai eu le temps de désigner des volontaires, il était évident que ce laps de temps serait court ; très court. )Aussi, afin d’augmenter les chances des deux naufragée(s) d’obtenir une vraie convalescence, Yethel se proposa-t-il pour veiller sur leur rémission. Parilas accepta son offre sans discuter et donna des ordres pour qu’elles soient toutes deux (que la femme et la fillette soient) transportées jusque dans la petite masure du vieil homme.

Ainsi chargé de la surveillance des deux miraculées, Yethel fut logiquement dispensé de participer à la mise en terre des autres naufragés. Ce qui, il devait se l’avouer, n’était pas fait pour lui déplaire. Cependant, pour manifester sa sympathie (empathie ou compassion) pour tous ces (morts) disparus, ainsi que pour tous ceux qui avait sacrifié leur journée pour leur offrir une sépulture, il alluma une bougie qu’il plaça sur le rebord de sa fenêtre. Tard dans l’après midi, le jeune Junior vint lui dire que l’enterrement était terminé. Il lui fit part également de la façon dont les hommes avaient décidé de s’organiser afin de patrouiller le long des côtes durant les trois prochaines nuits. Puis, à la grande surprise de Yethel, le jeune homme lui demanda s’il pouvait s’attarder un peu. Lorsque le vieil homme lui demanda s’il n’avait pas peur, Junior haussa simplement les épaules et lui répondit d’un ton débonnaire :
« - (j)Je mentirai en disant que j’ai cru le prête, avoua-t-il tout d’abord. Mais je ne crois( deux fois croire en suivant pourquoi ne pas dire mais je doute …) pas non plus qu’il s’agisse d’un démon.
- L(l)a trouverais(-)tu trop jolie pour cela ? s’enquit Yethel.
- N(n)on, répondit son interlocuteur en souriant. Enfin, je ne veux pas dire qu’elle n’est pas belle. Au contraire. Mais, mon grand-père m’a dit que les démons ne portaient jamais de marque si flagrantes. Que si c’était le cas, il(s) serai(en)t trop facile de les reconnaître et qu’ils étaient trop malin pour se laisser avoir ainsi.
- Alors d’où crois-tu que lui vienne ces cheveux blancs ? interrogea Yethel surprit de découvrir dans son vis-à-vis autant de sagesse.
- J(j)e n’en sais fichtre rien ! répondit ce dernier (ne convient pas car le dernier ici est Yethel). On dit que parfois, des gens naissent avec des défauts dans leur(s) corps. Mon grand-père a connu un homme avec un bec de lièvre, et une femme qui avait six doigts à la main droite. Et ce n’étaient ni des démons, ni des envoyés divins. Peut-être est-ce ainsi pour cette femme aussi. Peut-être a-t-elle des cheveux sans couleur(s) à cause d’un défaut dans son corps.
- V(v)oilà qui est bien raisonné, acquiesça (opina, pour changer) Yethel avant de lui demander pour quelle raison il souhaitait rester en sa compagnie. (pourquoi ne pas garder la forme du dialogue plus vivant ?)
Le jeune homme lui avoua alors avoir été bouleversé par ce qu’il avait vu. Car, malgré leurs efforts pour prendre la marée de vitesse, les hommes avaient dû(u) faire appel aux jeunes pour les aider à dégager à temps les corps coincés dans le navire, et il avait fait partie des désignés volontaires. Or, plus que le fait de devoir déplacer des noyés, c’était leur nombre qui l’avait révulsé. Profondément indigné, il était venu voir son aîné dans l’espoir d’en apprendre davantage sur ces infâmes navires. Ravi de se voir donner l’occasion de transmettre son savoir, Yethel se mit donc à parler. Il fut d’abord question des négriers, évidemment. Mais rapidement, le vieil homme se mit à parler également de sa vie de militaire et de tout ce qu’il avait pu voir lors des différentes campagnes auxquelles il avait eu l’honneur de participer, mais aussi – et surtout – de survivre ! Il évita la politique autant qu’il le pu(t) cependant, car c’était un domaine que, selon ses propres propos, il ne maitrisait pas et qu’il laissait bien volontiers(s) aux têtes pensantes du pays et à son roi. Roi dont il était fier et pour lequel il était toujours prêt à donner sa vie.
