Préambule. C'est la première fois que je poste une "analyse" ici, alors pour ceux qui ne connaissent pas ma manière de faire, sachez que je ne tente pas d'être exhaustivement objectif. Pour ceux que ça choque, il y a effectivement une note, qui ne tente, elle, aucunement le pari fou d'être "objective" (car je pense que c'est impossible).
Sachez par ailleurs, que mes critiques sont rarement si enflammées !
Bon, bonne lecture.
Je ne connaissais que trop peu les écrivains Anne et Gérar Guéro, alias Ange, avant de lire leur premier livre, tout simplement renversant. Le meilleur du genre selon moi, et peut-être même le meilleur tout court en ce qui concerne mon avis. Mais après tout, les chefs d'oeuvre sont rarement suivis d'une multitude d'autre dans une vie d'artiste, et chacun sait être sceptique à l'idée d'ouvrir un livre d'un auteur qu'on a adoré, de peur que l'opus précédent fût un coup de maître hasardeux.
Mais contrairement à cela, plonger dans ce livre est d'une facilité innée. Nul besoin d'une grande connaissance littéraire, les mots ne sont pas trop nombreux dans une même phrase, ni trop pompeux, mais ils expriment un sentiment d'une manière pratique et immersive, mais aussi lyrique. La plume poétique des deux auteurs trace le portrait d'un monde exigeant, dans lequel chacun se doit d'avoir une hygiène de vie irréprochable, surtout en ce qui concerne les blessures apparentes. Les princes, et les autres aspirants du palais de l'Immuable, sont conduits au suicide dès l'ors qu'une petite erraflure paraît sur leur peau immaculée.
Voilà comment Malïn se retrouve face au choix : le poison ou la dague. Finalement, il n'aura pas à choisir. La tâche violette à cause de laquelle on le condamne pousse finalement sur tellement de gens du palais qu'une cohue indescriptible s'immisce dans les murs. Peu à peu, les gens se transformes en monstres, comme possédés par la tâche violette qui les ronge. Alors on entasse les morts. Finalement, Malïn passe inaperçu, et tente de s'enfuir. Lui, a une idée de ce qui se passe : pas une peste comme le pensent tous les prêtres du palais, mais un démon. Il sauve au passage une concubine destinée au promis au trône, et part à l'aventure, cherchant des aides légendaires qui figures dans les livres de la bibliothèque du palais.
Tantôt drôle, tantôt émouvant, et surtout souvent réaliste, à propos des relations entre les humains, et notamment Malïn et Alia, la concubine, le livre nous emmène dans le tourbillon mystérieux et magique qui enveloppe Le Grand Pays, lointain du palais d'enfance des héros, et nous attache inexorablement à chacun d'entre eux. La sombre et démoniaque magie, fait parfois frissonner, non pas de terreur, mais "d'effroi", ce sentiment figé qui nous fait nous rendre compte que le danger était présent depuis longtemps.
La précision avec laquelle Ange trace ici le dessein des personnages, surprenant et plein de rebondissements, nous mène petit à petit à cette fin, celle qu'on redoute, qu'on ne sait trop attendre, de peur de finir le livre, ou qu'il se passe quelque chose de tragique. Et puis on le finit.
Et encore une fois, les mots choisis avec un discernement lyrique et une précision froide, frappent au cœur.
C'est une fois de plus bouleversé par cette œuvre unique, que je dois baisser mon chapeau, admettre mon infériorité devant de tels artistes. Car oui, tout le monde se dit lorsqu'il lit un livre, qu'il serait capable ou non de faire telle ou telle formule, qu'il aimerait écrire de telles choses. Oui, je me suis dit cela à de nombreuses reprises à la lecture de ce livre. Mais cela fait la deuxième fois que la claque est terrible lorsqu'on repose l'objet terminé, et qu'on se dit qu'on serait bien incapable de faire ressentir le tourbillon ardent d'émotions qui nous happent, brûlant notre front d'ivresse aveugle, comme à la lecture de ce Grand Pays, à un quelconque lecteur.
C'est donc avec humilité et respect que je me permets d'apporter une appréciation dénuée de neutralité :
Originalité : En ce moment l'Heroic fantasy est assez redondante. Pourtant, il suffit d'un peu d'imagination pour trouver quelque chose qui est à la fois proche de ce qui existe, et qui inove particulièrement ! 4.5/5
Style d'écriture : Les mots sont taillés au scalpel, et font mouche. Un style inpeccable, émouvant, lyrique... Parfait. 4.5/5
Intérêt (personnages, lieux...) : Les humains sont de vrais humains bien originaux. Pas de doute la dessus ; pas de falsification. Et l'humain est bien compris par nos deux amis. 4/5
Histoire / Messages : Comme d'habitude, c'est LA partie intéressante du livre. Tout simplement éloquent, et bouleversant. A vos bourses : 5/5
La note finale est de 18 / 20
Je m'enflamme certainement, mais je crois que ce livre en vaut vraiment la peine. Mieux encore, je crois que l'engouement autour de Ange n'est pas encore à la hauteur du talent des deux auteurs. Une affaire à suivre. Il reste encore des tomes à sortir pour ce cycle. Impatience, impatience !