Bon voila quelques mots qui ce sont alignés sur une feuille alors que je travaillais hier. Entre deux déclaration de douane, j'ai eu le temps d'écrire ces quelque ligne.
Je regardais les passants absorbés par les vitrines des magasins de ce quartier chic. Emmitouflés dans les manteaux, les têtes enfoncés dans les écharpes, les bonnets enfoncés sur les têtes et le froid qui tourbillonnait autour. Comme un voleur qui cherche un moyen de s’introduire dans une demeure.
Par notre fenêtre je voyais ce monde, trop vaste pour mes petits yeux, trop loin pour mes petites jambes. Un jour, je découvrirais le monde. Sans douleur, ni fatigue, ni même de petits soupirs. Juste le temps qui filerait autour, comme le vent qui souffle ici et là, sans jamais vraiment s’arrêter. Je serais comme ça moi, comme le vent et comme la pluie. Toujours là, quelque part. A jamais.
Je leur ferais des surprises en surgissant n’importe où, et les ferais languir en disparaissant longtemps, tellement longtemps qu’ils feraient tout pour que je revienne. Des danses idiotes, des prières les yeux rivés sur le ciel, des sacrifices, des offrandes. Tout je vous dis ! Tout.
Oui je serais comme ça moi, comme le vent, comme la pluie et comme la mer aussi. Comme la mer je me suffirais à moi même, ma force dans une main, ma volonté dans l'autre; j’escaladerais des falaises et explorerais les grottes.
Un jour je serais libre comme mer. Sans peur, ni blessure, ni même de petite sanglots.
Et puis je porterais des robes. Juste pour être belle. Vaniteuse, comme la lune qui, la nuit, s’accapare le ciel en douce. Elle danse et tourne sur elle-même dans sa petite nuisette argentée, et ça l’amuse car les étoiles en deviennent pâles de jalousie.
Je danserais moi aussi dans une belle robe à volants avec de la dentelle autour du col. Des plis et replis de mousseline infinis, jusqu'à en disparaître sous les tissus. Je me mettrais des couleurs. Sur les joue, sur les lèvres, des couleurs dans ma vie qui feront sourire mon regard trop longtemps figé sur cette rue silencieuse.
Je porterais des mocassins aussi. Des mocassins vert pistache, qui pètent et qui claquent. Qui font du bruit quand on marche. Me précèderait alors, un roulement de tambour où que j'aille. Un roulement de tambour ou bien de la musique. Les autre font de la musique et moi je reste là comme une guitare sans cordes.
Le parquet grinça légèrement. Derrière moi mon bienfaiteur, celui qui me pousse dans la vie. Pas comme une chose, comme une amie. Je ne me retourne pas et préfère me replonger dans ma rêverie. Il sait que je n’aime pas partager ces moments, il reste loin et il attend. Je me réserve de temps en temps le droit d’être égoïste, alors je retourne à mon monde sans douleur, ni fatigue ni même de petits soupirs
Loin de cette vie qui roule, et de mes membres immobiles.
Sujet: La fenêtre. 
Sam 28 Mai 2011 - 0:02