La nuit était déjà fort avancée lorsque les deux hommes entendirent du mouvement dans la chambre où les deux rescapées avaient été installées. Yethel se leva et, doucement, entrouvrit la porte. Dans le lit, la femme s’était redressée sur un coude et, d’une main encore faible, caressait les cheveux de la petite fille. Sentant le regard de Yethel posé sur elle, elle leva les yeux et planta son regard dans celui de son observateur. Celui-ci sourit aimablement et s’enquit de son état :
- V(v)ous sentez vous mieux, ma dame ? demanda-t-il.
Mais, pour toute réponse, elle fronça les sourcils d’un air perplexe.
Yethel retint un soupir. Elle ne semblait pas l’avoir compris. Sans doute parlait-elle une autre langue, celle des îles de l’O(o)uest peut-être. Ce qui ne changerait pas grand-chose au problème, de toute façon, vu que Yethel n’avait jamais appris, en dehors de sa langue natale, que quelques mots issus des langues frontalières. Des mots qui, de plus, ne s’employaient pas avec des dames de qualité. Bref, la communication n’allait pas être facile.
Conscient que ses mots n’allaient sans doute pas être davantage comprit que les précédents, il avertit néanmoins la femme de ce qu’il allait faire avant de retourner dans la pièce principale pour aller remplir un bol de soupe. Lorsqu’il revint dans la chambre, la fillette s’agitait comme si son esprit s’était perdu dans les méandres d’un cauchemar dont elle ne parvenait plus à sortir. Penchée sur elle, la jeune femme lui susurrait des paroles rassurantes dans une langue que Yethel ne parvint pas à identifier. Doucement, afin de ne pas alarmer son hôte, Yethel s’avança dans la pièce. La lueur de la bougie qu’il brandissait devant lui dévoilant à chaque nouveau pas un peu plus de la beauté de la femme aux étranges cheveux blancs. Sans interrompre sa paisible litanie, cette dernière plongea une nouvelle fois son regard dans celui de son bienfaiteur. Elle sourit franchement lorsqu’elle vit le bol de soupe.
- Vous sentez vous assez forte pour manger seul ? demanda-t-il.
Mais, comme il s’y attendait, elle ne comprit pas sa question. Aussi opta-t-il pour un langage plus universel : celui des gesticulations. Il commença donc par poser la bougie sur la table de chevet, ensuite, saisissant la cuillère il fit mine de la lui porter à la bouche. Puis, aussitôt après, il lui tendit bol et cuillère pour lui laisser le choix de se nourrir elle-même. Hochant la tête pour signifier qu’elle avait compris(t), elle tendit une main devant elle pour demander à Yethel d’attendre un moment. Ce qu’il fit patiemment tandis qu’elle s’asseyait dans le lit. Ce fut manifestement pénible, mais pas une plainte ne traversa les lèvres de la frêle jeune femme. Et c’est( tu dois mettre au passé) avec un sourire qu’elle tendit les mains pour que Yethel puisse y déposer le bol.
Les mains tremblantes, elle manqua renverser sa soupe une (petite) dizaine de fois, mais elle parvint cependant à l’avaler dans sa totalité sans l’aide de quiconque. Lorsqu’elle eut fini(t) de manger, elle rendit le bol vide à Yethel et fit un signe de tête négatif lorsqu’il fut parvenu à lui faire comprendre qu’elle pouvait en avoir d’avantage. Posant ses mains contre sa joue, elle ferma les yeux un moment pour exprimer son besoin de dormir encore un peu. Yethel opina du chef en souriant avec compassion et recula. Avant de franchir le seuil de la porte, il jeta un dernier coup d’œil à son invitée qui s’était installé(e) de façon à ce que la petite fille se retrouve tout contre elle.
Tandis qu’il tirait la porte pour la refermer, il entendit un chant – une berceuse – s’élever doucement dans la pénombre. La femme et l’enfant étaient si dissemblables physiquement, qu’il était improbable que l’une soit la mère de l’autre et pourtant, la jeune femme se comportait exactement comme si l’enfant avait été sa fille. Cela intrigua le vieil homme, mais il se dit que l’esclavage devait tisser des liens particulièrement forts et qu’il devait être tout naturel, pour une femme, de prendre sous son aile un enfant malheureux, même s’il n’était pas issu de sa propre chair.
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 18 Juin 2009 - 12:53

(tu viens de dire bénies des Dieux tu ne crois pas que ce soit redondant ?) >> c'est pour refleter les mots du prêtre qui insiste lourdement sur le côté divin du phénomène. peut-etre devrais rester en discour direct??

(ne convient pas car le dernier ici est Yethel) >> euh, non, c'est le vis-a-vis. mais tu as raison, c'est pas forcément évident.

Merci pour toutes ces suggestions.

Pour les répétitions, il faut savoir que j'écris avec mon gamin qui joue à côté de moi et qu'il m'interrompt souvent, ce qui fait que j'ai tendance à oublier quels sont les mots précis que j'ai utilisé juste quelques phrases avant. Et que mes relectures étant tout aussi hachées, je ne me rend pas forcément compte des redondances, même à ce moment là.

Merci donc pour vos conseils.

Et pour les Mais et Et en début de phrase, je vais faire un effort, promis ! Mais vous le constaterez sans doute en me lisant, c'est un de mes défauts d'écriture. Wink

(Je dis ça en mettant des Et et Mais en début de phrase... :p voyez, irrécupérable je suis... ) Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 15:20

l'extrait qui va suivre n'est pas la suite, mais une réecriture d'une partie du texte précédent. Dans mon premier jet, j'avais en effet choisit de résumer un dialogue en quelques lignes de prose. Sur les conseils d'Evahe j'ai rédigé le dialogue.

Il fait suite à cette phrase : - Voilà qui est bien raisonné, opina Yethel avant de lui demander pour quelle raison il souhaitait rester en sa compagnie.

Citation :
- Ce que j'ai vu aujourd'hui, avoua le jeune homme.. eh bien...
Son regard se perdit soudain dans le vide tandis qu'il cherchait ses mots. L'air hagard, il semblait chercher à se convaincre qu'il n'avait pas tout simplement fait un cauchemar. Comprenant l'émotion de son interlocuteur, Yethel attendit simplement que le jeune homme parvienne à trouver les mots justes. Finalement, après un soupir, il reprit :
- en fait, ça m'a complètement retourné l'estomac. Littéralement, précisa-t-il en plongeant de nouveau son regard dans celui de son vis-à-vis. Et ce n'était pas seulement à cause de leur apparence ou de l'odeur. Ce que je veux dire, c'est que...
Une nouvelle fois, il s'interrompit. Les yeux écarquillés et légèrement humides, la bouche ouverte sur une idée que son cerveau ne parvenait pas à formuler en mots cohérents, il secouait la tête d'un air désespéré.
- ... Ô dieux aidez moi ! s'écria-t-il soudain. Ils étaient si nombreux !
Yethel comprit alors soudain que ce qu'il redoutait le plus pour le jeune homme avait fini par se produire : la tâche s'était avérée trop importante pour les hommes du village et ils avaient dû faire appel à la jeunesse pour les aider à prendre la marée de vitesse.
- on m'avait demandé de participer à l'excavation de la fosse commune, continua d'expliquer le jeune homme. Et, tout en creusant, je me disais que c'était folie que de creuser un si grand trou ; qu'une telle profondeur ne pouvait se justifier que si l'on voulait enterrer également le navire. Puis, on est venu me chercher. On m'a dit que la mer montait trop vite, que les hommes ne seraient pas assez nombreux, qu'il y avait encore des morts coincés dans la coque et que tous ceux qui avait fêté leur seizième printemps devaient venir aider. Alors Timae, Nael et moi, nous avons lâché nos pelles et nous avons rejoint nos pères et nos frères sur la plage. C'est à ce moment là que nous avons vu la chapelle ardente.
Rattrapé par ses émotions, le jeune homme laissa échapper un sanglot.
- ils étaient si nombreux déjà ! Des hommes, des femmes, des vieillards... des enfants ! Même au mariage de Mineas et de Justinia il n'y avait pas tant de monde. Et nous avions réuni les deux villages !
L'adolescent avait conscience de dire des choses que son interlocuteur savait pertinemment, mais c'était plus fort que lui, il avait besoin de les dire. Alors il les disaient, des larmes roulant sur ses joues juvéniles aussi librement que les mots.
- je n'aurais jamais cru voir un jour autant de monde réuni en un seul endroit. Et songer qu'il s'agissait de cadavres...
Secouant la tête, le garçon laissa sa phrase en suspens un moment avant de reprendre :
- j'avais envie de m'écrouler et de pleurer, mais mon père m'a prit par le bras et il m'a dit que le moment n'était pas encore venu pour cela. Il m'a entrainé à sa suite. Ensemble, nous sommes arrivés en haut du chemin qui mène à la plage et j'ai vu ce qui restait du bateau. Et je l'ai trouvé petit, si petit ! Il y avait des centaines de morts déjà étalés derrière moi ! Des centaines ! Et le bateau était ... minuscule ! Et il restait des corps encore dans la cale, c'est pour cela qu'on était venu me chercher. Il y en avait encore...
Manifestement encore sous le choc, le jeune homme dut s'accorder quelques minutes pour retrouver son calme et continuer plus posément son récit.
- Il n'y avait plus personne sur les galets, dit-il. Mais dans les extrémités du navire, nous avons trouvé une petite cinquantaine de corps supplémentaires. La marée montait rapidement et la poupe du navire commençait à tanguer sur les vagues. La mer essayait de récupérer le bateau c'était évident. Alors nous avons été cherché des barques. Nous avons arrêté de ramener les corps un par un jusqu'au pied du promontoire. Nous les avons entassé dans les barques et ensuite, une fois que nous nous sommes assurés que le bateau était vide, nous avons échoué les barques sur les galets, le plus loin possible, au risque de les abîmer. Alors seulement, nous avons déposer les corps vers les autres.
Reniflant, le jeune homme battit des paupières et se moucha dans sa manche. Il avait fini son récit, mais il lui restait l'essentiel à dire : son indignation. Ce qu'il fit dans un soudain éclat de colère :
- Je ne comprend pas, s'écria-t-il brusquement. Le bateau n'aurait pas du pouvoir accueillir tant de personnes. A moins d'entasser tout le monde.
Il haussa les épaules, cherchant une réponse dans les yeux de Yethel.
- On ne les entasse pas, expliqua alors ce dernier. On les force à rester debout.
- debout, répéta le jeune homme, incrédule. Mais comment peuvent-ils dormir?
- je crois savoir que les esclaves s'arrangent pour dormir à tour de rôle.
Bouche bée, visiblement dégouté par de tels pratiques, Junior tenta de se raccrocher à la logique.
- le bateau devait être trop lourd, affirma-t-il alors, tout en se rendant compte cependant que sa déclaration était fausse. Car, si le navire avait été trop lourd, il ne serait jamais parvenu jusqu'à eux.
Les sourcils froncés, il se lança alors dans un rapide calcul mental, secoua la tête et se figea soudain... Blanc comme un linge, le souffle coupé, il parvint brusquement à l'inévitable conclusion:
- les enfants... C'est pour ça qu'il y avait tant d'enfants... ils sont moins lourds.
Yethel se retint de rajouter qu'ils se vendaient également plus cher, car potentiellement plus "durables". L'innocence du garçon avait déjà prit un sérieux coup et le vieil homme ne souhaitait pas briser le peu de candeur qui restait dans ce jeune esprit. Posant une main sur l'avant bras de son invité, il refoula quelques platitudes avant de déclarer :
- je suis désolé, c'est une réalité pénible et tu es tellement jeune encore...
Il secoua la tête. Que pouvait-il dire de plus ? Malgré ses traits toujours juvéniles et sa voix qui n'avait fini de muer, le garçon devant lui venait de mettre un pied dans le monde des adultes de la pire des façon : en faisant face à sa cruauté. Aucun mot, aussi bien choisit soit-il, ne pourrait restaurer sa naïveté d'enfant. Rien de ce qu'il pourrait dire ne pourrait rendre son lustre immaculé à l'humanité. Pas après qu'elle lui eu montré la pire de ses facettes. Par contre, ce qu'il pouvait faire, c'était tenter de contre-balancer le coup en rappelant que si les hommes étaient susceptibles du pire, ils étaient également capables de se dévouer pour des causes justes. C'est pourquoi, après un long silence pesant, il conclu :
- ces pauvres enfants ont connu l'enfer de leur vivant, c'est vrai. Mais grâce à nous, ils ont été arrachés à la mer et nous les avons mit en terre. Le pire leur sera donc épargné.

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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 15:26

Mort de rire. Je viens de lire la dernière partie de ton texte en pensant lire la première. Du coup je ne comprenais rien.

Allez, je vais prendre par le début cette fois.

Ceci dit cela n'a pas l'air d'être déplaisant.

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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 17:49

Je n'ai lu que le premier post, et pourtant j'ai de suite beaucoup aimé.

Comme l'a dit Morrigan, c'est surprenant de lire un texte assez "tranquille" tout en découvrant une scène d'une assez grande ampleur, tout en percevant les resssentis du protagoniste (je suppose ?).

Puis, il faut dire que tu as du style et du vocabulaire Wink même si j'ai repéré quelques fautes, je ne sais pas si tu as édité.
Je me mets à lire la suite dès que je peux, et tu auras le droit à une "vraie" critique Wink
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 18:10

je n'ai pas corrigé les textes déjà postés.
j'apporte les corrections que l'on relève ici directement sur mon document d'origine, par contre.

en ce moment, je suis en train de bosser sur les "mais" que j'utilise trop souvent et les "Et" en début de phrases.

A noter que ceux qui seraient intéressés pour faire une relecture de la deuxième épreuve, il faudra me le dire par MP et je leur transmettrais le .doc
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MessageSujet: Re: Kanaela - extrait   Kanaela - extrait Icon_minitimeJeu 2 Juil 2009 - 18:39

Ce que j'ai vu aujourd'hui, avoua le jeune homme.. eh bien...
Son regard se perdit soudain dans le vide tandis qu'il cherchait ses mots. L'air hagard, il semblait chercher à se convaincre qu'il n'avait pas tout simplement fait un cauchemar. Comprenant l'émotion de son interlocuteur, Yethel attendit simplement ( déjà dit juste avant suggère patiemment) que le jeune homme parvienne à trouver les mots justes. Finalement, après un soupir, il reprit :
- e(E)n fait, ça m'a complètement retourné l'estomac. Littéralement, précisa-t-il en plongeant de nouveau son regard dans celui de son vis-à-vis. Et ce n'était pas seulement à cause de leur apparence ou de l'odeur. Ce que je veux dire, c'est que...
Une nouvelle fois, il s'interrompit. Les yeux écarquillés et légèrement humides, la bouche ouverte sur une idée que son cerveau ne parvenait pas à formuler en mots cohérents, il secouait la tête d'un air désespéré.
- ... Ô dieux aidez moi ! s'écria-t-il soudain. Ils étaient si nombreux !
Yethel comprit alors soudain que ce qu'il redoutait le plus pour le jeune homme avait fini par se produire : la tâche s'était avérée trop importante pour les hommes du village et ils avaient dû faire appel à la jeunesse pour les aider à prendre la marée de vitesse.
- o(O)n m'avait demandé de participer à l'excavation de la fosse commune, continua d'expliquer le jeune homme. Et, tout en creusant, je me disais que c'était folie que de creuser( creusant juste avant) un si grand trou ; qu'une telle profondeur ne pouvait se justifier que si l'on voulait enterrer également le navire. Puis, on est venu me chercher. On m'a dit que la mer montait trop vite, que les hommes ne seraient pas assez nombreux, qu'il y avait encore des morts coincés dans la coque et que tous ceux qui avait fêté leur seizième printemps devaient venir aider. Alors Timae, Nael et moi, nous avons lâché nos pelles et nous avons rejoint nos pères et nos frères sur la plage. C'est à ce moment là que nous avons vu la chapelle ardente.
Rattrapé par ses émotions, le jeune homme laissa échapper un sanglot.
- i(I)ls étaient si nombreux déjà ! Des hommes, des femmes, des vieillards... des enfants ! Même au mariage de Mineas et de Justinia il n'y avait pas tant de monde. Et nous avions réuni les deux villages !
L'adolescent avait conscience de dire des choses que son interlocuteur savait pertinemment, mais c'était plus fort que lui, il avait besoin de les dire. Alors il les disaient, des larmes roulant sur ses joues juvéniles aussi librement que les mots.
- j(J)e n'aurais jamais cru voir un jour autant de monde réuni en un seul endroit. Et songer qu'il s'agissait de cadavres...
Secouant la tête, le garçon laissa sa phrase en suspens un moment avant de reprendre :
- j(J)'avais envie de m'écrouler et de pleurer, mais mon père m'a prit(S) par le bras et il m'a dit que le moment n'était pas encore venu pour cela. Il m'a entrainé à sa suite. Ensemble, nous sommes arrivés en haut du chemin qui mène à la plage et j'ai vu ce qui restait du bateau. Et je l'ai trouvé petit, si petit ! Il y avait des centaines de morts déjà étalés derrière moi ! Des centaines ! Et le bateau était ... minuscule ! Et il restait des corps encore dans la cale, c'est pour cela qu'on était venu me chercher. Il y en avait encore...
Manifestement encore sous le choc, le jeune homme dut s'accorder quelques minutes pour retrouver son calme et continuer plus posément son récit.
- Il n'y avait plus personne sur les galets, dit-il. Mais dans les extrémités du navire, nous avons trouvé une petite cinquantaine de corps supplémentaires. La marée montait rapidement et la poupe du navire commençait à tanguer sur les vagues. La mer essayait de récupérer le bateau(,) c'était évident. Alors nous avons été cherché(er) des barques. Nous avons arrêté de ramener les corps un par un jusqu'au pied du promontoire. Nous les avons entassé(s) dans les barques et ensuite, une fois que nous nous sommes assurés que le bateau était vide, nous avons échoué les barques sur les galets, le plus loin possible, au risque de les abîmer. Alors seulement, nous avons déposer(é) les corps vers les autres.
Reniflant, le jeune homme battit des paupières et se moucha dans sa manche. Il avait fini son récit, mais il lui restait l'essentiel à dire : son indignation. Ce qu'il fit dans un soudain éclat de colère :
- Je ne comprend pas, s'écria-t-il brusquement. Le bateau n'aurait pas du(û) pouvoir accueillir tant de personnes. A moins d'entasser tout le monde.
Il haussa les épaules, cherchant une réponse dans les yeux de Yethel.
- On ne les entasse pas, expliqua alors ce dernier. On les force à rester debout.
- d(D)ebout, répéta le jeune homme, incrédule. Mais comment peuvent-ils dormir?
- j(J)e crois savoir que les esclaves s'arrangent pour dormir à tour de rôle.
Bouche bée, visiblement dégouté par de tel(le)s pratiques, Junior tenta de se raccrocher à la logique.
- l(L)e bateau devait être trop lourd, affirma-t-il alors, tout en se rendant compte cependant que sa déclaration était fausse. Car, si le navire avait été trop lourd, il ne serait jamais parvenu jusqu'à eux.
Les sourcils froncés, il se lança alors dans un rapide calcul mental, secoua la tête et se figea soudain... Blanc comme un linge, le souffle coupé, il parvint brusquement à l'inévitable conclusion:
- l(L)es enfants... C'est pour ça qu'il y avait tant d'enfants... ils sont moins lourds.
Yethel se retint de rajouter qu'ils se vendaient également plus cher, car potentiellement plus "durables". L'innocence du garçon avait déjà pri(S)t un sérieux coup et le vieil homme ne souhaitait pas briser le peu de candeur qui restait dans ce jeune esprit. Posant une main sur l'avant bras de son invité, il refoula quelques platitudes avant de déclarer :
- j(J)e suis désolé, c'est une réalité pénible et tu es tellement jeune encore...
Il secoua la tête. Que pouvait-il dire de plus ? Malgré ses traits toujours juvéniles et sa voix qui n'avait fini de muer, le garçon devant lui venait de mettre un pied dans le monde des adultes de la pire des façon(s) : en faisant face à sa cruauté. Aucun mot, aussi bien choisi(t) soit-il, ne pourrait restaurer sa naïveté d'enfant. Rien de ce qu'il pourrait dire ne pourrait rendre son lustre immaculé à l'humanité. Pas après qu'elle lui eu(t) montré la pire de ses facettes. Par contre, ce qu'il pouvait faire, c'était tenter de contre-balancer le coup en rappelant que si les hommes étaient susceptibles du pire, ils étaient également capables de se dévouer pour des causes justes. C'est pourquoi, après un long silence pesant, il conclu(t) :
- c(C)es pauvres enfants ont connu l'enfer de leur vivant, c'est vrai. Mais grâce à nous, ils ont été arrachés à la mer et nous les avons mi(s)t en terre. Le pire leur sera donc épargné.

A suivre Wink
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